Venezuela : avec l'élection présidentielle, l'avenir du chavisme en suspens
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00:00Avec nous Pascal Drouot, bonjour, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:07Est-ce qu'on peut dire que c'est l'avenir du chavisme qui est en suspens avec cette élection présidentielle ce dimanche ?
00:15Certainement, c'est vrai que le Venezuela aujourd'hui vit un temps historique et en même temps une journée de tous les dangers.
00:25Votre reportage d'ailleurs montrait très bien qu'il y a en fait une guerre des sondages d'une part,
00:32chaque camp revendiquant une victoire annoncée, mais évidemment dans un pays qui traverse une crise politique, sociale, économique extrêmement violente depuis plus de dix ans.
00:46Rappelez-vous de Nicolas Maduro lorsqu'il a été réélu en 2018, prise de fonction en janvier 2019,
00:55réélu alors qu'il y avait eu un boycott de l'opposition, réélu tandis que plus de 60 pays de la communauté internationale,
01:04parmi lesquels l'Europe, la France, les États-Unis, n'avaient pas reconnu ces résultats-là
01:11et avaient conduit Nicolas Maduro à recentrer son régime sur des fondamentaux qui sont chavistes.
01:20Pascal Douault, le même Nicolas Maduro qui dit, et on va le citer,
01:24« L'avenir de Venezuela pour les 50 prochaines années se décide le 28 juillet entre un Venezuela de paix ou violence, paix ou guerre », a dit Nicolas Maduro.
01:34Il joue là sur dramatisation ?
01:37Nicolas Maduro est à la tête d'un pays d'abord qui est extrêmement important en Amérique du Sud.
01:44C'est un pays qui a les plus importantes ressources de pétrole.
01:49On parle de 300 milliards de barils qui ne sont pas actuellement évidemment exploités.
01:58Nicolas Maduro, il est dans cette approche manichéenne du bien, du mal.
02:03Nicolas Maduro, pendant son mandat, il est devenu président en 2013, s'est rapproché de l'Iran, de la Russie, de la Chine
02:12et a construit, à l'instar d'ailleurs de Hugo Chavez lorsque celui-ci était président dans les années 2000 jusqu'à sa mort en 2013,
02:21l'idée d'un monde alternatif qui est très actif en tout cas à l'intérieur du Sud global.
02:28Et l'Amérique latine d'ailleurs est tentée par ce Sud global.
02:32Donc Nicolas Maduro, il continue avec un régime clientéliste mais qui a eu moins de ressources
02:38puisque le Venezuela repose avant tout et l'économie du Venezuela repose avant tout sur le pétrole à 90% de son PIB.
02:46Et quel rôle justement, pardonnez-moi Pascal Doureau, joue l'économie dans cette élection ?
02:52Jusqu'à présent l'économie était en crise au Venezuela.
02:57C'est le pétrole qui est le pilier fondamental de l'économie venezuelienne,
03:01qui a connu une hyperinflation juste avant le Covid, qui a traversé qu'à un cas les années Covid.
03:08Actuellement avec une reprise du cours du pétrole, l'économie va mieux.
03:15Il y a des ressources, simplement les fondamentaux du régime de Nicolas Maduro,
03:21ce sont ceux d'une redistribution vers une clientèle.
03:26C'est une redistribution vers des secteurs subventionnés qui eux-mêmes ne participent pas d'une relance de la production.
03:35Et ça c'est un véritable problème.
03:37Donc aujourd'hui on est face à un scénario du stop ou encore si l'on peut dire.
03:42Quels sont à votre avis, face à Nicolas Maduro, les chances de l'opposant, de l'opposition de l'emporter ?
03:50Les sondages le donnent gagnant ?
03:53Il faut là aussi comprendre que depuis des années, la crise politique au Venezuela est extrêmement profonde.
03:59Rappelez-vous de Juan Guaido en 2019 qui s'était proclamé président
04:05en affirmant une vacance du pouvoir de Nicolas Maduro.
04:10Juan Guaido a disparu depuis.
04:13La candidate, la figure de l'opposition, c'est Maria Corina Machado
04:19qui a été empêchée en début d'année de se présenter.
04:22Et donc Edmundo Urrutia a remplacé Maria Corina.
04:32On s'inscrit dans des années de crise.
04:35Il y a eu un accord qui a été établi l'année dernière, les accords de la barbade,
04:41qui ont été finalement au début de l'année rejetés par Nicolas Maduro.
04:46Je pense notamment à des élections transparentes, à des élections libres.
04:51Les observateurs internationaux, je pense notamment à un groupe d'anciens chefs d'État latino-américains,
04:57n'ont pas été autorisés à atterrir il y a deux jours à Caracas.
05:03Ce ne sont pas les moindres d'ailleurs ces anciens présidents.
05:06Je pense à Vicente Fox du Mexique, je pense à Jorge Quiroga de Bolivie
05:11et à l'ancienne vice-présidente de Colombie, Marta Lucia Ramirez.
05:15C'est en violation évidemment de ces accords de la barbade,
05:19avec des interrogations sur une observation d'élections qui devrait être libre.
05:24Mais l'on voit bien, Philoé, que le régime est bien en place.
05:29Les piliers de ce régime qui s'appuie, vous l'avez rappelé, sur une armée déployée,
05:35plus de 300 000 hommes, c'est autant que le Mexique qui compte 4 fois plus de population.
05:42Est-ce que vous en parlez, Pascal Douault, pardonnez-moi encore,
05:45parmi les acteurs dont l'attitude sera surveillée dans cette élection,
05:48il y a l'armée et plus largement l'appareil sécuritaire au Venezuela, non ?
05:54Oui, tout à fait. Ce sont les piliers du régime.
05:58Et Nicolas Maduro a construit ces années de pouvoir en s'appuyant sur une armée
06:04qui est coiffée par le ministre de la Défense,
06:09et d'une part, et en effet, a installé un système qui est associé à celui du clientélisme.
06:17Rappelez-vous de la répression en 2019 des manifestations.
06:22Il y a une emprise, véritablement, et si les sondages…
06:27Mais attention, il y a une guerre des sondages depuis plusieurs semaines,
06:32donnant chacun des camps gagnants en fonction de l'appartenance à l'un ou à un autre.
06:38En tout cas, moi je constate une emprise du régime.
06:42Il me paraît difficile à ce jour que Nicolas Maduro laisse,
06:47et d'ailleurs il a fait quand même état de certaines menaces,
06:51laisse la place tranquillement.
06:54Nous sommes dans un régime qui est malgré tout autoritaire, populiste,
06:59avec un appui sur des forces armées et de sécurité
07:05qui a établi un cadre sur l'ensemble de ces 912 000 km²
07:11et sur une population de 28 millions.
07:13D'ailleurs, je voudrais quand même rappeler que lors de la crise extrêmement profonde de 2018-2019,
07:19ce sont des millions de Vénézuéliens qui sont partis.
07:22Merci.
07:23L'ONU parle de 5 millions.
07:253 millions, en tout cas, sont partis vers les États-Unis ou l'Amérique latine.
07:28Merci beaucoup, Pascal Douault.