Trop de blessures, à qui la faute ?

Eurosport

24/11/2023

De nombreux joueurs se sont blessés ces derniers temps un peu partout en Europe. Pourquoi ? Les joueurs jouent-ils trop de matches ? Peut-on revenir en arrière ? Maxime Dupuis et Martin Mosnier échangent sur le sujet mais ne sont pas très optimistes pour la suite. Retrouvez l'intégralité de l'émission FC Stream TEam en podcast sur les plateformes d'écoute.

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00:00 Gavi s'est blessé et aura du mal à jouer avec l'Espagne à l'Euro.

00:04 Eduardo Camavinga s'est blessé, on ne le reverra pas en 2023.

00:08 Vinicius s'est blessé au muscle fémoral.

00:11 Erling Haaland, petit pépin.

00:14 Zahir Emri, petit pépin.

00:15 Marquinhos, petit pépin.

00:16 Cet été, Courtois s'était fait les croisés.

00:19 Fofana s'était fait les croisés.

00:20 Il y en a beaucoup. Neymar aussi s'est fait les croisés depuis.

00:24 Kayo Henrique, Perisic, Militao.

00:28 Donc ça commence à faire beaucoup.

00:30 C'est même énorme.

00:31 Et on va se poser la question de savoir pourquoi autant de blessés ?

00:36 Pourquoi une telle avalanche de blessures ?

00:38 Alors, on va s'appuyer sur des études qui ont été menées soit par la FIFPro,

00:43 soit par des compagnies d'assurance qui nous disent qu'il y a plus de 15%

00:46 de blessures en Première Ligue, par exemple, que sur les quatre saisons précédentes.

00:50 Qu'il y a 200% de blessures en plus au mollet, par exemple.

00:55 Ça, c'est des chiffres qui sont assez forts.

00:58 Maxime, comment on l'explique ?

01:00 Alors, des blessures, il y en a toujours eu.

01:03 C'est-à-dire que des croisés, des coups du sort, etc.

01:06 Il y en a toujours eu.

01:06 Or, finalement, même si le lien est difficile à prouver,

01:13 on arrive dans une phase où on joue trop au foot, tout simplement.

01:18 Il y a trop de matchs, trop de choses pour des joueurs de plus en plus jeunes aussi,

01:23 à qui on demande toujours plus et toujours tout au long de l'année.

01:27 C'est marrant parce que ce qui se passe là,

01:31 ça me fait revenir un peu plus de 20 ans en arrière à la Coupe du Monde 2002.

01:34 C'est vraiment, je trouve, cette Coupe du Monde là est une bascule.

01:37 L'équipe de France, Pires qui fait la saison de sa vie,

01:41 il se fait les croisés au mois de mars.

01:42 Je dirais que là, c'est un peu...

01:45 Non, parce que les croisés, ça peut être aussi la faute à pas de chance.

01:47 Mais il y avait quelque chose de symbolique là-dedans.

01:49 Zidane qui se baisse avant la Coupe du Monde, on le sait.

01:51 Il jouera juste le Danemark, ça flingue l'équipe de France.

01:54 Et lui avait fait une saison pleine et il avait joué 57 matchs

01:57 avant de jouer le Danemark, son seul match de Coupe du Monde.

01:59 Et à l'époque, 57 matchs, on se disait, moi je me souviens très bien,

02:03 "mais c'est énorme, là on arrive à la limite".

02:05 Les Bleus sont sortis au point et tour, ils ont trop joué.

02:08 Et en plus, c'est une saison particulière puisque la Coupe du Monde avait commencé

02:10 le 30 mai à cause de la mousson, elle avait été avancée.

02:13 Très, très peu de préparation.

02:15 Ce qu'on a aujourd'hui, finalement, c'est pour ça que je dis ça,

02:17 c'est qu'en fait, c'était presque une pré-répétition de ce qu'on trouve aujourd'hui.

02:20 Avec une Coupe des Confédérations qui avait été jouée l'été avant,

02:24 c'est-à-dire que certains Bleus, pas tous, mais avaient quasiment pas arrêté.

02:28 Et la Coupe du Monde, la finale, c'est Brésil-Allemagne,

02:31 donc vous allez dire les favoris étaient là.

02:32 Non, sauf que c'est presque l'anomalie.

02:35 Tous les favoris s'étaient plantés avant, l'Italie en huitième,

02:37 l'Argentine et la France, les deux immenses favoris, premier tour.

02:40 Et on s'était dit, c'est pas bon, ça.

02:43 Voilà, il y a un truc qui ne va pas.

02:45 Sauf qu'aujourd'hui, ces saisons-là paraissent presque courtes par rapport à ce qu'on a.

02:49 Aujourd'hui, les saisons, tu as dit, Gavi, c'est combien ?

02:52 Gavi ? Non, Pedri.

02:53 Pedri, il y a deux ans, a fait une saison à 73 matchs.

02:56 73 matchs.

02:58 Vous vous rendez compte ?

02:58 Cette saison, Modric fait 66 matchs.

03:00 Non, mais voilà.

03:01 Ce que je veux dire, c'est que là, on n'accepte plus le repos.

03:04 C'est le toujours plus.

03:06 Ça a été l'occasion, pendant cette Révolution Internationale, de parler du virus FIFA.

03:10 Le virus FIFA, c'est pareil.

03:11 Les Espagnols en parlent depuis 25 ans.

03:13 Dès qu'il y a un joueur qui se blesse en sélection, le Real ou le Barça ne sont pas contents.

03:16 Sauf qu'aujourd'hui, les clubs ne l'acceptent plus.

03:18 Même si ils sont indemnisés, parce qu'ils payent leurs joueurs de plus en plus cher,

03:21 parce qu'ils ont besoin de leurs joueurs de plus en plus,

03:23 ils ne peuvent pas accepter que les joueurs se blessent en sélection.

03:28 Et même, je pense que demain, ils auraient le droit de dire aux joueurs

03:31 "tu ne vas plus en sélection, c'est terminé".

03:33 Sauf que c'est l'erreur, et là où ils ne sont pas très nets, les clubs.

03:36 C'est qu'un Mbappé, par exemple, le PSG, c'est pas plein,

03:39 mais un Mbappé qui met un triplé en finale de Coupe du Monde,

03:41 ça sert aux joueurs, mais ça va pas mal servir au PSG et à la notoriété du club.

03:46 Donc il y a une hypocrisie.

03:47 Et comme les clubs prennent de plus en plus de place,

03:50 on le verra l'année prochaine avec l'équipe des champions avec des matchs en poule de plus,

03:53 les équipes nationales se retrouvent complètement serrées, complètement engoncées.

03:57 Et pour pouvoir exister, l'UEFA et la FIFA leur rajoutent des matchs aussi.

04:02 En fait, c'est un cercle vicieux complet.

04:04 Avant, on ne jouait pas le mois de juin, un paire.

04:07 Maintenant, on joue.

04:08 On trouve que l'année dernière, il y a eu quatre matchs de l'équipe de France pour la Ligue des Nations.

04:11 Une compétition qui ne sert à rien, qui n'existait pas.

04:14 Et en fait, j'ai recherché parce que j'ai connu une époque où les matchs internationaux,

04:18 c'était un match par rassemblement.

04:20 En fait, c'est depuis 2004-2005 qu'on est passé à deux matchs.

04:23 Parce que justement, comme la Ligue des champions, les clubs prenaient de plus en plus de place,

04:27 les équipes nationales doivent exister.

04:29 Il y a un business derrière.

04:30 Et en fait, là, tout simplement, il y a trop de matchs.

04:33 Et même moi, d'un point de vue, je ne parle pas de journaliste,

04:35 de fan de foot, d'amour du foot.

04:37 Moi, j'en ai marre, il y en a trop.

04:39 C'est juste...

04:39 J'ai ras la gueule, en fait.

04:40 Kamikvik a joué la Coupe du monde.

04:45 Il s'est fait éliminer avec la Pologne par l'équipe de France.

04:47 Quatre jours plus tard.

04:49 C'est vrai.

04:49 Quatre jours plus tard, il jouait avec son club.

04:53 Quatre jours plus tard.

04:54 Raphaël Varane, huit jours.

04:56 Et qu'est-ce qu'il a fait, Raphaël Varane ?

04:57 À 29 ans.

04:58 Raphaël Varane, je rappelle, Justin, champion du monde.

05:01 Énormément de sélection.

05:03 93, je crois.

05:04 93 sélections.

05:05 Une star de l'équipe de France.

05:07 Un membre important de l'équipe de France pour Didier Deschamps.

05:10 Peut-être le meilleur défenseur bleu depuis dix ans.

05:13 Qu'est-ce qu'il a fait à 29 ans ?

05:14 Il a dit "j'arrête".

05:15 Il y a trop de matchs.

05:16 Je ne peux pas.

05:17 Il était...

05:18 C'est un joueur sujet aux blessures, très exposé aux blessures.

05:21 Il se blesse souvent.

05:22 Il a pris quelle décision ?

05:23 Eh bien, j'arrête.

05:24 Bah oui, parce qu'il me faut des plages de récupération plus importantes

05:26 pour pouvoir être moins blessé, avoir une carrière plus linéaire.

05:29 Voilà.

05:30 Il a arrêté à 29 ans.

05:31 Donc, ce sont des cas spécifiques qui doivent faire réfléchir

05:37 la FIFA, l'UEFA, parce que sinon, on va aller droit dans le mur.

05:42 Alors, cette trêve internationale, elle est caricaturale

05:45 parce qu'il y a eu effectivement énormément, énormément, énormément de blessés.

05:48 Tu le disais, il y a 20 ans, 50 matchs, c'était énorme.

05:52 Aujourd'hui, la norme, c'est 60 matchs.

05:54 Les joueurs du Real Madrid, tu prends

05:56 Chouamény, Modric, ont joué plus de 60 matchs l'année dernière.

05:59 Avec les tournées aussi.

06:00 Avec les tournées.

06:01 Exactement. Tu joues la Supercoupe d'Europe.

06:05 Tu fais 4... La Supercoupe d'Espagne !

06:07 La Supercoupe d'Espagne ! 4 matchs en Arabie Saoudite.

06:10 Donc là, non seulement tu rajoutes des matchs, tu rajoutes des trajets,

06:13 donc des temps de récupération qui sont plus faibles.

06:14 Hier, on a interrogé un ancien médecin de l'équipe de France qui nous disait

06:17 pour que le muscle le récupère bien, il faut une petite semaine,

06:20 5-6 jours minimum.

06:22 Mais aujourd'hui, quel grand joueur ?

06:24 Donc, grand joueur, je parle d'international,

06:26 ne joue qu'un match par semaine.

06:28 Ça n'existe pas, ça n'existe plus.

06:30 Dernière chose, les matchs par rapport à il y a 20 ans

06:34 sont beaucoup plus intenses, mais là, il suffit de regarder.

06:37 Il n'y a pas besoin de sortir de Saint-Cyr.

06:39 Il y a plus d'efforts à haute intensité.

06:44 Ça va plus vite.

06:45 Les matchs durent plus longtemps depuis la Coupe du Monde.

06:47 On a rajouté du temps additionnel.

06:48 Aujourd'hui, ce n'est pas rare d'avoir 7, 8, 9, 10, 11, 12 minutes de temps additionnel.

06:53 Donc oui, il y a plus de changements, sauf que les stars, tu ne les fais pas sortir.

06:57 Mbappé, il ne sort pas.

06:58 Donc c'est comme ça.

06:59 Avant, les mecs sortaient.

07:00 Il y a 20 ans, ils sortaient parce que voilà, on faisait ce choix-là.

07:03 Aujourd'hui, ils ne sortent plus.

07:04 Donc, ils jouent plus de matchs, des matchs plus intenses,

07:06 des matchs qui durent plus longtemps.

07:08 La conséquence, c'est quoi ?

07:10 Elle est évidente, la conséquence.

07:11 La conséquence, c'est qu'il y a plus de blessés.

07:13 Donc, il est temps sans doute de réfléchir à autre chose.

07:15 Je n'y crois absolument pas parce que tout ce qui guide tous ces gens-là,

07:19 on le sait, c'est le fric.

07:21 Pour faire du fric, qu'est-ce qu'il faut ?

07:22 Il faut faire plus de matchs et donc, il faut multiplier les compétitions.

07:26 On l'a dit, l'année prochaine, il y aura deux matchs de plus en pool de Ligue des Champions.

07:29 Deux matchs de plus.

07:30 On rajoute deux dates.

07:31 Voilà, on y va.

07:32 Allez, c'est parti.

07:33 Donc, on ne comprend pas.

07:35 On ne comprend rien.

07:36 Chouamini tire la sonnette d'alarme.

07:37 On n'écoute pas.

07:38 Griezmann a encore tiré la sonnette d'alarme.

07:40 On n'écoute pas.

07:42 Voilà, je pense qu'il faut trancher dans le vif, mais...

07:45 [Rire]

07:46 [Générique]

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