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  • 04/10/2023
PAF : Analyses, décryptages et investigations sur les émissions télé ! 




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Transcription
00:00 déjà sur son langage corporel.
00:01 Qu'apprend-on en regardant ces séquences ?
00:04 -Vous venez de le dire, il y a quelques changements
00:07 par rapport à d'autres prises de parole.
00:10 C'est vrai qu'on retrouve le même ton,
00:12 qui est un ton assez pédagogique, si on le dit positivement,
00:15 et professoral, si on le dit de manière plus négative.
00:18 Peut-être que ça explique aussi la désaffection des Français
00:22 pour ce type d'exercice-là,
00:23 parce qu'on est sur un dispositif qui est assez attendu.
00:27 -Vous le voyez, il fait des gestes assez grands,
00:30 des gestes qu'on appelle soit des gestuels métaphoriques
00:33 ou illustratifs.
00:34 C'est pour ça que je disais qu'il était assez pédagogue.
00:37 Heureusement que le journaliste est là
00:40 pour faire de temps en temps des retours,
00:42 pour l'interrompre dans son discours,
00:44 pour permettre un peu plus de spontanéité.
00:47 -Ca montre totalement de spontanéité.
00:49 Son discours a été travaillé, c'est très bien ce qu'il vient annoncer.
00:53 Quels sont les messages qu'il faut faire passer ?
00:56 -Vous remarquerez qu'il est un peu plus fluide
00:58 dans sa gestuelle et son expression
01:00 que lorsqu'il nous souhaite, par exemple,
01:03 les voeux d'année.
01:04 On a l'impression que plus le public est large, plus grand,
01:07 et plus il y a quelque chose qui est strict, institutionnel
01:10 et qui est très rigide dans sa posture.
01:13 Le fait qu'il soit en extérieur,
01:15 le fait qu'il parle d'une problématique assez précise
01:18 et sans doute pour un électorat, j'allais dire un auditoire,
01:21 mais un électorat précis.
01:23 -Ce que vous nous dites,
01:24 c'est que ça a été adapté aux Français
01:26 que le chef de l'Etat voulait toucher.
01:29 -A la fois dans la forme et dans le fond.
01:31 Il ne va pas aborder les mêmes thématiques
01:33 quand il est sur ce type de prise de parole
01:36 que lorsqu'il est invité sur une chaîne YouTube
01:39 où il va parler d'écologie ou d'autres enjeux.
01:41 Là, il était sur des problématiques sécuritaires.
01:44 Sur le fond et sur la forme, il y a une adaptabilité,
01:47 non pas en fonction de ce qu'il veut dire,
01:50 mais en fonction de qui il s'adresse.
01:52 -Il s'entraîne.
01:53 Comment se prépartit-il ?
01:55 On a une idée globale ?
01:56 On va poser des questions à son ancien coach vocal,
01:59 mais on s'y prépare à cette exercice.
02:01 -Sur les discours, le fond, il y a toujours des spin-doctors.
02:05 -Des experts.
02:06 -Des experts qui viennent écrire, construire les discours.
02:09 Et puis, évidemment, sur la forme,
02:11 vous le dites, un coach vocal,
02:13 mais j'insiste sur le fait que, heureusement,
02:16 tout ne peut pas être contrôlé.
02:18 Lorsque tout est contrôlé, c'est catastrophique.
02:21 -C'est ce que nous a montré
02:22 un formidable exemple de...
02:24 Quand on pousse à l'extrême le médiatraining
02:27 et l'entraînement, on a l'impression
02:29 d'avoir des automates sur scène, des corps qui sont désincarnés.
02:33 C'est un très beau mot.
02:34 La carne, c'est la viande.
02:36 Il faut qu'il y ait quelque chose qui passe par le corps.
02:39 -Bonjour. Vous êtes ancien coach vocal d'Emmanuel Macron.
02:42 Merci d'être avec nous en direct.
02:44 Vous avez été coach vocal pendant combien de temps
02:47 avec le chef de l'Etat ?
02:49 -J'ai l'honneur de m'avoir invité à venir à vous.
02:52 J'ai fait travailler, donc,
02:54 Emmanuel Macron avant sa première...
02:57 -On vous entend ?
02:58 -On vous entend bien ? -...venue à l'Elysée.
03:01 Mais là, tout ce que je viens d'entendre,
03:03 remarquable, d'ailleurs...
03:05 -Ah, bravo. Bravo, Lucie.
03:07 -Vous parlez...
03:09 Vous parlez du fond, vous parlez de...
03:12 -De la forme.
03:13 -Moi, je n'ai jamais parlé...
03:15 -Vous parlez loin de fond.
03:16 -C'est comment vous préparez le président de la République
03:20 à intervenir un coach vocal ?
03:21 Ceux qui nous regardent, ils découvrent ça.
03:24 Ils ne s'imaginent pas un instant
03:26 que le chef de l'Etat apprend à parler en public
03:29 et à répondre à des interviews.
03:31 Racontez-nous comment ça s'est passé.
03:33 -Déjà, il faut connaître à fond
03:37 le produit que l'on a envie de proposer
03:41 à un auditoire, un public, à la France.
03:45 Mais ensuite, il y a la technique qui entre en jeu,
03:50 il y a le support du souffle,
03:53 que l'on n'apprend nulle part, malheureusement.
03:56 -Dites-nous... Non, non.
03:57 Jean-Philippe Lafon, ce qu'on voudrait savoir,
04:00 c'est sur quoi vous avez fait travailler le chef de l'Etat.
04:03 Quelles étaient ses faiblesses ?
04:05 -Je l'ai fait travailler sur les discours
04:10 qu'il devait prononcer dans les zénithes
04:14 avant, justement, d'être élu président.
04:17 Et je l'ai fait travailler d'une manière simple,
04:21 c'est-à-dire que je souhaitais
04:24 qu'il fût entendu, compris,
04:28 apprécié du mieux possible.
04:32 Et cela ne va pas, évidemment,
04:35 sans un contrôle, comme je viens de vous le dire,
04:39 du souffle, sans un rythme de la parole
04:44 suffisamment...
04:45 -C'est un exercice, ça ne s'apprend pas comme ça,
04:48 justement, Elodie. La voix, c'est important,
04:51 la gestuelle est importante aussi.
04:53 -Dans la communication non-verbale,
04:55 vous avez plusieurs dimensions différentes.
04:58 Le para-verbal, c'est tout ce qui est de l'ordre de la prosodie,
05:01 la tonicité de la voix, le débit de la parole,
05:04 est-ce qu'on parle lentement, vite, les accentuations,
05:07 est-ce qu'on va dans les aigus ou dans les graves ?
05:10 Tout ça, c'est une dimension.
05:12 C'est effectivement la dimension kinésique,
05:14 vous l'avez dit, les micro-expressions faciales.
05:17 -Est-ce qu'il y en a une ? -Oui.
05:19 -Lesquelles ?
05:20 -En fait, d'ailleurs, c'est très souvent...
05:23 -Vous pouvez remettre les images ?
05:25 -Les sourcils. -Les sourcils tout le temps.
05:27 Il a des sourcils très mobiles,
05:29 parce qu'il a énormément de rides qui apparaissent sur le front.
05:33 Je vous le disais, pédagogue,
05:35 c'est une bonne question,
05:36 car souvent, quand on bouge les sourcils,
05:38 ces fameuses rides, c'est une volonté de convaincre.
05:42 -Ah ! -Vous le saviez ?
05:43 -Ca tombe bien pour un pédagogue.
05:45 -C'est ce qu'on apprend dans les cours de portrait,
05:48 je suis portraitiste au départ,
05:50 et c'est effectivement les sourcils et la force de conviction
05:53 qui se lie dans toutes les rides qu'il a au-dessus.
05:56 -Souvent, lors de ses discours, il plisse aussi des fois les yeux.
05:59 Ca, ça tient à quoi ? Ca veut dire quoi ?
06:02 -C'est peut-être la recherche de détails.
06:04 Souvent, ça va avec ce type de pinces,
06:06 qui sont des pinces de précision.
06:08 -C'est pas quand il cherche du temps ?
06:11 Rires
06:12 -Il doit y avoir de ça aussi.
06:13 -Ca, on les apprend aussi, ce langage corporel ?
06:16 -Non, alors, ce qu'il y a d'important à comprendre,
06:19 c'est qu'effectivement, dans notre cerveau,
06:22 on a plusieurs parties, et il y a une partie de notre cerveau,
06:25 c'est les gestes volontaires.
06:27 Je suis à New York, je veux appeler un taxi,
06:29 je vais faire comme ça, je vais élever mon taxi,
06:32 c'est volontaire. Mais tout ce qui est de l'ordre
06:35 des expressions faciales, tout ce qui est de l'ordre
06:37 des mouvements d'épaule,
06:39 ou les orientations de buste,
06:41 on est sur des gestes qu'on appelle primo-réflexe,
06:43 et c'est pas la même zone du cerveau.
06:46 Les cours de médiatraining, oui, vous pouvez apprendre,
06:49 mais ça va être factice, parce que vous connaissez l'adage
06:52 "chasser le naturel", et revient au galop.
06:54 -Il y avait aussi eu un "loupé" d'Emmanuel Macron
06:57 qui avait oublié d'enlever sa... Vous vous souvenez ?
07:00 -Sa montre. -Une très belle montre
07:01 qu'il avait oubliée d'enlever.
07:03 Ca, on le rencontre en plein interview.
07:06 Ca, c'est une erreur.
07:07 -C'est une très belle transition, parce qu'il y a une autre dimension.
07:11 C'est la dimension symbolique.
07:12 Et là, c'est plutôt ce que vous évoquiez, les vêtements.
07:16 Est-ce qu'on met une cravate ? Pas une cravate.
07:18 Est-ce qu'on porte une montre ? Pas une montre.
07:21 Ce qui était étonnant dans ce débat,
07:23 pour les personnes peut-être aimables, naïves,
07:26 ou peut-être descriptives, elles vont se rendre compte
07:29 qu'à un moment donné, il y a la montre,
07:31 et il n'y a plus de montre.
07:33 Le président s'est rendu compte que ça faisait du bruit.
07:36 -Ce qui charge peut-être un peu plus la petite bête,
07:39 dont je fais partie, sans doute,
07:41 on se rend compte que ça a une partie du discours particulier,
07:44 parce que c'est au moment où il parle des riches, la taxation,
07:48 et donc la montre, là, bizarrement, qui est une montre d'un certain style.
07:52 -Il n'y a pas un conseiller en communication
07:54 qui dit "Monsieur le président, pensez à enlever cette montre".
07:58 -Ca a peut-être échappé,
08:00 parce que quand on regarde, la chemise tombe plutôt dessus.
08:03 -On peut qu'il soit parti en speed, et que les gens n'aient pas fait attention.
08:07 -Chaque choix vestimentaire n'est pas anodin.
08:10 Porte-t-il une couleur sombre, une couleur claire ?
08:13 Ca joue sur un message subliminal qu'il veut envoyer
08:16 concernant son accessibilité, sa connexion avec le public,
08:19 ou simplement l'assurance qu'il prétend avoir.
08:22 -Oui, tout à fait.
08:23 Ca, c'est aussi le "grand truc" des acteurs politiques.
08:27 Je les appelle acteurs, parce qu'effectivement,
08:29 là-dessus, c'est très contrôlé.
08:32 De gauche, on est plutôt chemise ouverte et pas de cravate,
08:35 et quand on est un peu plus institutionnel, droite, plus...
08:38 -Vous êtes tous de gauche, ensemble plateau !
08:41 Rires
08:42 -Ecoutez-le dire ! -On est à gauche du plateau !
08:45 -On est à gauche du plateau !
08:46 -Quand on se présente, effectivement,
08:49 l'antenne d'un président sans cravate,
08:51 ça n'existe pas, en tout cas pas encore.
08:53 [Musique]

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