RN, Europe... Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux Européennes, invitée de BFMTV
Valérie Hayer, tête de liste du parti Renaissance aux Européennes, était l’invitée de C’est pas tous les jours dimanche.
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00:00 Bonsoir Valérie Ayé. Bonsoir.
00:02 Merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:04 On va bien sûr revenir dans un instant sur le lancement de la campagne du Rassemblement National.
00:08 Vous avez regardé, on imagine, les discours de Marine Le Pen et Jordan Maal ?
00:11 Seulement un oeil. On verra ça tout à l'heure.
00:14 Mais d'abord je rappelle pour ceux qui nous regardent que vous avez été désignée jeudi tête de liste de la majorité présidentielle pour les élections européennes.
00:23 Ce n'est pas vous faire offense que de dire que vous êtes inconnue du grand public.
00:26 Première question, est-ce que vous avez dit merci à Bruno Le Maire, Julien Denormandie et Jean-Yves Le Drian ?
00:31 Écoutez, j'entends les commentaires parfois sur la candidate par défaut entre guillemets.
00:40 Non mais parce que c'est pour ça que je vous pose la question. Est-ce que vous leur avez dit merci ?
00:44 Non mais c'est la remarque qu'on me fait tous les jours.
00:46 Maintenant je pense qu'il faut passer à autre chose.
00:48 Je pense que je suis légitime à être tête de liste aujourd'hui.
00:52 Le président de la République m'a fait cette confiance.
00:54 J'ai pour moi un engagement européen. J'ai été élue locale à l'âge de 21 ans.
00:59 J'ai cet engagement qui est très très fort au service du collectif.
01:03 J'ai été élue députée européenne en 2019. J'ai travaillé au Parlement européen.
01:07 J'ai été très identifiée très vite sur les enjeux budgétaires.
01:10 Je suis devenue présidente du groupe Renew au Parlement européen, le groupe centriste et central.
01:13 On ne met pas en cause votre légitimité, on va revenir sur tous ces éléments.
01:17 Mais le fait est qu'Emmanuel Macron, avant de vous choisir, a essayé de convaincre Bruno Le Maire, ministre de l'économie, pour qu'il soit tête de liste.
01:23 A essayé de convaincre Julien de Normandie, un de ses proches, ancien ministre de l'agriculture, pour être candidat.
01:27 A essayé de convaincre aussi l'ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
01:30 Est-ce que ce n'est pas un peu difficile d'être une sorte de plan B ou de plan C, quand on voit l'importance de cette élection ?
01:36 Pourquoi il n'a pas pensé à vous tout de suite, dès le début ?
01:38 D'abord, vous ne savez pas quelles ont été les discussions entre les personnes que vous citez et le président de la République.
01:43 Vous ne savez pas non plus quelles ont été les discussions entre le président de la République et moi-même.
01:47 Vous étiez son premier choix ?
01:48 Moi, ce que je sais, c'est qu'on sera tous mobilisés pour cette campagne qui est décisive pour l'avenir de l'Union européenne.
01:53 Vous savez que l'Europe, c'est vraiment un élément très fort du projet de la majorité présidentielle.
01:58 Et toutes les personnes, tous les hommes que vous citez ici, seront présents au meeting de lancement à Lille, j'en suis certaine, et on sera tous mobilisés ensemble.
02:05 Pardon de reposer la question, vous étiez le premier choix du président de la République ?
02:08 Il y a eu des discussions, il y a eu des discussions entre les différentes options qui ont été sur la table.
02:13 Moi, je suis là, devant vous, et c'est moi la tête de liste.
02:15 Ça, c'est une façon de dire non. Simplement, quand on voit l'importance de l'ADN pro-européen que vous avez chevillé au corps, vous ne cessez de le rappeler.
02:25 Est-ce que ce n'est pas un sujet, quand on voit en face Jordane Bardella, tête de liste pour le Rassemblement national, par exemple,
02:32 d'avoir quelqu'un qui n'a pas la même expérience de premier plan ?
02:35 Est-ce que ça veut dire que les principaux leaders de la République en marche, de la majorité présidentielle, se sont défaussés ?
02:41 Ils n'ont pas eu le courage d'aller au front pour être candidats ? Ils avaient peur de perdre ?
02:45 Là encore, l'Europe, c'est notre identité, c'est un point de force pour nous.
02:48 Moi, je suis devant vous, je suis la tête de liste de la majorité présidentielle, j'ai travaillé au Parlement européen,
02:52 j'ai des choses à dire sur notre bilan et sur le projet qui sera le nôtre.
02:55 Encore un mot sur ce sujet, est-ce qu'au fond, tout ça ne veut pas dire que la vraie tête de liste, c'est Emmanuel Macron ?
03:00 Emmanuel Macron s'engagera évidemment dans cette campagne des européennes, mais vous m'entendrez moi,
03:04 c'est moi que vous invitez ce soir pour parler de cette campagne, je suis là avec vous.
03:07 Et vous souhaitez qu'il fasse des meetings avec vous ?
03:10 Je souhaite qu'il s'implique dans cette campagne, bien sûr.
03:13 Mais qu'il fasse des meetings, on avait vu ça de mémoire, Nicolas Sarkozy en 2009.
03:17 Est-ce que vous aimeriez partager la tribune, la scène avec le président de la République
03:23 pour qu'il s'engage de cette façon-là dans la campagne des européennes ?
03:26 Ce sera sa décision, en tout cas, moi je vous dis une chose, c'est une fierté d'avoir été investie au nom de la majorité présidentielle
03:32 et qu'il ne voudrait pas faire campagne avec le président de la République,
03:35 dont l'engagement européen est connu, identifié par les Français, mais je voudrais même aller au-delà.
03:39 Moi, mes collègues au Parlement européen, ceux qui siègent dans mon groupe politique,
03:42 mais ceux aussi qui siègent à la droite et à gauche, dans les groupes de droite et de gauche du Parlement européen,
03:47 reconnaissent à Emmanuel Macron d'avoir une vision pour le projet européen.
03:50 C'est aussi ça la perspective qu'il faut avoir dans le débat européen et la vision européenne du président Macron.
03:55 Et on va essayer de détailler cette vision, Valérie Ayé, je le disais tout à l'heure, l'image du jour,
03:58 c'est le lancement de la campagne du Rassemblement national pour les européennes,
04:01 Marine Le Pen et Jordan Bardella, la tête de liste du RN, qui, sans surprise, s'en est prise à Emmanuel Macron.
04:07 Écoutez.
04:08 Au fond, ce que nos dirigeants et l'Union européenne ont provoqué main dans la main,
04:13 c'est le grand effacement de la France par le délabrement de l'État,
04:17 par la dislocation du pays et par-dessus tout, par la désunion des Français.
04:22 Et le grand effaceur a un nom. Il s'appelle Emmanuel Macron.
04:29 Le grand effaceur a un nom, c'est Emmanuel Macron.
04:33 Le RN est en train de transformer ces élections européennes en référendum pour ou contre Emmanuel Macron.
04:40 C'est la leçon que vous tirez de ce lancement de campagne ?
04:43 Mais depuis le début, Jordan Bardella et le RN ne veulent pas parler d'Europe.
04:47 Ils sont là pour refaire le match de la présidentielle et ils considèrent que c'est une élection mid-term.
04:52 Nous, ce qu'on veut, moi, ce que je veux en tant qu'engagée dans cette campagne,
04:56 c'est véritablement de parler aux Français d'Europe, de leur expliquer, de leur faire savoir notre bilan
05:00 et de leur expliquer quel est notre projet.
05:03 Le contexte international qu'on connaît, l'échamboulement du monde,
05:06 implique d'avancer encore sur le projet européen.
05:09 On doit faire la démonstration qu'on a besoin de rappeler.
05:11 Simplement une remarque sur la fameuse expression "l'effacement".
05:15 Pardon, mais l'effacement, c'est le projet du RN, l'affaiblissement de la France.
05:20 Je dois vous rappeler une chose. Nous, on a été élus en 2019, majorité présidentielle, on est 23,
05:25 qui avons été élus sur cette liste.
05:27 Le RN, ils sont 23 aussi. Qu'est-ce qu'ils ont fait en 5 ans au Parlement européen ?
05:31 Qu'est-ce qu'ils ont proposé ? Quel est leur bilan au Parlement européen ?
05:35 Alors, déjà, Valérie Ayé, vous soutenez ceux qui vous avez soutenus,
05:39 Ursula von der Leyen, présidence de la Commission européenne.
05:42 Ce n'est pas la même chose d'être dans la majorité que d'être dans la minorité,
05:46 comme le RN, dans le groupe Identité et Démocratie.
05:48 Ça n'empêche pas d'être active, de déposer des amendements.
05:51 Ça n'a pas été le cas de Jordane Bardella, mais ni de ses collègues au RN et au groupe Identité et Démocratie.
05:56 Nous, on a été en responsabilité.
05:58 Vous pensez vraiment que ça convainc les Français, ce type d'argument, d'aller regarder ?
06:01 Je ne dis pas que ce n'est pas important, mais d'aller regarder l'activité de tel ou tel député européen à Strasbourg ?
06:06 Vous pensez que les gens se positionnent là-dessus ?
06:08 C'est important de le rappeler, de savoir pourquoi,
06:10 ce que font les représentants français au Parlement européen,
06:14 pourquoi ils ont été élus, quel bilan ils ont.
06:16 Est-ce qu'ils sont allés au Parlement européen simplement au frais du contribuable,
06:19 sans rien apporter au contribuable français ?
06:22 Ou est-ce qu'ils ont un projet à apporter ?
06:24 Moi, je vois qu'ils n'ont pas travaillé.
06:26 Jordane Bardella a couru sur les plateaux télé,
06:28 mais en termes de résultats au Parlement européen, rien.
06:30 Et en termes d'activité, rien.
06:32 Je voudrais citer une autre phrase.
06:34 C'est Marine Le Pen qui a dénoncé un président en état de siège.
06:36 De toute façon, Valérie Ayé, vous n'éviterez pas un vote sanction à l'égard du président de la République,
06:43 qui est très impopulaire, on le voit dans les sondages.
06:46 Ça, vous y êtes préparée ?
06:47 Là encore, on veut parler d'Europe.
06:49 Moi, je veux parler d'Europe dans cette période.
06:51 On a un bilan, peut-être quelques éléments de rappel.
06:54 On a fait dans cette mandature beaucoup pour mieux protéger les Français dans la période qu'on connaît.
07:02 Évidemment, la crise sanitaire avec la stratégie vaccinale,
07:05 le plan de relance pour faire que notre économie ne s'affaisse pas,
07:08 la régulation des géants du numérique.
07:10 Sur les géants du numérique, on est à sable, les taxes européennes.
07:12 J'entends ces éléments de bilan, mais vous savez très bien que les Français
07:15 ont l'occasion, à travers ce scrutin, de porter un jugement sur Emmanuel Macron,
07:20 sur ce qui est fait à l'échelle nationale.
07:22 On dit beaucoup que les élections européennes, c'est une sorte de mid-term.
07:24 C'est la seule élection nationale avant 2027.
07:27 De ce point de vue-là, vous risquez de pâtir de l'impopularité structurelle,
07:32 si j'ose dire, du président de la République.
07:34 Je m'inscris en faux. On va parler d'Europe dans cette campagne.
07:37 Vous pensez que les éléments nationaux ne compteront pas ?
07:39 Évidemment que les éléments nationaux comptent.
07:41 Je ne vais pas vous dire l'inverse.
07:42 Mais moi, ce que je veux, c'est qu'on parle d'Europe,
07:44 qu'on explique aux Français que l'heure est grave,
07:46 que les enjeux sont importants.
07:48 On a une guerre aux portes de l'Europe.
07:50 On a Vladimir Poutine, le Kremlin,
07:52 qui tente de menacer nos démocraties et de manipuler nos opinions publiques.
07:55 C'est aussi ça qu'il faut expliquer aux Français.
07:58 C'est l'enjeu de ces élections européennes.
08:00 On a un enjeu existentiel pour l'Union européenne,
08:03 entre ceux qui veulent détruire l'Europe de l'intérieur,
08:05 le Rassemblement national, et ses alliés,
08:07 Viktor Orban, le Pich en Pologne,
08:10 et puis nous, qui sommes la seule offre politique pro-européenne en France,
08:14 qui voulons transformer, continuer à transformer l'Europe,
08:16 pour qu'elle puisse, un, nous permettre de vivre dans un monde en paix et en sécurité,
08:20 et également répondre aux problématiques quotidiennes qui se posent aux Français,
08:24 et qui trouvent des réponses européennes.
08:26 Je pense à la lutte contre le changement climatique,
08:28 je pense aux enjeux migratoires.
08:30 Tout ça, ce sont des enjeux qui nécessitent des réponses européennes.
08:33 Vous parlez justement de la question migratoire.
08:36 Jordan Bardella l'a dit dans son discours,
08:38 il veut faire des élections, un référendum,
08:40 contre la submersion migratoire.
08:42 Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres,
08:44 on ne connaît pas franchement vos convictions,
08:46 mis à part le soutien, on imagine, à l'égard de la politique qui a été menée depuis 2017,
08:50 pour rentrer dans le sujet.
08:52 De façon assez simple, est-ce que vous considérez, Valérie Ayé,
08:54 qu'il y a trop d'immigration aujourd'hui en France ?
08:57 Je reviens sur ce terme de submersion migratoire,
09:00 c'est de la surenchère, pardonnez-moi, encore,
09:04 sur les enjeux migratoires.
09:06 Moi, je considère que, trop souvent,
09:09 on a mis la poussière sous le tapis sur ces questions-là, au niveau européen.
09:12 On a laissé les pays d'entrée, l'Italie, la Grèce, l'Espagne,
09:15 seuls, sans les aider, sans porter de solutions concrètes.
09:18 Maintenant, sur ce mandat-là, on s'est retroussés les manches,
09:21 et on a travaillé, et dans quelques semaines,
09:23 on va voter pour le pacte asile et migration.
09:25 Sur les enjeux migratoires, il y a des problématiques...
09:27 C'est important, et c'est aussi une façon de faire en sorte que les téléspectateurs,
09:30 peut-être les électeurs, vous connaissent davantage.
09:32 Est-ce que vous considérez qu'aujourd'hui, en France,
09:34 il y a trop d'immigration ?
09:36 Il y a eu un texte qui a été débattu ces dernières semaines,
09:38 à l'Assemblée nationale.
09:40 Ce que je constate, c'est que le bon échelon,
09:42 c'est aussi l'échelon européen, très clairement.
09:44 Il faut réguler l'immigration, ça c'est une évidence.
09:46 Et le paquet qu'on est en train de proposer,
09:49 c'est véritablement ces deux jambes, fermeté, humanité.
09:51 C'est-à-dire, comment on fait pour que ceux qui ont vocation
09:54 à rester sur le territoire européen puissent rester
09:56 et être accueillis dans les meilleures conditions ?
09:58 À l'inverse, ceux qui n'ont pas vocation à rester
10:00 sur le territoire européen, puissent être renvoyés,
10:04 qu'on lutte contre les réseaux de passage.
10:06 Je vois que vous n'avez pas beaucoup d'expérience dans les médias,
10:08 mais vous savez déjà parfaitement ne pas répondre
10:10 aux questions qu'on vous pose.
10:11 Je retente une troisième fois,
10:12 est-ce qu'il y a trop d'immigration en France aujourd'hui ?
10:14 Il y a ce qui relève de l'immigration issue du droit d'asile,
10:17 à laquelle on répond.
10:19 Et si on va sur l'immigration économique,
10:20 il faut que les acteurs économiques nous demandent aussi
10:22 quels sont leurs besoins.
10:23 Par exemple, en Allemagne, les acteurs du monde économique
10:26 sont sortis du bois en expliquant qu'ils avaient besoin
10:29 davantage d'immigration économique.
10:31 Donc si je suis, vous considérez que non, il n'y en a pas trop
10:34 et qu'il faudrait même qu'il y en ait davantage
10:36 pour répondre à l'améliorer une main d'œuvre en France ?
10:38 J'attends que les acteurs économiques se positionnent
10:39 sur ces sujets-là.
10:40 Ensuite, on offre le cadre politique qui permet de répondre aux besoins.
10:43 Mais donc à l'inverse, vous ne dites pas qu'il y en a trop ?
10:45 J'attends que les acteurs économiques se positionnent.
10:48 C'est aux acteurs économiques de décider de la politique migratoire ?
10:50 Non, bien sûr, mais on a eu un débat pendant des semaines
10:54 au niveau français sur ces questions-là.
10:56 Moi, je regrette une chose, c'est que pendant le débat français,
10:58 on a très peu parlé du débat européen.
11:00 C'est là que ça se joue, très clairement.
11:02 L'immigration, ce sont des phénomènes qui sont mondiaux
11:05 et la réponse la plus efficace, c'est vraiment la réponse
11:08 qu'on va apporter à l'échelle européenne.
11:10 J'ai bien écouté les deux discours de Marine Le Pen et de Jordane Bardella.
11:13 Pas une fois, vous n'êtes citée, alors qu'Emmanuel Macron,
11:16 Gabriel Attal sont cités à leurs yeux.
11:18 Vous n'existez pas ?
11:19 Moi, je suis la candidate de la majorité présidentielle.
11:22 Il m'importe assez peu de savoir si Jordane Bardella ou Marine Le Pen me citent.
11:26 Je suis là, je suis là devant vous et je serai là devant les électeurs.
11:29 Mais vous considérez que c'est une forme de mépris, comme ça,
11:31 de vous faire comme si vous n'existiez pas ?
11:33 Écoutez, là encore, je n'ai pas envie de commenter ce que disent
11:36 Jordane Bardella et Marine Le Pen.
11:37 Je suis là, je suis déterminée et les Français ne me connaissent pas encore.
11:41 On va faire connaissance dans les prochains mois.
11:42 Donc, il n'y a pas de mépris à votre égard ?
11:43 Je me souviens aussi que vous étiez invité du 20h de TF1 jeudi soir
11:47 et dans la foulée de cette interview, Jordane Bardella, sur les réseaux sociaux,
11:50 a dit "Rendez-nous Nathalie Loiseau".
11:52 C'était la tête de liste en 2019.
11:55 C'est quoi ça ? C'est du mépris ? C'est un excès de confiance ?
11:58 Écoutez, je n'ai pas envie de commenter matin, midi et soir
12:01 les tweets ou les interventions de Jordane Bardella.
12:04 Moi, je suis là pour présenter notre bilan et présenter le projet
12:07 qui va être celui de la majorité présidentielle.
12:09 C'est votre principal opposant, principal adversaire ?
12:12 C'est sûr qu'on n'a pas du tout le même projet.
12:14 Il y a deux offres structurées qui sont proposées aux Français.
12:17 La nôtre, qui est celle de "Besoins d'Europe"
12:19 et de continuer à transformer l'Europe pour qu'elle réponde davantage
12:21 aux problèmes des Français.
12:23 Et puis, le projet anti-européen de démantèlement de l'Union européenne
12:27 qui, sous couvert de protéger les Français,
12:30 va les affaiblir très clairement.
12:32 Ce qui me frappe beaucoup en vous écoutant et en écoutant vos autres prises de parole,
12:35 c'est que vous parlez beaucoup, vous assumez de parler du Rassemblement national.
12:38 Pas seulement vous, d'ailleurs, aussi, président de la République,
12:40 Premier ministre, si on cite de mémoire, Emmanuel Macron,
12:43 projet de décroissance et de bêtise sur l'agriculture,
12:46 Gabriel Attal qui comparait les troupes de Vladimir Poutine
12:49 aux troupes de Marine Le Pen.
12:51 Est-ce qu'au fond, quand Marine Le Pen, tout à l'heure, à Marseille,
12:55 dénonce l'obsession quasi pathologique du président de la République
12:59 à l'égard du RN, est-ce qu'elle ne souligne pas quelque chose de vrai ?
13:03 Vous parlez tout le temps d'eux ?
13:05 C'est une façon d'essayer d'enfermer le match entre Jordan Bardella et vous ?
13:08 Il faut expliquer l'hypocrisie du Rassemblement national
13:11 et l'inconsistant du Rassemblement national.
13:13 Je les vois aussi se positionner sur les votes au Parlement européen.
13:16 Ils prétendent qu'ils sont là pour protéger les Français.
13:18 Ils votent contre le plan de relance qui a permis de sauver des centaines,
13:21 des milliers d'emplois en France.
13:23 Ils prétendent qu'ils soutiennent nos industries.
13:25 Ils ont voté contre la taxe carbone aux frontières
13:27 qui permet de lutter contre le dumping environnemental.
13:29 Ils prétendent qu'ils protègent les emplois des Français.
13:31 Ils ont voté contre le salaire minimum
13:33 qui permet de lutter contre le dumping social en Europe.
13:35 C'est ça l'hypocrisie du Rassemblement national.
13:37 Au fond, les autres candidats, ça ne vous intéresse pas ?
13:39 François-Xavier Bélamy, Raphaël Glucksmann, Marie Toussaint ?
13:41 On peut parler des autres candidats, il n'y a pas de problème.
13:43 On peut parler de Raphaël Glucksmann, par exemple,
13:45 qui, pour le coup, vote beaucoup, beaucoup de textes comme nous
13:48 et qui, à mon sens, aurait sa place chez nous.
13:51 Je pense qu'il serait beaucoup plus influent et beaucoup plus efficace
13:53 s'il était chez nous, par exemple.
13:55 C'est intéressant, vous considérez que Raphaël Glucksmann,
13:57 le candidat soutenu par le Parti socialiste,
13:59 au fond devrait être sur votre liste ?
14:01 Quand on regarde ses votes, on vote 90 %, la même chose.
14:07 Alors lui dit, il corrigé ce matin, il dit 80 %.
14:10 90 %, j'ai vérifié.
14:12 Ah bon ?
14:13 Oui, oui.
14:14 On a des votes qui sont très très forts.
14:16 Vous l'appelez ce soir à vous rejoindre ?
14:17 Vous pourriez lui laisser une place sur la liste ?
14:19 S'il veut être efficace demain au Parlement européen,
14:21 puisqu'il le l'est aujourd'hui, oui, il ferait mieux d'être de siège au groupe Renew.
14:24 Lui dit que la principale différence entre lui et vous,
14:28 c'est la question de la justice sociale,
14:30 la question aussi de la taxation des super-profits.
14:32 Ce qui m'amène à une question sur Raphaël Glucksmann.
14:34 Au fond, est-ce que vous comprenez que certains macronistes de gauche
14:39 qui ont voté Emmanuel Macron en 2017-2022,
14:41 soient tentés par Raphaël Glucksmann en se disant,
14:43 ces derniers mois, on a la loi immigration,
14:46 on a Rachida Dati nommée ministre de la Culture au gouvernement,
14:49 est-ce qu'on a vraiment voté pour ça ?
14:51 Moi, ce que je vois, c'est qu'au niveau du Parlement européen,
14:54 on a été à la manœuvre sur toutes les avancées sociales
14:56 et sur toutes les avancées environnementales.
14:58 Donc, nos électeurs qui pensent,
15:00 qui considèrent qu'il faut être influent au niveau de l'Union européenne
15:03 et du Parlement européen...
15:04 Oui, mais à l'échelle nationale, Valérie,
15:05 ils voient un gouvernement qui n'aurait pas renié Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012,
15:09 ils voient des orientations droitières, on peut le dire,
15:12 sur la question de la réforme du marché du travail,
15:14 sur la loi immigration.
15:16 Vous ne pensez pas que ça, ça a pu déboussoler des électeurs venant de la gauche
15:20 et qui donc, de ce fait, pourraient se tourner vers Raphaël Glucksmann ?
15:23 Absolument pas, je pense que notre projet, il est clair,
15:25 les deux jambes, et ça se traduit également au niveau de notre projet européen
15:29 et de notre bilan européen.
15:30 Les deux jambes sont parfaitement équilibrées,
15:32 vous ne considérez pas que le gouvernement aujourd'hui est un gouvernement de droite ?
15:35 Absolument pas, regardez qui est notre Premier ministre, par exemple,
15:38 et je pourrais vous en citer d'autres.
15:39 Vous savez d'où vient Emmanuel Macron ?
15:41 Vous savez d'où vient Gabriel Attal ?
15:44 Et par ailleurs, l'ADN du macronisme, c'est le dépassement.
15:47 C'est d'ailleurs ce pour quoi j'ai adhéré à En marche en 2017.
15:51 J'étais à l'UDI avant, moi, j'étais déjà engagée politiquement,
15:54 et l'engagement pro-européen d'Emmanuel Macron,
15:57 cette idée du dépassement, c'était vraiment des éléments
16:00 qui ont été décisifs dans mon choix de rejoindre Emmanuel Macron.
16:03 Un mot sur les sondages, Valérie Ayé, vous êtes aujourd'hui reléguée à 10 points
16:06 derrière Jordan Bardella, c'est déjà perdu ?
16:08 Absolument pas.
16:10 Pensez vraiment pouvoir remonter cet égard ?
16:13 Quand je lis la presse, quand j'écoute les commentateurs,
16:16 les jeux seraient déjà faits.
16:18 Non, j'ai été désignée tête de liste.
16:20 Jeudi, on va se lancer dans la campagne,
16:22 je ne vous dis pas que ça va être simple, évidemment,
16:24 la mission est difficile, mais il n'y a pas de mission impossible.
16:27 Peut-être pour vous dire, au Parlement européen,
16:29 moi je préside un groupe, c'est 103 députés
16:32 issus de 24 nationalités différentes et de 40 parties politiques différentes.
16:36 D'un regard extérieur, on pourrait se dire,
16:38 mission impossible de les mettre d'accord,
16:40 puis ensuite d'aller négocier avec les autres.
16:42 Ce qui n'est pas la même chose que de remonter un égard de 10 points.
16:45 Ce n'est pas la même chose, évidemment.
16:46 Simplement, je viens d'entrer en campagne,
16:48 je viens d'être désignée tête de liste,
16:50 on va mettre toutes nos forces dans la bataille,
16:52 évidemment ce sera difficile, mais on va y arriver,
16:54 on va la gagner cette campagne.
16:55 La gagner ? Pas seulement être à touche-touche ou rétro-d'écart ?
16:58 On va la gagner.
16:59 D'accord, ce n'est pas un petit excès d'optimisme ça ?
17:01 Détermination.
17:02 D'accord.
17:03 Valérie, je voudrais qu'on aborde la question des traités de libre-échange.
17:06 Jeudi, au Parlement européen,
17:07 les députés de la majorité présidentielle ont voté
17:09 en faveur d'un accord entre l'Union européenne et le Chili,
17:11 qui actualise un accord qui existe déjà.
17:13 Ce traité double le quota de poulets importés,
17:16 on passe de 18 000 tonnes à 40 000 tonnes,
17:19 ça fait 45 millions de poulets supplémentaires par an
17:21 qui viennent donc du Chili, la filière avicole,
17:24 la filière volaille n'en voulait pas.
17:26 Est-ce que vous comprenez que les agriculteurs,
17:27 en voyant ça, se disent qu'on se moque d'eux ?
17:29 Moi, les agriculteurs, je les connais,
17:33 je discute régulièrement avec eux,
17:35 et je pense que sur les accords de commerce,
17:37 on peut basculer très vite dans la caricature.
17:39 Là, c'est des chiffres précis, pour le coup,
17:41 sur le tonnage de poulets.
17:43 Déjà, l'accord UE-UE-Union européenne-Chili,
17:45 ce n'est pas l'accord UE-UE-Mercosur-Amérique du Chili.
17:48 Donc, les contingences ne sont absolument pas les mêmes.
17:50 Vous l'avez dit, c'est un accord qui est révisé.
17:52 Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que sans révision,
17:54 on avait une réévaluation automatique des quotas.
17:56 Il vaut mieux réviser avec les chiffres que vous avez rappelés,
18:00 plutôt que d'avoir une réévaluation automatique des quotas
18:02 qui serait défavorable à nos agriculteurs.
18:04 Vous pourriez aussi baisser ces quotas.
18:06 Il faut avoir à l'esprit, là vous parlez de la volaille,
18:10 nos producteurs de lait exportent largement dans le cadre de cet accord.
18:17 Donc, c'est ces équilibres à considérer sur cet accord
18:21 entre l'Union européenne et le Chili.
18:23 Par ailleurs, cet accord, ce n'est pas uniquement
18:25 les chiffres dont vous parlez.
18:27 C'est un accord nouvelle génération.
18:29 Les logiciels sont en train de changer,
18:31 grâce à notre initiative et sous notre impulsion
18:33 au niveau européen.
18:35 On intègre le respect des accords de Paris,
18:37 on intègre le respect des standards sociaux,
18:40 sanitaires et environnementaux.
18:42 Il n'empêche qu'il y a plus de poulets chiliens
18:44 qui vont arriver sur le marché français
18:46 à l'issue de la conclusion de ce traité de libre-échange.
18:48 Mais il y en a moins que si on n'avait pas révisé cet accord.
18:51 C'est ça aussi qu'il faut avoir à l'esprit.
18:53 Cet accord est bon parce qu'il révise
18:56 et il met fin à l'augmentation automatique,
18:59 parce qu'il respecte nos standards environnementaux et sociaux,
19:02 parce qu'il permet à nos exploitants agricoles
19:05 d'exporter aussi au Chili.
19:07 Il ne faut pas avoir une seule lunette.
19:10 On importe mais aussi on exporte.
19:12 Et puis par ailleurs, on a besoin,
19:14 le Chili c'est 40% des réserves de lithium,
19:16 on a aussi besoin d'aller s'approvisionner.
19:18 Donc on affaiblit la filière volaille
19:20 pour pouvoir faire des batteries électriques dans les voitures.
19:22 Pas du tout, pas du tout, au contraire.
19:24 Là encore, je vous le dis, c'est l'équilibre entre les filières.
19:26 Est-ce que vous savez qui est le seul eurodéputé macroniste
19:28 qui a voté contre la révision de ce traité ?
19:30 Je le sais parfaitement, il m'a prévenu.
19:33 C'est Jérémy Dossière.
19:34 Jérémy Dossière, l'agriculteur,
19:35 ancien président des Jeunes agriculteurs.
19:37 Est-ce que ça, ça ne doit pas vous mettre la puce à l'oreille quand même ?
19:39 D'abord, Jérémy, il est élu depuis 2019.
19:42 Vous l'avez rappelé, ancien président des Jeunes agriculteurs.
19:45 Il est encore agriculteur.
19:47 Il est mobilisé à nos côtés.
19:49 Il a voté avec nous la politique agricole commune,
19:51 le Green Deal.
19:52 Il connaît quand même très bien l'agriculture
19:53 et il s'oppose à cette révision.
19:54 Ça dit quand même quelque chose du mal-être.
19:56 Il a donné ce midi à Arnaud Rousseau, le patron de la FNSE,
19:58 qui lui aussi disait "moi je ne l'aurais pas voté".
20:00 Arnaud Rousseau disait aussi "on a besoin des accords de commerce".
20:03 Oui, mais sur spécifiquement ce traité avec le Chili,
20:05 il disait "moi je ne l'aurais pas voté".
20:06 Pour Jérémy, il me semble que c'était davantage un signal de vigilance
20:09 parce qu'en fait on a des équilibres à trouver entre filières
20:12 et le point d'attention, c'est de s'assurer
20:15 qu'en fonction des accords de commerce en cumulé,
20:17 ça ne fragilise pas les filières.
20:19 Message de vigilance de la part de Jérémy Dossière.
20:21 Un petit mot tout à l'heure, vous évoquiez le Mercosur.
20:23 Est-ce que vous pouvez nous assurer, je n'ose dire les yeux dans les yeux,
20:26 parce que ça a porté malheur à la personne qui l'a utilisé,
20:28 qu'il n'y aura pas de conclusion d'accord entre le Mercosur et l'Union Européenne
20:32 sous la prochaine mandature ?
20:34 Les conditions ne sont pas réunies.
20:35 Oui, mais ce n'est pas exactement ma question,
20:37 parce qu'on entend souvent Emmanuel Macron dire "en l'état".
20:39 Est-ce que vous pouvez nous assurer que dans la prochaine mandature,
20:42 il n'y aura pas d'accord de libre-échange avec le Mercosur ?
20:44 Écoutez, "en l'état" ça veut dire que les conditions doivent être réunies.
20:47 Si ces conditions évoluent.
20:49 Écoutez, nos conditions c'est quoi ?
20:51 C'est les accords de Paris, c'est le respect de nos normes environnementales,
20:56 de nos standards sociaux et sanitaires,
20:58 c'est la négociation des contingents,
21:00 qui serait bien inférieure à ceux qui sont sur la table aujourd'hui,
21:03 et c'est la réciprocité.
21:05 Si demain on arrive à négocier et que tout convient
21:08 et que ça va dans le sens de nos agriculteurs,
21:10 regardons, mais aujourd'hui c'est clair,
21:12 les conditions ne sont pas réunies, c'est un veto absolu.
21:15 Donc les conditions ne sont pas réunies,
21:17 mais si d'aventure les critères que vous évoquiez il y a un instant,
21:20 si ça fonctionne, vous ne dites pas,
21:22 il n'y aura jamais d'accord entre Mercosur et l'Union Européenne
21:25 dans la prochaine mandature.
21:27 Écoutez, les agriculteurs eux-mêmes le disent,
21:29 Arnaud Rousseau eux-mêmes le dit,
21:31 on a besoin d'accords de commerce.
21:33 Donc on négocie, si les conditions ne conviennent pas, on dit non,
21:36 si les conditions conviennent, on regarde, évidemment.
21:39 Les choses sont claires.
21:40 Je voudrais qu'on revienne sur les propos tenus par le président de la République
21:43 en début de semaine, qui n'a pas exclu l'envoi de troupes au sol en Ukraine,
21:46 tout en reconnaissant qu'il n'y avait pas de consensus.
21:48 Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné explique
21:50 maintenir l'ambiguïté stratégique
21:52 quand tous les autres pays européens réagissent
21:54 en expliquant qu'il n'en est pas question.
21:56 Le résultat, c'est surtout un aveu de faiblesse et de division, non ?
22:00 Je pense que c'était important d'envoyer un message très clair
22:03 à Vladimir Poutine aujourd'hui,
22:05 dans un moment où il est plus offensif encore sur le terrain ukrainien
22:10 et aussi plus offensif encore vis-à-vis de nous,
22:13 avec des tentatives de déstabilisation en interne,
22:15 de désinformation, de manipulation de l'opinion publique,
22:18 de lui envoyer un message très clair qu'on continuera jusqu'au bout
22:20 à soutenir l'Ukraine et que par principe, aucune option ne doit s'effacer.
22:24 Mais vous trouvez que ce message il est passé ?
22:25 Parce que j'entends l'argument de l'ambiguïté stratégique
22:28 face à un durcissement de la Russie,
22:29 mais quand dans la foulée vous avez l'Allemagne, de l'Afscholz,
22:32 toute une série de pays qui disent "non, non, non, pas question d'envoyer des troupes",
22:36 à la fin le signal est inverse.
22:38 C'est un signal de faiblesse, de désunion de la part des Européens.
22:42 Je crois qu'il faut surtout se concentrer sur le message qui a été envoyé.
22:47 Moi, si on se remet deux ans en arrière, en 2022,
22:51 Vladimir Poutine avait misé sur la désunion des Européens.
22:57 On a réussi, après discussion aussi, il faut le dire,
22:59 on a réussi à trouver un message commun.
23:01 C'est ce qu'il faut continuer à faire.
23:03 Et là vous ne considérez pas que cette désunion-là,
23:05 on la constate encore au quotidien ?
23:06 On la dépassera.
23:07 On l'a dépassée largement et on la dépassera.
23:09 En fait, il faut avoir un message très clair vis-à-vis de Vladimir Poutine.
23:12 Aucune option ne doit être exclue.
23:14 On ne va pas aller lui expliquer qu'on ne va pas aller se défendre.
23:17 Vous rediriez, comme le président de la République en juin 2022,
23:20 qu'il ne faut pas humilier la Russie ?
23:22 Les choses sont claires aujourd'hui.
23:25 Le président de la République en 2022,
23:27 on est une nation du dialogue et pas du conflit.
23:30 Mais cette phrase, elle a choqué.
23:32 Et c'est ce qui, au fond, fait dire à certains qu'il y a une forme de grand écart
23:35 entre la possibilité de dire qu'il ne faut pas humilier la Russie en juin 2022
23:38 et aujourd'hui dire qu'il faut la défaite de la Russie.
23:41 Est-ce que c'était une erreur à l'époque de dire…
23:43 Il ne vous aura pas échappé que le contexte a quand même largement changé.
23:46 Oui, en juin 2022, l'agression avait eu lieu.
23:48 On était encore dans le temps où on pensait que la voie diplomatique
23:51 pouvait répondre à la situation.
23:52 Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
23:54 C'était une erreur à l'époque.
23:56 Le président de la République, dans un discours qu'il a fait à Bratislava l'année dernière,
24:00 a reconnu que nous, Européens de l'Ouest,
24:05 n'avions pas suffisamment entendu les alertes de nos collègues européens de l'Est.
24:08 Une naïveté vis-à-vis de l'État.
24:10 On n'a plus aujourd'hui.
24:11 Valérie, comme vous êtes inconnue du grand public
24:14 et que ce sont vos premières interventions médiatiques,
24:15 j'aimerais vous poser quelques questions pour essayer d'en savoir un peu plus
24:17 sur vos convictions d'abord.
24:19 Est-ce que vous considérez, comme Gabriel Attal,
24:20 que l'arc républicain, c'est l'hémicycle
24:22 et que donc le RN fait partie de l'arc républicain ?
24:25 Pour moi, l'arc républicain, c'est l'ensemble des groupes
24:29 et des partis politiques qui sont dans le champ républicain.
24:31 Je vais vous répondre autrement.
24:32 Au Parlement européen, on applique le cordon sanitaire,
24:34 ce qu'on appelle le cordon sanitaire avec l'extrême droite,
24:38 c'est-à-dire qu'on ne leur donne pas de responsabilité.
24:40 Vous avez raison de citer l'exemple du Parlement européen, c'est intéressant.
24:42 Mais là, quand Gabriel Attal dit « Pour moi, l'arc républicain,
24:45 c'est toutes les forces qui sont représentées dans l'hémicycle en France »,
24:48 est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
24:50 J'ai une légère différence d'appréciation par rapport au Premier ministre.
24:54 Je pense que, évidemment, comme tout élu à l'Assemblée nationale,
24:57 le RN a vocation à travailler
25:00 et les élus du RN ont vocation à travailler.
25:03 Mais pour moi, ils ne sont pas dans le champ de l'arc républicain.
25:09 Donc différence d'appréciation avec Gabriel Attal,
25:11 plutôt sur la ligne du Président qui, lui, les exclut clairement de l'arc républicain.
25:14 Autre question, mais sur le même thème.
25:16 Qui est pour vous le plus grand danger pour la France
25:18 entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ?
25:20 Il ne faut pas oublier l'histoire du RN.
25:25 Je pense qu'il y a un danger à l'extrême droite,
25:27 comme il y a un danger aussi à l'extrême gauche.
25:29 Mais est-ce que vous les mettez sur le même plan ?
25:32 Je vais vous dire une chose, c'est qu'en 2027,
25:34 il faut qu'on crée les conditions pour qu'aucun des deux n'arrive au deuxième plan.
25:36 Oui, mais c'est intéressant, vous avez par exemple quelqu'un
25:38 qui était d'ailleurs secrétaire d'État aux Affaires européennes,
25:40 Clément Beaune, qui n'est plus au gouvernement,
25:42 et qui lui dit "moi je fais une différence, je combats les deux,
25:44 mais je considère que le RN, ce n'est pas la même chose que la France en soumise".
25:47 Leur histoire n'est pas la même, évidemment.
25:49 Mais est-ce qu'il y a un plus grand danger ?
25:51 Je pense que l'extrême gauche, à certains égards,
25:54 peut aussi être un danger pour nos démocraties.
25:56 On a vu des attitudes très offensives de la part de Jean-Luc Mélenchon.
25:59 Mais donc vous faites quand même une différence.
26:01 Pour dire les choses clairement, même si c'est un peu de politique fiction,
26:04 dans un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon,
26:06 vous voteriez pour qui ?
26:07 On fera tout pour que ce second tour n'arrive pas.
26:10 Ça aussi, c'est une réponse de quelqu'un qui a les codes de la politique.
26:14 Toujours sur ces questions.
26:15 Non, c'est une vraie conviction, franchement.
26:17 Mais ça peut arriver.
26:18 Ça peut arriver, mais c'est une vraie conviction,
26:20 et on va mettre toute notre bataille dans ce cas-là.
26:22 Vous vous êtes ferme d'oublier dans ce cas-là ?
26:23 Moi, je voudrais dire une chose aussi.
26:24 Je regrette qu'à droite et à gauche de l'échiquier politique,
26:29 dans cet arc républicain, il n'y ait plus de proposition qui soit formulée.
26:34 C'est ça aussi, la vitalité du débat démocratique qui est en train de s'affaisser.
26:38 C'est leur responsabilité.
26:39 Quand même, parce que je pense que c'est un élément de clarté,
26:41 si vous aviez un choix à faire,
26:42 par exemple au moment des législatives en 2022,
26:44 certains disaient, s'il y a un choix à faire,
26:47 c'est clairement d'éliminer le Rassemblement national.
26:48 Est-ce que vous considérez que quand vous êtes face à un choix politique comme ça,
26:50 il faut éliminer le Rassemblement national ?
26:52 Barrage au Rassemblement national, évidemment,
26:54 mais alerte sur le positionnement de l'extrême gauche.
26:56 Donc, barrage au Rassemblement national.
26:58 Là encore, la réponse est claire.
27:00 Sur ces questions, quand il a annoncé qu'il ne rentrerait pas au gouvernement,
27:03 François Bayrou a dénoncé une rupture constante, continuelle, progressive
27:06 et de plus en plus grave entre la base et les pouvoirs.
27:09 Pour vous, quel est le plus grand échec du président de la République
27:12 et de la majorité depuis 2017 ?
27:14 Je crois que depuis le début,
27:17 alors tout n'a pas été bien fait, évidemment,
27:19 mais la capacité de la majorité présidentielle,
27:21 ça a été de savoir se remettre en question
27:23 et de retourner au dialogue aussi.
27:25 Je vous demande quel est le plus grand échec,
27:27 et vous me répondez quelle est une qualité d'avoir su se remettre en question.
27:30 Il faut savoir aussi,
27:34 pour moi, le point le plus important,
27:36 c'est la nécessité de continuer à avoir un dialogue permanent avec les Français.
27:41 Mais le plus grand échec, il y en a ?
27:43 Il y a eu des ajustements, il y a eu des incompréhensions,
27:47 la phase des Gilets jaunes, elle a été le révélateur de ça.
27:50 La crise agricole qu'on connaît aujourd'hui, elle est révélateur de ça,
27:53 c'est-à-dire d'un déficit de compréhension,
27:56 malgré des discussions qui sont permanentes,
27:58 mais entre les Français, les préoccupations qui les concernent,
28:01 et puis les attentes qu'ils ont vis-à-vis du gouvernement
28:05 et les réponses qui, soit tardent à venir,
28:07 ou nécessitent des ajustements.
28:09 Donc, c'est un dialogue permanent.
28:12 Deux questions pour terminer, Valérie Ayé.
28:14 La première, François-Xavier Bélami a annoncé déjà
28:16 qu'il s'opposerait à un deuxième mandat
28:18 de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
28:20 ce qui ne manque pas de celle.
28:21 Ursula von der Leyen, qui appartient à la CDU,
28:23 au Parti de droite allemand et au Parti populaire européen.
28:26 Est-ce que vous, vous soutenez Ursula von der Leyen
28:28 pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne ?
28:30 Écoutez, nous, on a fait partie de cette coalition von der Leyen.
28:33 On lui a donné une feuille de route en 2019
28:36 et on a travaillé, y compris avec le parti de François-Xavier Bélami.
28:39 Ce que je constate, c'est que François-Xavier Bélami,
28:41 il est minoritaire dans son propre groupe politique.
28:44 Pour ce qu'il y a du prochain mandat,
28:46 on verra évidemment en fonction des rapports de force.
28:48 Oui, mais on verra, c'est un peu facile,
28:50 parce que là encore, c'est un sujet de transparence.
28:52 Emmanuel Macron a fait voler en éclat en 2019
28:54 le principe, c'est un peu technique, du Spitzen-candidat,
28:57 c'est-à-dire le ou la président de la Commission européenne
28:59 doit être issu des urnes.
29:01 Mais vous l'aviez soutenu en 2019.
29:03 Est-ce que, là encore, les conditions sont réunies
29:05 pour qu'Ursula von der Leyen fasse un second mandat ?
29:08 Écoutez, déjà, on verra le résultat de l'élection.
29:11 C'est ça, les France-Made.
29:12 Je crois que vous essayez, vous espérez,
29:14 faire le plus grand score possible.
29:16 Donc si vous faites ce score le plus important
29:18 et que les conditions sont réunies,
29:19 est-ce que vous soutiendrez Ursula von der Leyen ?
29:21 Pourquoi on ne pourrait pas prétendre avoir la présidence
29:23 de la Commission européenne chez Renew ?
29:24 Pourquoi pas ?
29:25 C'est une vraie question qui se pose,
29:26 et on fera tout pour, et on verra ensuite
29:28 si les conditions sont réunies ou pas.
29:30 Donc pourquoi pas revendiquer la présidence
29:32 de la Commission européenne,
29:33 plutôt que de soutenir quelqu'un
29:35 qui est issu de la droite allemande.
29:37 Une toute dernière question, Valérie Ayé,
29:38 vous mettez beaucoup en avant le métier de votre famille.
29:40 Fille, petite fille, soeur d'agriculteur,
29:42 est-ce que vous aussi vous avez été tentée
29:43 à un moment donné par ce métier ?
29:45 Je n'ai pas été tentée par ce métier,
29:47 mais je l'ai toujours aimée.
29:50 Mes parents ne m'ont pas demandé,
29:52 ce n'est pas dans la philosophie de la famille,
29:54 de m'installer, mais je pense que s'ils me l'avaient demandé,
29:56 j'aurais pu le faire avec grand plaisir.
29:58 Et vous auriez quand même pu faire de la politique à côté ?
30:00 Absolument, ce n'est pas incompatible, au contraire.
30:02 J'ai plusieurs collègues, dont Jérémy de Cernes,
30:03 qui font les deux.
30:04 Merci beaucoup, Valérie Ayé,
30:06 d'avoir été l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche".
30:09 pas tous les jours dimanche.