Comment se définit le handicap ? Quels sont les freins à l’inclusion ? Quels leviers peuvent être activés par l’entreprise pour favoriser, durablement, l’emploi de salariés handicapés ? Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"
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00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme la santé d'abord.
00:03 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:06 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le pateau de la santé d'abord,
00:10 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:13 Le handicap en entreprise c'est bien plus qu'une simple histoire de quota,
00:18 l'emploi de personnes handicapées est même un formidable moteur de progrès
00:21 et de performance pour l'entreprise et on en parle aujourd'hui sur le pateau de la santé d'abord.
00:25 Nous ne sommes pas à la hauteur de l'idéal d'égalité que nous avons gravé au fronton de la République.
00:54 Cette phrase est bien allée d'Emmanuel Macron, le président de la République.
00:58 Il l'a prononcée en conclusion de la 6e conférence nationale du handicap, le CNH, en avril 2023.
01:04 Cette déclaration du chef de l'État, nous pourrions l'appliquer au monde de l'entreprise.
01:08 Aujourd'hui en France, les personnes handicapées et les personnes valides ne sont pas égales face à l'emploi,
01:13 mais les choses commencent à évoluer et plutôt dans le bon sens.
01:16 Et je pense que mes invités seront d'accord avec moi.
01:18 Anne-Marie Lemessager, bonjour.
01:20 Bonjour.
01:21 Vous êtes directrice nationale handicap chez Vive 3.
01:23 Oui.
01:24 Merci d'être avec nous.
01:25 Carole Pétier, bonjour.
01:27 Bonjour.
01:27 Vous êtes responsable diversité et inclusion d'Harmonie Mutuelle.
01:31 Merci également d'avoir accepté notre invitation.
01:33 Alors avant d'entrer dans le livre du sujet, je vous propose d'aller à la rencontre des Français et des Françaises.
01:38 Quel est leur regard sur le handicap et que pensent-ils du rôle des entreprises dans l'inclusion des personnes handicapées ?
01:44 C'est un reportage de Mélodie Mortelec.
01:47 [Musique]
01:55 L'activité qu'on a ne permet pas de comment employer des gens handicapés.
02:01 Oui, j'en ai dans mon entreprise.
02:03 Nous à Blois, on a d'autres bureaux et là, oui, il y a des personnes qui ont un handicap.
02:08 Je vois vraiment la difficulté de mon employeur à mettre aux normes pour accueillir toutes ces personnes.
02:17 Pour certaines, je pense que c'est encore une question de quota et d'obligation.
02:21 Bien de monter, mais surtout l'esprit quota.
02:25 Ce quota, voilà, c'est ça qui peut bloquer.
02:28 Je pense qu'il faut un peu libérer un peu et d'arrêter le quota et de regarder finalement la population.
02:34 Qu'est-ce qu'on peut intégrer dans nos métiers ?
02:35 Je n'y avais jamais pensé. Je pense que c'est surtout à la personne elle-même,
02:39 si elle a des revenus suffisants, une bonne mutuelle, etc., d'aller se faire dépister chez un médecin.
02:44 Mais à part les problèmes psychologiques qui peuvent être liés à une mauvaise santé psychologique au travail,
02:50 je ne pense pas que ce soit une entreprise d'aller, à part les rendez-vous annuels chez le médecin du travail,
02:55 je ne pense pas que ce soit une entreprise d'aller faire passer des tests ophtalmologiques, etc., à ses employés.
03:00 Au moins l'accompagner, oui. Je pense que ça doit être fait en binôme tout ça.
03:04 Ce n'est pas que l'entreprise, mais aussi la personne qui aussi,
03:07 c'est une responsabilité commune, je dirais, pour que tout se passe bien.
03:12 Il y a des bonnes idées, mais on peut mieux faire, c'est sûr.
03:16 Alors que dit la loi aujourd'hui ?
03:17 Eh bien, toute entreprise de 20 salariés et plus est tenue d'employer des travailleurs handicapés
03:22 dans une proportion de 6% de l'effectif total de l'entreprise.
03:27 Ce qui fait qu'en France, normalement, 80% des entreprises emploient actuellement un salarié handicapé,
03:33 mais dans les faits, c'est vrai que le taux de chômage des personnes handicapées atteint 15%,
03:38 presque le double de la population active.
03:40 Anne-Marie Lemessager, comment interpréter ces chiffres un peu contradictoires ?
03:46 Ça reste effectivement une vraie difficulté pour les personnes en situation de handicap d'entrer en emploi.
03:53 Pourtant, l'emploi, c'est le premier facteur d'inclusion pour les personnes en situation de handicap,
03:58 et ça révèle aussi la sous-déclaration peut-être de personnes qui rencontrent des difficultés de santé
04:04 et qui ont parfois du mal à se faire connaître, de peur que leur employeur change de regard sur leurs compétences, notamment.
04:10 Oui, on y reviendra tout à l'heure.
04:12 Autre chiffre à avoir en tête, 2,8 millions de personnes en âge de travailler sont reconnues handicapées,
04:17 ce qui représente à peu près 7% des 15-64 ans.
04:21 Mais déjà, qu'est-ce qu'on entend par handicap sur un plan législatif,
04:25 et quelles sont les grandes familles de handicap ?
04:27 Le handicap a une définition qui a été arrêtée dans le cadre de la loi de 2005.
04:33 Le handicap, en fait, sa définition, c'est tout ce qui concerne la limitation d'activité
04:41 ou restriction à la participation à la vie en société qu'une personne subit dans son environnement
04:47 en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une fonction ou de plusieurs fonctions.
04:56 Il peut s'agir d'une fonction sensorielle, motrice, psychique, mentale.
05:03 C'est un peu complexe, mais en fait, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a plein de formes de handicap différentes,
05:08 et notamment des handicaps qui ne sont pas forcément visibles, comme les maladies chroniques.
05:13 Aujourd'hui, il y a 80% de handicaps qui ne se voient pas.
05:18 80% ?
05:19 80% effectivement, dont les maladies chroniques évolutives, comme le cancer, le diabète, les scléroses en plaques.
05:28 L'hypertension artérielle.
05:30 L'hypertension artérielle, effectivement.
05:32 Et une maladie qui a un impact sur sa vie professionnelle est considérée comme un handicap ?
05:37 Oui, elle peut l'être, effectivement, et faire l'objet d'une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
05:42 Et cette reconnaissance, concrètement, ça veut dire quoi ?
05:46 C'est une démarche que la personne doit faire.
05:49 Elle doit, avec son médecin, remplir un questionnaire médical pour donner et attester des difficultés de santé qu'elle rencontre.
05:56 Et c'est assorti également d'un questionnaire administratif qui est ensuite instruit par la maison départementale des personnes handicapées
06:03 et une commission statut sur la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
06:07 Et ça donne effectivement accès à la mise en place d'aménagements de postes de travail quand c'est nécessaire,
06:14 d'aménagements d'horaire ou organisationnel.
06:17 D'accord. Donc il faut en parler. C'est vrai que quand on se souvient d'un handicap invisible,
06:20 on se dit après tout pourquoi en parler ? Parce qu'on peut craindre que ce soit un frein, justement, pour son travail, son ascension professionnelle ?
06:29 Il faut effectivement en parler parce que libérer la parole, ça permet vraiment à l'employeur de chercher des solutions
06:36 pour le bien-être et la vie dans son travail du collaborateur.
06:41 Donc c'est vraiment gagnant-gagnant.
06:44 Donc ne pas voir ça comme un frein potentiel à son évolution professionnelle ?
06:47 Absolument pas.
06:48 Et puis, effectivement, 45% des handicaps sont liés à des maladies invalidantes, allergies, asthme, diabète, cancer,
06:56 et 20% des handicaps sont liés à des troubles psychiques, dépression, autisme.
07:00 Donc ça fait partie des 80% des maladies qui ne se voient pas.
07:04 Bon, je ne voudrais pas être anxiogène, mais il est aussi important de rappeler que toutes les personnes handicapées
07:09 ne naissent pas avec un handicap.
07:11 Une personne sur deux sera atteinte d'un handicap au cours de sa vie de manière ponctuelle ou définitive.
07:16 Quelles sont les principales craintes de ces personnes pour en parler auprès de leurs collègues, auprès de leurs managers, etc. ?
07:30 C'est parce qu'ils ont peur.
07:31 Aujourd'hui, on peut faire des choses, on peut les accompagner, mais s'ils ne le font pas, c'est qu'il y a quand même une bonne raison.
07:38 Ça veut dire qu'on ne les écoute pas encore assez, les managers ne sont pas encore assez formés à ça ?
07:45 Pourquoi il y a encore ce besoin de taire ce handicap ?
07:49 Parce que c'est encore la première cause de discrimination dans le monde, et dans les pays développés comme la France,
07:54 ça reste une discrimination importante.
07:57 On a encore aussi beaucoup de représentations négatives sur ce qu'est le handicap, finalement,
08:01 et il faut pouvoir tordre le cou à ces idées préconçues.
08:05 On pense que les personnes en situation de handicap sont plus souvent absentes, ce qui est faux.
08:10 Elles sont moins productives, on y reviendra.
08:14 Carole, vous voulez rajouter quelque chose ?
08:17 Oui, je voulais compléter en disant qu'il y a aussi des peurs chez les collaborateurs d'être potentiellement discriminés
08:24 ou freinés dans leur parcours professionnel, d'avoir peut-être un regard sur eux un peu différent.
08:32 Et pour ça, effectivement, ils n'osent pas toujours en parler.
08:35 Mais est-ce qu'un collaborateur qui souffre de handicap est-il un collaborateur comme les autres, justement ?
08:40 Pas tout à fait, mais ça ne veut pas dire qu'il va être moins productif ou qu'il va être un frein à la productivité de l'entreprise ?
08:48 J'ai envie de dire évidemment qu'il y a un collaborateur comme les autres, avec ses singularités, sa personnalité,
08:54 ses points d'appui, ses axes à développer.
08:58 Et oui, il peut y avoir des freins, effectivement, mais il y a tout un tas de dispositifs
09:06 qui justement peuvent aider les entreprises et la personne à faire en sorte que ça se passe bien.
09:11 Nous l'avons déjà vu dans une émission précédente, l'engagement de l'entreprise dans la santé de ses salariés est primordial.
09:17 C'est même un critère important pour un futur salarié dans le choix de son entreprise.
09:21 Mais qu'en est-il des personnes handicapées ?
09:24 Comment l'entreprise va prendre soin de la santé de ces personnes ?
09:28 Faut-il qu'elles aillent faire des soins ? Est-ce qu'elles doivent prendre sur leur temps de travail ?
09:33 Comment ça se passe ?
09:35 Ça va se passer de la même façon que pour les autres collaborateurs quand ils font face à une difficulté de santé.
09:40 Ce n'est pas parce qu'on est en situation de handicap que pour autant on a plus de soins que d'autres collaborateurs.
09:45 En règle générale, la personne est prise en charge à l'extérieur.
09:49 Elle peut solliciter une après-midi pour aller à un examen spécifique.
09:54 Mais il ne faut pas penser qu'elles sont plus malades et plus absentes que les autres.
09:58 Pourtant elles ont plus de soins à faire, donc on peut en faire le français.
10:01 Pas forcément.
10:03 Pas forcément, effectivement.
10:05 Et comme le disait Anne-Marie, les entreprises mettent aussi en place des dispositifs à travers des accords d'entreprise,
10:10 par exemple pour accompagner leurs collaborateurs et proposer des mesures spécifiques.
10:15 Pardon de poser la question, mais que va forcément se poser un chef d'entreprise ?
10:20 Une personne handicapée sera-t-elle aussi efficace ?
10:23 Moivy dit non, mais quels sont les arguments que pourrait donner un chef d'entreprise qui hésite à recruter une personne souffrant d'un handicap ?
10:31 L'employeur va chercher à recruter des compétences, peu importe le profil de la personne,
10:39 à partir du moment où elle détient ces compétences.
10:42 C'est le premier critère.
10:44 Si la personne a un handicap et qu'elle en fait état, elle aura peut-être besoin d'aménagements spécifiques,
10:51 que ceux-ci soient techniques ou organisationnels.
10:54 Et l'entreprise peut être accompagnée dans l'aménagement.
10:57 On verra ça tout à l'heure, parce qu'aménager un poste de travail peut être une source de problème,
11:02 ou ça peut être compliqué pour le chef d'entreprise.
11:05 Pas forcément, et seuls 10% des postes nécessitent des aménagements.
11:09 C'est un chiffre important à communiquer et qui peut rassurer les employeurs.
11:15 Mais une personne qui souffre d'un handicap, je pense par exemple à une maladie de peau inflammatoire,
11:23 qui peut se voir ou pas d'ailleurs, c'est une source de stress.
11:27 Cette personne va même travailler les week-ends,
11:32 va travailler encore plus que les autres, va compenser de peur d'être licenciée.
11:37 Et ça peut atteindre sa santé. Dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on peut conseiller ?
11:44 Ce qu'on peut conseiller, c'est déjà aux personnes de se déclarer dans ces situations-là auprès de leur employeur,
11:50 parce que ça permettra à l'employeur de prendre les mesures adaptées à son état de santé.
11:55 Et ce qu'on observe aussi, c'est que quand un employeur aménage un poste de santé,
12:00 ça profite aussi parfois, et assez souvent, aux autres collaborateurs.
12:04 C'est la prévention là, du coup. Mais aménager un poste, ça veut dire quoi concrètement ?
12:13 Si par exemple la personne est déficiente visuelle et qu'elle travaille sur ordinateur avec des logiciels métiers,
12:19 on va mettre à sa disposition peut-être des écrans plus grands, des téléagrandisseurs,
12:25 quelques aménagements techniques, mais finalement ils sont assez...
12:27 On en profite. Avoir un écran plus grand, on va moins s'abîmer la vue.
12:33 Oui, des fauteuils plus ergonomiques.
12:35 Oui, on aura moins mal au dos.
12:37 Un traitement du bruit dans un open space par exemple.
12:41 On préserve son capital auditif.
12:43 Et la technologie évolue très très vite, donc il y a vraiment plein de dispositifs intéressants,
12:48 des logiciels de reconnaissance vocale, des agrandisseurs.
12:51 Il y a vraiment pléthore de solutions aujourd'hui pour les employeurs.
12:55 Donc c'est un bénéfice pour tous les salariés d'entreprise, et des salariés heureux, on le sait, c'est une entreprise...
13:00 Qui va bien.
13:01 Qui va bien.
13:03 La discrimination à l'embauche est punie par la loi.
13:05 Pourtant, beaucoup préfèrent ne pas déclarer leur handicap quand celui-ci est invisible.
13:10 C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
13:12 Justement, pour déconstruire certaines idées reçues, notamment sur l'efficacité des personnes handicapées,
13:16 nous sommes allés dans un des ATH.
13:18 C'est un établissement ou service d'aide par le travail.
13:21 C'est une structure qui permet aux personnes en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle,
13:25 tout en bénéficiant d'un soutien médico-social et éducatif dans un milieu protégé.
13:31 Alors comme je vous le disais, un handicap ne doit pas être un obstacle à la réussite professionnelle d'un individu.
13:36 Regardez.
13:37 Alors au sein d'un des ATH et d'une entreprise adaptée, nous avons des obligations, qui est la loi de 2002.
13:52 C'est d'accompagner la personne en situation de handicap, de l'accompagner socialement et professionnellement.
13:58 Et pour qu'ils viennent au travail, il faut qu'il y ait ce plus.
14:01 Alors ce plus, effectivement, il est lié aux dispositifs médicaux,
14:03 mais derrière, ils savent qu'ils ont ce parcours très innovant, pour être bien dans son corps, bien dans sa tête,
14:09 et qu'ils vont les aider finalement au travail, mais aussi chez eux, dans leur environnement familial.
14:13 Comment ça va aujourd'hui ?
14:15 Très bien.
14:16 Tout le monde va bien ?
14:17 Oui.
14:18 Cette écoute du matin, ça nous permet de voir les humeurs et les difficultés dès le début de la journée.
14:24 Le matin, on débatte de plusieurs domaines, et des fois, si on a des inquiétudes, ils sont corrigés.
14:30 Et si on a des attentes au niveau de l'administratif, c'est corrigé aussi, donc c'est positif.
14:34 Bonjour Julie.
14:35 Vas-y, assieds-toi.
14:36 Alors, on se voit aujourd'hui parce qu'on va faire un petit point par rapport à tes appareils auditifs.
14:41 Ça fait combien de temps maintenant que tu les as ?
14:43 Trois mois maintenant.
14:44 Trois mois déjà ?
14:45 Oui.
14:46 Nous, on a vu qu'il y avait des problèmes auditifs, puisqu'on était obligés de crier pour qu'ils nous entendent.
14:53 Et effectivement, grâce à ce programme qu'on a mis en place, et les ateliers de prévention,
14:58 on a fait venir un audioprothésiste ici, sur site,
15:02 ce qui fait que c'était plus simple pour nos usagers, parce qu'ils n'avaient pas besoin de se déplacer.
15:08 Alors, il existe aujourd'hui en France 1 500 ESAT, ces établissements de services d'aide par le travail,
15:15 qui travaillent en étroite collaboration avec les entreprises, et ça marche plutôt bien.
15:19 Oui, très bien.
15:20 C'est aussi un système qui va évoluer.
15:24 Les ESAT sont appelées à davantage accompagner les personnes vers le milieu ordinaire,
15:28 donc elles ont une vraie mission d'accompagnement des personnes en situation de handicap,
15:33 pour qu'elles puissent s'intégrer dans le milieu du travail et en dehors de l'ESAT, lorsque c'est possible.
15:38 D'accord.
15:39 Donc, ils devraient y aller à voir de plus en plus.
15:41 Oui, c'est un vrai levier d'inclusion et de passage vers ce qu'on appelle le milieu ordinaire de travail,
15:47 pour aller vers une entreprise plus inclusive, avec des profils très différents.
15:52 Qu'est-ce qui manquerait aujourd'hui aux entreprises pour être plus inclusive ?
15:55 On va parler de la formation tout à l'heure, en dernière partie,
15:58 mais est-ce qu'il y a d'autres leviers qu'on pourrait mettre en place ?
16:02 Peut-être qu'elles soient rassurées sur leur capacité à faire,
16:05 parce qu'on parle du handicap comme étant un motif de discrimination,
16:11 mais il y a aussi parfois des craintes de l'employeur de ne pas savoir comment les accompagner,
16:15 de commettre des impairs, de ne pas pouvoir faire les aménagements,
16:20 que très souvent les entreprises surestiment.
16:23 Donc, peut-être les rassurer sur leur capacité à faire.
16:26 Les stéréotypes.
16:27 Voilà.
16:28 Voilà, rappelez que la personne atteinte du handicap est un collaborateur comme un autre,
16:32 comme on l'a dit tout à l'heure.
16:33 Exactement.
16:34 Sensibiliser aussi les équipes au handicap.
16:37 Donc, ça veut dire quoi ? Dédramatiser le handicap ?
16:40 Comment aider les gens, enfin les collaborateurs justement,
16:46 à ne pas avoir peur, à avoir la bonne distance, le bon positionnement ?
16:52 Tout à l'heure, on parlait des différentes familles de handicap.
16:55 Ça peut déjà commencer par expliquer, effectivement,
16:58 les différentes typologies qui existent, les différents degrés.
17:02 Sensibiliser par des biais assez différents.
17:05 Ça peut être de la mise en situation pour que les personnes se rendent compte
17:08 que finalement, ce n'est pas si compliqué que ça pour la personne d'être en situation de travail.
17:13 On a toujours peur de ce qu'on ne connaît pas.
17:14 Exactement.
17:15 Donc, le fait d'en parler, de sensibiliser, déjà, ça va faire évoluer les mentalités
17:20 et déconstruire certains stéréotypes.
17:22 Puis, on peut avoir d'autres leviers aussi, comme faire venir des associations également,
17:26 pour parler aussi de l'accompagnement qu'elles peuvent faire.
17:32 Pas hésiter aussi à solliciter ses propres collaborateurs
17:36 qui sont en situation de handicap et qui peuvent aussi faire des retours d'expérience
17:40 sur leur intégration, sur les adaptations de postes qui ont pu avoir lieu.
17:45 Ce qu'on appelle aujourd'hui les patients experts, un petit peu.
17:47 C'est un petit peu ça aussi, comme dans certaines maladies chroniques.
17:50 Faire partager son expérience, accompagner des personnes souffrant de handicap
17:56 qui arrivent dans une entreprise, dans un milieu ordinaire de travail.
18:00 Oui.
18:01 Dédramatiser aussi.
18:02 Et finalement, on peut ne pas connaître dans le détail un handicap ou une maladie.
18:07 Ce qu'on a surtout besoin de savoir, c'est quels sont les besoins spécifiques de la personne.
18:12 Et en fonction de sa gravité ou de son degré de handicap,
18:15 ses besoins peuvent être parfois très limités pour être en capacité d'avoir une activité
18:20 comme n'importe quel autre collaborateur.
18:22 Est-ce que vous avez des exemples justement à nous donner, concrets ?
18:25 Alors sur les ATH que l'on vient de voir, les ATH de TechCare,
18:29 pendant le Covid, il a réalisé une pièce unique qui allait sur les respirateurs.
18:34 Et cette réalisation a été rendue possible parce que Air Liquide
18:39 cherchait quelqu'un qui était en capacité de souder un fil plus fin qu'un cheveu.
18:44 Et c'est un des usagers de l'ESAT qui a réussi ce travail.
18:50 D'autres ensuite ont été formés.
18:52 Et pendant la crise sanitaire, cet ESAT a fonctionné au service de toute la population.
18:58 Qu'il avait des compétences que les autres n'avaient pas.
19:00 Exactement. Des compétences rares.
19:02 Ah d'accord. Il faut également sensibiliser les clients de l'entreprise, j'imagine.
19:07 Oui, Carole ?
19:09 Sur les clients, je crois qu'effectivement, une sensibilisation, c'est important.
19:13 Et puis, c'est quelque part un peu essaimer aussi la bonne parole,
19:19 si je peux utiliser ce terme-là, pour expliquer ce qu'il est possible de mettre en place.
19:25 Faire des retours d'expérience d'entreprise également,
19:28 qui démontrent concrètement que c'est possible
19:30 et qui du coup permettent d'embarquer de plus d'entreprises possibles.
19:34 Alors, il y a des expériences très intéressantes qui ont été menées.
19:37 Je pense notamment au Café Langue des Signes, mis en place avec Michelin.
19:41 Voilà, si vous voulez un café gratuit, demandez-le en langue des signes.
19:44 Il y a d'autres expériences comme ça ? D'autres belles histoires d'inclusion réussies ?
19:48 Alors, dans ma structure, par exemple, on a mis en place des ateliers de sensibilisation
19:54 au cours de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées,
19:58 qui va être réédité cette année en novembre.
20:01 Et cette année, par exemple, on envisage d'utiliser la réalité virtuelle
20:06 pour mettre en situation les collaborateurs.
20:08 On va faire venir aussi des…
20:10 Pour qu'ils puissent se rendre compte de la façon dont…
20:14 Du ressenti, la manière dont…
20:15 Du ressenti, etc.
20:16 Oui.
20:17 Lorsqu'on souffre d'un handicap…
20:19 D'une typologie, en tout cas.
20:20 Visuel, auditif, autre chose, ou moteur.
20:22 Oui, on va se mettre dans la peau de la personne en situation de handicap.
20:25 Exactement. Et puis, il y a plein d'autres leviers.
20:27 Il y a le levier du théâtre d'entreprise, des conférences qui peuvent être organisées aussi
20:32 avec des experts sur différentes thématiques.
20:34 Il y a vraiment plein de moyens de lever les stéréotypes et de faire en sorte…
20:38 Je reviens sur ce que je dis, mais il y a une très belle opération qui s'appelle le D.O.D.
20:42 qui permet à des personnes en situation de handicap de venir dans les entreprises
20:47 pendant une journée, observer un métier et une culture d'entreprise.
20:51 Et on crée des binômes, personnes accueillantes dans l'entreprise,
20:54 personnes handicapées.
20:56 Et ça, je crois que c'est un très, très beau levier aussi.
20:58 Bon, c'est plutôt des bonnes nouvelles.
20:59 Il y a beaucoup de choses qui existent aujourd'hui pour favoriser cette inclusion.
21:02 On le disait, pour aussi faire évoluer la situation,
21:05 la formation des managers est primordiale.
21:08 Vers qui les managers peuvent-ils se tourner pour bénéficier de cette formation ?
21:12 Alors, les organismes comme l'AGEPHIP ou le FIPHFP ou l'OETH
21:19 organisent des sessions d'information, des actions de sensibilisation.
21:23 C'est vrai que les managers ont un rôle primordial,
21:26 à la fois pour accueillir les personnes en situation de handicap
21:29 et aussi rassurer le reste de l'équipe sur le fait que c'est possible
21:34 et que ça va bien se passer.
21:36 C'est parfois des choses assez simples de réassurance.
21:39 Mais c'est lui qui va donner l'impulsion, forcément.
21:43 Effectivement, oui.
21:44 Alors, justement, pour accompagner les entreprises et leurs managers,
21:47 il existe aussi des agences particulières qui élaborent et optimisent
21:52 la politique handicap de l'entreprise, des entreprises.
21:55 Et nous sommes allées à la rencontre de l'une d'entre elles,
21:57 l'agence Andiamo. C'est un reportage de Damien Dessmier.
22:01 [Musique]
22:04 [Musique]
22:13 Aujourd'hui, on est chez Coloplast, une entreprise qui est partenaire
22:16 d'un de nos athlètes, Mathieu Bosseredon, qui est le numéro mondial de handbike,
22:19 donc de vélo sur piste.
22:22 Tu te concentres juste à plier le plus fort possible.
22:25 On est une entreprise de l'économie sociale et solidaire.
22:28 Et on est la seule agence en France et peut-être au monde dédiée exclusivement
22:31 à l'accompagnement de carrières de champions paralympiques.
22:34 À l'heure où on se parle, on représente 14 champions
22:37 dans 7 disciplines paralympiques différentes.
22:39 Aujourd'hui, on organise un événement de sensibilisation au handicap
22:41 chez Coloplast. Le but est de mettre en situation de handicap les collaborateurs
22:45 pour qu'ils vivent les contraintes vécues par un athlète de haut niveau,
22:48 par une personne handicapée, mais également qu'ils vivent le plaisir
22:51 et l'excitation de pratiquer une nouvelle discipline sportive.
22:54 Ce que j'ai apprécié durant cette épreuve, c'est de concourir,
22:56 d'être challenger et de pouvoir atteindre mon but le plus rapidement possible.
23:00 Ce qui est intéressant, c'est qu'en fonction des gabarits,
23:02 on peut mettre des vitesses différentes.
23:04 Donc c'est bien la preuve que c'est ouvert à tous.
23:06 Ce type d'événement dans l'entreprise, ça nous permet vraiment de sensibiliser
23:09 les équipes sur le bienfait du sport et sur l'inclusion des personnes
23:14 en situation de handicap, à la fois dans l'entreprise,
23:17 mais aussi dans la société de manière générale.
23:19 Aujourd'hui, l'objectif, c'était de montrer qu'on peut être en fauteuil
23:22 et être plein d'énergie, on peut être performant.
23:25 Et ce qu'on fait avec Andiamo depuis des années, c'est ça,
23:27 c'est de casser les codes et de prouver qu'on est des personnes à part entière
23:31 avec nos personnalités et nos forces.
23:34 Finalement, ça permet de challenger tout le monde et de rapprocher tout le monde,
23:42 surtout que l'on souffre d'un handicap ou pas.
23:45 Avant de conclure cette émission, j'aimerais qu'on revienne vraiment
23:48 et qu'on insiste sur tous les bénéfices qu'une personne en situation de handicap
23:51 peut apporter à une entreprise.
23:54 Edam, qui commence ? Parce qu'il y en a beaucoup,
23:56 mais je pense que ça fait une belle conclusion à cette émission.
23:59 Le premier mot qui me viendrait, ce serait l'innovation.
24:02 Le fait de se repenser, enfin repenser nos organisations,
24:08 repenser nos manières de travailler pour optimiser finalement les forces de chacun.
24:15 Anne-Marie ?
24:17 Pour moi, ce serait d'oser et de se faire confiance,
24:19 à la fois pour les personnes en situation de handicap,
24:22 d'oser aller vers l'emploi et dans les entreprises du milieu ordinaire,
24:26 et pour les entreprises, de les recruter,
24:29 parce qu'elles développent aussi des capacités d'adaptation
24:32 qui sont parfois hors du commun et elles ont aussi beaucoup à nous apprendre.
24:36 Merci à toutes les deux, c'était passionnant, un grand merci.
24:40 Alors, les points essentiels à retenir,
24:43 la perception des travailleurs handicapés est décisive.
24:46 Il faut redéfinir encore et encore les contours du handicap
24:49 et cesser de le caricaturer, je pense que c'est un message
24:52 qu'on a bien fait passer dans cette émission.
24:54 Intégrer la diversité comme le handicap, c'est une source de réel bénéfice
24:57 pour l'entreprise, vous venez de nous le dire,
24:59 et la formation des managers est essentielle pour une intégration réussie.
25:03 Merci en tout cas pour ces messages d'espoir.
25:05 Merci également à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
25:08 Quant à moi, j'aurais le plaisir de vous retrouver très bientôt
25:10 pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
25:12 D'ici là, prenez soin de vous.
25:14 ...
25:34 Le groupe Vive vous a présenté La Santé d'abord,
25:37 le programme qui prend soin de vous.
25:39 Groupe Vive, pour une santé accessible à tous.