Jean Reno, confidences émouvantes de la perte de sa mère à 17 ans

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Sous une apparence de dur à cuire, Jean Reno est l'invité de Déborah Grunwald dans son émission "Dans le rétro". Charismatique, sympathique et énigmatique, il est de retour au cinéma dans le film "Maison de retraite 2".  #jeanreno #deuil #témoignage

Transcript

00:00 La mort de la mère pour un fils, c'est pas la mort du père pour une fille.

00:06 Mais pour moi c'est un pilier extrêmement important.

00:12 Moi je me mettais contre son bras quand elle était au balcon après déjeuner.

00:17 On regardait la rue, on regardait les gens passer.

00:20 Je me mettais contre elle et c'était mon île.

00:24 Elle vous aimait ?

00:25 Bien sûr.

00:26 Elle vous le disait ?

00:27 Tout, ses gestes, tout son corps me le disait.

00:31 Son regard, tout ce que vous voulez.

00:33 Je n'avais pas à dire "maman aime moi".

00:35 Non, elle m'a nourri à cet amour.

00:38 Et quand elle est partie, j'ai tout fermé.

00:41 C'est-à-dire tout fermé ?

00:43 Tout fermé.

00:44 Il fallait continuer.

00:46 C'est-à-dire plus aimé ?

00:49 Non, c'est pas plus aimé, c'est fermé, l'objet de sa peine.

00:54 Je suis fermé ici, comme je pense que je n'ai l'idée, pour ne pas parler de lui,

00:59 c'est fermé ici et ça s'est sorti à travers sa voix.

01:03 C'est très fort de pouvoir refermer ça.

01:07 On aimerait tous avoir cette capacité.

01:09 Comment tu fais ? Sinon je meurs.

01:12 Est-ce que c'est parfois pesant d'être un homme sensible ?

01:16 Oui, parce qu'il y a des questions qui m'amènent tout de suite dans ce qui me touche.

01:23 Et je me dis « Attends, arrête avec ce sentimentalisme, tu réponds à la question correctement ».

01:29 Mon petit Jiminy Cricket que j'ai dans ma tête me dit « Mais où tu vas là ? »

01:34 C'est bon, c'est bon.

01:35 Oui, tu souffres, mais c'est pas ça.

01:38 Continue, parle, détends-toi.

01:41 Pourquoi faut cacher ça ?

01:43 Parce que je n'ai pas envie de m'apitoyer, parce que tout le monde a sa souffrance

01:47 et je n'ai pas envie de tartiner ce qui me fait mal dans les médias.

01:51 Je pense que les autres ont aussi leur souffrance qui passe d'abord avant la mienne.

01:57 Parce que ma liberté s'arrête au moment où la vôtre commence.

02:00 Ça vous fait chier de craquer en pleine émission par exemple, d'être rémuné ?

02:03 Ça m'est arrivé, plus fort que moi.

02:05 Quand j'ai doublé la voix de Johnny pour l'événement, la deuxième journée,

02:14 à un moment donné, parce qu'on arrivait vers la fin,

02:19 je m'en suis voulu, mais c'est plus fort que moi.

02:23 Quand je viens, quelque part, c'est pour travailler,

02:26 c'est pas pour étaler mes casseroles, je ne sais pas comment le dire.

02:32 dire.

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