150 000 voyageurs privés de TGV : l’ouest sacrifié au profit des skieurs ?

Sud Radio

17/02/2024

Avec Christian Broucaret, porte-parole national de la Fnaut (fédération d’associations d’usagers des transports).

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##C_EST_DANS_L_ACTU_5-2024-02-17##

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00:00 (Générique)

00:04 Plus précisément de la grève des contrôleurs à la SNCF, 150 000 voyageurs privés de TGV aujourd'hui,

00:11 c'est ce qu'annonçait hier la direction de la SNCF.

00:13 On est avec l'un de ces 150 000 voyageurs. Bonjour Christian Beaucaré !

00:17 Bonjour !

00:18 Ce sont parfois les cordonniers les plus malchaussés puisque vous êtes le porte-parole national de la Fédération

00:22 Nationale des Associations d'Usagers des Transports.

00:25 Vous deviez faire Bordeaux-Paris en train et vous venez de le faire en bus, c'est ça ?

00:29 Exactement, je suis arrivé à 7h10 à Bercy et là je suis à l'aéroport de Roissy en attendant l'avion.

00:36 En attendant l'avion, bref, ça rappelle un vieux slogan, à nous de vous faire préférer le train, vous n'aurez pas pu le prendre.

00:42 Concrètement, vous êtes combien de naufragés du rail aujourd'hui ?

00:46 Alors moi je ne donne que le chiffre de la SNCF parce que nous ne sommes pas en capacité d'avoir ces comptages-là,

00:51 mais c'est 150 000 personnes et ce qu'il faut voir quand même, parce que ça personne ne l'a encore dit,

00:57 c'est qu'une fois de plus c'est la province qui l'est favorisée parce que je vous ferais remarquer que la grève

01:02 n'a pas été faite la semaine dernière où c'était les départs en vacances de Paris,

01:06 mais que ça s'est fait ce week-end où c'est les départs en vacances de Bordeaux.

01:10 Et donc ce matin à Bordeaux il n'y avait qu'un seul train qui venait vers Paris alors que d'habitude il y en a 4 ou 5.

01:15 Alors pourquoi dites-vous...

01:17 C'est vraiment la province qui est pénalisée.

01:19 Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce sont les grévistes qui ont voulu épargner les Parisiens

01:23 ou alors que c'est la SNCF qui a voulu épargner les Parisiens ?

01:26 C'est de toute façon les grévistes qui ont voulu épargner les Parisiens

01:30 puisque de toute façon c'est eux qui déposent les préavis de grève

01:32 et s'ils avaient voulu faire la grève le week-end dernier ils auraient pu le faire sans difficulté

01:36 puisque un préavis de grève on le met entre telle date et telle date.

01:40 Mais non, ils ont préféré peut-être défavoriser les gens de province.

01:43 Une fois de plus c'est les usagers de province qui traquent.

01:46 Et je peux vous dire que moi ça fait dix ans que je suis le président de la FNOT pour la Nouvelle Aquitaine à Bordeaux,

01:51 je suis d'être porte-parole national,

01:53 et je n'ai jamais pris autant de coups de téléphone de gens qui étaient désespérés.

01:57 Alors des parents seuls, vous voyez, qui voulaient mettre l'enfant dans le train

02:03 pour aller kiffer les grands-parents, tout ce qui peut à ouf chez l'autre parent.

02:10 Et vraiment les gens étaient désespérés là, et c'est la première fois.

02:13 Donc c'est des très mauvaises images de marque que donne la SNCF à ce moment-là.

02:17 Et moi je le regrette d'autant plus parce qu'il y a quand même d'autres professions à la SNCF,

02:22 que ce soit les aiguilleurs, les gens qui sont sur le bord des voies,

02:26 tous les gens qui travaillent en 3-8 ou qui travaillent dans des conditions un peu plus difficiles.

02:31 - Vous êtes en train de dire que les contrôleurs ne sont pas les plus à plaindre et pourtant c'est eux qui sont en grève, c'est ça ?

02:37 - Ecoutez, je pense que vos auditeurs sont tout à fait capables de juger le travail d'un contrôleur,

02:42 parce qu'on les voit, on voit souvent moins les gens qui travaillent à nuit le long des voies,

02:47 on ne voit pas les gens qui sont dans les postes d'aiguillage,

02:49 on ne voit pas les gens qui sont dans les centres de maintenance et qui maintiennent les trains pour assurer la sécurité.

02:54 Et tout ça, tout ça, gens à travailler en 3-8.

02:57 Et c'est vrai que je ne vais pas dire que c'est la catégorie la plus favorisée,

03:02 mais ce n'est pas eux quand même qui ont le travail le plus difficile,

03:04 parce que comparativement au conducteur qui est devant la rame et qui a une très grosse responsabilité,

03:10 et qui pendant 2 heures, 3 heures, 4 heures doit avoir une attention de tous les instants pour la sécurité des usagers,

03:15 je ne pense pas que les contrôleurs se soient aussi difficiles.

03:18 - Alors des charges d'ailleurs, précisons-le malgré tout, parce que les incivilités augmentent un petit peu partout,

03:22 il arrive souvent et plus souvent aux contrôleurs qu'aux autres,

03:26 de se faire insulter par des resquilleurs qui n'ont pas payé leur billet et qui refusent de le faire, ça, ça arrive aussi.

03:30 - Oui, mais je peux vous assurer que dans les gares où la Sûreté Générale, c'est-à-dire la police des chemins de fer,

03:36 il n'y a pas des moments faciles, moi je les vois très souvent en gare Saint-Jean,

03:40 et il y a souvent quand même, et c'est d'ailleurs, c'est par hasard,

03:43 que le sénateur Tabarro a durci la loi qui était passée il y a quelques années par Gilles Savary,

03:51 parce que justement, il y a une hantée des incivilités, ça nous on le regrette amèrement,

03:57 et il est évident que quand même, je vous dis par rapport à quelqu'un qui est sur le bord de la voie...

04:04 - On a compris, effectivement, il y a des métiers beaucoup plus pénibles, ou encore plus pénibles en tout cas à la SNCF.

04:09 Justement parlons Jean-Christian Broucqueret, parce que c'est important.

04:12 Il y a deux heures, on recevait le secrétaire général de la CGT Cheminots, de trappe rambouillée dans les Yvelines.

04:19 Il nous disait "oui, mais là vous avez les contrôleurs en ce moment, mais attendez,

04:22 Pâques arrivent, les vacances arrivent, et il y a d'autres métiers, pourquoi pas les conducteurs, pourquoi pas les autres ?"

04:28 Et ainsi de suite. Est-ce qu'il faut s'attendre à des grèves perlées,

04:31 de petit bout de profession par petit bout de profession dans les semaines qui viennent,

04:34 qui permettent à chaque fois de bloquer un train sans mettre tout le monde en grève ?

04:38 On peut penser que oui, parce qu'aujourd'hui, ce qu'on se rend compte, c'est que les syndicats ne maîtrisent plus rien.

04:45 On l'a vu, la CGT entre autres s'est raccrochée à ce mouvement, qui a été quand même, il faut le dire, lancé par Sud,

04:53 mais particulièrement puisqu'on l'a déjà vécu il y a un an à la période de Noël,

04:57 c'est quand même des grèves qui ont été faites par des collectifs un peu incontrôlés par les syndicats,

05:02 et ça c'est très dommageable parce que, entre autres, la direction de la SNCF ne sait pas trop vers qui se tourner,

05:09 et puis bon, est-ce qu'on doit favoriser une catégorie de personnel par rapport à une autre ?

05:15 Ça c'est pas à nous de le dire.

05:17 - Effectivement, en tout cas, si je vous pose cette question qu'on a posée à nos auditeurs,

05:20 qui sont extrêmement partagés sur Twitter ce matin,

05:22 - Oui, tout à fait. - À qui la faute ?

05:24 Est-ce la faute de la direction de la SNCF ou est-ce la faute des cheminots ?

05:28 650 000 passagers comme vous ont été bloqués aujourd'hui.

05:31 - Oui. - À qui la faute ?

05:33 - 150 000. - À qui la faute, Christian Barucaré ?

05:38 - Je pense qu'entre autres que le président Farandou s'est quand même engagé à titre personnel,

05:45 c'est pas tous les jours comme que... Je pense pas que par le passé Guillaume Pépi allait à ce niveau de négociation.

05:51 - Donc, à qui la faute ?

05:53 - C'est que de toute façon, je pense que les torts sont partagés,

05:57 parce qu'il y a un mauvais climat social dans l'entreprise, je pense qu'il y a un tort partagé,

06:02 mais le moment n'est pas bien choisi et c'est surtout l'image de la SNCF qui s'est beaucoup dégradée

06:08 avec cette grève à ce moment-ci.

06:11 Et je voudrais remarquer juste une petite chose parce que personne ne le dit jamais,

06:15 si les critiques des contrôleurs... Enfin, si les contrôleurs étaient dans une situation si difficile,

06:21 ils se seraient pas lancés sur une grève de trois jours,

06:23 ils se seraient lancés sur une grève à durée illimitée pour obtenir ce qu'ils voulaient.

06:28 - Faites attention, ils finiront par vous prendre en mots, cela dit.

06:30 Merci beaucoup, quoi qu'il en soit, Christian Brocaré.

06:33 Bonnes vacances à vous, malgré cette galère.

06:36 On espère qu'au moins vous arriverez à attraper votre avion après avoir pris le bus entre Bordeaux et Paris, quoi qu'il en soit.

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