"Seul le rassemblement de la gauche peut être un rempart" au RN: l'intégrale de l'interview de François Hollande

  • il y a 4 mois
François Hollande, ancien président de la République, candidat Nouveau Front populaire aux élections législatives dans la 1ère circonscription de Corrèze était l'invité de BFMTV.

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Transcription
00:00Bonsoir Alain, bonsoir Olivier et bonsoir Monsieur le Président.
00:02Bonsoir.
00:03Merci beaucoup d'accorder cet entretien à BFMTV, sous le soleil de Corrèze, comme quoi tout arrive,
00:08où vous êtes candidat pour le nouveau Front Populaire.
00:11On va parler dans un instant du Rassemblement National, des propositions et des consignes de vote des uns et des autres.
00:16Mais je voudrais commencer par le choix que vous avez fait, François Hollande,
00:19vous le social-démocrate pourfendeur de la NUPES,
00:24qui est donc allié dans le cadre de cette campagne des législatives avec la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon,
00:29de Manuel Bompard jusqu'au NPA de Philippe Poutou, vous reniez vos convictions pour être élu ?
00:36Si j'ai fait ce choix, d'abord de me porter candidat, je suis un ancien président de la République, ça n'a échappé à personne,
00:42je n'avais pas besoin d'un mandat, j'ai été 20 ans député de cette circonscription avant d'être précisément chef de l'État.
00:49Si je me suis présenté dans le cadre d'un rassemblement de la gauche,
00:55avec une gauche qui n'était pas forcément celle que, dans ses sensibilités diverses, je peux forcément croire comme étant ma gauche,
01:05c'est bien parce que l'instant est grave,
01:08cette dissolution qui arrive après des élections européennes qui ont montré que c'était le Rassemblement National qui avait fait plus de 30 %,
01:16et puis là, depuis quelques jours, les intentions de vote confirment qu'il y aura bien une avancée de l'extrême droite
01:23jusqu'à, peut-être, son arrivée au pouvoir.
01:27Vous pensez qu'en l'état, l'extrême droite, le scénario auquel vous croyez, c'est celui d'une majorité absolue et d'un Jordan Bardella, Rémi Matignon ?
01:34C'est un scénario possible, ce n'est pas un scénario encore probable, mais il est suffisamment crédible, hélas,
01:41pour que je puisse, comme d'autres, m'engager, mais je dois le faire, ne serait-ce que pour montrer l'ampleur de ce qui peut se produire
01:49si cette hypothèse se révélait, hélas, celle que les Français voudraient, à un moment, tenter.
01:56Et donc je fais ce choix, je le fais en conscience.
01:59– Quitte à mettre de côté les différences, les avanis, Jean-Luc Mélenchon qui vous traitait de capitaine de pédalo,
02:06vous qui considériez que cette alliance, la nupèce, n'était pas à même de reconstruire une gauche de gouvernement,
02:11vous comprenez que certains de vos électeurs puissent se dire, au fond, il nous a trahis en faisant ce choix
02:15de concourir avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ?
02:18– Non, je pense que les électeurs sont conscients que seul le rassemblement de la gauche peut être un rempart.
02:24Parce que qui d'autre est le rempart ?
02:27Qui peut empêcher l'extrême droite d'arriver aux responsabilités du pays ?
02:32La majorité sortante, elle est aujourd'hui en lambeaux, incapable de pouvoir offrir une alternative, à qui d'ailleurs ?
02:39à elle-même ? La droite, dont une partie est partie justement chez Jordan Bardella,
02:46et une autre explose tous les jours avec des annonces de départ DLR.
02:52Qui d'autre que la gauche pouvait offrir ce rempart-là ?
02:56Ensuite, il faut aller vers des propositions qui puissent être crédibles.
03:01Et ma présence précisément dans cette alliance est un élément de cette crédibilité.
03:06– Mais pour dire la chose, vous utilisez le mot rempart, François Hollande.
03:08Est-ce que c'est un rempart pour gouverner ?
03:11Ou est-ce que c'est un rempart pour au fond devenir un des chefs de l'opposition ?
03:14Parce que franchement, on a du mal à vous imaginer dans un gouvernement de gauche
03:19avec ceux-là même que je viens de citer, Mathilde Panot, Manuel Bompard.
03:22Est-ce que vous êtes candidat pour gouverner avec eux ?
03:25– Je ne suis candidat que dans cette circonscription.
03:28Je n'ai pas de prétention, j'ai été chef de l'État,
03:32ce n'est pas pour me retrouver dans un gouvernement avec qui que ce soit.
03:34– Mais si vous êtes majoritaire, vous formerez une majorité.
03:37– Je réponds à la question.
03:39Bien sûr que c'est d'abord une alliance pour empêcher,
03:42et c'est une alliance aussi qui peut être dans une situation de gouverner.
03:46C'est d'ailleurs son ambition, ne se prendre pas à des élections
03:49simplement pour empêcher les autres de gagner.
03:52On se prend à des élections pour faire en sorte que le pays puisse avoir une solution.
03:57Avec qui gouverner ? Avec toute la gauche.
04:00Sur un programme qui a été établi, combien de temps durera cette législature ?
04:05En fait, nous le savons, assez peu de temps,
04:07puisque dans deux ans et demi à peine, il y a une élection présidentielle.
04:11– Oui, mais pendant ce temps-là, François Hollande,
04:13le principal groupe sera celui de la France insoumise ?
04:16– Non, pourquoi vous dites ça ?
04:17– Parce que c'est ceux qui ont obtenu le plus grand nombre de…
04:19– Et est-ce que c'est dans les meilleures circonscriptions ?
04:21Je ne suis pas sûr.
04:22Il y aura sans doute plus de députés demain socialistes,
04:26et c'est pour ça que je me suis engagé,
04:27plus de députés écologistes, plus de députés communistes
04:30qu'il y a de députés France insoumise.
04:33Et même à l'intérieur de la France insoumise, ça ne vous a pas échappé,
04:36qu'il y avait maintenant des différences assez sérieuses.
04:38Et donc laisser penser que c'est la France insoumise
04:41qui est aujourd'hui dominante dans cet élan,
04:43c'est une erreur, c'est une faute, c'est une contre-vérité.
04:47Pourquoi ? Parce que précisément, les socialistes sont beaucoup,
04:51et seront beaucoup plus nombreux à l'Assemblée nationale.
04:54Et si je me suis engagé, c'est aussi pour permettre
04:56que cette sensibilité sociale, démocrate, socialiste,
04:59celle que Raphaël Glucksmann a pu représenter,
05:01puisse être en position de force dans l'Assemblée nationale.
05:04L'idée au fond, c'est quoi ? C'est d'essayer de rééquilibrer
05:07le rapport de force à gauche pour que le Parti socialiste
05:10redevienne hégémonique, la force motrice ?
05:13Je ne suis pas devant des combinaisons.
05:15La première idée, c'est de faire en sorte que le Rassemblement national
05:20ne parvienne pas au pouvoir. Pourquoi ?
05:23Parce que je serais simplement hostile au Rassemblement national.
05:26Bien sûr que je le suis, mais parce que ce serait pour la France,
05:30et je parle de la position qui a été la mienne.
05:35Si le Rassemblement national arrive aux responsabilités
05:38du gouvernement de la France, il y aura deux conséquences.
05:41Conséquence sur la cohésion nationale,
05:43où il y aura des ruptures graves de notre pacte républicain,
05:46aussi bien pour les libertés fondamentales que pour l'école,
05:49que pour même la santé, puisqu'il y aura des discriminations
05:51qui se feront, il y aura la préférence nationale,
05:54et il y aura de graves conséquences pour la position de la France
05:58en Europe et dans le monde, puisque la proposition
06:01du Rassemblement national, c'est finalement, indirectement,
06:04de sortir de l'Union européenne et de faire...
06:07Qu'ils le disent ou non ?
06:08Bien sûr qu'ils le disent ou non, mais il faut...
06:10Et par ailleurs, c'est dans le cadre d'une cohabitation.
06:12Ne serait-ce que pour dire...
06:13Les présidents de la République resteraient à l'époque.
06:15Ne serait-ce que pour dire ce qui a été prononcé
06:16par M. Bardella encore hier, c'est-à-dire qu'il ne verserait plus
06:20la contribution de la France à l'Union européenne.
06:23C'est-à-dire qu'on serait membre de l'Union européenne,
06:25mais on ne verse plus rien, et donc on ne recevrait plus rien.
06:29Et donc on n'aurait plus la protection, la garantie,
06:31y compris monétaire, de l'Union européenne.
06:34Donc c'est suffisamment grave, et je n'oublie pas l'Ukraine,
06:37et je n'oublie pas ce qui se passe dans le monde.
06:39Donc c'est suffisamment grave pour que ça motive d'abord mon engagement.
06:43Ensuite, il ne s'agit pas simplement d'empêcher,
06:45il s'agit de faire en sorte qu'il y ait des mesures d'urgence
06:48qui puissent être prises dans le pays...
06:49Et alors justement, sur ce sujet ?
06:50Et qui soient de nature à apaiser la souffrance
06:53qui existe aujourd'hui chez beaucoup de nos concitoyens ?
06:55Et alors justement, sur ce sujet, François Hollande,
06:57ce qui interpelle aussi, c'est le programme que vous défendez,
07:01celui du nouveau Front populaire, et des mesures, notamment économiques,
07:03qui apparaissent en totale contradiction
07:04avec ce que vous avez porté comme président de la République.
07:07Vous avez défendu une politique de l'offre.
07:09Là, c'est un choc de demande.
07:10Votre ministre des Finances, Pierre Moscovici,
07:12dénonçait un ras-le-bol fiscal.
07:14Là, le programme du Front populaire propose 100 milliards d'impôts
07:17en plus sur trois ans.
07:19SMIC à 1600 euros, là où, sous votre quinquennat,
07:21à part un petit coup de pouce au début de votre quinquennat,
07:23il n'a fait que suivre l'inflation.
07:25Vous y croyez à ces mesures ?
07:26Alors, on va prendre peut-être mesure par mesure.
07:29La politique de l'offre, c'est effectivement,
07:31sous ma présidence, qu'elle a été engagée.
07:33Elle a produit des effets.
07:34Le chômage est à son niveau le plus bas
07:37depuis les 25 dernières années.
07:40Est-ce qu'aujourd'hui, nous avons besoin d'une politique de l'offre
07:43que j'ai, à un moment, considérée comme nécessaire ? Non.
07:46Je pense qu'il y a des moments où il faut accompagner les entreprises
07:50parce qu'elles sont devant des chocs de compétitivité.
07:52Et puis, il y a des moments où il faut accompagner le pouvoir d'achat.
07:56Donc, 150 milliards d'euros de dépenses publiques en trois ans,
07:59compte tenu de la situation des finances publiques sur celle de la France.
08:02Si on ne veut pas faire des confusions de milliards,
08:04qu'il y a un moment où, finalement, il faut pas rendre impossible le jugement.
08:08Donc, qu'est-ce qu'il est nécessaire de faire tout de suite ?
08:11D'augmenter le SMIC ?
08:12Oui, je pense que c'est nécessaire.
08:14Est-ce qu'il faut affaiblir les entreprises
08:16en même temps qu'on augmente le SMIC ?
08:17Non.
08:18Et c'est pour ça que je reviens sur ce qui a été bas politique aussi.
08:21C'est-à-dire qu'à mesure qu'on augmente le SMIC,
08:23on doit baisser les cotisations sociales des petites et moyennes entreprises.
08:27Ce qui n'est pas proposé par le programme du Front Populaire.
08:29Il parle d'un fonds de compensation, mais...
08:31Ça sera ma vigilance en particulier parce que c'est absolument indispensable.
08:36Deuxièmement, est-ce que sur la question des retraites,
08:39la première décision que doit prendre un gouvernement de ce nouveau Front Populaire,
08:44c'est de prendre un décret ?
08:46Il suffit d'un décret qui est de reprendre ce que j'avais moi-même fait
08:50quand j'étais président de la République.
08:52C'est-à-dire permettre à ceux qui ont fait des carrières longues,
08:55c'est-à-dire qui ont travaillé plus de 42 ans, 43 ans,
08:58de partir à 60 ans.
08:59Ça, c'est ce que vous dites, François Hollande.
09:00Oui, mais c'est pas ce que je dis.
09:01Emmanuel Mompard, hier soir au débat à Troyes, redit l'horizon.
09:04Ça doit être 60 ans, 40 annuités.
09:07Ensuite, non.
09:07Ça, c'est sa position.
09:09Mais ce n'est pas la position du texte lui-même.
09:12Qu'est-ce qui va se passer après ?
09:13Une fois qu'on a finalement abrogé la réforme des retraites
09:17en réintroduisant à la fois le départ à 60 ans pour les carrières longues
09:21et les critères de pénibilité,
09:23il va falloir faire ce qu'on a toujours fait en matière de réforme des retraites,
09:26négocier avec les partenaires sociaux.
09:28Ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent dans le gouvernement d'Emmanuel Macron
09:33et qu'il faut reprendre.
09:34Troisièmement, sur la question de ce que peuvent être les prix.
09:39Moi, je constate qu'aujourd'hui, il y a une perte de pouvoir d'achat
09:43et qu'il y a toutes les propositions qui sont faites,
09:45qui sont d'ailleurs de toutes parts assez contradictoires et assez dépensières.
09:50Je pense qu'à un moment, nous devons bloquer les prix pendant six mois.
09:54Donc, vous êtes tout à fait à l'aise avec le programme économique du nouveau Front populaire ?
09:58Je pense qu'il y a ces trois mesures immédiates,
10:01augmentation du SMIC compensée pour les...
10:04À 1 600 euros ?
10:06Oui, progressivement, mais qui sera compensée...
10:08Nous disent 1 600 euros, net.
10:10Qui sera compensée par des baisses de cotisations sociales.
10:15Abrogation de la réforme des retraites et retour aux carrières longues
10:20pour permettre des départs à 60 ans et réintroduction des critères de pénibilité.
10:24Et enfin, qu'il y ait ce blocage pendant un temps.
10:27Un blocage des prix ne peut pas durer plus de trois ou six mois,
10:30mais un temps pour que nous puissions retrouver de l'apaisement.
10:33Parce que ce qu'il faut bien comprendre, pourquoi il y a un vote d'extrême droite ?
10:36Ce n'est pas simplement pour les questions d'immigration que le Rassemblement national...
10:41C'est pour les questions de pouvoir d'achat ?
10:43Oui, c'est pour des questions de colère froide.
10:46Les gens n'en peuvent plus.
10:49Il faut comprendre ce que vivent des retraités, ce que vivent des salariés,
10:53ce que vivent même des entrepreneurs, ils n'en peuvent plus.
10:56Donc il y a un moment, il faut que nous puissions accorder cette pause,
11:00qui est absolument indispensable pour reprendre ses esprits
11:03et continuer une marche qui doit être autant que possible vers le progrès.
11:07On va avancer et parler notamment de la question des consignes de vote
11:11dans le cadre d'un second tour.
11:12Mais juste pour être très clair, vous dites le programme économique modulot
11:16quelques différences de sensibilité.
11:18Je suis d'accord.
11:19Je vous pose la question d'un gouvernement avec ceux-là même,
11:22avec lesquels vous aviez des différences qui apparaissaient comme insurmontables.
11:24Vous dites au fond, il faut offrir un espoir au peuple de gauche.
11:28Est-ce que vous n'avez pas le sentiment d'être dans une forme de négation
11:31de non seulement ce que vous avez fait pendant votre quinquennat,
11:33mais aussi de ce qu'a été votre discours depuis deux ans ?
11:34Non.
11:35Moi, je vous ai reçus sur des plateaux de télévision.
11:37Vous disiez pique-pente de la nupes,
11:40du fait qu'au fond, c'était la France insoumise qui donnait le lard.
11:42Vous n'avez pas le sentiment que c'est ce qui est en train d'arriver ?
11:44Mais ce n'est plus le cas.
11:46Et présenter le Nouveau Front Populaire comme la réplique de la nupes,
11:50c'est non pas simplement une faute par rapport à ce qu'est la réalité,
11:54c'est une présentation fallacieuse.
11:56Ce n'est pas le retour de la nupes,
11:58parce qu'il n'y aura pas 30 députés socialistes à la fin du parcours.
12:02Il y en aura 80 ou peut-être 100.
12:04Ce n'est pas la nupes parce que ce n'est pas le même programme.
12:07Et je vous fais observer que ce n'est pas le même leader.
12:10Ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui est présenté comme premier ministre.
12:13A lui-dit, je suis prêt à gouverner.
12:14Il peut dire ce qu'il veut,
12:16mais il se trouve que pour être premier ministre,
12:19permettez-moi de rappeler des règles.
12:21Pour être premier ministre, il y a deux conditions.
12:22La première condition, au lendemain des élections législatives,
12:26il faut que le président de la République vous nomme.
12:30Ensuite, il faut que le nom proposé
12:32convienne à une majorité de l'Assemblée nationale.
12:35Donc il faut être nécessairement, pour être premier ministre,
12:38une personnalité de consensus.
12:40S'il n'y a pas de consensus, il n'y a pas de nomination.
12:43Alors c'est qui cette personnalité de consensus ?
12:44Eh bien, c'est ce qui sortira du scrutin.
12:46Et je pense que c'est important que les Français aient la parole.
12:49C'est important qu'il y ait eu justement cette possibilité.
12:52Mais ce n'est pas un problème qu'il n'y ait pas de...
12:54Il y a Jordan Bardella pour le Rassemblement national,
12:55Gabriel Attal pour la majorité sur la campagne.
12:58Mais personne ne croit aujourd'hui
13:00que M. Attal puisse rester premier ministre.
13:02Personne ne le croit.
13:03S'il gagne.
13:04Mais personne ne croit qu'il peut gagner.
13:07Parce que ça se saurait, ça se verrait.
13:09Je ne mets pas en cause sa qualité humaine ou sa personnalité.
13:14Ce n'est pas ça qui est en cause.
13:16Il n'y a plus de majorité.
13:17Parce qu'elle a fondu, elle a disparu.
13:20Ça ne peut pas être non plus une personnalité de droite.
13:22La droite n'est plus là.
13:24Donc ça se fait en définitive, le choix.
13:27Il est où d'avoir effectivement le Rassemblement national ?
13:30C'est l'hypothèse qui est en train de s'installer
13:33et qui me paraît suffisamment dangereuse pour que je prenne la parole
13:37et que je m'engage.
13:38Et puis il y a ce que peut être l'Assemblée nationale
13:41au soir du scrutin avec une gauche qui sera devenue
13:44beaucoup plus forte et rééquilibrée.
13:46Vous aimeriez que ce soit un socialiste à Matignon ?
13:48Je pense que ce serait...
13:49Si je commence à être dans ce...
13:51Il faut que ce soit une personnalité qui puisse faire consensus.
13:55Elle peut être dans l'Assemblée nationale,
13:57elle peut être à l'extérieur de l'Assemblée nationale.
13:58Elle doit faire consensus.
14:00On reviendra dans un instant sur vos relations avec Jean-Luc Mélenchon.
14:02Mais juste dans le contexte que vous évoquez,
14:05la majorité sortante semble se diriger vers un nid-nid
14:07en cas de second tour entre l'ORN et la France insoumise.
14:10C'est aussi l'avis d'ailleurs de deux de vos anciens premiers ministres,
14:12Bernard Cazeneuve et Manuel Valls,
14:13qui refusent de choisir entre le Rassemblement national d'une part
14:16et la France insoumise d'autre part.
14:18Jean-Yves Le Drian aussi, votre ancien ministre de la Défense,
14:21qui dit qu'il ne votera jamais pour la France insoumise.
14:23Votre position, François Hollande,
14:25dans le cas d'un second tour entre le Rassemblement national et la France insoumise ?
14:29Ma position, elle est très claire, elle n'a pas varié.
14:31J'ai cette position constante
14:34depuis que je suis engagé en politique.
14:36Le désistement doit être automatique
14:39dès lors qu'il y a un risque d'élection d'un président, c'est arrivé,
14:43ou d'un député ou d'une députée du Rassemblement national.
14:47Est-ce que je peux être plus clair ?
14:48Quitte à voter pour un candidat de la France insoumise ?
14:51Mais parce que moi, je ne fais pas d'équivalence.
14:53Je ne fais pas d'équivalence entre un candidat du Rassemblement national,
14:58parti xénophobe,
15:00parti qui fait de la préférence nationale
15:03son axe principal,
15:05et une personnalité qui n'a pas les mêmes positions que moi,
15:09qui a pu me choquer sur un certain nombre de points.
15:10Donc Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, ils se trompent ?
15:12Ils se trompent.
15:13Je pense qu'ils se trompent parce qu'à un moment,
15:16quel est le risque ?
15:16Ce n'est pas d'avoir une majorité France insoumise.
15:19Combien il y aura de députés France insoumise ?
15:20Je n'en sais rien, peut-être 70, 80.
15:23Combien il y aura de députés Rassemblement national
15:25si rien n'est fait pour faire barrage ?
15:27230, 250 ?
15:29Avec Monsieur Ciotti ?
15:31Qu'est-ce que je choisis ?
15:31Je choisis de donner une majorité au Rassemblement national pour mon pays,
15:35ou au contraire, je choisis d'avoir des représentants de formation politique
15:40qui ne sont pas forcément proches de moi.
15:42Mais vous entendez les arguments, François Hollande,
15:44y compris de certains de vos électeurs qui disent
15:46bien sûr on veut combattre le Rassemblement national,
15:48mais pas au point d'aller voter pour des candidats qui,
15:51je reprends votre expression,
15:52ont contribué à une forme de brutalisation de la vie politique.
15:55Pour certains candidats qui ont même tenu des propos plus qu'ambigus
15:59dans la foulée du 7 octobre sur la question de l'antisémitisme,
16:01vous voyez bien qu'il y a ce contexte-là ?
16:04Pour des individus qui ont pu tenir ces propos-là,
16:07ils ne sont pas si nombreux à être candidats aujourd'hui.
16:11Peut-il y avoir des jugements ?
16:12Et je les entends, et je comprends.
16:13Oui, oui.
16:14Autour de Jean-Luc Mélenchon, toute une série d'individus
16:15qui refusent toujours de qualifier le Hamas comme terroriste.
16:19Non, non, non, ce n'est pas vrai.
16:20Dans le texte qui a été signé par l'ensemble des formations politiques,
16:24il a été très clairement dit que le Hamas était une formation terroriste.
16:27Ce n'est pas exact, François Hollande.
16:29Les attaques du 7 octobre sont des attaques terroristes
16:31et le Hamas est un mouvement théocratique.
16:32C'est l'expression qui est utilisée.
16:34C'est une formation terroriste qui a commis des attentats terroristes.
16:37Et donc, si je suis engagé à ce point, je pouvais rester à ma place.
16:42C'est-à-dire plus haut, plus loin, spectateur.
16:46Si je me suis engagé, ce n'est pas pour qu'il y ait plus ou moins de candidats
16:52de la gauche, y compris de la France insoumise.
16:54C'est d'abord pour empêcher que notre pays, la France,
16:58soit gouverné par le Rassemblement national.
17:01Parce que c'est ça qui doit être quand même dans toutes les têtes.
17:04Ce n'est pas rien d'avoir un gouvernement d'extrême droite en France.
17:08On va dire, oui, mais il en existe en Hongrie, oui, mais il en existe en Italie,
17:11oui, mais il en existe aux Pays-Bas.
17:13Nous sommes la France.
17:14Est-ce qu'on comprendra bien que la France est le pays fondateur de l'Union européenne ?
17:18Est-ce qu'on comprendra bien que la France a une présence dans le monde ?
17:22Est-ce qu'on comprendra bien que la France est également liée
17:25à un ensemble de pays en Afrique, en Amérique latine ?
17:28Donc la France, elle a une position.
17:30C'est la France des droits de l'homme.
17:32C'est la France des libertés.
17:34– Vous craignez qu'en cas de victoire du Rassemblement national,
17:36il y ait une forme de libération de la parole,
17:40certains disent de la parole raciste,
17:42qu'au fond, certaines personnes se sentent désinhibées.
17:43On a vu par exemple cet extrait tourné par nos confrères d'Envoyé spécial
17:47où une aide-soignante, Divine Kinkéla,
17:49subit des insultes racistes très directes, insupportables.
17:52Est-ce que vous craignez que ce genre de scène-là
17:54se reproduise en cas de victoire du RN ?
17:56– Oui, même si je n'ai pas de référence.
17:59Depuis la libération, c'est-à-dire depuis 1945,
18:03il n'y a jamais eu de gouvernement d'extrême-droite en France.
18:06Il y a eu une période d'occupation, mais depuis 1945,
18:09jamais un gouvernement n'a été d'extrême-droite.
18:12On me dira, oui, mais l'extrême-droite a changé.
18:15Elle a changé en apparence, elle a changé en visage,
18:18elle a changé en filiation, mais c'est le même mouvement.
18:22Donc il y aura forcément, dans ce mouvement où il y a des identitaires,
18:26où il y a des xénophobes bien connus,
18:28où il y a des complotistes, il y aura nécessairement…
18:30– Un parti raciste, il y aura sûrement…
18:32– Non, je n'ai pas dit ça.
18:33Il y a sûrement, on les connaît,
18:35des individus qui ont déjà tenu des positions.
18:38Il y a des complotistes, des gens qui étaient contre les vaccins.
18:40Donc c'est ça dont il s'agit.
18:42– Et pourtant le Président dit, il faut se battre contre les extrêmes
18:46dont les programmes mènent la France à la guerre civile.
18:48C'est ce que dit Emmanuel Macron qui, lui, refuse de faire…
18:50– C'est une expression qui était très maladroite,
18:52parce qu'on ne peut pas laisser penser
18:54que la France pourrait être en guerre civile.
18:56Je refuse précisément la division.
18:58Et donc tout doit être fait pour empêcher précisément
19:01les débordements, les excès, les extrêmes.
19:04Les extrêmes, ce n'est pas simplement les partis.
19:06Les extrêmes, c'est les comportements extrémistes.
19:09Et je dois dire qu'Emmanuel Macron n'a pas tenu son rôle.
19:13Son rôle, au lendemain d'une élection européenne qui était difficile…
19:16– Ce sera de sa faute si le Rassemblement national accède au pouvoir,
19:19si Jordan Bardella rentre à Matignon ?
19:21– Ce que les Français auront choisi.
19:23Mais c'est de sa faute de l'avoir provoqué des élections à ce moment-là.
19:28Et de ne pas avoir préparé les esprits à une éventuelle dissolution.
19:32De ne pas avoir justifié la dissolution.
19:34Mais effectivement aussi la politique qui a été la sienne.
19:37Cette forme d'action politique qui est très loin des gens,
19:42qui quelquefois, sans le vouloir, méprisante à l'égard de beaucoup.
19:46Une forme de distance qui s'est instaurée.
19:49D'ignorance même de la vie réelle.
19:51Et puis il y a une autre critique que je peux faire.
19:55C'est-à-dire qu'il a considéré que l'extrême droite était,
19:58donc le Rassemblement national, sa seule alternative.
20:01Il n'a pas essayé de construire d'autres alternatives.
20:04La gauche social-démocrate pouvait être une alternative.
20:08Il fallait la respecter, la considérer.
20:10Les écologistes aussi.
20:11Essayer de chercher, non pas des partenaires, mais des interlocuteurs.
20:14Il n'a cessé d'avoir l'extrême droite comme seul partenaire de jeu.
20:19Résultat, quand vous êtes à ce moment-là rejeté,
20:22une partie de l'opinion se tourne vers l'alternative.
20:25Pour être très clair et pour avancer, François Hollande,
20:27en cas de duel RN-LFI, vous faites barrage au RN,
20:30vous votez la France insoumise.
20:31Ça veut dire aussi qu'en cas de triangulaire...
20:33Je n'aurais pas à voter pour la France insoumise.
20:34Pas vous ici, mais pas dans un...
20:36Je dis aux électeurs, oui, quelles que soient vos réticences,
20:39quelles que soient vos réserves...
20:41Et triangulaire, il faut que le candidat, le troisième, se désiste.
20:44De la même manière ?
20:45De la même manière.
20:46Quel est l'objectif ?
20:46L'objectif, c'est celui que je viens d'indiquer.
20:48De faire barrage ?
20:48La France, ce n'est pas simplement le barrage, c'est la France.
20:52Si on a une idée de la France,
20:54une idée de la France qui est conforme à nos valeurs,
20:57il n'y a qu'une seule attitude, le retrait,
21:00lorsque c'est une position de troisième,
21:03ou le désistement républicain, comme il se fait et comme je l'ai fait.
21:07Vous savez, je suis ici, dans le département dans lequel je suis,
21:10je suis en Corrèze, j'ai fait en sorte,
21:13c'était très difficile, beaucoup se posaient la question,
21:16quand Jacques Chirac a été au second tour face à Jean-Marie Le Pen,
21:20à la minute même, nous avons appelé à voter Jacques Chirac.
21:23Et Jacques Chirac lui-même a toujours été d'une clarté absolue
21:27par rapport à l'extrême droite.
21:28François Hollande, je voudrais qu'on parle de Jean-Luc Mélenchon,
21:30vous êtes interpellé par Médias Interposé,
21:31il s'est dit samedi prêt à gouverner,
21:33vous lui avez répondu qu'il se taise,
21:35en lui demandant de se mettre en retrait, vous confirmez l'instant.
21:38Il vous a répondu derrière, c'est lui qui devrait se taire,
21:40vous accusant d'avoir détruit la gauche.
21:42Je cite, Mélenchon, c'est un nom qui, dans les quartiers populaires,
21:45fait ouvrir les portes, Hollande, c'est un nom qui les fait fermer.
21:48Visiblement, quand vous lui demandez de se taire,
21:49il ne s'exécute pas tout à fait.
21:52Oui, mais il n'est plus déjà dans le jeu.
21:55Il essaye d'en être, et il est à la tête d'un parti,
21:59donc il est à la tête d'une sensibilité.
22:01Mais aujourd'hui, dans la gauche, de toute la gauche,
22:05il a été convenu qu'il ne pouvait plus être celui qui devait diriger.
22:10Lui continue de…
22:11Mais il peut continuer.
22:12Il peut continuer d'intégrer autour de lui la France insoumise de la même méthode.
22:16Il est disqualifié ?
22:17C'est-à-dire qu'il n'est pas reconnu pour pouvoir être celui qui doit gouverner le pays.
22:23C'est ça qui est très différent par rapport à ce qu'on appelait la NUPES en 2022.
22:28En 2022, il avait fait une campagne présidentielle, il avait fait 22%.
22:31Il était candidat comme Premier ministre.
22:33Ça n'a pas été voulu par les Français.
22:35Aujourd'hui…
22:36Mais là encore, François Hollande, si la France insoumise obtient le principal groupe,
22:39qu'est-ce qui vous permet d'assurer que Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre ?
22:43Je viens de vous répondre.
22:44Premièrement, il ne sera pas choisi forcément par le président de la République.
22:48Et s'il l'était, il n'est pas l'homme du consensus.
22:52Il faudra chercher un homme ou une femme de consensus.
22:54Donc vous êtes d'accord avec François Ruffin quand il dit que c'est un obstacle à la victoire de la gauche ?
22:58Ça, c'est leur affaire interne, je ne veux pas m'en mêler.
23:00Ce que je sais, c'est que et le Parti socialiste, et les Verts, les écologistes,
23:04et le Parti communiste, et une partie de l'EFI ont dit
23:07que ça ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon.
23:09Entendons-les.
23:10Comment est-ce que vous expliquez au fond cet activisme de Jean-Luc Mélenchon ?
23:13Certains disent qu'au fond, lui, son sujet, ce n'est pas les législatives,
23:17c'est déjà la présidentielle de 2027.
23:18Est-ce que c'est ça dans son esprit ?
23:20Vous le connaissez bien, vous avez été de nombreuses années au Parti socialiste…
23:21Non, mais moi, je ne veux pas faire l'interprète de sa pensée.
23:24Je le laisse faire.
23:26Ce que je pense, c'est qu'il faut qu'il soit conscient de ce qu'a été son image hier, peut-être,
23:32et de ce qu'est son image aujourd'hui.
23:33Mais moi aussi, j'en suis conscient.
23:35Je ne me mets pas en avant.
23:36Je n'essaie pas, au-delà de cet entretien, de faire œuvre de candidat ou de me donner.
23:44Vous, à Matignon, c'est totalement…
23:45Mais non, je ne me place pas du tout.
23:46J'essaie d'être utile.
23:48Comment être utile ?
23:49C'est en convainquant le maximum de Français de ne pas aller vers le Rassemblement national.
23:54Parce qu'il y a beaucoup d'électeurs de milieux populaires qui vont,
23:58ou qui se préparent à voter, ou qui ont déjà voté pour le Rassemblement national.
24:02Et ça, c'est un comble.
24:03Parce que quand on est ouvrier, employé, agriculteur, et qu'on va voter pour un parti extrémiste,
24:10mais qui va porter une politique contraire aux intérêts de ses électeurs.
24:14Pour les agriculteurs, on va sortir de la politique agricole commune.
24:17Pour les ouvriers, on va connaître du protectionnisme et des difficultés d'exporter nos produits.
24:23Pour un artisan, il va y avoir plus de charges en définitive.
24:26Et peut-être pour beaucoup d'employeurs qui ont des travailleurs étrangers,
24:31l'impossibilité de continuer à les employer.
24:35C'est ça qu'on veut ?
24:36C'est ça que vous pensez que ça peut être profitable à ceux qui pendent par une colère,
24:42par une souffrance, que moi je respecte.
24:44Parce que la souffrance, elle est respectable.
24:45Et donc François, je vous posais la question de Matignon.
24:47Vous me dites, non, votre rôle ce sera quoi ?
24:49Qu'est-ce que vous ferez si vous êtes élu au Parlement ?
24:52Qu'on vote pour la gauche, être patron d'un groupe,
24:56éventuellement penser à l'élection présidentielle de 2027 pour vous-même ?
24:59D'abord, faut-il être élu, faut toujours être respectueux des échéances et je ne suis sûr de rien.
25:04Il y a trois hypothèses en réalité.
25:07L'extrême-droite gagne, devient donc majoritaire, gouverne le pays.
25:12Car le président de la République sera obligé de nommer celui qui s'est présenté.
25:18On va tarder là à Matignon.
25:20Le rôle, que je m'assigne, ça sera, à l'intérieur de l'Assemblée Nationale,
25:25de porter un discours qui puisse être de protection et de vigilance.
25:30Deuxième hypothèse, c'est la gauche qui gagne.
25:33Parce qu'elle s'est rassemblée, parce qu'elle a rassuré, notamment entre les deux tours,
25:38il faudra faire que son gouvernement puisse tenir bon.
25:42Et puis, il y a une troisième hypothèse, où il n'y a pas de majorité.
25:45Une assemblée ingouvernable.
25:46Je pense que c'est le rôle de personnalité, comme je suis, compte tenu des fonctions que j'ai occupées,
25:52de trouver des solutions.
25:54Parce qu'il faut trouver des solutions.
25:55S'il n'y a pas de majorité, vous savez que la Constitution, son article 12,
25:59fait qu'il ne peut pas y avoir de retour vers les électeurs avant un an.
26:04Qu'est-ce qu'on fait pendant un an ? On laisse le pays aller à volons ?
26:06Ça veut dire quoi, trouver des solutions ?
26:07Eh bien, il faudra trouver des solutions, parce que s'il n'y a pas de majorité,
26:10il faut quand même que des décisions soient prises.
26:12Edouard Philippe dit par exemple qu'il faudrait peut-être faire une coalition des sociodémocrates
26:16jusqu'à la droite dans sa matrice.
26:17Il y a plusieurs manières de faire.
26:19On verra peut-être à ce moment-là ce qu'il conviendra faire.
26:23D'aller chercher un chef du gouvernement qui puisse,
26:24sur un programme minimal, faire avancer le pays.
26:28En quoi ? Un gouvernement d'union nationale ?
26:30Nous verrons.
26:31Chacun demandera sans doute que certaines propositions soient reprises.
26:36Hors de l'extrême droite, bien sûr.
26:38Donc c'est ça.
26:40Et ça, vous pourriez y contribuer.
26:41Et je regrette d'ailleurs qu'il n'y ait pas eu plus de personnalités
26:43qui se soient engagées dans ce moment critique pour le pays.
26:45Moi, je l'ai fait parce que j'ai considéré que c'était mon devoir.
26:48Mais d'autres auraient pu se dire, qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui ?
26:50Qu'est-ce qu'on peut faire ?
26:52Faire campagne sans être candidat soi-même ?
26:54Il y a un moment où il faut se mettre aussi en risque.
26:57Il faut se dire, qu'est-ce que je peux faire pour être utile ?
26:58Eh bien, voilà le rôle que je m'assigne dans toutes les hypothèses.
27:02Encore deux questions.
27:03La première, sur les hypothèses que vous évoquez.
27:05Marine Le Pen dit, en cas de blocage,
27:08Emmanuel Macron n'aura d'autre choix que de démissionner.
27:10Est-ce que ça, vous, encore une fois, qui avez été garant des institutions
27:13comme elle l'a dit pendant cinq ans,
27:14est-ce que c'est une hypothèse qui apparaît comme plausible ?
27:18Ça devrait inquiéter les Français de savoir que
27:21la présidente du Rassemblement National veut mettre en cause les institutions,
27:26faire démissionner le président de la République.
27:28Elle ne dit pas qu'elle le souhaite, elle dit,
27:30je constate qu'à un moment donné, s'il y a blocage…
27:32Je vais donc vous répondre.
27:33Nous devons toujours respecter les institutions.
27:36Emmanuel Macron a été élu,
27:39il a donc toutes les responsabilités jusqu'à la fin de son mandat.
27:44A lui, après, de savoir ce qu'il y a lieu de faire
27:47et de le faire autant que possible…
27:49Vous avez échangé avec lui depuis sa dissolution ?
27:51Il ne m'a aucune façon consulté, il a eu tort,
27:55pas simplement moi-même,
27:56mais de ne pas consulter largement avant de dissoudre
27:59et je n'ai pas davantage prêt à entendre, pourtant,
28:04des réflexions qui pourraient lui être utiles.
28:06Mais il est le président de la République et donc il doit…
28:09Il l'est jusqu'en 2027.
28:11Une dernière question, François Hollande.
28:12Des images de vous en train de boire une bière cul sec
28:15ont fait le tour des réseaux sociaux,
28:16sous les chants de jeunes rugbymen.
28:19Je ne vais pas chanter, mais en tout cas je vais dire les paroles.
28:21François, on t'aime, François, on t'adore,
28:23on t'aime plus que le pastis d'Andorre.
28:25Je ne sais pas ce que c'était le pastis d'Andorre,
28:26mais visiblement c'est dans les paroles.
28:28C'est quoi pour vous ?
28:29C'est une sorte de résurrection,
28:31alors même que vous avez terminé votre quinquennat
28:33sans pouvoir vous représenter,
28:34restant aussi comme le président le plus impopulaire de la Vème République.
28:38C'est quoi, une forme de résurrection ?
28:40Ce n'est jamais facile d'être populaire
28:42quand on est aux responsabilités du pays.
28:45Moi, j'ai compris dans la décision que j'avais prise de ne pas me représenter,
28:48je n'ai jamais voulu mettre la France en risque.
28:52Et déjà, il y avait une menace de l'extrême droite,
28:54ce qui avait justifié, au-delà des divisions de ma propre famille politique,
28:57ma propre décision.
29:00Et aujourd'hui, c'est vrai que je prends plaisir à être au contact des Français,
29:04mais pas simplement parce qu'il y a une campagne à l'étranger.
29:06Depuis que je suis sorti de l'Elysée, j'ai été au contact des Français.
29:09Et le fait de redevenir populaire ?
29:10J'ai été assez vite populaire.
29:13C'est plus facile quand on n'a pas de responsabilité.
29:14Les Français ont tendance à apprécier les responsabilités politiques
29:16une fois qu'ils n'exercent plus de...
29:18Mais je pouvais aussi rester dans cette situation
29:21où les Français m'accueillent avec beaucoup de plaisir
29:25à chaque fois que je me déplace.
29:27Et là, ça a été le cas.
29:28Mais là, je me suis mis devant un autre défi.
29:33Être élu comme député.
29:34On pourrait dire, mais pourquoi être député ?
29:37Pour les raisons que je vous ai indiquées.
29:38Pour être utile à mon pays dans un moment extrêmement grave.
29:42Merci beaucoup.
29:42Merci à vous.
29:43Merci d'avoir été notre invité en Corrèze, ici à Userche.

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