ART & MARCHÉ - Enjeux de trésorerie dans le marché de l'art

  • il y a 3 mois
Les banques peuvent être réticentes à l'idée d'accorder des prêts aux galeries d'art, un secteur qui leur est souvent étranger. Par conséquent, ces galeries doivent fréquemment utiliser leurs propres fonds avant de revendre les œuvres d'art. L'entreprise Matis agit en tant qu'intermédiaire, permettant aux galeries d'étendre leur trésorerie en sollicitant le financement de particuliers via des club-deals. Les galeries peuvent ainsi se concentrer sur la valorisation et la revente des œuvres d'art.

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00:00Arnaud Dubois, cofondateur de Matisse, une plateforme d'investissement et d'acquisition
00:08d'oeuvres d'art régulée par l'AMF et notre invité, Matisse est déjà venu en plateau
00:13nous présenter le fonctionnement des clubs d'îles, cependant votre entreprise a aussi
00:16une orientation B2B avec pour mission d'augmenter la trésorerie des galeries notamment, merci
00:21beaucoup d'être avec nous.
00:22Merci Sybille de votre invitation.
00:24Arnaud Dubois, est-ce que vous pouvez nous dire quel est le besoin fondamental auquel
00:28vous avez répondu à la création de Matisse ?
00:31C'est un double besoin, je crois d'abord qu'il y avait une envie, en tout cas c'est
00:36ce qu'on a repéré, un besoin de diversification et un besoin d'institutionnaliser le marché
00:42sur un marché qui est plutôt opaque et qui manque de régulation.
00:46Nous on est plutôt convaincus de l'inverse, c'est qu'un marché qui est régulé est
00:50un marché en croissance, un marché transparent est un marché en croissance.
00:54Donc à travers de la croissance et de la régulation, on a répondu à un des premiers
00:58besoins qui est de diversifier le patrimoine des clients qui ont envie d'investir sur
01:03une autre classe d'actifs.
01:04Et puis également, et ça on s'en est rendu compte assez vite, c'est que les professionnels
01:09du marché de l'art ont accès à une trésorerie difficilement autre que la leur, que leur
01:15propre trésorerie.
01:16J'aime bien dire que les galeristes et les marchands d'art sont souvent les gestionnaires
01:21de leur propre patrimoine parce que tout simplement ils ont peu accès à la dette.
01:25Et à travers les oeuvres qui sont achetées, ce sont des oeuvres qui sont confiées à
01:28des professionnels du marché de l'art, à des galeristes, à des marchands.
01:31Et c'est autant d'oeuvres qui n'ont pas sourcé, c'est autant d'oeuvres qui n'ont pas acheté,
01:35sur lesquelles ils n'ont pas immobilisé de trésorerie, sur lesquelles ils n'ont pas
01:38immobilisé ni pris de risque.
01:41Et donc c'est des millions d'euros qui leur sont confiés pour vente et pour partager les
01:49marges avec nos investisseurs.
01:50Jusqu'à présent, le fonctionnement d'une galerie, on va dire une simple galerie normale,
01:56c'est de fonctionner sur ses fonds propres, acheter une oeuvre d'art, puis après la mettre
02:00en avant, la valoriser et la revendre.
02:02Alors vous avez deux structures principales sur les galeries d'art, on fait souvent différence
02:07entre les galeristes et les marchands et à haut niveau ça se rassemble, mais le galeriste
02:11a plutôt tendance à travailler avec des artistes souvent vivants, des ateliers d'artistes
02:16ou des successions et récupérer des pièces en dépôt.
02:18Donc une consignation, on appelle ça une consignation, c'est autant d'argent qu'ils ne décaissent
02:22pas pour acheter la pièce et vendre l'oeuvre.
02:26Donc ces galeristes ont des frais qui sont très conséquents mais pas ou peu sur l'acquisition
02:32des oeuvres et donc sur l'immobilisation financière.
02:34À un certain niveau, ces artistes qui évoluent sur un échec international, les galeristes
02:40ont vendu des pièces à des clients qui ont revendu eux-mêmes leurs oeuvres et si ce
02:46n'est pas racheté par la galerie, ça rentre dans un second marché.
02:48Et là c'est le marché des commissaires-priseurs et le marché des marchands d'art.
02:53Et le marchand d'art qui ne travaille pas avec des artistes directement va immobiliser
03:01sa propre trésorerie pour acheter des pièces et ensuite en faire la promotion, la valorisation.
03:07Il va essayer de battre le marché à l'acquisition, acheter dans les meilleures conditions possibles
03:11et revendre les pièces dans les meilleures conditions possibles.
03:14Et donc là vous vous intervenez entre investisseurs particuliers et galeristes, donc vous êtes
03:20un peu entre le B2B et le B2C ou le B2C.
03:24Oui, on a à peu près convaincu qu'un marché, en tout cas de notre société si on la veut
03:29pérenne, il faut qu'elle serve tous les partis.
03:32C'est-à-dire qu'institutionnaliser l'investissement dans le marché de l'art c'est une chose mais
03:36les pièces il faut les revendre et la meilleure façon de les revendre c'est de les confier
03:40à des professionnels dont eux sont spécialistes dans le marché de ces artistes-là et n'ont
03:46pas nécessairement envie ou tout simplement les capacités d'immobilisation financière
03:52que sont les nôtres.
03:53En tout cas par l'intermédiaire de nos clients, notre marché en tout cas en B2C, ce sont
03:59des investisseurs européens.
04:02On parle de milliards de milliards de trésorerie chez les particuliers.
04:06Les professionnels du marché de l'art, et on se concentre sur à peu près 150 des plus
04:11grands artistes dans le monde, vous prenez l'exemple de Soulages, un beau tableau c'est
04:162 millions.
04:17Vous voulez faire une expo Soulages il faut 10 tableaux, il faut vous y décaisser 20
04:21millions.
04:22Donc il faut les sourcer et il faut immobiliser cet argent.
04:26Aujourd'hui la trésorerie dormante vaut cher et beaucoup de professionnels du marché
04:33de l'art n'ont ni les moyens ni l'envie d'immobiliser autant d'argent.
04:37Ils n'ont pas les moyens aussi parce que se tourner vers des professionnels, les banques
04:42tout simplement, c'est une difficulté pour eux.
04:44Je ne vais pas mettre à dos mes amis banquiers mais le premier travail qui est le nôtre
04:50c'est la valorisation de l'actif.
04:51Il me semble que les banquiers sont peu ou pas suffisamment enclin à valoriser l'actif
04:58et être capable de dire tiens effectivement votre tableau de Picasso à 5 millions, on
05:02vous le propose à deux, je vais vous prêter deux parce que j'ai une croyance dans le
05:09fait que vous allez revendre cette pièce dans des bonnes conditions.
05:12Voyez ce niveau de risque que le banquier n'est pas capable de prendre.
05:16Alors il le prend sur des mobiliers parce qu'il sait comment ça fonctionne, il le
05:19fait sur des placements financiers parce qu'il sait comment ça fonctionne mais il
05:22ne le fait pas sur d'autres classes d'actifs ou pas suffisamment et sur le marché de l'art
05:27il le fait peu.
05:28Je vais vous donner un chiffre qui va peut-être vous surprendre mais il y a moins de 1% d'aide
05:31dans le marché de l'art mondial.
05:32C'est-à-dire que les professionnels du marché de l'art avec les particuliers payent
05:37cash leur tableau.
05:38La vocation qui est la nôtre est d'industrialiser le marché en le liquéfiant, en apportant
05:44de la trésorerie pour pouvoir acheter plus de pièces et valoriser davantage les oeuvres.
05:50Vous prenez ce risque mais vous avez quand même deux problématiques qui est déjà
05:53de trouver, attirer les investisseurs et puis aussi trouver des oeuvres qui sont peut-être
05:59sous-évaluées.
06:00Alors effectivement c'est les deux problématiques qui sont les nôtres.
06:03Rencontrer d'un côté c'est de la collecte en fait, tout simplement de la collecte financière.
06:07Et là vous ne trouvez pas de difficultés particulières ?
06:10Dans le développement de notre société actuelle, on a eu l'agrément AMF en novembre,
06:16on collecte un peu plus d'un million d'euros par semaine, on va faire un peu plus de 40
06:20millions de collecte à l'année.
06:21Bon pour une première année ça ne sera pas si mal.
06:23Alors évidemment qu'on a envie d'ouvrir des comptes qui sont plus grands, on a fait
06:28une levée de fonds pour pouvoir se passeporter et ouvrir des bureaux à Milan, pour ouvrir
06:35des bureaux à Genève.
06:36On va travailler également à Bruxelles prochainement, donc on va s'ouvrir, on va s'internationaliser.
06:42Au business plan si on a entre 35 et 40 millions pour cette année, on va en avoir 100 pour
06:48l'année prochaine et 300 la troisième année.
06:51Donc évidemment que la collecte doit suivre, mais il faut trouver les pièces et trouver
06:55les pièces...
06:56C'est la partie valorisation ?
06:57Oui c'est la partie valorisation.
06:58Alors je vois bien les écueils qui peuvent être les nôtres, pour le moment on ne les
07:05rencontre pas sur 50 millions, sur 100 millions, sur 200 millions d'euros.
07:09Il n'y a pas beaucoup de problématiques, n'oublions pas qu'il y a plus de 1400 milliards
07:12d'actifs d'oeuvres d'art détenus chez les particuliers, donc des oeuvres il y en a.
07:17On a connu un marché de l'art extrêmement croissant ces dernières années, donc il
07:21y a des clients qui vont avoir envie de revendre leurs pièces dans de très bonnes conditions,
07:25suffisamment bonnes pour eux et suffisamment bonnes pour nous pour être capables, à travers
07:30les moyens financiers conséquents et notre capacité à payer rapidement, de pouvoir
07:35les capter sur un marché de l'art mondial et ensuite les distribuer par l'intermédiaire
07:40des plus grands professionnels dans le monde.
07:42Et vous, vous travaillez là avec tout type, toute taille de galeries ? Ou on peut s'imaginer
07:47que c'est forcément avec des petites galeries que vous allez travailler ?
07:49Alors ça c'est une très bonne question.
07:52Curieusement, lorsqu'on a commencé à travailler, on ne pensait pas travailler d'aussi près
07:57avec les plus grandes galeries du monde.
07:59Alors évidemment, travailler et acheter des pièces à 2 millions, 3 millions, 4 millions
08:02d'euros nous amène à rencontrer nécessairement des très grosses galeries, mais on aurait
08:08pu se dire spontanément, mais la réalité est plutôt contre-intuitive, on s'était
08:14dit que ces grosses galeries, en somme, n'ont pas besoin de nous pour pouvoir pallier à
08:21la problématique de 13h, pour faire très simple.
08:23Sauf qu'on a des capacités de sourcing qui sont hors du commun et on a une capacité
08:28à décaisser qui est rapide.
08:30Alors ça nous met en position de force pour pouvoir appréhender le marché dans très
08:35bonnes conditions.
08:36Pour répondre à votre question Sybille, on travaille avec les plus grandes galeries
08:39du monde et on peut travailler avec des galeries qui sont plus locales.
08:43Vous achetez un tableau de Fontana, autant vous pourrez le vendre à travers les plus
08:47grandes galeries du monde à l'international, mais vous pourrez tout à fait le vendre dans
08:50une galerie plus modeste, on va dire, de taille plus raisonnable, plus humaine, plus spécialisée.
08:57Et nous restent vraiment quelques secondes, est-ce que vous pouvez nous donner un exemple
09:01d'une opération qui s'est déroulée ? Je crois que la première a été publique.
09:04Oui, on peut vous en donner.
09:06On a procédé à plus de 26 acquisitions à ce jour depuis novembre de l'année dernière.
09:13Ça fait à peine quelques mois, les premières oeuvres ont déjà été débouclées, on parle
09:17de trois sessions déjà.
09:18La première, je crois que c'était une pièce de Lalanne, on peut en parler parce que c'était
09:22publique et on a obtenu pour nos clients un TRI net de CARI, ce qui vient directement
09:29dans la poche net d'impôt pour le net de frais pour l'investisseur, et c'était un
09:34montant de 42% sur une oeuvre achetée à un petit peu plus de 500 000 euros.
09:38Merci beaucoup Arnaud Dumois, je rappelle que vous êtes co-fondateur de Matisse, une
09:42plateforme d'investissement et d'acquisition d'oeuvres d'art régulée par l'AMF.
09:46Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
09:50Merci beaucoup Sibylle.
09:52Au revoir.

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