Ivan Rioufol : «S’il y a une date qui marque le début de ce lent déclin de la France, c’est 1974»
Le journaliste Ivan Rioufol est revenu sur CNEWS, sur les 50 ans de l'annonce de candidature à la présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing.
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00:00 – Oui, je me souviens parfaitement de cette époque, j'avais 22 ans à l'époque,
00:02 d'ailleurs j'avais voté pour lui.
00:05 Et donc précisément, il portait en effet cette modernité,
00:09 c'était un énarque, un polytechnicien,
00:11 mais il inaugurait aussi ces grandes intelligences
00:15 qui allaient de plus en plus se couper du réel.
00:17 Et je pense que s'il y a une date qui marque le lent déclin de la France,
00:22 c'est cette date-là, 1974.
00:24 Alors non pas à travers sa personne,
00:26 mais 1974 c'est le dernier budget en équilibre,
00:29 1974 c'est l'ouverture à la mondialisation,
00:31 c'est l'Europe qui s'ouvre à la mondialisation,
00:33 1974 c'est également l'Europe qui tente d'assurer sa sécurité pétrolière,
00:38 le choc pétrolier était avant,
00:40 avec des concessions un peu léonines à tout un monde musulman,
00:43 dont on verra ensuite à quel point il va tirer profit de sa nouvelle dénomination.
00:48 Et donc en effet, il inaugure naturellement le septennat des experts,
00:54 des grandes intelligences, mais encore une fois,
00:57 avec une sorte d'indifférence à la condition de vie des gens
01:01 qui n'étaient pas celles qu'on avait connues auparavant avec De Gaulle et avec Pompidou,
01:04 qui étaient malgré tout des littéraires,
01:06 qui étaient forgés à une sorte d'humanisme naturel, si vous voulez.
01:10 Alors que là, vous avez un esprit froid,
01:12 qui va naturellement subjuguer par son intelligence,
01:16 mais qui va commencer à commettre un certain nombre d'erreurs
01:20 en s'enfermant sur ses propres certitudes,
01:22 et en oubliant à quel point les Français ne vivaient pas la vie
01:25 qu'il menait lui-même,
01:27 où on se souvient de lui d'une manière un peu ridicule
01:29 lorsqu'il invitait les éboueurs du boulevard de la rue Saint-Honoré
01:33 à venir prendre le petit déjeuner à l'Élysée
01:36 pour se rapprocher de la France profonde,
01:39 il s'invitait chez les Français, etc.
01:40 Donc il y avait une sorte de communication surjouée
01:42 pour essayer précisément de mimer une proximité qu'il n'avait pas,
01:46 qu'il n'arrivait pas à atteindre, du fait qu'il se croyait lui-même,
01:49 bien au-delà de ces contingences matérielles-là.
01:52 Or je pense que c'est cette date-là de 1974
01:54 dont personnellement je date le début des 40 affreuses.
02:00 Il y avait eu les 30 glorieuses, et là les 40 affreuses arrivent.
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