7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Législatives: Gabriel Attal peut-il sauver la majorité?

  • il y a 4 mois
Ce jeudi 20 juin, Gabriel Attal a présenté le programme d'Ensemble pour les législatives lors d'une conférence de presse. "[Gabriel Attal] est le seul qui peut permettre à notre majorité d'avoir un peu d'oxygène", déclare Patrick Vignal, député sortant Renaissance de la 9e circonscription de l'Hérault. Il était l'invité du 7 minutes pour comprendre dans Première édition.

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Transcription
00:00Le plateau de première édition, il est pratiquement 8h15, le 7 minutes pour comprendre si Gabriel Attal peut sauver son camp.
00:12On va en parler en plateau avec Mathieu Croissanteau et Patrick Vignal, député sortant de l'héros qui est avec nous à distance.
00:17Bonjour Patrick Vignal, avant de venir vers vous, pourquoi on se pose cette question ?
00:20Parce que Gabriel Attal a fait de la bataille des législatives une affaire personnelle.
00:25Il demande aux Français de le choisir comme Premier ministre. Écoutez.
00:30Ce n'est pas une élection présidentielle, c'est une élection législative.
00:32Et effectivement, l'élection législative, elle vise à constituer une majorité au Parlement et donc désigner un Premier ministre.
00:38Et on voit bien qu'il y a aujourd'hui trois choix, trois blocs.
00:42Vous avez d'un côté l'extrême droite et son alliance avec Jordan Bardella, l'alliance de LFI-NUPES avec Jean-Luc Mélenchon,
00:49et puis moi qui mène cette majorité. Effectivement, je suis Premier ministre et je porte cette campagne.
00:54Gabriel Attal est donc le chef de la campagne. Patrick Vignal, est-ce que vous l'avez mis sur votre affiche de campagne, Gabriel Attal ?
01:01Moi, je n'ai pas mis Gabriel Attal sur ma fiche. J'ai fait mieux. Il est venu faire quelque chose chez moi et donc il intervient auprès de jeunes.
01:09Mais parlons plutôt du national. C'est le seul qui peut permettre à notre majorité d'avoir un peu d'oxygène.
01:16Vous savez, les Français sont en colère. Ils sont en colère contre le président de la République.
01:21C'est leur choix. Mais la colère ne fait pas une élection de Gabriel Attal à cette jeunesse.
01:27Et c'est un politique dont, oui, moi, je suis fier qu'il porte le fer contre les oppositions dans cette campagne.
01:34Donc, vous ne l'avez pas mis sur votre affiche de campagne, mais franchement...
01:37Je l'ai mis dans mon programme.
01:40Oui, oui, d'accord, d'accord, d'accord. Ça, c'est les éléments de langage.
01:43Mais est-ce qu'on vous en parle dans votre campagne de Gabriel Attal ?
01:47Oui, vous savez, dans ma campagne, on me parle de Gabriel Attal et on me parle par contre du président de la République.
01:54Les gens sont en colère contre lui.
01:56Mais je voudrais dire à certains de mes collègues qui ont été élus grâce à Emmanuel Macron,
02:00et vous le savez que j'ai une parole libre en étant loyal et qui aujourd'hui déline sur le président.
02:05Le vrai débat aujourd'hui, au lieu de régler des comptes, on s'occupe des Français.
02:10Et moi, ce que je constate, c'est qu'en fait, avec toutes les crises qu'on a eues,
02:14certains Français ne sont plus des citoyens, ils sont devenus des consommateurs de la République.
02:20Et vous avez des oppositions qui sortent leur doige magique en disant qu'on va raser gratuit demain.
02:26C'est cela qui déshonore, je trouve, la politique en ce moment.
02:30Mais franchement, parlons de la campagne du camp du président de la République.
02:34Vous faites allusion à Édouard Philippe qui a dit hier chez nos confrères de LCI que Macron avait tué la majorité présidentielle.
02:41Vous dites que ce n'est pas très élégant. Vous dites quoi ?
02:44Moi, je dis que la décision du président de la République, ça concerne sa décision.
02:49Mais on y est dans le ruisseau aujourd'hui.
02:51Après, si vous voulez, Édouard Philippe dit que le président a tué sa majorité.
02:55Oui, il a tué sa majorité actuelle.
02:58Mais la politique, c'est certes des codes et un métier.
03:02Mais moi, je n'ai pas un CDI.
03:04On va se représenter devant les électeurs et peut-être qu'on va trouver ce qu'on n'a pas trouvé.
03:09On a été incapables de trouver des forces communes.
03:13Vous savez, je vous fais une confidence.
03:15J'ai pris le café, Fabien Roussel, juste avant les européennes, avec Dominique Potier, avec Charles de Courson.
03:21J'aurais dit, moi, j'ai honte de faire de la politique.
03:24Ça suffit maintenant, ce bac à ça de qu'est l'Assemblée nationale.
03:27Vous aviez une partie des Insoumis dans la fureur.
03:30Le Rassemblement national, costume, cravate, poli, qui attendait que les fruits tombent de l'arbre.
03:36Je ne me suis pas engagé pour ça.
03:38Nous n'avons pas su rassembler et certaines oppositions n'ont pas voulu.
03:42Le vrai débat, c'est aujourd'hui.
03:44C'est de dire aux Français, pour la retraite, qu'est-ce qu'on fait ?
03:47Pour le pouvoir d'achat ?
03:48Mais le problème que l'on a, cher monsieur, c'est que quand vous avez un bilan économique, ça ne vous fait pas élire.
03:54Donc l'ardoise magique et les promesses qui n'ont pas de sens, c'est à nous d'aller sur le terrain
03:59pour montrer que Gabriel Attal est peut-être celui qui peut amener la France vers un horizon un peu plus grand.
04:06Le problème que vous avez, on le comprend à travers ce que vous dites, c'est Emmanuel Macron.
04:10Il y a une volonté claire et nette affichée d'invisibiliser le président de la République.
04:14Expliquez-nous un peu pourquoi ?
04:16Parce que Gabriel Attal, d'accord, ça ne fait que quelques mois qu'il est Premier ministre,
04:19mais malgré tout, il a toujours été dans le paysage politique de la Macronie.
04:21Pourquoi est-ce qu'il n'est pas comptable du bilan présidentiel ?
04:24Et pourquoi c'est Emmanuel Macron qui pâtit de ce manque de popularité ?
04:28C'est quoi ? C'est une question de personne, de personnalité ?
04:32Mais vous savez, je pense qu'Emmanuel Macron, quand même, regardez toutes les crises.
04:36Et puis, c'est la France. Le deuxième quinquennat d'un président se finit toujours mal.
04:41Je vous fais une autoconfidence. Moi, j'ai fait un laissez-moi au président.
04:44J'ai dit, moi, je suis élu grâce à toi en 2017, en 2022.
04:48Moi, j'indique, tu sors par la grande porte.
04:50On a besoin que le président s'occupe de l'international.
04:53On a besoin que le président laisse bosser Gabriel Attal.
04:57C'est très souvent la présidentielle, la cinquième république, c'est l'incarnation d'un homme.
05:01Et les gens veulent une équipe.
05:03Et je crois que Gabriel Attal a compris cela très tôt.
05:06Parce que vraiment, je le vois sur le terrain, les gens m'engueulent, m'empaillent, comme on dit.
05:11Mais quand je parle de Gabriel Attal, ah, il y a une différence.
05:14Gabriel Attal, et c'est la vie politique, il incarne une nouvelle.
05:18Dans l'autre camp, c'est Jean-Luc Mélenchon.
05:20Jean-Luc Mélenchon est devenu un véritable repoussoir.
05:23Regardez, Jordan Bardelin est en train de voter la vedette à Marine.
05:27Mais quand même, la politique, ce n'est pas un concours de beauté ou de jeunisme.
05:31La politique, c'est du fond.
05:33Donc nous, si vous voulez, aujourd'hui, on est dans une difficulté.
05:36Moi, je ne veux pas parler des oppositions.
05:38Je veux parler qu'aujourd'hui, la réforme des retraites, aujourd'hui,
05:41il y a de moins en moins de gens qui cotisent.
05:43Il y a de plus en plus de gens qui vieillissent.
05:45Et notre natalité est en train de tomber.
05:48Parlons de sujets concrets, et peut-être qu'on va s'en sortir.
05:51M. Coissandot, est-ce qu'il est l'homme de la situation, Gabriel Attal ?
05:54Il est l'homme de la situation dans la majorité.
05:56Il n'y en avait pas tellement d'autres.
05:57Il aurait pu y avoir Édouard Philippe, François Bayrou.
05:59Mais d'ailleurs, je le trouve un peu seul.
06:01Comme Bruno Le Maire.
06:02Ils font tous campagne, en fait, dans leur circonscription.
06:04Je pense à Gérald Darmanin.
06:05Il est occupé à se faire réélire.
06:07Mais c'est lui le chef de la majorité.
06:08C'est son rôle.
06:09Il est Premier ministre.
06:10Il était affaibli par cette dissolution qui risque de lui signifier
06:13la fin de son CDD à Batignons, beaucoup plus tôt qu'il ne l'imaginait.
06:17Mais il a su retourner la situation et à la fois mener la bataille
06:20et prendre ses distances avec le Président, d'une certaine façon.
06:23Donc, en fait, il joue soit un miracle peu probable, soit la possibilité
06:27pour lui de prendre la tête du macronisme après Macron.
06:31Regardons les traits d'image testés, notamment par nos confrères
06:34des Labs pour la Tribune et BFMTV.
06:37Qui souhaitez-vous comme Premier ministre ?
06:39C'est la question que l'on a posée.
06:40Je ne sais pas si on peut avoir les chiffres.
06:42Si on ne les voit pas, je vais avoir des difficultés pour poursuivre.
06:44Moi, je peux vous les donner, les chiffres.
06:45On a posé la question la semaine dernière.
06:47Jordan Bardella arrivait en tête, 39 % de oui.
06:51Vous voyez, ce n'est pas non plus une majorité de Français.
06:53Et le deuxième, c'était Gabriel Attal, 36 % de oui.
06:57Pas très loin.
06:59Moins bien que Jordan Bardella, mais pas très loin.
07:02Et surtout, 63 % de non, pas 36.
07:05Et surtout, loin devant Jean-Luc Mélenchon, Laurent Berger
07:09ou Gérard Larcher, qui étaient d'autres hypothèses qui avaient été envisagées.
07:12En fait, il a une image, il vient d'arriver.
07:14Donc, il n'est pas encore cramé, d'une certaine façon,
07:16par l'enfer de Matignon, selon l'expression.
07:18Et puis, il a ce côté direct, cette parole.
07:22Mais ce que vous voulez dire, c'est que quelles que soient les circonstances
07:25et quels que soient les résultats du 7 juillet,
07:27Gabriel Attal a très très peu de chances de rester à Matignon.
07:30Il faudrait un miracle.
07:32Le miracle, c'est la majorité absolue.
07:33Ça n'arrivera pas.
07:35Ensuite, il y a la majorité relative.
07:37Est-ce que le camp présidentiel peut faire un meilleur score ?
07:39Aujourd'hui, il y a des sondages qui sortent qui montrent
07:41qu'il y a un frémissement pour la liste.
07:45Un frémissement.
07:46Mais en gros, tous ceux qui refusent les extrêmes,
07:48là non plus, ça ne suffira pas.
07:49L'objectif de Gabriel Attal, c'est d'apparaître aujourd'hui
07:51comme le meilleur rempart contre le Rassemblement national.
07:54C'est-à-dire d'enlever à la gauche le rôle de vote utile.
07:57De dire, le vote utile, c'est nous.
07:58C'est le camp présidentiel.
07:59Mais ça, ce n'est pas gagné.
08:00En gros, très peu de chances qu'il reste à Matignon.
08:02Mais pour lui, la possibilité, par exemple, de présider le groupe parlementaire,
08:04s'il se fait réélire.
08:05Ou de prendre le parti Renaissance à l'automne.
08:07Et à ce moment-là, de faire perdurer ce bloc central
08:10dont on se demande s'il existera après Emmanuel Macron.
08:12Et sans doute, d'engager un avenir qui sera forcément différent.
08:15Voilà, 9 jours encore évidemment de campagne avant le premier tour.
08:19Et ces journées s'annoncent forcément décisives.
08:21Merci Patrick Vignal d'avoir été en direct avec nous ce matin.

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