Gaza : avancée militaires, retombées régionales... le point sur la situation après cinq mois de guerre

  • il y a 6 mois

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00:00 Il y a pile cinq mois, le destin des Israéliens basculait.
00:03 Le Hamas lance alors la plus grande attaque terroriste de son histoire.
00:07 1200 morts, des milliers de blessés, des sévices sexuels et des centaines d'otages.
00:11 La riposte de l'armée israélienne est toujours en cours.
00:14 Elle est sanglante, inédite par sa durée et sa férocité.
00:17 Plus de 30 000 morts d'après le Hamas dans la bande de Gaza.
00:20 Bonjour Wassim Nasser.
00:22 On va faire avec vous une sorte de point d'étape militaire.
00:26 Rappelons d'abord l'objectif peut-être irrationnel de Netanyahou, à savoir l'éradication du Hamas dans la bande de Gaza.
00:32 Cinq mois après, on en est où ?
00:34 On va tout de suite regarder une carte pour voir l'évolution depuis le centième jour jusqu'à aujourd'hui.
00:39 Et on va voir que les zones de combat sont plus ou moins les mêmes.
00:43 Donc là, c'était le 15 janvier 2024. On en a parlé ici.
00:46 Les zones rouges sont les zones investies par l'armée israélienne des zones de combat.
00:50 Et là, c'est la carte au 7 mars.
00:51 Donc il y a des zones qui étaient investies, qui étaient des zones de combat, qui ont été évacuées.
00:55 Mais peu ou prou, les zones de combat sont toujours les mêmes.
01:00 Donc on voit qu'il y a une entrée en force de l'armée israélienne, mais il n'y a pas de contrôle territorial,
01:05 hormis les zones vraiment qui jouxtent la frontière, même si aussi dans ces zones-là,
01:10 il y a des trous dans la raquette, entre guillemets, parce que le plus grand nombre de militaires tués au même moment,
01:16 c'était 21 soldats, c'était à quelques centaines de mètres de la frontière, il y a quelques semaines.
01:20 On va regarder des images de combat.
01:22 Donc là, on parle du quartier Zaytoun, donc Gaza Nord, la zone qui a été déclarée sécurisée par Israël.
01:28 Ce sont des images du Hamas.
01:30 Et c'est exactement les mêmes images qu'on voyait depuis le début du combat.
01:34 Donc c'est des binômes qui sortent avec des tandems, donc des roquettes RPG-7 très rudimentaires,
01:40 et qui s'attaquent aux blindés israéliens.
01:42 On est aujourd'hui, donc après cinq mois de guerre,
01:46 après la campagne terrestre israélienne a démarré dans l'année du 27 au 28 octobre,
01:51 on est à 247 militaires israéliens tués.
01:55 Donc en termes d'attrition, en termes militaires,
01:58 c'est de l'ordre de l'habituel, ou même d'un taux bas par rapport au combat urbain qu'on voit ici.
02:05 On va voir des images maintenant de l'armée israélienne à Khan Younes.
02:09 Là, c'est des drones, donc c'est une tactique utilisée.
02:12 Donc en fait, c'est un drone qui appelle les gens.
02:14 Ça, c'est le camp Hamad à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.
02:17 Et le drone appelle les gens en arabe à évacuer les lieux.
02:21 Donc ça, c'est des tactiques nouvelles, on va dire, où on envoie des drones parler aux gens.
02:25 On a vu ça, par exemple, pendant le Covid en Chine ou dans d'autres pays.
02:28 Mais là, c'est assez inédit pour cette zone géographique.
02:33 On va voir après l'armée israélienne investir le camp Hamad.
02:36 Donc c'est un complexe de bâtiments.
02:38 Il y a des écoles.
02:39 C'est comme une cité, on va dire, construite par les Qataris à un certain moment.
02:44 Et là, on voit l'armée israélienne investir les lieux,
02:47 chambre par chambre, appartement par appartement.
02:49 C'est long, c'est dur.
02:51 – C'est ce qu'on voit depuis le début.
02:52 – C'est dangereux et c'est ce qu'on voit depuis le début.
02:54 Donc la situation militaire n'a pas beaucoup évolué dans les faits.
02:57 Parce qu'à l'heure où on parle, Israël ne peut pas déclarer une victoire contre le Hamas.
03:02 Et les Israéliens n'ont pas réussi à tuer, que ce soit Sinwar,
03:06 donc le chef politique du Hamas à Gaza,
03:07 ou Mohamed Def, le chef militaire du Hamas à Gaza.
03:10 Ils ont réussi évidemment à affaiblir considérablement militairement le Hamas,
03:16 en tuant les opératifs, les commandants de zones, etc.
03:19 Mais ça n'empêche pas, vu du moment où il n'y a pas de contrôle territorial,
03:23 que ce qui reste, caché, sous terre, puisse ressurgir,
03:26 ne serait-ce qu'avec des binômes, deux combattants qui peuvent faire une vidéo
03:30 et lancer des roquettes sur Israël,
03:31 même si la roquette ne tue personne depuis le début de la guerre.
03:35 On est descendu de milliers de roquettes à quelques centaines, quelques dizaines,
03:38 à la fin, qui ne tue personne.
03:39 Mais l'effet médiatique, l'effet psychologique sur l'Israélien est énorme.
03:44 Et on voit aussi que dans le quartier Abassane,
03:47 là on voit, là c'est le djihad islamique,
03:49 donc autre faction que le Hamas,
03:51 le quartier Abassane c'est dans le centre de Gaza.
03:54 Pareil, zone où est investie par l'armée israélienne depuis le début des combats,
03:58 mais où on continue à avoir les mêmes modes d'opératoire, les mêmes modes de fonctionnement.
04:02 Paradoxalement, ce fonctionnement-là peut faire durer la guerre très très longtemps.
04:07 Parce que du moment où il n'y a pas de contrôle territorial,
04:09 il n'y a pas de retour des populations,
04:11 et ça reste des zones d'incursion, d'entrée, de sortie et de combat.
04:14 Ça peut durer très longtemps.
04:16 Et paradoxalement aussi, vu qu'il n'y a pas de résultats monnayables politiquement parlant,
04:21 il y a des résultats militaires, tactiques, mais pas de résultats monnayables politiquement,
04:24 le seul qui peut porter le fardeau de ce qui se passe,
04:26 et vous l'avez très bien dit au début,
04:28 le coût du sang et des morts à Gaza,
04:30 ça reste Benyamin Netanyahou.
04:32 Le gouvernement ne changera pas tant qu'il n'y a pas de résultats sur le terrain.
04:36 Personne d'autre ne voudra porter cet habit-là.
04:39 Donc pour dire les choses un peu de notre manière,
04:43 ça veut dire que Benyamin Netanyahou a entamé tout son crédit politique à l'international,
04:48 et aussi celui d'Israël avec lui.
04:50 Donc du moment où il part, la page sera tournée.
04:52 Mais tant qu'il est là, ils peuvent continuer dans cette dynamique militaire extra-bouddhiste.
04:56 - Une question sur Hanounais.
04:58 Pourquoi est-ce qu'Israël n'a toujours pas lancé d'offensive terrestre ?
05:01 - Ils ont lancé une offensive à Hanounais, c'est Arafat qui n'ont pas lancé.
05:06 Parce que ça focalise beaucoup,
05:08 parce que une bonne partie en tout cas des résidents de Gaza
05:12 se sont réfugiés à Arafat, et s'ils entament une opération militaire,
05:16 sans résultats certains derrière, en entamant encore plus leur capital politique,
05:21 ça va leur coûter très cher au niveau international.
05:23 Et les opinions publiques des pays qui les soutiennent depuis le début,
05:26 donc en général les pays occidentaux, même si la France a pris des positions différentes,
05:30 la Grande-Bretagne aussi, il ne reste que les Etats-Unis aujourd'hui,
05:32 le coût pour les pouvoirs en place sera très élevé vis-à-vis de leur population,
05:37 alors qu'on rentre dans une phase d'élection...
05:40 - Mais la coalition en quelque sorte, elle marche, elle fonctionne sur Israël ?
05:42 - Elle marche, mais en même temps,
05:45 s'ils veulent vraiment affaiblir le Hamas jusqu'au bout, comme ils le souhaitent,
05:48 il n'y a que Netanyahou qui peut le faire,
05:51 et en entamer la responsabilité et le coût politique.
05:53 Donc on est dans un vrai paradoxe,
05:55 et c'est pour ça que je disais que ça peut durer très très longtemps.
05:57 - On sort de Gaza, on va en Cisjordanie, en territoire palestinien toujours,
06:01 et là aussi la situation est inflammable,
06:04 entre les raids israéliens de l'armée qui sont quasiment quotidiens,
06:08 et plusieurs attentats.
06:10 - On voit que la situation aussi est, comme vous le dites, très inflammable,
06:14 on voit aussi qu'il y a une évolution dans les attaques contre l'armée israélienne,
06:17 il y a vraiment maintenant des guet-apens, des pièges avec des IED,
06:21 des engins explosifs, il y a des raids de plus en plus violents de l'armée israélienne,
06:24 usage de drones, donc situation très compliquée, surtout on est aux portes du Ramadan,
06:28 donc on va voir comment ça va s'articuler à Jérusalem même,
06:32 mais aussi cette situation qui profite finalement au Hamas,
06:35 parce que le Hamas, son capital politique est monté en flèche en Cisjordanie,
06:39 parce qu'il ne faut pas oublier, pendant le dernier échange otage et détenu,
06:42 tous ceux qui ont été libérés, les mineurs, les femmes, etc., sont érugiens de Cisjordanie.
06:46 Donc pour les gens qui sont en Cisjordanie, la populaté du Hamas a vraiment augmenté
06:51 en comparaison avec celle de l'autorité palestinienne.
06:53 Il ne faut pas oublier aussi, et on va le voir,
06:55 qu'il y a d'autres acteurs qui essayent de rentrer dans la danse.
06:58 L'État islamique essaie de rentrer dans la danse,
07:00 il a appelé à des attaques et des attentats en Israël,
07:03 le 4, il y a une cellule de 4 personnes qui a été arrêtée dans une ville à l'ouest d'Hebron,
07:09 donc 4 personnes de la même famille,
07:11 et là on voit qu'ils avaient préparé plus de 100 IED, 100 bombes, pour s'attaquer aux Israéliens.
07:16 Parce que l'État islamique, il le fait pour son compte, pas pour le compte du Hamas,
07:19 et il essaie de capitaliser sur ce sentiment, et sur cette guerre,
07:22 qui plus elle dure, et plus d'autres acteurs vont essayer de l'utiliser,
07:26 et de rentrer dans cette dynamique-là, et d'essayer de susciter, on va dire,
07:30 des vocations et des attaques contre Israël en Cisjordanie.
07:34 Et c'est important, pourquoi ?
07:37 Parce que beaucoup disent que le Hamas sera détruit à Gaza,
07:40 sauf que le Hamas a déjà survécu en Cisjordanie,
07:43 et dans les camps palestiniens, que ce soit au Liban,
07:45 ou dans la diaspora palestinienne en Jordanie, par exemple.
07:48 Donc la guerre de Gaza, aussi importante soit-elle pour Israël,
07:51 elle n'est pas une guerre de survie pour le Hamas.
07:53 Un mot de l'État islamique, vous disiez, qui menace, est-ce que c'est nouveau, ça, dans la région ?
07:58 Non, c'est pas nouveau du tout, ils ont fait plusieurs attaques contre Israël déjà,
08:01 ils en ont revendiqué, les dernières, trois bombes qui ont été posées à Jérusalem,
08:06 il y a quelques années, c'était un opératif de l'État islamique,
08:08 donc non, c'est pas nouveau, mais c'est à distinguer de la dynamique qui est celle du Hamas.
08:13 Le Hamas et l'État islamique sont dans des dynamiques parallèles, antagonistes,
08:17 mais le sentiment que suscitent les opérations militaires israéliennes à Gaza
08:21 peuvent susciter des vocations.
08:23 La guerre à Gaza, Wassim, qui a des répercussions aussi régionales,
08:25 on en parle beaucoup, a commencé par le Liban et avec le Hezbollah.
08:29 Évidemment, donc beaucoup disent que le Hezbollah ne met pas tout son poids dans la guerre,
08:33 mais c'est sous-estimer quand même le côté stratégique de ce que le Hezbollah est en train de faire au Liban.
08:39 Ça veut dire qu'il ne faut pas oublier que les attaques du Hezbollah, qui augmentent de jour en jour,
08:43 et là on voit, ce sont des roquettes Katusha contre des localités israéliennes,
08:49 on voit que la cadence monte, là c'est une trentaine de roquettes en même temps,
08:53 on voit que l'activité du Hezbollah fixe une bonne partie de l'armée israélienne dans le nord d'Israël,
08:58 donc l'armée d'effectifs et pas de réservistes,
09:00 donc ça empêche de faire un roulement de combattants à Gaza, donc l'effet militaire il est là,
09:04 le Hezbollah fixe une partie de la marine aussi à la côte, donc la marine israélienne,
09:08 et le Hezbollah a perdu plus de 200 de ses combattants et de ses commandants.
09:13 Donc il paye le prix lourd, l'armement utilisé coûte cher, les missiles anti-charges,
09:17 donc il fait ce qu'il fait mais en gardant le tempo que lui-même il veut.
09:21 Il ne veut pas que ça aille trop loin et paradoxalement ce sont les israéliens qui essayent de faire aller les choses plus loin,
09:26 parce qu'encore une fois, capital politique entamé pour entamé est celui de Netanyahou,
09:30 pourquoi pas aussi essayer de dégrader les capacités du Hezbollah
09:34 et que ça soit du ressort de ce gouvernement Netanyahou, et après on tourne la page et on passe à autre chose.
09:39 Donc il y a un vrai risque que les choses s'enveniment à la frontière nord,
09:45 mais ça serait du fait d'une volonté israélienne d'entamer les capacités du Hezbollah
09:49 qui leur pose les mêmes problèmes que posait le Hamas avant le 7 octobre.
09:54 Merci beaucoup Wassim pour ces coulisses de la stratégie de l'armée israélienne,
09:58 mais aussi du Hamas et du Hezbollah.

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