Législatives en France : retour sur une campagne éclair et historique

  • il y a 3 mois

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00:00On arrive au bout de cette campagne éclaire, rare dans l'histoire politique française.
00:06Bonjour Ludovic Defoucault.
00:07Bonjour Pauline.
00:08Et à trois jours du premier tour, où en est-on du rapport de force ?
00:12On va découvrir en image un dernier sondage, une dernière projection, qui montre que la
00:16tendance de ces derniers jours est toujours la même, on se dirige à priori vers une
00:21victoire du Rassemblement National.
00:22C'est le parti qui est crédité du plus grand nombre de sièges à l'Assemblée Nationale.
00:27Le Rassemblement National deviendrait la première force politique représentée à l'Assemblée
00:31Nationale.
00:32Devant le nouveau Front Populaire, cette coalition de la gauche qui deviendrait le premier groupe
00:38politique de l'opposition, et devant, loin devant la majorité sortante, le camp présidentiel.
00:44Il reste des questions.
00:45Est-ce que le Rassemblement National pourrait obtenir une majorité absolue ? Condition
00:48donnée par Jordan Bardella pour entrer à Matignon.
00:52Est-ce que pour obtenir une majorité absolue, il faudra compter sur d'autres voix, d'autres
00:56sièges, comme celle par exemple d'Éric Ciotti et de ses amis ? On va y revenir.
01:00Puis l'autre question, c'est s'il y a majorité absolue, s'il y a effectivement
01:04un gouvernement Rassemblement National, s'il y a une cohabitation avec Emmanuel Macron,
01:08à quoi ça va ressembler ? Vous savez que dans l'histoire de la Ve République, il
01:11y a une coutume qui est que quand il y a cohabitation, quand il y a un président et un premier ministre
01:16qui ne sont pas de la même couleur politique, le président conserve un précaré, la défense,
01:22la diplomatie, l'international.
01:24Mais là, si on en croit les dernières déclarations de Marine Le Pen, on se dirige vers une cohabitation
01:29avec des nouveaux contours, puisque le Rassemblement National compte gouverner effectivement le
01:33pays sans laisser de précaré présidentiel, sans laisser de marge de manœuvre au président
01:37sur le plan international.
01:38Marine Le Pen, elle a dit, le titre de chef des armées du président n'est qu'oconorifique.
01:45Et par exemple, c'est un exemple qu'elle a donné, si le Rassemblement National gouverne,
01:50alors le président de la République ne pourra pas envoyer de troupes françaises
01:53en Ukraine.
01:54Donc, on a quelque chose d'inédit, parce qu'on peut évidemment s'attendre à ce
01:58que Emmanuel Macron ne se laisse pas faire et qu'il se batte pour conserver certaines
02:02prérogatives.
02:03Et donc, on pourrait être face à une cohabitation blocage, une cohabitation confrontation entre
02:10les deux chefs de l'exécutif en France, le président de la République et le premier
02:14ministre.
02:15Vous avez évoqué Éric Ciotti, quel bilan pour la droite au sens large à l'issue de
02:22ces quelques jours de campagne ?
02:23Le congoliste a explosé après l'annonce du président de la République de dissoudre
02:28l'Assemblée Nationale.
02:29Très rapidement, Éric Ciotti s'est rangé du côté du Rassemblement National, s'est
02:33rallié à Marine Le Pen, il s'est fait éjecter de la présidence de son parti.
02:37Alors, il l'a contesté devant les tribunaux, il reste légalement président des Républicains,
02:41mais on voit bien qu'il y a des fractures très importantes qui traversent ce parti
02:45congoliste qui ont éclaté au grand jour.
02:47Le dernier exemple en date, c'est Aurélien Pradié, élu du Lot, ancien numéro 2 du
02:53parti, qui a claqué la porte en disant, je le cite, LR est mort, il faut que je retrouve
02:59ces citations, voilà, le parti n'est plus capable de parler au français.
03:03Éric Ciotti, lui, semble assez content de cette situation, il semble assez flatté d'être
03:08dans la position de faiseur de roi, parce que, je vous le disais, les quelques circonscriptions
03:12qu'il pourrait remporter, lui permettraient d'apporter au RN les sièges qui lui manquent
03:16pour obtenir la majorité absolue et donc, il l'a dit hier, il s'est dit persuadé que
03:20d'autres Républicains le rejoindront une fois les résultats connus, c'est l'appel
03:24du pouvoir.
03:25Voilà, et d'entrer éventuellement dans un gouvernement dirigé par l'extrême droite,
03:29à gauche maintenant Ludovic, malgré un temps très limité, l'Union s'est faite.
03:33Oui, l'Union s'est faite et ce n'était pas gagné, parce que je vous rappelle qu'on
03:36sort d'une campagne européenne qui a été très dure pour la gauche, où on a vu des
03:41gens à gauche vraiment s'écharper, surtout à propos de Gaza, de la situation au Proche
03:45Orient qui s'est invité dans la campagne, qui a révélé, on va dire, une certaine
03:49ambiguïté de certains cadres de la France insoumise par rapport à l'antisémitisme,
03:54mais malgré ces difficultés, et même s'il reste des divisions, on va y revenir, en
03:58seulement quelques jours, insoumis, socialistes, communistes, écologistes ont réussi à
04:03s'entendre sur un programme commun, à négocier des circonscriptions et à présenter
04:08des candidats sous une bannière commune.
04:12Et aujourd'hui, on l'a vu d'après les projections, le Nouveau Front Populaire deviendrait
04:16au moins le premier groupe politique d'opposition à l'Assemblée Nationale.
04:21Maintenant, je vous l'ai dit, il y a des difficultés qui demeurent et elles semblent
04:23se cristalliser sur la figure du chef des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon.
04:28D'abord, candidat autoproclamé à Matignon, il a dû quand même faire machine arrière
04:32parce que ça a suscité une levée de boucliers à gauche.
04:35Et là, maintenant, on est dans une situation où la rupture est même consommée avec des
04:38gens dans son propre camp, François Ruffin au premier plan.
04:41Même si la France Insoumise reste la principale force à gauche, François Ruffin a dit qu'aujourd'hui,
04:45Jean-Luc Mélenchon était le principal obstacle à une victoire du Nouveau Front Populaire.
04:50François Ruffin qui quittera les Insoumis, a-t-il dit, au lendemain du second tour et
04:55le camp présidentiel ?
04:56Alors là, on se dirige à priori vers une défaite cinglante, une défaite même humiliante.
05:00Il y a des poids lourds de la majorité sortante, des ministres même qui pourraient perdre leur
05:05siège à l'Assemblée Nationale, y compris ici à Paris où on se trouve.
05:09Pour certains d'entre eux, ils ne vont même pas se présenter, c'est le cas par exemple
05:12du ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
05:14D'autres, comme Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, dit, même si je gagne dans
05:19ma circonscription et même si mon camp reste majoritaire à l'Assemblée Nationale, je
05:23quitterai le gouvernement, je ne siégerai plus dans le gouvernement.
05:25Donc on sent que dans le camp présidentiel, dans la majorité sortante, il y a beaucoup
05:29de découragements, beaucoup de résignations.
05:31Il y a aussi tout ce que disent les équipes de campagne sur le terrain, ceux qui distribuent
05:35des tracts et qui montrent que la figure du président de la République suscite un rejet
05:40massif auprès de l'opinion.
05:41D'ailleurs, le visage ou le nom d'Emmanuel Macron n'apparaît même pas sur les tracts
05:45ou en tout cas sur tous les tracts.
05:46Et ces candidats ou ceux qui mènent campagne invitent le président à ne pas trop s'impliquer
05:52dans la bataille.
05:53Donc cette histoire, cette campagne pour le camp présidentiel, c'est un peu une chronique
05:57d'une défaite annoncée et une défaite qui pourrait avoir de lourdes conséquences
06:01sur la vie politique.
06:02Gérard Allarcher, président du Sénat, deuxième personnage de l'État, dit craindre une
06:05crise de régime structurel.
06:07Crise de régime, guerre civile en cas de victoire des extrêmes, ça c'était les mots
06:11du président lui-même en début de semaine.
06:12Ce sont des mots quand même qui sont extrêmement forts, qui montrent que ce qu'on est en
06:16train de vivre est inédit et historique et pourrait éventuellement déboucher sur des
06:19violences.
06:20Les forces de l'ordre disent s'y préparer, le préfet de Paris, Laurent Nunez, dit anticiper
06:25des débordements au soir du premier tour des dimanches.

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