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Les richesses de l'extrémité sud de la Corse se dévoilent le temps d'une route en compagnie du chanteur Yves Duteil, amoureux de cette région où il vient se ressourcer depuis plus de 40 ans. L'émission permet de se balader dans les ruelles de la citadelle de Porto-Vecchio, de découvrir l'Ermitage de la Trinité sur les hauteurs de Bonifacio et de partir en mer en compagnie d'un pêcheur de coraux de la Baie de Figari. Notre invité profite du cadre intime et chaleureux d'une fromagerie pour nous jouer l'une de ses chansons, inspirée par les Corses.
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00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:30Générique
00:33...
00:36Bonjour à tous et bienvenue en Terre insulaire.
00:39Pour cette nouvelle route mythique, nous avons traversé la Méditerranée
00:43et nous voilà au milieu de ces paysages de montagnes,
00:46de plaines, de falaises calcaires ou encore de plages de sable blanc.
00:50Cette région, c'est la Corse du Sud,
00:53ou plutôt le Fréteau, situé entre les cités génoises de Portovecchio et Bonifacio.
00:59Une terre qui réveille nos sens avec ses produits locaux
01:02et qui nous émerveille par sa culture et son histoire.
01:06Nous allons découvrir cette micro-région en la parcourant depuis le village de L'Hospedal.
01:11En chemin, nous flânerons dans les luelles de Portovecchio,
01:14nous prendrons de la hauteur à l'Hermitage de la Trinité,
01:17un havre de paix qui domine Bonifacio,
01:20et au port de Pianotoli, nous rencontrerons un plongeur corailleur
01:23qui nous parlera de son étonnant métier
01:26avant de rejoindre la plaine de Figari.
01:30Mon invité à la Corse chevillait au corps depuis 40 ans.
01:33Vous le connaissez tous car vous avez forcément un jour fredonné l'une de ses chansons,
01:37« Le petit pont de bois », « Prendre un enfant par la main »
01:40ou encore « J'ai la guitare qui me démange » pour n'en citer que quelques-unes.
01:44Je suis heureuse de faire la route du Fréteau avec une légende de la chanson, Yves Duteil.
01:57Bonjour Yves !
02:01Vous allez bien ?
02:02Salut Nathalie !
02:04Très bien et vous ?
02:05Oh là là, je suis désolée d'interrompre cette jolie mélodie !
02:08Pas du tout, pas de problème !
02:10Donc c'est ici que vous avez commencé votre route ?
02:12Oui, Los Pedales, c'est un village en altitude
02:16et la tradition, ici, c'est d'aller à l'autre côté de l'île
02:20et d'aller à l'autre côté de l'île.
02:22Los Pedales, c'est un village en altitude
02:24et la tradition, ici, en Corse, c'est qu'une partie de la famille est installée sur le rivage
02:31et donc, comme c'est un peuple de transhumance,
02:34on a toujours un petit village en retrait, sur la montagne, en hauteur
02:40et la plupart des gens qui habitaient à Porto Vecchio
02:43avaient aussi une autre petite maison dans un village d'altitude.
02:48C'est un village qui est à 1000 mètres d'altitude,
02:50au village de la Corse du Sud.
02:52On est vraiment dans un autre monde,
02:55autant en termes de température, de vue, de climat, de façon de vivre,
03:01et c'est un petit voyage, très court,
03:04on met une demi-heure pour venir ici, depuis Porto Vecchio,
03:07mais c'est un havre de paix et de fraîcheur.
03:12Avant de vous rejoindre, Yves, je suis passée par une route magnifique.
03:15J'ai traversé un lac, des forêts de sapins,
03:18c'est comme ça, les paysages de la Corse du Sud, finalement.
03:20Plus on monte en altitude, plus on a ce type de paysage.
03:22C'est une montagne dans la mer,
03:24alors on a une variété de paysages sur une toute petite surface
03:27et on est tellement séduit par la beauté
03:30qu'on a envie de rendre à ce pays la beauté qu'il nous offre.
03:34Ça tombe bien parce qu'on va déambuler dans cette Corse du Sud,
03:37donc on va pouvoir admirer ensemble la beauté de ce coin du monde.
03:41Alors, il faut que je vous montre un petit peu le parcours.
03:43Alors, regardez ce qu'on va faire.
03:45Donc, on est ici, au niveau de l'Hospédale.
03:48On va quitter l'Hospédale pour aller au niveau de Porto Vecchio,
03:52ensuite, on va descendre jusqu'à Bonifacio,
03:56on va aller vers l'Hermitage de la Trinité
03:59et on va remonter pour se retrouver ici du côté de Figari.
04:02Donc, ça nous fait une belle petite route de la Corse du Sud,
04:04la fameuse route du fretto qu'on va faire ensemble.
04:07La route d'essence aussi, c'est ça.
04:10Alors, je sais que ce lieu, l'Hospédale, vous inspire une chanson.
04:13Est-ce qu'on peut en entendre un petit bout avant de partir ?
04:15Oui, bien sûr, parce que c'est tellement incroyable.
04:18On a l'impression que si on fait un pas de plus ici, là où nous sommes,
04:21on va devenir un oiseau, on va s'envoler,
04:23on va ouvrir nos ailes et on est à 1000 mètres d'altitude.
04:26Et la chanson que ça m'a inspiré,
04:29c'est sur une musique de Jean-Pierre Marchelési,
04:31« Tu m'envoles ».
04:44Tu n'es pas mon pays, et pourtant c'est ici
04:48Que je voudrais finir ma vie
04:51Sur ton île où mes rêves ont choisi leur maison
04:55Une montagne à l'horizon
04:58Comme un arbre à la mer, quand parfois je me perds
05:02Le courant me ramène en arrière
05:05Voyageur solitaire, mes racines à l'envers
05:09Partout j'ai le mal de ta terre
05:12J'ai les ailes et le cœur d'un oiseau migrateur
05:16Et mon vrai pays est ailleurs
05:19Et nous voilà partis en chanson vers la ville de cœur de notre invité.
05:22Direction Porto Vecchio, notre première étape.
05:26Tu m'envoles
05:40Tu m'envoles
05:47Comment vous avez attrapé ce virus de la Corse,
05:50ce virus inguérissable, mais heureux ?
05:53En fait, c'est une histoire de famille déjà ancienne.
05:57Le papa de Noël venait ici.
06:00Votre femme ?
06:01Le Noël, mon épouse, oui.
06:02Elle venait en vacances avec toute la famille.
06:07C'était la plage de Palombadge.
06:10C'était une plage absolument extraordinaire
06:13qui existe toujours aujourd'hui, mais qui à l'époque était déserte.
06:16Donc c'est votre femme qui vous a fait connaître la Corse ?
06:19Elle m'a fait découvrir la Corse.
06:20Et comme c'est un virus et que ça s'attrape,
06:23je suis tombé malade avec le désir absolu de ne jamais guérir.
06:27Et on avait lu un rapport ethnologique sur la Corse
06:31qui présentait la Corse comme un grand danger pour les créateurs.
06:35Parce que tout était tellement beau
06:37qu'on pouvait se contenter de ce qu'on avait sous les yeux
06:39et ne pas avoir besoin de créer les choses quand on est un artiste.
06:42Et quand on a construit la maison à Porto Vecchio,
06:46j'avais hâte de me mettre au travail
06:48pour contredire ce principe d'impossibilité de créer.
06:53Et la première chanson que j'ai écrite ici, c'est La langue de chez nous.
06:56J'ai voulu écrire une chanson sur la beauté de la langue française.
07:02Je pense que la poésie, ce n'est pas des mots jolis, c'est des mots justes.
07:06Une chanson, c'est comme une photographie de sentiments.
07:10On a réussi à attraper quelque chose d'immatériel
07:14avec des mots qui sont des outils,
07:17qui sont en français d'une précision telle
07:20que le français est la langue de l'immatériel et de la poésie.
07:23J'ai vraiment l'impression de jubiler à essayer de trouver le mot juste.
07:28Ça serait possible de me chanter juste le refrain
07:31ou du moins m'expliquer de quoi parle cette chanson La langue de chez nous ?
07:34Un petit air de La langue de chez nous ?
07:36C'est une langue belle, avec des mots superbes,
07:40qui porte son histoire à travers ses accents,
07:43où l'on sent la musique et le parfum des herbes,
07:47le fromage de chèvre et le pain de froment,
07:50et du Mont Saint-Michel jusqu'à la Contrescarpe,
07:54en écoutant parler les gens de ce pays.
07:57On dirait que le vent s'est pris dans une harpe
08:01et qu'il a composé toute une symphonie.
08:06Merci Yves !
08:08Cette chanson qui est devenue vraiment l'emblème de la francophonie.
08:12Mais finalement c'est bien parce que la Corse vous inspire bien.
08:15Le temps ne se déroule pas de la même manière sur l'île et sur le continent.
08:19On a toutes les communications qu'on veut maintenant,
08:23avec Internet, avec le téléphone, la télévision.
08:27On est quand même un peu victime de ce stress permanent.
08:31Et ici, tout d'un coup, on n'est plus dans le même rythme,
08:35on n'est plus dans le même tempo, et j'ai appris à apprivoiser le silence.
08:39Je commence toujours par un moment de silence,
08:42parce que c'est dans le silence qu'on entend ces petites voix intérieures
08:45qu'on n'écoute jamais dans la vie courante.
08:48Apprivoiser le silence, c'est déjà avoir un premier contact avec l'inspiration.
08:55Là on approche, on n'est plus très loin de votre fief.
08:59Porto Vecchio.
09:01Notre première étape.
09:03Le Vieux Port.
09:05C'est vraiment un lieu qui vous tient à cœur.
09:09C'est de votre point d'ancrage dans cette Corse du Sud.
09:12C'est notre port d'attache exactement, notre ville d'adoption.
09:16Vous avez écrit sur les paysages, sur des personnages forts, sur des traditions.
09:21En fait, vous avez mis en musique quasiment tout ce qu'il y a de plus beau en Corse à vos yeux.
09:26Oui, et puis les gens.
09:28Une chanson qui s'appelle « Les Corses ».
09:30Parce que ce sont les gens qui font le pays, la nature c'est une chose,
09:33mais la nature sans personne, ça ne donne rien ici.
09:36On arrive ici le cœur ouvert et on repart les mains pleines.
09:40Les Corses vous offrent leur hospitalité
09:43parce qu'ils ont envie que vous sachiez le bonheur qu'ils ont à vous recevoir
09:49et la sincérité de leur amitié.
09:55On n'est plus très loin.
09:57On est arrivé au niveau de la ville.
10:00On va prendre ici à droite.
10:03On y est.
10:04On va lâcher le van ici et on va pouvoir déambuler à pied pour découvrir Porto Vecchio.
10:10On y va ?
10:25Donc là, on est dans la vieille ville.
10:27On est au cœur de Porto Vecchio.
10:29Et ici, vous avez l'église de Porto Vecchio.
10:34Magnifique église où j'ai eu la chance de pouvoir chanter.
10:41Alors là, vous m'emmenez où, Yves ?
10:43Je vous emmène à la porte génoise.
10:45La porte génoise, c'est un des bâtiments les plus anciens aussi de Porto Vecchio.
10:49C'est un bâtiment qui rappelle aussi l'histoire de Porto Vecchio.
10:52Elle a été construite par les génois, c'est ça, au 16e siècle ?
10:54Voilà.
10:55Ils ont en particulier construit des tours sur le pourtour de l'île
10:59qui étaient des tours de défense.
11:01Je crois que c'est la marine anglaise qui a tenté à un moment donné de détruire une de ces tours.
11:07Ils sont restés je ne sais pas combien de jours avec le canon
11:10et ils ont dû renoncer parce qu'ils n'arrivaient pas à la détruire.
11:13Et du coup, ils sont repartis en Angleterre avec les plans de ce type de tours
11:18pour les reproduire tellement elles étaient efficaces.
11:20Et là, on arrive au Bastion de France qui est un des endroits un peu fortifiés
11:25où là aussi on a donné des concerts, là aussi où j'ai chanté.
11:29Et tous les endroits ici sont faits pour accueillir un petit public.
11:33Regardez l'endroit où nous sommes ici.
11:35Vous mettez des musiciens ici, le public là.
11:39Vous avez une salle de spectacle avec un décor.
11:42C'est un endroit où les gens peuvent s'amuser.
11:45Des musiciens ici, le public là, vous avez une salle de spectacle
11:49avec un decor naturel naturellement beau, je vous remercie.
11:59On y est, Yves !
12:02WOUAH !
12:03C'est au Sommet du monde !
12:05WOUAHWOUAHWOUAH !!
12:10C'est magnifique !
12:12C'est là qu'on voit qu'en fait Porto Vecchio s'appelait la cité du sel parce qu'il y a les
12:20marais salants ici et la production de sel est légendaire ici à Porto Vecchio. Aujourd'hui la
12:26production de sel est toujours aussi présente pour Porto Vecchio ? Sûrement moins présente
12:31mais toujours active. Il y a toujours du sel de Porto Vecchio, oui absolument ça continue.
12:35Porto Vecchio c'est la cité du sel et toute cette vue en fait était très dégagée je pense
12:43parce que c'était un lieu de surveillance et une vigie, une sentinelle pour anticiper l'arrivée
12:50des envahisseurs éventuels et c'est pour ça que ça s'appelle le Bastion Prince. On voit bien ce
12:54contraste entre la montagne et la mer ici. C'est ça qui est incroyable ici en Corse c'est à la fois
13:00une montagne et une côte extrêmement riche avec des plages, des rochers, des fonds marins magnifiques.
13:07Bon on est bien là je sais, la vue est magnifique, on n'a qu'une envie c'est ça. En plus on a une
13:13petite brise, ça fait du bien. Mais on va devoir reprendre la route. Bon bah allons-y.
13:30Cap maintenant sur une autre célèbre cité génoise à l'extrémité sud de l'île. Yves
13:50nous fera découvrir un lieu qu'il affectionne particulièrement, un sanctuaire devenu un
13:54haut lieu de pélérinage pour les bonifaciens. Donc vous Yves, votre maman était bijoutière,
14:00votre papa travaillait dans les assurances. Comment vous êtes arrivé dans la musique ? Parce que ma mère
14:05était en même temps musicienne, elle jouait du piano merveilleusement bien et son frère était à
14:12la fois illusionniste amateur et musicien. Il jouait de la scie musicale. Quant à mon grand-père
14:18paternel, il écrivait des poèmes. Donc j'étais un peu prédisposé dans mes gènes à la fois à la
14:25musique et aux mots. En fait ma mère avait une façon de jouer du piano qui était très très jolie.
14:31Elle faisait les graves et les accords avec la main gauche en alternance. J'avais l'impression que
14:35ses mains étaient des oiseaux qui survolaient le clavier. Finalement donc votre maman vous êtes
14:40baignée dans cet univers artistique. Elle m'a offert la musique et elle m'a offert les mots. Et
14:45vous avez débuté avec les télécrochers de l'époque au petit conservatoire c'est ça ? Oui j'étais au
14:52petit conservatoire de Mireille. J'avais 17-18 ans. C'était une leçon de dureté parce qu'elle
14:58était quand même, elle avait la dent dure Mireille et elle nous disait quand vous avez mal à la
15:02gorge vous n'avez pas un petit écriteau autour du cou avec marqué aujourd'hui j'ai mal à la gorge
15:06donc vous chantez et le public ne viendra qu'une fois donc il faut que ce soit bon cette fois là.
15:12C'est quand même une leçon qui m'est restée parce qu'on a toujours l'impression qu'on a le
15:16droit d'être moins bon un jour qu'un autre et au fond le public qui vient lui a droit à ce qu'on
15:22soit le meilleur possible donc c'était une grande leçon d'une certaine manière. Et vous finalement
15:28le premier album que vous avez permis de vous installer sur la scène nationale ça a été
15:32Parental c'est ça ? Oui c'était mon troisième album et on est passé directement de très très peu
15:41de ventes à beaucoup beaucoup. Plus d'un million de ventes ? Oui absolument. C'est un gros succès.
15:45Énorme succès tout d'un coup. Et notamment avec deux chansons phares incontournables encore
15:52aujourd'hui Prendre un enfant par la main et Le Pipon de bois. Comment on vient à un succès comme
15:59celui-ci quand c'est la première fois qu'on vend un album avec autant d'exemplaires ? Est-ce que
16:04finalement ça a mis une pression pour la suite ? Oui parce qu'il faut toujours confirmer un succès
16:12on peut toujours supposer que c'est un hasard et donc il faut apporter la réponse en fait sous
16:20forme de la suite et montrer que bon bah non c'était pas un hasard c'était vraiment une
16:25volonté d'écriture et c'est ce que j'ai fait d'album en album j'en suis au quinzième.
16:34Je vous propose de nous arrêter un peu plus loin sur la route de Bonifacio parce
16:41qu'on ne peut pas prendre cette route sans s'arrêter chez Fanny. Alors qui est Fanny ? Fanny
16:47c'est notre filleule avec qui on a une relation d'une immense tendresse depuis 30 ans et pour
16:55qui j'ai écrit une chanson qui s'appelle justement Fanny et qui dit Fanny quand elle rêve c'est que
17:01la nuit s'achève elle voit le monde à son réveil avec les yeux de son sommeil parce qu'elle rêve
17:07tout le temps Fanny et elle a eu beau grandir elle est restée pareil. Et elle est sur notre route ? Elle est sur
17:13notre route donc on va peut-être s'arrêter et lui faire la surprise. J'espère qu'elle sera là ? Vous avez écrit
17:19vraiment pour beaucoup de personnes en Corse, pour des lieux pour des personnes pour
17:24la famille en fait dès que vous êtes marqué par quelqu'un. Ce sont des portraits mais écrire
17:30des portraits en chanson c'est magnifique parce que ça permet de rendre hommage à des gens inconnus
17:36ou connus mais qui vous ont marqué par une rencontre particulière comme s'il y avait un avant
17:42et un après. Et Fanny fait partie de ces rencontres merveilleuses qui ont illuminé
17:49notre vie en Corse par sa simple présence par son existence. Voilà c'est là.
17:58On est arrivé. C'est cette petite maison en bois ? Oui c'est ça.
18:16La fenêtre !
18:21Ça fait tellement plaisir de te voir. Moi aussi.
18:24Qu'est-ce que tu fais là ? Je te présente Natacha. Bonjour. Fanny. Enchantée Fanny. On fait la route du fretto, la route d'essence.
18:33On allait vers Bonifacio et il m'a dit on ne peut pas aller à Bonifacio sans que je m'arrête chez Fanny.
18:38C'est super, merci. Donc c'est ici chez vous ? Oui, c'est chez moi. Avec plaisir, venez.
18:47C'est joli comme tout Fanny. Merci, c'est gentil. C'est tout en bois, c'est complètement ajouré, c'est lumineux.
18:53Oui, on est dehors. Donc là on a les bons produits corse qu'on peut acheter ? En tout cas de saison, toujours.
19:00On commence à y avoir un petit peu de variété. Tout l'hiver je choisis des produits et ensuite je les collectionne presque et je les amène ici.
19:12Alors elle était partie pour une licence de psycho et puis maintenant elle a les fruits de la culture. C'est bien, c'est un beau changement de vie.
19:21Alors Yves me disait la voiture qui vous a connue toute petite, à 3-4 ans déjà il vous connaissait.
19:27C'est une rencontre qu'on a faite il y a très longtemps, tous les deux mais aussi avec Noël, sa femme.
19:34J'ai passé une enfance avec eux très très très heureuse parce qu'ils ont été très importants pour m'aider à grandir, mais vraiment très importants.
19:44Encore aujourd'hui c'est un lien qui est un trésor que je chéris tout le temps.
19:50Fanny aujourd'hui ce qui est incroyable c'est que plusieurs décennies après, après avoir eu deux enfants, elle rêve toujours et elle n'a pas changé.
20:01Vous avez une chanson qui vous est consacrée, entièrement dédiée.
20:05Oui, oui, j'ai ma guitare donc je peux la lui chanter.
20:10Avec plaisir, on fait le pain de fruits et le mouchoir après.
20:21C'est des coeurs de pigeon, c'est très sucré.
20:25Et puis les nectarines aussi.
20:27Nickel.
20:29Et voilà !
20:30On a un beau plateau pour la fin.
20:32Merci beaucoup.
20:33De rien.
20:54Un chevalier l'enlève pour l'emporter dans son château perché au sommet du Hamon.
21:02Et si par surprise ses voeux se réalisent, elle dit je n'en crois pas mes yeux, je dois rêver mais c'est tant mieux.
21:14Que rien ne l'arrête, ni chagrin, ni défaite.
21:20Elle fait le monde à sa façon, elle sait déjà qu'elle a raison.
21:25Fadi, quand elle rêve, c'est un jour isolable.
21:43On n'a jamais reparlé de cette chanson.
21:46Non ?
21:47Non.
21:48On n'en a jamais reparlé plus tard.
21:50Mais c'est vrai que ça a été un cadeau très très très très très très précieux.
21:54Je le garde très...
21:56Voilà, il est très...
21:58Ils l'ont mis enfoui là quelque part.
22:00C'est un petit trésor pour moi.
22:03J'y pense beaucoup.
22:05Et il représente toute la joie qu'on a partagée ensemble.
22:11Des moments très très très forts.
22:13C'est ça pour moi cette chanson.
22:15Pourquoi il fallait qu'on s'arrête ici ?
22:17Faut s'arrêter, me voir, bien sûr.
22:19J'ai l'impression d'être un monstre, de devoir t'arracher Yves pour qu'on puisse reprendre notre route.
22:25On a attendu à Bonifacio.
22:26On trouvera bien le moyen de se revoir.
22:28Merci beaucoup Fadi.
22:29Merci à vous.
22:30Et bonne route.
22:46Vous étiez émouvants tous les deux.
22:48Ben, il y avait beaucoup beaucoup d'émotions.
22:51Chaque mot de la chanson correspond à une image authentique, une image vraie.
22:56Et pour moi, c'est des moments très très forts.
23:02Je trouve que cette chanson lui convient tellement bien.
23:05J'aurais pu l'imaginer en écoutant votre chanson, j'ai envie de dire ta chanson.
23:08Je vais tutoyer tout ça.
23:09Oui, allez on se tutoie.
23:10Voilà, c'est fait.
23:11Avec ses bouclettes, ses grands yeux de biche.
23:15Je la vois bien rêver en fait, je la vois bien rêveuse.
23:18J'étais toute émute de te voir quand t'es arrivé.
23:21On est dans un pays exceptionnel.
23:24Mais l'important c'est qu'il y ait des gens exceptionnels pour cueillir cette exception.
23:28Pour pas la laisser s'évaporer.
23:33Et il y a un autre combat que tu mènes depuis plusieurs années que je voulais évoquer avec toi.
23:37C'est ton combat humanitaire, notamment pour l'enfance défavorisée.
23:40Avec ta femme, Noël.
23:41Oui.
23:42Vous avez monté plusieurs associations.
23:44En Afrique, en Asie.
23:48En Afrique notamment à Guinée, en Guinée, en Guinée-Conakry.
23:51En Guinée c'était une opportunité heureuse.
23:55Parce qu'en Guinée dans le sud, les rebelles avaient beaucoup détruit les écoles et toutes les institutions.
24:02Et les français qui sont à Conakry avaient décidé de faire une action pour reconstruire une école.
24:10C'est extraordinaire.
24:12Nous on a simplement fait un concert.
24:14Mais au profit de la construction de cette école.
24:17Et donc il existe là-bas désormais une école qui porte nos noms.
24:20Donc il y a l'école Yves Duteil en Guinée-Conakry.
24:23Oui.
24:24Sans parler de tous les établissements scolaires français qui ont votre nom.
24:28Je crois que vous êtes le chanteur français qui a le plus d'établissements scolaires à son nom.
24:32Il y a une trentaine d'écoles Yves Duteil en France.
24:36Oui, ça c'est une grande fierté.
24:38Et un grand honneur qu'on me fait.
24:40Parce qu'avoir son nom sur le fronton d'une école c'est quelque chose que peu de gens connaissent de leur vivant.
24:47En général on doit attendre de ne plus être de ce monde pour en bénéficier.
24:51Donc on n'est plus là pour s'en réjouir.
24:53Moi j'ai cette chance.
24:54Et j'essaie d'être à la hauteur de cet honneur qui m'est fait.
24:58Cette croix qu'on voit ici à notre droite.
25:01Sur le bord de la route.
25:02C'est une balise d'un chemin de pèlerinage qui mène à l'ermitage de la Trinité.
25:10Qu'on voit sur notre gauche là-haut.
25:13Au sommet du rocher il y a une croix.
25:15C'est là où je t'emmène.
25:17C'est incroyable.
25:32C'est beau.
25:33Ouais.
25:34On y est.
25:35L'ermitage de la Trinité.
25:49Bonjour Alex.
25:50Comment allez-vous ?
25:54Ça va ?
25:55Ça va bien ?
25:56Ça va bien ?
25:57Ça va bien ?
25:58Ça va bien ?
25:59Ça va bien ?
26:00Ça va bien ?
26:02Alors Yves, je te présente Alex.
26:04Alex travaille à l'office de tourisme de Bonifacio.
26:07Je sais que tu connais très bien l'ermitage de la Trinité.
26:10Mais peut-être que tu as encore des questions par rapport à cet endroit.
26:15Alex pourra te répondre à la pression.
26:17En fait on le connaît empiriquement parce qu'on y vient simplement pour se recueillir.
26:22Pour regarder la mer ou quand on va rendre visite à la Vierge qui est dans le rocher à côté.
26:28Mais je ne connais pas bien l'histoire de l'ermitage.
26:31D'accord.
26:32Disons que les premiers chrétiens semblent être arrivés ici au IIe siècle.
26:37Persécutés à Rome, ils ont fui Rome.
26:40Or nous ne sommes qu'à 200 km dans l'ouest de Rome.
26:43Donc il y a eu une évangélisation de la Corse assez tôt, dès le IIe siècle.
26:48Disons qu'il y a eu une période de déchristianisation du temps au VIIe, VIIIe siècle
26:56quand on avait des invasions ennemies, je dirais, d'une autre religion.
27:01Et la chrétienté s'est remise à fonctionner environ au XIe, XIIe siècle.
27:08Par des moines anachorées, c'est-à-dire des moines qui vivaient seuls.
27:13Donc petit à petit ils se sont réunis ici.
27:17Ils ont construit d'abord une toute petite chapelle.
27:19Il n'y avait même pas de toit, rien du tout.
27:21Et au fil des siècles, elle s'est agrandie, elle s'est développée.
27:26Aux environs du XIe, XIIe siècle, des moines bénédictins sont arrivés ici.
27:31Après sont venus, là on est déjà au XIVe, XVe siècle, les franciscains
27:35qui, eux, construisaient plus que les bénédictins.
27:39Donc ils ont encore agrandi l'église.
27:41Enfin ils en ont fait une église, avant c'était une petite chapelle.
27:44Ils ont agrandi, ils ont construit et ils ont même fait un monastère.
27:47Et puis aujourd'hui, lieu de pèlerinage en juin pour la fête de la Trinité
27:54et aussi lieu très très important pour les bonifaciens.
27:58Une fête le 8 septembre, qui est vraiment THE fête.
28:01Et tout le monde se retrouve ici avec des guitares, des chants.
28:05Et qu'est-ce qu'on fête le 8 septembre ?
28:07On fête la Vierge Marie.
28:10Le 8 septembre, c'est la Vierge Marie qui protège la Corse.
28:18Il y a quelque chose qui se dégage de ce contraste
28:22entre cette statue extrêmement délicate, blanche, aux traits extrêmement fins
28:27et ces rochers extrêmement bruts.
28:33Il est tellement bien ici qu'on n'a plus envie de partir.
28:35Ça c'est vrai, c'est vrai, c'est tranquille.
28:38C'est vraiment un endroit extrêmement précieux
28:41qui allie à la fois la spiritualité, la culture, la tradition
28:48et puis cette indicible, qui est souvent le sujet des chansons d'ailleurs.
28:54Écrire une chanson, c'est souvent parler de choses indicibles.
28:59Et ici c'est pareil, on n'a pas envie de mettre des mots sur tout ça.
29:02On a simplement envie de se taire et de laisser parler le silence.
29:12Sur ces belles paroles, sur ces beaux mots, il va falloir qu'on reprenne la route.
29:15Eh oui, on n'a pas fini.
29:17Où est-ce qu'on s'en va là-dedans ?
29:19On va aller au port de Pianotoli.
29:21On va vous laisser, merci encore.
29:23Moi j'ai la chance de pouvoir rester.
29:25C'est ça, on ne fait que des sauts de puces
29:27et vous profitez de ce paysage et de ce lieu.
29:29Merci beaucoup Alex.
29:42Ils sont rares ces lieux qui donnent l'impression d'être hors du temps.
29:45Notre prochaine étape, c'est le port de Pianotoli.
29:48Nous allons nous intéresser à un véritable trésor du fond des mers.
29:53Ça fait du bien ce petit bain de spiritualité à l'Hermitage de la Trinité.
29:57Oui, ça fait du bien.
29:59Parce que ce n'est pas du tout la Corse qu'on imagine.
30:02Même quand on pense à la religion.
30:08En fait, la Corse est une île extrêmement fervente.
30:12Mais cet endroit-là, il est adopté par les laïcs aussi bien que par les religieux.
30:18Donc c'est un endroit, pour moi, magique.
30:22C'est vraiment un havre de paix.
30:27Donc là Yves, on arrive au niveau du port de Figari.
30:30Enfin, le port de Pianotoli.
30:32Et on va aller rencontrer Jean-Philippe.
30:34Jean-Philippe, il est plongeur corailleur depuis 35 ans.
30:39Et tu le sais, la pêche du corail rouge est une longue tradition corse.
30:46Absolument.
30:47Et donc justement, on va pouvoir en savoir un peu plus à ce sujet avec lui.
30:51Il n'y a pas un enfant de notre entourage qui n'ait pas une petite main sculptée en corail.
30:57C'est une tradition ici.
31:00C'est un port de bonheur.
31:02Mais c'est magnifique parce que ces petites mains de corail,
31:05elles ont un dessin, un détail extrêmement beau et fin.
31:10Les sculpteurs de mains de corail sont des spécialistes.
31:13Et il faut quelqu'un pour aller chercher ce corail là où il se trouve,
31:17c'est-à-dire dans les profondeurs.
31:20Et alors mieux que ça, Jean-Philippe justement, il va chercher son corail.
31:23Il le sculpte aussi.
31:25Donc il peut également faire des bijoux avec ce corail.
31:29Il fait tout en fait, de A à Z.
31:31Mais bon.
31:33On ne dévoile rien.
31:34Voilà.
31:35Il va nous montrer.
31:36Exactement.
31:39À quelques mètres du port, j'aperçois la mer au loin.
31:42On y est.
31:43On y est.
31:44J'aperçois la baie.
31:47Ah c'est beau.
32:02Alors de mémoire, son bateau, il est au fond du ponton.
32:04Je crois que c'est celui-là d'ailleurs.
32:05C'est le dernier bateau.
32:09Ah, je crois qu'il est là.
32:12Je crois qu'il est là.
32:15Bonjour Jean-Philippe.
32:16Bonjour.
32:17Vous allez bien ?
32:18Ça va bien.
32:19On peut monter à bord ?
32:20Avec grand plaisir.
32:21Alors le pied sur la bouteille, c'est gagné.
32:23Bonjour Yves.
32:24Bonjour Jean-Philippe.
32:25Enchanté.
32:26Ça va ?
32:27Oui, ça va bien.
32:28La marge est un peu haute.
32:31Alors vous étiez en plein travail Jean-Philippe ?
32:32Oui, on est en train de nettoyer la pêche.
32:36C'est la récolte du jour ?
32:37C'est la récolte du jour.
32:38C'est une pêche assez honorable.
32:42Et ça, on le trouve à quelle profondeur ?
32:44Alors là, on n'est pas très profond en ce moment.
32:4670, 75 mètres.
32:48Et on fait de la plongée à l'air.
32:50Jusqu'à 90 mètres.
32:52En apnée ?
32:53En apnée.
32:54C'est pas tout à fait en apnée.
32:55Et ça représente 25 minutes de travail au fond.
32:59Et deux heures de décompression pour faire notre remontée.
33:03En palier ?
33:04En palier de décompression, on passe deux heures.
33:06Et vous ne travaillez que le corail rouge ?
33:08Que le corail rouge de Méditerranée.
33:10Spécifiquement cette matière que je plonge,
33:13sélectionne en grande profondeur
33:15et ramasse comme une cueillette depuis 35 ans.
33:19Et pourquoi le corail rouge de Méditerranée ?
33:21Alors le corail rouge, il a beaucoup de symbolisme.
33:23Déjà, il a servi de monnaie d'échange,
33:26de talismane et de porte-bonheur
33:29depuis la nuit des temples dans le bassin méditerranéen.
33:31Ensuite, de ce corail,
33:33on va sélectionner les plus beaux pieds,
33:35les plus belles colonies,
33:36pour en sculpter des bijoux.
33:38Puisque nous avons notre atelier, notre sculpteur,
33:40et nous créons nous-mêmes les bijoux
33:42dans la nature propre que nous crée une branche de corail.
33:45C'est vivant le corail.
33:47Et comment ça se bâtit, comment ça se fabrique ?
33:49Ce sont des micro-organismes ?
33:51Tout à fait. Alors c'est une très bonne question.
33:53En fait, c'est une colonie animale.
33:55On a cru très longtemps que c'était un végétal.
33:57Et en fait, c'est un jeune médecin du nom de Pessonelle
34:00qui a prouvé que c'était simplement un octopode
34:03qui capte le planton.
34:05Et par tous les petits porcs que vous pouvez voir là,
34:08il y a toute cette colonie de corail
34:10qui est en fleurs, on va dire, sous l'eau.
34:12En fait, ce sont juste des petits corails
34:14qui sont en fleurs, on va dire, sous l'eau.
34:16En fait, ce sont juste des petits animaux épanouis.
34:18Et la plus belle chose à faire
34:20pour un corailleur respectueux d'environnement,
34:23c'est de faire de la pêche sélective.
34:25Le petit corail, il faut le laisser
34:27pour les clubs de plongée, les scientifiques,
34:30et l'enfant comprendra un jour par la main
34:32pour lui montrer du corail sous la mer.
34:34Oui, voilà.
34:35Nous ici, on vit en Corse avec la tradition.
34:37Il n'y a pas un enfant autour de nous,
34:39un bébé qui naît sans qu'il ait sa petite main de corail.
34:42Absolument.
34:43Peux-tu nous expliquer un peu l'origine
34:45de la petite main de corail ?
34:46Tout à fait.
34:47L'origine remonte à des temps immémoriaux
34:49dans le bassin méditerranéen.
34:51Quand un enfant naissait,
34:53on avait toujours peur, la maman avait toujours peur
34:55qu'on mette ce qu'on appelle le mauvais oeil sur l'enfant.
34:58Donc, on faisait les cornes.
35:00Et ces cornes-là, c'était vulgaire
35:02et c'était offensant.
35:04Donc, la corne s'est transformée en la main.
35:07On dit le point corse, mais ça existe aussi
35:10dans le golfe de Naples, sous le Vésuve, etc.
35:12Et au Brésil aussi, et dans diverses contrées.
35:15On fait cette main-là
35:18pour conjurer le mauvais sort.
35:20Dans notre boutique, chaque fois qu'il y a une naissance d'enfant,
35:23le parrain passe, achète la main de corail
35:25et on met dans le berceau du bambin
35:27avec une petite épingle à nourrice en or
35:29le symbole du porte-bonheur.
35:31Une main de corail dans la mienne,
35:33où que j'aille, tes yeux pour guider mes pas.
35:35Merveilleux.
35:36Vous avez écrit ton chanson ?
35:37Vous avez écrit sur le corail ?
35:38Oui, c'est dans la chanson qu'on a eue au début.
35:40Tu m'envoles !
35:41C'est vrai.
35:42Très, très beau.
35:46Il y a pire comme condition de travail, Jean-Philippe.
35:48Vous avez un bureau en plein air, ici.
35:49Absolument.
35:50C'est assez merveilleux de vivre cette nature tous les jours,
35:53d'être libre, de faire un métier que j'aime,
35:56et faire un métier patient,
35:58je crois que c'est déjà une grande richesse.
36:00Alors c'est certes un métier difficile et dangereux,
36:03mais quand on termine sa plongée
36:06où on a pendant six heures du gaz en évolution dans notre sang,
36:11on est un petit peu en observation,
36:13donc on se détend dans une crique.
36:15Ça serait possible de nous faire découvrir une de ces criques
36:17où vous décompressez, justement ?
36:19Avec grand plaisir.
36:20Eh bien, on y va.
36:21C'est parti ?
36:22C'est parti.
36:28C'est bon.
36:36C'est bon.
37:07Il y a pire qu'un endroit pour décompresser, Jean-Philippe.
37:09C'est vrai.
37:10On a beaucoup de chance de vivre ici.
37:12Vous, Jean-Philippe,
37:13comment vous êtes arrivé dans ce métier de corailleur ?
37:16Alors, la pêche au corail,
37:18je suis un peu tombé dedans quand j'étais petit,
37:20d'un père scaphandrier.
37:21Scaphandrier à Monaco et ensuite un petit peu partout,
37:24dans des travaux sous-marins,
37:25c'est ce que j'ai fait aussi.
37:27Ça a été la meilleure école pour passer à la pêche au corail,
37:30parce que quand je me suis retrouvé avec des courants,
37:33chargés de plancton,
37:34dans mes grandes profondeurs,
37:36où il y a très peu de lumière,
37:37c'est un univers qui est froid, assez glauque,
37:40et je vais m'épanouir à un endroit
37:42où les gens n'iraient pas passer leurs vacances.
37:44Et finalement, on se retrouve en parfait équilibre.
37:47Là, on est juste face à soi-même, seul,
37:50et on a une fonction,
37:52c'est de faire notre pêche sélective au fond
37:55et ensuite on part vers nos longues décompressions.
37:58Donc, il y a une journée de travail intense,
38:00c'est une demi-journée, finalement,
38:02et le reste, c'est quand même pas mal de détente.
38:04Oui, mais Jean-Philippe, il ne faut pas exagérer.
38:05Dit comme ça, on a l'impression que c'est simple,
38:06on prend son bac, son tuba, pouf, pouf, pouf.
38:08C'est un métier très exigeant,
38:10il faut vraiment être très préparé,
38:11vous attendez à plus de 100 mètres de profondeur,
38:13c'est très technique comme métier.
38:14C'est très technique,
38:15ça ne souffre pas de bricolage,
38:17et il y a le côté dangereux qui existe,
38:19donc le matériel est très important.
38:31Comment vais-je réussir à convaincre Yves
38:33de remonter dans mon van,
38:35parce qu'on n'a pas fini notre route du fretto ?
38:37Je vais avoir du mal, là !
38:38Ça va être difficile, oui.
38:39À quoi ça sert de partir toujours ?
38:41Parce qu'on doit finir notre route,
38:42on va aller rencontrer un ami de Yves
38:44qui travaille le fromage.
38:45On va rejoindre la terre,
38:47et puis on va reprendre notre van.
38:49Je suis désolée.
38:50Mais dès qu'il sera devant son fromage de brouille,
38:52il sera content.
38:53Ça aussi, c'est pas mal.
38:57Et puis la Corse,
38:58c'est une histoire de terre et de mer,
38:59donc on va quitter la mer
39:00et on va rejoindre la terre.
39:01C'est une belle expérience.
39:06Heureuse d'avoir fait la connaissance de Jean-Philippe,
39:08qui fait partie des rares plongeurs
39:10autorisés à pêcher le corail en Corse.
39:12Notre dernière rencontre,
39:13c'est Jean-Jo,
39:14ce fromager passionné
39:16nous attend du côté de Figari.
39:20C'est sympathique comme expérience.
39:21Ah oui, oui.
39:22C'est incroyable.
39:23Cette petite vie en bateau avec Jean-Philippe.
39:25C'est l'enfer !
39:27On avait hâte de repartir,
39:28quand tu parles.
39:29Oui, mais comme c'est pour aller chez Jean-Jo,
39:32qui est un ami,
39:34c'est moins difficile de s'arracher au paradis
39:38du Lagon Bleu.
39:40Donc on quitte Jean-Philippe,
39:41corailleur,
39:42pour aller voir Jean-Jo, fromager,
39:44au niveau de Figari,
39:45quelqu'un que vous connaissez bien
39:46et que vous aimez particulièrement.
39:49Oui, Jean-Jo,
39:50il a cette spécialité, en fait,
39:54d'être éleveur.
39:56Et de faire un excellent fromage
39:58avec ses brebis.
40:00Il fait partie de ces gens d'exception
40:01qui ont constitué la route d'essence.
40:04Mais il en parlera bien mieux que moi.
40:09Alors, outre
40:10les disques d'or,
40:11les disques de platine,
40:14vous avez été,
40:15je ne sais combien de fois,
40:17décoré, Yves,
40:18légion d'honneur,
40:20chevalier des arts et des lettres
40:21par François Mitterrand.
40:23Vous avez reçu la médaille d'argent
40:24de l'Académie française.
40:25Je suis sûre que j'en oublie.
40:28Qu'est-ce que ça fait ?
40:29Est-ce que vous êtes sensible
40:30à tous ces honneurs ?
40:32Je n'ai jamais rien demandé.
40:34Donc, ce sont des distinctions
40:36qui sont venues à moi.
40:38Et j'en suis heureux et touché
40:39parce qu'en général,
40:40elles viennent de gens
40:41pour lesquels j'ai de l'estime.
40:44Être décoré par l'Académie française,
40:45c'est quand même un honneur extraordinaire.
40:47Mon père, qui avait tellement peur
40:48que je sois saltimbanque,
40:51quand il s'est retrouvé
40:52sous la coupole à l'Académie
40:53pour recevoir avec moi cette médaille,
40:56il était extrêmement fier.
40:58Et moi aussi.
41:02Tu bouges beaucoup
41:03avec ton métier.
41:04Oui, c'est vrai.
41:05Tu fais beaucoup de tournées.
41:06Oui.
41:07Ta femme t'accompagne.
41:08Vous êtes souvent à deux.
41:09J'ai cette chance, oui.
41:10On vit tout le temps ensemble.
41:12Et la vie en tournée,
41:13c'est quelque chose
41:14que tu aimes particulièrement ?
41:15La vie sur la route ?
41:16Ça fait partie effectivement
41:17du charme de ce métier.
41:19De rencontrer des gens nouveaux,
41:21c'est une vie
41:22de grand voyageur.
41:24On vit dans nos valises.
41:26Mais je crois qu'on aime ça profondément.
41:29Le fait de se retrouver
41:31sur une scène
41:32un peu n'importe où.
41:34Mais dès que la lumière s'éteint,
41:36on entend tout d'un coup
41:37un souffle
41:39qui se dégage d'un public
41:40qui est dans le noir,
41:41qui est constitué de gens
41:43complètement différents
41:44les uns des autres,
41:45et qui pourtant
41:47se rassemblent tout d'un coup
41:49dans quelque chose
41:50qu'ils vont partager
41:51et qu'ils ont en commun.
41:52C'est ça qui me plaît,
41:53c'est ça qui me...
41:55qui me touche
41:56dans ce métier de saltimbanque.
41:59C'est au-delà
42:00de tout ce qui nous sépare,
42:02mettre en évidence
42:03ce qui nous rassemble.
42:05Comment vous choisissez les chansons ?
42:06Mais en général,
42:07dans vos concerts,
42:08vous avez tendance
42:09à jouer régulièrement
42:10aussi le nouveau répertoire,
42:12vous aimez prendre des risques,
42:13proposer vos nouvelles chansons au public,
42:14parce qu'il y a des chanteurs
42:15qui vont préférer
42:16rester sur les standards.
42:17Vous, c'est un petit mélange
42:18de tout ça en fait.
42:19Il y a un plaisir aussi
42:20à faire découvrir
42:21la richesse de votre répertoire.
42:23Moi, je vis plutôt
42:24dans la création,
42:25mais je sais que le public
42:26a envie de retrouver aussi
42:28des jalons sur la route.
42:30Donc, il y a des chansons repères,
42:32des chansons phares
42:33que le public connaît
42:34et je profite lâchement
42:36de les avoir captées
42:38pour leur asséner
42:39les nouvelles chansons.
42:41Donc, je ne renie pas du tout
42:42ce que j'ai fait avant
42:44et j'aime bien ce mélange.
42:46Donc, dans nos concerts,
42:47on a à peu près moitié-moitié.
42:48On a des chansons à découvrir
42:50et des chansons à retrouver.
42:53J'aime aussi mes anciennes chansons
42:55et je ne me suis jamais lassé
42:56de les chanter
42:57parce que j'ai toujours essayé
42:58de retrouver à travers la scène
43:01une nouvelle façon de les chanter,
43:04un renouvellement du plaisir
43:07que nous, sur scène,
43:08on a à travailler les chansons.
43:14Donc, là, on arrive
43:15chez Jean-Jo,
43:16votre ami fromager.
43:17Voilà.
43:18Qui fait du bon fromage
43:19au bon lait de grubi.
43:47T'as eu, t'as eu.
43:49T'as eu, t'as eu.
43:56Bonjour Jean-Jo !
43:57Vous allez bien ?
44:01Bonjour Jean-Jo !
44:02Salut Yves !
44:03Comment ça va ?
44:04Bien et toi ?
44:05Ça va bien.
44:06Un plaisir de te revoir.
44:07Il m'a parlé sur le trajet
44:08de la tombe,
44:09la tombe de grubi de Jean-Jo.
44:11C'est un fromage traditionnel.
44:13Il faut le faire,
44:14il faut essayer de le faire
44:15du mieux possible
44:16avec nos anciens
44:17et en l'améliorant,
44:19toujours avec des méthodes nouvelles.
44:23Nous, notre recherche permanente,
44:25c'est d'essayer
44:26de perpétuer cette tradition
44:28et puis croire à ce que l'on fait,
44:30croire, être sincère
44:32avec ce cheminement.
44:35C'est la sincérité qui compte.
44:37C'est plus qu'un métier,
44:38c'est un choix de vie.
44:40Il faut de l'amour.
44:41S'il n'y a pas d'amour,
44:42il n'y a pas de bon produit possible.
44:44C'est encore un tricot main
44:45avec vous, les chanteurs.
44:46Il y a une forme de respect.
44:48Respect de la tradition,
44:49respect de celui
44:50qui va goûter ton produit,
44:52respect des bêtes,
44:53respect de la nature.
44:55Complètement, oui.
44:57Les tombes qui sont
44:58dans vos caves d'affinage,
44:59vous les laissez pendant
45:00combien de temps ?
45:01On affine entre 3 et 8 mois.
45:04À 3 mois,
45:05on a des fromages qui sont
45:06plus frais,
45:07donc plus neutres en goût,
45:08moins révélateurs d'arômes
45:10et puis puisqu'on allonge
45:11le temps d'affinage
45:12jusqu'à 8 ou 10 mois d'affinage,
45:14là, on va avoir des fromages
45:16qui sont,
45:17quand ils ont été bien affinés,
45:18bien travaillés,
45:20qui vont révéler des goûts,
45:21des arômes absolument fantastiques.
45:24Est-ce qu'on pourrait en déguster ?
45:25Ça me donne faim, tout ça.
45:26Oui, on va y aller.
45:28On vous suit, Jean-Jo ?
45:29Oui.
45:30Où est-ce qu'on peut déguster tout ça ?
45:31Juste là.
45:32On y va.
45:33Allez, go.
45:42Hop.
45:45Je vais le couper.
45:46Ah bah oui.
45:47Oui.
45:48Maintenant qu'on en a bien parlé.
45:50On va goûter.
45:51Il est temps de passer à la dégustation.
45:52Alors, cette tomme,
45:53elle a combien de mois de...
45:55Elle est entre son quatrième...
45:57Elle est sur son quatrième mois
45:58de cave d'affinage, oui.
46:00On a envie de la sentir.
46:04On va goûter.
46:05Allez, Yves.
46:07On sent un petit peu cette croûte.
46:11Ça, c'est un fromage
46:12qui a été fait avec amour.
46:13Il n'y a pas de mot.
46:15Il vous arrive parfois d'être déçu
46:17à la fin d'un fromage,
46:18une fois qu'il a été affiné,
46:19d'avoir une mauvaise surprise ?
46:21C'est tellement artisanal
46:22qu'il arrive qu'avec des jours
46:24de vent contraire
46:27à ce qu'on appelle ici
46:28ouly-wenty,
46:29le fromage peut être altéré
46:31quelque peu.
46:32On essaie de le garder plus longtemps.
46:34On essaie de travailler un peu
46:36de manière un petit peu différente.
46:38Mais bon,
46:39on a quand même un fromage
46:40qui est assez...
46:42Un fromage qui n'est pas liné.
46:44De toute façon,
46:45on ne veut pas d'un fromage
46:47qui soit trop liné.
46:48Ce serait triste.
46:50J'écris une chanson sur les Corses
46:52et je vous aurais de l'offrir.
46:53Ah, bah, écoute.
47:08Ils ont toujours un village
47:10Une histoire ou un surnom
47:12Par les traits de leur visage
47:14On sait presque d'où ils sont
47:16La famille est de Favonne,
47:17de Sartheine ou de Porat
47:19Et Dieu sait si l'eau est bonne
47:21Dans les sources par là-bas
47:23Si la porte est entre-ouverte
47:25On peut apporter son cœur
47:27L'amitié vous est offerte
47:28Sans manière, avec bonheur
47:30Dans le tonneau que l'on perce
47:32Et l'agneau qui cuit déjà
47:34Dans la myrte que l'on verse
47:36Et les mots qu'on ne dit pas
47:41Ils ont toujours un village
47:43Une histoire ou un surnom
47:45Par les traits de leur visage
47:47On sait presque d'où ils sont
47:49Et si l'argent les misère
47:51L'espérance ou bien l'amour
47:53Leur font passer les frontières
47:55Pour s'en aller sans retour
47:56Ils sont Corses
47:57Et ils le restent pour toujours
47:59Ils sont Corses
48:01Et ils le restent pour toujours
48:11Et si l'argent les misère
48:13L'espérance ou bien l'amour
48:15Leur font passer les frontières
48:17Pour s'en aller sans retour
48:19Ils sont Corses
48:20Et ils le restent pour toujours
48:22Ils sont Corses
48:25Et ils le restent pour toujours
48:34Bravo, quel hommage
48:36Merci beaucoup
48:37Merci à toi
48:38Merveilleux, merveilleux
48:39Moi j'ai eu la chance de rencontrer
48:41La Corse par les Corses
48:43Cette richesse qu'ils portent en eux
48:45Et qu'ils ont envie de partager
48:48Et de faire partager
48:49A ceux qui le reçoivent
48:51Et c'est tellement loin de l'image
48:53Que certains ont de la Corse et des Corses
48:55Que j'ai envie d'être
48:57D'une certaine manière un peu
48:59L'ambassadeur de cette vision que j'ai
49:01De la Corse à travers les gens
49:03C'est vrai que nous sommes des Iliens
49:05Donc différents
49:06Nous ne sommes pas des continentaux
49:08Souvent réfractaires
49:10A la première rencontre
49:12Et puis dès lors que les sentiments
49:14Sont en place
49:16Là, il y a un véritable échange
49:20Qui s'installe
49:22Et c'est là que ça devient intéressant
49:25Moi je suis vraiment très heureuse
49:27Et honorée d'avoir partagé
49:29Ce petit moment avec vous
49:31Ce petit moment autour du fromage de Jean-Jo
49:33Et là vraiment je comprends bien
49:35Ce que tu m'as dit tout au long de cette route
49:37Que cette Corse finalement pour toi
49:39C'est un endroit où tu te déconnectes
49:41Tout en étant connecté quand même
49:43Mais connecté à l'humain
49:45Je crois qu'on se sent au milieu de rien
49:48Et en même temps
49:50On est au cœur de tout
49:52Je n'ai pas envie de partir en fait moi
49:54Je n'ai pas envie de prendre mon van
49:56Mais bon, il va falloir que je vous laisse
49:58Que je reparte sur les routes de France
50:00Mais je ne suis pas inquiète là
50:02Je sens que tu es en bonne compagnie ici Yves
50:04Ça nous fait une bonne brassée de souvenirs
50:06À garder, à conserver, à partager
50:08Merci beaucoup Yves
50:10On a envie de découvrir cette Corse du Sud
50:12Jean-Jo
50:14Ne te perds pas sur les routes
50:16Non je vais faire attention
50:18Merci à tous les deux
50:20Bonne route et bonne suite
50:22Au revoir
50:36Jean-Jo et moi avons été très émus
50:38Par ce moment musical offert par Yves
50:40Avec sa poésie et ses mots
50:42Il décrit si bien l'âme corse généreuse
50:44Et attachante
50:46Vous connaissez dorénavant
50:48Vous aussi la région du Fréteau
50:50Ses villages perchés, ses tours génoises
50:52Ses églises, mais aussi ses brebis
50:54Qui permettent de faire du bon fromage
50:56J'espère qu'on vous a donné envie
50:58De venir découvrir ce coin de France
51:00Mais voilà parti pour une nouvelle destination
51:02Une nouvelle route mythique de France
51:04Un village, une histoire ou un surnom
51:06Par les traits de leur visage
51:08On sait presque d'où ils sont
51:10Et si l'argent, les misères
51:12L'espérance ou bien l'amour
51:14Leur font passer des frontières
51:16Pour s'en aller sans retour
51:18Ils sont corses et ils le restent pour toujours
51:20Ils sont corses
51:24Et ils le restent pour toujours

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