Législatives: les médecins étrangers s'inquiètent du non-renouvellement de leur contrat en cas de victoire du RN
Les médecins étrangers craignent pour leur avenir en France en cas de victoire du RN. Pourtant, ces médecins sont indispensables au bon fonctionnement des services dans les hôpitaux.
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00:00Sans eux, nos hôpitaux ne tourneraient pas.
00:02Les médecins étrangers disent leur inquiétude à trois jours des élections législatives.
00:07On les appelle les PADU, les praticiens diplômes hors Union européenne.
00:11Ils sont mobilisés depuis des mois pour dénoncer leur précarité, leur insécurité administrative,
00:15mais la perspective de voir le RN arriver au pouvoir les fragilise davantage.
00:19Et certains demandent d'ailleurs une régularisation de tous ceux en poste avant le 7 juillet.
00:22On en parle dans un instant avec vous, Jean-Pierre Thierry.
00:24Merci docteur d'être avec nous dans Première édition.
00:27On va d'abord regarder un exemple, c'est celui de l'hôpital de Gonesse dans le Val-d'Oise.
00:29Là-bas, il y a 477 médecins, 203 sont étrangers.
00:33Camilla Ghiudiché, Isabelle Golin, c'est Marc Gosseve avec Domi Thiberto.
00:38C'est un objet dont Médis Maty ne se sépare jamais.
00:41Son diplôme de médecin spécialisé, obtenu en Algérie.
00:44Ils me donnent l'autorisation complète de travailler, de pratiquer l'anesthésie et la réanimation.
00:49C'est les mêmes études qu'on fait en France qu'en Algérie.
00:51Le praticien est arrivé en France pour exercer en 2015.
00:55Aujourd'hui naturalisé français, il s'inquiète pour ses collègues étrangers.
00:59Si le Rassemblement national arrive au pouvoir,
01:01ils craignent le non-renouvellement de leur contrat et avec eux, de leur titre de séjour.
01:06C'est pour ça qu'on dit, essayez de nous régulariser rapidement avant cette montée du RN.
01:12Parce qu'on se dit, d'ici peut-être deux ou trois mois, il y aura un Premier ministre du RN.
01:16Donc on sera tous licenciés.
01:18Les médecins étrangers sont pourtant indispensables au bon fonctionnement de nos établissements de santé,
01:24selon cet infirmier à l'hôpital de Gonesse.
01:26Sur l'offre de soins publiques de demain, si ces médecins ne sont plus là,
01:31cette offre de soins ne sera plus là et je vous dis, ça va être une catastrophe sanitaire.
01:36À l'hôpital de Millau, l'expulsion par la préfecture d'un psychiatre tunisien
01:40met à plonger le service dans de graves difficultés.
01:42Et ce sont les patients qui en font les frais.
01:45300 à 400 patients étaient concernés par un suivi régulier par ce médecin, par une équipe.
01:51Donc l'équipe essaie bon gré, malgré de les suivre, mais certains sont perdus de vue.
01:55Si on n'accompagne pas ces gens dans la cité, on va avoir des drames.
02:00Aujourd'hui, l'hôpital ne compte plus que deux psychiatres.
02:03Il devrait être cinq pour permettre le bon fonctionnement du service.
02:08Jean-Pierre, combien sont-ils ?
02:10Est-ce qu'on sait combien il y a de médecins étrangers au total ?
02:13Les fameux PADU, les médecins étrangers qui ont eu leur diplôme en Réunion européenne,
02:17combien il y en a en France aujourd'hui ?
02:18Il y en a 4-5 000 PADU, donc c'est les gens qui ont eu des diplômes en dehors de l'Union européenne.
02:22Et puis il y a les règles de reconnaissance des diplômes à l'intérieur de l'Union européenne.
02:25Et là, on arrive à 25 000.
02:27Je dois dire que la France n'est pas un cas à part.
02:30En fin de compte, on est avec 10 % de médecins étrangers qui ont eu le diplôme
02:34dans l'Union européenne ou hors Union européenne.
02:36On est plutôt dans la fourchette basse de pays si on se compare à l'Allemagne,
02:4015 % ou aux pays anglo-saxons.
02:42C'est 25 à 30 % au Canada, en Angleterre, et 25 % aux États-Unis.
02:46Donc c'est paradoxal, mais tous les pays dépendent un peu de la capacité.
02:50Ils ont des problèmes de formation de leurs médecins.
02:52Alors c'est compliqué d'orienter les médecins vers des spécialités
02:57dont on aura besoin dans 10 ans.
02:59C'est à ça qu'on est confrontés.
03:00Et puis il y a aussi des conditions de travail qui ont changé.
03:03Heureusement, on a diminué la durée de travail à l'hôpital, par exemple,
03:07pour des raisons de sécurité, alors que dans le temps,
03:09les gens travaillaient 80, 90 heures.
03:11Aujourd'hui, on essaye de limiter ça.
03:13Ce n'est pas de la médecine de vie, on les croise à l'hôpital.
03:15Il y a des spécialités en particulier qui ne sont plus représentées ?
03:19Alors le problème des PADU en France, c'est les services d'urgence.
03:21Ils étaient considérablement mal payés, en fait.
03:24Genre 2 500 euros par mois, plus les gardes.
03:28Et donc, effectivement, le gouvernement en janvier a dit
03:31qu'il faut les régulariser.
03:33Et même, d'ailleurs, je crois que M. Attal avait dit même,
03:36on va faire comme les autres pays,
03:37on va essayer d'en faire venir plus de l'étranger, vous voyez ?
03:40Parce que, que ce soit l'Allemagne, l'Angleterre, les États-Unis,
03:43ils sont proactifs, ils vont les chercher à l'étranger.
03:46Ce qui pose des problèmes, parce qu'il y a aussi une fuite des cerveaux
03:49des pays dans lesquels on va les chercher.
03:51Mais vous parlez du mois de janvier.
03:52Emmanuel Macron, à l'époque, avait dit que ses soignants
03:55tenaient à bout de bras nos services de soins.
03:57Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, leur situation est dans l'impasse ?
04:00Je pense qu'ils ont...
04:01D'abord, ils attendaient cette régularisation.
04:02Vous avez vu que la dissolution...
04:04A tout arrêté.
04:05A tout arrêté.
04:05Donc, ils sont effectivement très inquiets.
04:08Et la perspective, compte tenu du programme du Rassemblement national,
04:12ils sont encore plus inquiets, encore plus sous tension
04:16face à ce qui peut arriver.
04:18C'est de la même façon qu'on a eu des réactions de binationaux
04:21qui sont des hauts fonctionnaires, qui occupent des places importantes,
04:24y compris dans le secteur de la santé.
04:26Qu'est-ce qui peut leur arriver dans les mois qui viennent
04:28s'ils ne sont pas régularisés ?
04:29Ils sont sans abri, ils sont sans papier ?
04:31Alors non, c'était toléré.
04:33Enfin, s'il y a une forme d'hypocrisie, justement, il fallait en sortir,
04:36parce qu'évidemment, on ne peut pas s'en passer.
04:38Mais il y a des situations irrégulières.
04:40Ah, il y a des situations irrégulières, oui.
04:42Mais ça, c'est ce qu'on appelle la réale politique.
04:44C'est-à-dire que, quel que soit le gouvernement demain,
04:47encore une fois, au niveau international,
04:49on dépend de ce recrutement.
04:50Malheureusement pour les pays dans lesquels on va aller chercher.
04:52Nous, c'est plutôt l'Afrique du Nord,
04:54mais ça peut être l'Afrique subsaharienne.
04:55Les Américains, c'est les Indiens.
04:57Enfin, vous voyez, ce n'est pas absolument génial
05:00d'aller chercher les compétences ailleurs.
05:02Mais la réale politique fait que les services d'urgence
05:04ne tourneraient pas sans les pas dus.
05:06Et on a besoin de ces médecins à diplôme étranger.