• il y a 5 mois
Le film a été présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2024
Transcription
00:00C'est un film qui parle de la libération des femmes et de femmes très différentes les unes des autres.
00:06Et du coup, pour être libérées, elles pètent tout. Elles cassent tout. On va à fond dans tout.
00:13Il est là ! Il est en caleçon !
00:19Je suis sûre qu'il sait qu'on mate en fait.
00:25Je sais que c'était là. Rien que d'imaginer sa petite courgette là.
00:30Oh putain, il est en cale-barre ! Il m'envoie un message, il m'envoie un message !
00:38Ça va vous coûter très... Ah, il est joueur ! Oh my god, oh my god !
00:45Moi, l'envie première, quand j'ai commencé à penser à ce film, c'est parler d'amitié féminine.
00:51Avec le mouvement MeToo, tout ça, il y a des choses qui m'ont sauté au visage.
01:00J'ai ouvert les yeux sur les dynamiques dans lesquelles on vit, sur mon rôle de femme,
01:07justement le rôle dans lequel j'étais pas forcément bien et j'étouffais.
01:11Et du coup, je me suis enfuie, vraiment enfuie, et je me suis réfugiée, entre guillemets, chez mes copines.
01:17Et pour la première fois de ma vie, je vivais célibataire, comme ça,
01:22et entre femmes, dans une espèce de cocon complètement fantasque, fun, où on s'autorisait tout.
01:33Du coup, il n'y avait que des dynamiques hyper saines. Les corps se relâchaient,
01:39on s'autorisait la vulgarité, on s'autorisait... On parlait de nos rêves,
01:46on parlait aussi de nos traumatismes, parce que les langues se délient vachement avec ce mouvement MeToo.
01:52Et du coup, on a commencé à parler de nos traumas, des agressions, des viols qu'on a pu subir.
01:59Et ce qui était fou, c'est qu'il y avait cet humour quand on en parlait.
02:03On ne pouvait pas en parler autrement, parce que c'est une manière de rester en vie,
02:07c'était une manière pour nous de se réapproprier nos histoires, de se moquer de l'agresseur.
02:12C'était une manière cathartique d'exorciser des choses, et c'est là que tout est né.
02:19Et cette entraide, c'est là où j'ai réussi à me connecter vraiment à moi, grâce à elle,
02:30et à avancer avec elle, grâce à elle. Donc je voulais absolument parler de ça dans le film.
02:42Moi, c'était un peu un rêve absolu, parce que c'est les premiers films que j'ai regardés,
02:51et c'est ceux que je préfère, c'est les films de genre et les films qui mélangent les genres.
02:55Le cinéma coréen et japonais, par exemple, fait très bien ça.
03:00Pour moi, ce film, d'explorer tous ces genres-là, c'était essentiel parce que ces femmes,
03:12je veux qu'elles se libèrent. C'est un film qui parle de la libération des femmes,
03:15et de femmes très différentes les unes des autres. Et du coup, pour être libérée,
03:23elles pètent tout. Elles cassent tout. On va à fond dans tout, quitte à frôler le mauvais goût,
03:30quitte à frôler le radical ou le politique moins correct. J'étais obligée de passer par là,
03:35pour moi, pour aller essayer, tenter, et comme dit Nicole, peut-être de me tromper,
03:40mais au moins avec mes idées, d'essayer de trouver une libération. Et le mélange des genres,
03:46c'est que le film est plus réel comme ces femmes sont plus réelles. Il a envie de tout être,
03:51il a envie d'essayer de tout être au moins. Même s'il fait des erreurs, ou même s'elles
03:56font pas les bons choix, elles essayent, elles crient, elles osent. Et j'avais envie que le
04:01film l'ose aussi. Mais il fallait toujours qu'avec la violence, avec le gore, qu'il y ait
04:08toujours l'humour en même temps. Parce que pour moi, c'était important de sortir de la rage et de
04:15la violence féminine, qui est quand même assez peu explorée, pour sortir comme un côté cathartique,
04:21un côté exorcisé des choses. Et puis faire peur, parce que les femmes, elles font pas peur dans la
04:28vie. C'est aussi pour ça qu'on en est là. Donc là, elles font peur dans un film, un peu. Mais en
04:33même temps, je voulais rajouter l'humour, parce que je suis pas une vraie violente, je suis pas
04:36violente dans la vie. Et j'aime pas la violence, moi. Mais là, elle est nécessaire. Pour moi, elle
04:42est nécessaire. Mais du coup, je mets l'humour. Parce que l'humour, ça crée du lien. Parce que
04:49l'humour et la couleur, je pense que ça fait passer des choses avec plus de douceur et plus
04:59de vie et d'espoir. Et du coup, de dialogue, j'espère.
05:02Y a quoi dans la poubelle ?
05:04Un énorme cadavre.
05:06Quoi ?
05:08Mais non, mais non. Elle rigole. Non, non, non, c'est les affaires. Elle déménage.
05:10Ah, ok.
05:29Bonjour. Pardon, excusez-moi, bonjour. Ça vous dérangerait pas de nous aider ? C'est très, très, très lourd.
05:49Merci.
05:51J'ai l'impression qu'il y a un problème avec le corps des femmes depuis toujours. Et du coup, on se retrouve à avoir
05:59des problèmes avec notre propre corps. Ils nous stressent. Enfin, en tout cas, je parle de moi et de mes copines,
06:06de celles que je connais. J'ai l'impression que tous ces dictates, toutes ces représentations de femmes
06:12dans les films depuis toujours, d'ailleurs Marilyn Monroe, c'est comme ça qu'on personnage arrive dans le film,
06:17c'est tellement un corps sexualisé, un corps ou caché ou montré de manière sexuelle, fantasmatique, mystérieux.
06:27J'avais envie de me réapproprier ces corps-là et de les montrer telles que je les ai vues et vécues dans cette intimité de femme.
06:35Et dans cette intimité avec mes copines, il y avait celles qui ne voulaient pas se montrer parce qu'elles n'arrivent même pas
06:42elles-mêmes à se regarder tellement elle a été meurtrie par le regard de la société sur son corps. Et puis, il y a les autres,
06:48dont par exemple le personnage de Ruby, qui est inspiré d'une réelle personne. Celles qui, au contraire, ont envie d'être
06:56topless comme un homme. Moi, je ne comprends pas, c'est quoi le problème avec les seins ? C'est les seins des femmes.
07:03Il fait chaud, elle a envie d'être topless comme les hommes. Elle a envie de prendre l'espace aussi de la même manière.
07:11Et en fait, le souci, c'était comment je montre ça de moins en moins. Et je comprends aujourd'hui, on n'ose plus trop de faire
07:20de scènes intimes, de scènes où on montre les femmes parce qu'on se protège, parce qu'on n'a pas envie de les sexualiser.
07:29Du coup, il ne faut plus les montrer. Mais je ne sais pas si c'est la solution non plus parce que moi, j'aime bien être topless, par exemple.
07:36Et je me suis dit, passer par la vulgarité, je dirais une vulgarité saine, c'est peut-être l'endroit où je peux sortir de la sexualisation.
07:52Et plus je rentre dans le sujet direct, Ruby qui est là et qui dit oui, je suis seins nus, vous les voyez, mais c'est quoi le problème ?
08:03Acceptez-le, on passe à autre chose. Je pense, j'espère qu'on ne voit plus les corps à la fin. On ne voit plus un regard excitant.
08:16Non, c'est juste des corps d'êtres humains, de femmes, d'hommes qui sont là. Et c'est la nature et c'est la vie.
08:24Et un corps, ça raconte tellement de choses. C'est pour ça que j'aime bien aussi les filmer, parce qu'au-delà de la sexualité, que j'ai envie de me débarrasser,
08:32ça raconte énormément de choses, un corps, autant qu'un regard, autant qu'un visage.
08:36Les fluides, ça va un petit peu avec la vulgarité, dans le sens où c'est vrai que depuis toujours, le corps, l'intime, c'est quelque chose qu'on doit garder intime.
08:50Et en plus, c'est des choses qui sont quand même un peu plus acceptées chez l'homme, et même dans les représentations masculines, cette vulgarité.
08:58Et la femme a besoin d'être, je pense, en tout cas moi j'ai envie d'être libérée par rapport à ça, y compris les fluides féminins.
09:08Une femme qui éjacule, ça existe, il y en a. Et je ne sais pas si cette scène choque dans le film, je sais qu'il y a quelques personnes qui sont mal à l'aise,
09:22mais ce sont des images importantes et ça me permet, moi, dans le film, de montrer que Ruby est cam girl par choix, parce qu'elle le dit,
09:31et de montrer qu'elle aime vraiment ça, elle l'éjacule, donc elle jouit vraiment, c'est un choix.
09:38Les fluides et les corps, ça permet d'exprimer beaucoup de choses sans mots.
09:46Déjà Céline, on est très amies, on ne s'est jamais quitté depuis Portrait, on n'a jamais cessé le dialogue non plus sur le cinéma, sur la vie, tout ça.
09:56Elle m'a suivie de loin quand j'écrivais, au début de mon film, pendant trois ans j'ai écrit, et puis un jour elle m'a dit « est-ce que tu veux que je t'aide ? »
10:05parce qu'elle savait que j'arrivais à un endroit où j'avais du mal à prendre des décisions, et puis là c'est le premier film vraiment qui est produit,
10:11donc j'ai du mal à affirmer des choses, dès qu'il y a de l'argent qui rentre en jeu, je manque de confiance, et Céline a été là déjà pour m'aider à affirmer des envies, des choix.
10:24Et ensuite pour m'aider à la structure du scénario, à prendre des risques, à essayer de péter ensemble des codes, par exemple ce choix de commencer avec Denise qui est la queue au début du film,
10:41de commencer dans une comédie romantique, dans la sororité, et puis le choix de perdre le spectateur un instant parce qu'on part dans l'individuel,
10:51on part avec une fille, puis une autre fille, elles ne sont plus ensemble. J'avais besoin de la sororité, mais j'avais besoin aussi que ces femmes se fassent face seules individuellement,
11:03face à leur vécu, à leur vie, à leur choix, j'avais besoin de ces femmes aussi seules pour mieux se retrouver ensuite.
11:13Et ça c'était des choix qui n'étaient pas faciles à faire, et ça on a pu les faire ensemble pour essayer de recréer des dynamiques, comme le dit le personnage de Nicole,
11:23avec son coach d'écriture qui lui dit de respecter bien les codes de narration, et en fait elle a envie d'essayer autre chose.
11:33C'était beaucoup ce jeu-là avec Céline, et c'était hyper chouette d'essayer de trouver comment dans ce sujet hyper grave qui sont les violences sexistes et sexuelles,
11:52comment amener de l'espoir, comment amener de la douceur, comment amener de la joie aussi, en fait ce qui était important aussi on s'est dit c'est cette scène d'aveu,
12:08ce qu'elle écrit c'est peut-être le film, et ce qu'elle a envie Nicole c'est que son ami ou qu'elle ou que ses amis aient l'aveu, aient la confession du violeur,
12:24le besoin d'entendre, oui c'est vrai j'ai violé, ça c'était primordial dans le film, comme la scène de fin qui est vraiment une scène de science-fiction,
12:35alors que c'est juste des femmes qui marchent dans la rue de nuit, et pas mal marchent seins nus, et c'était libérateur de tourner cette scène,
12:49et c'est une scène qui n'existe pas, et c'est terrible en fait, c'est terrible, et en même temps de pouvoir la tourner c'était énormément d'espoir.

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