Fos-sur-Mer : GravitHy veut produire du fer réduit bas carbone destiné à la fabrication de l’acier

  • il y a 6 mois
GravitHy cumule les superlatifs. 2,2 milliards d’euros d’investissements, 500 emplois directs et 2 500 indirects, pour une réduction de 5 % des émissions industrielles de CO2 produites chaque année en France, soit 4 millions de tonnes. "En 25 ans dans l’acier, j’ai vécu des évolutions, mais ce qui se passe aujourd’hui est une révolution", s’enthousiasme José Noldin, président-directeur général de l’entreprise née en 2022 et qui compte établir une usine à Fos, sur un espace de 70 ha appartenant à Asco Fields, au sud du site d’Ascometal. Son objectif : se passer des hauts-fourneaux dans le processus de fabrication du fer réduit, produit intermédiaire nécessaire à la fabrication de l’acier.

Cette dernière pèse actuellement (très) lourd dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre. La fabrication d’une tonne d’acier émettant près de deux tonnes de CO2, la sidérurgie représente 8 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone. En cause, l’utilisation de charbon et de coke (un dérivé du charbon) pour réduire le minerai de fer et créer de la fonte liquide.

La solution proposée par GravitHy consiste à produire du fer réduit grâce à de l’hydrogène bas carbone (c’est-à-dire obtenu grâce à de l’électricité issue d’énergies renouvelables ou du nucléaire) obtenu par électrolyse de l’eau, donc sans avoir besoin de faire fondre le minerai. Un procédé qui permet de diminuer de 90 % l’empreinte CO2 de la fabrication du fer.
GravitHy compte produire 120 000 tonnes d’hydrogène bas carbone et deux millions de tonnes de fer réduit par an. Pour décarboner la sidérurgie européenne, il faudrait en produire de 50 à 70 tonnes chaque année.

"L’idée de GravitHy, c’est de faire de Fos la vitrine de cette révolution vertueuse", continue José Noldin, quand le grand port maritime de Marseille, par la voix du chef de son département commercial et marketing, fait remarquer que le projet "rentre pleinement dans le cœur des activités du port. Trois millions de tonnes de minerai de fer arriveront par voie maritime, et les deux millions de tonnes à exporter le seront principalement par bateau."

Mais les besoins énergétiques de l’équipement sont colossaux : avec une alimentation de plus d’un gigawatt (quand une tranche de la centrale nucléaire de Tricastin produit 900 mégawatts), GravitHy deviendra l’usine française la plus consommatrice en électricité. Raison pour laquelle figure parmi les co-maîtres d’ouvrage le réseau de transport d’électricité, RTE, qui prévoit, d’ici 2028, de créer une nouvelle ligne aérienne de 400 000 volts pour alimenter la région Paca, et en particulier la zone de Fos, dont la consommation devrait exploser.

La concertation préalable à la concrétisation de ce projet courra du 27 novembre au 31 janvier 2024, sur les 21 communes que compte l’arrondissement d’Istres, le rendez-vous d’ouverture étant fixé au soir du 30 novembre. Certaines des réunions prévues seront communes au projet H2V, qui vise à produire, lui aussi, de l’hydrogène bas carbone.

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