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  • 08/06/2024
Au programme ce samedi : airbags, normes environnementales, rockstar de l'intelligence artificielle et vestes en tweed ! Et un focus sur nos logements, avec un reportage et un entretien avec le patron du réseau Laforêt. La BCE relâche un peu la pression... Quel impact sur nos crédits immobiliers ?

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Transcription
00:00On continue la discussion avec notre invité, le Président du Réseau La Forêt, bonjour
00:04et bienvenue Yann Jannot !
00:05Bonjour, merci !
00:06Nous avons entendu le reportage ensemble, alors Camille, elle a 28 ans, la jeune femme
00:11qui a interviewé Anna El Verzo, elle est en CDI, elle a un salaire quand même correct,
00:162700 euros net, elle n'arrive pas à se loger à Paris, ça vous étonne ou c'est la norme ?
00:21Non, rien d'étonnant, malheureusement ça traduit bien la crise du logement parce qu'il
00:27faut distinguer le marché immobilier de l'accès au logement et on sait que le parc locatif
00:31aujourd'hui est extrêmement tendu, extrêmement embouteillé, à la faute des investisseurs
00:37qui ont été dissuadés au fil des années et aujourd'hui des critères pour les bailleurs,
00:43pour les propriétaires de logements qui sont de plus en plus restrictifs et une hyper sélection
00:49dans les dossiers des locataires.
00:50Vous par exemple, pour une annonce, il y a plus de 700 agences La Forêt sur le Territoire,
00:57Pour une annonce de logements alloués, il y a combien de prétendants ?
01:02Selon les marchés, les annonces dans beaucoup de grandes métropoles, on ne les publie plus
01:08parce qu'on a suffisamment de demandes en stock et les publier ça fait exploser nos boîtes mail,
01:15exploser nos standards téléphoniques, ça crée beaucoup de frustration de la part de candidats
01:22qui ont vu l'appartement, mais si mon dossier est prêt, laissez-moi le visiter s'il vous plaît.
01:27Mais on a très facilement 100, 200, 300 contacts en 48 heures sur un logement dans une grande métropole.
01:34Et vous qui êtes dans le métier depuis un petit peu de temps, est-ce que vous avez le sentiment
01:37que ce phénomène des salariés qui n'arrivent pas à se loger, ça s'aggrave ?
01:42C'est-à-dire à Paris, peut-être que c'est moins surprenant, mais est-ce que ça se répand sur le territoire ?
01:47Oui, puisque le logement, je l'évoquais à l'instant, est bloqué dans tous les couloirs d'accès finalement.
01:53Le logement social est en grande difficulté depuis des années.
01:57L'acquisition également après des années très fastes devient plus difficile pour les jeunes actifs,
02:03on va peut-être y revenir. Et puis la troisième voie d'accès qui était le parc locatif privé devenir locataire,
02:10là également on a des jeunes actifs qui occupent des logements en location et qui ne peuvent pas acheter,
02:15donc qui restent dans ces logements. Et puis de l'autre côté, des investisseurs qui investissent moins dans l'immobilier
02:20parce que nos gouvernements leur déconseillent d'aller vers cette situation rentière de l'immobilier.
02:27Yann Jéannot, une question de 2024 et qui ne vaut qu'en 2024, les JO.
02:32On a des témoignages de jeunes qui se font congédier par les bailleurs.
02:37On a encore ce matin une dépêche AFP qui dit que des étudiants qui racontent,
02:41qui a rencontré des étudiants qui renoncent à des emplois à Paris cet été, faute de logement.
02:46Les jeux, ça dérègle un peu plus le marché en Ile-de-France ?
02:50Alors ça a déréglé, il semblerait aujourd'hui quand même que beaucoup de propriétaires déchantent.
02:55Ils sont nombreux à avoir mis leur logement sur le marché dès lors qu'on avait le congé d'un locataire.
03:01Le logement était mis sur le marché en location ponctuelle pour les JO à 500, 600, 700, 800 euros la nuit.
03:10Beaucoup aujourd'hui se rendent compte que finalement, quand on n'est pas sur un site olympique,
03:15on n'a tout simplement pas de contact.
03:18Donc on voit ces coûts de nuitée qui baissent.
03:21Mais les logements qui restent sur le marché, il n'y a pas très longtemps,
03:25j'avais un papa qui me disait que son fils avait acheté un investissement locatif à Shell.
03:31Dans les Yvelines, c'est à combien ? 50 kilomètres de Paris ?
03:35Une cinquantaine de kilomètres de Paris et souhaitait le louer 600 euros par nuit et ne trouvait pas preneur.
03:42Et évidemment, rien d'étonnant à ça.
03:44Donc on attend justement la fin des JO pour que le marché locatif rentre un peu de nouveau dans une certaine normalité.
03:52Alors parlons des prix à présent.
03:54Il y a une déconnexion des prix des appartements, des maisons avec la réalité de ce que les Français gagnent
04:00et peuvent emprunter pour acheter.
04:02Mais depuis quelques mois, on entend des professionnels comme vous qui nous disent qu'il y a une baisse des prix,
04:07il y a pas mal de transactions, de négociations dans les transactions, peut-être pas mal de transactions, non, pas mal de négo.
04:13Cette baisse des prix, est-ce que c'est une tendance puissante qui peut aider à débloquer le marché ou alors une tendance fragile ?
04:19C'est une tendance, c'est certain.
04:21En 18 mois, les prix chez nous ont reculé de 5,2% au niveau national.
04:28Donc ça dégonfle un peu cette bulle immobilière.
04:32Maintenant, c'est encore le grand écart entre des villes comme Nice, comme Marseille, comme Biarritz,
04:38où les prix continuent de progresser, plus 1 à plus 1,5%.
04:43Strasbourg, où les prix reculent de 2%.
04:45Paris, où les prix reculent également autour de 1,5%.
04:49Mais ce qu'on voit en tout cas, c'est que la baisse des prix de l'immobilier se propage à peu près partout en France.
04:55Les négociations, que vous l'évoquiez à l'instant, sont de nouveau beaucoup plus offensives.
05:00On voit des acquéreurs qui font des offres sur des logements à moins 10, moins 15, moins 20, parfois moins 30% par rapport aux prix initials.
05:09Parfois ça passe, parce que les prix initiaux étaient complètement déconnectés de la réalité du marché.
05:15Avec néanmoins une particularité sur le secondaire, là où le marché est totalement bloqué.
05:19Les résidences secondaires, le bord de mer, tout ça ?
05:22Puisque les propriétaires n'ont pas un besoin impératif de céder leur logement,
05:27donc restent campés sur leur position, sur les prix qu'ils pouvaient connaître il y a 24 mois.
05:31Donc une prise de conscience des propriétaires, si je vous entends,
05:34et qu'ils sont désormais prêts à baisser s'ils en ont besoin vraiment.
05:38Mais est-ce que ça suffit pour les prétendants à l'achat, à récupérer leur pouvoir d'achat immobilier ?
05:45C'est une bonne question, parce qu'on parle en effet de propriétaires qui ont réalisé que le marché n'était plus le même
05:51et qu'ils ne pourraient plus espérer le même prix aujourd'hui qu'ils pouvaient espérer de leur logement il y a deux ans.
05:58En revanche, côté acquéreurs, le chemin n'a pas été fait de la même manière.
06:02C'est-à-dire que les acquéreurs ont du mal à intégrer qu'ils ne peuvent plus aujourd'hui prétendre à la même enveloppe financière
06:08à celle qu'ils pouvaient prétendre il y a 18 mois.
06:12On a perdu combien ?
06:12Lorsque le coût de l'argent...
06:13Lorsque le coût de l'argent c'était quoi ? 1% ?
06:16C'était 1%. Donc schématiquement, lorsqu'on remboursait 1000 euros par mois et qu'on empruntait à 1%,
06:23on pouvait prétendre à emprunter 210 000 euros.
06:27Aujourd'hui, pour la même mensualité 1000 euros sur 20 ans, on peut emprunter 170 000 euros.
06:32Et donc les candidats à l'acquisition doivent également comprendre que s'ils ont raté la fenêtre de tir qui se présentait à eux il y a 18 mois,
06:41elle ne se représentera pas et qu'en effet, comme on l'a entendu dans votre reportage,
06:44ils doivent réduire les surfaces qu'ils visent, se délocaliser d'une gare, d'un métro, accepter de faire des travaux.
06:53Sinon, c'est simple, ils ne deviendront pas propriétaires.
06:56Yann Jeannot, cette semaine, il s'est quand même passé quelque chose d'historique.
07:00L'ABCE a baissé ses taux directeurs.
07:03C'est déterminant ça pour les crédits immobiliers.
07:06Mais est-ce que ça va vraiment donner une grosse bouffée d'air dans les mois qui viennent ?
07:11Alors c'est déjà une bonne nouvelle parce que ça fait deux ans que l'ABCE haussait ses taux.
07:16Ça fait quatre ans, je crois, un peu plus de quatre ans que les taux n'avaient pas baissé en tout cas.
07:22Donc bonne nouvelle.
07:23Depuis 2019, oui.
07:24Absolument.
07:25En revanche, cette nouvelle avait été largement anticipée par les banques sans faire trop de technique.
07:31Il y a quelques mois, en fin d'année dernière, on empruntait un peu au-delà de 4,20%.
07:36Aujourd'hui, on emprunte à 3,70%.
07:39Donc les taux ont reculé de 0,5 point.
07:42Ça a été largement anticipé.
07:45Le consensus est sur un atterrissage en fin d'année, si on peut se projeter, autour de 3,30% pour les taux de crédit immobilier.
07:54Le consensus, c'est qu'on est encore au-dessus des 3% à la fin de l'année ?
07:58Absolument et je crois qu'il faut s'attendre à vivre avec des taux de crédit immobilier qui soient entre 3 et 4%.
08:06Il faut vraiment se dire qu'emprunter de l'argent à 1%, ça n'est pas prêt, de revenir sur le marché.
08:14Et là encore, les acquéreurs doivent vraiment intégrer ça, quitte, le cas échéant, à acheter aujourd'hui.
08:20Et si les taux baissaient davantage, à renégocier leurs crédits dans quelques mois.
08:25Alors, comment développer avec tous ces éléments l'offre de logements abordables ?
08:30Il y a un projet de loi qui porte ce nom, c'est le projet de loi du ministre Kasbarian.
08:33Il va être dans dix jours en séance au Parlement.
08:36Est-ce que vous voyez des pistes intéressantes ?
08:39Il veut donner plus de pouvoir au maire, ce projet.
08:42Il y a l'avantage fiscal des propriétaires qui louent un Airbnb qui serait diminué pour que ça soit moins attractif.
08:48C'est puissant ça comme outil ?
08:50Alors déjà, ce projet de loi, il est globalement quand même orienté sur le logement social.
08:55C'est pour ça que je vous pose la question, je vous donne des outils qui concernent le privé, mais vous avez raison.
09:00Il y a très peu de choses sur le privé en effet.
09:03Je ne sais pas si c'est en punissant les bailleurs qui mettent leur logement sur de la courte durée
09:09qu'on arrive à solutionner la crise du logement.
09:11La réponse est certainement la question.
09:12C'est intéressant que vous posiez la question.
09:14Est-ce qu'il y a quand même un fort mouvement pour dire que ça ôte des logements à l'allocation de long terme ?
09:20C'est le cas, mais en fait, il faut peut-être rechercher les causes de cette problématique.
09:24D'un côté, on a des loyers qui sont encadrés.
09:27On a une protection du locataire et des locataires qui étaient renforcés au fil des années.
09:31On a des obligations de rénovation énergétique.
09:35On a beaucoup, beaucoup de contraintes.
09:36Et de l'autre côté, c'est totalement libéralisé.
09:38On loue à qui on veut, au prix qu'on veut, avec une fiscalité qui est intéressante.
09:43Donc, d'un côté, on a quelque chose de très flexible avec l'allocation à courte durée ou saisonnière.
09:48Et de l'autre côté, quelque chose de très rigide.
09:51Il faudrait faire quoi, Yann Jeannot ?
09:53Alors, je crois que la première chose, c'est de changer de discours, changer de logiciel vis-à-vis des propriétaires.
09:57Arrêter de les qualifier de rentiers.
10:00Ils prennent des risques.
10:01Ils s'endettent pour justement alimenter le parc locatif privé.
10:04Donc, la première chose, ce serait de leur donner un cadre pérenne.
10:07C'est ce qu'on appelle le statut du bailleur privé.
10:10Un bailleur, aujourd'hui, chaque année, dès lors qu'il entend parler du projet de loi de finances,
10:15il transpire à grosses gouttes pour savoir si son avantage fiscal ou sa fiscalité, tout simplement, va changer.
10:20Il ne sait pas non plus si demain, les loyers seront encadrés dans sa ville.
10:25Et ce qui remet l'économie de son investissement un peu en péril.
10:29Donc, un cadre rigide, fixé, où chacun sache se diriger.
10:34Dernière question.
10:36Il me semble que ça aussi, ça peut être un phénomène qui monte.
10:39Il y a le réchauffement climatique.
10:40On sait quelles conséquences ça a sur le trait de côte, sur les fissures dans les maisons.
10:45Est-ce que vous voyez déjà ou est-ce que vous redoutez que des banques disent
10:48« Ah non, mais ce logement-là, n'y pensez pas, je ne vais pas vous le financer ».
10:51Alors, je ne pense pas que les banques ne financeront pas.
10:54En revanche, je crois que le coût de l'assurance pour ces logements et pour ces crédits
10:59va certainement grimper en flèche dans les années à venir.
11:04Yann Jéhannot, le président du réseau La Forêt.
11:07Merci d'avoir accepté l'invitation d'On n'arrête pas l'écho.
11:10Merci beaucoup.

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