• il y a 5 mois
Finaliste de la Ligue Europa, de la Coupe d'Italie et bien parti pour être dans le top 5 de Serie A synonyme de Ligue des champions, l'Atalanta impressionne cette saison. Mais ne surprend pas de l'autre côté des Alpes. En quelques années, Gian Piero Gasperini a transformé ce club qui jouait souvent le maintien en une machine à jouer l'Europe voir le podium. Un cas qui doit faire - et fait sans doute déjà - école en Italie selon Johann Crochet. 

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Transcription
00:00 Il reste deux journées en série A, mais le top 5 qui sera qualifié pour la Ligue des Champions la saison prochaine commence à se dessiner.
00:07 Bravo ! Un club c'est bien !
00:09 La Talenta Boru de l'OM en demi-finale d'Europa League a battu la Roma 3-1 ce week-end et est à 5ème du championnat.
00:16 Et alors Johan, tu vas nous expliquer pourquoi l'Italie doit se réjouir d'avoir un club comme la Talenta et d'avoir un modèle comme celui de la Talenta d'ailleurs.
00:23 Juste un instant, le match est à Sensunic contre la Roma, mais vraiment, il aurait pu y avoir 4-0 à la mi-temps sans un très grand Svilard.
00:30 La Roma qui finit, je l'avais évoqué il y a deux semaines déjà et la semaine dernière, ils sont sur les rotules.
00:36 Il n'y a plus rien, il n'y a plus d'essence, il n'y a plus rien, ils sont lessivés.
00:40 Ce n'est même pas que le poulet est trop cuit, c'est qu'il y a le détecteur de fumée qui est en train de bipper déjà.
00:44 Ça m'est arrivé ce week-end, en cuisinant du poulet d'ailleurs.
00:46 Bravo ! Piètre cuisinier, Monsieur Villard.
00:49 Ah oui, ce n'est pas mon...
00:51 Donc, ça a été très facile avec un très grand Decathélar que je suis ravi de revoir à ce niveau-là, évidemment.
00:58 Alors, pourquoi l'Italie doit se réjouir d'avoir un club comme la Talenta ?
01:03 Tout simplement parce que c'est le club du bon sens.
01:06 Et mine de rien, le bon sens, ça aide aussi pour diriger un club.
01:10 C'est un club qui a compris quelle était sa place,
01:15 quel était le modèle de développement à avoir pour s'inscrire dans la durée,
01:22 dans les places européennes en Italie.
01:24 Parce que ce qui est dingue aujourd'hui, c'est que c'est une non-information
01:29 d'avoir la Talenta qui lutte pour les places européennes.
01:31 C'est normal, c'est ordinaire.
01:34 Ce qui est dingue, c'est que la Talenta, les dirigeants, Gasperini, les joueurs, les supporters, on les inclut évidemment dedans,
01:39 ont réussi à faire de l'extraordinaire, qui était au début, les premières saisons de Gasperini,
01:44 quelque chose de tout à fait ordinaire, où maintenant, c'est attendu.
01:48 Oui, en début de saison, on dit la Talenta, place européenne, on ne sait pas,
01:51 Ligue des champions, Europa League, Conférence League, on verra.
01:54 Le club, il est très bien géré depuis très longtemps.
01:57 La famille Percassi, avec Luca, qui a été un ancien joueur, notamment de la Talenta,
02:02 donc joueur supporter, qui devient président, propriétaire.
02:06 Alors là, désormais, il est actionnaire minoritaire.
02:08 Il n'est plus majoritaire puisqu'ils ont revendu 55% de départ
02:13 à un fonds d'investissement américain représenté par Pagliuca,
02:16 non pas l'ancien gardien de but, mais Stéphane Pagliuca, qui est notamment actionnaire des Boston Celtics.
02:20 Jean-Michel.
02:21 Jean-Michel Pagliuca, qui est à Crystal Palace, qui est actionnaire des Boston Celtics en NBA.
02:32 Et ce qui est intéressant, quand je parle de bon sens, c'est dans le développement,
02:37 on pense évidemment à comment on renforce l'effectif, mais eux, ils ne sont pas partis de ça.
02:43 Ils sont partis de, un, pensons aux infrastructures, le centre d'entraînement, le stade.
02:47 Ils sont en train de le refaire.
02:48 Ça fait longtemps qu'ils étaient dans les tuyaux.
02:50 Ils ont mis longtemps parce qu'en Italie, c'est impossible.
02:51 La bureaucratie italienne fait planter à peu près tous les stades, les projets de nouveaux stades.
02:56 Deux, si on veut réussir à se stabiliser dans des ambitions qui n'étaient pas les nôtres jusque là,
03:04 il y a un élément qui est fondamental, c'est la stabilité.
03:07 Si on met en avant cette stabilité, il faut qu'on soit courageux.
03:12 Il faut qu'on soit fort, même quand ça va tanguer un petit peu.
03:15 Et il faut qu'on trouve surtout la bonne personne.
03:17 Donc, ils ont nommé Gasperini en trainer.
03:19 Ils savaient très bien dans quoi ils s'embarquaient, qui était très exigeant.
03:22 - Juste regarder les stats, Gasperini, il arrive en 2016.
03:24 Donc, il arrive, le club reste sur cinq saisons.
03:27 Ils sont montés depuis cinq ans en série A.
03:29 Ils avaient fait 12e, 15e, 11e, 17e, 13e.
03:32 Depuis Gasperini, c'est 4e, 7e, 3e, 3e, 3e, 8e, 5e, et là, 5e certainement.
03:37 C'est ouf quand même.
03:38 C'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est une non-nouveauté le fait de terminer dans le club.
03:43 - Il y a vraiment un avant et un après Gasperini.
03:44 - Totalement.
03:45 Alors, tout s'est fait petit à petit.
03:47 Ce n'est pas venu comme ça en un claquement de doigts.
03:48 Quand vous regardez l'effectif des premières saisons avec Gasperini,
03:52 vous voyez des noms, vous vous dites "ouais, ça a bien progressé comme aujourd'hui
03:55 de pouvoir aligner des deux Ketellar, Luchmann, Scamacca en attaque".
03:57 Ce n'était pas du tout ça, il y a huit ans désormais.
04:00 Mais ça fait partie du projet qui a été d'établir ce fameux projet sur plusieurs saisons
04:04 avec un entraîneur à qui on va donner toute la confiance et beaucoup de poids.
04:07 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il est intégré dans certaines décisions de choix de joueurs.
04:11 Ce n'a pas toujours été le cas, d'où certaines tensions,
04:13 notamment avec Sartori, on fera la passerelle avec Bologne tout à l'heure.
04:17 Le scouting, quand tu n'as pas beaucoup d'argent, il faut recruter malin.
04:20 Donc, quand tu recrutes malin, tu te sers un petit peu de la data,
04:23 tu te sers de ton réseau de recruteurs, d'un maillage autour du monde de recruteurs
04:28 qui est très, très important, avec un directeur technique qui a été très malin.
04:32 Ils font partie aussi des deux seules équipes aujourd'hui qui ont une équipe réserve,
04:36 dont j'ai beaucoup évoqué le cas dans la Feuer.
04:40 Ça peut aller jusqu'où la réserve en Italie ?
04:41 Ça peut monter en série B.
04:42 Ah, quand même, oui.
04:43 Ça peut monter en série B.
04:44 Donc, il y a la Juve qui a été la pionnière en la matière.
04:49 Et puis la Talenta qui, depuis cette année, a une équipe réserve en série C,
04:52 qui permet aussi de confronter les joueurs qui sont formés ou post-formés à Bergam
04:57 à un niveau beaucoup plus important et donc de les préparer quelque part,
05:00 soit à venir intégrer l'équipe première, soit à élever le niveau de jeu,
05:04 à être revendu et donc de générer des profits aussi comme ça.
05:06 Parce que dans ce modèle-là, l'argent n'est pas venu comme ça non plus.
05:10 Il y a beaucoup de joueurs qui sont passés, qui ont été développés et qui ont été revendus.
05:14 C'est un modèle de trading, mais pas poussé à l'extrême.
05:15 Sassolo a fait un modèle de trading sans réfléchir aux conséquences sportives.
05:19 La Talenta s'est beaucoup plus maîtrisée et c'est pour ça que Sassolo,
05:22 dans une saison de galère, on se dit qu'ils ont mal géré leur stratégie de développement.
05:27 Et puis, la dernière chose, c'est que vous mettez en place les infrastructures,
05:32 vous mettez en place le coach, la stabilité, vous recrutez malins.
05:35 Ensuite, il faut les développer, ces joueurs.
05:37 Et ce qu'on oublie souvent quand on parle de l'opposition entre les entraîneurs qui veulent du jeu
05:43 et les entraîneurs qui veulent des résultats, comme si d'ailleurs, il devait y avoir une opposition,
05:46 tous les entraîneurs veulent gagner, simplement le chemin est différent pour y parvenir.
05:50 Et bien, c'est beaucoup plus facile d'exalter les qualités des joueurs à travers un football protagoniste.
05:55 Et c'est là que tu vas pouvoir développer les qualités du joueur qui vont servir le collectif,
05:59 mais les qualités individuelles qui vont servir aussi ton bilan économique.
06:03 Donc, tout ça fait que la Talenta a trouvé son modèle
06:06 et que ce qu'a réussi à faire la Talenta dans une ville qui n'est pas si immense comme Bergam,
06:10 pourrait être répliqué dans des réalités plus importantes sur le papier.
06:14 Et pas aujourd'hui, parce que Bergam est devenue une réalité intéressante.
06:16 Mais si on reprend il y a huit ans, un club comme l'Assemble d'Oria devrait être capable de faire ça,
06:21 un club comme le Genoa, autre club de Gênes, l'Oudinese,
06:23 si ce n'était pas les Pozzo seraient capables de faire ça.
06:25 On peut prendre Palerme en Sicile.
06:27 - Et alors, à la transition, parce qu'il va falloir qu'on en parle aussi,
06:30 mais la Talenta progresse, Crescendo en Italie en Coupe d'Europe,
06:33 ça devient, tu l'as dit, une normalité.
06:35 Alors, il y a Bologne, quatrième de Syrie qui va retrouver l'Asien
06:37 depuis la première fois depuis les années 60.
06:40 D'ailleurs, ce sera la deuxième fois de son histoire.
06:41 Est-ce qu'ils peuvent faire comme la Talenta
06:44 ou est-ce que tu crains une espèce de crise de croissance ?
06:46 Est-ce qu'ils sont finalement prêts pour ce qui va leur arriver ?
06:48 - Non, en fait, de crise de croissance, je ne sais pas, on le verra.
06:52 La plus grosse difficulté, c'est que la structuration n'est pas la même.
06:56 Parce qu'à Bergame, on a pris Gasperini,
06:59 qui avait eu des expériences heureuses au Genoa,
07:04 des très malheureuses à l'Inter, à Palerme.
07:07 Et donc, on avait un entraîneur qui n'était pas dans le même pédigré
07:11 qu'aujourd'hui, Thiago Mota, qui a toute sa carrière à faire.
07:14 Donc, la stabilité que tu apprenais et que tu as réussi à mettre en place avec Gasperini,
07:18 tu sais déjà que tu ne pourras pas l'avoir avec Mota.
07:20 Parce que même si tu réussis l'exploit de le conserver la saison prochaine,
07:26 bon courage pour le conserver encore un an supplémentaire derrière ça.
07:30 Donc, la stabilité ne sera forcément pas la même.
07:32 Deuxième chose, il faudra voir comment tu résistes aux offres
07:37 que tu vas recevoir pour beaucoup de joueurs.
07:39 On pense à Calafiori, qui est notamment demandé par la Juve,
07:41 à Lukumi, autre défenseur central qui a fait une très bonne saison,
07:44 Boy Kemah, autre défenseur central qui a fait une très bonne saison.
07:47 Alors Ferguson, c'est un peu différent parce qu'il vient de se blesser gravement.
07:50 Donc, j'imagine assez mal un club le recruter pour 25 millions ou 30 millions,
07:54 35 millions et se dire "on l'aura qu'en avril ou en mai prochain".
07:57 J'ai un peu de mal.
07:58 Zirxé, le joueur symbole de cette équipe là, qui va être très demandé.
08:01 Donc, on n'est pas encore, on ne peut pas dessiner la même trajectoire
08:04 encore aujourd'hui pour Bologne, même s'il y a des similitudes
08:08 dans ce qu'ils veulent faire.
08:09 Et notamment, j'ai pu échanger plusieurs fois avec Sartori,
08:13 qui est le directeur technique de Bologne,
08:14 qui est l'ancien directeur technique de la Talenta.
08:17 Et quand il est arrivé à Bologne, ma première question pour lui était directe,
08:21 c'était "est-ce que vous espérez répliquer le modèle à Talenta à Bologne ?".
08:25 Parce que Bologne est une bien plus grande ville,
08:27 a beaucoup plus d'argent grâce à son propriétaire,
08:29 a un bassin de population beaucoup plus important en Émilie-Romagne,
08:32 peut toucher beaucoup plus de gens aussi,
08:35 a une vision plus internationale que la Talenta au départ.
08:38 Bologne s'est connue aussi un peu dans le monde entier.
08:40 Donc, ils n'en sont pas encore là.
08:44 La voie, je ne peux pas dire qu'elle est tracée,
08:46 mais elle est imaginée dans l'esprit des dirigeants de Bologne,
08:49 mais avec des interprètes qui seront forcément un peu différents
08:52 parce qu'ils ne pourront pas faire avec Tiago Motta ce qu'ils ont fait avec Gasperini
08:56 et même résister aux premières offres là cet été,
08:59 même avec la Ligue des champions, ça sera peut-être un peu dur.
09:01 [SILENCE]

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