7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Alliances, enjeux, dates... Comment s'y retrouver dans ces élections législatives

  • il y a 3 mois
La course contre la montre pour déposer sa candidature s'est achevée dimanche à 18h pour les candidats aux législatives des 30 juin et 7 juillet dans les 577 circonscriptions, au terme d'une folle semaine de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique. La campagne officielle débute ce lundi 17 juin et durera moins de deux semaines.

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00:00Comment ne pas s'y perdre ?
00:02Dans cette circonscription des Hauts-de-Seine,
00:04les électeurs auront le choix entre le Premier ministre,
00:08le candidat de l'alliance RN-LR,
00:10un candidat de la branche historique de LR et le Front populaire.
00:14Ici, beaucoup auraient au moins aimé
00:17que le camp présidentiel et la droite s'unissent.
00:19Je trouve qu'en termes de politique, idéologiquement,
00:22ils sont assez proches.
00:23C'est la seule solution pour eux,
00:25d'essayer de s'en sortir, de se merdier.
00:28Un micmac.
00:30Mais par endroits, les alliances ont bien lieu.
00:32Le camp présidentiel renonce à présenter des candidats
00:35dans une soixantaine de circonscriptions.
00:37Notamment face à Jérôme Guedj
00:39ou encore au candidat surprise François Hollande.
00:42Le rassemblement de la gauche, il était nécessaire.
00:44Mais le rassemblement des Français, il est indispensable.
00:47Mais c'est chez les Républicains que l'éclatement est le plus total.
00:51L'alliance LR-RN, voulue par Éric Ciotti,
00:53présentera 62 candidats.
00:55Tandis que l'autre tendance du parti
00:57en présentera 400, souvent en duel.
01:00Pour moi, il n'y en a qu'un.
01:03Celui qui est parti avec le Rassemblement national,
01:08ce n'est pas LR, point final.
01:11À gauche aussi, les candidatures dissidentes se multiplient,
01:14comme pour Daniel Simonnet face à Céline Verzeletti.
01:18Bruno Cotteres, ce n'est pas facile de s'y retrouver.
01:20On va prendre camp par camp.
01:21Le camp présidentiel renonce à présenter des candidats
01:23dans une soixantaine de circonscriptions.
01:25Est-ce que c'est le signe que le camp présidentiel
01:27a intégré l'idée d'être laminé au premier tour ?
01:31Ils ont sans doute effectivement intégré l'idée
01:33que le premier tour est très, très, très difficile pour eux.
01:37Alors, ce qui n'est pas tellement lisible,
01:39c'est est-ce que ça fixe un projet politique
01:41un peu plus clair pour la majorité ?
01:44Est-ce que ça envoie un signal au fond
01:47à certaines composantes politiques d'une volonté de recomposer,
01:52d'une volonté d'essayer de trouver une majorité alternative
01:54au lendemain d'élections législatives qui seraient perdues ?
01:57Mais même ça, vous voyez, c'est quelque chose
01:59qui n'est pas très, très clair non plus.
02:00Il y a un renoncement.
02:01Voilà, l'idée de dire on peut perdre des élections,
02:04mais on pourrait essayer de trouver une majorité alternative,
02:07ça non plus, ce n'est pas extrêmement clair quand même et lisible.
02:09Est-ce que c'est aussi une façon d'espérer peut-être faire jouer
02:12un front républicain dès le premier tour ?
02:15Oui, c'est sans doute ça l'idée.
02:17C'est d'envoyer des messages à certains segments de l'électorat
02:21en disant on a un certain nombre de personnalités politiques
02:25qui sont inscrites dans certaines formations politiques
02:27qui ne sont pas membres de la majorité présidentielle aujourd'hui
02:30et qui pourraient éventuellement nous rejoindre au lendemain des élections.
02:33On va prendre deux exemples si vous le voulez bien.
02:34Oui, c'est compliqué ça.
02:35Pas de candidat du camp présidentiel face à Michel Tabarro dans les Alpes-Maritimes.
02:38Voilà, LR.
02:39Pas de candidat de la majorité face à Jérôme Guège
02:41pour l'aider face à la France insoumise.
02:44Voilà, c'est un peu l'idée de dire face à un candidat issu du Parti socialiste,
02:48face à une candidate issue des Républicains,
02:51on ne leur met pas de bâton dans les roues,
02:52on ne leur oppose pas un candidat de la majorité présidentielle,
02:55mais on n'arrive pas à dépasser des cas individuels.
02:58Ça ne constitue pas un projet politique bien assumé et bien lisible.
03:03Neyla Latrousse, est-ce que ça ne peut pas être interprété
03:06comme des petits arrangements ?
03:08Par les électeurs, j'entends bien.
03:10Si, ça peut être interprété comme tel
03:11et notamment par ces électeurs en colère
03:14qui avaient peut-être envisagé soit de ne pas aller aux urnes,
03:17soit de voter Rassemblement national,
03:20mais enfin sans grande conviction.
03:21Évidemment, ça donne l'image de petits arrangements.
03:24Ça peut aussi convaincre, cela dit,
03:27des électeurs macronistes pas très nombreux
03:29d'aller porter leur voix vers un Jérôme Guège
03:31ou vers une Michèle Tabarro,
03:32et peut-être dans un scrutin qui est compliqué
03:34parce que la participation vous permet ou non d'être au second tour,
03:38dans des scrutins compliqués,
03:39de donner un petit coup de pouce,
03:41100, 150, 200 voix de plus
03:43qui permettent à l'un et l'autre d'être au second tour
03:45face à une candidature RN.
03:47En gros, ce que disait Bruno Cotteres,
03:49de ne pas mettre des bâtons dans les roues,
03:50de lancer des dynamiques auprès de certaines personnes,
03:52ça ne permet pas de gagner, cela dit.
03:53Parce que dans tous les camps, il y a un problème de lisibilité.
03:55On va prendre, par exemple, le Nouveau Front Populaire,
03:58retrait d'Adrien Quatennens,
03:59donc on l'a entendu hier matin,
04:00mais Raquel Garrido, Alexis Corbière et Daniel Simonnet,
04:03non investis par le Nouveau Front Populaire,
04:07se présentent quand même.
04:08Sous quelle étiquette d'ailleurs ?
04:10La même ?
04:11Ils vont se présenter sous une étiquette, à mon avis, de gauche.
04:14Ils vont revendiquer, bien évidemment,
04:15leur appartenance à la gauche,
04:17mais ils vont trouver des candidats
04:18qui sont dits candidats Front Populaire face à eux.
04:21Il s'agit de candidats qui sont bien implantés.
04:24On parle de députés sortants,
04:26notamment deux dans la Seine-Saint-Denis,
04:28une à Paris, un à Marseille.
04:30On voit des candidats qui sont bien implantés,
04:33qui vont essayer de jouer la carte
04:35de leur forte présence dans leur circonscription,
04:38de leur très grande visibilité dans l'espace médiatique
04:42pour plusieurs d'entre eux.
04:43Mais là aussi, ça rend la lecture de ces élections législatives
04:46très compliquée.
04:47Tout ceci en sortant d'une semaine que nous venons de vivre,
04:50qui était une semaine, on peut le dire proprement,
04:52presque apocalyptique du point de vue de la lisibilité
04:55pour les électeurs, avec un sortiment de très haute carte.
04:57C'est ça, en pensant qu'il y aurait clarification.
04:59Or, maintenant, c'est plutôt la confusion.
05:02Quand on voit que le nouveau Front Populaire
05:05va de François Hollande à Philippe Poutou,
05:09toutes ces personnalités, ça ne fait pas une unité de programme.
05:11Alors, la clarification, elle est sur le mot d'ordre
05:13de l'ensemble de la gauche,
05:14qui est non au Rassemblement national.
05:15Ça, c'est le mot d'ordre basique.
05:16Ensuite, la cohérence, oui, là, il n'y en a pas.
05:18Il n'y a pas de cohérence entre un François Hollande
05:21et un Philippe Poutou.
05:22Il n'y a même pas de cohérence, forcément,
05:23entre un François Hollande et ses amis du Parti socialiste
05:25d'aujourd'hui, à commencer par Anthony Biaffort,
05:28avec qui il a longtemps travaillé et qui a décidé
05:29de bazarder le bilan de l'ancien président.
05:32Donc, c'est une alliance de circonstances, certes,
05:35mais parce que la gauche estime que l'heure est grave,
05:37qu'il faut absolument empêcher le Rassemblement national
05:40d'accéder au pouvoir.
05:41Mais, évidemment, du point de vue de la cohérence,
05:43des idées, dès qu'on va commencer à débattre du programme,
05:45ça va gêner plusieurs des candidats et, là, pour le coup,
05:47les électeurs ne vont pas toujours comprendre.
05:49C'est ça qui est important.
05:50L'électeur, comment l'électeur va-t-il s'y retrouver ?
05:54Est-ce qu'il ne va pas se dire, en fait,
05:56les programmes, ça a finalement assez peu d'importance ?
05:58L'essentiel, c'est tout, sauf le Front national.
06:01Pour l'instant, c'est une campagne sauf qui peut.
06:03Du côté de la gauche, du côté de la droite, du côté du centre.
06:05Le sujet, c'est passer le premier tour.
06:07Je vous parie qu'au 1er juillet, on se retrouvera
06:10avec des mots d'ordre complètement différents
06:13une fois le premier tour passé.
06:14C'est-à-dire ?
06:15C'est-à-dire, par exemple, je vous parlais des désistements.
06:17Si Michel Tabarro arrive en tête dans les Alpes-Maritimes
06:20face à un rassemblement national,
06:21vous pouvez, là, avoir plus clairement des appels au Front républicain.
06:24Est-ce que ça fonctionne ? C'est encore autre chose.
06:26Mais là, pour l'instant, la seule façon de présenter les choses,
06:29c'est de dire, bon, vote utile.
06:32C'est ce que dit Emmanuel Macron.
06:33On n'investit pas là où il y a risque de division.
06:36Après le premier tour de la présidentielle,
06:38c'est une nouvelle campagne qui se joue.
06:39Ce sera, en quelque sorte, 577 petites présidentielles
06:44avec un candidat d'un bloc, un candidat d'un autre bloc.
06:47Et c'est là où on verra encore les équilibres bouger,
06:49et notamment des gens qui disent aujourd'hui
06:51« Jamais le Front républicain ! Appelez au vote républicain ! »
06:53Le retour, sans doute, du Nini aussi.
06:55Vous vous souvenez, en 2022,
06:57il y avait Jean-Michel Blanquer qui avait dit
06:58« Moi, je ne choisis pas entre les deux. »
07:00Et c'est là qu'on verra la tectonique politique
07:01se réorganiser d'une certaine façon.
07:04Est-ce que le risque, ce n'est pas de voir,
07:06au soir du second tour, finalement trois blocs
07:10et une France ingouvernable ?
07:13Trois blocs, sans aucun doute.
07:14Tout va dépendre du poids de chacun de ces blocs.
07:17S'il y en a un qui est largement en tête,
07:19en voie et en siège,
07:21il sera quand même très difficile d'expliquer au pays
07:24que celui qui arrive en tête, en voie et en siège,
07:27on ne lui propose pas de former un gouvernement.
07:29Ça serait quand même extrêmement compliqué à expliquer au pays,
07:33d'autant si celui qui arrive en tête...
07:34Mais vous voyez les choses comment, vous ?
07:36D'autant, celui qui arrive en tête,
07:38notamment si c'est une formation de l'opposition,
07:42on voit que ça devient très compliqué pour l'exécutif
07:44qui aurait perdu deux élections de suite
07:46à quelques semaines de distance à peine
07:49et qui n'aurait plus, sans aucun doute,
07:51le ressort politique pour se retourner vers les autres
07:53en disant « c'est toujours moi qui suis, au fond, l'acteur pivot ».
07:58Le projet présidentiel, c'est sans aucun doute
08:00de faire au niveau français un peu ce qu'ils font au niveau européen,
08:03c'est-à-dire où le groupe central, en 2019,
08:06s'était imposé comme un peu le groupe pivot.
08:08Mais du point de vue de la lisibilité en France,
08:11c'est très compliqué et c'est vrai que la clarification
08:14appelée de ses voeux par le président de la République,
08:15normalement, c'est que celui qui gagne les élections,
08:18on lui confie la tâche de composer un gouvernement.
08:22Mais en 15 jours, est-ce que le camp présidentiel peut s'en sortir ?
08:25C'est compliqué parce que 15 jours, d'abord, c'est très court,
08:28il n'y a pas vraiment le temps pour les candidats
08:29de véritablement faire une campagne.
08:32On voit d'ailleurs que les différents blocs politiques
08:35proposent un peu des têtes de chapitre,
08:36quelques grandes mesures facilement mémorisables.
08:40Ou les corrigent d'ailleurs.
08:40Voilà, ou les corrigent.
08:42Bien évidemment, c'est une campagne électorale,
08:43c'est normal qu'ils affinent leurs propositions.
08:46Mais on voit qu'ils mettent en avant quelques propositions
08:49qui essayent de parler directement aux Françaises et aux Français,
08:52pouvoir d'achat, immigration, voilà.
08:56Mais effectivement, c'est très compliqué en quelques jours à peine
09:00de renverser une tendance.
09:01L'exécutif a une popularité qui, pour le moment,
09:04est relativement faible.
09:05Il vient de perdre une élection.
09:07Renverser la vapeur, renverser la dynamique.
09:09On sait que le chef de l'État aime particulièrement
09:12ce genre de défis qu'il s'est lancé à lui-même,
09:15en l'occurrence, mais compliqué.
09:17Un mot, Mathieu ?
09:18Oui, chacun va jouer d'un argument historique.
09:19C'est historique pour le RN.
09:21Jamais nous n'avons été au pouvoir, c'est notre chance.
09:23C'est historique pour la gauche.
09:25Toute la gauche est fédérée et on peut bloquer le RN.
09:28Et puis pour la majorité présidentielle, c'est historique.
09:30Mais là, c'est la raclée quand même qui risque d'être historique.
09:33Merci à tous les trois.

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