"Ils attendent beaucoup du premier match contre l'Écosse et sont dans un groupe largement à leur portée. Il y a un bon mélange entre les jeunes et les anciens"
Notre DDD allemande Polo Breitner analyse l'état d'esprit qui règne dans la Nationalmannschaft avant l'Euro.
Notre DDD allemande Polo Breitner analyse l'état d'esprit qui règne dans la Nationalmannschaft avant l'Euro.
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00:00 - Polo Breitner est avec nous, bonsoir mon cher Polo. - Bonsoir mon cher Nico, bonsoir tout le monde.
00:05 - Polo qui va nous accompagner bien sûr demain soir Allemagne-Ecosse à l'Allianz Arena.
00:12 D'ailleurs je sais pas si vous avez vu les images des supporters écossais qui ont conquis Munich,
00:17 c'est toujours très impressionnant, ça se fait marrer, on aime bien ce genre d'image.
00:20 - Ça fait marcher le commerce local. - La bière mon ami.
00:23 - Ils ont planté des poteaux de rugby au stade, c'est pas très bien compris.
00:26 - Le kilt est sorti évidemment. L'ambiance sera exceptionnelle pour ce match d'ouverture entre l'Allemagne et l'Ecosse.
00:31 Mon cher Polo, on a fait 15-20 minutes sur l'équipe de France, sur la tonalité ici chez nous, le degré de confiance.
00:37 Où se place-t-il ce degré de confiance en Allemagne ? Il est haut, il est élevé, il est comment ?
00:43 - La fièvre commence à monter tranquillement, c'est pas l'ambiance qu'on a pu connaître à d'autres moments
00:50 où on avait accusé les Allemands d'être très arrogants en disant que le titre est déjà chez nous.
00:55 Vu ce qui s'est passé ces dernières saisons, c'est un petit peu plus tranquille, c'est pas plus mal que ça d'ailleurs.
00:59 Ce que je constate, c'est qu'en fait ils attendent beaucoup ce match contre l'Ecosse.
01:03 Et de dire "bon ben si les trois points sont là, allez, le tournoi est lancé, c'est parti".
01:07 L'Allemagne a une chance extraordinaire d'être tombée dans un groupe qui est théoriquement assez facile, je mets bien théoriquement,
01:14 par rapport au groupe de la France qui est plus compliqué par exemple. - Suisse, Hongrie, Ecosse, je le rappelle.
01:19 Donc logiquement, et quand on voit l'historique avec l'Ecosse, ça n'a jamais été facile en match officiel de battre l'Ecosse.
01:26 Mais ils ont jamais perdu contre les Ecossais, encore une fois, en match officiel et pas en match amical.
01:31 Donc tout ça fait que t'as une ambiance assez bonne, tu le vois en conférence de presse, t'as même les jeunes comme Moussiala
01:39 qui a fait comprendre que son surnom "Bambi", maintenant on pouvait le laisser au vestiaire et qu'il souhaitait prendre ses responsabilités.
01:45 Et les jeunes ont fait comprendre que devant le pays, il fallait absolument être performant, etc.
01:50 Et il y a quand même sur les derniers matchs de la national manschaft des raisons d'y croire.
01:55 Ensuite, est-ce que c'est une grande sélection comme on a pu la voir les décennies passées ? Je n'en suis pas persuadé.
02:02 Il y a quand même deux joueurs, moi sur le 11 de départ, qui me dérangent chez Mittelstadt et Andrich.
02:07 Non pas qu'ils n'ont pas mérité leur sélection, mais c'est quand même des joueurs à maturité très lente.
02:13 Matulschi Mittelstadt, je le connais depuis 10 ans, si on m'avait dit un jour qu'il serait international en finale d'une compétition,
02:20 j'aurais un petit peu rigolé. Andrich, que je connais bien, parce qu'il est passé par Union Berlin notamment,
02:25 il n'est quand même pas titulaire indiscutable à Leverkusen, même s'il a fait une excellente saison.
02:31 Donc tout ça pose quelques questions, mais globalement ça va, parce qu'il y a un mélange des jeunes et puis les anciens qui sont là,
02:39 avec Tony Kroos, Manuel Neuer, évidemment, l'un des meilleurs défenseurs centraux du monde, Rudiger,
02:44 j'ai envie de dire défenseur centraux de club, parce qu'on a envie qu'ils fassent les mêmes performances en équipe nationale.
02:50 Et puis il y a quand même quelque chose d'assez nouveau, c'est que Nagelsmann, sans taper du poing sur la table,
02:56 lorsqu'il dit quelque chose, c'est ce qui se passe. Et peut-être que dans cette nouvelle ordre qui aime l'ordre justement,
03:02 l'Allemagne se reconnaît dans quelques valeurs qu'ils avaient plus ou moins perdues.
03:08 C'est Philippe Lame, tu me l'as rappelé en préparant l'émission, Polo, qui a dit récemment dans une interview
03:14 "Nous avons tout de même 18 joueurs qui ont joué les quarts de finale de Ligue des Champions".
03:18 On a trouvé une équipe quand même solide, une équipe expérimentée désormais au plus haut niveau.
03:23 C'est une nouvelle Allemagne, c'est un peu comme ça qu'il l'a présenté.
03:26 J'ai une question pour Polo, en fait sur le match que j'ai vu face à la Grèce, si je ne me trompe pas, le 2-1,
03:33 en 4-2-3-1, j'ai trouvé d'ailleurs qu'Andrić était en difficulté dans le double pivot notamment.
03:39 - Il n'avait pas le genre de compensation. - Oui, et j'ai trouvé que le système était un peu figé face à la Grèce.
03:46 Et je voulais savoir comment, qu'est-ce que tu avais pensé de cette rencontre ?
03:49 Il y a une première mi-temps qui est une véritable bouillie de football.
03:52 Ce qui est très intéressant, c'est que la Grèce n'a pas mis le bus comme l'Ukraine quelques jours avant,
03:58 mais elle devait décider de jouer. Et en juin, ils ont été meilleurs que les Allemands, notamment en première mi-temps.
04:02 Il y a un autre problème, mais ça qui commence à dater depuis quelques semaines et quelques mois,
04:07 c'est le positionnement de Gundogan, qui a été nommé sélectionneur après sélectionneur, capitaine de cette sélection,
04:14 et qui pose problème de par son positionnement, puisque le retour de Tony Kroos fait qu'en position "quarterback",
04:21 c'est lui qui récupère tous les ballons et il joue sur tout le monde, sauf sur Gundogan, qui a une position presque de meneur de jeu.
04:26 Donc il préfère jouer avec Virce Moussia là.
04:28 C'est très compliqué, je ne serais pas surpris encore une fois que pendant ce tournoi, Gundogan devienne un petit peu la victime expiatoire
04:36 de ce système mis en place par Nagelsmann.
04:38 Ce qu'on a relevé en Allemagne, c'est quand même la volonté de remporter le match.
04:42 Et ça, ça a été salué. Maintenant, la prestation en première mi-temps, honnêtement, a été dramatique.
04:48 Mais j'ai envie de dire, à l'image de la boulette de Manuel Neuer, c'est les montagnes russes avec la sélection allemande,
04:53 puisqu'on oublie que cinq minutes avant la boulette de Neuer, il fait une double parade exceptionnelle.
04:57 Et c'est un petit peu ça. On ne sait pas quelle Allemagne on va avoir.
05:00 Il y a quand même deux meneurs de jeu, Virce Moussia là, qui sont quand même les plus talentueux du monde,
05:06 ou l'un ou deux des plus talentueux du monde.
05:08 Comment est-ce que ça va fonctionner ensemble ? On n'en sait rien.
05:11 Mais en attendant, on se dit qu'avec deux jours de 21 ans comme ça, l'avenir est assuré.
05:15 Mais c'est vrai qu'à domicile, on a envie que ça aille beaucoup plus loin.
05:18 On a envie d'avoir une équipe d'Allemagne qui joue vraiment.
05:21 On va jouer avec un faux neuf.
05:23 Donc tout ça fait que c'est un petit peu délicat.
05:25 Mais moi, ce qui m'embête en fait plus dans cette sélection, c'est que Nagelsmann a bel et bien trouvé son once de départ.
05:31 Il a bel et bien eu des résultats, notamment avec la victoire contre l'équipe de France.
05:35 Mais ça arrive peut-être un peu tard.
05:37 Et je vois la comparaison, par exemple, avec les Pays-Bas de Keumann.
05:40 L'Allemagne, quand elle se met vraiment à jouer à son niveau, est supérieure aux Pays-Bas.
05:44 Sauf que le projet de Keumann est en avance sur celui de Nagelsmann.
05:47 Et ça, ça me dérange un petit peu parce que tu n'es pas constant pendant 90 minutes.
05:51 Et je trouve que c'est très intéressant de voir ça comme ça.
05:54 Mais par contre, ce qui est au niveau positif, encore une fois, la presse a salué cette volonté de gagner.
05:59 En plus, ça a été un beau but de Gros.
06:02 Donc ça, c'est une chose.
06:04 Mais voilà, on en a l'air en ce moment.
06:06 On ne parle plus du tout des absents en Allemagne ?
06:08 C'est-à-dire notamment les deux joueurs de Dortmund ?
06:11 Puisque tu parlais des joueurs qui ont fait quand même l'écart.
06:13 Eux, ils ont carrément fait la finale de la Ligue des Champions.
06:15 Donc Brandt et Hummels.
06:18 Non, Mats Hummels a fait une super saison.
06:21 Mais Nagelsmann a fait le choix de se séparer de lui depuis un bout de temps.
06:27 Le retour de Toni Kroos, ça fait du bien.
06:29 Julian Brandt, c'est vraiment la surprise de la saison.
06:32 Mais encore une fois, Julian Brandt, il faut aussi voir l'ambiance au sein du groupe.
06:35 Et Julian Brandt avait été épinglé.
06:37 Je ne sais pas si vous avez vu ce documentaire Netflix qui avait fait beaucoup de mal à Anzi Flick d'ailleurs.
06:43 Amazon ?
06:44 Oui, c'est ça.
06:45 Non, c'est Netflix ou Amazon ?
06:46 Amazon.
06:47 Où Julian Brandt arrivait en retard aux réunions et tout ça.
06:50 Et Anzi Flick était très en colère par rapport à ça.
06:53 Et il n'est pas persuadé que Julian Brandt, au-delà du fait qu'il fait toujours un peu gendre parfait,
06:58 soit quelqu'un qui, au niveau de l'équipe, soit complètement accepté.
07:01 Donc ça peut être une explication pourquoi il n'est pas là.
07:04 Mais c'est vrai que dans le groupe, tu as quand même envie de dire qu'il aurait dû être là.
07:08 Paulo, tu as évoqué un point qui est très important, c'est la compétitivité de la sélection allemande.
07:13 À quel point ce premier match contre l'Écosse est vital pour que l'Allemagne redevienne une équipe de tournois ?
07:19 Ce qui lui a manqué ces dernières années.
07:21 Alors là, tu appelles les vieilles valeurs allemandes, ce qu'on appelait la "Mannschaft Tournir",
07:26 c'était l'équipe de tournois.
07:27 On ne savait pas jamais comment elles étaient avant un tournoi et finalement, elles étaient toujours en demi-finale.
07:31 C'est quelque chose qui revient régulièrement.
07:33 Et c'est pour ça que c'est très intéressant dans la presse, parce que les envies,
07:37 on a envie évidemment que la sélection allemande réussisse à domicile.
07:40 En tout cas, le peuple allemand a envie que ça fonctionne.
07:43 Mais ce qui s'est passé sur ces 4-5 dernières saisons, on ne sait pas trop ce que ça va donner.
07:48 Et moi, c'est pour ça que le match de demain, au-delà du fait que c'est l'Écosse
07:52 et que si l'Allemagne l'emporte contre l'Écosse, ça ne va pas être la performance du siècle,
07:56 j'ai envie de me dire, s'ils font un match correct, ça va partir derrière.
08:00 Et je ne sais pas que valent un "Wirts muss jala" quand ils vont rencontrer les grandes nations, par exemple.
08:05 Ça, pour moi, c'est un vrai problème.
08:07 Tony Kroos, il n'y a pas de souci.
08:09 Est-ce que Jonathan Nta sera un peu moins nounours et qu'il sera au niveau qu'il a eu à Leverkusen cette année ?
08:13 C'est une autre question.
08:15 Est-ce que Kimmich va redevenir un grand arrière-droit ? C'est une autre question.
08:18 Mais finalement, quand tu vois le groupe, la façon dont il est construit, les possibilités tactiques,
08:23 c'est-à-dire qu'on peut sortir Gundogan, mettre un deuxième attaquant, etc.
08:26 Donc jouer presque comme un véritable 4-4-2 avec deux milieux excentrés que sont Wirts et Mussiala.
08:31 Ou alors tu joues en 4-2-3-1 avec Mussiala en numéro 10, tu fais rentrer Leroy Sané, etc.
08:36 Qui est capable du meilleur comme du pire.
08:38 On se dit "Moi, j'ai envie de me laisser surprendre".
08:40 C'est un petit peu le discours qu'il y a en Allemagne.
08:42 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]