Prise de parole d'Emmanuel Macron : vous réagissez
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui la prise de parole d'Emmanuel Macron.
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00:00 - Bon, Sarah est avec nous, bonjour Sarah, qui a écouté le président Macron, qui avait un ton grave bien sûr,
00:06 qui a rencontré les familles d'otages et les familles peut-être françaises,
00:11 qui sont évidemment dans le chagrin et dans le drame, qui a été très présent avec eux.
00:17 Ceux qui ont vu les images d'ailleurs ont été frappés comme toujours avec Emmanuel Macron,
00:22 c'est-à-dire qu'une proximité, j'ai envie de dire physique, avec ces personnes-là,
00:26 qu'il accompagne tout en empathie bien sûr.
00:30 J'ai vu, c'est parfois critiqué d'ailleurs, parce qu'il touche les uns et les autres,
00:36 parce qu'il leur fait la collade, parce qu'il ne va pas jusqu'à les embrasser,
00:40 mais il y a une forme de proximité physique, je sais que ça peut choquer parfois.
00:45 Moi pour te le dire, ce n'est pas ce qui me choque, et puis il y a eu ce discours,
00:49 et les mots sont importants dans ces cas-là, qui sur le fond ou sur la forme,
00:53 Sarah, je ne sais pas ce que vous en avez pensé.
00:56 – Bonjour, alors déjà je suis ravie de vous revoir au téléphone,
00:59 on s'était eu il y a deux semaines par rapport à Roset Contrini.
01:01 – Oui je me souviens Sarah, je me souviens.
01:03 – Donc écoutez, moi je suis, je ne vais pas dire que je suis ravie,
01:08 mais je suis quand même un peu confortée et soulagée de ce qu'a dit notre président,
01:12 et puis qu'il ait pris le courage de le dire enfin au monde entier
01:18 que c'était des actes contre les juifs.
01:21 – Mais il n'y avait pas d'ambiguïté là-dessus.
01:24 – Non, enfin il y a des ambiguïtés en France, mais pas par monsieur Macron,
01:28 mais le fait qu'il s'exprime en Israël pour le dire, je trouve ça super important,
01:34 et c'est important pour nous de l'entendre aujourd'hui,
01:38 surtout avec tout ce qui se passe, encore une fois,
01:41 je vous ai eu il y a deux semaines même pas,
01:42 et les chiffres ont doublé dans les actes antisémites en France,
01:45 et le nombre aussi de bêtises qu'on entend de la part de l'LSI encore une fois,
01:50 donc c'est rassurant que notre président dise des termes aussi forts
01:55 devant le monde entier sur le plan international, en tout cas ça nous rassure.
01:59 – Sarah, vous êtes étudiante, mais je crois que vous avez un rôle également
02:03 auprès des étudiants.
02:06 – Non, je n'ai aucun rôle, je suis juste très concernée par ce qui se passe en tant que française.
02:12 – Je pensais que vous défendiez également,
02:13 je pensais que vous aviez un rôle dans une association quelconque
02:16 où vous représentiez les étudiants juifs de France.
02:21 – Non, pas du tout.
02:22 – Alors Olivier me dit effectivement, c'est une autre jeune femme qui s'appelle Sarah,
02:25 et qui nous avait appelée également, donc pardonnez-moi.
02:28 – Non, c'est pas grave.
02:29 – On était tout à l'heure avec Charlie,
02:31 aujourd'hui vous vivez toujours chez vos parents, pardonnez-moi de cette question.
02:34 – Oui, oui.
02:35 – Est-ce que, je sais que les juifs français ont parfois changé leur comportement
02:40 ces dernières heures, et notamment certains ont enlevé la mézouza,
02:43 et c'est un symbole la mézouza pour un juif.
02:48 Est-ce que c'est le cas, votre cas, pour ne pas montrer que votre maison,
02:53 que dans votre maison il y a des juifs qui y résident ?
02:57 – Alors moi, chez moi on n'a pas cédé à cette peur, parce que voilà, on n'a pas voulu l'enlever.
03:01 Mais moi par exemple j'ai ma tante qui vit avec deux enfants, toute seule,
03:05 qui a enlevé son nom, qui est un nom hébraïque, donc qui est Kohen, devant sa porte,
03:09 et qui a enlevé sa mézouza parce qu'elle me dit "je suis avec deux enfants,
03:12 on ne sait jamais", et puis on voit qu'il y a des portes qui ont été brûlées au lilas,
03:17 donc forcément on est inquiet, mais oui nos comportements ont changé.
03:21 Moi je mets le masque parce que j'ai l'impression maintenant qu'on me reconnaît,
03:24 enfin on devient un peu parano, dans les Uber, quand on commande à manger,
03:28 on se dit peut-être qu'ils vont retenir notre adresse,
03:30 parce qu'il y a des histoires, on s'envoie des messages,
03:32 il y a une grande inquiétude aujourd'hui en France malheureusement.
03:36 – Alors le Uber c'est intéressant parce que le Uber effectivement,
03:39 c'est parfois, pas toujours d'ailleurs, mais c'est effectivement des Français…
03:43 – C'est très problématique, déjà c'est problématique en France,
03:45 mais là c'est encore plus.
03:47 – C'est parfois, pas toujours, il faut faire attention à généraliser,
03:50 mais parfois c'est effectivement, Uber ça avait été développé beaucoup dans les quartiers,
03:54 c'est parfois des chauffeurs de confession musulmane, disons-le.
03:57 – Oui, oui.
03:58 – Bon, et alors il ne faut pas non plus tomber dans la parano, c'est-à-dire que…
04:01 – Non, il ne faut pas tomber dans la parano, mais quand j'entends mes copines
04:04 qui me disent qu'il y en a une qui s'est fait enfermer dans son Uber
04:07 parce qu'ils ont commencé à débattre sur le sujet et qu'ils n'étaient pas d'accord,
04:10 il l'a enfermé dans le Uber, il ne voulait pas la laisser sortir.
04:14 – Il faut porter plainte, il faut porter plainte.
04:16 – Oui, il faut porter plainte, mais Uber, vous savez,
04:18 il y a des plaintes tous les jours pour des facts qui se sont…
04:20 – Oui, mais ce chauffeur en l'occurrence, il a un nom, il a une voiture,
04:23 il faut porter plainte.
04:24 – Ah oui, ça c'est sûr, c'est sûr, mais il y en avait un.
04:27 – Là où vous avez raison, et moi c'est ce qui m'inquiète le plus,
04:30 c'est qu'aujourd'hui, mais c'est vrai dans toute la société,
04:33 on ne peut plus se parler.
04:35 C'est-à-dire qu'aux États-Unis, on ne peut plus se parler,
04:38 entre les wokistes et les non-wokistes, on ne peut plus se parler.
04:40 Entre les écologistes et les non-écologistes, on ne peut plus se parler.
04:43 Entre les juifs et demain les arabes, on ne peut plus se parler.
04:47 C'est-à-dire qu'il y a un niveau aujourd'hui d'agressivité
04:53 ou parfois de bêtise aussi, de non-compréhension,
04:57 d'impossibilité de négociation et de dialogue qui peut m'inquiéter.
05:02 – Oui, il y a un petit peu sur les réseaux sociaux.
05:06 Malheureusement, ça n'arrête pas.
05:08 Il y a des gens qui reçoivent des messages,
05:10 dès qu'on met un drapeau d'Israël,
05:12 ça part dans des débats sans fin, mais ça part sur des menaces.
05:16 Moi, quand j'ai publié, vous savez, j'ai parlé avec vous de mon acte antisémite,
05:20 j'ai quand même reçu encore des messages antisémites, j'en reçois encore.
05:23 On m'a demandé, on m'a dit "oui, le Hamas aurait dû te violer".
05:27 On reçoit des choses, c'est quand même très grave.
05:30 – Vous les recevez de quelle manière, par exemple, Sarah ?
05:33 – Sur Instagram.
05:34 – Sur Instagram, mais alors la personne qui vous envoie ça,
05:37 il y a possibilité de la poursuivre ?
05:39 – Je le signale Instagram, et voilà, il va se recréer un compte le lendemain,
05:45 ce n'est pas très grave.
05:46 – Ça fait partie effectivement des choses que la société a produit.
05:50 – Il y a une guerre sur les réseaux sociaux,
05:52 une grande guerre sur les réseaux sociaux, malheureusement.
05:55 Donc il y a une guerre de la disinformation.
05:58 – La haine obscurcit le jugement.
06:00 C'est souvent ce qu'on dit,
06:03 et c'est vrai qu'il y a une forme de haine qui existe aujourd'hui
06:07 et qui empêche de réfléchir, bien sûr.
06:11 Bon, malgré ça, quand même, vous avez...
06:16 – Non, moi je vous dis la vérité, j'ai la boule au ventre.
06:18 Ça fait deux semaines avec mes amis, vous voyez, j'ai 23 ans,
06:21 je suis dans la fleur de l'âge, on est une génération, on a vécu le Covid.
06:24 Donc là, encore une fois, on se retrouve bloqués à se poser des questions.
06:27 Est-ce qu'on sort ? Est-ce qu'on ne sort pas ?
06:29 Si on va à cet endroit-là ? Ah non, il ne faut pas qu'on mette ça.
06:32 – Vous avez quel âge, Sarah ? – J'ai 23 ans.
06:34 – Non, mais c'est vrai, ce que vous dites est poignant.
06:38 – On va dans les restaurants cachers.
06:39 En Bête-chez-moi, ils ont appelé les restaurants cachers pour les menacer
06:42 parce que ce sont des restaurants cachers.
06:44 Donc on les appelle à la décapitation.
06:46 Vous voyez, ça veut dire, même aller manger dans un restaurant cacher,
06:49 aujourd'hui ça devient très compliqué.
06:50 On se demande s'il n'y en a pas un qui va arriver,
06:52 il va nous menacer ou même nous tuer.
06:55 – Ce que vous dites est terrifiant.
06:57 – Mon papa qui va à la synagogue tous les vendredis soir et tous les samedis,
07:01 je lui dis, n'oublie pas de mettre une casquette par-dessus ta kippa,
07:03 je ne veux pas qu'on voit que tu es juif.
07:05 Je suis ancienne.
07:06 Et quand je vois qu'il arrive une heure en retard, je me dis, il y a un problème.
07:09 On arrive dans une parano, je sais que vous allez me dire
07:11 qu'il ne faut pas céder à cette peur.
07:12 – Non, non, moi je ne dis pas ça, Sarah.
07:14 Alors franchement, je ne dis pas ça parce que moi je vous comprends complètement.
07:17 Vous habitez Paris ?
07:18 – Oui, à côté de Paris.
07:20 – Non, mais je vous comprends complètement.
07:23 Évidemment, bien sûr que...
07:26 – Donc oui, il ne faut pas vraiment changer.
07:28 – Mais ce sont des réflexes qui ont existé il y a 50 ans.
07:31 De masquer sa judéité, c'était quelque chose qui n'existait plus en France.
07:36 – Ah oui, oui, mais là on se fait petit.
07:39 Et moi si je vous dis la vérité, on me demande dans la rue si je suis juif, je dis non.
07:43 Je dirais non.
07:45 C'est le seul moyen de protection, on n'a pas le choix.
07:48 Aujourd'hui, on est la cible numéro une.
07:50 Il y a aussi la cible des professeurs comme avec Dominique Bernard, c'est épouvantable.
07:54 Mais malheureusement, il y a aussi cette cible sur les juifs
07:57 qui a encore plus grandit en quelques semaines.
08:00 C'est ahurissant.
08:02 – Bon, Sarah, je vous demanderais bien de témoigner,
08:07 si vous voulez, sur une autre antenne, mais je comprends que...
08:11 – Avec plaisir.
08:13 – Oui, mais en même temps, on vous verra.
08:15 – Je vous vois plus que mes parents, Pascal Proud,
08:18 vous êtes toute la journée à la télé.
08:20 – Je suis d'accord avec vous, mais je vous demanderais bien de témoigner,
08:22 par exemple à une antenne, mais on vous verrait et je n'ai pas peut-être envie...
08:25 – Non, j'ai pas peur.
08:27 J'ai peur, mais en même temps, vous savez, je le fais par téléphone,
08:32 je me dis écoutez, au pire...
08:34 – Vous iriez devant une caméra de télévision pour dire ce que vous venez de me dire ?
08:37 – Oui, il n'y a aucun problème.
08:39 – Ah bon, parce que comme vous disiez, dans la rue, si on me demande si je suis juif, vous dites non.
08:43 Donc c'est pour ça que je...
08:45 – Ecoutez, qu'est-ce que je vais vous dire ?
08:48 – C'est très courageux, mais je ne veux pas vous mettre surtout en difficulté.
08:51 – Non, peut-être que ça va me faire du bien d'un autre côté, ça va me libérer,
08:54 parce qu'aujourd'hui, c'est peut-être un poids d'être juif, vous voyez,
08:56 donc c'est horrible ce que je dis, mais c'est un poids,
08:59 donc voilà, ça va me faire du bien aussi psychologiquement de le dire à la télé,
09:03 mais je l'ai dit sur mes réseaux sociaux, sur TikTok,
09:06 j'ai eu plus de 90 000 vues et de partages, donc il n'y a pas de problème.
09:11 – Ecoutez, Sarah, d'abord je vous remercie de la puissance et de la force de votre témoignage.
09:16 Vous avez des frères et sœurs ?
09:17 – Oui, j'ai une grande sœur.
09:19 – Et vos parents sont inquiets pour vous, bien sûr, lorsqu'ils vous voient toute seule dans la ville ?
09:23 – Ils sont inquiets pour tout le monde.
09:24 – Oui, mais c'est vrai que le soir, quand vous sortez, forcément, vous êtes jeune, vous avez envie de sortir.
09:28 – C'était vous qui avez appelé dans le métro à Stéphane Béthin ?
09:30 – Oui, c'est ça, c'est exactement ça.
09:34 Même le métro, c'est très compliqué, c'est une peur aussi.
09:39 – Sarah, d'abord on ne va pas perdre le contact, et puis faites attention à vous.
09:44 – Merci beaucoup et merci pour ce que vous faites.
09:46 – Arrêtez, moi je ne fais rien, croyez-moi.
09:49 – Non, vous êtes important, les journalistes, vous êtes très important,
09:53 vous êtes les porte-parole de ce qu'on pense, et ça fait du bien, ça nous rassure, je vous assure.
09:57 Parce que quand je vois Mathilde Panot et Jean-Luc Mélenchon qui font des mauvaises blagues,
10:01 si on peut appeler ça des mauvaises blagues, sur son Twitter,
10:03 ça fait du bien d'avoir un peu de consolation avec les journalistes.
10:07 – Merci à vous en tout cas, et vraiment on est en empathie,
10:11 évidemment avec tous les Juifs français qui souffrent actuellement,
10:15 et qui ont subi ce qu'ils ont subi, bien sûr, l'attaque d'Israël,
10:20 sur le sol d'Israël, et quelque chose de tellement épouvantable.
10:24 Il est 12h43, à tout de suite.