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L'invité du jour : Philippe Boxho, les histoires insolites d'un médecin légistes !
C8
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16/02/2024
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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TV
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00:00
Avec plaisir.
00:01
Notre invité du jour, un métier à la fois fascinant et un peu terrifiant, il faut le dire.
00:06
Bonjour Philippe Boxo.
00:07
Bonjour Caroline.
00:08
Vous êtes médecin légiste depuis 30 ans et vous faites parler les morts dans deux livres que j'ai ici,
00:13
qui s'appellent "Les morts ont la parole" et puis "Entretien avec un cadavre".
00:17
Quelle drôle d'idée d'ailleurs de vous leur faire parler les morts.
00:19
Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
00:20
Ils me disent comment ils sont morts, dans le meilleur des cas,
00:23
et dans le bien meilleur des cas, ils me disent quand ils sont morts.
00:26
Ce sont deux éléments essentiels pour permettre à une affaire judiciaire de progresser.
00:30
Il s'agit à chaque fois d'enquêtes, hein ?
00:32
Toujours.
00:33
Criminelles ?
00:34
Toujours, toujours.
00:35
La plupart du temps ?
00:36
Enfin, pas nécessairement criminelles, mais on est dans un contexte où,
00:38
quand on nous appelle, c'est que l'on imagine que le problème pourrait être criminel,
00:41
non pas nécessairement suicidaire, non pas une mort naturelle,
00:44
et on est là pour démontrer si le phénomène est criminel ou pas.
00:47
Alors vous avez des histoires qui peuvent paraître loufoques, qui sont toutes vraies,
00:52
même si vous avez peut-être changé les prénoms.
00:55
J'ai changé les prénoms, j'ai changé les noms, j'ai un petit peu romancé aussi,
00:58
parce que je n'avais pas envie que les gens reconnaissent les histoires.
01:01
Et pourquoi les raconter ? Quel est le message que vous voulez faire passer ?
01:04
C'est un message en direction du gouvernement belge.
01:06
En fait, je ne pensais pas du tout que le gouvernement...
01:08
J'ai oublié de préciser que vous étiez belge.
01:10
Oui, avec l'accent peut-être que tout le monde a compris.
01:12
Clairement, c'est un message envers le gouvernement belge.
01:14
Je n'ai jamais pensé que les livres arriveraient en France.
01:17
Pour moi, c'est complètement inédit, c'est inattendu.
01:20
Je suis très content, attention, mais voilà, ce n'était pas le but.
01:23
Le but, c'était de signer au gouvernement qu'on existe,
01:26
de signer à la population qu'on existe, parce que personne ne nous connaît.
01:29
Et en Belgique, nous sommes vraiment mis de côté,
01:32
à tel point qu'on a peur de l'avenir de la médecine égale en Belgique.
01:36
Mais comment ça, personne ne vous connaît ?
01:38
Votre métier, il est dans toutes les séries policières.
01:40
Oui, mais il est inconnu. Vous ne voyez que ce que les séries montrent.
01:42
Et ce que les séries montrent, ce n'est pas notre métier.
01:44
Ce n'est pas réaliste ?
01:45
C'est ce que la série a envie de montrer. Non, pas toujours.
01:47
Parfois, tout n'est pas irréaliste.
01:49
Mais parfois, ça ne correspond pas exactement à la vérité.
01:52
Alors, on nous donne aussi des capacités qu'on n'a pas,
01:54
ou on nous retire des capacités qu'on a.
01:56
Enfin, les séries, c'est fait pour être regardé,
01:58
ce n'est pas fait pour être de la science.
01:59
Ce que je voulais, c'est attirer l'attention des Belges
02:02
et de notre gouvernement en disant, attention, nous sommes en péril.
02:05
Mais si nous sommes en péril, la justice l'est aussi.
02:08
Et l'idée, c'était que nous avons fait une étude,
02:11
l'Université libre de Bruxelles a fait une étude qui prouve que
02:13
70, oui, 70, vous voyez, il faut que je traduise,
02:16
à peu près, meurtres par an en Belgique passent inaperçus
02:20
parce qu'on nous utilise mal ou pas du tout.
02:22
- D'accord, alors racontez-nous quelques-unes de ces histoires.
02:25
Il y a des morts qui ne le sont pas, par exemple.
02:27
Des cadavres qui se réveillent ?
02:28
- J'ai un cadavre qui s'est réveillé, oui.
02:30
C'était un policier qui m'attendait.
02:33
En fait, c'était un monsieur qui était couché sur le ventre,
02:35
comme moi aujourd'hui, un veston, couché sur le ventre,
02:38
par terre, et il avait ruiné.
02:40
Et dans les rines, les mouches viennent pondre,
02:42
et donc vous avez des asticots qui apparaissent.
02:44
Et donc, pour les policiers, c'est logique.
02:45
Si il y a des asticots, c'est qu'il putréfie.
02:47
Si il putréfie, c'est qu'il est mort.
02:49
La logique est parfaite.
02:51
En m'attendant, ils essayaient d'identifier le bonhomme,
02:53
et ils ont passé, il y a un des deux qui a passé la main
02:55
entre le sol et le cadavre.
02:57
Il était allé dans la poche intérieure, voyez, ici, du veston,
02:59
et quand il a ressorti le portefeuille,
03:01
le cadavre lui a attrapé le bras.
03:02
- Ah oui, ça doit faire peur.
03:03
- Donc il n'était pas exactement mort.
03:04
- Pas tout à fait.
03:05
- Il était en état d'hypothermie, mais il n'était pas exactement mort.
03:07
Donc ces histoires qui arrivent de temps en temps, ça fait rire.
03:09
Pas le policier.
03:10
Le policier a eu quelques problèmes de santé après.
03:12
- Ah bon.
03:13
Et il y a parfois des meurtres, évidemment, qui sont déguisés en suicide
03:16
ou en accident, vous en avez en tête ?
03:18
- En accident.
03:19
Le plus beau que j'ai eu, c'est un gars qui a été pendu, en fait,
03:22
par sa femme et par l'amant de sa femme.
03:24
Et je l'ai découvert parce qu'il avait passé la corde autour d'un tuyau
03:28
qui était enveloppé dans du plâtre, de façon à l'isoler.
03:31
C'était à la cave, et la corde présentait du plâtre
03:34
sur à peu près toute sa longueur, qui allait jusqu'au sol.
03:36
La tâche était faite par terre.
03:38
On remonte autour de ce tuyau, et le corps pendait là.
03:43
130 kg, la femme faisait 60 kg.
03:45
Elle n'a pas pu le hisser toute seule, donc elle avait un complice.
03:48
Et en plus, le nœud qui permettait, le nœud coulant,
03:52
était d'une structure particulière qui fait penser à battelier.
03:55
Et son amant était battelier.
03:56
- Ah.
03:57
- C'était parfait.
03:58
- Vous n'étudiez pas que les corps, du coup ?
03:59
- Ah non, non, on doit tout regarder.
04:01
On ne fait pas ça tout seul non plus.
04:02
Il y a plein de gens autour de nous qui font partie
04:04
de ce qu'on appelle la police scientifique,
04:06
qui sont des experts en nœuds, en fibres, en sang,
04:10
en à peu près tout.
04:11
On a des experts en tout, qui nous permettent d'avancer
04:13
au plus loin dans un dossier.
04:14
- Vous dites que vous n'êtes pas connu.
04:16
Moi, j'ai le sentiment, au contraire, que votre métier fascine.
04:18
Et comment vous l'expliquez, cette fascination ?
04:21
- Je crois que les gens ont peur de la mort.
04:23
Tout le monde a peur de mourir.
04:24
Et la mort fascine, comme le meurtre fascine,
04:27
comme les enquêtes policières ont toujours fasciné,
04:29
comme on produit des séries policières en haut, tu en vois là,
04:31
qui fascinent.
04:32
Tout ça, c'est un système de fascination.
04:34
Donc mon métier, c'est vrai, fascine,
04:36
mais en même temps, on ne nous donne pas les moyens,
04:38
en Belgique en tout cas, en France, je ne sais pas,
04:40
mais en Belgique en tout cas, de le réaliser de la façon
04:42
la plus optimale qu'il soit.
04:43
- Qu'est-ce qui vous manque alors comme moyens ?
04:45
- Des moyens, des moyens financiers d'abord.
04:47
C'est la seule profession en Belgique,
04:49
la seule spécialisation en médecine,
04:52
que l'on peut exercer qu'une autre spécialité
04:54
de façon à pouvoir gagner sa vie.
04:56
Parce que tout le monde sait que comme c'est un geste,
04:57
on ne le gagne pas.
04:58
Donc c'est déjà un problème, c'est déjà quelque part un arrêt.
05:01
Donc il nous faut du financement.
05:02
Et d'autre part, les gens qui entrent en médecine égale,
05:05
on est tellement peu nombreux, sont surchargés de travail
05:08
et finissent par partir parce que c'est une vie qui est impossible.
05:11
- Comment vous êtes devenu, vous, médecin légiste ?
05:13
On imagine que ce n'était pas forcément votre rêve d'enfant.
05:15
- Non, mon rêve d'enfant, c'est d'être policier,
05:17
comme à peu près tous les petits garçons, je crois,
05:18
policier, pompier, etc.
05:20
Donc moi, je voulais être prêtre,
05:21
et j'avais rencontré l'évêque de mon diocèse
05:24
qui m'a dit "écoute, avant d'entrer en prêtrese,
05:26
tu devrais d'abord aller faire des candidatures,
05:28
ce qui correspond au baccalauréat, où tu veux.
05:31
Et j'hésitais entre le droit et la médecine,
05:33
et c'est tout à fait par hasard que j'ai fait la médecine.
05:36
En fait, c'était des étudiants qui nous inscrivaient
05:38
à l'époque des dinosaures, où il n'y avait pas encore les ordinateurs,
05:40
on inscrivait par le papier.
05:42
Et il y avait un étudiant qui inscrivait en droit,
05:44
une étudiante qui inscrivait en médecine.
05:45
Et moi, j'hésitais depuis une heure.
05:47
Et puis, c'est eux qui venaient en disant
05:49
"quelqu'un pour le droit, quelqu'un pour la médecine".
05:51
Et au bout d'une heure, je me suis dit "allez, si je reviens demain,
05:53
je serai dans la même situation, tant pis, j'y vais,
05:55
le prochain qui viendra en médecine".
05:57
Ils sont arrivés en même temps, et le gars qui inscrivait
05:59
pour le droit, très poli, a laissé passer la fille
06:01
qui inscrivait pour la médecine. J'ai fait la médecine.
06:03
- Voilà, à quoi ça tient, finalement.
06:05
- Ça ne tient pas à grand-chose.
06:06
- Pas à grand-chose, et une carrière de 30 ans
06:08
de médecin légiste, il nous reste vraiment quelques secondes.
06:10
Peut-être le cas qui vous reste le plus choquant,
06:12
qui vous a le plus marqué ?
06:13
- Le cas le plus choquant, c'est l'écart d'enfant,
06:15
mais ça, je n'en parlerai pas.
06:16
Mais sinon, un cas extraordinaire, c'est le gars
06:19
qui a voulu se suicider avec l'arme à feu, une arme à feu,
06:21
et qui a les bras un peu trop courts,
06:23
c'était une carabine, et il avait les bras un peu trop courts
06:26
pour toucher la détente, et il était obligé
06:28
de la mettre de travers. Résultat, alors qu'il visait
06:30
le coeur en la mettant de travers, il a raté son coeur,
06:32
il a tiré 14 fois pour arriver, finalement, à mourir.
06:36
- Oh là là, c'est atroce, ça.
06:37
- Ah oui, c'est atroce, mais les histoires sont atroces.
06:39
C'est la façon de les raconter qui les rend agréables.
06:41
- Et vous les racontez très bien.
06:42
- Je vous remercie.
06:43
- "Entretien avec un cadavre et les morts ont la parole",
06:46
deux livres aux éditions, Kénes, qui racontent
06:49
votre métier de médecin légiste.
06:51
Merci beaucoup d'être venu nous en parler.
06:53
[Musique]
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