Colère des agriculteurs : pour la confédération paysanne de Côte-d'Or, "les annonces de Gabriel Attal sont incomplètes"

ici Bourgogne

Cyril Beaulieu est le co-porte-parole de la Confédération paysanne en Côte-d'Or.

Transcript

00:00 Toute la Côte d'Or se réveille.

00:02 Vous venez nous parler de ce mouvement des agriculteurs,

00:06 vous voulez nous dire si pour vous il faut qu'il continue ou qu'il s'arrête ?

00:10 Et puis on discute aussi ce matin avec Cyril Beaulieu,

00:12 il est coporte-parole de la Confédération Paysanne en Côte d'Or.

00:16 On parlait, Cyril Beaulieu, des blocages qui ont repris dès hier soir,

00:19 qui vont se poursuivre aujourd'hui.

00:21 Pour vous, à la Confédération Paysanne,

00:23 les annonces de la semaine dernière de Gabriel Attal,

00:25 elles vous ont pas convaincus ?

00:27 Non, elles nous ont pas convaincus,

00:29 et en plus elles sont incomplètes,

00:31 elles ne traitent pas véritablement des problèmes liés au prix

00:35 des matières premières qui arrivent sur le territoire français,

00:40 notamment par le libre-échange,

00:42 mais elles ne parlent pas non plus des prix planchers

00:45 qui doivent être bloqués à la vente

00:50 pour que les agriculteurs puissent vendre leurs matières premières

00:54 au-dessus de leur coût de revient.

00:56 Vous, ça c'est une de vos revendications,

00:59 il y a également dans votre organisation,

01:01 la Confédération Paysanne,

01:03 vous défendez, vous, c'est le monde paysan,

01:05 vous ne voulez pas que nos fermes deviennent des usines, des industries.

01:08 Au niveau des dentes, ça c'est quelque chose sur lequel vous insistez énormément ?

01:11 Oui, on le voit bien, ça pose de graves problèmes,

01:15 notamment dans le sud-ouest,

01:17 avec toutes les maladies liées à la grippe aviaire, à la MHE,

01:22 et en fait, ce sont des maladies qui se propagent d'autant plus rapidement

01:26 qu'un système industriel est mis en place.

01:28 Donc, il a été prouvé sur le terrain

01:31 que ce sont les fermes paysannes de petite taille

01:34 qui permettent de s'en sortir mieux,

01:37 et c'est une des revendications d'ailleurs de la Confédération Paysanne

01:41 que les normes soient aménagées

01:46 et soient en cohérence avec le terrain.

01:49 Je ne parle pas des normes environnementales,

01:51 je parle des normes sanitaires.

01:53 Il y a aussi l'abandon des contrôles

01:55 que Gabriel Attal a annoncé la semaine dernière.

01:58 Ça vous inquiète aussi, et pourquoi ?

02:01 C'est une très mauvaise annonce,

02:03 parce que s'il y a des contrôles, c'est qu'il y a eu des dérives.

02:06 Si on enlève les contrôles, on va revoir à nouveau des dérives.

02:11 Si on donne un exemple, quel type de contrôle il va retirer,

02:14 et qu'est-ce qui vous inquiète justement ?

02:15 Je ne sais pas ce qu'il va retirer, il a fait des annoncements,

02:17 mais encore pas très précises.

02:19 La FNSEA demande le désarmement des agents de l'OFB,

02:26 pour moins de contrôles.

02:29 Nous, on est à moitié d'accord avec eux.

02:32 Moins de contrôles, certainement pas.

02:36 Désarmer les agents, effectivement,

02:38 ça ne semble pas très pertinent qu'un agent

02:40 qui vienne contrôler notre ferme soit armé.

02:43 Mais s'il y a des contrôles, c'est qu'il y a eu des dérives.

02:45 - Cyril Beaulieu, vous dites qu'on est plus ou moins d'accord avec les JAL et la FNSEA.

02:49 On a l'impression que dans cette crise, il y a plusieurs agriculteurs,

02:52 la plus traditionnelle, les plus progressistes.

02:54 Chacun défend un petit peu sa vision du métier, tout ne se rejoint pas.

02:57 Comment on fait pour faire bloc,

02:59 quand on n'est pas forcément tous d'accord sur les mêmes points ?

03:01 - Effectivement, ils ne vous auront pas échappé

03:03 que nous sommes un syndicat d'opposition au syndicat majoritaire.

03:07 Mais, après tout, comme dans toute manif,

03:10 il y a un cortège syndical avec chaque syndicat, ses revendications.

03:14 Nous, nous ne sommes pas prêts à nous asseoir sur les normes environnementales.

03:19 Nous les plébiscitons d'ailleurs.

03:21 Et c'est peut-être ce qui fait la grande différence avec la FNSEA

03:27 et également les sujets liés au libre-échange.

03:31 Nous, ça fait très longtemps que nous refusons

03:34 tous ces dispositifs qui font la part belle au libre-échange.

03:40 Et nous sommes assez dubitatifs sur le positionnement de la FNSEA lié à ce sujet-là.

03:46 - Vous pensez qu'on est arrivé au bout d'un système ?

03:48 La mondialisation, ça vous a tué ?

03:50 - Ça fait longtemps qu'on est arrivé au bout de ce système-là.

03:52 - Alors, comment ça se fait que ça continue encore ?

03:54 Pourquoi on continue si on sait que c'est la fin ?

03:56 - Ça, c'est une bonne question.

03:58 On a quelques éléments de réponse.

04:00 Il nous semble que le syndicat majoritaire est en cogestion

04:04 avec les gouvernements successifs depuis trop longtemps.

04:07 Et donc, il y a une forme de... comment dirais-je...

04:11 Ils sont un petit peu cuits et chemises.

04:15 Et si le gouvernement faisait son boulot

04:21 d'écouter un petit peu plus la société civile,

04:24 il ne mettrait pas en place des lois qui sont très favorables,

04:29 notamment aux gros agriculteurs.

04:33 - Si vous avez un point à nous préciser,

04:37 dans une annonce que vous attendez encore cette semaine de Gabriel Attal,

04:40 à quoi il doit impérativement penser cette semaine,

04:43 dans les prochaines annonces qu'il va faire ?

04:45 - Faire en sorte que les discussions sur le libre-échange s'arrêtent.

04:48 Parce qu'on nous dit "M. Macron refusera les traités de libre-échange,

04:56 notamment avec le Mercosur".

04:58 Mais en fait, cette position, il la tient depuis 2020.

05:00 Donc en fait, on le sait que la France ne signera pas.

05:03 Mais ça ne suffit pas.

05:04 Et aujourd'hui, la France doit peser de son poids à l'Europe

05:07 et faire en sorte que les négociations sur les traités de libre-échange s'interrompent.

05:11 - Et on doit préserver aussi ce qui se fait en France.

05:13 Et c'est vrai que forcément, quand ça va en Italie,

05:15 que ça revient, que ça repart au niveau des produits, etc.

05:17 Ben oui, c'est compliqué pour vous.

05:20 - En fait, on n'est pas contre le commerce

05:23 dès lors qu'on puisse garantir l'autonomie des paysans et des paysannes

05:29 partout à travers le monde.

05:31 Et les traités de libre-échange ne garantissent absolument pas ça,

05:35 en tout cas dans les faits actuellement.

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