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D Martin Ferrari, IT François Gemenne (GIEC) . Comment passer de l’alerte à l’action
Gaianet Work
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20/03/2024
François Gémenne, membre du GIEC gp 2, chercheur à l'université de liège, prof à science po
Lors de la table ronde des assises du journalisme animée par Dominique Martin Ferrari
Catégorie
📚
Éducation
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Bonjour à toutes et à tous, pardon de ne pas pouvoir être là avec vous, mais je suis heureux
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d'enregistrer ce petit message vidéo pour toucher à quelques-unes des questions autour des rapports
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du GIEC, essayer de voir ensemble comment il est possible de les améliorer un peu. Mon sentiment,
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en tant qu'auteur principal pour le deuxième groupe du GIEC, c'est qu'il est possible de
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mieux faire et que vu, au vu de toute l'expertise qui est rassemblée dans cette organisation et au
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vu aussi de la situation qui est la nôtre pour le moment, je pense que nous avons une
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responsabilité collective, un devoir collectif de voir comment il est possible d'améliorer la
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communication de la science non seulement vers le grand public mais aussi vers les décideurs. Mon
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sentiment est que le stade de l'alerte est un peu dépassé pour le moment et que quelque part,
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à force de donner l'alerte sans cesse, on a l'impression que ces alertes finissent par
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remplacer l'action. Et donc je pense qu'au moment où nous concluons le sixième rapport d'évaluation
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du GIEC, je pense qu'on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion fondamentale sur la
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manière dont la science peut informer l'action autrement, sinon il y a le risque effectivement
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que ces alertes ne finissent pas remplacer l'action. On est vraiment dans une période où on alerte
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sans cesse sur les risques associés au changement climatique et ces alertes provoquent des déclarations
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et des promesses des gouvernements mais il faut bien reconnaître qu'elles ne permettent pas à
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provoquer l'action des gouvernements ni non plus le vote des populations. Mais malgré tout,
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nous décidons consciemment de ne pas agir et ce n'est pas simplement la responsabilité des
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gouvernements, cela tient aussi au mandat qu'ils reçoivent de leurs électeurs. Alors pour aborder
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peut-être plus directement les questions que m'a adressé Dominique Martin-Ferrari, le GIEC
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est organisé en trois groupes. Le premier groupe se tracasse de la science du climat elle-même,
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le deuxième groupe auquel j'appartiens se tracasse de la question des impacts, de la
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vulnérabilité des populations et des possibilités d'adaptation à ces impacts et le troisième groupe
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se tracasse des solutions, des moyens de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais je
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me dis que maintenant dans la situation où on est, je ne suis pas sûr qu'il faille encore conserver
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ce type de sectorisation, d'abord parce que les enjeux qui sont couverts dans les trois groupes
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sont évidemment intimement liés les uns aux autres avec parfois le risque soit de se répéter,
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soit de dire des choses légèrement contradictoires d'un groupe à l'autre, mais aussi plus
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fondamentalement parce que c'est difficile d'alerter sur l'état de la situation sans donner aussi les
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clés de solutions sinon à provoquer une sorte d'état de sidération et le sentiment qu'il n'y a
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rien à faire. Et donc j'ai le sentiment qu'il faudrait aujourd'hui à la fois publier les
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rapports des trois groupes en même temps et surtout sans doute les fusionner de manière à ce que les
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sciences dites dures ne soient pas à nouveau si séparées des sciences sociales, ça ça me paraît
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être un enjeu véritablement important. Et aussi en termes de communication pour quelque part éviter
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de donner l'impression qu'il n'y a pas de solution. Je pense aussi qu'il faut pouvoir faire évoluer
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considérablement la table des matières de ces rapports. On a l'impression qu'on reste beaucoup
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dans les chemins, dans les sillons qui sont tracés par les rapports précédents et que chaque rapport
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au fond sert surtout à réduire l'incertitude quant au sujet qui était abordé dans les rapports
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précédents. Mais on se retrouve aujourd'hui avec toute une série de sujets essentiels dans le
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traitement du changement climatique qui ne sont que marginalement abordés dans les rapports du GIEC.
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Je pense par exemple aux questions de migration et de déplacement qui sont évidemment centrales
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dans notre approche du changement climatique. Je pense aux questions de paix et de sécurité.
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Voilà des questions qui sont évidemment plus sensibles pour les gouvernements, que beaucoup
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de gouvernements considèrent comme étant en dehors de l'expertise du GIEC, que beaucoup de
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gouvernements considèrent comme étant des questions politiques avec lesquelles la science n'aurait
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rien à voir. Et donc des questions qui ne se retrouvent pas traitées, en tout cas pas traitées
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de front, notamment dans la table des matières du rapport qui doit être validée par les gouvernements.
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Et là je pense que notre tendance quelque part à vouloir sans cesse améliorer la précision et
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l'exactitude des résultats, à vouloir réduire l'imprécision, nous amène à répéter beaucoup
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de choses d'un rapport à l'autre et à l'inverse à laisser sur le côté des sujets qui par contre
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sont très importants mais qui sont parfois considérés comme trop sensibles par les
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gouvernements. Il me semble qu'on aurait intérêt par exemple à produire des rapports plus courts
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et plus lisibles mais qui soient publiés à intervalles plus réguliers, plus courts et surtout
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des rapports qui portent véritablement sur des sujets clés qui sont au coeur de la discussion
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et qui parfois génèrent des controverses dans le débat public. Et donc plutôt que de traiter tous
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les sujets liés au changement climatique dans un rapport, il me semble que des rapports thématiques
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sur des sujets spécifiques auraient davantage d'impact dans les débats publics et pourraient
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davantage guider à l'action. L'autre sujet que Dominique me demande d'aborder c'est comment
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est-ce qu'on peut quelque part toucher l'émotion des gens, comment est-ce qu'on peut quelque part
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déclencher des réactions du public ? Et c'est certain que la science est souvent un peu froide
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que les auteurs du GIEC sont rétifs à l'usage de toute formule un peu émotionnelle dans les
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rapports et donc ça donne un côté un peu clinique et parfois très conservateur aux rapports. Je pense
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que c'est inévitable mais je pense que ça tient aussi aux angles qui sont choisis pour les rapports.
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Les rapports du GIEC décrivent somme toute le monde dans lequel nous ne voudrions pas vivre,
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un monde ravagé par les impacts du changement climatique, un monde qui agit comme une sorte
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de repoussoir, comme une sorte d'épouvantaille. Nous avons une idée assez claire du monde dans
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lequel nous ne voudrions pas vivre, par contre nous n'avons pas encore véritablement d'idée
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quant au monde dans lequel nous souhaiterions vivre et ça à mon avis c'est un défi d'importance.
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Et je me dis que potentiellement les rapports du GIEC devraient peut-être adopter l'angle inverse
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et servir aussi à décrire les contours d'un monde qui serait aspirationnel, c'est à dire qui
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répondrait aux aspirations du plus grand nombre et qui tracerait quelque part un peu le chemin pour
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y arriver. Le GIEC nous dit là où nous ne devrions pas aller, l'enjeu c'est plutôt de savoir où nous
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devrions aller maintenant me semble-t-il. Finalement quel pont construire entre les
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questions de climat et de biodiversité ? On sent bien que ce sont des enjeux qui sont profondément
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connectés l'un à l'autre. Le climat a longtemps complètement éclipsé les enjeux de biodiversité,
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dans le discours politique et médiatique, or on voit bien non seulement que la biodiversité
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prend de plus en plus d'importance et je pense que quelque part la pandémie de coronavirus a été un
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chemin de Damas pour beaucoup en ce qui concerne les questions de biodiversité, mais il me semble
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aussi qu'il y ait une responsabilité de montrer comment ces enjeux sont connectés. Climat mais
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aussi biodiversité ou d'autres types de pollution. Ces enjeux sont tous rassemblés dans le concept
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d'anthropocène. Il y a deux ans on a publié avec Aleksandr Hrnkovic et l'atelier de cartographie
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de Sciences Po un atlas de l'anthropocène précisément parce que nous trouvions que
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ces données, ces enjeux étaient trop éparpillés dans le débat public et que le public avait besoin
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d'un outil qui rassemble l'ensemble des données et qui permet de voir comment elles sont connectées
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et donc qui permettent aussi d'identifier les leviers pour agir sur ces données. Je
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vais tendance à dire que ce type d'exercice me paraît extrêmement pertinent et donc il serait
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utile aussi quelque part que le GIEC déborde de sa sphère du climat et je pense que ça va tout à
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fait dans le sens des rapports thématiques et de l'idée de ces rapports thématiques que j'avais
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exprimé tout à l'heure. L'enjeu sera bien effectivement de parler aux citoyens d'un
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futur désirable, ça impliquera je pense qu'on lui donne des clés de solution, qu'on montre comment
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les différents enjeux sont reliés les uns aux autres et à quoi pourrait ressembler le monde
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auquel il aspirait, sinon je crains qu'il y ait de plus en plus une réaction de rejet ou de
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désespérance face à l'ampleur de la catastrophe annoncée. Voilà, merci beaucoup de m'avoir
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écouté, je vous souhaite d'excellentes assises et m'excuse à nouveau de ne pas pouvoir être avec
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vous aujourd'hui.
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