40 ans de Sida : Willy Rozenbaum, co-découvreur du virus du Sida

Témoignage de Willy Rozenbaum, co-découvreur du virus du Sida, 40 ans après la découverte du virus du Sida.

Transcript

00:00 On a traversé avec les patients des périodes terribles où c'est la mort qui a gagné.

00:07 Il ne faut pas oublier qu'avant les soucis actuels, très important,

00:22 on a traversé avec les patients des périodes terribles où c'est la mort qui a gagné.

00:30 Pendant les années 85 à 95, 96 même, et sans doute même un petit peu plus,

00:42 dans le service dont j'avais la responsabilité, il y avait deux, trois décès par jour.

00:49 Et c'est la raison pour laquelle mon combat a changé,

00:56 parce que sinon j'étais en échec permanent, nous étions en échec permanent,

01:00 et plutôt que de repousser jusqu'à les limites de la vie,

01:08 j'ai essayé de donner du contenu, de la qualité de vivre.

01:12 Ça nous a amené à ce que l'on a pu appeler à un moment une approche globale de la maladie,

01:19 c'est-à-dire non seulement on essayait de résoudre les problèmes médicaux,

01:23 mais on apportait du soutien psychologique, social, simplement de l'empathie,

01:31 via des patients, en essayant de donner du contenu au temps qui passait, et des fois trop vite.

01:41 On a parlé de cet acteur là qui est venu en 85 en France

01:46 pour bénéficier d'un traitement qu'on expérimentait à l'époque,

01:50 Rock Hudson, je ne sais pas si vous le connaissez,

01:53 donc il est venu pour avoir ce traitement, sauf qu'il était déjà trop malade,

01:58 mais quand on a débuté, moi j'ai soigné des centaines de patients avec ce produit,

02:04 et les conditions dans lesquelles ce produit a été utilisé chez l'homme

02:13 ne sont absolument pas celles qu'on utilise aujourd'hui.

02:18 A l'époque, il y avait 60 patients qui en avaient reçu dans des phases préliminaires,

02:23 alors que c'était un produit relativement toxique, qui ne s'injectait pas d'un intraveineuse,

02:27 aujourd'hui, ça ne serait pas acceptable, ça ne serait pas accepté.

02:32 Et à juste titre.

02:34 On était, vous voyez, des guignols,

02:44 parce que le poids d'un scientifique, au niveau international,

02:53 il est matérialisé par les moyens qu'il est capable de mettre en œuvre,

03:01 des moyens sur la recherche sur le sida,

03:05 ils ont débuté d'une manière extrêmement modeste en 1986,

03:13 l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida, c'est 89, 81-89, vous voyez.

03:22 Tout ce qui a été fait antérieurement, ça a été moyen zéro,

03:28 et on ne valorisait pas nos recherches,

03:31 on avait des structures adaptées à la recherche, mais pas à la découverte.

03:36 Donc, ce n'est pas étonnant, et les Américains nourriaient au nez à cause de ça, je pense.

03:42 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]