L'invité d'aujourd'hui de Johanna Ghiglia est Anaïs Quemener. D'un courage incroyable et d'une détermination sans faille, elle est à la fois aide soignante et championne de France de marathon : elle livre un témoignage poignant face à la maladie dans son autobiographie « Tout ce que je voulais, c'était courir ».
00:00 Bientôt 8h15, lors de l'invité d'actu et votre invité Johanna, Anaïs Kemener a un courage incroyable, une détermination sans faille
00:05 elle est aide-soignante, championne de France de marathon également et elle se livre dans ce livre "Tout ce que je voulais c'était courir"
00:12 c'est un témoignage très fort face à la maladie.
00:14 Bonjour Anaïs Kemener.
00:15 Bonjour.
00:16 Dans votre livre ce matin, regardez donc ce livre là, vous nous parlez du sport qui sauve, le sport qui répare, le sport qui guérit.
00:24 Vous êtes double championne de France de marathon, vous avez combattu un cancer sans jamais vous arrêter de courir
00:31 et à seulement 24 ans vous a diagnostiqué un cancer du sein très grave, triple négatif de SAB3.
00:37 A ce moment là, votre vie bascule ?
00:39 Oui, complètement. J'ai un cancer à 24 ans, je tombe de haut parce que forcément j'avais une hygiène de vie qui était irréprochable.
00:47 Je faisais déjà énormément de sport, en plus je travaillais dans le milieu hospitalier
00:51 par rapport aux patients que je pouvais voir à l'hôpital, moi je n'avais pas l'impression d'être malade.
00:55 Donc c'est vrai que c'était très difficile.
00:57 Et vous dites également dans votre livre "J'allais affronter un cancer et peut-être mourir"
01:01 et moi "Tout ce que je voulais c'était courir", c'était quoi ? C'était une manière de se raccrocher un peu à la vie ?
01:07 Je pense que c'était ma manière de me sentir vivante, j'avais besoin de garder le mode de vie que j'avais auparavant.
01:12 Comme j'ai toujours fait énormément de compétitions et de courses à pied, le fait de pouvoir courir pendant ma maladie
01:17 c'était vraiment mon sentiment de rester vivante et de garder ce lien avec ma vie d'avant.
01:22 C'est un peu de reprendre le contrôle sur ce qui se passait à ce moment-là ?
01:25 C'est ça, complètement.
01:26 Alors vous avez des traitements qui sont lourds, des effets secondaires qui sont terribles,
01:30 mais pourtant vous décidez de continuer.
01:32 Est-ce que ça ne représentait pas un risque, malgré les traitements, la maladie ?
01:37 Que vous ont dit les médecins à ce moment-là ? J'imagine qu'ils ont dû être très étonnés de votre combativité.
01:42 Oui, bien sûr, ils étaient assez étonnés, surtout que dans les premiers temps, quand on m'a découvert mon cancer,
01:47 j'ai demandé à mon oncologue de retarder un peu les traitements parce que je voulais participer à mes championnats.
01:52 Donc c'était d'abord les championnats et ensuite le traitement ?
01:54 C'est ça, mais je pense que j'étais un peu dans le déni au départ, et finalement, j'ai pas eu le choix que de commencer les traitements,
01:59 et aujourd'hui je suis là, donc j'ai bien fait d'écouter les médecins,
02:02 mais c'est vrai que c'était un peu difficile de garder justement les pieds sur terre et de me dire
02:07 "Ok, je vais devoir mettre ma vie entre parenthèses et réellement commencer les traitements de chimiothérapie".
02:12 Alors le marathon, c'est vraiment votre truc. Qu'est-ce qu'on apprend sur soi quand on fait du marathon ?
02:17 Qu'est-ce que ça vous a apporté ?
02:20 Pour moi, c'est du plaisir, c'est une passion, ça a toujours été une passion depuis l'enfance,
02:24 et c'est vrai que participer à un marathon, d'ailleurs les traitements, je les ai un peu vécus comme un marathon aussi,
02:29 c'est-à-dire que quand c'était un peu difficile au 30e kilomètre, je me disais "Bon, là c'est le mur du marathon, et ensuite je vais vers l'arrivée".
02:36 Vous êtes incroyable, d'où est-ce que vous tirez toute cette force, toute cette énergie ?
02:40 Je pense que c'est mon entourage, j'ai eu la chance d'avoir une équipe médicale vraiment super,
02:44 et surtout mes proches, mon père, mon club, mes amis, ça m'a vraiment donné énormément de force.
02:50 Donc oui, vous avez un entourage qui est très présent. Comment est-ce que vous vous sentez aujourd'hui ?
02:54 Est-ce que vous êtes totalement guéri ?
02:56 Je suis guérie du coup depuis la fin des traitements, et je suis en rémission depuis 2020.
03:00 Donc aujourd'hui tout va bien, je n'ai pas eu de récidive, et voilà, tout ce que je voulais c'était couvrir.
03:06 On est bien content d'entendre ça. Alors il y a un sujet qu'on évoque peu quand on parle du cancer du sein,
03:12 ce sont les prothèses mammaires. Vous avez connu deux mastectomies,
03:16 et votre médecin voulait absolument, vu votre âge, remodeler votre poitrine,
03:20 mais votre corps n'a pas supporté les prothèses mammaires.
03:23 Vous allez subir cinq opérations différentes, et finalement vous avez décidé d'arrêter les prothèses.
03:29 Est-ce que ça, ça a été pour vous une décision qui a été difficile à prendre ?
03:34 Ce n'était pas une décision si difficile à prendre, parce qu'en fait j'ai quand même essayé,
03:38 donc les médecins ne m'ont jamais forcé la main, mais c'est sûr que c'était plus...
03:42 On m'a orientée disons pour quand même avoir des prothèses, parce que j'avais 25 ans et que j'étais jeune,
03:48 et donc on m'a toujours dit voilà, à 25 ans, ce n'est pas vraiment comme si j'avais entre guillemets 70 ans,
03:53 et que j'étais obligée, enfin je n'avais aucune obligation,
03:56 mais là on m'orientait quand même vers cette décision-là,
03:59 et moi je leur disais mais je n'ai pas besoin d'avoir une poitrine,
04:02 je n'ai pas besoin d'avoir deux seins, même sans seins je reste une femme,
04:06 et c'est vrai qu'au fur et à mesure des opérations, une opération, deux opérations,
04:09 toujours des rejets, des infections, et toujours des problèmes, toujours des douleurs, beaucoup de douleurs,
04:13 à la quatrième opération j'ai décidé de leur dire, voilà maintenant, on enlève tout,
04:18 je préfère ne plus avoir de seins et vivre normalement.
04:21 Mais c'est un message très fort que vous passez, même sans seins on reste une femme,
04:24 c'est ce que vous voulez diffuser ce message de positivité,
04:27 de dire qu'il faut s'accepter tel qu'on est.
04:30 Exactement, sans seins, sans cheveux, avec plein de différences,
04:34 je pense que le but c'est vraiment de s'accepter,
04:36 et aujourd'hui je me sens même plus féminine qu'auparavant.
04:39 C'est magnifique, d'ailleurs vous avez des magnifiques photos,
04:41 on en voit une ici sur votre compte Instagram,
04:43 alors on a eu récemment la princesse Kate Middleton,
04:46 et de plus en plus de femmes, jeunes, qui parlent pour évoquer leur cancer,
04:51 elles sont importantes selon vous ces prises de parole,
04:53 est-ce que c'est aussi ce que vous avez voulu faire en écrivant votre livre ?
04:57 Alors déjà je pense que c'est hyper important effectivement de pouvoir en parler,
05:00 que ça puisse toucher tout le monde, je pense qu'elle donne un bel exemple.
05:04 Et vous aussi ?
05:06 Merci.
05:07 Et par rapport au livre, c'était surtout de pouvoir partager mon histoire,
05:10 parce que justement quand je suis tombée malade, je me suis beaucoup documentée,
05:13 j'ai regardé un petit peu tout ce que je pouvais trouver sur Internet,
05:16 dans des librairies, j'ai voulu acheter plein de livres sur le cancer du sein,
05:21 et sur la pratique du sport, je voulais vraiment lier les deux,
05:25 et c'est vrai que tout ce que j'ai pu trouver, ça m'a énormément aidée,
05:28 et je me suis dit que grâce à mon livre,
05:30 aujourd'hui peut-être que ça allait pouvoir aider d'autres personnes.
05:33 Et vous inspirez beaucoup, est-ce que vous incitez les femmes à se faire dépister ?
05:37 Oui, j'en parle beaucoup, j'ai beaucoup fait justement des posts sur les réseaux sociaux,
05:41 en disant que c'est pas parce qu'on a 45-50 ans,
05:44 qu'on doit aller en particulier voir son gynécologue, ça peut arriver bien avant,
05:48 et c'est hyper important d'en parler justement, parce qu'on n'en parle jamais,
05:52 même moi quand j'ai été diagnostiquée, on m'a dit,
05:54 pas de mammographie à 25 ans, c'est pas obligatoire.
05:57 Alors qu'il fallait le faire.
05:58 Alors qu'il fallait le faire.
05:59 Alors vous avez déjà beaucoup de titres, beaucoup de records,
06:02 qu'est-ce qu'il vous reste à accomplir, quels sont vos prochains défis ?
06:06 À court terme, j'ai un championnat de France de pistes,
06:10 dans deux semaines maintenant, sur 10 000 mètres,
06:13 et l'objectif ce sera pourquoi pas de réaliser les minima olympiques
06:17 pour les Jeux de 2028.
06:18 À Los Angeles.
06:19 C'est ça.
06:20 Donc on vous suivra avec beaucoup d'attention, merci beaucoup,
06:22 Anaïs Kemelin, d'avoir été avec nous, pour votre témoignage très fort de résilience,
06:26 et je rappelle que votre livre, "Tout ce que je voulais, c'était courir",
06:29 est publié chez Flammarion et disponible dans toutes les librairies.
06:32 Bonne journée.
06:33 Merci à vous aussi.
06:34 Et bravo pour ce courage et cette détermination,
06:36 merci d'être venue dans Télé Matins.
06:37 Dans un instant, les conseils séries de Margot Barallon,
06:41 qui va nous donner quelques choses à voir,
06:43 vu ce temps magnifique qui s'annonce ce week-end.
06:46 A tout de suite Margot, c'est dans Télé Matin, dans deux minutes.