• il y a 5 mois
À la veille de l'ouverture du festival de Cannes, vous allez découvrir la fronde des acteurs contre les plateformes : André Dussolier, Karine Viard, Benoît Magimel... Ils sont 7.000 à signer une tribune pour une juste rémunération par Amazon, Netflix et compagnie. Que réclament-ils exactement ? Les plateformes se font-elles de l'argent sur le dos des acteurs ? La gronde est elle justifiée ? Pour en parler, Anne Bouvier, actrice qui a notamment reçu deux Molières, et présidente de l'Adami, qui gère et organise les droits des artistes.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 13 mai 2024

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00:00 - Julien Célier, RTL bonsoir jusqu'à 20h !
00:03 - Et RTL bonsoir, votre émission continue, on vous accompagne jusqu'à 20h et on va accueillir maintenant nos invités pour tout comprendre.
00:10 - A la veille de l'ouverture du Festival de Cannes, vous allez découvrir la fronte des acteurs contre les plateformes.
00:16 André Dussolier, Karine Viard, Benoît Magimel, ils sont 7000 à signer une tribune pour une juste rémunération par Amazon, Netflix et compagnie.
00:24 Que réclament-ils exactement ? Les plateformes auxquelles nous sommes très nombreux à être abonnés, est-ce qu'elles se font de l'argent en quelque sorte sur le dos des acteurs ?
00:32 Est-ce que cette grogne est justifiée ?
00:34 - Pour mieux la comprendre cette grogne, on est avec Anne Bouvier, bonsoir !
00:38 - Bonsoir !
00:38 - Vous êtes actrice, vous avez notamment reçu deux Molières et vous êtes présidente de l'Adami qui gère et organise les droits des artistes.
00:45 - Et avec nous également en direct du Festival de Cannes qui va débuter, notre monsieur cinéma Stéphane Boutsok, bonsoir Stéphane !
00:53 - Bonsoir tout le monde !
00:54 - Expliquez-nous Stéphane, quel est l'objet de la fronde des comédiens et comédiennes ? Pourquoi ça grogne ?
00:59 - Parce qu'on demande la stricte application des textes depuis 2019 en fait.
01:03 Il y a une directive européenne qui dit clairement que les artistes interprètes doivent être rémunérés selon la diffusion de leurs oeuvres sur les plateformes.
01:11 En gros, plus il y a à regarder, plus ça devrait être payé.
01:14 En 2021, tout cela a été fixé par la loi, loi qui n'a toujours pas été appliquée parce que les différentes parties n'ont pas encore réussi à se mettre d'accord.
01:22 - Et ce que réclament les acteurs, c'est quoi ? C'est une négociation au cas par cas ?
01:25 - Oui, actuellement vous en faites, vous êtes payé au forfait, c'est-à-dire pour tourner dans une série ou un film, mais ce salaire elle-même que vous fassiez 16 vues ou 16 millions,
01:34 ce que demandent les signataires, c'est de toucher de l'argent proportionnellement au succès du programme en fonction aussi du nombre de saisons par exemple.
01:43 - Anne Bouvier, comment vous expliquez que bien que la loi soit passée il y a trois ans déjà, elle ne soit toujours pas appliquée ? Qu'est-ce qui coince aujourd'hui ?
01:51 - C'est difficile à expliquer, notamment parce que cette loi est quand même déjà appliquée en Italie,
01:57 même si les acteurs italiens se sont mis en grève parce que le pourcentage qui avait été négocié était vraiment, on peut dire, plutôt minable.
02:04 Elle est appliquée aussi en Suisse, elle est appliquée en Espagne, elle est appliquée en Allemagne et elle n'est toujours pas appliquée en France,
02:10 alors que c'était une initiative française que nous avons portée à Bruxelles, donc ça reste assez incompréhensible.
02:17 - Je vais volontairement me faire l'avocat du diable, Anne Bouvier, mais dans l'imaginaire de beaucoup, les acteurs sont déjà bien payés, c'est des nantis,
02:23 alors j'imagine que ce n'est pas toujours le cas. Est-ce que ce n'est pas une raison, justement ?
02:26 - Ça peut être une raison, mais c'est vrai que des nantis, il y en a 50 et puis il y a tous les autres qui participent à toutes les séries qu'on adore
02:33 et qui ont des forfaits qui correspondent parfois à un ou deux cachets. Et un cachet d'une journée, ça peut être 300 euros, ça peut être 450 euros.
02:41 Si on a un forfait de 500 euros pour des saisons du style 10% qui passent partout, ça ne fait pas beaucoup.
02:48 - Ce que vous nous dites aujourd'hui, c'est qu'un acteur, médiatisé ou non, qui joue dans 10%, qui est regardé en streaming des dizaines de milliers,
02:57 des centaines de milliers de fois sur Netflix, il touche très très très peu d'argent ?
03:01 - Ah oui, très très peu. Ce sont des forfaits qui sont négociés en amont, donc on ne sait pas si la série va être un succès ou pas.
03:08 Alors bien sûr, si on est un Omar Sy, quand on joue Dupin sur Netflix, on va pouvoir négocier un gros forfait au départ.
03:15 Mais si on n'est pas Omar Sy, et ça reste le cas pour beaucoup d'acteurs et d'actrices, on n'a pas de marge de négociation
03:22 et on a un forfait qui est mineur par rapport à un succès éventuel.
03:26 - Et donc ce sont les plateformes qui se font beaucoup beaucoup d'argent ?
03:29 - Quand on voit qu'un Netflix, que j'adore, a un chiffre d'affaires étant mieux d'un milliard trois, par exemple,
03:36 on se dit "bon, il y a sûrement un peu de valeur économique à récupérer sur des séries qui ont eu du succès".
03:43 Et puis quand on a un succès, c'est un peu collégial, c'est un peu grâce à tout le monde,
03:47 aux scénaristes, aux acteurs, aux actrices, aux producteurs, aux productrices.
03:51 Donc il est normal, quand ça rigole, que tout le monde tire son épingle du jeu. Et en plus, c'est une loi !
03:55 - Anne Bouvier, l'an dernier, il y avait eu une grève des acteurs américains qui avaient bloqué Hollywood pendant plusieurs mois.
04:00 Est-ce qu'on peut imaginer la même chose ici ?
04:04 - Alors c'est vrai que c'est moins dans notre culture. Tous les acteurs ne sont pas syndiqués ici,
04:09 donc l'impact syndical est moins puissant. Mais là, on a des agents artistiques qui nous ont contactés en disant
04:16 "un tel, une telle nous dit pourquoi je touche aussi peu de droits, là, qu'est-ce qui se passe, c'est pas normal".
04:20 Donc il y a une gronde qu'on n'avait jamais entendue. Et avoir de telles signatures aujourd'hui, c'est un signe.
04:25 Et je sais qu'il y a des acteurs et des actrices, notamment sur des séries quotidiennes, qui disent
04:29 "là, il y en a marre, s'il faut, on se met en grève". Alors que c'est plutôt dans la culture des techniciens
04:34 qui ont vraiment le sens de leur corporation et qui n'hésitent pas à se mettre en grève.
04:38 Et là, peut-être qu'on a entendu des rumeurs qu'on n'avait jamais entendues.
04:41 - Est-ce qu'on en parle, Anne, Stéphane Boutsok, vous qui êtes sur la croisette, de cette potentielle grève des acteurs français ?
04:46 - Bon, ici on prépare surtout l'ouverture demain de cette 77e édition. Le jury, on parlait d'Omarsi,
04:52 d'In ensemble pour la première fois ce soir. L'essentiel des personnalités arrive demain.
04:56 Mais en effet, on n'est pas déconnectés de la réalité. Je vais vous faire entendre Camille Cotin, celle qui sera
05:01 la maîtresse de cérémonie demain. Elle avait fait grève l'automne dernier puisqu'elle tourne régulièrement à Hollywood.
05:07 Et sur RTL, elle apporte son soutien à cette pétition des 7000.
05:10 - Bien sûr, oui, la grève des scénaristes américains l'année dernière et des acteurs à ce sujet,
05:17 entre effectivement les droits par rapport aux plateformes, diffusion et l'intelligence artificielle,
05:24 ça a été des prises de position qui sont très fortes et qui sont nécessaires.
05:28 - Camille Cotin, dont la série 10%, là aussi on en parlait, est par exemple diffusée et disponible sur une plateforme.
05:33 - Bon, et à part cette fronde, Stéphane, racontez-nous, elle ressemble à quoi l'ambiance à quelques heures
05:39 de l'ouverture maintenant du Festival de Cannes ?
05:41 - C'est assez serein. Le programme des 12 jours qui viennent est assez dingue avec un gros débarquement
05:46 de stars américaines, des événements tricolores, alléchants, mais aussi une vraie réflexion autour des enjeux du cinéma,
05:51 notamment la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. En fait, on a hâte que ça commence vraiment demain.
05:57 - Nous aussi, ça tombe bien et je précise d'ailleurs à nos auditeurs qu'il y aura un journal de Cannes avec vous,
06:03 Stéphane Boutsok, avec Michael Lefebvre également, qui est à vos côtés à Cannes tous les soirs aux alentours de 19h10.
06:09 On a également hâte que ça commence. Merci beaucoup Stéphane Boutsok à Cannes pour RTL.
06:13 Merci à vous, Anne Bouvier, actrice et présidente de l'ADAMI qui gère, qui organise les droits des artistes.
06:18 On a mieux compris ce soir grâce à vous les revendications des comédiens et des comédiennes face aux grandes plateformes,
06:23 aux géants comme Netflix notamment. Merci beaucoup. On marque une toute petite pause et ensuite RTL Bonsoir continue
06:30 juste avant 19h. Il y a évidemment, vous en avez l'habitude, le grand match des infos pour briller au dîner.
06:35 Vous allez faire le plein d'anecdotes pour votre soirée. Vous restez avec nous, on ne bouge pas.
06:39 On ne bouge pas.
06:40 RTL

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