• il y a 10 mois
En septembre 2021, Tennis Actu échangeait pour la première fois avec Clément Chidekh. Etudiant en mathématiques aux Etats-Unis, à l'Université de Washington, l'Arlésien s'était révélé avec un quart de Challenger à Cassis avant de faire un 2e tour dans la foulée à Rennes. Deux ans et demi plus tard, après avoir terminé ses études et vécu sa première blessure sérieuse en 2023, le Français a franchi de nouveaux caps. Début février, il a retrouvé de la confiance en remportant le 15 000 dollars de Grenoble. En feu, il a ensuite décroché sa première demi-finale en Challenger avant de s'adjuger le titre deux jours plus tard à Glasgow. Sur sa lancée, Chidekh a conclu ces trois semaines folles avec une demi-finale à Pau. Désormais 322e mondial, le joueur de 22 ans peut viser plus haut. Pourquoi pas les qualifs de Grand Chelem dès cette année ? Pour Tennis Actu, le Provençal, désormais basé à Marseille, est revenu sur son superbe enchaînement lors des trois dernières semaines mais aussi son expérience américaine. L'ENTRETIEN avec Clément Chidekh.

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Sport
Transcription
00:00 [musique]
00:03 -Clément, salut. -Salut.
00:05 -Tu sors d'un rush un peu dingue.
00:07 Un titre en 15 000 à Glasgow, tu t'étais relancé.
00:12 Ensuite, un challenger en 15 000 à Grenoble.
00:16 Ensuite, un titre en challenger à Glasgow.
00:18 Et là, une demi-apo dans la foulée.
00:20 Racontes-nous un petit peu ces dernières semaines folles.
00:26 -Forcément, des résultats pas attendus.
00:31 J'avais eu un début de saison où je n'avais pas réussi
00:33 à enchaîner beaucoup de matchs.
00:34 Je n'avais pas fait un mauvais premier tournoi.
00:37 Mais après, j'ai joué un peu de malchance.
00:42 J'ai perdu un match serré.
00:43 Puis, j'ai joué Kyle Edmund en 25 000 à l'intérim,
00:46 peut-être 2-6, ce qui n'était pas forcément le meilleur tirage.
00:48 J'ai joué un match serré contre Isla Montpellier.
00:50 Donc, je n'ai pas eu l'occasion d'enchaîner beaucoup de matchs.
00:55 Mais je sentais que j'avais fait du bon travail
00:59 avec Lionel, Martin et mon préparateur physique, Ralfi.
01:04 Et que mon mot en mot, ça allait payer.
01:06 Donc, l'état d'esprit quand j'arrive à Montpellier,
01:09 c'est que je sais que j'ai bien bossé.
01:11 J'ai besoin d'enchaîner les matchs.
01:12 Et donc, Grenoble, pour moi, c'était l'opportunité
01:16 d'essayer d'enchaîner les matchs.
01:18 Et du coup, j'avais une bonne philosophie de jeu en tête
01:22 et une bonne méthode de travail aussi derrière moi.
01:26 Donc, j'essaye de l'appliquer depuis mon premier match,
01:31 mercredi, il y a trois semaines.
01:33 Et de répéter ça tous les jours.
01:36 Et ça a réussi à payer.
01:39 J'ai réussi à enchaîner un, deux, trois bons matchs
01:42 avec des scénarios pas forcément à ma faveur tout le temps.
01:46 Et du coup, ça m'a apporté la confiance de me dire
01:49 que je suis capable de renverser des situations.
01:51 Je suis meilleur quand je suis mené.
01:55 J'arrive à mieux gérer ça.
01:56 Dans les moments importants, j'arrivais à exprimer mon jeu
02:02 comme dans tous les autres points du match.
02:04 Et en fait, c'est cette confiance-là de sortir victorieux
02:08 de plein de scénarios différents
02:09 qui m'a amené beaucoup de confiance après Grenoble.
02:13 Surtout les trois derniers matchs où c'était vraiment d'hiver
02:18 et c'était du beau tennis sur mon quart de demi-finale.
02:21 Donc ça, c'est des matchs quand même qui...
02:24 Des matchs référents qui sont arrivés rapidement dans ma tournée.
02:28 Donc à Glasgow, j'arrivais avec un peu de fatigue,
02:30 mais assez content.
02:33 Et en fait, le fait de voyager le soir même de la victoire,
02:35 ça permet de ne pas trop avoir de descente émotionnelle.
02:40 Je trouve que j'aime bien faire ça,
02:41 parce que de suite, on se reprojette sur le prochain tournoi.
02:45 On organise sa journée quand on arrive.
02:47 Donc ça, je pense que c'est une des choses
02:52 que je serais amené à refaire dans l'avenir,
02:55 parce que c'est quelque chose qui, je pense,
02:57 mentalement me conditionne bien pour la suite.
02:59 Et à Glasgow, il a fallu s'adapter aux conditions.
03:02 L'NRA, je n'avais pas fait une super saison forcément sur le circuit Challenger.
03:05 Donc ça me tenait à cœur de faire mieux.
03:09 Et pareil, juste le même état d'esprit.
03:12 Je sais que j'ai bien bossé et que si je mets en place mes armes,
03:17 sur le court, avec l'état d'esprit de "c'est l'adversaire qui doit venir me chercher".
03:21 Et moi, je vais juste jouer mon tennis.
03:23 Je vais au moins poser des problèmes aux gars.
03:25 Et parfois, ça va être suffisant.
03:28 Et ça a été le cas sur la semaine, avec, pareil,
03:31 encore plein de scénarios différents, de matchs compliqués,
03:34 de styles de jeux différents.
03:35 Et du coup, c'est ce genre de choses qui me permettent d'apprendre à chaque fois
03:40 et d'ajouter ça à mon expérience.
03:44 Et après, la troisième semaine à Pau, ça me tenait à cœur de bien jouer
03:49 parce que c'était le tournoi que sponsorise mon sponsor Bastille Médical.
03:55 Donc ils m'ont un peu aidé à rentrer dans le tournoi
03:57 et ça me tenait à cœur de bien faire la barre.
03:59 Et je pense que j'ai profité d'une bonne opportunité dans le tableau
04:03 sur mes deux premiers tours.
04:05 Pas parce que j'ai eu des adversaires plus faciles,
04:09 mais juste parce que le tableau est tellement relevé sur 125 000 en indoor.
04:15 C'était très fort à Pau.
04:17 Et j'ai su profiter de ces opportunités-là pour faire deux matchs très solides,
04:22 avec des scores flatteurs pour moi,
04:24 mais dans le scénario, c'était des matchs très difficiles.
04:27 Et après, ma revanche contre Titouan.
04:30 Le match à Montpellier, elle a été faite à Montpellier,
04:33 même si elle a été dure, elle a payé ses fruits
04:34 parce que j'ai tiré des leçons de ce match-là.
04:37 Je pense que lui aussi, il jouait beaucoup mieux
04:39 et on a produit un match de bonne qualité.
04:41 J'ai eu la chance de m'en sortir de chaque côté,
04:45 des opportunités de passer devant et de finir le match.
04:49 Et au final, c'est moi qui ai saisi la dernière.
04:52 Et après, voilà, juste incroyablement content.
04:56 Je n'ai jamais fait de demi-end-chall,
04:57 et sur deux semaines, j'ai fait un titre et une demi sur un 125,
05:00 qui était une catégorie dans laquelle je n'avais jamais joué avant.
05:03 Donc, super content.
05:06 Et même en sachant que le travail allait payer,
05:09 je ne m'attendais pas à des résultats aussi importants,
05:13 aussi rapidement après avoir enchaîné un peu des matchs.
05:16 C'était vraiment trois bonnes semaines.
05:19 Et ça montre la voie que, voilà, en effet, je bossais les bonnes choses.
05:24 Et maintenant, c'est à moi de continuer
05:28 et d'en vouloir plus pour la suite,
05:29 parce que les objectifs sont encore assez loin
05:36 et ça devient de plus en plus dur à aller un peu au classement et à les chercher.
05:40 -Alors, en plus, c'est vrai que tout ça,
05:43 comme tu l'as très bien dit, pour la confiance, c'est très bon.
05:45 Mais l'opération comptable aussi a été très bonne,
05:48 parce que, justement, sur cette période,
05:50 tu avais dégringolé au classement.
05:52 L'an passé, tu avais eu des bons résultats
05:54 dans des 25 000 en Grande-Bretagne, janvier-février.
05:58 Donc là, ça s'est payé un petit peu sur le début de saison.
06:01 Je crois que tu avais dû sortir du top 500.
06:05 Et là, finalement, est-ce que c'est cette chute un petit peu
06:10 qui t'a mis un coup de pied aux fesses, on dirait,
06:14 ou qui t'a robusté pour performer là dans ce mois de février ?
06:19 -Non, pas vraiment.
06:21 Je pense qu'il y a une chose que j'arrive à me détacher vachement
06:24 en faisant ce classement,
06:25 et que j'arrive à voir le tennis
06:27 comme juste l'accumulation des 12 derniers mois.
06:31 Donc, comme je dis beaucoup de fois récemment,
06:35 mon objectif, c'est vraiment de rester en bonne santé sur 12 mois.
06:38 Et je sais que si j'arrive à rester en bonne santé
06:40 et à jouer le tennis qu'on travaille avec Lionel et Martin,
06:44 qui est un tennis qui a fait ses preuves,
06:49 en état de travail,
06:50 ils en ont des joueurs à plus haut niveau.
06:53 Donc, voilà, si j'arrive à rester en bonne santé et à jouer 12 mois,
06:56 je pense que le classement va venir.
06:57 Donc, c'est vraiment pas quelque chose dont je me préoccupe.
07:00 Et non, après, en début de saison,
07:02 oui, il y a un peu quand même une légère pression,
07:07 même si je ne pense pas qu'elle était très importante pour moi,
07:10 parce que, comme je l'ai dit, je me détache de ça,
07:12 mais d'avoir bien joué à l'endroit l'année dernière,
07:15 ça peut faire mal quand on n'arrive pas à reproduire la performance,
07:22 parce qu'il y a toujours cette comparaison.
07:25 Pour moi, c'est moins forcément les points,
07:27 mais plus qu'est-ce que je faisais en plus l'année dernière
07:30 qui m'a permis d'aller au bout.
07:31 Et du coup, ça peut affecter le mental,
07:38 mais je pense vraiment mon approche mentale de cette période-là était très bonne.
07:42 Et c'est pour ça aussi que ça m'a permis d'arriver sur ces trois semaines-là
07:48 avec un état d'esprit positif,
07:49 alors que j'ai perdu, je ne sais pas,
07:52 peut-être 80 points l'année dernière, au mois de janvier-février,
07:55 que je suis un peu descendu au classement.
07:58 Le fait d'approcher les choses d'une façon différente
08:01 de ce que les gens voient de l'extérieur,
08:04 où beaucoup de tennis, joueurs de tennis réfléchissent,
08:08 le principe de défendre des points, tout ça,
08:10 ça ne m'avait pas plus affecté que ça.
08:13 Donc non, c'est plus que c'est tombé maintenant
08:17 et que mon tennis s'exprime mieux, je pense, sur du rinda.
08:20 Et donc je pensais quand même qu'à un moment donné,
08:24 j'allais avoir des bons résultats sur cette surface-là.
08:26 Et plus que le timing, que ce soit juste après le moment où je suis descendu.
08:31 - Alors, tennis actu, tu avais découvert en 2021.
08:35 À ce moment-là, tu t'étais illustré.
08:37 Tu avais eu un titre à Jacques Ciot, je crois,
08:40 et tu avais eu le fameux quart de finale à Cassis.
08:43 Ensuite, la foulée, il y avait eu le Challenger de Rennes aussi,
08:46 tu avais gagné un match.
08:48 Qu'est-ce qui s'est passé pour toi depuis ?
08:50 Donc c'était le retour aux États-Unis ensuite, la fin des études.
08:53 Comment ça s'est passé ?
08:54 Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu la fin de ta vie américaine ?
08:58 - Ça fait une longue période, je pense que la réponse a été développée.
09:02 Je suis rentré aux États-Unis avec des objectifs en tête.
09:07 Je voulais aider mon équipe à jouer le championnat NCAA,
09:11 ce qu'on n'avait pas fait depuis, il me semble, 4 ans.
09:14 Et voilà, après, on avait aussi des objectifs individuels,
09:20 mais pas individuels dans le sens où j'avais envie d'atteindre ces classements-là.
09:24 C'était plus que j'avais envie de faire chier ça pour bien représenter l'université
09:29 parce que c'était avec le classement numéro 1 en tête,
09:33 parce que ça n'avait été jamais fait en université.
09:35 Donc j'étais content de pouvoir aider mon université à atteindre ce classement-là
09:40 pour la première fois.
09:43 Donc vraiment, je suis rentré avec l'état d'esprit
09:46 d'aider l'équipe le mieux possible et de représenter l'université au mieux.
09:52 En sachant que la saison d'avant, j'avais fait du bon travail,
09:56 un peu comme maintenant, en gros, les bons résultats,
10:02 juste pour moi, c'est une confirmation d'un bon travail, d'une bonne méthode.
10:06 Et juste, ça me rend encore plus...
10:10 C'est super encourageant et ça me rend encore plus affamé
10:16 de l'appliquer encore et encore.
10:18 Et du coup, c'est dans cet état d'esprit-là que je suis rentré.
10:21 Et après une longue saison, j'ai vécu une fin de saison un peu difficile.
10:25 Donc sur le plan tennistique, ça allait toujours,
10:28 parce que même si parfois le travail met du temps à payer,
10:33 aussi ce qu'on voit pas, c'est que quand on bosse moins bien,
10:37 les résultats se font pas payer aussi tout de suite.
10:42 Et du coup, j'ai commencé à rentrer dans une période difficile
10:46 où j'étais un peu dans la tête un peu moins...
10:50 Enfin, investi sur le terrain, mais c'est parce que je me sentais
10:53 un peu moins bien dans ma vie en général.
10:54 Du coup, c'était plus dur de donner son meilleur secours.
10:59 -C'était le fait d'être éloigné de la famille ?
11:05 Qu'est-ce qui a fait que c'était plus dur ?
11:07 -Je pense qu'il y a plusieurs facteurs.
11:09 Le facteur principal, c'était vraiment personnel,
11:13 le fait de pas être là où j'avais envie d'être dans ma vie à ce moment-là
11:17 et d'être en retard.
11:18 Je sentais que j'étais à la fin d'un cycle.
11:21 Déjà, je savais que j'allais quitter l'école à la fin de l'année,
11:24 donc ça, c'était vraiment la fin d'un cycle qui était tangible.
11:29 Mais je pense aussi sur le plan personnel.
11:32 C'était un moment où j'avais envie d'évoluer
11:34 et je savais pas vraiment comment, et ça me pesait vachement.
11:37 Et du coup, c'était dur,
11:41 parce que je me posais des questions,
11:43 j'avais pas forcément les réponses,
11:44 j'avais pas l'impression que mes actions traduisaient la personne
11:48 que j'avais envie d'être.
11:49 Du coup, c'était une période de remise en question personnelle
11:53 qui était importante.
11:54 Et quand on sait que le tennis est vachement mental,
11:58 on peut le voir à ce haut niveau,
12:00 quand les joueurs sont un peu moins bien dans la tête,
12:02 les résultats se font sentir tout de suite,
12:04 des séries de premiers tours, tout ça.
12:06 Donc ça affecte tous les sportifs, la santé mentale.
12:09 Et à un moment donné, je pense,
12:11 et même si on en parle de plus en plus,
12:13 c'est pas tout le temps quelque chose qui est mis en avant.
12:16 Et moi, c'est quelque chose qui m'a affecté à ce moment-là.
12:18 Donc la deuxième partie de 2022 n'a pas été la plus évidente.
12:23 Mais j'ai réussi à me remettre sur patte
12:26 en commençant à m'entraîner pour la pré-saison
12:32 avec Lionel et Martin à Marseille.
12:35 Et c'est ça qui m'a permis d'avoir des bons résultats début 2023.
12:39 Et le fait d'arriver dans une nouvelle ville,
12:44 avec un nouveau groupe, tout ça,
12:45 c'était la motivation et l'environnement
12:50 dont j'avais besoin pour enfin évoluer.
12:52 Et après un an, je pense que l'année dernière, pareil,
12:55 j'ai tiré pas mal de leçons de mon année.
12:59 Et il y a des points sur lesquels j'ai pas réussi à progresser.
13:02 Et c'est ce que j'ai corrigé cette année.
13:05 Bien sûr, il y a beaucoup d'autres choses à travailler.
13:07 Mais voilà, ça m'a permis d'évoluer.
13:12 Et aujourd'hui, d'être beaucoup mieux dans ma peau,
13:17 dans la personne que j'ai envie d'être.
13:18 Je pense que ça, c'est une des clés de la réussite sportive.
13:23 Je pense que si on n'est pas bien en dehors du cours,
13:25 c'est dur de se sentir bien sur le cours.
13:27 Et voilà, c'était un peu mon objectif numéro un l'année dernière.
13:32 Et cette année aussi.
13:34 On parle beaucoup de santé physique,
13:36 comme quoi c'est important de jouer toute une saison de ne pas se blesser.
13:39 Mais la blessure mentale, elle affecte tout autant le joueur de tennis.
13:44 Elle est tout aussi réelle.
13:46 Donc voilà, c'est très important de prendre soin de la tête
13:49 pour pouvoir jouer ses tournois à 100%.
13:52 Et l'année dernière aussi, c'est l'année où,
13:56 après mon début de saison, je me suis blessé.
13:58 Et j'ai expérimenté pour la première fois une blessure de longue durée.
14:02 Ça ne m'était jamais arrivé avant.
14:03 Donc je n'ai pas pu jouer de fin avril à début septembre.
14:07 Et voilà, ça aussi, au final, en regardant maintenant,
14:11 c'est une période qui m'a aidé.
14:12 Je suis un peu reconnaissant d'avoir affronté cette épreuve là,
14:16 tôt dans ma carrière, parce que ça m'arrivera plus tard.
14:18 Et ça m'a appris comment la gérer.
14:20 Et j'ai vu un peu les erreurs que j'ai faites.
14:23 Et voilà, je sais pourquoi, en fin de saison,
14:26 j'avais un peu de mal à me remettre dedans après la blessure.
14:29 Enfin, le fait de sous-estimer la partie tennis
14:36 et reprogrammer son mental pour être le plus prêt possible à la compétition.
14:42 Donc ce n'est pas tout le temps parce qu'on est prêt physiquement
14:44 et qu'on se sent prêt à l'entraînement
14:46 qu'on va réussir à bien performer de suite.
14:49 Et qu'il faut reformater le mental à la compétition,
14:52 parce que c'est un sport de détail.
14:53 Et dans tous les tournois, le niveau est très proche.
14:57 Donc ce n'est pas facile du tout de performer s'il n'y a pas cet aspect-là.
15:03 -En quelques mots, qu'est-ce que tu retiens des États-Unis ?
15:07 Donc là, tu l'as dit, il y a eu la partie tennis,
15:10 j'imagine qu'elle était sympa à vivre.
15:13 Mais tu as aussi pu te trouver, toi, en tant qu'individu.
15:17 Qu'est-ce que tu retiens de ce passage aux États-Unis ?
15:20 -De ce passage aux États-Unis, je retiens...
15:23 Pour moi, c'était la plus grande leçon, comme j'ai dit, cette période-là.
15:29 Le fait d'arriver enfin dans un cycle là-bas,
15:31 c'est une période qui m'a permis de trouver pas mal de solutions à mes problèmes.
15:40 Après, je vais dire quand même,
15:43 c'était principalement tennistiquement que j'ai appris là-bas.
15:47 Déjà, c'était la première fois où je m'entraînais,
15:51 où j'avais vraiment augmenté mon niveau de travail, ma charge de travail.
15:57 C'était quelque chose qui, avant, avec mon école d'ingé,
16:01 j'étais dans un lycée public,
16:03 donc je n'avais pas non plus un temps fou pour m'entraîner.
16:05 Là-bas, ça m'a permis vraiment de mettre le tennis au centre de mon projet,
16:10 de comprendre ce que ça signifie, un peu les sacrifices
16:13 et parfois la fatigue physique qui est plus importante.
16:18 Et continuer à gérer son corps, du coup,
16:22 parce que parfois j'en faisais trop et j'avais toujours l'impression que j'en faisais pas assez.
16:28 Donc, c'est pas le combo idéal et on a tendance à trop pousser dans ces situations-là.
16:31 Après, principalement quand même, maintenant que j'y repense,
16:37 c'est une qualité qui malheureusement ne sert pas assez sur le circuit et que j'adore,
16:42 mais le fait d'avoir été capitaine de mon équipe
16:45 et de jouer en tant que numéro un, de devoir donner l'exemple,
16:51 ça m'a donné un grand sens de responsabilité que j'avais jamais eu avant.
16:56 Et aussi mettre l'équipe avant soi.
17:02 Donc, c'est un principe que j'avais dans ma tête,
17:04 ce que je pense que dans ma personnalité, j'ai quelqu'un quand même qui est assez généreux.
17:08 Et je pense que les personnes qui me connaissent me décriront comme ça aussi.
17:11 Mais c'est toutes ces petites choses qui permettent de vraiment aider l'équipe
17:17 et de reformater son état d'esprit pour être la meilleure personne possible pour l'équipe.
17:23 Et ça, c'est des choses qu'on n'apprend pas forcément plus tôt.
17:25 Donc, même si j'avais le principe de base et l'envie d'apprendre ces choses-là,
17:32 c'est pas des choses que je savais avant.
17:34 Et ça, c'est vraiment...
17:36 Voilà, en étant cette personne-là généreuse,
17:39 c'est des choses-là qui m'ont fait beaucoup mieux me sentir dans la peau.
17:42 Et c'est des choses qui me motivent énormément à m'entraîner tous les jours aussi,
17:46 parce que je le fais pas pour moi, je le fais pour mon équipe et pour une institution
17:50 qui a une histoire et qui est bien plus grande que moi et qui représente plein d'étudiants.
17:55 Donc, ça, c'était aussi vachement positif.
17:58 Et après, je pense le format de jeu, les points IFA 40A,
18:01 les six matchs en même temps, en six jours,
18:03 le fait qu'il n'y ait pas d'échauffement au début des matchs,
18:05 les 5 minutes d'échauffement n'existent pas.
18:08 Donc, au niveau concentration, stress, au niveau mental,
18:13 c'est quand même...
18:15 Ça forge vachement et ça prépare parfaitement le monde professionnel.
18:20 Ça permet de travailler la gestion du stress, la concentration
18:23 à des niveaux qu'on ne retrouve même pas dans le tennis professionnel.
18:26 Donc, c'est vraiment du surentraînement pour ça.
18:29 Et quand on arrive après en future en Challenger,
18:31 on est plus que prêt pour les moments chauds
18:34 et tous les événements extérieurs qui peuvent venir nous perturber.
18:39 -Maintenant, tu es 322e.
18:41 Est-ce que le cut qualif des Grands Chelems,
18:44 il est dans un coin de ta tête ou pas encore ?
18:48 -Comme j'ai dit, je pense que...
18:53 Je préfère m'en tenir aux objectifs "parallèles"
18:58 et qui, je sais, me permettront, si je les tiens,
19:01 d'atteindre mes objectifs tangibles de classement.
19:04 Donc, voilà, forcément, toujours de tenir dans un premier temps
19:07 à atteindre les qualifs de Grands Chelems, c'est un objectif.
19:09 C'est ça qui permet de passer déjà des moments forts,
19:14 de jouer les tournois qu'on a envie de jouer,
19:16 puis surtout d'avoir une meilleure vision,
19:18 de se projeter économiquement sur son projet.
19:22 Ça aide énormément.
19:24 Et du coup, j'essaie vraiment de ne pas y penser.
19:28 Vraiment, mon truc, c'est le prochain tournoi,
19:31 le prochain entraînement, la prochaine journée,
19:34 et rester en bonne santé, prendre soin de mon corps, m'écouter.
19:37 Et je sais que si j'arrive à appliquer tout ça,
19:41 ça me permettra, je pense, d'atteindre mon classement.
19:47 Comme je dis, le travail est toujours récompensé.
19:49 Donc, si je fais du bon travail et que je reste en bonne santé,
19:53 je ne pense pas et j'espère pas faire exception à ça.
19:56 Après, forcément, quand on établit une programmation,
19:59 par exemple, quand je vais commencer la Terre battue,
20:02 selon mon classement, je vais forcément penser à Roland,
20:04 parce que ça va être le moment où je sais que je vais avoir envie d'être en forme
20:12 et je ne vais pas, mettons, faire quatre semaines de tournoi
20:15 si jamais je pense pouvoir faire avec Alidée Roland et d'arriver là-bas rôti.
20:18 Je ne reprendrai pas ça comme un tournoi spécial dans ma programmation.
20:22 J'ai envie d'être à 100 % sur tous, mais je n'ai pas envie d'être rôti là-bas.
20:29 Du coup, on y pensera quand on fera les programmations,
20:34 si jamais je m'y rapproche un peu.
20:37 Mais il y a encore du chemin jusqu'à là.
20:39 322 jusqu'à l'écalif de Grand-Chelem, il doit y avoir quasi 100 points.
20:44 Ce n'est pas tous les mois, toutes les trois semaines,
20:48 où je vais faire 100 points, comme ces trois dernières semaines.
20:51 Donc voilà, beaucoup de travail.
20:53 Si ça a bien marché ces trois semaines, c'est parce que j'ai pensé d'une telle façon
20:58 et j'ai travaillé de cette façon-là, donc je n'ai pas envie de changer maintenant.
21:01 En 2021, ton rêve, c'était le top 100.
21:03 C'était un rêve qu'on peut qualifier de modeste,
21:06 même si ça reste une performance exceptionnelle.
21:08 Mais tu n'avais pas envie de me parler de tournois ou de classement encore plus haut.
21:12 Est-ce que ça, ça a changé ?
21:14 Est-ce que c'est toujours ton rêve un petit peu ultime
21:17 de pouvoir franchir ce top 100 en tant que joueur ?
21:21 Je pense que…
21:24 Je n'ai peut-être pas forcément bien réfléchi à la question.
21:27 Si j'allais dire comme ça, je dirais que le top 100,
21:30 c'est un objectif comme tous les joueurs de tennis.
21:32 Et peut-être un peu moins de d'autres, je pense, à des classements
21:36 ou à des tournois que j'ai envie de gagner, comme j'ai dit,
21:39 parce que je ne pense pas que ce soit des choses qui…
21:41 C'est bien de les avoir dans un coin de la tête,
21:46 mais ce n'est pas sur ces choses-là qu'il faut se focaliser.
21:49 Je pense quand même que mon rêve, c'est de représenter mon pays,
21:51 jouer pour l'équipe de France, que ce soit aux IEA ou au monde.
21:55 Ça, c'est très compliqué, mais ne serait-ce qu'en Coupe Davis,
21:58 je pense vraiment que mon rêve, au fond de moi, c'est ça.
22:00 Et est-ce qu'il n'y a rien qui me fait plus…
22:03 où je me sens plus vivant que quand je joue pour une équipe
22:05 et qui a plus de valeur pour moi que ça ?
22:08 Donc, jouer pour mon pays,
22:10 ça serait vraiment l'accomplissement ultime pour moi.
22:12 Et c'est ça, mon rêve.
22:15 Mais c'est dur quand même de se fixer sur un objectif
22:17 parce que ça ne dépend pas que de nous.
22:19 Et ce n'est jamais bon de se fixer un objectif de choses
22:21 qui ne dépendent pas de nous.
22:23 Si on a une super génération et que…
22:25 Voilà, avec Lucas, les deux Arthur, Hugo,
22:30 ils sont tous les quatre top 20,
22:33 ça va être forcément ce qui va être dur à aller chercher.
22:35 Donc voilà, c'est plus ça, mon rêve,
22:39 mais je n'ai pas envie de me le fixer comme objectif
22:42 parce que si les gars sont trop forts devant aussi,
22:46 c'est une bonne chose pour nous.
22:48 Et je n'ai pas envie d'être déçu de ça.
22:51 -Mais finalement, c'est peut-être aussi que tu as évolué.
22:54 Ce rêve-là, il vient très probablement
22:57 de ce que tu as pu vivre aux États-Unis.
22:59 -Comment ? Pardon.
23:02 -Ce rêve de coupe des vis, de jouer en équipe,
23:04 de représenter ton pays,
23:06 j'imagine qu'il vient aussi de ce que tu as pu vivre aux États-Unis
23:09 en représentant ton université, les matchs en équipe.
23:15 J'imagine que ce rêve, maintenant, il vient aussi de là.
23:19 -Je pense que c'est quand même un rêve que j'avais déjà,
23:24 mais que je n'avais pas forcément verbalisé à ce moment-là.
23:26 Mais après, oui, je pense que les États-Unis,
23:31 ça a encore exacerbé cette envie-là.
23:34 Et voilà, pour moi, la meilleure période de l'année,
23:37 c'est les matchs par équipe quand je joue avec Marignane.
23:40 Mon pyjama, c'est le t-shirt d'équipe.
23:45 Donc vraiment, pour moi, les matchs par équipe,
23:49 c'est une signification particulière.
23:50 Et je pense que l'expérience aux États-Unis,
23:54 ça a rendu cette envie encore plus grande.
24:01 -Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour 2024 ?
24:05 Qu'est-ce qui te comblerait pour cette saison sur le circuit ?
24:10 -Vraiment, comme j'ai dit, une bonne santé.
24:13 Me souhaiter de jouer 30 tournois, 30-35 tournois,
24:17 c'est le meilleur choix qu'on peut me faire.
24:22 Et surtout, me souhaiter de savourer chaque moment passé.
24:28 -Je ne sais pas si ça a coupé.
24:39 -Ca a coupé juste au début de la réponse.
24:41 -OK. Non, voilà.
24:43 Donc la bonne santé, jouer 30-35 semaines
24:46 et savourer chaque moment,
24:49 parce que c'est ce qui va me porter ma fraîcheur mentale
24:51 et une bonne santé mentale également.
24:53 Donc savourer chaque moment sur le circuit
24:55 et prendre soin du corps.
24:58 C'est tout ce qu'on peut me souhaiter, je pense.
25:00 -On va tous te souhaiter ça, une bonne santé.
25:03 Puis peut-être d'autres titres en Challenger.
25:06 J'imagine que ça, tu peux aussi y penser.
25:08 -J'espère. C'était un des objectifs secondaires.
25:11 Des petites victoires qui font plaisir, je pense, cette saison.
25:18 C'est de gagner mon premier titre, donc c'est bien de l'avoir fait tôt.
25:21 Parce que peut-être qu'en fin de saison,
25:24 ça aurait été une petite fraison supplémentaire, je ne sais pas.
25:26 J'espère pas.
25:27 Je pense qu'avec mon état d'esprit,
25:29 j'aurais fait abstraction de ça.
25:31 Mais voilà, ça fait du bien quand même de prendre ce premier.
25:35 C'est excitant pour la suite et j'espère pouvoir en prendre d'autres.
25:39 -On va te souhaiter d'en avoir plein d'autres encore cette année.
25:43 -Merci beaucoup.
25:44 [Musique]

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