• il y a 6 mois
Hey salut à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo où on va parler du problème des films Netflix Originals.

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00:00 : Introduction
01:30 : La promesse d'une révolution
06:45 : La médiocrité des films
10:45 : Le problème du dispositif
14:40 : Les logiques institutionnelles
18:35 : L'avenir de la plateforme
Transcription
00:00Netflix est devenu, en l'espace de dix ans, un monstre de l'entertainment.
00:04Stranger Things, House of Cards, La Casa de Papel, Squid Game,
00:08la plateforme n'a cessé d'enchaîner les succès avec des séries qui ont marqué la pop culture.
00:13Mais au niveau des films, le bas blesse.
00:15Les films originaux produits par Netflix ne parviennent pas à trouver leur audience
00:20et quand c'est le cas, les retours sont plus que mitigés.
00:23Mais alors, pourquoi Netflix produit des films aussi mauvais ?
00:27Et qu'est-ce que cet échec révèle de la plateforme, du cinéma et de notre consommation de contenu ?
00:47Plutôt que de juste vous dire, le film est très très laid, les scènes d'action sont toutes pourries,
00:50les acteurs-jeux ressemblent tous à un espèce de prolapsus au ralenti,
00:54il n'y a pas grand chose à raconter, gna gna gna gna gna gna gna gna,
00:57encore un truc pourri sur Netflix,
00:59je me dis qu'il faut peut-être voir les choses un peu autrement.
01:12Bon alors, je sais, j'ai tendance à avoir un biais très négatif sur Netflix.
01:15Si on regarde quasiment toutes mes vidéos sur le sujet, elles sont négatives.
01:19Mais bon, il faut reconnaître encore une fois que Netflix est un acteur majeur du divertissement
01:23et de la production de contenu, mais si on est un peu réaliste,
01:26au niveau des films, c'est vrai que c'est pas terrible.
01:28Et je me suis vraiment posé la question, et donc j'ai essayé un peu d'enquêter sur le sujet,
01:33et j'ai commencé par essayer de revenir à l'origine du phénomène.
01:36Vous le savez comme moi, à la base, Netflix était simplement une plateforme de location de films et de séries.
01:41C'est seulement en 2013 que le nouvellement devenu service de streaming s'impose dans la production de contenu,
01:47avec la série événement House of Cards.
01:49Ça fait donc 10 ans, ce qui peut paraître beaucoup à de jeunes zoomers comme moi,
01:53mais qui est loin d'autres acteurs du secteur comme HBO, ou même Warner et Disney,
01:57qui ont fêté leur centenaire l'année dernière.
01:59Bref, pour les films, il faudra attendre deux années supplémentaires.
02:02En 2015, le premier film dit Netflix Originals devait être Tiger et Dragon 2,
02:08la suite d'un blockbuster chinois.
02:09Et c'est intéressant que ce soit la suite d'un premier film, on en reparlera.
02:13Finalement, les délais de production font que c'est Beasts of No Nation,
02:16un long métrage ambitieux réalisé par Kari Fukunaga avec Idris Elba,
02:20qui deviendra pour toujours l'arrivée de Netflix dans le domaine.
02:24Une entrée remarquée, puisque le film sera nommé au BAFTA ainsi qu'au Golden Globes,
02:28après un parcours remarqué dans les festivals.
02:30Netflix va alors construire tout un narratif autour de la disruption,
02:34en opposition à l'industrie hollywoodienne sclérosée et plus en phase avec le public.
02:39La plateforme se distingue immédiatement par son refus de sortir en salles ses productions.
02:44Un nouveau modèle va s'imposer, les salles vont mourir et les plateformes vont triompher.
02:48Et très vite, comme d'habitude, les discours médiatiques vont s'emballer.
02:51L'industrie cinématographique est à un tournant.
02:54Le support physique est en train de mourir, mettant en danger de nombreuses productions traditionnelles.
02:58Alors là, vous vous dites sûrement,
02:59comment le fait que les DVD ne se vendent plus a un impact si important sur le type de film produit ?
03:04Genre oui, ça fait moins de revenus au global, mais certaines productions sont bien plus touchées que d'autres.
03:09Pour ça, petit rappel de comment un film gagne de l'argent.
03:12Prenons Scott Pilgrim vs The World, un comédie geek déjantée réalisé par Edgar Wright.
03:16Le film a coûté 60 millions de dollars, ce qui est pas mal, mais pas non plus exceptionnel.
03:21A titre de comparaison, Barbie c'est 160 millions et Wonka 120 millions.
03:25Donc le film sort au cinéma et rapporte durant toute son exploitation en salles, 50 millions.
03:30On peut se dire que c'est pas si mal, sauf que pour être rentable,
03:33le film aurait dû rapporter le double, voire le triple de son budget.
03:36Car sur un ticket de cinéma, une grande partie revient à la salle de ciné, aux distributeurs, voire aux impôts en France.
03:42Alors, le meilleur moyen de malgré tout faire du profit, c'était ensuite avec le support physique.
03:47Et c'est ce qui a sauvé de nombreux films comme Scott Pilgrim, Fight Club, Blade Runner ou bien d'autres qui sont devenus cultes avec le temps.
03:53Et le rapport avec Netflix ?
03:55Bah désormais, il est quasiment impossible de générer du profit avec la vente de DVD et de Blu-ray.
04:00Les ventes de droits aux plateformes peuvent rapporter, mais c'est limité et le film se retrouve noyé dans le contenu.
04:05Alors, les producteurs vont tout miser sur de très grosses productions
04:09qui vont pouvoir faire un démarrage canon en salle et s'assurer une rentabilité rapidement.
04:13C'est une des raisons qui expliquent le déclin des films à moyen budget, comme les comédies par exemple,
04:18qui avaient l'habitude de ne pas forcément surperformer en salle, mais qui avaient une carrière plus longue, notamment ensuite en vidéo et en DVD.
04:25Un boulevard s'offre à Netflix.
04:27Les comédies, y compris les comédies romantiques, ont disparu des grands écrans.
04:31C'est un genre qui a toujours été plébiscité par une consommation à la maison.
04:35Pour le nouveau géant du streaming, rien de plus simple.
04:38Produire en masse des comédies accessibles et des films à moyen budget qui n'ont pas les mêmes impératifs de rentabilité,
04:43en espérant tomber sur une petite pépite.
04:45La route était toute tracée.
04:48Mais non, car comme je l'ai dit plus tôt, Netflix voit grand et veut absolument mettre à terre Hollywood sur son terrain.
04:54Alors, l'entreprise de Reed Hastings va développer une stratégie autour de deux axes majeurs.
04:59Le premier est dans la continuité de Beasts of No Nation, à savoir des films de réalisateurs reconnus qui vont avoir comme objectif de décrocher des prix.
05:07C'est le cas de longs-métrages comme Thierry Richman, The Power of the Dog ou plus récemment Maestro avec Bradley Cooper.
05:12L'objectif de Netflix est simple et clair.
05:15S'acheter de la crédibilité artistique comme studio capable de créer parmi les meilleurs films de l'année.
05:21Pour cela, l'entreprise sort les gros chèques.
05:24David Fincher, connu pour Seven Fight Club ou le chef d'oeuvre The Social Network,
05:28a par exemple signé un contrat d'exclusivité avec le N-Rouge lui permettant de produire ses petits films fantasmes,
05:35comme Mank, un semi-biopic sur le scénariste de Citizen Kane ou plus récemment The Killer,
05:40une adaptation d'une bande dessinée française, je dirais pas obscure mais pas super connue du grand public.
05:45Et le tout avec des budgets bien supérieurs à ce que les studios traditionnels proposent.
05:50D'ailleurs, on vient d'apprendre qu'il sera en train de bosser sur un remake de Squid Game, version américaine.
05:56Je pense que ça va être difficile de faire plus déprimant comme news ciné en ce début d'année.
06:00Le deuxième axe est pour le coup plus étonnant et est pour moi le premier vrai faux pas de Netflix dans sa stratégie de production de films.
06:09C'est de combattre Hollywood sur sa capacité à créer des films événements avec des grosses têtes d'affiches, des blockbusters, souvent d'action.
06:16Red Notice, Taylor Haigh, The Grey Man, plus récemment Hearthstone, c'est simple, tous les 4 mois, on en a un nouveau.
06:22Visiblement, au niveau des chiffres, ça marche pas trop mal car ces films trustent souvent les premières places du top 10 de la plateforme,
06:29mais pour moi, ils ne parviennent pas du tout à remplir leur objectif.
06:32Et dès que j'ai identifié ces deux axes, j'ai tout de suite vu un premier problème.
06:36La promesse de disruption, d'innovation, elle n'a pas du tout été tenue.
06:41Au contraire, Netflix a décidé de faire exactement comme Hollywood, mais en moins bien.
06:46Parce que oui, je sais, vous êtes aussi là pour le sang et il faut dire la vérité.
06:50Les films Netflix, de manière générale, c'est pas fou.
06:53C'est même très souvent carrément pas terrible.
06:55Encore une fois, vous me direz en commentaire, et comme d'habitude, j'adore débattre avec vous de ces sujets
06:59parce qu'on a toujours des points de vue et des visions différentes.
07:02Est-ce qu'il y a des films Netflix que vous aimez vraiment et qui font partie de vos films préférés ?
07:06Ou au contraire, est-ce que vous aussi vous êtes déçus par la plateforme ?
07:08Mais en tout cas, moi, c'est mon ressenti.
07:10Évidemment qu'il y a des exceptions comme Tick Tick Boom ou même Uncut James, mais ça reste rare.
07:14Surtout que parfois, comme pour Uncut James, Netflix n'a pas directement produit le film,
07:18mais simplement acheté les droits de distribution, donc ils sont pas du tout à l'origine de la création du film.
07:23Mais vous me connaissez, j'aime pas simplement dire des trucs en l'air sans les vérifier,
07:27ni même juste partir de mon ressenti, donc je me suis vraiment penché en profondeur sur le contenu
07:32pour voir si effectivement, les films originaux Netflix étaient moins bons que la moyenne,
07:36et ensuite essayer de découvrir pourquoi.
07:38Du coup, je suis allé prendre la liste des 10 films les plus populaires de l'histoire de la plateforme.
07:42Le résultat est sans appel.
07:44Je suis allé sur le site de notation assez légitime sur lequel vous pouvez me suivre, Letterboxd,
07:48pour voir les notes de chaque film.
07:49C'est sur 5, et c'est simple, seuls 2 films, à savoir Glassonion et Taylor Haik, dépassent la note de 3 sur 5.
07:57Les autres sont tous en dessous.
07:59Et là, j'en vois déjà qui sont en train de saisir leur clavier pour me dire que c'est normal,
08:03parce que les films populaires sont rarement les plus appréciés, et je suis complètement d'accord.
08:07Donc, j'ai pris le top 10 du box-office depuis 10 ans au cinéma, et j'ai aussi regardé les notes.
08:12Le seul qui descend en dessous de 3 sur 5, c'est le remake live-action du Roi Lion.
08:17C'est simple, le top 10 Netflix obtient une moyenne de 2,6 sur 5, contre 3,5 sur 5 pour le cinéma.
08:24Donc là, il y a vraiment un écart significatif.
08:26On comprend alors mieux pourquoi, quelques années après le lancement de sa plateforme de streaming dans le monde,
08:31Netflix a fait disparaître la notation qui était auparavant incluse dans l'application
08:35pour laisser place à un système de pourcentage de recommandations.
08:38Cela coïncide avec l'arrivée de leur propre production,
08:41avec peut-être l'idée derrière la tête de ne pas dévoiler les mauvais scores de certains films.
08:45Ça permettait aussi de mettre toutes les séries et tous les films sur un même pied d'égalité.
08:50Le nouveau téléfilm de Noël douteux avec Lindsay Lohan pouvait obtenir un score de 99%
08:55au même titre que le nouveau David Fincher.
08:57Comme si, finalement, tout se valait.
08:59Et c'est ce dispositif qui explique pourquoi, selon moi, autant de mauvais films cartonnent sur Netflix,
09:05que l'entreprise ne semble pas vraiment plus prendre en considération que ça le problème.
09:09Premièrement, les gens ne payent pas pour voir le film.
09:12Ils payent pour le service, évidemment, mais le visionnage d'un film plutôt qu'un autre n'entraîne pas de surcoût.
09:17L'arbitrage du consommateur, qui choisit le film qu'il va regarder sur Netflix par rapport à celui qui se rend dans une salle de cinéma,
09:23qui achète un DVD ou même loue en ligne un film, n'est pas le même,
09:27car le facteur économique est totalement différent.
09:29Bon, et j'ai cherché vraiment assez longtemps,
09:32mais malheureusement, je n'ai trouvé aucune recherche scientifique ou même thèse ou article de recherche sur le sujet.
09:38Et donc, pour moi, il y a vraiment une étude de réception à mener sur la manière dont le coût d'un film influence nos choix et notre perception.
09:47Par exemple, est-ce que si on paye 10 euros pour voir un film, on va avoir tendance à sélectionner d'une manière plutôt qu'une autre ?
09:53Et surtout, est-ce que si on paye 10 euros plutôt que d'avoir accès semi-gratuitement ou même complètement gratuitement à un film,
09:59ça va avoir un impact sur la manière dont on l'apprécie ?
10:03Et personnellement, je suis quasiment sûr que c'est le cas.
10:05Mais ce que je peux vous dire, c'est que je n'ai pas trouvé de ressource sur le sujet.
10:08Donc, c'est qu'une hypothèse.
10:09Cette fausse gratuité va tirer vers le bas la note moyenne des films.
10:13Car les gens sont plus prompts à regarder un film, même avec de mauvaises critiques,
10:17et une promesse pas exceptionnelle s'ils n'ont jamais à le payer.
10:20De même, cette gratuité baisse, je pense, l'exigence que l'on a envers ces derniers.
10:24Un couple d'adultes qui passe un moment moyen sans plus devant Red Notice pendant une soirée à la maison
10:29sera probablement bien moins en colère que s'ils avaient dû sortir et dépenser une trentaine d'euros dans une salle noire sans téléphone pour le même long-métrage.
10:37Donc, pour moi, le dispositif de Netflix entraîne une forme de laxisme de la part du consommateur moyen vis-à-vis de ce qui est regardé.
10:45Et ce n'est pas aidé par la communication de la plateforme.
10:48En temps normal, avant de sortir, un film a le droit à un teaser, puis plusieurs bandes annonces quelques mois avant sa sortie,
10:53suivi d'une tournée promo-presse dans les semaines qui le précèdent.
10:56En soi, Netflix le fait également, mais souvent sur des délais extrêmement resserrés.
11:00Alors que souvent, un film continue sa campagne de promotion une, deux, voire trois semaines après sa diffusion au cinéma,
11:06sur Netflix, quelques jours après, c'est oublié.
11:08Les films ne cherchent même pas à imprimer la conscience collective.
11:11D'ailleurs, l'entreprise ne s'en cache pas.
11:12Justin Bateman, actrice, productrice et scénariste, expliquait avoir reçu des retours de la part de plateformes de streaming
11:19disant que certains scénarios n'étaient pas assez adaptés au second écran.
11:23Les séries, et du coup les films Netflix, sont très souvent conçus pour être visionnés et visionnables tout en faisant autre chose en même temps.
11:29Au même titre que cette vidéo.
11:31En fait, ils sont pour la plupart conçus comme du bourri de fond, qu'on peut laisser allumer pour se distraire entre deux tweets extrêmement pertinents d'Adam Bross,
11:37et sinon, on peut mettre pause et le reprendre quand on le souhaite.
11:40C'est pour cette raison que The Irishman avait été découpé en épisode de série,
11:44car le service considérait qu'un film de trois heures serait impossible à digérer pour son audience.
11:48Et le youtuber américain Patrick Williams en a très bien parlé dans sa vidéo sur le sujet, intitulée Everything is Content Now,
11:54dont je vais me permettre de vous partager quelques éléments pertinents, mais qui traitent une problématique beaucoup plus large.
11:59C'est vrai que le terme « contenu » a pris une place essentielle dans notre langage médiatique.
12:03La preuve, même moi je l'utilise, et la plupart des youtubers se sont aussi appropriés pour se désigner en tant que créateur de contenu.
12:10Jusqu'ici, rien d'alarmant.
12:12Le terme est très fréquemment utilisé par Netflix, et c'est normal, c'est une entreprise technologique avant d'être un espace de création culturelle, donc ils font du contenu.
12:19Cependant, aujourd'hui, la plupart des chefs d'entreprises qui dominent l'industrie du divertissement l'ont aussi repris à leur compte.
12:26Y compris chez des acteurs traditionnels comme Warner ou Disney, l'accent est mis sur l'importance de produire du contenu.
12:32Il n'est plus question d'art, d'oeuvre, ni même de film ou de série.
12:36Non, il est question de contenu, ou content en anglais.
12:39Pourtant, le terme est assez connoté quand on s'y penche de plus près.
12:42Le wikitionnaire nous donne cette définition du nom commun « un contenu correspond à un ensemble de choses se trouvant à l'intérieur d'un récipient ou d'un ensemble ».
12:51On comprend alors tout de suite que l'idée derrière le contenu est celle d'un ensemble d'éléments aussi large et vaste que possible.
12:57La philosophie principale du contenu est de produire pour remplir cet ensemble et ce récipient.
13:03C'est une stratégie de catalogue, à savoir mettre un maximum de films, séries, documentaires, jeux vidéos, peu importe finalement, qui distrait le consommateur.
13:10L'idée est de remplir de l'espace, remplir du temps.
13:14Parce qu'encore une fois, Netflix ne fonctionne pas sur une logique de pay-per-view.
13:17La plateforme n'a que peu d'intérêt dans ce que vous regardez quand vous êtes chez elle.
13:21Ils ont très vite compris que pour empêcher les gens de se désabonner, il faut leur faire passer un maximum de temps dessus, et cela par quelques moyens que ce soit.
13:29Ça peut se faire grâce à un énième revisionnage d'une série culte comme Friends ou The Office, ou alors devant le dernier David Fincher ou The Kissing Buff, ce qui compte c'est votre temps de cerveau disponible.
13:39Pour cela, il faut éviter les films trop exigeants ou trop pointus, et aller au plus simple.
13:43C'est aussi cette logique qui fait que les originals n'impriment pas sur les consciences.
13:47A peine le générique de fin lancé, que vous êtes attaqué par la bande annonce d'un autre programme qui se lance automatiquement dans les 15 secondes qui suivent.
13:54Ça rejoint ce que je disais plus tôt, tout est mis au même niveau, tout est du contenu qui vise simplement à grignoter de votre temps.
14:00Sauf que cette stratégie de contenu, elle est pour moi complètement incompatible avec la stratégie de Netflix, à savoir créer des blockbusters événements ou des grands films de cinéma d'auteur.
14:10Pour le coup, cette fois, en fouillant un peu, j'ai vu qu'une étude avait été réalisée sur le sujet, et elle est passionnante.
14:15Elle s'appelle Hollywood Studio Filmmaking in the Age of Netflix, A Tale of Two Institutional Logics.
14:21Et elle s'intéresse aux logiques institutionnelles qui guident les choix de films en comparant les studios hollywoodiens traditionnels par rapport à TF1+.
14:29Non je déconne, Netflix évidemment, c'était simplement pour voir si vous étiez toujours en train de regarder, je vous jure que c'est important pour mon watchtime.
14:36Bref, l'article a analysé plusieurs scénarios et a identifié deux logiques institutionnelles bien distinctes, la logique de l'engagement et celle de la commodité.
14:45La logique institutionnelle de l'engagement est celle privilégiée par les majors américains depuis les années 30.
14:50Le film est conçu pour être un produit projeté dans les salles de cinéma, et tout va être mis en oeuvre en fonction de cette sortie.
14:57L'objectif est de créer un momentum au box-office en incitant les gens à s'engager, à se déplacer et à payer, comme je le disais.
15:04Et l'entreprise de Reed Hastings n'a jamais vraiment réussi à événementialiser une sortie d'un film à ce point.
15:09Si The Grey Man qui réunissait quand même Ryan Gosling, Chris Evans, Ana de Armas et les réalisateurs d'Avengers a connu un léger engouement au moment de sa sortie,
15:18c'est incomparable avec un Barbie, Open Aimer ou même Top Gun récemment.
15:21Et si je me permets de les comparer, c'est parce qu'en termes d'ambition, ils avaient les mêmes budgets, les mêmes castings, il n'y avait pas de raison qu'on parle plus de l'un que de l'autre.
15:30Et pour avoir vu tous les films cités, au-delà même de la qualité, il y en a clairement un qui m'est beaucoup moins resté en tête.
15:36Pareil au niveau des franchises.
15:38Netflix l'a toujours affirmé, ils rêvent d'avoir leur propre franchise, au même titre que Mission Impossible, le Marvel Cinematic Universe ou Star Wars.
15:45Sauf que Rebel Moon, le space opéra de Zack Snyder à plusieurs centaines de millions de dollars n'a visiblement pas rencontré le succès escompté.
15:53Comme d'hab, pour soutenir la chaîne, un seul moyen, s'abonner, mettre un pouce bleu et commenter, voire partager.
16:00Si vous êtes des cracks, n'hésitez pas à me mentionner, ça me fait plaisir, je les vois à chaque fois vos partages.
16:03Merci énormément à ceux qui le font, on approche doucement des 200 000 abonnés, ça serait exceptionnel.
16:09Fondamentalement, la logique de l'engagement est incompatible avec les services de vidéos à la demande.
16:14Au contraire, les plateformes de streaming comme Netflix reposent sur une logique de la commodité, du confort et de la facilité.
16:20Le but est de fournir aux consommateurs ce qu'ils souhaitent après une journée de travail fatiguante.
16:24Pour moi, ça se vérifie dans l'accueil réservé à des films comme Don't Look Up ou plus récemment Leave The World Behind.
16:29Des films pas exempts de tous défauts, mais qui ont été assez négativement reçus par rapport à leur qualité je trouve.
16:34J'explique par la proposition qu'ils faisaient tous les deux qui sortaient un petit peu de cette logique de commodité.
16:40Les deux films parlent de la fin du monde comme une réalité tangible avec un propos social.
16:44Or, on le voit régulièrement dans les médias, les thèmes tels que la fin du monde, la guerre civile ou le réchauffement climatique sont particulièrement anxiogènes,
16:51et donc parfois mis de côté pour préférer des sujets plus triviaux et divertissants.
16:56L'audience de Netflix n'a pas forcément envie d'être confrontée à ces problématiques alors qu'ils vont sur la plateforme pour se divertir et se changer les idées.
17:03De même, le genre de la comédie absurde ou du thriller psychologique proposé par Adam McKay et Sam Esmail
17:09sont des genres un peu plus exigeants que la moyenne des téléfilms proposés qui sont souvent de l'action ou de la romance.
17:15On comprend alors pourquoi Netflix s'est tourné vers cette stratégie.
17:18De même, en 2022, d'après l'étude réalisée par Edward Kualenare, 39% des originals étaient du contenu recyclé,
17:26à savoir un remake, une suite ou une adaptation, un chiffre en hausse constante depuis 8 ans.
17:31Et même si c'est un problème qui touche aussi Hollywood, on peut y voir une volonté d'offrir encore une fois quelque chose de familier à l'audience.
17:38Netflix tente alors de créer des films pensés pour une logique institutionnelle d'engagement avec les blockbusters et les films d'auteurs,
17:46mais il les crée et les traite par le prisme d'une logique de commodité.
17:51Ainsi, même les films censés être les plus ambitieux et sortir du lot se révèlent en réalité assez creux,
17:57relégués au simple rang de contenu avec très peu à offrir, donnant cette impression d'avoir été fait automatiquement ou par une intelligence artificielle.
18:04Ce qui est en train de devenir le nouveau C Black Mirror.
18:06Car la logique des majors inclut une prise de risque plus ou moins forte,
18:10mais une prise de risque tout de même dans la proposition qui est faite avec des gros budgets et les moyens de leurs ambitions sur le plan créatif,
18:17mais aussi du dispositif avec une sortie mondiale dans les salles de cinéma.
18:21Or, le service de streaming a toujours tenté d'avoir le succès de ses films sans les inconvénients, pour la réussite qu'on lui connaît.
18:28A savoir, pas une réussite en fait.
18:30Mais donc, c'est quoi la suite ? C'est quoi l'avenir ?
18:33Scott Stubber, qui est en charge des films pour la plateforme, vient de quitter l'entreprise, après de nombreux désaccords avec les dirigeants.
18:39Il est clair que pour moi, il a essuyé les plâtres.
18:42On l'a vu, cela fait en réalité 8 ans que Netflix se cherche.
18:45Entre une stratégie de catalogue qui se prête parfaitement à leur dispositif,
18:48et la volonté de combattre Hollywood sur son propre terrain de jeu avec les blockbusters, les franchises et les films à récompense, il faut choisir.
18:55L'annonce de la plateforme de diminuer drastiquement le nombre de films produits par an, passant de 50 à 25, laisse penser que le choix a été fait.
19:02Netflix s'attaque définitivement à Hollywood.
19:05Pour moi, c'est une erreur.
19:07Je ne suis pas un grand fan des films de catalogue.
19:09Mais quand Marshall McLuhan disait que le médium, c'est le message,
19:12ce n'était pas simplement une citation pour son compte Instagram reprise par des élèves en communication en manque d'idées.
19:17Le média façonne le contenu par sa forme et son dispositif.
19:21C'est le cas par exemple de cette vidéo YouTube, qui est, normalement je l'espère, complètement adaptée au code de YouTube.
19:27Et celui de Netflix se prête parfaitement aux téléfilms et aux comédies qui n'ont pas plus d'ambition que de divertir.
19:33Ils en ont fait, et ils continuent à en faire, et ils en font beaucoup.
19:36J'ai l'impression que même sur ce terrain, ils n'ont jamais osé complètement s'engager,
19:40ils n'ont jamais réussi à créer une comédie ou un téléfilm qui vraiment aurait réussi un peu à marquer les gens.
19:46Sitez-moi une vraie bonne comédie sur Netflix, à part peut-être Don't Look Up,
19:51on a l'impression que même là, ils n'ont pas réussi à recréer la recette, alors que pourtant, tout était fait pour.
19:56Alors que le genre avait disparu des salles de cinéma, ces dernières années,
19:59le service aurait dû reprendre le flambeau pour un type de film qui s'adapte complètement à ses contraintes.
20:05Mais non, ils ont préféré essayer de décrocher la lune.
20:07Et alors que les comédies font leur retour en salles, il est sûrement déjà trop tard pour se repositionner.
20:12Les prochaines sorties seront alors extrêmement intéressantes à analyser, pour y voir plus clair sur la stratégie du géant américain.
20:18Ça commencera dès cette année en France avec le film Loup-Garou.
20:21En 2020, Scott Stuber annonçait rêver de faire un Jumanji.
20:24Quatre ans plus tard, son rêve semble s'être exaucé,
20:27avec ce qui est vendu comme un Jumanji à la française avec Franck Dubosc en tête d'affiche.
20:31Bonne surprise, semi-horrifique, blockbuster français, comédie familiale de catalogue parfaite ou ratage complet,
20:39une chose est sûre, on se retrouvera pour en parler.

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