HARCÈLEMENT - Dans la tête de ceux qui l'ont manié - Vidéo Dailymotion

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Qui sont les harceleurs et harceleuses ? Comment s'y prennent-ils ?Vincent Serrano a mené l'enquête pour RTL et recueilli d'édifiants témoignages. Regardez RTL Evènement du 27 septembre 2023 avec La rédaction de RTL.

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00:00 Vous êtes sur RTL.

00:02 RTL événement.

00:06 Événement ce matin, RTL a essayé de se mettre dans la tête des harcèleurs.

00:10 Le harcèlement scolaire, vous le savez, c'est un sujet qui nous tient à coeur,

00:13 qui touche un enfant sur dix et sur lequel on s'est très souvent mobilisés ici à RTL,

00:18 je pense notamment au petit Maël.

00:19 Et bien ce matin, et alors que le gouvernement présente son plan,

00:22 nous avons choisi d'essayer de comprendre le mécanisme qui pousse

00:25 certains enfants à en harceler d'autres.

00:28 Bonjour Vincent Serrano.

00:29 Bonjour à tous.

00:29 Et c'est vous qui avez mené cette enquête.

00:31 Quand on interroge les enfants harcelés, il y a une question qui revient quasiment à chaque fois.

00:35 Pourquoi on m'a fait ça ?

00:36 Oui, ce que nous a dit Mathéo cette semaine à la sortie de son cours de quatrième,

00:39 j'aimerais savoir ce qui se passait dans la tête de mes harcèleurs

00:42 quand je suis arrivé au collège.

00:43 J'étais une classe avec des gens qui me regardaient un peu, pas de travers,

00:45 mais ils voyaient que je n'étais pas quelqu'un de serein mentalement et tout.

00:48 Et du coup, ce qu'ils faisaient, c'est qu'ils s'en prenaient un peu à moi.

00:50 Et quand j'avais un peu de poids à l'époque, ils me bannaient un peu sur ça souvent.

00:53 Ils me disaient que j'étais gros.

00:54 Un jour, je me suis un peu défendu.

00:55 Ils m'ont dit "on va t'attendre dehors, tu vas voir ce qui va t'arriver".

00:57 Après, j'étais un peu stressé tout le reste de l'année parce que je me suis dit

00:59 ils vont attendre un moment où il n'y aura rien, personne, ils vont se jeter dessus.

01:02 Mais c'est justement ça qui détruit mentalement et qui pousse des fois les gens au suicide.

01:05 Voilà, ce qui motivait ces harcèleurs, c'était l'effet de groupe.

01:07 Alors, j'ai contacté des fédérations de parents, des associations de lutte contre le harcèlement,

01:11 des psychologues, des psychiatres.

01:12 Aucun n'a réussi à me mettre en relation avec un harcèleur ou ses parents.

01:16 Il y a trop de honte pour en parler.

01:23 Aujourd'hui, bourreau de plusieurs élèves dans ses années collège.

01:26 Je me souviens de deux petites filles en primaire et un petit garçon.

01:30 Pour eux, ça devait être l'enfer d'aller à l'école.

01:33 C'était des intimidations dans la cour de récréation, des coups de pied, des coups

01:38 de poing.

01:39 Et c'était plus, si tu le redis à ton père, ça sera encore pire la prochaine fois.

01:44 Des coups de pied, même si l'enfant était au sol, je pouvais continuer de taper.

01:47 Mais Vincent, est-ce qu'elle vous a expliqué pourquoi elle faisait tout ça ?

01:51 On était assis sur un banc et c'est à ce moment-là qu'elle a baissé la tête.

01:54 Elle a enlevé comme ça, elle a remis sa bague sans arrêt, les jambes serrées, comme

01:58 un enfant qui venait de faire une bêtise.

02:00 À la maison, comme je subissais la violence de mon frère qui me frappait et que je ne

02:04 pouvais pas me défendre, pour moi c'était une façon de déchaîner ma colère.

02:08 Et surtout aussi ce côté d'injustice.

02:10 Quand les parents venaient, il y avait ce côté un peu « ouais, tes parents sont là

02:15 pour te protéger, que pas moi ».

02:17 Qui vous a aidé à l'époque ?

02:18 Personne ne m'a aidé en fait.

02:19 Il lui a fallu 15 ans et une psychothérapie pour mettre seul le mot « harcèlement »

02:24 sur ce qu'elle avait fait.

02:25 Alors on sent, on comprend Vincent en entendant ce témoignage qu'un élève harceleur a

02:29 comme les harcelés souvent besoin d'aide.

02:32 Oui, parce que comme Virginie a un enfant harceleur, aujourd'hui et pas toujours,

02:34 mais souvent, d'abord un enfant harcelé.

02:36 Ce que m'a confirmé Nathalie Eude, psychologue syndiquée UNE-ÇA pour l'éducation nationale.

02:40 C'est un mécanisme de défense.

02:42 Il y a quand même une grande proximité dans les mécanismes psychiques à l'œuvre.

02:47 Il y a un tas de signes.

02:49 Ça peut être effectivement des changements d'humeur, une baisse des résultats scolaires,

02:52 des difficultés d'endormissement, une perte d'appétit, des cauchemars, enfin des régressions.

02:57 Énormément d'enfants harcelés qui sont potentiellement harceleurs et inversement.

03:02 Le problème pour elle, c'est que ce qui a manqué à Virginie, c'est qu'il n'y

03:05 a pas de suivi psychologique systématique des enfants harceleurs.

03:08 Très concrètement, il y a environ 7000 psychologues de l'éducation nationale, ce qui représente

03:15 une moyenne d'un psychologue pour environ 1500 élèves.

03:19 Ça peut aller jusqu'à 3500 élèves pour un psychologue.

03:22 C'est impossible, pas suffisamment de moyens.

03:24 Il faut donc d'après elle accentuer l'aspect prévention pour éviter en amont le harcèlement.

03:28 Et surtout de ne pas isoler les enfants hauteurs de harcèlement.

03:32 Ce qui a tenu à me dire Virginie à plusieurs reprises de toute façon.

03:35 Parce que les harceleurs sont forcément montrés du doigt comme étant des monstres justement.

03:39 Et on ne se pose pas la question suffisamment sur pourquoi ils sont devenus comme ça.

03:44 Parce qu'on ne devient pas méchant naturellement en soi.

03:47 Normalement, on a de l'empathie.

03:49 J'ai réussi à retrouver ces enfants-là sur Facebook, une fois d'adulte, où je me suis

03:54 excusée du mal que j'avais pu faire, que je ne me rendais pas compte.

03:57 Ils ne m'en ont pas voulu.

03:59 Virginie qui est maman aujourd'hui, elle a peur qu'un de ses enfants devienne harcelé

04:04 ou harcelé.

04:05 Et les harceleurs parfois ont été harcelés auparavant.

04:08 de la France.

04:09 Merci.

04:09 [SILENCE]

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