• il y a 5 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:26Bonsoir, il n'y avait pas de télévision à l'époque et le seul miroir des hommes politiques camerounais, c'était bien la presse.
00:35Michel Cota n'avait pas encore écrit son livre « Les miroirs de Jupiter »
00:40qui décrit le mécontentement chronique du pouvoir et des hommes politiques face à leur traitement dans les médias,
00:47un peu à l'exemple de Jupiter, jamais satisfait de l'image que diffusent et lui renvoient ses miroirs.
00:55Cette époque-là, c'était 1974 et le 1er juillet, Cameroun Tribune crachait à la face du monde son tout premier jet d'encre
01:06avec pour grand titre « Aïdio est de retour ».
01:10Un affront, en tout cas au sens des ultra-conservateurs de l'entourage présidentiel d'alors
01:16qui n'entendaient pas que l'on apostrophe ainsi le chef de l'État en titre sans tous ses titres.
01:24Ils le feront savoir d'ailleurs avec autorité au jeune et tout premier coordonnateur de la rédaction de 23 ans d'âge à peine incertain, Jacques Famendongo.
01:36Cameroun Tribune venait ainsi d'ouvrir par une personnalité éditoriale et téméraire
01:44la page initiale et initiatique de son cycle de vie dont le cinquantenaire était célébré cette semaine en grande pompe.
01:52À qui et à quoi doit-on le récital des faits et aux faits médiatiques fêtés cette semaine ?
02:00Les équipes éditoriales et managériales successives se sont-elles essentiellement nourries de caviar
02:06et ont-elles de bout en bout été gâtées par l'État selon une image d'épinal attachée à la presse, à Capito Public ?
02:14Suffit-il enfin d'être acétée ou décétée pour avoir un titre de noblesse dans le métier de journaliste ?
02:24Pleine page de questions dont les réponses nécessitent au moins les connaissances de base reconnues au reporter,
02:31la subtilité cultivée qui va au chroniqueur, l'humour acide et doux du billettiste,
02:38l'autorité mature de l'éditorialiste et la responsabilité affermie d'un cadre d'encadrement.
02:47Il aura été tout cela à la fois à Cameroun Tribune au point d'avoir su imposer ses initiales PEM
02:56après son nom Patrice Etundimbala au grand public et même au grand de la République.
03:03L'ancien directeur de la rédaction du quotidien national bilingue, au demeurant écrivain de bon teint,
03:10a pris congé de sa retraite le temps de cette édition d'actualité hebdome consacrée au Jubilé d'Or de Cameroun Tribune.
03:19Autant le dire sans vous faire languir davantage, c'est notre invité, c'est Dimanche.
03:25Patrice Etundimbala, bonsoir et bienvenue.
03:28Bonsoir Goumial.
03:30Comment vous sentez-vous dans un studio de télé, vous si accoutumé des rédactions, disons de la presse écrite ?
03:40Bon, je ne panique pas parce que je compte ici beaucoup d'amis.
03:44J'aime ça un peu chez moi, bien que je ne sois pas à Cameroun Tribune.
03:49Ça fait longtemps que je n'ai pas mis pied ici, ça fait peut-être 20 ans que je n'ai pas mis pied ici à la radio.
03:56Mais c'est un plaisir pour moi d'y revenir.
03:59D'Oum Goumezap, d'où vous êtes parti ce dimanche matin pour nous honorer ce soir ?
04:06Vous recevez et lisez toujours Cameroun Tribune ou alors vous vous contentez de revisiter, disons, les archives de ce journal qui fait partie de votre vie ?
04:16Malheureusement, Cameroun Tribune n'a pas de dépôt à Oum Goumezap.
04:21Je ne sais même pas s'il y en a en Barmaïo.
04:23Donc pour venir de temps en temps lire Cameroun Tribune, il faut qu'il y ait le passage à Yaoundé.
04:29Je dois avouer que je suis totalement coupé de Cameroun Tribune.
04:33Ce n'est pas de ma faute, mais il n'y a pas de dépôt de Cameroun Tribune à Oum Goumezap.
04:38Cela vous manque-t-il, Cameroun Tribune, à la fois le support, mais la rédaction, l'ambiance ?
04:47Ça me manque beaucoup, vous savez, j'ai passé ma vie.
04:51Ce qu'on appelle vie, qu'est-ce qu'on appelle vie ? Ce n'est pas la naissance, ce n'est pas le fait d'aller à l'école.
04:59Mais quand je me suis cru homme, c'était à Cameroun Tribune.
05:04D'où l'immense plaisir que vous avez eu cette semaine à retrouver cette ambiance, cet environnement.
05:11Les gens qui étaient déjà là, je connais un peu le monde maintenant à Cameroun Tribune,
05:16mais c'est un peu le même environnement que j'avais connu il y a très longtemps, qui est toujours là.
05:23Ça fait plaisir.
05:25Madame le Directeur Général quand même, au moins, vous la connaissez un peu plus que les autres, pour dire le moins.
05:33Bon, vous voulez que je vous raconte ?
05:35Quand elle est arrivée à Cameroun Tribune, mon service s'appelait Service Société, c'est là qu'on l'a affectée.
05:42J'ai donc eu le privilège de la materner pour parler comme ça.
05:47C'est moi qui ai guidé ses premiers pas.
05:49Au fait, pour moi, de la voir là où elle est aujourd'hui, j'ai la vanité de penser que c'est grâce à moi un peu.
05:57Parce que je l'ai bien initiée.
05:59Vous avez vu venir un tel destin, dans sa façon de travailler, sa discipline, ainsi de suite ?
06:04Quand vous prenez le cas de Mme Naha, c'est vraiment le genre de journaliste qu'on aimerait avoir.
06:11Ce n'est pas la journaliste qui commence ses articles par « Comment dit le Président ? » ou « Comment dit le Ministre ? ».
06:18Elle va chercher ses sujets ailleurs, elle fait ses conclusions.
06:24Vous sentez que cette femme a quelque chose en elle, qu'elle voulait dire.
06:31C'est une bonne journaliste, une très grande journaliste.
06:35À quoi occupez-vous vos vieux jours ?
06:39J'écoute le silence à Kama, je vois les arbres qui bougent, je plante les doutes qui poussent.
06:48C'est extraordinaire d'être là, petit dans la forêt, de vivre une autre vie.
06:54Moi, je passe une semaine sans avoir...
06:59J'ai une vieille radio qui marche de temps en temps, mais qui ne marche pas toujours.
07:03Ce n'est pas de ma faute.
07:05Gomzab est assez loin d'ici, il y a peut-être une raison de saisir cela.
07:08Je ne sais pas à quoi cela est dû.
07:11Mais en tout cas, là où je me trouve maintenant, en Gomzab, je fais un peu d'agriculture.
07:17Mais je n'ai plus assez de force pour le faire.
07:20L'adaptation n'a pas été difficile, n'a pas été compliquée ?
07:23Non, pas du tout, pas du tout.
07:25Mais je suis fils de paysan, c'est accidentellement que je suis devenu journaliste.
07:29Je vais vous dire, quand je suis arrivé à Paris, je suis parti sans dire au revoir à papa.
07:33Quand je suis arrivé à Paris, je lui ai écrit une lettre.
07:36Et dès qu'elle est passée, le journal entier a pensé que c'était un fantôme qui lui avait écrit.
07:41À Paris, c'était pour votre formation ?
07:44Oui, pour ma formation.
07:45Moi, je suis trop vieux pour appartenir à l'école, à l'ESIG.
07:50Je n'ai pas été à l'ESIG, j'ai été à Paris.
07:53C'est plutôt le premier coordonnateur de la rédaction de Cameroun Tribune,
07:58le professeur Jacques Fahmé Nourault, qui lui est issu de cette...
08:01De l'île.
08:02...fameuse ESIG de l'île.
08:04L'île.
08:05Et que vous avez connue également par ailleurs.
08:07Mais quand il fait le concours sur le journalisme, c'est moi qui surveille le concours.
08:15Ici au Cameroun ?
08:16Ici au Cameroun.
08:17Ici au Cameroun, c'est moi qui surveille son concours.
08:20Je lui ai dit que c'est bien de faire le concours, mais il n'avait pas encore passé le bac.
08:24Je lui ai dit qu'il fallait d'abord passer le bac avant de réussir à être journaliste.
08:29Vous ne serez donc pas surpris qu'il revienne en 1974 comme le premier coordonnateur de la rédaction de Cameroun Tribune.
08:39Ce 1er juillet-là, 1er juillet 1974, à la naissance de ce journal, vous étiez où ? Vous faisiez quoi ?
08:46J'étais au ministère de l'Information et de la Culture.
08:51J'avais été nommé chef de service de l'information intérieure en 1968, par arrêté du président de la République.
09:01Nous étions au ministère, et c'est nous qui étions quand même...
09:05Parce que les journalistes qu'il y avait à l'époque, c'était tous des journalistes de la radio,
09:12que ce soit M. François Sembé, qui était directeur de l'information,
09:16que ce soit Pierre Mabé, qui était son adjoint, ils venaient tous de la radio.
09:20Les seuls journalistes de la presse écrite, c'était Njiikinia et moi,
09:26qui s'occupaient de l'information extérieure, et moi de l'information intérieure, à partir de 1968.
09:33On nous en a demandé, parce qu'à ce moment-là, il y avait les forts camerounais.
09:40Le président Haïti, on n'appelle même pas ça les forts camerounais.
09:43Il faisait, à un moment donné, on pensait qu'il se trompait, il appelait les forts catholiques.
09:48Mais c'était sa manière de dire tout de suite quelle était la tendance de ce journal.
09:53Il y avait la semaine camerounaise qui était protestante,
09:56il y avait le sort des jeunes qui avaient été animés par M. Endormo.
10:01Bref, le gouvernement n'avait rien pour pouvoir donner même la réponse.
10:09Nous avions un petit bulletin qu'on appelait le bulletin de la CAP,
10:14c'est l'agence camerounaise de presse.
10:16C'était rien du tout, c'était des informations résumées,
10:19c'était des titres des informations, et ça dérangeait.
10:22On nous en a demandé d'étudier la possibilité d'avoir un journal qui ne sera pas gouvernemental,
10:29comme les gens le disent abusivement.
10:31Cameroun Tribune n'est pas gouvernementale,
10:34Cameroun Tribune défend très souvent et très bien la position du gouvernement.
10:39Ça ne veut pas dire que les journaux qui sont là-bas écrivent sous la dictée des dirigeants de ce pays, non.
10:46Moi j'ai été directeur là-bas, je n'ai pas reçu un jour, une seule fois,
10:52une injonction de la présidence de la République
10:55mentionnant l'ordre d'ouvrir le journal par telle nouvelle, non.
10:59Jamais, jamais la présidence ne s'embêtait de ma rédaction.
11:03Je la faisais professionnellement, comme on l'avait appris à l'école,
11:06et c'est tant mieux comme ça.
11:10Vous arrivez donc dans cette rédaction-là, un peu comme on accède, disons, à la liberté,
11:16au sortir de la prison.
11:18Ce n'est qu'une image, puisque vous revenez d'une affectation disciplinaire.
11:25De quoi vous accuse-t-on et comment retournez-vous en grâce ?
11:30J'ai été affecté à la suite d'une critique cinématographique
11:38qui pour moi n'avait pas été bien faite au niveau du ministère.
11:41Et le ministre a pensé que je le critiquais personnellement.
11:47Quand nos films sont arrivés à Ouagadougou, il y avait deux films.
11:50Il y avait Munamoto, le jeune Ndoalala, et puis il y avait Pouce-pouce.
11:58Et Pouce-pouce avait été vraiment poussé pour aller là-bas.
12:03Il n'aurait jamais dû aller là-bas. Ce n'était pas un bon film.
12:05Ce n'était pas un bon film, ni les images, ni même le thème qu'il développait.
12:09Il n'y avait rien. Par contre, Munamoto avait été vraiment cinématographique.
12:14Mais à la suite de petites pressions, ils ont pensé qu'il était bon
12:19que ce soit Pouce-pouce. Et là-bas, on l'a pratiquement poussé aussi dehors.
12:25Et le ministre, parce qu'on avait la possibilité au ministère d'écrire
12:30et d'envoyer les articles à Cameroun-Tibhoun,
12:33je me suis donc fendu à un article où j'étais pratiquement content de l'échec que nous avions eu.
12:39Et le ministre m'a envoyé l'allemand d'explication
12:41qui a provoqué mon affectation disciplinaire au Nord où je suis resté trois ans.
12:47Et comment vous revenez donc à Yaoundé au point d'intégrer l'équipe de Cameroun-Tibhoun ?
12:54Je suis revenu à Yaoundé tout à fait par hasard.
12:57J'avais un ami, un policier du Nord, il s'appelait Bregmo Dissandou.
13:01Il descendait de l'avion. Je suis allé les accueillir à l'aéroport.
13:06Je lui ai dit bonjour, Dissandou.
13:09Quand il est rentré à la maison, il m'embrasse.
13:13Je lui ai dit madame n'est pas ici, madame est à Yaoundé.
13:17Il s'en détend un peu. Il me demande comment madame est à Yaoundé.
13:20Et tu es là depuis combien de temps ?
13:22Je lui ai dit ça fait déjà bientôt trois ans que je suis là.
13:24Il me demande si je suis content de la situation.
13:26J'ai dit non. Mais je suis là malgré moi.
13:29Je suis affecté disciplinairement et j'assume.
13:32Il dit est-ce que tu veux rentrer à Yaoundé ?
13:34Moi je voudrais bien rentrer. J'ai mes trois enfants là-bas et ma jeune épouse.
13:38Pourquoi ? Parce que vous estimez qu'être dans le Nord ce n'est pas être au Cameroun ?
13:42On ne faisait pas véritablement le journalisme là-bas.
13:45Qu'est-ce qu'il y a comme journal à Garoua ? Il n'y avait rien.
13:48Moi je rêvais d'un journal où on écrit, où on dit quelque chose,
13:52où on exprime son point de vue par rapport à tel ou tel événement.
13:56Mais là, au Nord, il y avait le gouverneur, le préfet, le sous-préfet.
14:01Vous étiez en train d'écrire ce qu'il disait.
14:04Et comme il ne parlait pas tous les jours,
14:06il y avait des moments où vous n'aviez rien à dire. Il n'y avait rien à écrire.
14:10Et donc qu'est-ce qu'il vous dit finalement, votre ami ?
14:13Moi il dit si vous voulez rentrer, vous allez rentrer.
14:16Nous sommes au jeudi, vous allez rentrer le lundi.
14:18J'ai été un peu sceptique. J'ai dit non, tu vas rentrer le lundi.
14:21Et il est allé dire au gouverneur, au semain de mai,
14:24que je demande qu'il rentre à Yaoundé et je l'affecte à Cameroun Tribune.
14:30C'est lui qui m'a pratiquement affecté à Cameroun Tribune.
14:34Vous allez donc nous raconter tout à l'heure vos premières heures à Cameroun Tribune.
14:38Mais replongeons avant d'y arriver dans quelques souvenirs,
14:43notamment les souvenirs des premiers jours
14:47et des premières équipes de Cameroun Tribune.
14:50Vous allez certainement reconnaître, pour dire le moins,
14:54quelques personnes et quelques personnalités
14:57dans cet élément tourné par Martin Waldinger.
15:01Les marches de cet escalier ne lui sont pas inconnues.
15:04Patrice Etundimbal a été arrivé à Cameroun Tribune en 1981.
15:10J'ai d'abord été affecté disciplinairement au nord.
15:13On m'accusait d'avoir critiqué le ministre.
15:17Je suis redescendu grâce au commissaire principal Brecquemont,
15:21qui était un ami.
15:22On avait même eu une petite discussion.
15:24J'ai dit, si je rentre au ministère,
15:26les gens qui m'ont envoyé ici, ils sont encore là,
15:29ils vont encore me taper, je ne sais pas,
15:31ils vont m'envoyer peut-être en Sibérie.
15:33J'ai dit, non, je vais t'envoyer à Cameroun Tribune.
15:35Son passage à Cameroun Tribune confère,
15:38les lettres de noblesse à un jarre journalistique,
15:41le billet qui, autant le dire,
15:43lui a valu tant de roses et quelquefois des épines.
15:47Je parlais de tout ce qui se passait dans notre société.
15:50Beaucoup d'écho, puisque j'ai eu même l'ambassade de France.
15:54Il m'a dit, monsieur, vous pouvez écrire même dans le monde.
15:57Autant le dire, il m'a aussi valu un procès.
15:59Comme lui, d'autres pionniers de la Cuvée,
16:021974, feuillettent les mémoires de cette époque.
16:06Nous, on venait de quitter l'école de journalisme.
16:08C'était ma première fois, pendant un délai quand même,
16:11à gérer ce journal, et surtout journal d'État.
16:14Ce n'était pas un journal privé.
16:16Et vous connaissez le problème qu'on a rencontré.
16:18Il n'y avait pas Internet, les ordinateurs, le reste.
16:21Mais on devait aller faire les reportages,
16:23faire l'écrit, faire la mise en page, surtout le journal.
16:26Il a partagé son bureau avec un de ses contemporains,
16:30hors fèvre de la plume, le professeur Jacques Femdongo,
16:34premier coordonnateur de la rédaction à seulement 23 ans.
16:38D'ailleurs, la une inaugurale du 1er juillet 1974,
16:43porte sa signature.
16:45Aïdjo est de retour.
16:48Naturellement, c'est un taulé général.
16:52On nous convoque à la présidence de la République.
16:55Est-ce que c'est votre camarade, c'est votre copain, c'est votre ami ?
16:58C'est le chef de l'État.
17:00Ne dites plus jamais Aïdjo est de retour.
17:04Il faut toujours dire Son Excellence,
17:06et là, Jean-Mathieu Aïdjo est de retour.
17:09Voilà la doute froide qu'il nous prend.
17:11Mais nous, nous ne baissons pas la garde.
17:14Des anecdotes comme ça, ils en ont à profusion.
17:1850 ans plus tard, rien n'a altéré la bonne humeur de ces virtuoses
17:23qui ont écrit les premières pages du quotidien bilingue national
17:27Cameroun Tribune, tout un pan de l'histoire du Cameroun.
17:32Ce fameux titre Aïdjo est de retour.
17:36Comment il a été commenté, reçu,
17:39là où vous étiez à l'époque au ministère de l'Information et de la Culture ?
17:44En vérité, ça ne choquait pas les journalistes.
17:47Ça choquait les gens qui faisaient du zèle autour du Président Aïdjo,
17:52qui voulaient se faire bien voir.
17:54S'ils avaient expliqué au Président de la République,
17:57chez les journalistes,
17:59les titres, parfois, c'est un problème d'espace.
18:03C'est pourquoi ils ont préféré peut-être choisir un caractère plus gros
18:07pour Aïdjo est de retour.
18:09Ça fait un caractère plus gros.
18:11Eux ne le savent pas.
18:12Ils ne voient que sur les scènes à la main de l'Aïdjo.
18:15C'est ça qu'ils voulaient.
18:17Mais quand ils voient Aïdjo est de retour,
18:19ils croient qu'on manque de respect au Président de la République.
18:21Non !
18:22Que deux fois, on avait vu De Gaulle est arrivé à Alger.
18:28Vous n'avez qu'à prendre les journaux de l'époque.
18:30C'est comme ça qu'on titrait en France.
18:32Donc, c'est là-bas qu'ils n'ont comme femme,
18:34ils n'ont comme moi.
18:35On l'a appris au journalisme,
18:38ce n'est pas du tout manquer de respect au Président de la République
18:41en disant, je peux écrire Bia et le Président de la République.
18:45Ça bouge encore aux gens.
18:48Patrice Itundimbala, racontez-nous un peu vos débuts à Cameroun Tribune
18:54quand vous intégrez la rédaction.
18:57J'ai eu beaucoup de difficultés parce que
19:00comme j'avais été précédé par une réputation cultureuse là-bas.
19:06Laquelle ?
19:07J'avais au ministère un service qui avait un nom très équivoque.
19:11Je m'occupais de l'information intérieure.
19:14Pour beaucoup de gens, l'information intérieure voulait dire
19:18j'étais un indique de la police.
19:20Et c'est surtout ça qu'ils ont retenu.
19:23L'avez-vous jamais été ?
19:24Jamais, jamais j'ai été un indicateur de la police.
19:27Je n'avais pas besoin de l'aide.
19:29Il y avait beaucoup autour de moi qui étaient policiers.
19:32Bref, ils ont dit ça au directeur général.
19:35Et le directeur général a cru que c'était vrai.
19:38Et pendant trois ans, je peux dire que j'étais totalement ignoré à Cameroun Tribune.
19:44Je vivais comme ça, je marchais sur la pointe des pieds.
19:47Quand le directeur général me voyait, il détournait les regards.
19:51Pendant trois ans, ça arrivait en 98, en 94.
19:56Le directeur général ne m'a jamais appelé.
19:59Et qu'est-ce qui a mis fin, disons, à votre disgrâce ?
20:04C'est le discours qu'il devait prononcer à l'occasion du dixième anniversaire.
20:10Un discours inaugural pour les cérémonies qui allaient se déclencher.
20:15Il demandait donc à ce qu'il appelait la garde des rapprochés,
20:18les hommes qui sont autour de lui, les postes du directeur général.
20:22Ils sont allés, il l'avait distribué.
20:24Il avait dit qu'il allait préparer un discours que je vais prononcer.
20:28Ce discours-là, je vais le recevoir dans dix jours.
20:32Dix jours après, il avait reconvoqué la réunion.
20:35Ses proches collaborateurs, comme on les appelait, ils sont allés se retourner.
20:38Mais aucun d'eux n'a présenté un discours lisible.
20:42Il y avait donc Henri Bandelot, c'est lui-même qui venait me le raconter.
20:45Il l'a suggéré au directeur général, qui ne m'aimait pas.
20:49Moi, je n'étais pas à la réunion, d'ailleurs.
20:51Henri Bandelot étant, à l'époque, l'adjoint ?
20:54L'adjoint du directeur général.
20:56Il dit, si vous voulez un discours, demandez à M. Etienne Dombara-Patrice de vous le faire.
21:01Le directeur général ne voulait pas savoir cela.
21:04Malheureusement, Bandelot a insisté.
21:07Et le directeur général m'a appelé.
21:09Il m'a dit, vous pouvez faire un discours pour moi ?
21:11Je lui ai dit, ce que vous me demandez, c'est un ordre.
21:16Si vous me demandez, allez-vous faire un discours, je vais le préparer.
21:20Il dit, d'accord, je vous donne un discours, vous en avez pour deux jours.
21:23Je suis allé à la maison, j'avais une belle machine à écrire.
21:26Dieu merci, je suis un assez bon d'articlot.
21:29Je lui ai écrit un bon discours de sept pages interlignes, deux.
21:33Très bien.
21:34Sans la moindre erreur.
21:35Le lendemain, au lieu de deux jours.
21:37Le lendemain, j'étais chez le directeur général.
21:40Quand il m'a vu, il m'a dit, mais qu'est-ce que vous faites là, M. Etienne Dombara-Patrice ?
21:43Je lui ai dit, j'ai déjà le discours que vous m'avez commandé.
21:46Je ne voulais pas le garder davantage.
21:48Il dit, je vous ai donné deux jours.
21:50Je lui ai dit, mais je l'ai fini.
21:51Il est bon à entrer, il est sous-entré.
21:54Quand il a lu le premier chapitre, il m'a dit, c'est vous qui avez écrit ce discours ?
22:02En temps régulier, je me serais un peu fâché en disant, vous me prenez pour un idiot ou quoi ?
22:07Bon, je ne me suis pas fâché.
22:09Je lui ai dit, vraiment, c'est moi.
22:12Il a secoué la tête.
22:13Il a dit, vraiment, les gens sont méchants.
22:15Mon privé, mon plus proche collaborateur, dit qu'il était capable de faire quelque chose.
22:20Pendant si longtemps, elle me racontait des histoires sur lui.
22:25C'était fini. L'amitié est née.
22:27Finalement, il a appelé la secrétaire et dit d'apporter les bureautiers.
22:33Parce que, voyons, à l'époque, le 13ème mois, vous receviez en dehors des petites indemnités
22:40qui étaient liées à votre charge que vous occupiez à l'époque.
22:45Mais moi, je n'avais jamais eu le 13ème mois.
22:48Parce qu'il fallait avoir 15 en mon temps, dans la notation.
22:51On me donnait toujours 11.
22:53Et ce mois-là encore, on me donnait 11.
22:56Le directeur général devant moi, le deuxième, il l'a transformé en 9.
23:00Il l'a rectifié.
23:01Il l'a transformé en 9.
23:03J'avais 19 sur 20.
23:04C'était la première fois que j'allais avoir mon 13ème mois.
23:07Et je l'ai eu.
23:08Quand on lit les articles, disons, des 20 dernières années, ou un peu moins,
23:14on est frappé par la liberté de ton, voire une certaine impertinence,
23:20y compris surtout dans le traitement de l'actualité gouvernementale.
23:25Est-ce que c'était la ligne des équipes éditoriales successives de Cameroun Tribune de l'époque ?
23:31Ou alors, c'était des risques que vous, les journalistes, décidiez de prendre et d'assumer ?
23:38Je dois avouer qu'à Cameroun Tribune, véritablement,
23:43moi je n'ai pas assisté à une réunion.
23:45Je vais leur dire ici, et je leur dirai demain,
23:48on n'a jamais eu une réunion où nous demandons d'écrire
23:52comme aurait voulu que le ministre, je ne sais pas quoi, donc rien.
23:56On demande aux journalistes qui sont là-bas
24:00de savoir que le véritable directeur général de l'ASOPK se représente bien.
24:06Le président de la République.
24:07Le rédacteur en chef de toutes les éditions confondues, c'est encore lui.
24:13Et tout le reste, c'est encore lui.
24:16Les gens doivent le savoir.
24:19Et quand vous le savez, vous pouvez vous permettre,
24:22par rapport à ce que vous pensez être bien pour le Cameroun,
24:25écrire ce que vous voulez.
24:27Ils essaient librement votre métier.
24:31Cameroun Tribune est un journal très libre.
24:34J'ai nourri moi-même un petit complexe.
24:39Quand les gens m'appelaient la presse indépendante,
24:41ils disaient que les autres là-bas sont indépendants.
24:44Ceux qui étaient de l'opposition ou faisaient semblant d'être de l'opposition.
24:47Et que nous, nous n'étions pas de la presse indépendante.
24:51Et quand je suis sorti de Cameroun Tribune,
24:53je suis allé dans ce qu'on appelle la presse indépendante.
24:56Ce n'est pas vrai.
24:57Ils sont encore plus attachés que nous au coup.
25:00Puisque quand quelqu'un arrive là-bas, il vous dit,
25:02bon, moi je vais vous acheter une bovine.
25:05Vous pouvez crier lentement que sa femme a volé les talasses ?
25:08Vous ne pouvez pas.
25:10Au contraire.
25:11Ce que vous dites là, signifie-t-il que dans la presse,
25:15à capitaux publics de façon générale,
25:18il y a plus d'auto-censure que de censure ?
25:22Nous avons changé, parce qu'on a tout changé autour de nous.
25:26Et nous nous sommes rendus compte que d'abord,
25:28les Camerouns ne lisent pas.
25:30Il faut tout faire pour les aider à lire.
25:33Les Camerouns, aller dans un lieu public, un bar par exemple,
25:37acheter un journal.
25:39Dès que vous essayez de le poser comme ça,
25:41le voisin d'à côté dit, je voudrais voir un peu, s'il vous plaît.
25:44Dès qu'il a fini, l'autre lui demande.
25:46Finalement, même petit exemplaire d'aujourd'hui,
25:48il va pour le tour du bar.
25:50Les gens ne traitent pas l'autre.
25:51Pendant ce temps, ils ont chacun 3, 4 billets de ventes.
25:54Davantage aujourd'hui encore, à cause du dictat,
25:59des réseaux sociaux et des smartphones.
26:03Oui.
26:04Les gens, les gens, moi je suis gêné.
26:07Franchement.
26:08Nous sommes un pays, apparemment,
26:10où les gens sont très intelligents.
26:13Mais les gens ne veulent pas s'informer.
26:15Les gens ne veulent pas s'informer.
26:17Et je peux vous dire qu'il y a des gens qui ont des radios,
26:20ils écoutent surtout RFI, qui racontent de sa vie,
26:24mais ils ne savent pas ce qui se passe à la CRTV.
26:28Ce n'est pas pour vous décourager, continuez de faire votre bon travail.
26:32On essayera toujours, Patrice Itundimala.
26:37Alors, pour vous, les changements majeurs,
26:41les changements de cap de ces 50 dernières années,
26:44ceux que vous, vous pouvez retenir,
26:46interviennent à quel moment et quels sont-ils ?
26:49Je crois que c'est sur le...
26:52Appellons ça Rennes.
26:54Le Madame Ménangue-Puce, maintenant,
26:56comme une tribune, est véritablement un journal bilingue.
26:59Ce n'était pas le cas au début.
27:02Ce n'était pas le cas au début.
27:03On avait une édition bilingue qui sortait,
27:05je ne me rappelle même plus,
27:07puisqu'on ne s'en occupait pas.
27:08Moi, je m'occupais de la version française.
27:11Moi, je m'occupais de la rédaction française.
27:14Je ne faisais même pas attention à ce que faisaient mes collègues anglophones.
27:20Maintenant, quand vous prenez comme une tribune,
27:23vous êtes aussi bien informés en anglais qu'en français.
27:26Ça a changé pendant longtemps.
27:29Les pouvoirs publics ont confié le journal aux administrateurs civils.
27:35Ce n'est pas une mauvaise chose.
27:37Moi, je n'ai rien contre les administrateurs civils.
27:40Mais c'est quand même une petite erreur de penser
27:44qu'il n'y a qu'eux qui peuvent faire quelque chose.
27:47Maintenant, quand vous avez à la tête du Cameroun Tribune,
27:52une journaliste, on est un peu plus en sécurité.
27:58Lorsque vous dites que jamais vous n'avez reçu d'injonction,
28:02de coups de fil, ainsi de suite,
28:04est-ce que cela est valable aussi
28:06durant des périodes comme 1984,
28:09notamment l'actualité relative aux coups d'État manqués,
28:14et même 1990 et les années qui ont immédiatement suivi,
28:19avec donc la poussée de la fièvre du retour au multipartisme ?
28:25Le Cameroun Tribune avait été, à cette époque, vraiment très prudent.
28:30Nous n'avons pas pris ce qu'on peut appeler un parti pris.
28:36On a attendu que les événements évoluent.
28:39Moi, je me rappelle, le fameux coup d'État a duré quelques heures.
28:43Autant de mettre le journal sous presse et de le sortir le lendemain,
28:49le coup d'État était déjà fini.
28:51Donc on n'avait même pas tellement besoin de nous creuser les ménages
28:56pour savoir ce qu'il fallait dire.
28:58C'est le Cameroun Tribune qui est apparu le lendemain,
29:03qui porte la marque de ce coup d'État raté.
29:06On a déploré des morts ici et là,
29:10mais le Cameroun Tribune ne s'est pas affolé ce jour-là.
29:14Je me rappelle pas qu'il y ait eu ce qu'on peut appeler un comité,
29:21un comité de guerre, pour parler du coup d'État.
29:25Comment s'est décidé le retrait du portrait du président Paul Billard,
29:30qui était souvent un médaillon à la une du Cameroun Tribune,
29:35et est-ce que certains en ont payé le prix ?
29:38Je ne pense pas. Il n'y a jamais eu ce que je peux appeler
29:43un match de ping-pong entre la présidence et le Cameroun Tribune.
29:47Le portrait a disparu sûrement.
29:49Le président Billard, il doit avoir une certaine idée de la presse,
29:54de la liberté de presse.
29:56Que sa photo disparaisse, ou qu'elle soit là,
30:00je crois qu'elle n'y a pas attaché une importance particulière.
30:03Ce qui intéresse le président Billard, je ne suis pas à sa place,
30:06je ne parle pas en son nom, je suis certain que...
30:09C'est ce qui est écrit dans le journal.
30:12Le petit médaillon a disparu.
30:16Je vais vous dire la vérité, moi je n'ai même pas remarqué qu'il a disparu.
30:21On va marquer un deuxième arrêt dans cette émission
30:24pour évoquer une activité qui fait partie des marronniers
30:30de l'actualité politique,
30:33la conférence semestrielle des gouverneurs.
30:37Elle s'est tenue cette semaine encore à Yaoundé,
30:40sous le leadership du ministre de l'administration territoriale,
30:44Paul Atanganji.
30:46Et puis, globalement, ce qu'on peut en retenir avec Joseph Itoté.
30:52La maîtrise de la situation sécuritaire sur l'étendue du territoire national
30:56est l'oeuvre de nos forces de défense en intelligence avec les populations.
31:00Les acquis de cette sécurité collective doivent être non seulement préservés,
31:05mais aussi consolidés.
31:07Pour maintenir cette tendance sécuritaire positive
31:10sur l'ensemble du territoire national,
31:13les autorités administratives, en liaison avec les forces de défense et de sécurité,
31:18devront faire preuve de vigilance de tous les instants.
31:21Du nord au sud, de l'est à l'ouest,
31:24les opérations émergences 1, 2, 3, 4, 5 et Alpha,
31:28couplées à l'opération Tentacule, portent leurs fruits.
31:32Que ce soit dans le sud-ouest, le nord-ouest ou à l'extrême nord du pays,
31:37les activités économiques ont repris de plus belles.
31:40La population a longtemps souffert.
31:43Elle est en train de jouir maintenant des différentes situations d'embellissement,
31:52notamment les cours de cacao.
31:54En cette période préélectorale,
31:56le ministre de l'administration territoriale a mis en garde les bonimenteurs du cacao.
32:01Le ministre met en garde les acteurs politiques férox
32:06portés par les démons de la déstabilisation.
32:09Ceux-ci seront traqués où ils se trouvent
32:13et traduits devant les instances judiciaires
32:16selon la gravité de leurs forfaits.
32:19En marge des travaux de Yaoundé,
32:21cinq gouverneurs, dont Jean Abatehedi du nord,
32:24Kildadit Agyeke Bokar de la Damaoua,
32:26Medjawa Bakary de l'extrême nord,
32:28Bernard Okalia Bilaï du sud-ouest
32:30et Adolphe Lelel Afrique du nord-ouest,
32:33ont reçu leur médaille de la vaillance avec citation à l'ordre de la nation.
32:40Souhaitez-vous commenter cette actualité
32:44qui fait partie des événements que vous avez fait couvrir par le passé ?
32:51Je n'ai pas beaucoup de commentaires à faire
32:54concernant l'activité de nos patrons de l'administration.
32:59J'ai eu la chance simplement d'avoir été
33:03un grand promeneur à travers le Cameroun.
33:06Je connais le Cameroun et aussi Koussiri.
33:10Je n'ai jamais été confronté à des situations particulièrement tendues
33:16concernant la sécurité.
33:18Je me disais toujours, c'est grâce au sous-préfet,
33:20c'est grâce au préfet, c'est grâce au gouverneur.
33:23C'est vraiment tant mieux parce que
33:25c'est tellement bien de se promener au Cameroun.
33:27Quand je suis arrivé au nord, par exemple,
33:30je me demandais si j'étais chez moi, si j'étais au Cameroun.
33:33Un jour, j'avais un petit fusil à plomb,
33:40j'ai tué les tout-terrains.
33:42Je te dis comment les gens du nord sont gentils.
33:45Il y a une femme qui sort,
33:47elle me demande ce que je fais avec des petits oiseaux comme ça.
33:50Elle est allée me prendre deux poulets.
33:53Qu'elle vous a offerts ?
33:54Qu'elle m'a offerts.
33:57Je n'ai jamais eu deux poulets ici en bas.
34:01Vous n'en avez jamais eu comme ça en Gomezap ?
34:04Non, jamais.
34:05Je suis là pour toi.
34:06Alors, à défaut de nous promener à travers le Cameroun,
34:12promenons-nous à travers vos souvenirs, Patrice et Tundibala.
34:16Beaucoup de votre génération, et surtout ceux d'après,
34:20vous incultent à un ancien dirigeant
34:23du Cameroun Tribune et de l'ASOPECAM, Henri Bandolo.
34:27C'était, me semblait-il, votre ami.
34:30Comment faisait-il et que faisait-il pour s'imposer
34:35et en imposer à ce point ?
34:37Je dois vous dire tout de suite que Zambouzeleko
34:41était un homme très honnête.
34:43Ce n'est pas parce qu'il est devenu mon ami que je le dis.
34:45Il ne touchait jamais à ceux qui regardaient le journal.
34:48Zambouzeleko, le directeur général ?
34:50Le directeur général de l'ASOPECAM.
34:52Il ne touchait pas du tout au journal.
34:55C'était son adjoint ?
34:56C'était son adjoint.
34:57Et déjà, Bandolo, de s'occuper du journal,
35:00lui, de s'occuper de l'administration.
35:02C'est qu'il était très honnête de sa part.
35:05Mais c'est ça.
35:08Et Henri Bandolo, qui était un homme du métier,
35:11parce que c'était un journaliste complet,
35:13non seulement il avait été formé pour parler à la radio,
35:16mais à côté de ça, il savait écrire.
35:19Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il était en même temps écrivain.
35:25Et très humble.
35:26Notamment en hauteur de La Flamme et la Fumée.
35:28La Flamme et la Fumée.
35:30Bandolo, très humble.
35:31Quand il écrivait quelque chose, un éditorial,
35:33il nous faisait lire.
35:34Moi qui étais son ami, j'ai lu tous ses éditoriaux avant publication.
35:38Je mettais des virgules, peut-être là, il ne fallait pas les mettre.
35:41Et je mettais les accents un peu trop.
35:43C'est tout.
35:45L'anecdote raconte qu'il remettait même sa copie
35:48à des moins gradés pour corriger avant.
35:51Pour corriger.
35:52Bandolo n'avait pas peur de la correction.
35:55Il aimait être avec les autres.
35:58C'était un journaliste parfait,
36:00dans la mesure où il ne se dirait pas infaillible.
36:03Quelque chose de vérité qu'il énonçait.
36:06Mais il faisait tout,
36:08ce qu'on peut appeler une responsabilité partagée de la rédaction.
36:15Dès qu'il terminait de faire d'arthrographie sa copie,
36:20il remettait ça au premier qui passait.
36:23Il dit à les cinq ans, vous terminez, donnez ça à tel.
36:27Dans un éditorial qu'il avait rédigé, me semble-t-il, en 1987,
36:33il fustigeait un peu une certaine tendance des Camerounais,
36:37disons, à l'aventardise.
36:42Il appelait ses compatriotes à ne pas se considérer
36:47comme étant au-dessus des autres, comme étant absolument les meilleurs.
36:51Et donc les appelait à une certaine modestie.
36:56Les médias à capitaux publics sont accusés,
36:59dans notre contexte, d'être aux ordres.
37:02Vous avez déjà donné un témoignage s'agissant de la présidence de la République.
37:08Mais il n'y a pas que la présidence.
37:10Il y a l'imprimature, il y a les ministères,
37:12il y a les directions générales, ainsi de suite.
37:15Est-ce que votre téléphone sonnait beaucoup
37:18quand vous étiez directeur de la rédaction et éditorialiste
37:23pour vous dicter soit des contenus, des titres,
37:26ou même d'autres aspects éditoriaux du journal ?
37:29Non, non, je dois vous dire non.
37:32Parce que d'abord, les directeurs généraux, je ne sais pas quoi,
37:38ils avaient même peur de s'exposer parce qu'ils ne savaient pas.
37:41C'est grâce, c'est tant mieux pour nous.
37:43Ils ne savaient pas les relations qu'on avait avec la présidence de la République.
37:46Certains d'entre eux pensaient effectivement
37:49que ce qui était écrit à Cameroun Tribune
37:52c'était sous la dictée du président de la République.
37:56Ils en avaient donc peur un peu, tant mieux.
37:59Mais de manière générale, les ministres n'osaient pas.
38:04Moi je ne me rappelle pas qu'un ministre soit entré dans mon bureau
38:07pour me dire, il pouvait me suggérer si c'était bon.
38:10Il n'y avait pas de problème.
38:13Je pouvais prendre son cas au sérieux.
38:16Mais autrement, on suivait l'actualité,
38:19on donnait à l'actualité le titre qu'il faut.
38:23Je crois qu'il y avait même à un moment donné
38:26les titres à proposer au directeur général.
38:29Au temps d'une émission, on préparait trois, quatre, cinq titres pour ouvrir le journal.
38:35C'est pour dire que vraiment, à Cameroun Tribune,
38:38les journalistes qui sont là-bas,
38:41ceux qui ne font pas leur travail, sont des paresseux.
38:44Ils ne voient pas le président, ils racontent des histoires.
38:50Aucun ministre ne peut demander de force,
38:54je veux ça à Cameroun Tribune.
38:56Aucun ministre ne peut oser le faire.
38:59Durant les années que vous avez connues,
39:02est-ce qu'il n'y a pas eu de soucousse
39:04que la rédaction aurait titré sur tel sujet
39:07ou aurait pris telle posture éditoriale ?
39:11Est-ce qu'il n'y a pas eu de retour de bâton ?
39:14Il y a ce que vous appelez le retour de bâton, certainement,
39:18puisque les gens ne sont jamais totalement satisfaits.
39:21Il y a des gens qui auraient voulu que...
39:24On ne va pas satisfaire tout le monde.
39:27Il y a des gens qui auraient voulu tel ou tel article
39:31que ce soit développé de cette manière.
39:34Ce n'était pas possible.
39:36Ce n'était pas possible.
39:38Il n'y a pas seulement le président de la République,
39:40il y a aussi d'autres en bas,
39:42qui pouvaient prendre pression sur nous.
39:44Mais je vous dis que ces gens avaient peur de nous.
39:48Personne ne s'adresse à Cameroun Tribune comme ça.
39:51Les gens ont peur de Cameroun Tribune.
39:54C'est comme moi, je suis certain, c'est le cas de la CATV.
39:58Personne ne peut venir ici et dire
40:01« moi je veux que demain matin vous puissiez ouvrir le journal ».
40:05Il va commencer par qui ?
40:07Il va appeler Charles Ndongo,
40:09un journaliste sérieux comme lui,
40:11et dire « c'est toi qui dois faire comme ça ».
40:13Il va vous appeler, vous allez marcher.
40:15Vous allez dire « bon, attendez, je vais le faire ».
40:17Mais pendant ce temps, vous allez prendre conseil
40:20auprès de l'éditeur général.
40:22Il y a forcément un style et un esprit Cameroun Tribune
40:27qui font l'histoire et peut-être la renommée de ce journal.
40:33Cet esprit-là et ce style, pour vous, correspondent à quoi ?
40:40Aux hommes qui sont là.
40:42Il y a eu des journalistes à Cameroun Tribune très brillants.
40:46Vamon, par exemple, c'était un esprit brillant, qu'on le veut ou non.
40:53Je ne veux pas parler des ennuis qu'il a aujourd'hui.
40:59Mais comme camarade à Cameroun Tribune,
41:05Vamon a été très très brillant.
41:07Je vais vous dire, autant l'a dit René Coman.
41:09On avait, au temps de l'NBA qui sortait,
41:14écrit par Jean Ramboudou,
41:16qui est devenu d'ailleurs directeur de la rédaction après.
41:20Et que vous avez écrit vous-même par la suite.
41:23Autant le dire.
41:24Attendez, comment c'est arrivé, autant le dire.
41:26Un jour, à l'époque, Jean Ramboud ne faisait pas partie de l'équipe d'actionnaires de Cameroun Tribune.
41:32C'est donc un monsieur qui vous a envoyé un billet aujourd'hui.
41:35Il passait deux, trois jours.
41:37Il vous en a envoyé un autre.
41:38Cinq jours, parfois même une semaine.
41:40Parfois, il oubliait même totalement.
41:42Et en plein milieu de ce qu'on appelait la conférence de rédaction,
41:47le directeur général a demandé,
41:49Mbourou est un électron libre.
41:51On ne peut pas contrôler ses activités.
41:53Est-ce qu'il ne peut pas y avoir quelqu'un parmi vous
41:55qui peut nous écrire un billet ?
41:57Moi, j'ai levé la main.
41:59On m'a demandé si je pouvais écrire un billet tous les jours.
42:02J'ai dit, mais c'est dix lignes.
42:04Quel est le journaliste qui ne peut pas écrire dix lignes par jour ?
42:08Il fait quoi ?
42:09Bon, d'accord.
42:10On m'a dit d'aller donc étudier le projet.
42:13J'ai partagé le bureau avec Mamouké.
42:16J'ai écrit une dizaine de titres.
42:19Pourquoi ne pas le dire comme ça ?
42:21Pourquoi dire ça ici ?
42:23Pourquoi se taire ?
42:25Il y avait donc autant à le dire.
42:27Mamouké a barré tout le reste.
42:29Il a toujours autant à le dire.
42:31Il partait toujours dire que ce soit autant à le dire.
42:33Le lendemain, j'ai présenté que je vais écrire un billet
42:37avec pour titre autant à le dire.
42:41Être journaliste, c'est avoir vu, avoir écouté
42:45et aider les autres qui n'étaient pas là
42:47à voir, à voir et à écouter.
42:50C'est tout.
42:51Patrice Itundimbal a passé le cycle des 50 premières années
42:57de Cameroun Tribune et la célébration du Jubilé.
43:00Que doit et que peut encore changer ce journal
43:04pour s'imposer durant le nouveau cinquantenaire qui commence ?
43:09Il faut maintenir la ligne, c'est-à-dire faire en sorte
43:14que les journalistes fassent du journalisme.
43:17Tant que les journalistes ne feront pas le journalisme,
43:20le journal va tomber.
43:22Parce qu'à un moment ou à un autre,
43:24les gens vont préférer l'excellence à l'abondance.
43:27Il ne s'agit pas d'avoir 50 pages,
43:30parce qu'on appelle au cinquantenaire.
43:33Il s'agit d'avoir de bonnes informations dedans,
43:36de bonnes manières de rendre les événements.
43:39Moi, je suis très content de la manière dont le Cameroun a appris.
43:42Par exemple, les affaires d'Ukraine, les affaires de la guerre
43:47chez les Israéliens, tout ça.
43:50Cameroun Tribune survole ces affaires,
43:53parce que pour être franc, ce ne sont pas nos affaires quand même.
43:58Il ne faut pas que les gens nous amènent toujours à les suivre
44:02sans savoir où ils vont.
44:04Cameroun Tribune, elle est très cool.
44:07Très, très, très, très cool.
44:09Et c'est tant mieux.
44:11Et si Cameroun Tribune continue comme ça,
44:16en faisant le journalisme,
44:18les journalistes font du journalisme.
44:21Pas plus que ça.
44:23Quand vous faites du journalisme dans le journal,
44:26vous êtes un bon journaliste.
44:28Si vous faites de la politique, évidemment,
44:30vous savez que les partis politiques naissent et meurent.
44:33Et Cameroun Tribune, s'il fait de la politique,
44:36il va finir aussi par mourir.
44:39Souhaitons que Cameroun Tribune vive et vive davantage.
44:43Très, très longtemps.
44:45Évoquons dans un dernier sujet
44:47une préparation à la vie d'un mariage, le cixa.
44:51Pouvez-vous nous en dire une ou deux choses ?
44:55Le cixa, qu'on avait, je me rappelle, c'était quoi ?
44:58On allait entasser des jeunes filles dans un coin.
45:03Je ne sais pas pourquoi.
45:05On amenait seulement des jeunes filles.
45:07Les jeunes filles ne se mariaient pas entre elles.
45:09Il fallait amener aussi les hommes au cixa.
45:12Quelle est la raison pour laquelle on préparait les femmes,
45:14mais pas les hommes ?
45:15Les hommes étaient plus...
45:16Est-ce que c'était censé qu'on ait davantage
45:18ce qu'on appelle au mariage ?
45:20Ou religieux, ou même seulement civil ?
45:22Non, je ne pense pas.
45:23Le cixa aurait dû concerner tous les époux.
45:26On retrouve là la liberté de ton,
45:29de l'auteur du billet, autant le dire.
45:34Et pour vous rassurer, justement,
45:37le cixa a été rénové, revu, refondé.
45:41Et aujourd'hui, la nouvelle version,
45:44qui est expérimentée à Balmaïo depuis quelques années,
45:47intègre justement ce que vous venez de dire.
45:49C'est à la fois des jeunes garçons et des jeunes filles
45:54qui s'y retrouvent,
45:55et qui commencent même dès l'âge de 8 ans.
45:58Et voici les bienfaits du cixa aujourd'hui,
46:02relevés par Richard Atangana Obama.
46:06Face à la déperdition culturelle et patrimoniale
46:09à laquelle la jeunesse fait face,
46:12le concept du cixa, initié depuis 3 ans dans le centre
46:16par le gouverneur Nasseri Poulbeya,
46:18avec l'appui technique du ministère des Arts et de la Culture,
46:21se veut incréser de la transmission des connaissances ancestrales.
46:26Le cixa actuel est une réappropriation de l'identité culturelle
46:30de la jeune fille et du jeune garçon de 8 à 25 ans.
46:34Le cixa arrive donc comme moyen
46:36de se réapproprier sa langue maternelle,
46:39d'apprendre à cuisiner et à consommer les mêmes patrimoniaux
46:43à renouer avec son identité culturelle.
46:47Le cixa, c'est des moments d'apprentissage et d'initiation
46:50aux valeurs identitaires susceptibles d'assurer
46:53une intégration dans les communautés d'appartenance.
46:57L'introduction aux métiers traditionnels,
46:59telles que la vannerie, la jeunerie,
47:01la fabrication des bijoux, des colliers.
47:03Il y a l'introduction également aux jeux traditionnels.
47:08Et le jeu traditionnel de prédilection que nous avons retenu pour cette édition,
47:11c'est le songon, l'initiation au rite,
47:14avec les personnes aussi par communauté.
47:16Nous avons 4 communautés reparties en 3 aînés culturels.
47:21Il y a la communauté Bafang, la communauté Ewondo,
47:25la communauté Eton et la communauté Sawa.
47:29Apprendre à parler leur langue maternelle,
47:31à cuisiner les mêmes patrimoniaux.
47:35Les pensionnaires sont enthousiasmés par ce retour aux sources.
47:39Je suis venue à cixa pour apprendre ma culture,
47:42comment parler, préparer nos mères traditionnelles
47:45et apprendre aussi d'autres cultures.
47:48J'ai appris à parler ma langue maternelle.
48:02Partie du corps, comme la tête, les yeux, le nez, la bouche.
48:08Cixa, le concept se veut national en vue de préserver,
48:12pérenniser et de promouvoir l'identité culturelle et les valeurs patrimoniales.
48:17Un peuple sans culture est un peuple sans âme.
48:21Terminons maintenant par quelques considérations plus personnelles.
48:25D'abord un mot sur la retraite.
48:27Est-elle vécue comme une sanction ou une épreuve
48:31lorsqu'on a côtoyé comme vous autant de grands de ce monde,
48:35de grands milieux, des honneurs, quelques fois même des faveurs
48:40dans le cadre du travail de journaliste ?
48:44Je suis certain que non.
48:47Quand on est, et quand on a grandi,
48:51quand on est âgé comme moi, vieillard comme moi,
48:54normalement on doit savoir qu'on est.
48:56On grandit et à un moment donné vous faites votre petit travail,
49:01vous transmettez la vie, et puis vous vieillissez, vous mourrez.
49:04Il n'y a aucune raison de penser qu'aller à la retraite c'est un problème.
49:08Moi je suis à la retraite, je fais quoi ?
49:10Je suis un homme un peu libre, je veux creuser la terre,
49:13je mets une bouture de bananier, je mets un rejet de planter,
49:17je marcote le manioc.
49:19C'est ce que je fais et personne ne m'oblige à le faire.
49:23Je le fais très librement, je suis content quand je vois un bon régime
49:26qui dit tiens, le bananier est déjà produit.
49:29Je suis content.
49:30Lundi, demain, ma première fille aînée, ma première petite fille aînée
49:38va soutenir sa thèse, elle sera médecin.
49:41Quand vous avez une petite fille médecin, vous pouvez faire quoi ?
49:44C'est une grâce.
49:45Oui c'est une grâce.
49:46Que pensez-vous du clivage entre presse privée, presse publique ?
49:52Est-ce que cela a du sens ?
49:54C'est complètement ridicule.
49:56Les hommes de la presse privée comme les hommes de la presse dite gouvernementale
50:01ne devraient jamais se faire la guerre.
50:03Quand ce n'est pas vous qui êtes à l'origine de l'information,
50:06vous avez de belles formules.
50:07En tant qu'on dit, vous avez le conditionnel que vous pouvez employer.
50:11Quel que soit le cas, vous n'êtes pas obligé de vous exposer en disant
50:15j'ai décidé que vous n'avez rien décidé.
50:18Vous devez aller tout doucement.
50:20Vous n'avez pas de guerre à faire entre vous.
50:24La presse privée comme la presse dite gouvernementale,
50:27on devrait se donner la main.
50:29Je vais vous dire, les gens ne sont pas les Camerounais.
50:33Ils n'ont jamais eu une bonne idée de journalistes.
50:37Ils sont convaincus que les journalistes sont des gens qui ont loupé leur vie,
50:41qui ne savent rien faire.
50:43On attribue une méchante anecdote à monsieur Jean Zoa.
50:48Jean Zoa a été l'ami de la famille de Iko Kasa Miwande,
50:51qui a été un patron ici.
50:53Patron de Radio Camerouna.
50:55Voilà.
50:56Et Iko Kasa Miwande, on le rencontre un jour.
50:59Ah, monseigneur, comment ça va ?
51:01Ils se tapent sur les épaules, tout ça.
51:03Ils sont contents, tous les deux.
51:04Monsieur Jean Zoa demande comment on va là-bas.
51:06Il dit non, personne n'est couché, tout va bien.
51:09Et Jean Zoa se retourne en disant,
51:10Monsieur Iko Kasa Miwande, et vous-même, qu'est-ce que vous faites ?
51:14Il voulait lui raconter qu'il a été nommé, je ne sais pas quoi.
51:17Il lui dit, je suis journaliste.
51:19Jean Zoa dit, quoi, journaliste ?
51:22Donc, vous n'avez pas fait de bonnes études.
51:25C'est complètement dingue.
51:27Le journaliste, c'est quelqu'un qui a fait de très bonnes études,
51:30qui a choisi d'être journaliste, c'est tout.
51:33La preuve, en ce moment, avec notre invité, Patrice Itundibala.
51:40Moi, j'ai eu la chance tout à l'heure de vous parler de bonnes rencontres.
51:43J'ai eu de très bonnes rencontres.
51:45Non seulement, j'ai accompagné le Pape, c'était bien ça,
51:48mais j'ai eu la chance d'aller accueillir Sainte Thérèse,
51:51qu'on a canonisée, qui est au ciel.
51:53Si vous m'embêtez si bas, moi, je dis à la Sœur qui est là-haut.
51:57Donc, vous avez déjà une place réservée ?
51:59J'ai placé cette femme là-haut.
52:01J'ai des photos avec elle, je suis certain qu'elle pense à moi,
52:04et qu'elle m'a dit de temps en temps, Jean-Luc, c'est un obstacle.
52:07Peut-être, donc, que c'est le lieu de nous dire deux choses, Patrice Itundibala.
52:12D'abord, le meilleur souvenir que vous gardez de votre séjour à Cameroun Tribune,
52:18et donc de votre carrière de journaliste,
52:22mais aussi le souvenir, disons, le plus mauvais.
52:28Le souvenir le plus mauvais, je vais tout commencer par la fin.
52:31Je n'ai pas véritablement de mauvais souvenirs de Cameroun Tribune.
52:36J'aurais voulu assister au mur de Berlin, à l'insu du mur de Berlin.
52:42Pour une raison très simple.
52:44J'ai vécu en Allemagne un an et demi, et c'était en 1974.
52:49D'abord, j'aurais dû aller à la Coupe du Monde.
52:52L'ambassadeur m'avait appelé pour que j'aille à la Coupe du Monde.
52:56C'est des gens ici de la radio qui s'occupaient du football,
52:59qui sont allés dire à l'ambassade là-bas,
53:01« Mais vous envoyez un monsieur qui ne sait même pas où se trouve le stade à Maduhaïzo. »
53:04Ce qui était faux, puisque j'étais secrétaire général du canon pendant 8 ans.
53:09Si j'étais parti à la démolition du mur,
53:13je suis certain qu'on aurait ouvert Cameroun Tribune avec cette photo.
53:17J'ai été gêné.
53:18En revanche, je suis arrivé en Italie, à Moscou.
53:23Et là, c'est le meilleur souvenir.
53:25Le meilleur souvenir.
53:27J'ai pu contempler Lénine couché dans sa cage.
53:33Je suis resté totalement détruit.
53:36Je me dis « Ouais, voici cet homme qui a bousculé la plus grande famille royale du monde à cette époque-là, les Tsars. »
53:43Il était déjà mort depuis longtemps,
53:45mais pendant l'été, on tournait comme ça pour le voir couché dans sa cage.
53:51Il était terre, on ne connaissait pas sa épaisse barbe et sa petite barbe en bataille.
54:01Mais j'étais content de voir ce monsieur.
54:05Voilà, grâce au journalisme, je suis presque arrivé.
54:11J'allais voir Moscou.
54:14Je suis allé aussi aux Etats-Unis.
54:16Quand on a détruit les tours,
54:20avant, je suis allé aux tours jumelles.
54:23Je suis allé, j'ai vu les tours jumelles.
54:27Mais quand on les a détruits, on est encore reparti.
54:30C'était le grand zéro.
54:33C'était quelque chose que tu te dis, 5, 6 ans après, tu pleurais.
54:39Il y avait des gens qui avaient écrit, il y avait des gens qui avaient couché des chaussures.
54:43C'est quelque chose. La Grande Amérique a pleuré.
54:47Il n'était pas là ce jour-là, quand les avions ont percuté les murs.
54:51Mais ça devait être terrible.
54:53Quand vous venez participer à la célébration du cinquantenaire de Cameroun Tribune,
54:58c'est en toute joie et reconnaissance,
55:01ou c'est quand même avec un pincement,
55:04où vous vous dites, j'ai beaucoup donné, j'ai tout donné.
55:08J'aurais dû finir au moins directeur général adjoint de cette maison,
55:13pour ne pas dire davantage.
55:16Non, il ne faut pas. Moi je n'ai pas...
55:19Je suis d'abord catholique, et nous avons des cantiques qui disent,
55:23moi je ne regarde pas la hauteur, je suis là où vous m'avez placé, mon Dieu.
55:28Je ne pense pas que, quand vous allez à Cameroun Tribune,
55:31vous vous dites, quand je veux devenir directeur général adjoint de la SOMPICAM,
55:34ou directeur général de la SOMPICAM.
55:36Faites votre travail. Votre travail vous amènera là où il peut vous amener.
55:41Romère, tout le monde a son destin.
55:43Je ne peux pas être à la place de Marie-Claire,
55:48alors que je m'appelle Étienne de Malapartie. C'est impossible.
55:51Moi je ne dis pas que tout est fait, dessiné,
55:55l'homme est né là, il doit être là.
55:57Mais ce qui est certain, les gens qui occupent des postes,
56:01ils les méritent.
56:03Quand vous êtes entré dans cette maison,
56:05je ne pense pas que vous ayez fait de mauvais cauchemars
56:09en vous disant, pourquoi ça tarde quand je veux être directeur général de la SOMPICAM.
56:14Non, non.
56:15Vous êtes tranquille là où vous êtes.
56:17Jamais cela ne m'est passé à l'esprit.
56:19N'est-ce pas ?
56:20N'est-ce pas ?
56:21Il n'y a aucune raison de se faire du mauvais champ pour si peu de choses.
56:25Moi j'appelle ça petit de chose.
56:27Quand vous êtes en train de faire ce que vous faites là, c'est très très bien fait.
56:31Patrice Etundimbala, nous allons nous séparer par ses paroles de sagesse et d'expérience.
56:37Éditorialiste et ancien directeur des rédactions de Cameroun Tribune,
56:41merci d'avoir accepté l'invitation du directeur général de la CRTV.
56:46C'est moi qui vous remercie beaucoup.
56:49C'est vrai que pour que M. Charles Ndongo m'invite,
56:54il n'a pas eu à réfléchir beaucoup.
56:56C'est un ami.
56:57Quand il m'invite ici,
56:59véritablement il n'a pas fait de grands efforts.
57:03Je ne sais pas si c'est ça qu'on appelle vivre ensemble,
57:06mais il n'a pas fait de grands efforts pour choisir parmi les gens qui pourraient venir à cette édition.
57:11Nous vous souhaitons encore de beaux et longs jours durant cette retraite.
57:16Il faut quand même que je sois à la retraite.
57:19Je ne suis pas encore capable de marcher.
57:21Si vous me mettez à 200 ans, je ne veux plus marcher.
57:23Pour l'instant, vous l'êtes encore.
57:26Mesdames et Messieurs, tout passe et nous passons tous,
57:29mais le Cameroun reste et restera.
57:32Prenons donc grand soin de notre chère patrie,
57:35notre terre chérie, le Cameroun.
57:37Bonsoir.
58:02Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org