En immersion en Corée du Nord, un français raconte

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En 2014, Morgan a réussi à s’infiltrer en Corée du Nord, ce pays isolé sur lequel on a tous les yeux rivés. Il a pris le train depuis la Chine pour entamer un voyage inoubliable au cœur d’un système absurde. Pendant 2 semaines, il a été coupé du monde pour découvrir ce pays. Il raconte toutes les interdictions et les situations insolites auxquelles il a dû faire face en tant que touriste. À travers cette interview, vous découvrirez comment vivent les Nord coréens dans cette dictature à travers les yeux d’un français.  Retrouvez-le sur instagram : https://www.instagram.com/les_voyages_de_morgan/  Suivez O-Rigines le nouveau média qui s’intéresse à l’histoire des histoires. Podcast : bit.ly/Origines_podcast Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia Instagram : https://www.instagram.com/origines.media Twitter : https://twitter.com/Originesmedia TikTok : https://www.tiktok.com/@originesmedia  Embarquez avec Voyager Loin sur tous les réseaux  :  Youtube : https://www.youtube.com/@voyagerloinmedia Instagram : https://www.instagram.com/voyagerloinmedia/ TikTok : https://www.tiktok.com/@voyagerloin_media Facebook : https://www.facebook.com/VoyagerLoinMedia  Graphisme miniature : Studio Amico

Transcript

00:00 Je me retourne pour pas que le guide me voit et je me rends compte que derrière moi il y a deux autres gars qui sont exactement dans le même état que moi.

00:06 Et là je me dis c'est pas possible on va tous partir au fourrure et on va se faire fusiller.

00:10 Je m'appelle Morgan, je suis journaliste à Paris, je voyage énormément et en 2014 j'ai décidé d'aller en Corée du Nord.

00:17 En fait à la base j'avais même pas pour projet d'aller en Corée du Nord parce que je voulais aller au Tibet

00:21 et j'ai découvert une agence en allant sur leur site que j'ai découvert qu'il était vraiment possible d'aller en Corée du Nord,

00:26 quelque chose que je n'imaginais pas et que peu de personnes savent.

00:30 Donc j'ai vu qu'ils proposaient différents séjours, je me suis dit mais c'est quoi cette histoire, depuis quand on peut aller en Corée du Nord ?

00:36 J'ai commencé à me renseigner un peu et j'ai découvert qu'en fait le pays est assez ouvert aux touristes,

00:40 sauf pour deux types de personnes, les militaires et les journalistes.

00:43 Ça tombe mal parce que je suis journaliste.

00:44 Ça m'a un peu agacé, donc c'est aussi un peu par esprit de contradiction que j'ai décidé d'y aller.

00:48 J'ai dit que j'étais consultant, ce qui était un terme suffisamment vague, qu'on me pose pas trop de questions

00:53 et puis pour que je puisse râtiner un peu là-dessus.

00:55 J'ai prévenu mon employeur, si jamais la Corée du Nord appelait, il fallait juste dire que j'étais pas journaliste,

01:00 que j'étais consultant pour eux.

01:01 Ça n'a pas eu lieu finalement, il n'y a pas fait d'enquête sur moi.

01:03 J'avais pas de grand chose en tête, parce que c'est un pays qui est finalement assez méconnu.

01:07 On entend parler d'histoires soit complètement absurdes de dirigeants qui auraient imposé sa coiffure à tous les hommes du pays,

01:14 on entend des histoires d'essais nucléaires, de missiles, de guerres possibles avec la Corée du Sud,

01:20 mais en fait on ne sait pas du tout ce qu'il en est dans la vie quotidienne des personnes sur place.

01:24 On ne sait pas comment ils vivent, on ne sait pas comment ils pensent,

01:26 on ne sait pas finalement quelle est leur vie, quel est leur quotidien.

01:29 Et je me disais que ce serait intéressant justement d'aller voir cette population,

01:32 de voir comment eux voient le monde, comment ils voient leur situation,

01:35 même si c'est évidemment assez difficile d'en parler avec eux.

01:37 Vraiment d'aller au-delà des clichés des médias, au-delà de ce qu'on nous montre sur cette élite complètement corrompue et complètement paranoïaque,

01:44 voir ce que vraiment le Nord-Coréen de base peut vivre.

01:46 De base, j'aime vraiment pas les voyages organisés, j'aime pas être transporté dans un bus avec 50 personnes d'A à B.

01:52 Et la question s'est donc posée quand j'ai réservé ce voyage en Corée du Nord,

01:55 parce qu'il y a la possibilité d'y aller en individuel ou en voyage organisé comme à peu près dans tous les pays.

02:01 J'ai rapidement découvert avec des témoignages sur internet qu'il était plus intéressant d'y aller en voyage organisé

02:07 pour, paradoxalement, avoir plus de liberté.

02:09 Puisqu'il faut savoir qu'en Corée du Nord, n'importe quel touriste est forcément accompagné de deux guides Nord-Coréens.

02:14 Ça permet à ces deux guides de surveiller les touristes, mais aussi de se surveiller l'un l'autre.

02:18 Comme ça, ils sont sûrs qu'il n'y ait pas de discussion qui dérape un peu sur des sujets politiques.

02:23 Le truc, c'est que ces deux guides Nord-Coréens, ils sont deux, peu importe le nombre de touristes.

02:28 Donc si vous êtes 10, il y aura deux guides pour vous. Si vous êtes tout seul, il y aura aussi deux guides.

02:31 Et donc, en étant dans un groupe, j'ai pu avoir beaucoup plus de moments de liberté que je n'en aurais eu.

02:35 Je pense, par exemple, à un moment, on était dans un restaurant dans une ville en dehors de Pyongyang.

02:40 Je me suis levé de table en prétendant aller aux toilettes et je fais le tour du pâté de maison,

02:43 chose qui était rigoureusement interdite, mais que je n'aurais vraiment pas pu faire, en fait,

02:47 si j'avais été tout seul avec ces deux guides, parce que ce serait demander tout simplement où j'étais passé,

02:51 pourquoi j'étais sorti pendant une quinzaine de minutes, alors que là, je suis passé complètement inaperçu.

02:56 J'ai choisi, en fait, pour aller en Corée du Nord, de ne pas y aller par avion, mais de prendre le train,

03:00 tout simplement parce que j'étais au Tibet avant. Ce qui me paraissait intéressant, en fait, par rapport à l'avion,

03:04 c'était d'arriver progressivement dans le pays, de faire ce passage de frontières terrestres,

03:09 et ensuite de voir la compagnie Nord-Coréenne, de voir des endroits qu'on ne peut pas visiter,

03:14 puisque les voyages organisés sont réservés à certaines régions, en fait, donc il n'est pas possible d'aller partout en Corée du Nord.

03:19 Donc là, ça me permettait vraiment de traverser des choses que je savais que je ne verrais pas après.

03:23 Ma première vision de la Corée du Nord a été assez particulière, puisque depuis la frontière chinoise,

03:28 donc à Dandong, il y a un fleuve qui sépare la Chine de la Corée du Nord, et en fait, on voit un énorme parc d'attractions

03:35 avec un parc aquatique. Donc on voit des énormes toboggans, etc. Tout de suite, quand on le voit de loin,

03:40 on comprend immédiatement que c'est la propagande à destination des Chinois pour leur dire "Regardez comme on est bien en Corée du Nord,

03:47 on a même d'énormes parcs aquatiques". Le truc, c'est que quand on traverse ce pont, on passe à côté de ce parc,

03:52 et là, immédiatement, on se rend compte, juste après avoir passé la frontière, qu'en fait, il est complètement abandonné.

03:56 Et une des premières photos que j'ai de la Corée du Nord, c'est une femme qui est assise sur un manège complètement délabré et qui pleure.

04:04 Et là, je me suis dit "Waouh, ok, je ne sais pas où j'arrive", mais en tout cas, en termes d'ambiance, on est immédiatement dedans.

04:11 Il y a pas mal d'interdictions en Corée du Nord, la plupart, c'est des interdictions qu'on voit dans d'autres pays,

04:16 comme l'interdiction, par exemple, de prendre en photo des militaires, des checkpoints sur les routes,

04:20 mais il y en a d'autres qui sont un peu plus spécifiques au pays, qui nous semblent, nous, un peu étranges.

04:26 C'est par exemple l'interdiction de prendre des photos des statues des grands leaders qui ne soient pas complètes.

04:30 L'interdiction également de froisser des journaux. Cette interdiction, en fait, est liée au fait que dans les journaux,

04:36 il y aura forcément des articles à la gloire des grands leaders.

04:39 Et donc, du fait de la présence de ces articles et de la présence des photos, en fait, on n'a pas le droit de froisser les journaux,

04:44 tout simplement parce que ça reviendrait à froisser l'image des grands leaders.

04:47 Donc il y a ce genre d'interdictions qui sont toujours liées à la classe dirigeante, et en particulier, donc, aux grands leaders.

04:53 Alors, je dis "aux grands leaders", ce n'est pas parce que c'est ce que je pense, c'est parce que c'est comme ça, en fait, que les appellent les Nord-Coréens.

04:58 La Corée du Nord, c'est la seule dynastie communiste. C'est un pays qui a été "créé" par Kim Il-sung,

05:04 qui est le grand héros de la libération de la Corée du Nord.

05:08 Ça, c'est l'histoire officielle. Officieusement, on sait que c'est les soviétiques, en fait, qui l'ont mis là.

05:13 Donc c'était vraiment une marionnette, en fait, des soviétiques.

05:15 Mais, en fait, il a réussi immédiatement à se défaire de cette tutelle soviétique en créant un culte de la personnalité absolue.

05:22 Et il est resté aujourd'hui, ce culte de la personnalité.

05:24 Par exemple, vous avez dans chaque pièce deux photos, une représentant Kim Il-sung et l'autre représentant Kim Jong-un.

05:30 Donc c'est pour montrer à la fois qui est le leader actuel et qui est, en fait, le père de la nation, qui a le titre de président éternel.

05:38 Par exemple, dans nos visites, à chaque fois, la visite tournait autour des leaders, ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont dit.

05:43 Un exemple tout bête, on a visité une usine de métallurgie.

05:46 Et quand on est arrivé, on nous a expliqué que Kim Il-sung était venu à X reprises dans cet endroit,

05:52 qu'il s'était assis sur tel banc que son fils, Kim Jong-il, était aussi venu à telle reprise.

05:58 Kim Jong-un était venu récemment à telle date, etc.

06:01 Et donc, voilà, on nous fait cette présentation de cette usine avec toutes ces informations.

06:04 Et on nous demande "Est-ce que vous avez des questions ?"

06:06 Alors moi, je dis "Oui, j'aimerais bien savoir, en fait, est-ce que vous pouvez me dire combien de tonnes d'acier produit cette usine ?"

06:12 Et là, le guide n'en avait pas la moindre idée.

06:14 Donc c'est vraiment un culte de la personnalité qui est absolu.

06:16 C'est impossible, en fait, de ne pas penser à un des leaders, même pendant 10 minutes.

06:20 Parce que vous verrez forcément les photos à un moment ou à un autre.

06:24 Vous verrez des statues, vous verrez des affiches de propagande dans la rue,

06:27 vous verrez ces petites plaques pour dire qu'ils sont passés là.

06:29 Toute la vie tourne autour d'eux.

06:31 Et pendant ces 15 jours, effectivement, j'ai eu une journée un peu particulière,

06:34 parce que c'était mon anniversaire.

06:35 Et donc, ils ont décidé, en fait, de me faire une petite journée un peu surprise.

06:38 Donc ça a commencé le matin par le guide qui nous dit

06:41 "Bon bah, aujourd'hui, il y a un changement de programme, parce que c'est l'anniversaire de Morgane.

06:44 Donc on va faire des activités un peu plus sympas que de simples visites."

06:47 On a commencé par aller au stand de tir, parce que je fais ici à Paris du tir sportif,

06:51 et j'en avais parlé à mon guide.

06:52 Et là-bas, ils nous ont demandé si on voulait tirer sur des animaux.

06:55 On leur a dit "Ben non, pourquoi ?"

06:58 Ils nous ont dit "Parce que c'est plus sympa, en fait."

06:59 "Alors, c'est pas du tout amusant de tirer sur des animaux, non."

07:02 Il y a une personne dans notre groupe qui lui a décidé

07:04 "Ok, si c'est comme ça qu'il faut faire ici, je vais tirer sur un animal."

07:09 Donc ils lui mettent une oie dans une cage.

07:11 Donc lui, il prend sa carabine, il tire et il la tue.

07:14 Et là, les guides lui disent "Non mais non, il ne fallait pas faire comme ça."

07:17 "Toi, tu as tiré dans la tête, tu l'as tué tout de suite, donc c'est pas drôle."

07:19 "Il fallait tirer à côté, lui faire peur, etc. pour qu'elle bouge un peu partout."

07:23 Et les guides, ils nous disaient ça de manière totalement normale.

07:25 Nous, on les regardait complètement horrifiés en se disant "Mais c'est quoi ce délire ?"

07:30 Parce que depuis le début, on se disait "Finalement, les Nord-Coréens,

07:33 comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont sympas, ils sont avenants,

07:36 ils ont à peu près le même état d'esprit que nous sur les choses de la vie."

07:39 Là, on s'est dit "Non, il y a une absence totale de considération pour le bien-être animal."

07:43 Ça montre quand même qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays.

07:45 Ça a été une expérience assez traumatisante pour tout le monde,

07:48 parce qu'on s'est rendu compte que oui, on était dans un pays super chelou,

07:52 avec un système dictatoriel absolu, où la vie n'a aucune valeur,

07:57 que ce soit la vie des animaux ou la vie des humains.

07:59 C'est un pays où il y a des concentrations, il ne faut pas l'oublier.

08:02 Et ça, quand on est sur place, quand on discute, quand on s'amuse, quand on visite,

08:07 on a aussi un peu tendance à l'oublier.

08:08 Là, ça a été un retour au réel assez violent.

08:11 Donc, on dit comme ça, on a l'impression que mon anniversaire a été un peu horrible.

08:14 Après, ça s'est un peu amélioré quand même.

08:16 On a terminé par un dîner un peu spécial,

08:19 parce qu'on est allé dans l'unique pizzeria de Corée du Nord,

08:21 qui selon la légende a été ouverte par Kim Jong-il,

08:26 parce qu'il adorait la pizza, mais il n'y en avait pas en Corée du Nord.

08:29 Donc, il a envoyé des cuisiniers nord-coréens en Italie,

08:34 pour qu'ils apprennent à faire des pizzas,

08:35 et qu'ils ouvrent une pizzeria à Pyongyang.

08:37 Donc, on a pu y aller.

08:38 J'avais vraiment l'impression d'être dans un vieux film chinois des années 50,

08:42 parce que les décors, les attitudes, etc. n'ont pas changé.

08:45 Donc, ça, c'est vraiment un aspect que je n'ai jamais vécu dans aucun autre voyage.

08:50 Je n'aime pas dire que j'avais l'impression d'être dans un pays de rouvaux,

08:53 puisque à la base, je me suis justement allé pour me défaire de cette idée,

08:55 pour voir vraiment ce qu'il était le Nord-coréen.

08:58 Et ceux que j'ai vus ne m'ont pas du tout donné cette impression.

09:01 Par contre, au niveau global,

09:02 au niveau de ce qu'on voit au quotidien quand on couche dans le pays,

09:06 il y a beaucoup plus cette impression-là,

09:08 tout simplement parce qu'ils sont dans une situation

09:11 où leur vie a assez peu de valeur, voire n'a pas de valeur du tout,

09:14 et est parfaitement utilitaire.

09:15 Et ça donne cette impression de rouvaux,

09:16 tout simplement parce qu'on ne les voit jamais faire des choses inutiles.

09:20 On était vraiment dans un mode full propagande,

09:23 puisqu'on a commencé par aller vendre une visite au grand leader,

09:26 Kim Il-sung et Kim Jong-un, dans le Palais du Soleil,

09:29 qui est en fait l'ancien palais de Kim Il-sung,

09:31 et qui est un palais qui est devenu un mausolée à sa mort.

09:34 Et dans ce palais-là, qui est le lieu le plus sacré pour les Nord-Coréens,

09:37 les deux corps des deux anciens dirigeants

09:39 sont exposés dans des cerfugues en verre,

09:41 peu comme les nines à Moscou.

09:42 Et ça a été vraiment une expérience pas magique,

09:45 mais complètement absurde,

09:46 et je pense qu'il me restera toute ma vie.

09:48 On a été pris en charge par une femme qui a commencé à nous faire la visite,

09:51 en pleurant, et nous racontait l'histoire du lieu,

09:52 l'histoire des leaders avec des sanglots dans la voix,

09:55 un peu comme dans les images qu'on a vues à la mort de Kim Jong-il,

09:59 où on voyait une séance de quasi-fragmentation publique,

10:03 de pleurs, etc., dans la rue.

10:05 Voilà, c'était la même chose, mais plusieurs années après.

10:07 Et quand on a commencé à parler,

10:09 c'était tellement surjoué, tellement fake,

10:11 et surtout tellement inattendu,

10:12 que j'ai failli exploser de rire.

10:14 On me disait que si je ris à cet endroit-là,

10:16 ça va être considéré comme la pire des insultes pour les Nord-Coréens.

10:19 Et donc je me souviens être en train de vraiment essayer de me retenir de rire,

10:22 et à un moment je n'en pouvais plus.

10:23 Je me retourne pour pas que le guide me voie,

10:25 et je me rends compte que derrière moi,

10:26 il y a deux autres gars qui sont exactement dans le même état que moi.

10:29 Et là je me dis, c'est pas possible,

10:30 on va tous partir en fourrir, et on va se faire fusiller.

10:33 C'est clairement ce que je me suis dit.

10:35 À un moment, on a posé une question à un de nos guides,

10:37 on lui a demandé combien de jours de vacances ils ont dans l'année.

10:40 Il nous a répondu qu'il ne comprenait pas la question.

10:42 Il ne comprenait pas en fait le mot "holidays".

10:43 Il lui a dit "OK, combien de jours dans l'année vous n'avez pas besoin de travailler ?"

10:47 Là il nous répond "Si je suis malade, je ne vais pas travailler."

10:50 On lui a fait "OK, est-ce qu'il y a des jours où tu ne vas pas travailler,

10:53 mais où tu n'es pas malade ?"

10:54 Il fait "Oui, si par exemple ma sœur se marie,

10:56 je vais avoir ma journée pour aller assister à son mariage."

11:00 C'est très compliqué des fois de poser des questions à un Nord-Coréen.

11:02 "Est-ce que tu as des jours où tu n'es pas malade,

11:05 tu ne vas pas travailler et tu n'as rien à faire ?"

11:08 Et là il m'a dit "Non mais je ne comprends pas ta question."

11:09 La journée qui m'a particulièrement plu,

11:12 c'est une journée qui est finalement celle qui ressemblait le plus à un voyage classique.

11:15 C'était notre retour d'une ville qui s'appelle Wonsan, qui est sur la côte.

11:20 On était allés à la plage,

11:22 et ensuite en fait on a repris notre bus en direction de Pyongyang,

11:26 et on s'est arrêtés, on a fait pas mal d'arrêts dans la campagne,

11:29 qui est absolument magnifique.

11:30 Donc on s'est arrêtés dans des montagnes,

11:32 il y avait des chutes d'eau, etc.

11:35 On a marché dans des canyons.

11:36 Et là, je me suis dit que ce pays avait énormément de potentiel.

11:40 Que le jour où ce système va s'effondrer,

11:43 j'espère que ça arrivera rapidement,

11:45 ils vont avoir énormément de trésors à faire partager,

11:47 de trésors en termes de petits temples nichés dans la montagne,

11:51 de chutes d'eau magnifiques, etc.

11:53 Et cette journée-là, cette journée finalement en dehors du système nord-coréen,

11:58 c'est-à-dire en dehors des villes,

11:59 en dehors de toutes les affiches de propagande qu'on voit partout, etc.

12:02 Ça a été une des journées les plus magiques de ce voyage.

12:05 Est-ce que je retournerai au Corée du Nord ?

12:06 Alors en fait, je devais y retourner en 2020,

12:09 mon voyage a été annulé à cause de la pandémie de Covid.

12:11 Je devais y retourner parce qu'à la base,

12:13 mon voyage de 2014 devait me permettre de voir ce qu'on appelle les "Mass Games",

12:17 qui sont un spectacle de propagande avec plus de 100 000 participants.

12:20 Et c'est quelque chose qui avait été annulé,

12:22 qui n'a pas eu lieu pendant plusieurs années,

12:24 et qui était revenu en 2019.

12:26 Donc je m'étais dit que c'était l'occasion d'y retourner.

12:28 Donc oui, je voulais y retourner, ça n'a pas pu se faire malheureusement.

12:31 Est-ce que j'y retournerai ? Je ne sais pas.

12:33 La seule raison pour laquelle on traîne en Corée du Nord,

12:37 c'est par curiosité,

12:38 et c'est pour avoir envie de voir ce pays,

12:42 de se confronter à ce fantasme.

12:45 Mais c'est une démarche qui doit venir de soi.

12:48 Je pense que les gens qui veulent le visiter le savent déjà.

12:51 Ils se sont déjà posé la question.

12:53 S'ils ne se posent pas la question, peut-être en m'écoutant,

12:56 ça va les titiller, et ils vont avoir envie de se renseigner un peu plus.

13:00 Mais moi, je n'irai jamais dire à quelqu'un,

13:02 "Va en Corée du Nord, c'est super."

13:03 Sous-titrage Société Radio-Canada

13:05 ♪ ♪ ♪

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