"125 milliards d'euros": le Nouveau Front populaire détaille le chiffrage de son programme pour les élections législatives

  • il y a 4 mois
Le Nouveau Front populaire donne une conférence de presse ce vendredi 21 juin afin de détailler le chiffrage et le financement du programme de l'alliance des partis de gauche. 

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00:00:00Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue pour cette conférence de presse. Yann Brossat, sénateur de Paris, porte-parole du Parti communiste.
00:00:06Très heureux de vous retrouver ici. Nous allons, à l'occasion de ce moment, vous présenter notre proposition macroéconomique,
00:00:15le chiffrage de notre programme, programme que, comme vous le savez, nous avons, pour ce qui nous concerne, présenté.
00:00:23Je le dis parce que ça n'est pas le cas de tous les autres. Et à l'occasion de cette conférence de presse,
00:00:294 représentants du Nouveau Front populaire vont se succéder à cette tribune. Après moi, Alexandre Ouisy, Éric Coquerel et Eva Sass.
00:00:39Puis 3 économistes apporteront leur regard sur notre proposition, Éloi Laurent, Éric Baer et Julia Cagé.
00:00:48Ce chiffrage de notre programme, vous le savez, il intervient au lendemain de la conférence de presse de Gabriel Attal,
00:00:56qui nous a gratifiés de ses leçons en tous domaines. Il s'est même aventuré en terrain social en expliquant qu'une victoire
00:01:06du Nouveau Front populaire serait une catastrophe sur le plan social. Au fond, en l'écoutant, je me dis que c'est un peu Madoff
00:01:13qui explique aux pauvres que Robin Desbois va leur faire les poches. Il nous paraît indispensable, en entamant cette conférence de presse,
00:01:21de dire quelques mots du bilan de ceux qui sont sortants, du bilan du trio infernal Macron-Attal-Lemaire, parce qu'ils ont beaucoup
00:01:32d'exigences vis-à-vis des autres. Mais au fond, ça doit d'abord être le moment de se pencher sur ce qu'ils ont produit à la tête de l'État.
00:01:41D'abord, une dégradation sans précédent des finances publiques, puisque le déficit est passé de 2,3% du PIB en 2018 à 5,5% du PIB en 2023.
00:01:54Conséquence directe du désarmement fiscal organisé par l'État. Conséquence directe aussi de la Gabgi organisée par l'État.
00:02:03Plus de 200 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises sans contrepartie. Nous ne sommes, pour ce qui nous concerne,
00:02:09absolument pas hostiles à ce que les entreprises soient aidées. Mais nous estimons que ces aides doivent être soumises à conditions,
00:02:16et que lorsque ces conditions ne sont pas remplies, elles doivent être remboursées. Dégradation donc des finances publiques, dégradation économique,
00:02:25avec un échec flagrant de la politique de l'offre, qui a eu pour principale conséquence une augmentation du taux de marge des entreprises,
00:02:34qui est passé de 30,8% en 2017 à 32,7% en 2023, et un record absolu de distribution des dividendes. Et puis enfin, une dégradation que chacun peut constater
00:02:48du contexte social. Nous sommes la 7e puissance économique du monde, et nous comptons 9 millions de pauvres, avec une consommation au plancher.
00:02:57Et tout cela produisant un cercle vicieux dans lequel nous sommes aujourd'hui engoncés. Et c'est précisément avec cette logique-là que nous voulons rompre.
00:03:06Et c'est ce que va vous exposer Eva Sass.
00:03:09Bonjour, je suis Eva Sass. Je suis ancienne députée de la Commission des finances. Et effectivement, le programme du Nouveau Front Populaire,
00:03:18c'est une rupture immédiate et claire avec la politique d'Emmanuel Macron, contrairement au programme des autres formations politiques,
00:03:25et en particulier à celui du Rassemblement national. Un programme qui donne priorité au pouvoir d'achat, aux services publics et à la bifurcation écologique.
00:03:33Un programme qui rompt avec le désarmement fiscal. Un programme qui repositionne surtout l'Etat comme acteur de l'économie.
00:03:41Un Etat qui relance le pouvoir d'achat, qui oriente les investissements, qui relance la commande publique aussi, c'est important.
00:03:47Et un Etat qui entraîne donc l'ensemble de l'économie dans un cercle vertueux.
00:03:53Alors, je le disais, notre priorité, c'est le pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat, c'est à la hausse des pensions et de l'AH.
00:03:59Mais c'est aussi la hausse des salaires, la hausse du point d'indice, bien sûr, et l'augmentation du SMIC à 1 600 euros net, soit une hausse de 14 %.
00:04:09C'est nécessaire parce qu'on ne vit pas décemment avec 1 400 euros net par mois. Et c'est positif pour les entreprises.
00:04:17C'est positif pour deux raisons. D'abord, ça va stimuler la consommation et donc le chiffre d'affaires de beaucoup d'entreprises.
00:04:23Ce sera aussi le cas de la commande publique avec, par exemple, les programmes de rénovation des écoles qui vont remplir les carnets de commandes.
00:04:30Et la 2e raison, c'est que ça va faciliter aussi le recrutement, notamment dans des secteurs qui peinent à recruter, faute de rémunération suffisante.
00:04:38Mais on sait que dans les 1ers mois, ça peut être difficile pour certaines TPE, PME, on nous pose souvent la question,
00:04:44pour certaines associations aussi d'ailleurs, et nous voulons être clairs sur ce point, nous les aiderons.
00:04:50Nous les aiderons par plusieurs dispositifs, des dispositifs d'avance à 0 %, des dispositifs de reprise de leur charge financière
00:05:00et des mesures d'accompagnement financier pour celles qui en ont besoin, des mesures temporaires, mais nous serons aux côtés des TPE, PME
00:05:08pour celles qui auront des difficultés face à la hausse du SMIC. Et enfin, un dernier mot, nous sommes attentifs à la formation.
00:05:14Nous voulons un travail qui soit décent et qui redonne du sens. Donc nous renforcerons les temps de formation qui permettent des parcours,
00:05:23des reconversions et des formations qui permettent aussi pas seulement d'être orientés vers l'employabilité immédiate,
00:05:31mais vers des parcours professionnels tout au long de la vie.
00:05:35— Oups.
00:05:40— Bien. Bonjour à tous. Moi, je vais vous parler de ce qui va se passer immédiatement si nous arrivons aux responsabilités.
00:05:49L'ère Macron est terminée. Dans quelques jours, il n'en restera plus rien. Et nous, ce que nous proposons, c'est une rupture,
00:05:57une rupture tranquille, parce que c'est une rupture qui va mettre le pays dans un bon ordre social, qui va le remettre en état de fonctionner.
00:06:05Et nous le faisons en repositionnant l'État. L'État n'est plus ce spectateur qui regarde le laisser faire et le laisser passer.
00:06:13L'État redevient l'acteur qui organise la redistribution sociale et qui organise la planification écologique.
00:06:22Et nous commençons tout de suite donc par éteindre le feu social avec des mesures qui sont extrêmement claires et précises.
00:06:31D'abord, les deux abrogations, l'abrogation de la réforme des retraites et l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage,
00:06:39qui marquent ce quinquennat du saut de l'injustice. Ensuite, avec, évidemment, sur le pouvoir d'achat,
00:06:45un engagement total du Nouveau Front Populaire, avec l'augmentation du SMIC, Eva l'a dit, à hauteur de 1 600 euros, une augmentation de 14 %,
00:06:55mais aussi pour les fonctionnaires, une augmentation du point d'indice de 10 %. Je rappelle que sur la période 2017-2022,
00:07:03les fonctionnaires ont perdu en net 10 % de pouvoir d'achat. Nous les resterons dans leurs droits.
00:07:09Et puis, dès septembre, l'éducation nationale sera vraiment nationale, puisque à la fois la cantine, à la fois le périscolaire, à la fois le transport
00:07:19vont rentrer dans le périmètre de ce que l'Etat finance pour les familles. Et puis nous finirons aussi par là où l'injustice a commencé.
00:07:27Emmanuel Macron a inauguré le quinquennat par la baisse des APL. Nous augmenterons les aides pour le logement de 10 %.
00:07:36Le chiffrage de ces mesures, c'est 25 milliards d'euros sur l'année 2024. Évidemment, en année pleine, Éric reviendra dessus pour 2025.
00:07:45Sur ce que là, c'est une vie. Mais pour l'immédiateté, pour le moment que nous vivons, c'est 25 milliards d'euros.
00:07:51Mais nous les finançons avec des recettes qui sont assez simples à comprendre. Il y a dans notre pays de l'argent oisif, de l'argent improductif.
00:08:00Et donc nous réinstaurons immédiatement un ISF avec une composante climatique à 15 milliards d'euros. Et surtout, nous mettons en place
00:08:12cette imposition des superprofits que nous avons demandé chaque année au Parlement, chaque année, et qui rapporte, elle aussi, 15 milliards d'euros.
00:08:20Voilà ce que nous faisons immédiatement. Ensuite viendra pour l'année 2025 le temps de la reconstruction écologique,
00:08:28le temps de la reconstruction de nos services publics. Et c'est le président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale qui va vous en parler.
00:08:34Je vous remercie.
00:08:38Merci à toi. Donc on a compris dès le départ pour des mesures d'urgence qui sont à la fois des signaux envoyés et des mesures qui doppent le pouvoir d'achat
00:08:48et qui rompent avec les aides du Macronisme. Et dès 2025, sur des mesures dont la plupart auront été actées en 2024, notamment au niveau du projet
00:08:57de loi de finances fin 2024 pour 2025, nous bifurquons de manière structurelle à partir, j'allais dire, de deux ressources, à partir de deux vecteurs.
00:09:09Ce vecteur, c'est l'idée de répartir, de partager les richesses pour faire en sorte que la grande migration du travail vers le capital –
00:09:19et pas n'importe quel capital, le capital non investi, le capital des dividendes, le capital actionnarial –
00:09:25eh bien reparte dans l'autre sens, c'est-à-dire vers les revenus du travail de façon à doper le pouvoir d'achat.
00:09:31Ça, c'est le partage de la valeur ajoutée. Mais aussi repartent dans l'autre sens à travers les recettes que nous allons récupérer
00:09:40sur les cadeaux fiscaux les plus importants qui ont été faits aux plus riches par le septénat – on pourrait dire d'Emmanuel Macron,
00:09:48donc il est temps que ça se termine – et qui ne toucheront pas, je tiens à le réaffirmer, 92% des Français qui ne verront pas
00:09:57leur fiscalité transformée ou au contraire même qu'ils la verront atténuée. Eh bien ces mesures, donc, à la fois permettent de répondre
00:10:08aux besoins en matière d'éducation, en matière de santé. Deux termes, d'ailleurs, je tiens à vous le dire avec le terme écologique
00:10:15qui vient derrière en transition écologique, qui ont été absolument, comment dire, non prononcés hier par M. Bardella,
00:10:21pour qui, manifestement, ces questions ne sont pas problématiques. Pour nous, elles sont centrales et nous avons besoin,
00:10:27de ce point de vue-là, d'investissement, d'un État-stratège qui va permettre de transformer les modes de production
00:10:33et de répondre aux besoins des Français. Et je l'ai dit aussi, évidemment, sur la question du partage de la plus-value.
00:10:40Donc cette année 2025, la dépense publique pourra atteindre 100 milliards d'euros avec embauche d'enseignants pour réduire
00:10:47le nombre d'élèves par classe. Vous savez qu'on se donne comme objectif de rejoindre la moyenne de l'OCDE à 19 élèves par classe,
00:10:53un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social en valorisation des métiers et des salaires,
00:10:59intensification de la rénovation thermique qui va monter, j'allais dire, en charge au fur et à mesure des années,
00:11:05renforcement de la structuration des filières françaises en énergie renouvelable et introduction d'une garantie autonomique
00:11:12qui complète les revenus des jeunes situés sous le seuil de pauvreté, qui est finalement une mesure de pouvoir d'achat
00:11:17extrêmement importante, mais aussi de confiance dans la jeunesse pour qu'elle puisse, quelque part, faire ses études sans,
00:11:23j'allais dire, être toujours obligée de prendre des boulots précaires, pour ne pas dire plus. Ça, ça représente au total,
00:11:30parce que nous voulons équilibrer 100 milliards de rentrées fiscales, donc qui seront inscrites sur le PLF,
00:11:35suppression fiscale, inefficace et injuste, impôt sur, j'allais dire, les plus hauts patrimoines, donc il ne s'agit pas de toucher
00:11:42aux patrimoines de la très grande partie des Français, dont d'ailleurs la majorité n'en ont pas du tout en termes d'héritage,
00:11:47mais de mettre fin aux abus de ce point de vue-là, la mise en place d'un barème de 14 tranches d'impôts et d'une progressivité de la CSG
00:11:55et suppression de la flat tax, qui est évidemment fondamentale, puisque c'est avec la flat tax liée à l'ISF les cadeaux que M. Macron a,
00:12:03j'allais dire, permis aux plus riches détenteurs du capital, qui ont pu, comme ça, depuis des années, faire gonfler leurs revenus en termes de dividendes
00:12:12et de rachats d'actions, je vous rappelle, qui ont doublé de volume depuis 2017. Ça, c'est cette première période qui se termine.
00:12:19Une deuxième période s'ouvre pour 2026-2027, c'est celle de la transformation, où on transforme en profondeur le pays,
00:12:26on fait des quartiers populaires, de la ruralité, de la culture, du sport, de la planification écologique, qui est un maître mot, évidemment, de notre État-stratège.
00:12:34Et là, on s'attaque à la question du transfort ferroviaire et notamment le fret avec un grand plan. On garantit l'accès aux services publics à toutes ces,
00:12:44j'allais dire, quartiers, toutes ces villes, toutes ces petites villes, toutes ces zones rurales en France qui, aujourd'hui, en sont trop dépourvues.
00:12:51On soutient la filière bio et l'agroécologie. On adopte une loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
00:12:58On porte le budget de la culture à 1%. Et on recrute les fonctionnaires dont on a besoin pour pouvoir assurer, justement, ce retour à un État-stratège,
00:13:06mais aussi tout cet effort en matière d'éducation et de santé. Ça porte le total à 150 milliards d'euros de recettes que l'on complète avec les dispositifs prévus
00:13:16dans les années précédentes, avec l'application de l'impôt Zucman. Vous savez, c'est le fameux impôt qui permet, en fonction du chiffre d'affaires d'une multinationale en France,
00:13:26j'allais dire, de rectifier les bénéfices qu'il déclare, notamment grâce au prix de transfert. C'est la montée en puissante politique envers l'égalité salariale.
00:13:34Et c'est le renforcement de la taxe sur les transactions financières. Je termine juste sur une chose. Après, évidemment, ça dépendra de ce qui se passera en 2027.
00:13:42Nous entendons continuer à gouverner le pays pour continuer à transformer en profondeur et faire ce que nous n'aurons pas eu le temps de le faire. Je dis juste un mot de conclusion
00:13:52sur la question de la retraite à 60 ans. Nous entendons proposer une grande loi avant 2027 sur la retraite à 60 ans, mais qui, j'allais dire, s'appuiera sur le travail
00:14:02que nous ferons avec les partenaires sociaux. Nous avons déjà des éléments, mais qui feront partie de la discussion intra-gouvernementale,
00:14:10mais surtout de la discussion avec nos partenaires sociaux. Mais nous n'avons pas, évidemment, oublié cet objectif. Je passe la parole tout de suite à Eloi Laurent,
00:14:17Julia Cagé, Éric Baird, les trois économistes qui ont accepté d'être ici avec nous ce matin.
00:14:31— Bien. Alors bonjour. Je vais me présenter rapidement, vous dire pourquoi je suis là et ensuite ce que j'ai à vous dire.
00:14:40Donc je suis Eloi Laurent. Je suis économiste. Je suis universitaire. J'ai été invité à porter un regard indépendant – je ne dirais pas neutre –
00:14:48mais indépendant sur ce programme. Je tiens à préciser que je n'ai pas écrit une ligne de ce programme et que donc je ne défends ici pas mes propositions.
00:14:58D'accord ? En revanche, il me semble indispensable de porter un regard qui est un regard donc non pas neutre, parce qu'il est inspiré de la discipline économique,
00:15:06et de vous dire peut-être que l'économie au XXIe siècle peut éclairer de ce programme. C'est une conférence sur la question du chiffrage et du financement.
00:15:16C'est donc une conférence sur ce qu'on appelle la crédibilité. Je voudrais, en tant qu'économiste, vous mettre en garde contre cette idée de la crédibilité.
00:15:24La crédibilité, entendue dans un sens très étroit, la crédibilité comptable, la crédibilité budgétaire, ça peut être totalement contre-productif.
00:15:33À l'inverse, il y a des mesures de dépense sociale qui peuvent sembler non crédibles et qui peuvent complètement changer la donne.
00:15:40Quand Léon Blum propose le programme du Front populaire en juin 1936, il y a un économiste qui, quatre mois plus tôt, a écrit un livre fondamental
00:15:48qui est la théorie générale. Et il s'appelle John Maynard Keynes. Et ce que Keynes va montrer, c'est qu'une dépense sociale peut devenir un investissement
00:15:55et qu'une dépense sociale qui est faite au nom de la justice sociale peut être efficace économiquement. Donc il faut bien comprendre cette imbrication
00:16:02de la question du Front populaire et du keynesianisme pour comprendre comment la dépense sociale peut être efficace économiquement.
00:16:09À l'inverse, il faut comprendre que certaines réformes, au hasard la réforme des retraites, peuvent être conduites au nom d'une certaine crédibilité budgétaire.
00:16:16Donc demandez-vous toujours, quand on vous parle de crédibilité, de qui vous voulez être cru. Si vous voulez être cru des instances européennes
00:16:23et que vous faites une réforme des retraites contre laquelle vous avez 80% des gens, il est possible que deux ans plus tard, vous ayez 10 points de plus
00:16:30pour l'extrême droite et que ce soit pas seulement la stabilité des comptes publics qui soit en cause, mais l'État de droit. Donc voilà à quoi peut conduire
00:16:37la crédibilité. La crédibilité, ça peut être exterminateur. Il y a quelque chose comme une crédibilité exterminatrice dont il faut se méfier
00:16:44quand on regarde les choses du point de vue économique. Et en plus, on est dans un monde complexe. On est dans un monde de choc, ce qui fait que la crédibilité,
00:16:50il faut la pression en dynamique. Vous pouvez être crédible un jour et puis le Covid arrive. Par exemple, vous voulez être crédible et vous baissez
00:16:56massivement les dépenses sociales, vous réformez l'assurance chômage au hasard. Et puis le Covid arrive. Et là, vous n'avez plus d'assurance chômage,
00:17:03vous avez une assurance chômage diminuée. Ça vous coûte quatre fois plus cher de faire face à un choc comme le Covid. C'est ce que les États-Unis ont appris.
00:17:09Ça a coûté beaucoup plus cher aux États-Unis de faire face au Covid que l'Europe, parce qu'en Europe, on a un État-providence. Donc la crédibilité,
00:17:16il faut être prudent avec ça. C'est pas pour autant qu'on n'a rien à dire sur le plan économique, mais moi, je proposerais d'évaluer les choses
00:17:22sur le plan de la cohérence. Je vous propose rapidement mon analyse de la situation. Ces élections sont... L'enjeu central de ces élections,
00:17:29c'est la stabilité du contrat social français dans un monde déboussolé par les chocs. La question, c'est quelles sont les grandes colonnes,
00:17:42quelle est la colonne vertébrale de ce contrat social français. À mon avis, depuis un demi-siècle, le contrat social français, c'est d'un côté la solidarité
00:17:50et de l'autre la diversité. La solidarité, c'est le fait qu'il y a un tiers de la richesse économique qui est mutualisée par un système de taxes et de transferts.
00:17:58Les Françaises et les Français adhèrent massivement à cette solidarité. Et de l'autre, c'est la diversité. Vous avez 20% de la population française
00:18:05qui est soit immigrée, soit de descendance immigrée. Donc la question qu'il faut se poser, c'est ces deux piliers du modèle français, la solidarité et la diversité,
00:18:14comment on les protège dans un choc, dans un monde déboussolé par les chocs ? Et ça, c'est la question essentielle. Donc, est-ce qu'il faut jouer l'un contre l'autre ?
00:18:21Est-ce qu'il faut préserver les deux et les projeter dans l'avenir avec une dimension supplémentaire, la troisième dimension en un sens du modèle français,
00:18:29qui est en dynamique la question de la résilience ? Et là, je voudrais dire un mot pour finir. Donc, à mon sens, ce programme-là est le programme qui,
00:18:38de manière la plus cohérente, défend le contrat social français dans ce monde déboussolé par les chocs. Vous avez d'un côté un programme gouvernemental
00:18:46qui réduit la stabilité du contrat social à l'équilibre des comptes publics sans pour autant la respecter. Et vous avez de l'autre un programme qui est
00:18:54le programme de l'extrême-droite qui propose un programme de sécurité des biens et des personnes en remettant en cause l'État de droit. Là, vous avez un problème
00:19:01de cohérence interne. C'est-à-dire vous avez à la fois un problème de cohérence externe par rapport au monde tel qu'il est et un problème de cohérence interne
00:19:07dans ces deux programmes. Ce programme-ci est cohérent sur le plan interne. Et il est cohérent de façon temporelle, parce qu'il propose un séquençage
00:19:14des horizons. Et donc, je termine par la question écologique. On ne peut pas, au XXIe siècle, faire de l'écologie un épouvantail. Il faut en faire une chance.
00:19:23On ne peut pas avoir comme seule unité de compte le milliard d'euros. Il y a aussi les années d'espérance de vie. Il y a aussi les tonnes de CO2 évitées.
00:19:30Il y a aussi les espèces vivantes protégées. D'accord ? Donc, avoir une vision plurielle du bien-être humain, qui est ce que ce programme propose, c'est fondamental.
00:19:39Et donc, à la troisième ou deux premières dimensions, solidarité et diversité, j'en ajouterai une troisième, qui est la question de la résilience.
00:19:46Si vous prenez ce programme en trois dimensions, solidarité, diversité et résilience, vous avez, à mon sens, un programme cohérent. Et c'est pour ça que je porte sur lui
00:19:55un regard qui est favorable. Voilà. Merci de votre attention.
00:20:02Oui, bonjour. Moi, je voudrais rebondir sur la question de la confiance, parce que l'intérêt principal du programme, là, du Nouveau Front populaire, comparé au programme,
00:20:14que ce soit du RN ou au programme d'Emmanuel Macron, c'est qu'il est porteur d'un choc de confiance. On parle souvent de choc. Eh bien là, il est porteur d'un choc de confiance,
00:20:24parce que les économistes savent que, sans confiance, rien n'est possible. On peut définir toutes les meilleures et les plus belles politiques que l'on veut.
00:20:32Si les gens pensent que demain va être pire qu'aujourd'hui, eh bien les ménages ne consommeront pas, les entreprises n'investiront pas.
00:20:43Donc on est à un moment de l'histoire où, après cette année de macronisme, cette année de macronisme a vraiment fracturé la société en instaurant une fragilité économique.
00:20:57Les récentes dégradations de notes... On peut prendre des leçons de la part de Bruno Le Maire. Mais quand même, ça a été rappelé.
00:21:07Il y a 2000 milliards d'euros de dettes en plus depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Dégradation des notes. Donc les gens qui ne sont pas sérieux, ils sont encore, pour l'instant, au pouvoir.
00:21:19Donc fragilité économique. Et ça, ce n'est pas de nature à instaurer de la confiance. Précarité sociale, ça aussi. Et, je rappelle, l'inaction climatique.
00:21:29Donc j'insiste un peu lourdement là-dessus, mais le cœur du programme, c'est de répondre à la fois à l'urgence sociale et à l'urgence écologique.
00:21:38Et donc les mesures, que ce soit des mesures de dépense ou les mesures de recette, ont toutes pour objectif de participer à restaurer cette confiance, retrouver l'espoir.
00:21:52On a un certain nombre de concitoyens qui ont du mal à boucler leur fin de mois. Donc il est normal qu'on les aide. Ce programme, il est aussi foncièrement humain.
00:22:01Ce n'est pas juste des statistiques ou des chiffres et des pourcentages. C'est traiter les problèmes concrets des gens. Donc c'est pour ça que je trouve, moi, à titre personnel,
00:22:14que ce programme-là est celui qui est à la hauteur de l'enjeu que l'on vit. Donc restaurer la confiance, c'est redonner une plus grande visibilité pour les ménages.
00:22:24On l'a dit avec certaines mesures, hausse du SMIC, blocage de certains prix, etc. C'est aussi accompagner les entreprises et notamment les TPE et les PME pour leur redonner de la visibilité.
00:22:38Et la visibilité pour les entreprises, elle sera aussi réalisée par les investissements publics et le retour de l'Etat comme acteur économique pour entraîner derrière lui le secteur privé.
00:22:53Et n'ayez crainte, au-delà de quelques augmentations de coût du travail dues à l'augmentation du SMIC, si les entreprises voient que les carnets de commandes se remplissent,
00:23:03l'effet, au final, il sera largement positif. Donc, et ça aussi pour retrouver de la cohésion sociale, et j'en termine par là, puisque Julia va aborder cette question,
00:23:14il faut retrouver plus de justice sociale. C'est encore un autre élément de cette cohésion. Merci.
00:23:24Bonjour, merci. Moi, je m'appelle Julia Cagé. Je suis professeure d'économie et je voudrais vous expliquer pourquoi j'ai décidé d'être là aujourd'hui.
00:23:33L'économie, c'est pas une science dure. Et loi Laurent avait raison de le rappeler. D'une certaine manière, elle a un pouvoir prédictif assez limité.
00:23:42L'économie, c'est une science sociale. Par contre, associée à l'histoire, elle nous permet d'évaluer ce qui a marché par le passé et ce qui n'a pas marché par le passé.
00:23:53Le bilan qu'on peut faire des 7 dernières années du pouvoir Emmanuel Macron, c'est que sa politique de fiscalité injuste, qui a consisté à supprimer l'impôt sur la fortune
00:24:04et à le transformer en impôt sur la fortune immobilière, qui a consisté à mettre fin à la progressivité de la taxation du capital avec l'introduction
00:24:13de ce qu'on appelle une flat tax ou un prélèvement forfaitaire unique de 30%, qui a consisté à mettre fin à l'exit-tax, cette politique fiscale a été
00:24:23un échec. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est le comité d'évaluation de la réforme de la fiscalité du capital mis en place par Emmanuel Macron lui-même,
00:24:35avec notamment France Stratégie. Cette politique fiscale n'a conduit à aucun investissement supplémentaire, aucune création d'emplois supplémentaires
00:24:47et aucune augmentation du taux de croissance de l'économie. Par contre, elle a eu une conséquence extrêmement claire. Elle a conduit à une très forte
00:24:57augmentation des inégalités. Si vous preniez les dernières années en France... Aujourd'hui, regardons par exemple la répartition des dividendes.
00:25:070,1% des contribuables français touchent deux tiers du total des dividendes perçus en France. Si vous prenez l'évolution des 500 plus grandes fortunes
00:25:20en France aujourd'hui... Ces 500 plus grandes fortunes, elles représentaient environ 10% du PIB il y a 10 ans. Elles représentent aujourd'hui 50% du PIB.
00:25:32On pourrait discuter de la pertinence de cette augmentation des inégalités économiques si cette augmentation des inégalités économiques
00:25:41s'était faite au bénéfice de la croissance ou de l'emploi. Ça n'a pas été le cas. Donc qu'est-ce que propose aujourd'hui le nouveau Front populaire ?
00:25:51C'est d'introduire de la justice fiscale, parce qu'Éric a raison de le rappeler. Le consentement à l'impôt est l'une des dimensions de la création
00:26:00de la confiance. Et par cette justice fiscale, de permettre le financement de davantage d'éducation publique, de santé publique, de recherche publique.
00:26:15Je viens de vous dire ce qui n'a pas marché dans le passé. Je pourrais souligner ce qui a marché dans le passé. La productivité par heure
00:26:22travaillée en France il y a un siècle, elle était d'environ 5 €. La productivité par heure travaillée en France aujourd'hui, elle est d'environ 60 €.
00:26:32Comment on a augmenté la productivité par heure travaillée au cours du siècle dernier ? En investissant massivement dans l'université, dans la recherche
00:26:42et dans l'éducation. Cette politique, elle doit être réintroduite aujourd'hui. Au cours des dix dernières années, la dépense publique par étudiant
00:26:50à l'université en France, elle a diminué de 15%. On ne prépare pas l'avenir en dépensant moins dans notre jeunesse, dans la recherche et à l'université.
00:27:00Et c'est ça que promet aujourd'hui le programme du Nouveau Front populaire. Un, il y a une politique de relance, en partie par le pouvoir d'achat.
00:27:07Augmentation du salaire minimum, indexation des salaires sur l'inflation. Mais il y a aussi, et c'est essentiel, une politique d'investissement sur le long terme.
00:27:16Et il n'y a que de cette manière-là qu'on recréera de la confiance, de la croissance et de l'emploi, avec des emplois qui seront des emplois de qualité
00:27:24et des emplois qui seront bien rémunérés. La deuxième raison – je vais être courte – pour laquelle je suis là est la suivante.
00:27:33Aujourd'hui, on ne peut plus faire de politique uniquement avec des femmes et des hommes politiques. La politique, elle doit se faire également
00:27:42avec la société civile, c'est-à-dire avec le monde associatif, avec le monde de la recherche, avec les syndicats. Et c'est ce que fait
00:27:51le Nouveau Front populaire depuis deux semaines. Il n'y a pas eu beaucoup de temps pour faire le programme. Il n'y a pas eu beaucoup de temps
00:27:58pour mettre la campagne en marche, puisqu'Emmanuel Macron a donné trois semaines pour organiser des élections. Et malgré tout,
00:28:04les femmes et les hommes du Nouveau Front populaire s'affuient aujourd'hui sur le monde de la recherche, le monde associatif et les syndicats.
00:28:11Il s'agit de conconstruire le futur. Et ça, ça se voit aussi dans les propositions économiques du Nouveau Front populaire, par exemple avec la mise en place
00:28:18d'une gouvernance démocratique à l'intérieur des entreprises. Un tiers des sièges pour les salariés dans les conseils d'administration des entreprises.
00:28:28Il n'y a qu'en donnant davantage de démocratie de la démocratie politique, mais aussi davantage de démocratie en entreprise aux salariés
00:28:36et en renforçant le rôle des corps intermédiaires, ces corps intermédiaires qu'Emmanuel Macron a tant abîmés au cours des sept dernières années,
00:28:43que l'on reconstruira aussi un chemin de croissance pour la France. Voilà. Et je pense que maintenant, on peut passer aux questions-réponses.
00:28:52Angel Calvo, de l'agence espagnole de presse EFE. Vous avez annoncé que vous allez commencer à dépenser de cette année, si j'avais compris, ces 200 milliards.
00:29:16Vous allez mettre en face de nouveaux impôts. J'imagine que ce sera plutôt l'année prochaine. Il y a des questions de déficit qui sont importantes.
00:29:26Je crois que vous pensez renégocier le pacte d'estabilité qui vient d'être fini il n'y a pas très longtemps.
00:29:34Comment est-ce que vous pensez y faire ? Et surtout, avec qui ? De quelle manière ? Comment est-ce que vous allez argumenter que vous voulez refaire ce qui vient d'être fait ?
00:29:44Bonjour. Thibaut Petit pour TF1-LCI. Jean-Luc Mélenchon parle d'un chiffrage du programme sur 5 ans de 200 milliards d'euros de dépenses pour 230 milliards d'euros de recettes.
00:30:11Il me semble pas avoir entendu ce chiffre ce matin. Est-ce que vous le confirmez ? Ou est-ce qu'au contraire, vous le corrigez, vous le rectifiez ?
00:30:27Bonjour. Ian Johnson du Financial Times. Vu l'état des finances publiques que vous avez évoquées tout à l'heure, craignez-vous une réaction dans les marchés obligataires suite à ces dépenses ?
00:30:45Je vais répondre au moins partiellement aux deux premières questions. La première sur la renégociation du pacte budgétaire.
00:30:54Remarquez que c'est pas comme si on prenait une situation où ce pacte était respecté. C'est le moins qu'on puisse dire, puisque nous avons aujourd'hui un déficit qui est annoncé pour la fin de l'année,
00:31:05qui est bien supérieur non seulement au déficit théoriquement admis, mais en plus même à celui prévu encore fin 2023 par le gouvernement, qui là aussi, d'honneur de leçon,
00:31:15s'est trompé dans les grandes lignes. Encore, je dis trompé pour être diplomatique. Ce que nous avons annoncé, vous le remarquerez, dans la situation d'urgence,
00:31:29les dépenses correspondent exactement aux recettes supplémentaires que nous mettons sur la table à travers un projet de loi de finances rectificatives. Pour vous répondre,
00:31:37oui, pour la suite, nous comptons bien, notamment à partir de 2027, compter sur l'effet multiplicateur que pourra avoir notre politique, on va dire néo-keynésienne, à fort relan écologique.
00:31:48Mais en l'occurrence, cet été, nous n'augmenterons pas le déficit. Sur la deuxième chose, par rapport à Jean-Luc Mélenchon, vous remarquerez que le programme que nous chiffrons ici
00:31:58court de manière précise jusqu'en 2027. Et si vous calculez un peu les choses, si vous ajoutez, mais nous n'avons pas voulu rentrer dans les détails parce qu'il faut affiner la proposition que nous ferons
00:32:10en détail sur les retraites, nous ne sommes pas très éloignés, en réalité, de ce qui est dit sur 5 ans par Jean-Luc Mélenchon, en tout cas pas dans des grandes échelles.
00:32:21Et je vous fais remarquer que Jean-Luc Mélenchon a parlé de la proposition ELEFI, et ici, nous sommes sur une proposition qui s'adapte au programme du Nouveau Front Populaire,
00:32:30mais les choses ne sont pas quantitativement très différentes entre 3 ans et 5 ans.
00:32:36Bonjour, Romain Cluzel pour RMC. J'ai deux questions. D'abord sur l'ISF que vous avez annoncé qui rapporterait 15 milliards dès cette année. Est-ce que d'abord, ce 15 milliards, il vaut aussi pour les années suivantes ?
00:32:54Et comment est-ce que vous arrivez à ce chiffre de 15 milliards ? On en était très loin pour l'ISF version précédente, on va dire. Et concernant la réforme des retraites, vous avez évoqué un passage,
00:33:05en tout cas une loi qui arriverait pour 2027, avant 2027. Est-ce que ça veut dire qu'il y a une abrogation de la réforme qui est en cours de mise en place avant ? Ou est-ce que ça se fait au moment de cette loi, voilà, avoir cette précision ? Merci.
00:33:21Bonjour, Antoine Aberdorf pour l'Opinion. Je me permets de vous interpeller sur le poste de ce matin d'Olivier Blanchard, l'ex-économiste en chef de la FMI,
00:33:31dont il est souvent en question dès lors qu'il s'agit de multiplicateur, puisqu'il avait fait son mea culpa vis-à-vis des erreurs commises au moment de la crise grecque.
00:33:38Or, Olivier Blanchard nous dit qu'il est très inquiet quant à la nature du programme économique du nouveau front populaire et en particulier des taux d'imposition marginale qui lui apparaissent comme confiscatoires.
00:33:49Voilà. Qu'avez-vous à répondre à cela ?
00:33:52Bonjour. Renaud Norais du journal Les Echos. J'aurais 2 questions. Si vous êtes élu, vous aurez très vite à négocier avec Bruxelles. On va en parler un petit peu, puisque la France est en procédure de déficit excessif.
00:34:06Quelle sera la trajectoire de déficit que vous avez annoncé ? Valérie Rabault, dans un chiffrage différent mardi, disait qu'on serait au-dessus de 5% sur plusieurs années.
00:34:15Ce programme, il aboutit à quel niveau de déficit et de dette sur l'horizon 2027 ? Et deuxième chose, vous insistez beaucoup sur la relance que ça va impliquer pour l'économie française.
00:34:26Concrètement, votre programme prévoit quel niveau de croissance ? Et j'avoue que je n'ai toujours pas compris quel était le chiffre final de dépenses supplémentaires d'ici 2027 et surtout de recettes supplémentaires d'ici 2027,
00:34:39si vous pouvez préciser exactement ce que vous entendez. Il y a beaucoup de chiffres. Même pour un journaliste des Echos, ça fait beaucoup.
00:34:46Bonjour. Je peux la poser ou on attend ? OK. Bonjour, Lisa Lab pour Le Média. Hier, Boris Vallaud, devant le MEDEF, parlait de patriotisme économique,
00:34:56que les grandes entreprises devaient participer à une sorte de patriotisme. Alors est-ce que c'est vraiment le mot au regard de ce que j'entends aujourd'hui par rapport à l'injustice fiscale ?
00:35:05Et surtout aussi, c'est lié. Est-ce que vous allez faire des différences entre les grandes entreprises et les PME, TPE sur les taux d'imposition ou ce genre de choses ? Merci.
00:35:16Je vais dire un petit mot en ce qui concerne le poste d'Olivier Blanchard, puisque c'est mon collègue. Olivier Blanchard, vous avez raison, emploie le mot confiscatoire.
00:35:27Confiscatoire, c'est un jugement moral. Ce n'est pas un jugement économique. Donc j'aimerais simplement avoir une discussion économique avec lui sur l'efficacité ou l'inefficacité,
00:35:38d'avoir des taux de prélèvement marginaux supérieurs à ce qu'on observe aujourd'hui sur la taxation du capital, sur la taxation des revenus et sur la taxation des patrimoines.
00:35:49Et cette discussion, il ne l'a pas entamée. Il se trouve qu'il a déjà fait un mea culpa, vous aviez raison de le rappeler, au moment de la crise grecque, puisqu'en fait,
00:35:55il faisait partie de ces économistes qui étaient pour finalement mettre en place une politique de rigueur économique. Et on a vu le scénario catastrophe que ça a entraîné
00:36:04non seulement pour la Grèce, mais pour l'ensemble des économies de l'Union européenne, au même moment où les Etats-Unis sortaient beaucoup plus rapidement de la crise,
00:36:11grâce à une politique de relance. Et je vais simplement dire un tout petit mot sur l'impôt sur la fortune. Il y a deux choses ici.
00:36:18Un, la situation des patrimoines, et je le rappelais tout à l'heure, a évolué en France depuis 2017. Quand je notais, ce n'est pas moi qui le dis, c'est le magazine Challenge,
00:36:27que les 500 plus grandes fortunes étaient passées de 10% à 50% du PIB, ça veut dire que quand on va taxer, même avec, si on avait la même fourchette et les mêmes taux de prélèvement
00:36:37qu'en 2007, en fait, on aurait de facto des recettes plus élevées. Et il se trouve que l'ISF, tel qu'il était en place en 2017, on pourrait le qualifier d'un ISF gruyère.
00:36:47D'ailleurs, je pense que c'est une des raisons pour lesquelles il a été aussi simple à Emmanuel Macron de le supprimer, parce qu'il ne rapportait pas grand-chose.
00:36:53Moi, je pense qu'il souffrait de deux problèmes. Un, il ne rapportait pas suffisamment. Deux, ses recettes n'étaient pas suffisamment ciblées. C'est pour ça qu'à titre personnel,
00:37:00mais la société civile est là pour déborder un peu les parties, je serais pour cibler ce nouvel ISF, par exemple pour financer des infrastructures publiques, de la santé publique,
00:37:10de l'éducation publique, mais c'est une autre question. Bon. L'assiette était trouée. Là, l'idée, c'est d'augmenter les taux marginaux avec une assiette qui ne sera plus trouée.
00:37:21Et donc, c'est ça qui fait qu'on va passer de, oui, 4-5 milliards pour ce qui est rapporté à 2017, à une fiscalité qui devrait rapporter autour de 12-13 milliards
00:37:28au cours des premières années avec le programme du Nouveau Front Populaire.
00:37:35— Sur l'ISF, en effet, les effets de concentration, je pense que Julia a très bien répondu à la question sur le fait qu'évidemment, ça allait drainer plus de revenus, même avec des taux identiques.
00:37:45Sur la question sur la trajectoire des finances publiques, je pense qu'Éric a très bien dit les choses, en fait. On a des dépenses qui couvrent les recettes.
00:37:54Donc par définition, il n'y a pas d'accroissement envisageable du déficit public. Et si on va plus loin, et je dirais même qu'on a été relativement précautionneux,
00:38:02c'est-à-dire qu'on a pris jusqu'en 2027 comme s'il n'y avait aucun effet de relance de la croissance sur notre ratio d'endettement,
00:38:11puisque évidemment, vous savez que la dette est un ratio, avec au numérateur la dette et en bas le PIB. Nous avons fait, nous avons couvert les choses
00:38:19comme s'il n'y avait aucun effet d'entraînement de l'économie dans la manière dont nous avons calculé les choses. Donc nous avons été extrêmement précautionneux
00:38:26pour nous assurer que nous ne dégradions pas le ratio dette sur PIB. Donc pour le coup, de ce point de vue-là, je crois qu'on est au clair.
00:38:35Sur M. Blanchard. Moi, ce n'est pas mon collègue, donc je peux dire les choses un peu plus directement, même si j'ai étudié ce qu'il a fait aussi avec intérêt.
00:38:44Vous l'avez dit, les analyses d'Olivier Blanchard ont conduit à une des plus graves erreurs dans la conduite de la politique économique que le début du XXIe siècle a connu,
00:38:52c'est-à-dire que la Grèce a consolidé dans des proportions catastrophiques, ruinant son économie, ruinant sa population, à partir de chiffres du FMI et de M. Olivier Blanchard,
00:39:03dont il a reconnu ex post qu'ils étaient faux. Donc moi, je ne prends pas caution parce que quelqu'un dit que les choses sont conservatoires de ce point de vue-là.
00:39:10Donc nous, on table en effet sur le fait que cette politique qui cible les classes populaires notamment, dont vous savez que la proportion à consommer est plus importante
00:39:20que les hauts revenus, va nécessairement créer un effet sur la demande et sur la croissance de notre pays. Je ne sais pas si j'ai oublié une question, mais je ne crois pas.
00:39:29Sur les retraites, on a été très clair, je crois. Mais pas assez, visiblement. C'est abrogation à l'été et réflexion sur, parce que nous avons placé dans notre programme
00:39:44l'horizon de la retraite à 60 ans, réflexion pour faire en sorte que nous ayons une proposition débattue avec les partenaires sociaux. On ne va pas faire...
00:39:53Je veux dire, on a suffisamment critiqué Macron sur la brutalité de ses méthodes pour poser sur une réforme si engageante, on se remette tous autour de la table.
00:40:00Donc l'idée, c'est discussion, concertation sociale sur la retraite, sur l'horizon de la retraite à 60 ans.
00:40:07Solenne Pouli.
00:40:11Je suis assez étonné sur la question confiscatoire. Parce que si vous regardez bien ce que nous proposons d'un point de vue fiscal, en réalité, ça revient à dire que les revenus du capital
00:40:20doivent être imposés comme les revenus du travail. Et que je sache, on ne nous accuse pas aujourd'hui d'avoir des mesures confiscatoires sur le revenu du travail.
00:40:28Donc je suis très étonné. Je vous rappelle quand même cette étude d'IPP, l'Institut de politique publique, faite avec Bercy l'an dernier, qui montre que les 175 milliardaires
00:40:36de ce pays ont une imposition sur le revenu qui est bien en dessous de 2%. Quand, par exemple, des salariés qui sont dans la tranche des 1% les plus riches, eux sont imposés à près de 50%.
00:40:50Donc le moins qu'on puisse dire, c'est que oui, nous le revendiquons. C'est de prendre quand même un peu plus à ceux qui n'ont aucune mesure confiscatoire aujourd'hui,
00:40:56parce que pour le coup, ils sont sur des taux marginaux d'impôt qui sont quasiment nuls. Donc nous le revendiquons ainsi.
00:41:02Solène Poulenac pour Les Echos. Un suivi sur la question de mon collègue Renaud. Donc vous ne dégradez pas le déficit, mais est-ce que vous avez quand même pour objectif de l'améliorer alors qu'on est en procédure de déficit excessif ?
00:41:18Deuxièmement, sur la question des retraites, est-ce que vous pourriez être un peu plus précis sur combien coûte l'abrogation de la réforme des retraites de 2023 ?
00:41:28Est-ce que dans cette abrogation, vous comptez remettre en cause l'assouplissement du dispositif des carrières longues et également l'augmentation du minimum contributif ?
00:41:37Et sur le coût quand même d'une abrogation de la réforme, enfin d'un retour de la retraite à 60 ans, est-ce qu'il doit être compris dans votre programme ou pas ?
00:41:48Et avec quelle fourchette peut-être que vous pourriez nous donner pour avoir une idée ?
00:41:54Bonjour. J'enchaîne. Pardon d'insister, mais est-ce que vous pourriez nous donner le chiffrage global de votre programme ?
00:42:01Parce qu'en effet, il y a eu des débats entre Valéry Rabault, entre Jean-Luc Mélenchon. Chiffrage, donc, s'il vous plaît, à 2027 et à l'horizon 5 ans.
00:42:09Par ailleurs, vous aviez beaucoup critiqué à l'automne dernier, et a priori, enfin a posteriori, les chiffres vous ont donné raison, les prévisions de croissance du gouvernement.
00:42:18Sur quelles prévisions basez-vous votre programme pour 2024 et 2025 ? Merci.
00:42:26Pardon. Ici, Elsa Conessa, au Monde. Je voulais vous demander juste, est-ce que vous tenez compte des stratégies d'optimisation des acteurs économiques dans la partie recette,
00:42:35finalement, ce que vous allez taxer davantage les grandes fortunes et les grandes entreprises ?
00:42:39Mais ce sont par définition des acteurs économiques qui s'ajustent, en fait. Les masses fiscales, elles bougent. Elles partent à l'étranger. Les fortunes se déplacent.
00:42:46Est-ce que vous avez tenu compte de ce qui peut se produire et dans la façon dont vous avez calculé vos recettes ?
00:42:52Et sur l'alignement capital-travail, M. Coquerel disait on va aligner la fiscalité du capital sur celle du travail.
00:42:59François Hollande avait essayé de le faire en 2012. Selon vous, pourquoi est-ce que, finalement, il n'a pas réussi ? Merci.
00:43:10Bonjour. Avez-vous arrêté le barème de l'impôt sur le revenu, les 14 tranches que vous voulez instaurer ? Même question pour la CSG et celui sur la taxation des transmissions.
00:43:25Bonjour. Quelles sont les niches fiscales polluantes que vous comptez abroger et combien elles vous rapporteraient une par une ? Merci.
00:43:40Peut-être d'abord sur les unes par unes. Vous serez remis au terme de cette discussion des choses détaillées.
00:43:48Je pense que vous aurez de quoi répondre à cette question sur le côté une par une. Pour la question qui portait sur Valéry Rabot, je redis les 3 bornes que nous avons données.
00:43:5925 milliards cette année, 100 milliards fin 2025, 150 fin 2027. En fait, vous voyez, fin 2027, Éric a donné les précautions d'usage puisqu'il a dit qu'il y avait une élection présidentielle
00:44:12de prévu normalement au 1er semestre 2027 et que donc, évidemment, la borne fin 2027 est un petit peu différente. Mais donc, si on regarde le 100 milliards en 2025 et même la trajectoire
00:44:222026-2027, on est autour en 2026 de 125 si on fait une moyenne. Et donc, on se rend compte qu'on est en fait dans une proximité avec le chiffrage qui a été proposé par Valéry Rabot.
00:44:34On est dans le même ordre de grandeur de ce qu'elle a proposé en sachant qu'on a évidemment affiné, c'était quand même l'objectif de ce travail commun, affiner les choses de ce point de vue-là.
00:44:46Voilà pour ce point-là. Je suis désolé parce qu'il y a eu beaucoup de questions. Le chiffrage global, 25, 100, 150. Alors, les recettes, on l'a présenté, les recettes couvrent les dépenses à chaque fois.
00:45:03C'est ce que j'essayais de vous dire tout à l'heure sur le schéma conservateur que nous avons eu. Nous n'avons pas considéré que la croissance couvrait une partie des dépenses. Nous avons mis en face des dépenses des recettes.
00:45:19Sur la question qui était posée sur est-ce qu'on a prévu les stratégies d'optimisation des acteurs économiques, je prends un exemple pour l'illustrer. C'est l'imposition Zucman telle qu'elle a été présentée par Eric Coquerel.
00:45:30C'est l'imposition Zucman justement par définition comme elle s'appuie sur les chiffres d'affaires générés dans les différents pays pour établir le niveau de fiscalité.
00:45:40Donc, en fait, elle permet d'éviter un certain nombre de phénomènes qui permettent aux entreprises de se soustraire à l'impôt. Donc, on a un certain nombre de mécanismes qui existent et qui nous permettent d'éviter ce type de phénomène.
00:45:54Voilà, je ne sais pas s'il y a d'autres. Vas-y, je t'en prie, vas-y.
00:45:58Il y a une question sur les PME, TPE. Je crois. Tout à l'heure qui a été posée, on n'a pas répondu. On a répondu hier avec Boris Vallaud puisqu'on était invité par le MEDEF.
00:46:12Nous, très clairement, nous considérons pour aller vite que la préoccupation, on va dire, d'entreprises cotées en bourse, par exemple, dont la valeur de leur entreprise dépend très souvent de la valeur des dividendes versés aux actionnaires,
00:46:29n'est pas la même que la plupart des chefs d'entreprise de ce pays, TPE, PME, que nous mettons plutôt du côté de ceux qui produisent des richesses et qui veulent avant tout faire en sorte d'avoir des parts de marché,
00:46:41d'avoir des bons de commande, y compris pour la plupart d'avoir des salariés plutôt bien payés, ne serait-ce que pour qu'ils restent dans l'entreprise.
00:46:49Le programme que nous mettons sur place, il est en faveur des salariés, en faveur de tous ceux qui vivent de leur force de travail, mais si on y regarde bien, il est aussi en faveur de ces TPE, PME.
00:46:59D'une part parce que nous allons depayer la demande intérieure à partir du moment où nous mettons plus d'argent sur les salaires, sur les pensions, sur tout ce qui, en gros, récompense le travail,
00:47:16et aussi parce que nous allons prendre des mesures, notamment sur la diversification écologique, qui vont permettre à l'État d'être de nord d'ordre quelque part, c'est-à-dire de produire, là aussi, des montants assez importants qui vont permettre à ces entreprises aussi de répondre.
00:47:32Quand, par exemple, vous faites beaucoup plus de rénovation thermique, c'est assez simple de comprendre que ça peut satisfaire le bâtiment.
00:47:38Donc par les deux biais, en réalité, nous allons remplir leur carnet de commandes. Et comme la question nous a été souvent posée, mais qu'elle n'est pas posée ici, comment allons-nous faire pour les quelques secteurs qui sont plus réduits, quand on le dit en réalité ?
00:47:49Il y a une étude d'un économiste récemment qui est important, qui auront peut-être du mal à passer le cap des premiers mois, voire des premières années, à partir du moment où il y aura l'augmentation du SMIC et des salaires indexés sur l'inflation,
00:48:01par rapport au prix du travail, qui peut être trop important en attendant que les effets multiplicateurs de notre politique se mettent en place.
00:48:09Aujourd'hui, il y a 223 milliards d'aides en tous genres aux entreprises. C'est un chiffre de France Stratégie 2019, entre exonération et aides directes, etc., crédit d'impôt.
00:48:19Nous, nous disons qu'il va falloir qu'au fur et à mesure, nous remettions à place ce dispositif pour aider les entreprises qui en ont besoin, parce qu'elles créent des emplois, parce qu'elles payent des salaires importants,
00:48:28parce qu'elles respectent l'égalité salariale homme-femme, etc., etc., et que l'argent, par contre, que nous prendrons aux entreprises qui n'ont pas besoin d'être aidées,
00:48:36parce que, pour partie, ils le recyclent plutôt en dividendes plutôt qu'en investissement et dans l'emploi, eh bien, ça nous permettra d'aider prioritairement ces secteurs,
00:48:44que ce soit par un crédit gratuit, que ce soit par des subventions. On va voir encore les mécanismes, mais de ce point de vue-là, ça les aidera grandement à passer ce cap. Merci.
00:48:54Oui, je voulais juste vous dire un mot sur les niches fiscales néfastes au climat, parce que c'est un sujet, effectivement.
00:49:00D'abord, c'est compris dans les 25 milliards d'économies que... et donc de recettes que nous avons affichées dans le programme, mais surtout, il y a des mesures que nous pouvons prendre immédiatement,
00:49:14par exemple, sur l'aérien, effectivement, avec les exonérations de TICP sur le kérosène, sur les vols intérieurs ou les ATV à taux réduit sur les billets d'avion.
00:49:24Ça peut être immédiat et c'est nécessaire vis-à-vis de la concurrence, vis-à-vis du train, puisque, aujourd'hui, le train est défavorisé par rapport au trafic aérien.
00:49:33Mais pour l'ensemble des niches fiscales néfastes au climat et, en particulier, celles qui concernent des secteurs professionnels, je pense à la pêche, à l'agriculture, par exemple,
00:49:42eh bien, nous aurons une réduction progressive et concertée.
00:49:46Par exemple, on peut recentrer les exonérations sur la pêche côtière au détriment du chalutage et nous serons aussi dans une logique de compensation pour certaines,
00:49:59parce que l'important, c'est de décourager la consommation d'énergie fossile, mais ne pas déstabiliser les secteurs.
00:50:05Donc, nous avons une approche à la fois progressive et raisonnée de cette réduction des niches fiscales polluantes.
00:50:13On prend l'air des tours de questions. Vous n'avez pas la parole à l'intérieur.
00:50:19La taxation du capital, c'était sur le fait que François Hollande avait essayé d'aligner la taxation du capital sur celle du travail. Merci.
00:50:38Et également sur le barème, je ne suis pas sûr que vous ayez répondu.
00:50:50Bonjour, William Harbin de Bloomberg News. Juste une question. Est-ce que vous avez chiffré l'impact de l'augmentation du SMIC sur l'inflation ?
00:51:07Bonjour, Alban Chrétien pour l'Humanité. En 1936, l'accession au pouvoir du Front populaire, couplée au mouvement de grève historique conduit par la CGT,
00:51:15permet pour la première fois aux travailleuses et aux travailleurs du pays de bénéficier des congés payés. Ma question est la suivante.
00:51:21Est-ce que vous auriez une grande mesure symbolique à soumettre aux Françaises et aux Français aujourd'hui concernant le temps de travail ou les congés payés ? Merci.
00:51:29Thierry Farbe du magazine Challenge. J'ai une question sur la méthode. Moi, je m'attendais à des choses extrêmement précises sur toutes vos mesures, un peu comme l'a fait Valérie Grabeau dans les échos.
00:51:39Alors, est-ce qu'on aura quelque chose de précis ensuite ? Vous voyez, je ne sais pas, la hausse des APL, la hausse du traitement du point d'indice des fonctionnaires.
00:51:46A combien vous l'évaluez ? Moi, je pensais que c'était ça qu'on allait savoir aujourd'hui. Donc, peut-être, on le saura après.
00:51:51L'autre point sur les retraites. Je suis étonné sur le fait que vous ne donniez pas votre objectif 60 ans avec le nombre d'annuités.
00:52:00Thomas Piketty, qui a participé, je crois, au programme, a récemment dit que ce sera avec 43 annuités.
00:52:06C'est assez fondamental de savoir si c'est 43 ou 45. Même si je comprends que ça va être négocié avec les partenaires sociaux, est-ce que vous pouvez quand même donner un cap ?
00:52:16Et dernier point, remarque à Mme Cagé. Je fais partie du magazine « Challenge » qui publie cette étude des 500 plus grosses fortunes.
00:52:24Effectivement, on a vu que ça a totalement explosé dans ces dernières années. Sauf que l'ISF n'a pas explosé parce que ces gens-là détiennent des fortunes professionnelles.
00:52:34Donc, ils sont exonérés d'ISF puisqu'ils ne taxent pas l'outil de travail. Est-ce que ça veut dire que vous allez taxer l'outil de travail dans l'ISF ?
00:52:44Juste, je remarque votre appétit du moindre détail. Il faut remarquer que nous sommes aujourd'hui la seule force politique à vous présenter un budget
00:52:59avec des dépenses estimées année après année et avec des recettes en expliquant où on va le chercher.
00:53:05Donc, j'espère que vous allez poser les mêmes questions aux deux autres rassemblements qui se présentent, que ce soit le camp macroniste ou le rassemblement national.
00:53:15Quelque part, le camp macroniste, d'ailleurs, on a le chiffrage. C'est la loi de programmation des finances publiques dont absolument tout le monde,
00:53:21y compris le haut commissaire aux finances publiques, explique que ce n'est absolument pas crédible. Donc, de ce point de vue-là, on est assez tranquille.
00:53:29C'est-à-dire que nous, sans les services de Bercy à notre disposition, avec très peu de temps puisque la dissolution date d'il n'y a même pas deux semaines,
00:53:38nous avons établi un budget. On ne vous donne pas effectivement tous les détails ici, mais croyez-nous, nous avons travaillé jour et nuit pour les établir.
00:53:45Et d'ailleurs, très sincèrement, on ne partait pas de rien parce que ça fait deux ans qu'en réalité, on continue à travailler ensemble à l'Assemblée,
00:53:51à être capables de produire des contre-budgets. Mais pour vous répondre, oui, nous avons dans le détail, mais sans...
00:53:59J'entendais tout à l'heure Éloi Laurent qui parlait de la crédibilité, sans l'assurance qu'à la virgule près, nous sommes exactement les pièges.
00:54:07Nous avons dans le détail ce qui nous permet aujourd'hui de vous donner ces chiffres. Voilà. Ça, c'est la première chose.
00:54:12Et la deuxième chose sur la question, j'allais dire, qui renvoie à la question des déficits, et notamment aux chiffres qui sont annoncés.
00:54:21Nous, pour aller vite, notre logique, ce n'est pas de financer notre programme par une augmentation des déficits. Voilà. Ce n'est pas l'organisation prioritaire.
00:54:31À la fois, on ne se fixe pas dans l'idée que les taux maastrichtiens soient quelque chose qui corsètent complètement nos propositions.
00:54:41Par exemple, je vous fais remarquer que ce qui est avancé aujourd'hui par le gouvernement pour l'année prochaine, tous les économistes,
00:54:46et le FCE l'a calculé, je crois, à 0,2 %, expliquent que quand vous baissez la dépense publique une année, vous avez un reflux d'activité économique.
00:54:53En réalité, c'est un effet récessif, dont gare à suivre exactement à la virgule près les exigences de ce point de vue-là de Bruxelles.
00:55:02Mais pour être très clair avec vous, à la fois par les rentrées fiscales et, effectivement, l'effet multiplicateur sur lequel nous comptons
00:55:09et que nous n'avons pas, par volonté de crédibilité mise en place dans notre programme et dont nous savons qu'il va le nourrir,
00:55:16nous ne finançons pas, de manière, j'allais dire, prioritaire, la question de notre programme par l'augmentation des déficits.
00:55:24Et de ce point de vue-là, je vous tiens à une chose. Je pense que nous ferons mieux que ce gouvernement actuel.
00:55:28Parce que je vous rappelle que si les déficits ont augmenté depuis 2017, ce n'est pas parce que les dépenses publiques ont augmenté.
00:55:34Et là, je me réfère à François Eccal, qui n'est pas vraiment un économiste antilibéral, mais qui, devant la commission d'enquête sur la dette,
00:55:41feu commission d'enquête, puisqu'elle a été arrêtée du coup, a expliqué qu'effectivement, il confirmait que, depuis 2017,
00:55:48le déficit augmente, hors dépenses Covid qui est à mettre à part, par la baisse des recettes.
00:55:52Et de ce point de vue-là, on y remédie, comme vous l'avez vu.
00:55:56Je voulais enfoncer le clou sur ce que vient de dire, très justement, Eric Coquerel.
00:56:00Vous êtes très exigeant avec nous, et c'est parfaitement normal, parfaitement légitime.
00:56:03D'ailleurs, un document va vous être transmis qui contient tous les détails et toutes les précisions que vous nous demandez.
00:56:11Je voudrais quand même insister sur ce point.
00:56:13Nous sommes effectivement les seuls à avoir présenté un programme et un chiffrage de ce programme.
00:56:18Les seuls.
00:56:19Et qui avons-nous face à nous ?
00:56:20Nous avons des macronistes qui, à défaut d'avoir un projet, ont un bilan.
00:56:24Ce bilan, on l'a dit, c'est la ruine du pays.
00:56:27Et c'est, par ailleurs, des mensonges, y compris sur les prévisions budgétaires qui avaient été présentées.
00:56:32Il y a d'ailleurs une mission flash du Sénat qui a été commandée par la commission des finances,
00:56:37qui a été menée par des gens de droite et de gauche, enfin, surtout de droite, vu qu'on est au Sénat,
00:56:42et qui a prouvé, sur la base de contrôle, sur place et sur pièce,
00:56:45que le gouvernement a menti sur les prévisions budgétaires.
00:56:48Donc je veux bien qu'on accorde une crédibilité considérable à des gens qui ont littéralement menti sur les prévisions budgétaires.
00:56:54Mais enfin, tout cela me paraît quand même curieux.
00:56:57Et nous avons face à nous, par ailleurs, l'extrême droite, le Rassemblement national,
00:57:02dont le programme change tous les jours.
00:57:04Je veux bien qu'on nous explique que leur programme est très crédible aussi.
00:57:07Ils changent tous les jours.
00:57:09Les jours pairs, ils sont favorables à l'abrogation de la réforme des retraites.
00:57:12Les jours impairs, sans doute parce que M. Ciotti a trop parlé à l'oreille de M. Bardella, ils sont contre.
00:57:18Les jours pairs, ils sont favorables à la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
00:57:23Les jours impairs, ils sont contre.
00:57:25Donc évidemment, il est difficile de chiffrer un programme qui change tous les jours.
00:57:29Pour ce qui nous concerne, nous, nous avons une cohérence, nous avons une trajectoire,
00:57:33et je crois qu'elle a été présentée clairement.
00:57:35Mais une fois de plus, la politique, ça ne change pas.
00:57:39Mais une fois de plus, la politique, ça n'est pas de l'absolu, c'est du comparatif.
00:57:44Donc je veux bien qu'on regarde ce que chacune et chacun fait dans cette campagne.
00:57:48Mais je crois que s'il y a bien un bloc qui, dans le cadre de cette campagne,
00:57:53est sérieux et prend les électeurs pour des gens intelligents,
00:57:57c'est nous, et je crois que nous en avons fait la démonstration.
00:58:02Je vais juste répondre sur Challenge et la taxation des plus grandes fortunes,
00:58:07parce que je n'ai pas été suffisamment claire tout à l'heure
00:58:09quand je disais qu'un des défauts qui expliquait aussi la facilité de la suppression de l'ISF en 2007,
00:58:15c'était le fait que son assiette était complètement trouée.
00:58:17Avec le nouvel ISF qui va être réintroduit, nous n'aurons plus une assiette trouée,
00:58:21c'est-à-dire que l'ensemble des biens seront taxés, ce qui évitera aussi d'ailleurs,
00:58:25et ça répond à d'autres questions et préoccupations qu'il y a eu ici,
00:58:28des comportements trop forts d'optimisation fiscale.
00:58:31Ça, c'est extrêmement important.
00:58:32Puis quand même, la deuxième chose par rapport à ce que vient de dire Yann Brossat,
00:58:35il y a une chose qui ne disparaît pas du programme du Rassemblement national,
00:58:38c'est le fait qu'ils veulent supprimer l'impôt sur la fortune immobilière,
00:58:42et ça, il faut quand même insister dessus, parce qu'il n'y a pas beaucoup de points dans leur programme,
00:58:45mais celui-là, ils y tiennent, avant même d'ailleurs de commencer à parler à Éric Ciotti,
00:58:49comme quoi c'était aussi un peu dans leur ADN, mais ça remonte à loin.
00:58:52Il y a 30 ans de cela, Jean-Marie Le Pen voulait supprimer l'impôt sur le revenu.
00:58:57Là, ça ferait un peu tâche quand même.
00:58:58Maintenant, ils veulent supprimer l'impôt sur la fortune immobilière.
00:59:01Donc en fait, ils veulent aller encore plus loin, d'une certaine manière, qu'Emmanuel Macron,
00:59:04dans des politiques anti-redistributives en termes de justice sociale et en termes de justice fiscale.
00:59:11Ils ont très peu de recettes, de ce point de vue-là, pour financer leur programme de dépenses.
00:59:15Là où, et c'est ça aussi qui fait la cohérence, et c'est un peu ce que disait Éloi tout à l'heure,
00:59:20il va y avoir dans le programme qui est présenté aujourd'hui par le Nouveau Front Populaire,
00:59:25des recettes qui sont mises en face de chaque dépense.
00:59:29Et c'est ça qui fait sa crédibilité.
00:59:31Et c'est quand même assez important aujourd'hui d'avoir cet exercice d'échange avec vous,
00:59:36pour justement établir à la fois la crédibilité du point de vue des recettes
00:59:39et la crédibilité du point de vue des dépenses.
00:59:42Exercice, je pense, qu'on est ravis de faire, y compris les économistes ici,
00:59:46mais qu'on ne demande pas de faire assez étonnamment, ni au Rassemblement national, ni au pouvoir en place.
00:59:54Juste un mot sur la dette.
00:59:56Là, c'est le procès qui est toujours fait à la gauche du non sérieux économique.
01:00:01Je voudrais quand même rappeler que, si vous remontez sur une bonne trentaine d'années,
01:00:05c'est à chaque fois sous les gouvernements de droite que la dette se creuse.
01:00:09C'est sous Balladur, c'est sous Sarkozy, c'est sous Macron.
01:00:13Et les comptes publics, au contraire, soit se dégradent moins, soit s'améliorent avec la gauche.
01:00:20Donc, bien avoir ça en tête, parce que la logique, quand même, qu'il y a derrière les programmes de droite,
01:00:26c'est un recul de l'état social, la marchandisation du maximum d'activités économiques.
01:00:32Donc, on organise la baisse des recettes.
01:00:35Ensuite, on agite le chiffon rouge de la dette en disant, les déficits explosent, la dette explose.
01:00:40Ah, il faut faire des économies.
01:00:43Et on tape dans les dépenses sociales.
01:00:45On a eu un magnifique exemple avec Emmanuel Macron.
01:00:47La réforme des retraites, la réforme de l'assurance chômage sont justifiées par ça.
01:00:52Donc, en termes de sérieux, je crois qu'il faudrait regarder la réalité de la situation.
01:01:00Et en matière de dette, évidemment, le programme du Nouveau Front Populaire, ça a été dit, ça a été répété.
01:01:07On peut chipoter sur la virgule du milliard, ou s'il y en a 2 milliards en trop ou 4 en moins, mais ce n'est pas ça, la question.
01:01:13La question, c'est quelle trajectoire ?
01:01:15Comment on redonne confiance ?
01:01:17Comment on redonne du pouvoir de vivre aux gens ?
01:01:19Comment on redonne des perspectives à nos entreprises ?
01:01:25Je voudrais juste répondre aux questions nombreuses qui n'ont pas été posées sur la question de l'écologie.
01:01:31Parce que moi, je suis très étonné qu'il n'y ait pas une question qui porte sur la crédibilité,
01:01:36qui, pour moi, est peut-être la plus importante au XXIe siècle, qui est la question écologique.
01:01:41Et en plus, c'est en lien avec l'enjeu européen.
01:01:44Je voudrais juste dire que c'est un programme qui, à chaque étape, à chaque moment, met la question de l'écologie absolument au centre.
01:01:51C'est totalement insincère et incrédible de construire un programme économique sans avoir comme priorité le fait que la biosphère est en train de s'effondrer par endroits.
01:02:02C'est absolument fondamental de mettre ça comme chance et comme élément de structuration avec la planification écologique,
01:02:09plutôt que comme épouvantail en expliquant que c'est un problème qui va perturber le niveau de vie des gens.
01:02:14Et je voudrais simplement faire un lien avec les élections européennes qui, après tout, viennent de se produire.
01:02:19Il y a une certitude qui émerge de ces élections, c'est que le pacte vert européen est pour longtemps l'acte structurant du projet européen,
01:02:28au moins pour les dix prochaines années, et que vraisemblablement, la personne qui va être reconduite à la tête de la Commission européenne
01:02:33est la personne qui a présenté le pacte vert en décembre 2019.
01:02:37Un programme qui prend cet enjeu climatique et écologique au sérieux, c'est un programme qui est crédible sur le plan européen.
01:02:44Les programmes qui considèrent qu'ils peuvent faire abstraction de la question climatique, ou l'instrumentaliser,
01:02:49ou instrumenter la question sociale contre l'enjeu environnemental, au niveau européen, ça ne tient pas la route.
01:02:55Donc je pense que cette question écologique, elle est non seulement importante en soi, compte tenu du contexte,
01:03:00mais aussi dans le contexte européen. Ça, c'est vraiment quelque chose qui me semble important.
01:03:05Merci beaucoup. On va arrêter là.

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