Trois Européens sur dix s’estiment précaires, selon une récente enquête Ipsos pour le Secours populaire. L'Europe laisse sur le carreau de plus en plus de citoyens, y compris les enfants touchés la pauvreté. Dans un contexte de forte inflation et de crise énergétique, les filets de sécurité de nos sociales-démocraties ont amorti le choc, puisque la pauvreté ne s’est pas accrue au sein des 27, mais elle n’a pas reculé non plus. Quelque 95 millions d’Européens sont menacés d’exclusion sociale, et la promesse de faire baisser ce chiffre par la Commission n’a pas été tenue. Lors de son discours de rentrée, la cheffe de l’exécutif Ursula Von der Leyen n’a d'ailleurs pas eu un mot pour les plus démunis, à croire que l'Europe sociale n’est plus à l’ordre du jour.
Émission préparée par Perrine Desplats, Sophie Samaille et Isabelle Romero
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NewsTranscription
00:00 ...
00:02 -France 24 et Public Sénat présentent...
00:04 ...
00:24 -Merci de nous rejoindre depuis le Parlement européen à Bruxelles,
00:28 qui laisse sur le carreau de plus en plus de citoyens,
00:31 y compris des enfants, touchés par la pauvreté.
00:34 Ainsi, 3 Européens sur 10 s'estiment précaires,
00:39 selon une récente étude de l'Ipsos pour le secours populaire.
00:43 Dans un contexte de forte inflation et de crise énergétique,
00:47 les filets de sécurité de nos sociales démocraties
00:49 ont un peu amorti le choc,
00:51 puisque la pauvreté ne s'est pas accrue au sein des 27,
00:54 mais elle n'a pas reculé non plus.
00:56 95 millions d'Européens sont menacés d'exclusion sociale,
01:01 et la promesse de baisser ce chiffre de plusieurs millions
01:04 par la Commission européenne n'a toujours pas été tenue.
01:07 -Lors de son discours de rentrée,
01:08 la chef de l'exécutif Ursula von der Leyen
01:11 n'a pas eu un mot pour les plus démunis
01:13 à croire que l'Europe sociale n'est plus à l'ordre du jour.
01:16 Pour en débattre, deux invités, un Français,
01:19 du groupe de la gauche, Emmanuel Morel.
01:21 Face à vous, un Roumain, du groupe Renew, Aline Mitouta.
01:25 Bonjour à vous. On commence avec vous.
01:27 Je précise que votre pays, la Roumanie,
01:29 est le pays le plus pauvre de l'Union,
01:31 avec 34 % de taux de pauvreté.
01:33 Votre entrée dans l'Union européenne
01:36 n'a pas amélioré la situation
01:38 de vos concitoyens les plus fragiles ?
01:41 -Je ne dirais pas que l'adhésion à l'Union européenne
01:47 n'a pas contribué à augmenter la...
01:49 à faire la situation meilleure,
01:52 mais c'est vrai qu'on a en Roumanie
01:55 des écarts assez importants
01:57 entre régions et entre catégories sociales.
02:00 On a par exemple la capitale, Bucarest,
02:02 et d'autres grandes villes qui sont au-dessus
02:05 de la moyenne européenne en ce qui concerne le PIB,
02:08 par exemple, mais on a d'autres régions
02:10 qui sont vraiment à 50 % du PIB de l'Union européenne.
02:14 Donc on a beaucoup à faire.
02:15 C'est pour ça qu'on a des fonds européens
02:18 pour se développer. On a fait des efforts.
02:20 On est passé de 38 % de la moyenne européenne
02:23 jusqu'à 70 %,
02:26 donc on a fait des efforts,
02:28 mais c'est vrai que les disparités sociales
02:31 sont encore très importantes.
02:33 -Alors, selon la dernière enquête Ipsos,
02:36 38 % des Européens sondés
02:39 ne font pas trois repas par jour
02:41 et 10 % font appel à des associations
02:44 pour se nourrir. Alors, Emmanuel Morel,
02:46 c'est ça, finalement, le continent le plus riche
02:50 en 2023 ?
02:51 -Oui, mais à juste titre, vous avez souligné
02:54 que Mme von der Leyen n'a même pas parlé
02:56 de la lutte contre la pauvreté. Pourquoi ?
02:59 Parce que c'est pas son sujet.
03:00 La vérité de l'Union européenne,
03:03 telle qu'elle est vécue aujourd'hui par les gens,
03:05 c'est pas l'Europe sociale dont vous parliez,
03:08 qui est dans les programmes, mais qui ne se réalise jamais.
03:11 Ce qui doit être respecté avant tout pour les dirigeants,
03:14 c'est la concurrence, entre les salariés,
03:17 entre les Etats et les traités eux-mêmes.
03:19 Ils n'évoquent pas l'Europe sociale
03:21 ou la lutte contre la pauvreté, mais ils insistent bien
03:24 sur la liberté de circulation des marchandises,
03:27 des capitaux, des personnes.
03:29 Et puis, ce qui s'est passé, notamment avec l'élargissement
03:32 au Pays de l'Est, c'est que plutôt d'essayer
03:35 d'harmoniser socialement les conditions de vie
03:37 des salariés européens, on les met en concurrence
03:40 encore plus. Par exemple, c'est le travail détaché
03:43 qui a fait tant de mal dans les pays d'Europe de l'Ouest.
03:46 Ça m'étonne pas qu'elle en parle pas,
03:48 mais c'est tout le problème.
03:50 Ça devrait être une priorité absolue.
03:52 Plutôt que la concurrence et la compétition,
03:55 mettre au cœur du projet européen la solidarité,
03:58 ça ferait du bien. On est loin de ça.
04:00 Le contexte actuel, avec l'inflation,
04:02 avec la crise de l'énergie,
04:04 exacerbe ces tensions.
04:05 Vous avez parlé des enfants.
04:07 C'est très préoccupant de voir qu'aujourd'hui,
04:10 vous avez des dizaines de milliers d'enfants en Europe
04:13 qui n'ont pas de toit. Presque 1 million de sans-abri.
04:16 Je parle pas des étudiants. Les étudiants, c'est pareil.
04:19 Ca explose dans les pays européens.
04:21 Face à cette situation d'urgence sociale,
04:24 la vérité, c'est que la Commission et bien des dirigeants
04:27 ne font pas grand-chose,
04:29 car c'est pas leur sujet.
04:30 -Alimitouda, vous faites partie plutôt de la majorité
04:34 qui soutient la Commission,
04:35 qui s'était fixée comme objectif la réduction de la pauvreté.
04:39 On l'a dit, sur le sujet,
04:41 lors de son grand discours de rentrée
04:43 de la présidente de la Commission européenne,
04:47 l'Europe sociale, réduire les inégalités.
04:50 Vous êtes d'accord, c'est pas une priorité,
04:52 ce n'est plus une priorité ?
04:54 -Oui, bon, je suis d'accord qu'il faudrait faire mieux
04:57 au niveau européen sur les questions sociales,
05:00 mais la vérité, c'est que dans les traités,
05:03 on n'a pas de compétences au niveau européen
05:05 sur les questions sociales.
05:07 -Pourquoi se fixer un objectif, la réduction de la pauvreté ?
05:11 -Justement, c'est ça, le problème.
05:13 Je suis d'accord avec M. Morel qui dit
05:15 qu'on a un problème avec, par exemple,
05:18 la pauvreté des enfants.
05:21 Je viens d'un pays dans lequel plus de 40 % des enfants
05:25 sont en risque de pauvreté et d'exclusion sociale.
05:28 Qu'est-ce qu'on fait au niveau européen ?
05:31 On a adopté une recommandation
05:33 qui dit qu'il faudrait faire quelque chose.
05:35 On n'a pas de budget pour ça, c'est juste des recommandations.
05:39 On n'a pas une vraie politique sociale au niveau européen.
05:42 Mais pour cela, il faut changer les traités.
05:47 Parce qu'avec les moyens qu'on a au niveau européen,
05:50 dans ce moment, avec le budget qu'on a,
05:52 on ne peut pas faire tout.
05:54 On ne peut pas gérer tous les problèmes
05:57 avec 160 milliards d'euros par an.
06:00 C'est vraiment ridicule.
06:01 -Pourquoi changer les traités ?
06:03 Il y a une commission,
06:05 la commission a un pôle emploi, affaires sociales,
06:08 Fonds social européen, etc.
06:09 -Mais qu'est-ce qu'on fait ?
06:11 -Je suis membre de la commission d'emploi.
06:13 On fait des recommandations, des résolutions, etc.
06:16 On n'a pas le pouvoir, dans les traités,
06:19 de faire des directives, des règlements,
06:22 de la réglementation qui est forte.
06:26 Sinon, on peut toujours donner des recommandations au pays,
06:30 mais sans les mettre en pratique.
06:33 -La lutte contre la pauvreté,
06:35 c'est une question institutionnelle ?
06:37 -Non, c'est une question politique.
06:39 Mais il faut changer de politique.
06:41 Changer de politique économique,
06:43 ça veut dire rompre avec l'austérité budgétaire.
06:46 On aura un débat dans les prochaines sessions
06:49 sur le pacte budgétaire.
06:51 Tous les pays dits frugaux disent
06:53 "surtout pas de déficit supplémentaire".
06:55 -En Europe, à part le pape, qui se soucie de la pauvreté ?
06:58 -Moi et bien d'autres, nos électeurs,
07:01 la plupart des gens, vous.
07:02 C'est les dirigeants qui sont sourds.
07:05 Mais j'insiste sur autre chose.
07:07 Pas seulement budgétaire.
07:08 La politique monétaire, avec des taux très hauts,
07:11 ça a des conséquences concrètes sur la pauvreté.
07:14 La crise de l'électricité,
07:16 quand on voit les conséquences pour les chefs d'entreprise,
07:19 les gens, les ménages, c'est de la politique.
07:22 Le marché européen de l'électricité
07:24 a été conçu de façon absurde.
07:26 Le prix est annexé sur le gaz, le gaz explose,
07:29 et résultat, on a des centaines de milliers d'entreprises
07:32 en difficulté.
07:33 Au-delà de la question institutionnelle des traités,
07:36 c'est la politique économique menée par les institutions européennes
07:40 qui ne va pas. C'est ça qu'il faut changer.
07:43 Mais il n'y a pas que le pape.
07:44 Les Européens, quand on les interroge
07:47 sur ce qu'ils attendent de l'UE,
07:49 ils mettent ces questions-là au coeur, la solidarité.
07:52 Sauf que pour l'instant, les dirigeants sont sourds
07:55 à la question du creusement des inégalités.
07:57 On parle de la pauvreté, mais on pourrait dire
08:00 qu'il n'y a jamais eu autant de riches
08:02 dans l'UE. -J'ai envie de dire précisément,
08:05 pour réagir à la crise du Covid, à la crise énergétique,
08:08 on a beaucoup soutenu les entreprises.
08:10 On a dit qu'il fallait de la croissance, de la croissance.
08:13 Est-ce qu'il ne faut pas revenir, vous êtes parti réunis
08:16 au centre de l'échiquier, sur un dogme libéral
08:19 qui voudrait qu'avec la croissance, on sorte les gens de la pauvreté ?
08:23 On peut avoir de la croissance et ne jamais les sortir.
08:26 -Oui, c'est ce qu'on fait, en fait,
08:28 avec les moyens qu'on a au niveau européen.
08:31 Par exemple, pour la crise Covid,
08:33 on a eu au niveau européen le fonds sûr.
08:35 Vous connaissez le fonds sûr, les 100 milliards d'euros
08:38 pour aider les compagnies, les travailleurs
08:41 à passer...
08:42 ...les situations qui étaient...
08:45 -Difficiles. -Difficiles dans la crise.
08:49 On a aussi le fonds européen, le fonds social européen,
08:52 100 milliards d'euros sur 7 ans.
08:54 C'est pas beaucoup, mais c'est quand même quelque chose.
08:57 Il faudrait avoir aussi le pouvoir
09:00 d'adopter des règlements, des choses plus contraignantes,
09:04 parce que sinon, comme j'ai dit, on a les politiques,
09:08 par exemple, pour sortir les enfants de la pauvreté,
09:11 mais on n'a pas les moyens de les mettre en place
09:14 au niveau des politiques nationales.
09:16 Ce qui reste, c'est des politiques nationales
09:19 qui sont strictement, disons, nationales,
09:22 parce qu'on ne peut pas faire des choses au niveau européen.
09:25 C'est pas comme ça qu'on a.
09:27 -On n'arrive pas à bien viser, d'ailleurs,
09:29 les visions avec les fonds, finalement, de relance.
09:32 On arrive à viser la couche qui travaille,
09:34 les travailleurs pauvres, mais on n'arrive pas à viser
09:37 ceux qui sont déjà marginalisés, qui sont pas inscrits nulle part.
09:41 -Déjà, les travailleurs pauvres,
09:43 c'est au moins 30 millions en Europe,
09:45 et on les vise pas tous.
09:46 Mais là où vous avez raison, c'est le programme sûr,
09:49 où le plan de relance était des bonnes idées.
09:52 Le problème, c'est que les intentions actuelles
09:55 de la commission et de certains Etats membres,
09:57 alors même que ça avait permis, comme vous le disiez,
10:00 des filets de sécurité.
10:02 Mais la vérité, c'est qu'il faut en faire des priorités politiques.
10:05 Vous parliez de la commission emploi.
10:08 Elle a un rôle, quand elle s'est saisie
10:10 du sujet de l'ubérisation des travailleurs des plateformes.
10:13 Elle a quand même produit du texte.
10:15 Je crois que rien n'empêche aujourd'hui les eurodéputés,
10:19 avec les autres institutions,
10:20 de faire une directive sur les salaires
10:23 et de les indexer sur l'inflation.
10:25 On sait qu'aujourd'hui...
10:26 -Il y a eu une directive sur le salaire minimum européen.
10:29 -C'était un premier pas, mais largement insuffisant,
10:32 comme à chaque fois qu'on parle d'Europe sociale.
10:35 -Il y a quelque chose aussi qui a changé la donne.
10:38 La guerre en Ukraine et le changement climatique
10:41 accentuent la notion de précarité énergétique.
10:43 On a réussi à passer l'hiver 2022-2023,
10:46 tant bien que mal.
10:47 Celui qui arrive, là, c'est l'hiver de tous les dangers,
10:51 d'autant plus que les gouvernements disent ne plus avoir d'argent
10:55 pour aider les plus démunis.
10:56 Vous craignez cet hiver, notamment cette précarité énergétique,
11:00 qui accentue encore plus la fragilité des plus pauvres ?
11:03 -Je dirais pas seulement cela,
11:06 mais il y a aussi le problème
11:08 des augmentations des prix aux aliments.
11:11 Et nous, dans les pays de l'Est, on voit très bien ça.
11:15 Ce qu'on fait au niveau européen,
11:18 c'est, par exemple, de donner de l'argent,
11:21 par le biais de la politique de cohésion,
11:24 pour contribuer, par exemple, à la facture de l'énergie.
11:28 Mais ça, c'est pour une période limitée.
11:30 On a fait ça l'année passée, certains pays ont fait ça.
11:33 Je pense qu'il faudrait continuer une politique sociale
11:36 au niveau européen, je suis d'accord avec vous.
11:39 Mais changeons les traités, alors,
11:41 puisqu'on donne à l'Union européenne les moyens de faire ça.
11:45 -En attendant, vous faites quoi pour l'hiver qui arrive ?
11:48 Vous dites quoi aux concitoyens européens
11:51 qui voient l'hiver arriver avec des factures qui flambent
11:54 et une précarité énergétique qui cesse de s'accentuer ?
11:57 -Par exemple, pour le gaz, on fait déjà des choses.
12:01 On a pris une décision au niveau européen,
12:04 la Commission a pris cette décision
12:06 de mettre dans le dépôt de gaz
12:10 assez de gaz pour passer l'été.
12:13 C'est ce qu'on a fait déjà.
12:16 Je suis d'accord qu'on devait faire plus,
12:18 mais il faudrait avoir les moyens pour faire ça,
12:21 au niveau européen, parce que, comme je disais,
12:24 au niveau national, chaque pays prend ses propres mesures.
12:28 -D'ailleurs, en France, Emmanuel Morel,
12:30 les Restos du coeur en appellent désormais
12:33 à la solidarité de l'Etat,
12:35 alors que, d'ailleurs, l'association était particulièrement aidée
12:39 traditionnellement par la politique agricole commune,
12:42 elle recevait les résidus de cette PAC.
12:45 Même la solidarité privée semble en faillite.
12:48 Les gens ne veulent plus aider, en fait.
12:51 C'est plus une priorité...
12:53 -Ou ils n'ont plus les moyens. -Il y a beaucoup de gens
12:55 qui n'ont plus les moyens d'aider.
12:57 Les Restos du coeur ont alerté, c'est une situation dramatique,
13:01 mais si on en reste à l'Europe, c'est pareil.
13:04 C'est la raison pour laquelle on est un certain nombre
13:07 d'eurodéputés, de droite et de gauche,
13:09 à demander à ce que le fonds qui va en direction
13:12 des banques alimentaires soit largement amélioré.
13:15 Aujourd'hui, c'est 600 millions sur une période de 5 ans.
13:18 En France, on dit que c'est un besoin de plus de 30 %,
13:21 c'est à peu près vrai dans tous les pays d'Europe,
13:24 même des pays supposément riches comme l'Allemagne ou la Belgique.
13:28 Donc là, je pense que, dès la discussion budgétaire,
13:31 on peut améliorer ça concrètement.
13:33 Mais je reviens sur ce que disait mon collègue
13:36 qui vient de Roumanie. Il y a des choses qu'on peut faire.
13:39 Sur les prix alimentaires, c'est pas très libéral,
13:42 c'est pas vraiment le marché, mais il faudra en passer
13:46 par le blocage des prix. En France, par exemple,
13:48 les prix alimentaires, c'est +12 %.
13:51 On prévoit +1 % l'année prochaine.
13:53 Vous voyez bien que c'est une trappe à pauvreté considérable.
13:56 Mais je reviens sur l'énergie. On n'a pas assez le débat
13:59 au niveau européen. On a un marché européen
14:02 qui marche sur la tête. Indexer le prix sur le gaz,
14:05 c'est une folie. Le gaz est en train de s'envoler.
14:08 -On est censé le réformer. -D'accord, on le réforme,
14:11 sauf que ça fait 6 mois qu'on dit qu'il faut le réformer.
14:14 Les commissaires ne sont pas d'accord,
14:16 les Etats membres non plus. Or, là, il y a une vraie urgence.
14:20 Je prends l'exemple français. Si, comme les Portugais
14:23 ou les Espagnols, on sortait du marché européen
14:25 de l'électricité, les prix pour nous,
14:28 ça serait 50 % moins cher. Vous imaginez ce que ça veut dire
14:31 pour les gens ? Donc là, si c'est pas au coeur
14:34 de la campagne européenne, par exemple, et si c'est même pas
14:37 au coeur de nos débats dans les mois qui viennent,
14:40 on joue pas notre rôle. Je veux que la question
14:43 du marché européen de l'électricité,
14:45 qui dysfonctionne totalement, soit traitée.
14:48 -Au niveau européen, les partis d'extrême droite
14:50 arguent qu'il ne faut accueillir aucun réfugié,
14:53 aucun migrant dans une Europe qui ne parvient pas
14:56 à aider ces pauvres. C'est un argument massif,
14:59 c'est une réalité, à l'immunité ?
15:01 -C'est clairement une réalité, je pense,
15:04 dans toute l'Union européenne. Les partis d'extrême droite
15:07 sont très puissants et je pense que dans le futur Parlement,
15:12 on aura peut-être un tiers des députés
15:15 qui viendront de ces familles politiques.
15:17 -C'est un argument qui se diffuse de plus en plus
15:20 dans les sociétés européennes. -Il se diffuse,
15:23 mais je pense que nous, les partis politiques,
15:25 les politiciens qui sont au centre,
15:28 devons faire plus pour expliquer aux gens
15:30 quels sont les avantages de l'Union européenne,
15:33 quels sont les avantages de la démocratie,
15:36 parce que l'extrême droite, je pense,
15:38 est aussi contre la démocratie en soi.
15:40 Et donc, oui, les élections de l'année 2024
15:44 sont essentielles pour le futur de l'Union européenne.
15:47 -Le rêve européen existe encore.
15:49 On peut espérer une Europe sans pauvres ?
15:52 -Oui, mais je reviens sur votre sujet.
15:54 Ce sera la confrontation traditionnelle
15:56 avec l'extrême droite, mais le principe de solidarité
15:59 qui devrait prévaloir au sein de l'Union européenne
16:02 doit prévaloir avec les autres pays du monde.
16:05 Je ne comprends pas que l'Europe ne fasse pas plus d'efforts
16:08 pour participer au développement de continents
16:11 qui sont nos frères. Je pense à l'Afrique,
16:13 au pourtour méditerranéen, qui a été abandonné
16:16 et qui ne fait plus de politique européenne.
16:19 Ca fait partie aussi, vous parliez du rêve européen,
16:22 l'identité politique de l'Europe, c'est aussi ce principe
16:25 de solidarité qui devrait valoir à l'intérieur et à l'extérieur.
16:28 On en est loin, mais je ne désespère pas.
16:31 -Avec un peu plus d'impôts, peut-être,
16:33 pour financer ce rêve européen ?
16:35 -Ce n'est pas que les impôts, c'est la redistribution
16:38 des richesses, parce que, comme je le disais,
16:41 des riches en Europe, il y en a de plus en plus.
16:44 Il faut réduire les inégalités.
16:45 Il faut une politique de redistribution
16:48 dont Vendée Lion et sa majorité ne veulent pas.
16:51 -On aura l'occasion d'en reparler.
16:53 Merci à vous d'être venus débattre sur notre plateau.
16:56 -Merci d'avoir été en notre compagnie.
16:58 Restez sur nos deux antennes.
17:01 ...