Marc Menant : «On est dans un monde de procureur»

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Le journaliste, Marc Menant, était l'invité de Face à l'Info. Il s'est exprimé les accusations à l'encontre de Gérard Depardieu : «On est dans un monde de procureur».

Transcript

00:00 qu'aujourd'hui on est dans un monde de procureurs,

00:03 on est dans un monde du mièvre haineux.

00:07 Et la ministre de la Culture

00:10 représente particulièrement ce monde-là.

00:13 Ministre de la Culture, théoriquement,

00:15 elle devrait défendre la langue française.

00:17 On la voit en péril.

00:19 Nos mots qui sont là, ils ne s'effritent même plus.

00:22 On les oublie dans le dictionnaire, on les sort.

00:25 On n'a plus qu'un vague langage de communication.

00:28 Elle devrait dire "Restaurant, redevenons les porteurs

00:32 de cette langue flamboyante qui est celle de Molière-Konény".

00:36 Là, elle veut dégrader Gérard Depardieu.

00:40 Si Gérard Depardieu, il est coupable,

00:43 il faut qu'il soit puni.

00:45 Sa famille elle-même le dit.

00:46 Mais ça, c'est pas à nous de pouvoir juger.

00:50 À quoi servirait les tribunaux ?

00:52 Il faut des preuves.

00:53 Il suffit pas d'accuser.

00:55 Mais ça, c'est quand même le grand drame de ce fameux "me too".

00:59 "J'ai été victime de ceci, j'ai été victime de cela",

01:03 et votre parole devient sentence.

01:06 Et alors, notre métier est formidable.

01:09 Ca fait 50 ans que je le pratique.

01:11 50 ans, cette année.

01:13 J'ai vu le long fléchissement.

01:17 Et maintenant, on arrive à l'effondrement,

01:19 avec des gens qui se prennent pour Zorro.

01:22 Alors, complément d'enquête, c'est véritablement

01:25 le parangon de ce type de situation.

01:29 Ils font quoi, un complément d'enquête ?

01:31 Ils se choisissent un coupable, quelque chose de bien moral,

01:35 parce qu'eux, ils incarnent la vertu.

01:38 Et alors, ils appellent le supplicié

01:42 et lui disent "maintenant, expliquez-vous".

01:45 Forcément, le gaillard sait bien ce qui l'attend.

01:47 Il dit "non, je ne vous réponds pas".

01:49 Ils ont déterminé qu'il est hors de question

01:52 que l'on fût un journaliste.

01:54 Un journaliste, c'est plus fort qu'un procureur.

01:56 S'il a décidé que vous deviez répondre à ses questions,

01:59 toc, il vous filoche,

02:02 et soudain, il vous coince dans un recoin,

02:05 et il dit "maintenant, répondez".

02:07 L'injonction.

02:08 "J'ai rien à vous dire."

02:09 "Répondez !"

02:10 Il vous poursuit, il vous poursuit,

02:12 jusqu'à vous faire croire, ou faire croire au public,

02:15 que vous êtes un coupable qui s'enfuie

02:18 et qui a honte de paraître devant le public.

02:22 Alors là, c'est l'opprobre, forcément.

02:24 La sentence, vous voyez,

02:26 c'est quand même une inquisition insupportable

02:29 qui est devenue notre métier.

02:32 J'ai eu la chance de rencontrer

02:33 ceux qui avaient été les compagnons de Kessel,

02:36 ils auraient vu ça,

02:37 mais ils auraient aussitôt non seulement fulminé,

02:41 mais ils auraient chassé ces imposteurs du journalisme.

02:45 ...

02:49 [SILENCE]

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