L'édito de Florian Tardif : «Des influenceurs pour dissuader les migrants»

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16/02/2024

Dans son édito du 16/02/2024, Florian Tardif revient sur les mesures du gouvernement britannique pour faire face à l'afflux de migrants.

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00:00 Écoutez Romain, oui, face à l'afflux massif de migrants sur les côtes anglaises,

00:03 30 000 traversés de la Manche l'an dernier,

00:05 le Royaume-Uni envisage donc de rémunérer aujourd'hui des influenceurs albanais,

00:09 égyptiens, vietnamiens ou encore irakiens.

00:11 Leur objectif serait de créer du contenu, des vidéos,

00:14 donc pour dissuader les migrants de tenter de rejoindre le pays.

00:18 Selon des médias britanniques qui ont pu consulter le plan prévu par les autorités anglaises,

00:23 les influenceurs devront promouvoir les nouvelles lois de l'immigration, y compris la menace.

00:27 On en a parlé récemment de déportation vers le Rwanda,

00:31 puisque depuis plusieurs mois maintenant,

00:32 les débats sur l'immigration au Royaume-Uni tournent autour de cette proposition controversée,

00:37 donc de renvoyer les migrants au Rwanda.

00:39 Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a fait de ce projet le socle de sa politique migratoire

00:44 et il espère ainsi pouvoir mettre en place ce système dans l'année.

00:46 Oui, je ne sais pas si on peut utiliser le mot "déportation",

00:48 mais parce que ça en revêt une réalité autre.

00:52 Mais en tout cas, d'étudier les dossiers en dehors de la Grande-Bretagne.

00:59 Ce n'est pas étudier les dossiers, c'est prendre les migrants illégaux

01:03 et les renvoyer vers un pays, un traité qui a été négocié entre les deux pays.

01:06 Exactement.

01:08 Est-ce que ça peut être vraiment dissuasif, Florian ?

01:10 Écoutez, on sait que les raisons de la migration sont multiples,

01:12 mais ce qui pousse les étrangers à tenter parfois au péril de leur vie,

01:15 un périple jusqu'en Europe, là on parle jusqu'au Royaume-Uni,

01:19 et l'attrait économique du pays, envoyer le signal qu'il sera très compliqué,

01:23 voire presque impossible de trouver un emploi si on arrive dans le pays concerné

01:27 de manière illégale peut effectivement dissuader potentiellement certaines personnes.

01:30 C'est ce qu'espère en tout cas le gouvernement britannique

01:32 qui juge qu'utiliser les réseaux sociaux est peut-être le meilleur moyen

01:36 de faire passer ce message au plus grand nombre,

01:38 intelligent lorsque l'on sait que 5 milliards de personnes dans le monde

01:41 utilisent aujourd'hui les réseaux sociaux.

01:43 À quoi pourraient ressembler ces messages ?

01:44 Potentiellement à ça.

01:46 On va regarder une petite vidéo d'un des influenceurs

01:48 sélectionnés justement par les autorités.

01:49 Alors là, vous pouvez voir qu'il s'agit d'une vidéo d'un influenceur albanais

01:59 qui affiche près de 5 millions de likes tout de même sur son compte Twitter.

02:04 Il promeut notamment les territoires...

02:07 J'ai l'impression qu'il...

02:08 Non mais là, il est dans une promotion de l'Albanie

02:10 lorsque l'on regarde plusieurs vidéos.

02:11 Ah oui, ça n'a rien à voir avec l'immigration là.

02:13 Non mais c'est aussi dire que dans le pays d'origine,

02:17 par exemple l'Albanie, c'est magnifique, c'est très bien, etc.

02:21 Ce n'est pas forcément faire une promotion,

02:25 disons-le presque ostentatoire, de regarder ce qui se passe au Royaume-Uni.

02:29 Si je l'avais compté de rentrer de manière illégale,

02:32 ça peut être de manière détournée.

02:33 Là, on voit effectivement une vidéo de promotion de l'Albanie.

02:36 Alors, il fait partie de ces influenceurs sélectionnés,

02:38 toujours selon les médias britanniques.

02:39 En fait, le gouvernement espère, grâce à cette technique,

02:42 contrer les passeurs sur leur propre terrain,

02:44 puisque les passeurs utilisent énormément les réseaux sociaux

02:47 pour eux promouvoir le fait qu'ils peuvent fournir une aide comme cela

02:52 pour traverser la Méditerranée ou la Manche.

02:54 Il est essentiel que nous utilisions les mêmes plateformes.

02:57 A détaillé un porte-parole du Bureau de l'Intérieur à un média britannique,

03:00 utiliser les mêmes plateformes pour montrer que le pays n'est pas un pays attractif,

03:04 que le Royaume-Uni n'est pas un pays attractif,

03:06 puisque c'est ce qui motive les départs.

03:07 Casser l'image de la Grande-Bretagne.

03:10 Et potentiellement promouvoir l'image d'autres pays.

03:12 C'est l'inverse d'un office du tourisme.

03:13 C'est exactement ça. C'est un office du tourisme inversé.

03:16 Regardez, votre pays est exceptionnel, alors qu'au Royaume-Uni,

03:20 ce n'est pas forcément ce que vous estimez.

03:22 Ce n'est pas le paradis.

03:23 Oui, voilà, c'est l'office du tourisme inversé.

03:25 Et restez chez vous.

03:25 C'est intelligent.

03:27 C'est intelligent.

03:28 Ils avaient déjà fait une campagne un peu similaire il y a plusieurs mois,

03:33 notamment vis-à-vis des personnes en France ou en Belgique.

03:37 Et d'ailleurs, il y avait des personnes, par exemple des habitants de Calais,

03:41 qui avaient trouvé sur les réseaux sociaux des campagnes comme cela pour les dissuader.

03:46 Alors, ils n'étaient pas concernés, mais pour les dissuader, de tenter de franchir la manche.

03:50 [Musique]

03:54 [SILENCE]

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