Soins palliatifs : "On aime appeler ça un lieu de vie"

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31/05/2024

Infirmier en soins palliatifs, Xavier évoque "le tabou" autour de cette médecine : "On a à cœur de proposer une atmosphère proche de celle qu'on pourrait retrouver à la maison"

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00:00On aime appeler ça un lieu de vie, on a à coeur vraiment d'y proposer une atmosphère

00:07proche de celle qu'on pourrait retrouver à la maison.

00:09Je me souviens que le premier service de soins palliatifs que j'ai côtoyé c'était à

00:15Bruxelles, à la Clinique Saint-Jean, et dans ce service j'avais vraiment l'impression

00:19d'être chez mamie.

00:20Il y avait un petit salon antique avec un aquarium, un piano, des tapis, et c'est ça

00:27qui est important, c'est vraiment de reproduire un cadre qui soit humain, qui soit chaleureux,

00:32dans lequel on se sente bien.

00:33C'est vrai que dans chacune des interviews j'ai laissé Anne le faire, mais on vous

00:37demande à chaque fois ce que c'est qu'un soin palliatif, ce qui veut bien dire qu'on

00:41ne sait pas grand-chose de ce qui se passe là-bas.

00:43Mais oui, en fait c'est assez étrange parce que c'est vrai que quand on reçoit un gynécologue,

00:48un gastro-entérologue, on ne lui demande pas de repréciser quels sont les enjeux de

00:53son métier, alors qu'effectivement chaque fois que je suis invité sur un plateau on

00:56me demande ce que sont les soins palliatifs.

00:58Et ça prouve que finalement c'est une médecine qui est encore taboue, secrète, mystérieuse,

01:05inquiétante aussi, qui génère beaucoup de fantasmes.

01:11Et quelque part c'est bien que ce projet de loi permette d'en parler davantage aujourd'hui

01:18et d'éclaircir ce qu'il y a à éclaircir sur le sujet.

01:20Dans une de vos précédentes BD, vous racontez comment vous est venue votre vocation.

01:26Parce qu'en fait, il faut quand même être clair, on n'atterrit pas en tant qu'infirmière

01:30en soins palliatifs par hasard, c'est franchement une autre façon d'exercer son métier.

01:34Je pense que c'est une véritable vocation, je pense qu'en creusant un petit peu dans

01:43mon parcours de vie, dans mon chemin de vie, j'ai trouvé beaucoup de choses qui faisaient

01:46écho à ça et qui m'ont naturellement dirigé vers cette médecine.

01:51J'avais soif de relations, j'avais soif d'une médecine qui soigne avec des compétences

01:56humaines, j'avais soif de soigner avec ce que je suis, plus qu'avec simplement l'administration

02:01de thérapeutiques ou de médicaments.

02:03Et les soins palliatifs ont répondu à cette envie-là, ce besoin-là.

02:07Vous êtes, Xavier, on le disait, dessinateur, vous avez dessiné les affiches de la SFAP,

02:12la Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs, dont on entend beaucoup

02:16en ce moment la Présidente, Claire Fourcade, très inquiète du projet de la loi sur la

02:21fin de vie.

02:22C'est une question qui est abordée dans les services de soins palliatifs ou pas ?

02:25Bien sûr, et avec beaucoup d'inquiétude.

02:28Moi j'aimerais effectivement que ce débat permette de se poser une vraie question qui

02:34est la question de la souffrance humaine, qu'est-ce qu'on fait de la souffrance humaine

02:37aujourd'hui, comment on l'accompagne à l'hôpital ? Est-ce que finalement on a une offre palliative

02:41qui est suffisante pour couvrir les besoins ? On se rend compte tristement que non.

02:44On a 21 départements aujourd'hui qui n'ont même pas d'unité de soins palliatifs.

02:47On a je crois un français sur trois qui n'a pas accès aux soins palliatifs et c'est dramatique,

02:55c'est désastreux et j'ai peur qu'on légifère sur une aide active à mourir, faute de mieux,

03:01parce qu'aujourd'hui on n'est pas en mesure de proposer une offre palliative suffisante

03:06et conséquente.

03:07Est-ce qu'en soins palliatifs on vous demande régulièrement une euthanasie ou pas du tout ?

03:12Ça arrive régulièrement, oui, alors pas tous les jours.

03:15Il y a encore aussi une forme de confusion entre la loi actuelle et la loi comme elle

03:22peut se présenter dans d'autres pays comme la Belgique ou la Suisse.

03:25Certains patients arrivent chez nous en pensant que finalement la sédation c'est une forme

03:29d'euthanasie déguisée, ce qui n'est pas le cas.

03:31On va expliquer tout à l'heure ce que c'est exactement que cette sédation.

03:36Parce qu'en Belgique, vous, vous y avez été confronté à l'euthanasie.

03:40Oui, tout à fait, j'ai assisté à trois euthanasies en Belgique.

03:45Moi ce qui me préoccupe, c'est que l'euthanasie c'est une demande de mort, demander la mort

03:53c'est contraire à la volonté humaine et personne ne veut mourir et quand on creuse

03:59un petit peu ce qui sous-tend cette demande de mort, on se rend compte qu'il y a beaucoup

04:02de souffrance et beaucoup d'angoisse, principalement la peur de souffrir, la peur de décliner

04:09et la peur de devenir un poids pour son entourage et j'ai peur que répondre à cette peur,

04:14à cette angoisse et à cette souffrance par l'administration de la mort, ce soit contourner

04:17le problème.

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