Le chiffre 666 est connu comme le chiffre du diable, le "number of the beast", synonyme des pires fléaux, cataclysmes, chaos, pestes et périodes de ténèbres. Le rock'n'roll porte l'empreinte indélébile de cette symbolique. Qu'il en soit l'acteur ou la victime, il est l'héritier d'un pacte diabolique qui scelle le destin de nos idoles et stars, ces "aimables pestilences".
Deux lignées diaboliques
Il existe deux lignées distinctes dans le monde du rock. La première se base sur une multitude de signes. Comme on dit, le diable se cache dans les détails et peut parfois se vêtir de marques prestigieuses comme Prada. Il se faufile là où on ne l'attend pas, traversant les époques. Le rock'n'roll est imprégné de ces éléments. Avant lui, il y avait le blues de Robert Johnson. Refus de l'autorité, affirmation du corps, de la sexualité, ivresse, vitesse, drogues, culte de la mort. Le pacte est simple : succès contre damnation. Faust. Dès les premiers déhanchés d'Elvis, les ligues de vertu se sont offusquées et ont qualifié le rock de "musique du diable". La messe noire est dite, la censure, fidèle compagne du vice, frappe juste. Elvis et sa cohorte d'anges déchus, maniaques - Gene, Vince, Link, Jerry Lee - le confirment.
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La seconde lignée, celle des années 1960 et 1970, joue avec les codes diaboliques. C'est un simulacre du premier, un folklore. Un Barnum. Le rock fait semblant de croire aux contes pour enfants, joue à se faire peur. Les Rolling Stones, Led Zeppelin avec leur attirail ésotérique, Alice Cooper, Black Sabbath, le gothique version batcave, le metal version scandinave, Marilyn Manson, Ghost... On lit Aleister Crowley, on frissonne avec Anton LaVey, on inverse les croix, on dessine des pentagrammes, on invoque Lucifer comme nouveau Père. On égorge des colombes innocentes. Les yeux sont révulsés. Et on forme des cornes avec les doigts. Pour être rock. Une divine comédie. Un peu de théâtre, de mime, de transgression inoffensive, de provocation enfantine, de show-business.
Mais il y a un élément diabolique qui persiste, un pacte secret, l'élément mortuaire du rock, sa chimère, son chiffre maudit : la drogue. Une déesse noire venue de l'Enfer. Elle a son club (des 27), ses passions suicidaires, ses visions fantastiques, ses corps tourmentés. C'est de cela qu'il s'agit dans ce numéro 666. Bienvenue en Enfer.