Homosexualité : Les mentalités ont changé ? | LE CRAYON

Le Crayon

25/03/2024

L’avis de Elise Goldfarb et Julia Layani, fondatrices du podcast Coming Out.

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00:00 Quand tu parles d'homosexualité dans les médias, les hétéros et les homophobes se sentent mis en danger.

00:05 Est-ce que justement ça n'a pas énormément changé ?

00:08 Parce qu'aujourd'hui la loi du coup c'est dans le sous-gouvernement François Hollande.

00:12 Le mariage pour tous c'est une réforme qui n'a pas été si simple à faire adopter

00:19 puisqu'il y avait une obstruction de la part de la droite et des mouvements de rue.

00:24 Là on a tenu bon et maintenant plus personne, sauf quelques extrémistes,

00:28 qui vont mettre en cause le mariage pour tous.

00:32 Et ça doit nous servir de leçon.

00:34 Souvent on pense qu'il y a des réformes faciles à faire.

00:36 Il n'y a pas de réforme sur les questions de société facile à faire.

00:39 Aujourd'hui elle paraît évidente pour bien plus de monde.

00:42 Probablement pas pour tout le monde, mais pour bien plus de monde qu'à l'époque.

00:45 Ça a changé, mais si tu regardes les commentaires, nous, quand on fait des vidéos justement sur ce sujet-là,

00:50 la majorité des commentaires c'est encore des gens qui disent "vous faites chier à en parler,

00:55 pourquoi vous avez besoin d'en parler, pourquoi vous êtes là, pourquoi en tant que vous ?"

00:59 Il y a une réelle... les gens se sentent attaqués en fait.

01:02 Quand tu parles d'homosexualité dans les médias, les hétéros et les homophobes se sentent mis en danger.

01:08 Donc tu sens qu'il y a encore un problème avec ce sujet-là.

01:11 Et puis surtout, si c'était plus un sujet, si c'était plus un problème,

01:16 t'aurais un film sur deux qui sort dont le personnage principal serait homosexuel.

01:20 Après il n'y a pas une personne sur deux dans la société qui est homosexuelle.

01:23 Moi je suis convaincue que 50% de la population est homosexuelle.

01:26 Alors les stats ne montrent pas ça, mais c'était plutôt un dixième de la population je crois.

01:31 Bien sûr, mais les statistiques si tu veux, qu'est-ce que c'est des statistiques ?

01:34 Les statistiques déjà, on prend des échantillons de la société et on prend surtout une culture à un moment donné.

01:39 Évidemment qu'aujourd'hui, si tu demandes à toute la population française qui est gay,

01:45 bon bah t'as 10% qui vont lever la main, mais parce que les 40% sont dans le placard si tu veux.

01:50 En fait, si tout le monde avait l'occasion d'être qui il voulait être,

01:54 je pense déjà que 80% de la population, je crée mes propres statistiques.

01:58 Avec Julia on a créé notre propre IFOP, ça s'appelle l'ICROT.

02:02 Et on a nos propres chiffres.

02:04 Il faut savoir que les ingénieurs parfois...

02:06 Je pense que si tout le monde avait le choix, si on te disait,

02:08 s'il y avait une présomption de bisexualité à l'école, et pas d'hétérosexualité,

02:12 si donc on partait du principe que tout le monde était bisexuel à la naissance,

02:15 et que c'était d'accord, il n'y avait pas de problème sur ça,

02:18 80% de la population au moins ferait une expérience homosexuelle.

02:21 Ça j'en suis convaincue parce que nous on a beaucoup parlé avec Israël Nizan,

02:26 qui est le président du collège des gynécologues obstetriciens de France.

02:30 Donc c'est un peu le patron des gynécos.

02:32 Un Strasbourgeois qui a été...

02:34 C'est d'ailleurs de lui, donc je suis un Z-STAT,

02:36 qui me disait au collège un cours d'éducation sexuelle

02:38 entre une personne sur 7 et une personne sur 10 qui était homosexuelle.

02:40 D'ailleurs c'est marrant, on est la même référence.

02:42 Qu'est-ce qu'il dit Israël Nizan ?

02:44 Il dit que scientifiquement, il ne peut pas être prouvé

02:47 qu'un enfant quand il naît, il est forcément hétérosexuel

02:50 et qu'ensuite il y a la société qui va le faire dévier.

02:53 Au contraire, il est scientifiquement prouvé

02:55 qu'un enfant quand il naît, il est bisexuel.

02:57 Ah ouais ?

02:58 Voilà.

02:59 Non mais c'est super intéressant, mais autant aujourd'hui,

03:01 ce que vous décrivez toutes les deux pourrait être tout à fait possible,

03:04 parce que PMA, GPA, on est aujourd'hui arrivés à ce niveau-là de technologie,

03:08 il y a 200 ans, ça n'aurait peut-être pas été possible

03:10 pour des simples questions de reproduction ou de natalité, non ?

03:13 Déjà, tu mentionnes la GPA.

03:15 La GPA, dans la Torah, le premier chapitre de la Bible,

03:19 il y a une histoire de GPA, parce que Sarah ne peut pas avoir d'enfant

03:23 avec Abraham et va utiliser le ventre de Hagar, qui est sa servante,

03:28 pour avoir un enfant.

03:31 Donc il y a une histoire de GPA, ça existe depuis toujours.

03:34 Il y a également une histoire d'amour homosexuel

03:37 entre David et Jonathan, quand même, où David, le roi David,

03:40 qui a quand même un rôle très important dans la Torah, dit

03:43 "Je l'aimais plus que la vie, j'aimais Jonathan plus que j'aimais les femmes".

03:49 C'est quand même de la folse.

03:51 Mais est-ce que c'est de l'amour ?

03:53 Est-ce que c'est de l'homosexualité ?

03:55 Le but de la Torah et de l'Ancien Testament, c'est de faire de l'interprétation.

04:01 C'est ouvert à l'interprétation.

04:03 Toutes les phrases que tu lis, il y en a qui n'ont aucun sens,

04:06 et après les gens vont l'interpréter.

04:08 C'est la société qui a mal interprété ce texte,

04:10 qui était en réalité une belle histoire d'amour entre deux hommes.

04:13 C'est les gens qui interprètent ce texte, mais c'est surtout les hommes qui interprètent ce texte.

04:16 Depuis toujours.

04:18 En tout cas, nos éducations religieuses ont toujours été transmises par des hommes,

04:21 pour des hommes, et quand on lit une Torah, une Bible ou un Coran,

04:24 c'est vraiment un livre destiné aux hommes.

04:26 Donc nous, on réinterprète, c'est vrai, et on lit un peu à notre manière les textes sacrés.

04:30 Mais c'est aussi une manière humoristique d'amener le sujet de "ça existe depuis la nuit des temps".

04:35 Il y a un argument qui est un peu, je trouve, le point Godwin de l'homosexualité,

04:38 c'est quand on dit "mais les Grecs et les Romains, ça existait déjà à leur époque,

04:42 évidemment, l'homosexualité, etc."

04:44 C'est tout à fait vrai, effectivement.

04:46 Mais on ne parle que des hommes, donc des hommes de pouvoir,

04:49 qui pouvaient, effectivement, sans se prendre la tête,

04:51 cainer ensemble et faire des orgies exceptionnelles, etc.

04:54 – Des orgies exceptionnelles !

04:56 – Ça avait une vocation d'élévation aussi dans la pédérastie,

04:59 c'est aussi un maître et un élève, un éphèbe qui est jeune,

05:03 mais un maître plus sachant qui va instruire, y compris dans ce domaine-là, un jeune.

05:09 Alors après, quelle est la relation ? Je ne suis pas non plus spécialiste.

05:12 – Non, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a des références historiques

05:14 à l'homosexualité de tout temps, donc ça c'est OK.

05:17 Ce que je voulais dire, c'est que tu parlais de loi tout à l'heure,

05:20 et tu disais c'est de mieux en mieux, puisqu'il y a eu la loi du mariage pour tous,

05:23 il y a eu la loi de la PMA.

05:25 La loi du mariage pour tous, c'est 2013. La loi de la PMA, c'est 2021.

05:28 La GPA n'est pas encore passée en France, c'est même pas dans l'imaginaire commun.

05:31 – En 2022, je te dirais même, ma petite.

05:33 – Ouais, complètement. Et d'ailleurs, en l'occurrence, si tu veux faire une PMA aujourd'hui,

05:36 ça te prend en fait trois ans, parce qu'il n'y a pas assez de donneurs

05:39 et pas assez de donneurs et donneuses en France. C'est un autre problème.

05:42 Ce que je veux dire, c'est que la France, vraiment, est un des derniers pays

05:45 d'Europe centrale à avoir fait passer ce genre de loi.

05:48 Donc nous, on a grandi dans un monde où on n'avait pas le droit de se marier,

05:51 finalement, en fait. Et quand on était adolescente, on s'est dit

05:54 "Ah putain, on n'est pas encore out, etc."

05:56 Mais je pense que nos inconscients lesbiennes nous disaient

05:59 "Ah là, on vient d'acquérir un droit, mais comment ça se fait qu'on n'a pas eu ce droit-là

06:02 dès la base ?" Donc si tu veux, quand tu vis une existence

06:06 où, personnellement, en tant que minorité, tu acquiers des droits,

06:10 ça te fait réfléchir sur le monde dans lequel tu vis,

06:13 c'est-à-dire qu'il y a encore énormément de travail à faire,

06:15 notamment sur la GPA, notamment sur la PMA.

06:18 Il y a plein de lois à faire passer, donc il y a encore des inégalités.

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