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  • 05/09/2023
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00:00 [Musique]
00:16 Pour commencer, Marie-Emilie Dutoy, qui va nous présenter une façon générique et historique,
00:29 de l'OTAN. Marie-Emilie.
00:32 Bonjour à tous. Donc, l'OTAN, comme on le sait, est née au moment de la guerre froide.
00:39 Mais c'est vrai que dans le souvenir de la plupart des gens, on a l'opposition, l'OTAN pour le camp occidental,
00:46 le pacte de Varsovie pour le camp de l'Est, et finalement on oublie parfois la chronologie.
00:51 Donc je pense que ce qui est important à rappeler, c'est que l'OTAN, en fait, est le premier.
00:56 C'est pas l'OTAN qui est créé en réaction au pacte de Varsovie et les Etats-Unis et les pays européens inquiets
01:02 qui décident de s'allier. Ce sont d'abord les Etats-Unis qui décident de donner une forme à l'alliance militaire
01:09 issue de la Seconde Guerre mondiale avec les pays occidentaux. Et en réaction, en réalité,
01:16 et en réaction à l'adhésion de l'Allemagne de l'Ouest, la RFA, à l'OTAN, Moscou fait signer le pacte de Varsovie
01:25 pour organiser de son côté sa propre alliance. Donc je pense que c'est toujours bien de remettre un petit peu
01:31 en relation l'effet chronologique, puisque à ce moment-là, comme par la suite également,
01:39 on voit que le premier geste est posé par les Etats-Unis et qu'ensuite le bloc de l'Est réagit un peu en réaction.
01:47 Donc la spécificité de l'OTAN, c'est qu'il y a un traité d'alliance. Ça, c'est assez banal du point de vue historique,
01:55 surtout dans des situations de tensions internationales importantes. Mais la spécificité, c'est cette organisation militaire
02:04 qui est assez unique au monde et qui fait qu'on a une force de frappe tout à fait importante et qui est tout à fait
02:16 satisfaisante pour les Etats-Unis, puisque les Etats-Unis, grâce à l'OTAN, augmentent leurs moyens militaires,
02:24 puisqu'ils ont à leur disposition les moyens militaires des pays de l'Alliance Atlantique, en plus des leurs,
02:31 et ils ont également, en termes logistiques, les bases et les sites en Europe qui leur permettent d'asseoir leur puissance militaire.
02:41 Donc évidemment, tout ça dans le contexte de la guerre froide et de la guerre de Corée au début des années 50
02:51 et qui font que tout le monde se prépare à une troisième guerre mondiale qui semble à cette époque-là probable,
03:00 en tout cas possible. Et donc les Etats-Unis veulent absolument conserver une puissance militaire présente en Europe
03:08 et pas seulement dans la zone occupée en Allemagne. Et les pays européens eux-mêmes, qui ont quand même beaucoup souffert
03:17 de la seconde guerre mondiale, ne sont pas mécontents d'avoir l'appui américain tout de suite.
03:24 Dans notre côté, au début des années 50, on a les projets de défense européenne, la fameuse CED,
03:31 qui est finalement rejetée par les parlementaires français, ce qui explique l'adhésion de la RFA et donc en réaction le pacte de Varsovie,
03:41 puisque pendant longtemps, il y a cette hésitation. Est-ce qu'on fait une défense européenne ? Est-ce qu'on fait une défense atlantique ?
03:49 Et globalement, à chaque fois, c'est l'appui américain qui l'emporte, notamment parce que les Américains sont capables de faire un lobbying
03:58 tout à fait important et d'autre part parce que la défense européenne sans les États-Unis, de toute façon, ça pose déjà un certain nombre de problèmes.
04:08 Ce n'est pas à vous que je vais dire que ce n'est pas forcément la solution que nous prenons non plus.
04:14 Donc le problème principal, c'est que ça met tous les pays européens sous cette tutelle américaine,
04:23 et notamment pour ce qui est de l'armement nucléaire au début des années 50, c'est extrêmement problématique,
04:29 puisque l'arsenal nucléaire de l'OTAN, c'est l'arsenal nucléaire américain, et ça ne laisse aucune possibilité,
04:38 ni technique, ni politique, aux pays de l'Alliance pour gérer leur propre arsenal nucléaire et leur propre technologie.
04:46 Dans ces conditions, le Royaume-Uni, qui pourtant est un franc partisan de l'Alliance atlantique,
04:53 et l'a toujours été et l'est encore de manière extrêmement forte, néanmoins le Royaume-Uni a un minimum conscience de ses propres intérêts,
05:03 et donc du point de vue nucléaire, préfère avoir son propre arsenal, sa propre base, et il en est de même pour la France,
05:12 qui est elle aussi réticente à se contenter du parapluie nucléaire américain pendant la guerre froide.
05:18 L'OTAN présente un certain nombre d'avantages, et on voit bien que quand De Gaulle arrive au pouvoir en 1958,
05:26 il ne sort pas de l'OTAN tout de suite. Il commence par essayer de négocier avec les Américains,
05:32 et notamment avec Eisenhower, qui est le responsable de l'OTAN à ce moment-là,
05:35 une forme de rééquilibrage des processus de décision et du pouvoir de la France au sein de l'OTAN.
05:44 Néanmoins, quand il se rend compte que ce n'est pas possible, et que l'OTAN ne défendra jamais les intérêts français,
05:51 mais défendra toujours les intérêts américains, et que d'un point de vue de souveraineté,
05:55 ça met l'armée française dans une situation de dépendance et d'incapacité à agir par elle-même,
06:03 et la France en incapacité de gérer sa propre politique étrangère, dont le volet militaire est toujours important,
06:13 il finit par décider de quitter le commandement intégré de l'OTAN.
06:18 Cette décision est prise en 1965. Il faut bien se rappeler que c'est une décision qui est extrêmement forte,
06:23 puisque la plupart des quartiers généraux de l'OTAN à cette époque-là sont en France,
06:28 puisque la France avait des instructives. C'est la France, en fait, le seul pays qui avait une armée digne de ce nom sur le continent européen
06:36 dans les années 50, puisque l'armée allemande avait subi quelques pertes,
06:41 et les autres pays n'avaient pas d'armée aussi conséquente.
06:45 Donc tous les QG de l'OTAN étaient en France. Ils sont tous déplacés, notamment en Belgique,
06:53 où le siège de l'OTAN est désormais installé.
06:58 C'est plus qu'une décision symbolique, c'est vraiment une décision importante,
07:03 et qui a pu susciter des réactions assez négatives, notamment en France.
07:09 Mais pour de Gaulle, c'est clair, c'est absolument impossible que la France ait sa propre politique de dissuasion nucléaire,
07:18 sa propre politique militaire, sa propre politique de défense et de technologie militaire,
07:23 et en même temps ne faire partie du commandement intégré de l'OTAN,
07:26 puisque ça veut dire qu'on se soumet totalement aux forces armées américaines.
07:31 Ce qui est intéressant de noter, c'est que pendant toute cette période de la guerre froide,
07:36 l'OTAN, qui a été conçue comme une force d'intervention militaire du camp occidental,
07:40 ne réalise en réalité aucune intervention militaire.
07:44 Donc, comme la guerre froide est une période de très très fortes tensions,
07:48 évidemment tout le monde est relativement inquiet que ces tensions puissent dégénérer.
07:54 Il y a quand même des moments extrêmement tendus,
07:58 où la guerre semble vraiment question de jours, si ce n'est d'heures.
08:04 Et en réalité, durant toute cette période, le face-à-face entre le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest
08:11 en Europe, un face-à-face non militaire, mais avec une très forte présence militaire.
08:17 Donc c'est une démonstration de force, mais de force non utilisée.
08:20 Donc l'OTAN a un gros rôle de dissuasion.
08:24 On va passer directement à la fin de la guerre froide,
08:28 puisque c'est à ce moment-là que l'OTAN change complètement de nature,
08:31 puisque ce qui paraît logique, une fois que l'URSS disparaît, c'est que l'OTAN disparaisse aussi.
08:36 Une fois que le pacte de Varsovie disparaît, on pourrait se dire que la logique, c'est que l'OTAN disparaisse.
08:41 Et à ce moment-là, au début des années 90, beaucoup de gens pensent que l'OTAN n'a plus vocation à exister.
08:48 Et néanmoins, l'OTAN continue à exister,
08:53 notamment sous la pression des ex-pays de l'Est,
08:58 qui n'ont pas tellement confiance dans l'avenir de la Russie et de la politique étrangère de la Russie,
09:06 et donc décident que le parapluie américain, c'est le parapluie qu'ils veulent.
09:10 Et on a un choix très clair de tous les pays de l'Est,
09:14 notamment la Pologne, qui est un des plus importants, en tout cas quantitativement.
09:20 A chaque fois, depuis les années 90, chaque fois que la Pologne aura un choix de défense à faire,
09:25 ce sera le choix américain.
09:28 Et le symbole le plus clair, c'est que le lendemain de son adhésion à l'Union européenne,
09:32 la Pologne achète des avions de guerre américains.
09:35 Et tous les pays de l'Est sont dans cette logique-là, et défendent l'OTAN à fond.
09:42 Et les années 90 voient l'OTAN commencer à agir militairement,
09:47 ce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de faire jusqu'à présent,
09:51 avec des opérations qui sont des échecs, globalement.
09:56 Le premier champ d'intervention de l'OTAN, c'est la Yougoslavie,
10:00 et la guerre en Yougoslavie, avec d'ailleurs les forces de l'OTAN,
10:04 qui sont toujours présentes au Kousovo, puisque la situation n'est pas réglée.
10:09 Donc on peut dire que ça soit une grande réussite.
10:12 Le deuxième grand champ d'intervention de l'OTAN, c'est l'Afghanistan,
10:16 qui n'est pas vraiment dans l'Atlantique Nord, mais peu importe.
10:21 On sent là qu'on a un élargissement du champ d'action de l'OTAN
10:25 à des endroits qui n'ont rien à voir avec l'origine.
10:30 Et là encore, ça se solde par un échec, puisqu'on n'est plus en Afghanistan,
10:35 mais du point de vue de l'objectif qui était d'empêcher les talibans
10:40 d'avoir le pouvoir en Afghanistan, on a un échec complet de cette intervention.
10:46 On a de nombreuses autres interventions de l'OTAN depuis le début du XXIème siècle,
10:53 et on voit bien que l'OTAN est devenu le bras armé des Etats-Unis,
10:57 qui permet aux Etats-Unis de répartir leurs efforts de guerre
11:00 sur les pays membres de l'Alliance, l'exception étant la deuxième guerre d'Irak,
11:05 puisque avec l'opposition de la France, c'était plus compliqué d'impliquer l'OTAN.
11:10 Mais on voit bien que l'OTAN est vraiment devenu le bras armé des Etats-Unis.
11:16 En Europe, l'OTAN est vraiment défendue au niveau européen par les pays de l'Est
11:22 et par un certain nombre d'autres pays aussi,
11:26 toujours dans l'idée que le parapluie américain, c'est ce qui nous protège,
11:31 et finalement d'un certain nombre de pays qui n'aiment pas la France,
11:35 donc ne veulent pas d'une hégémonie française qui craignent au niveau militaire,
11:38 et donc préfèrent une hégémonie américaine, parce qu'au moins comme ça, ce n'est pas les Français.
11:44 C'est un peu caricatural, mais je ne suis pas sûre que ce soit complètement fou.
11:50 Et bien sûr, nous arrivons aujourd'hui, dans les années 2020,
11:55 probablement à une nouvelle phase d'existence de l'OTAN,
11:59 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine et ses évolutions,
12:04 et l'adhésion de nouveaux pays, notamment des pays scandinaves comme la Finlande,
12:09 qui jusqu'à présent était restée tout à fait à l'écart de ces questions militaires,
12:14 et puis l'Ukraine, bien sûr.
12:17 Et donc, je vais laisser les prospectives à mes camarades,
12:24 et ce qu'on voit, c'est que l'OTAN a changé de nature depuis la fin de la guerre froide,
12:29 pour devenir une vraie organisation militaire d'intervention au service des États-Unis,
12:35 et qui a permis aux États-Unis de se passer de l'ONU,
12:41 puisque dans le même temps où l'OTAN a pris une grande importance
12:45 et est devenue très active sur la scène internationale,
12:48 on voit bien que les Casques Bleus et l'ONU, en revanche,
12:51 eux, s'ils n'ont disparu, du moins, n'ont plus du tout la même importance qu'ils pouvaient avoir autrefois.
12:57 Et du point de vue des relations internationales,
13:02 on voit que l'OTAN a pris une importance considérable,
13:04 qui n'est pas forcément en notre faveur.
13:07 Merci Marie-Hélène, que nous vous fassions l'applaudissement pour cette belle présentation de l'OTAN.
13:15 Je vous propose de rentrer plus en avant dans le détail de cette institution,
13:21 et nous allons aborder maintenant la question cruciale.
13:25 Pourquoi sortir de l'OTAN ?
13:27 Comment crédibiliser cette hypothèse ?
13:30 Ou formuler autrement, devons-nous rester à la table des convives pour festoyer,
13:38 sachant que les États-Unis ne laisseront que les restes ?
13:41 Ou tout au contraire, sortir de cette table pour nous consacrer à notre propre rôle ?
13:48 Geoffrey.
13:50 Merci, merci beaucoup Marie-Amélie.
13:53 Effectivement, ce que tu as bien montré sur la fin de ta démonstration,
13:57 c'est que l'OTAN, d'alliance défensive, est devenue en réalité une alliance offensive.
14:03 Et c'est une raison supplémentaire de la quitter,
14:06 car avec une politique ouvertement belliciste qui vise à engager maintenant des opérations militaires,
14:12 et plus simplement à adopter une posture de défense,
14:15 on peut se retrouver, on se retrouve déjà malgré nous, engagés dans des conflits qui ne sont pas les nôtres.
14:21 On le voit, les théâtres d'opérations sur lesquels intervient l'OTAN dépassent très largement l'Europe.
14:27 Et donc, on sent bien que la nature prétendument initiale de cette organisation a changé.
14:35 C'est donc bel et bien le bras armé des Etats-Unis, c'est de plus en plus assumé comme tel,
14:40 à tel point que, d'ailleurs je me permets d'anticiper la future question,
14:45 l'objectif OTAN 2030, qui est donc pour bientôt,
14:50 qui a été adopté au dernier sommet de Madrid,
14:54 assume cette transformation et cette évolution de l'OTAN vers une alliance, donc je le disais, offensive.
15:01 Très officiellement, dans le concept stratégique de l'organisation,
15:05 c'est-à-dire le document qui définit la politique de l'organisation au niveau international,
15:10 qui a été adopté par les Etats membres de l'alliance,
15:14 la Chine, la Russie sont désignées comme des adversaires à combattre.
15:20 Est-ce vraiment le rôle d'une alliance défensive de désigner des adversaires et de préparer ces Etats à les combattre ?
15:30 Je ne suis pas certain, surtout qu'encore une fois, on s'éloigne évidemment du théâtre initial, qui est le théâtre européen.
15:37 Donc l'OTAN, qui n'a plus de raison d'être en réalité depuis l'effondrement de l'Union soviétique,
15:41 se cherche une nouvelle raison d'être et en réalité reprend ce qui a toujours été sa nature,
15:46 c'est-à-dire être le bras armé de la politique américaine,
15:48 et donc cet objectif OTAN 2030 reprend en fait les grandes lignes de la politique étrangère américaine.
15:55 Ce sont les mêmes termes, les mêmes objectifs, les mêmes mots qui sont employés par le département d'Etat américain
16:02 que par l'OTAN qui prétend avoir sa propre politique.
16:07 Donc étant la même chose, avons-nous intérêt à rester dedans ? Bien sûr que non.
16:12 Parce que cette alliance avec ses textes et son organisation, elle est contraignante.
16:18 Si elle provoque des conflits et qu'en réaction des pays attaquent un membre de l'OTAN, nous serons engagés dedans.
16:25 On le voit là très clairement, et je laisserai évidemment Romain développer ce point avec le conflit ukrainien,
16:32 avec l'hystérie, et ça peut dire qu'en bien même on peut les comprendre d'un point de vue historique,
16:36 des pays de l'Est vis-à-vis de la Russie, on est à deux doigts d'un conflit ouvert entre un pays membre de l'OTAN et la Russie.
16:43 Et le jour où ce conflit arrivera, où ce casus belli se produira, on sera à nouveau au bord d'une troisième guerre mondiale,
16:50 car l'OTAN, si elle se respecte elle-même, devra intervenir, et ses Etats membres devront s'engager militairement contre la Russie,
16:57 qui est une puissance nucléaire, on le rappelle, et donc il est difficile d'envisager en cas de conflit militaire ouvert et direct
17:03 une issue qui ne se termine pas par un feu nucléaire.
17:07 Entendu que sur le plan conventionnel, à priori la Russie serait rapidement, si en tout cas les Américains mettent à les moyens,
17:17 probablement dépassée, donc il ne lui restera à elle que l'arme nucléaire pour faire face, et ensuite avec les réponses, c'est la fin du monde.
17:25 Donc ce danger est réel, il est plus réel que jamais.
17:30 Moi je ne suis pas pessimiste par nature, j'ai tendance à penser que la folie n'ira pas jusque là, mais en même temps,
17:37 ça fait plusieurs années, et on le voit sur d'autres sujets, que la folie tente à inspirer nos dirigeants un peu partout dans le monde, donc allez savoir.
17:45 Mais voilà, toujours est-il que l'OTAN est une organisation qui a changé de nature, qui s'assume maintenant comme une alliance offensive,
17:51 et c'est une raison supplémentaire de la quitter, car évidemment la France, elle, doit conduire sa propre politique,
17:58 défendre ses propres intérêts, et nous c'est évidemment l'idéal que nous nous faisons.
18:03 Nous souhaiterions que nos dirigeants soient inspirés par les mêmes ambitions et les mêmes vues, et on ne peut que regretter que ça ne soit pas le cas.
18:11 Alors, faisons néanmoins l'hypothèse que des dirigeants patriotes arrivent à la tête de la France, et que nous quittions l'OTAN,
18:19 dans le cas d'un pays comme la France, sur le plan militaire, ça ne nous causerait pas beaucoup de problèmes.
18:27 Qu'est-ce que c'est que d'avoir un outil militaire de défense indépendant ?
18:33 C'est d'une part avoir une armée calibrée aux besoins et aux ambitions du pays, idéalement sans carence capacitaire,
18:39 c'est-à-dire une armée capable de mener tous les types de missions en totale autonomie, sans dépendre d'un autre pays,
18:46 et c'est également disposer d'un appareil productif de défense, à même de répondre entièrement aux besoins des armées du pays.
18:54 Aujourd'hui, très peu de pays dans le monde cochent ces deux conditions.
18:58 Les Etats-Unis, assurément, la Russie, la Chine, et c'est difficile d'en citer beaucoup d'autres,
19:05 mais la France n'est pas loin d'être dans cette configuration.
19:09 Elle a encore un appareil de défense productif, qui est, j'en reviendrai peut-être, menacé par nos propres dirigeants,
19:17 qui cherchent toujours à favoriser des alliances et des fusions au niveau européen, ce qui est une grosse erreur.
19:24 Il faut évidemment que le capital et les usines soient en France,
19:28 et que l'ensemble du dispositif du tissu industriel militaire reste 100% national.
19:34 Mais cet outil existe encore, il est prégnant, il a plus de 200 000 emplois.
19:40 On le voit aujourd'hui, les rares domaines où la France met un excédent en termes de commerce extérieur,
19:46 c'est l'aéronautique et la défense.
19:48 Donc cet outil industriel existe, il faut juste le protéger et le développer davantage.
19:54 Quant à avoir une armée calibrée aux besoins du pays, là, ce n'est clairement pas le cas.
20:00 On a une armée chantillonnaire, et il faudrait au minimum doubler les formes de défense par rapport à ce qui est prévu pour y arriver.
20:09 Mais vous voyez, là où je ne suis pas totalement pessimiste, c'est que les bases sont encore là pour réussir ce sursaut.
20:17 Si on a une volonté politique et qu'on met les moyens, on peut augmenter le format de nos armées à un niveau satisfaisant,
20:23 et pour la même raison, on peut maintenir et développer notre outil industriel.
20:28 On les a encore.
20:30 Je veux rester optimiste sur ce point.
20:33 Non mais tu as raison de nuancer, mais ce que je veux dire, c'est que si on voulait se donner les moyens...
20:38 Oui, oui, non mais...
20:40 D'ailleurs, ce n'est pas l'objet de la table ronde, mais si on prenait par détail les différentes industries,
20:45 l'armée de terre, la terre-mer, air, et qu'on voyait ce qui est fait, effectivement, il faut reprendre.
20:51 Mais ce ne serait pour moi qu'une question de volonté politique.
20:55 On a encore les ingénieurs, on a encore les formations, et ça supposerait un développement considérable.
21:01 Si, si, si, je suis un peu pessimiste.
21:04 Oui, non mais donc, tout n'est pas encore perdu, on peut le faire, et la preuve, c'est qu'on produit encore.
21:09 Mais c'est sûr qu'on est à une période stratégique, on est à un point de bascule.
21:14 Par exemple, on l'a vu, il y a une grosse actualité en ce moment sur le SCAF,
21:18 donc le futur avion de combat qui est censé remplacer le Rafale.
21:22 Nous, nous avons toujours été partisans d'ailleurs, comme d'assaut, d'une solution 100% nationale,
21:27 puisque nous avions été capables de faire le Rafale, lui faire un successeur 100% français.
21:31 Macron, pétri d'idéologie européiste, a tenu absolument à faire un avion avec les Allemands,
21:37 et ça peut dire que ça se passe mal, puisque déjà, les Allemands nous embêtent sur les transferts technologiques,
21:45 sur le partage du travail industriel, sachant que sur ce point, les négociations n'ont même pas commencé.
21:50 On est qu'au stade des prototypes et des éléments technologiques.
21:57 Et on vient d'apprendre dernièrement que les Allemands à qui on avait délégué
22:01 l'intelligence artificielle à bord de l'avion, ont désigné un industriel américain, IBM,
22:10 pour travailler à ce développement technologique, ce qui évidemment, nous, ne peut pas nous convenir,
22:16 ce qui fait entrer le loup dans la bergerie, et ce qui montre là, et illustre une fois encore,
22:20 que quand on cherche à faire quelque chose en européen, ça finit en américain.
22:25 Donc, c'est une nouvelle illustration.
22:28 [Applaudissements]
22:33 Mais, ceci dit, moi, ça ne me satisfait pas non plus de le faire en européen, je veux le faire en français. Point.
22:39 [Applaudissements]
22:44 Donc, digression à part sur l'OSCAF, mais qui montre bien qu'on est...
22:48 Voilà, c'est maintenant, quand on décide de lancer les grands projets d'armement,
22:52 surtout un avion de combat qui est quand même quelque chose de considérable,
22:56 c'est pour les 30 prochaines années, voire les 50 prochaines années,
23:00 c'est maintenant qu'il faut faire le choix. On ne pourra pas se retourner.
23:03 On aura encore l'occasion de se retourner, je crois vraiment, tant que la phase industrielle n'est pas lancée,
23:07 on peut encore se retourner, je pense, et faire un avion 100% français.
23:11 Le jour où la phase industrielle sera lancée, ça sera trop tard.
23:15 Donc, nous verrons bien ce qui se passera, nous verrons bien si les français prennent conscience
23:19 des enjeux stratégiques qui les concernent et mettent des dirigeants soucieux de défendre leurs intérêts au pouvoir.
23:24 Autrement, c'est sûr que ça risque d'être un petit peu difficile.
23:30 Pour revenir à notre appartenance à l'OTAN et les raisons pour lesquelles il faut en sortir,
23:35 Maria Mili l'a bien dessiné, c'est une alliance militaire et politique.
23:42 Si on veut une politique étrangère indépendance, il faut un outil de défense indépendant, ça c'est évident.
23:49 Mais si vous êtes dans l'OTAN, vous êtes vu par le reste du monde comme un supplétif des États-Unis.
23:54 Et c'est le cas, de toute façon. On ne peut pas être dans l'OTAN et dire
23:58 "non, non, mais nous avons notre propre politique, nos propres intérêts".
24:01 Non, si vous êtes dans l'OTAN et que vous vous retrouvez à adopter les mêmes positions que vos alliés
24:06 en l'espèce des Américains sur à peu près tous les sujets de la politique étrangère, vous n'êtes pas indépendant.
24:11 Donc quand on a une vision d'indépendance, on est obligé de sortir des instances supranationales.
24:17 C'est pour ça que les patriotes, lorsqu'ils prônent la sortie de l'Union Européenne,
24:20 Florian ainsi naturellement ajoute "et la sortie de l'OTAN, et la sortie de la SEDH".
24:24 Ça veut dire que toutes les instances qui contraignent notre politique en tous domaines,
24:28 donc l'OTAN nous contraint en matière de politique étrangère et de défense,
24:32 les autres organisations dans tout le reste, et donc l'OTAN comme le reste,
24:36 il faut l'uniquer d'abord lorsqu'on a un idéal d'indépendance pour pouvoir défendre sa propre voie.
24:42 C'est une évidence. D'autant que l'OTAN ne nous apporte rien.
24:46 Et non seulement ne nous apporte rien, mais nous pousse même une certaine paresse.
24:50 L'OTAN notamment engage ses GÉTAT membres à faire un effort de défense minimum de 2%.
24:57 On pourrait croire que c'est une bonne chose.
24:59 Bon d'une part c'est un effort qui est demandé uniquement pour pouvoir acheter du matériel américain,
25:04 donc en fait c'est juste pour se dégager un marché pour l'industrie de défense américaine.
25:09 Mais en fait les États Européens ça les pousse surtout à une certaine paresse.
25:13 Donc ils s'autorisent, peu importe d'ailleurs très peu atteignent l'objectif de 2% du PIB en matière de défense,
25:18 mais ensuite ils s'autorisent à avoir, et c'est le cas de la France aussi, un certain nombre de carences capacitaires.
25:24 Notamment la France, parce qu'elle ne fait pas les efforts financiers,
25:27 a un peu renoncé à avoir ce qu'il lui fallait en matière de transport stratégique,
25:31 en matière de ravitaillement, en matière même de renseignement.
25:35 On a pris conscience de notre retard, donc on essaye là de le rattraper un petit peu.
25:40 Et pourquoi est-ce qu'on a laissé ces carences se développer ?
25:42 Parce qu'on se reposait un peu sur l'OTAN.
25:44 On disait "bon de toute façon si on a besoin de transport on demandera aux Américains,
25:47 si on a besoin de munitions on fera la même chose".
25:50 Ce qui est un très mauvais calcul, puisque les Américains ne répondent pas toujours présents.
25:55 Mais en tout cas c'est la situation qu'on a laissé perdurer.
25:58 Donc ça pousse les États à une certaine paresse, et la France ne fait pas exception.
26:03 Le seul avantage, si on essaie d'être objectif, de l'appartenance à l'OTAN,
26:09 je dirais que ce serait un avantage opérationnel,
26:11 parce que l'OTAN a mis en place des structures qui facilitent les opérations militaires entre alliés.
26:17 Mais lorsque l'on projette d'avoir un outil de défense pleinement indépendant,
26:22 donc avec un outil sans carences capacitaires,
26:25 cette dimension des opérations entre alliés, par nature, n'est pas essentielle.
26:30 Puisque l'on est censé se mettre en situation d'assumer nous-mêmes nos besoins,
26:34 et de remplir nous-mêmes les missions qui nous intéressent.
26:37 Et si toutefois on devait également mettre en place ces opérations entre alliés,
26:42 on peut le faire, ce n'est pas un avantage à ce point insurmontable.
26:46 On peut parfaitement monter des opérations entre alliés, avec des pays d'ailleurs qui sont hors OTAN,
26:50 et on le fait, tout en étant dans l'OTAN, donc c'est la preuve que c'est possible.
26:54 Et il ne tiendrait qu'à nous, au gré de nos alliances et de nos intérêts, de développer ce point.
26:59 Donc si on vous dit "mais si on sort de l'OTAN, on se retrouve tout seul pour mener nos opérations militaires",
27:03 bullshit, c'est faux.
27:05 Et d'abord, parce que vous auriez les moyens militaires de les mener vous-mêmes.
27:09 Et ensuite vous pouvez mener vos propres alliances, et mettre en place vos propres structures.
27:13 Donc ça n'est pas indépassable du tout.
27:16 Et sur tous les autres points, si on resonne en termes militaires, la France n'a pas besoin de l'OTAN.
27:20 Elle n'a pas besoin du parapluie nucléaire américain, puisque nous avons notre propre dissuasion nucléaire,
27:25 et que nous faisons à peu près ce qu'il faut, je dis bien à peu près,
27:28 parce qu'en fait il y a plein de petits problèmes quand même, pour avoir une dissuasion 100% nationale,
27:33 c'est-à-dire que ce soit au niveau de la recherche, du développement industriel,
27:37 et ensuite du développement des vecteurs et des armes nucléaires.
27:40 C'est pas parfait, mais on est quasiment dans un processus 100% national,
27:46 donc on n'a pas besoin des Américains pour le parapluie nucléaire.
27:49 Et en dehors de ça, l'OTAN ne nous apporte rien, puisqu'elle ne fait que nous exposer en réalité
27:54 aux choix politiques des Américains, à leur impopularité mondiale,
27:58 et à leur tendance désastreuse à provoquer des conflits.
28:03 Donc aussi bien pour des raisons politiques, d'abord politiques en réalité,
28:10 mais même secondairement militaires, on n'a aucun intérêt à y rester,
28:14 et on a tout intérêt à en sortir, c'est comme pour le Frexit,
28:18 il faut retrouver les outils de notre liberté, et retrouver aux yeux du monde cette indépendance.
28:26 Je veux dire, on n'est jamais puissant que par rapport aux autres,
28:30 et je vais vous donner des données très relatives, c'est la même chose qu'on a l'indépendance.
28:34 On est indépendant si par rapport aux autres on est indépendant,
28:37 et si les autres nous voient comme tels.
28:39 Donc sortie de l'OTAN, sortie de l'Union Européenne, évidemment même combat.
28:44 Je dirais juste un mot sur certains projets qui sont liés à l'OTAN 2030,
28:51 parce que ce n'est pas que des intentions de déclarer des objectifs en termes de géopolitique,
28:57 ce sont aussi des règles contraignantes, parce que l'OTAN change ses règles de fonctionnement.
29:01 Ils instaurent notamment maintenant une pratique de concertation entre alliés avant les sommets internationaux,
29:07 et ça c'est nouveau, c'est-à-dire que maintenant avant le G20, avant les assemblées générales de l'ONU,
29:12 il y a une réunion des ambassadeurs de l'OTAN pour essayer de fixer une ligne commune,
29:18 en réalité c'est pour que les Américains donnent leurs consignes au pays,
29:23 et mettent en œuvre leur politique.
29:25 Donc ça c'est nouveau, c'est une raison supplémentaire d'en sortir.
29:28 C'est la fin du consensus, avec une réduction du droit de veto des États,
29:34 puisque la plupart des décisions sont censées être prises à l'unanimité.
29:38 Un peu comme avec l'Union Européenne d'ailleurs, cette règle du droit de veto vole en éclats,
29:46 pour préférer le consensus, c'est-à-dire imposer des décisions à des pays qui n'en voudraient pas,
29:51 cette évolution aussi va nous pousser à sortir de l'OTAN.
29:55 Je vais à présent laisser la parole à Romain, qui va je pense un peu plus développer sur le plan géopolitique,
29:59 la nuisance de l'OTAN sur le reste du monde.
30:02 Je vais commencer par une petite citation.
30:05 Ma manière de voir l'Europe unie devenant un partenaire égal des États-Unis d'Amérique,
30:09 et cette Europe, non pas la France seule, c'est cette Europe qui devrait jouer cette grande partie
30:16 en direction du Tiers-Monde et de l'Amérique latine, mais dans l'unité atlantique.
30:20 Or, je vois qu'avec crainte, l'initiative unilatérale d'indépendance nationale dans laquelle on se complaît
30:28 produit des troubles graves dans l'Alliance Atlantique.
30:31 Jean Lecane lui-même en 1964, pour condamner la reconnaissance unilatérale de la Chine populaire par le général de Gaulle.
30:42 Voilà. Donc, cette citation, ça aurait pu être celle de Macron lors d'un débat d'entre-deux-tours il y a dix ans de cela.
30:55 Alors, regardons maintenant...
30:59 Et j'ai pris cette citation à dessein parce que la question qui est posée est une question qui est d'actualité.
31:09 Aujourd'hui, le président Xi de la République, Xi a récemment déclaré qu'une intervention militaire chinoise à Taïwan
31:27 serait une agression contre son voisin. Ah bon ?
31:32 En 1964, quand la France du général de Gaulle a reconnu la Chine populaire, on a précisé dans les communiqués
31:43 que c'était toute la Chine incluant Hong Kong, incluant Macao, donc ça s'est réglé, et incluant Taïwan.
31:51 La position officielle de la France depuis 1964, c'est que Taïwan, c'est la Chine populaire. Point barre.
32:00 Et donc, aujourd'hui, nos amis américains au sein de l'OTAN ont décidé qu'ils vont livrer des armes à Taïwan.
32:11 Ils le font ouvertement, en arguant les Chinois, et mes chers compagnons,
32:22 demain, si les Etats-Unis envoient plusieurs cargos avec une escorte militaire débarquer des armes à Taïwan,
32:35 je vous rappelle officiellement, le fait de livrer des armes à un Etat non reconnu, ça s'appelle du trafic d'armes en droit international.
32:45 Que va-t-il se passer ? Est-ce que les Chinois vont laisser les Américains arriver ?
32:55 Il y a de fortes chances qu'ils arraisonnent les bateaux américains. Acte d'agression contre un pays de l'Alliance.
33:03 Et là, que va-t-il se passer ? La France est un membre de l'OTAN.
33:10 Nous serions contraints de devenir un co-belligérant dans un conflit, dans une guerre qui n'est pas la nôtre.
33:20 Je vous rappelle que ça a été la grande question lors de la guerre du Vietnam.
33:26 Au sein de la politique française, les antigaullistes reprochaient au général que nous n'intervenions pas aux côtés de nos amis américains au Vietnam.
33:37 Qui avait raison ? Les vattes en guerre de l'ASFIO de l'époque, les gens Le Canuet qui voulaient que nous livrions des armes au sud Vietnam,
33:50 que nous envoyions des conseils militaires aux côtés des Américains, ou le général De Gaulle qui a dit dans son discours d'Opnum Pen,
33:58 "Cette guerre n'est pas la nôtre. Nous n'avons pas à nous emmêler parce qu'en Asie, ce n'est pas à une puissance d'outre-Atlantique de venir réjanter les rapports entre les peuples."
34:15 Moi, personnellement, je suis plutôt de la position du général De Gaulle.
34:22 Et je pense que ça a été la position la plus sage, étant donné que la France a terminé dans ce conflit, rappelons-nous,
34:31 la guerre du Vietnam s'est terminée par les accords de Paris. C'est-à-dire que c'est à Paris qu'on a négocié la paix entre les belligérants.
34:39 C'est à Paris qu'on a discuté. Et si on avait été du côté de nos grands alliés américains, défenseurs de la démocratie, des droits de l'homme, patins-couffins,
34:49 ça ne se serait pas négocié à Paris et la guerre peut-être aurait continué encore plusieurs années, parce que la puissance française était respectée.
34:59 Je vous rappelle que Paris, ce camp belliciste pro-américain à l'époque, demandait que nous rompions nos relations diplomatiques avec le Vietnam du Nord,
35:08 que nous fermions l'ambassade à Hanoï. Qu'est-ce qui se serait passé ? La France est restée dans cet affrontement une puissance de paix,
35:18 une puissance qui a permis que l'on négocie une fin de conflit honorable. Aujourd'hui en Ukraine, quelle est la politique que nous faisons ?
35:28 En tant qu'alliés de l'OTAN, mais vous savez, l'OTAN ce n'est pas qu'une organisation, ce n'est pas que des liens juridiques que nous ont rappelés nos brillants camarades qui se sont exprimés.
35:44 C'est aussi une dépendance politique, un état d'esprit. C'est le fait qu'on a plusieurs dizaines de fondations transatlantiques qui vous serinent toute la journée,
35:57 que l'OTAN est indépassable, que l'OTAN ça défend la démocratie, que l'OTAN ça défend les droits de l'homme et tout ce que vous voulez.
36:05 Et en fait, c'est un outil d'ingérence dans la politique française. Parce que si on se contente de sortir de l'OTAN, mais qu'on ne combat pas aussi politiquement l'atlantisme,
36:21 même si les américains restent nos alliés, ils le resteront parce qu'effectivement, on ne peut pas concevoir que les liens pluriséculaires entre nos deux peuples ne font pas quand même une relation un peu particulière.
36:41 Mais il faut que nos alliés américains ressentent que la France est un pays indépendant. Et que par exemple, il serait bien que les bureaux de l'Atlantique comme c'est, par exemple, à Paris, ferment un jour.
37:00 Prenons ça d'abord. Alors, je reprends le fil de la discussion sur... Notre appartenance à l'OTAN nous conduit, en Ukraine, à faire des choses qui font que la France est devenue au niveau international le toutou, le caniche des américains.
37:25 Première chose, et nous a fait commettre d'ailleurs des crimes graves internationaux. Le fait de négocier de mauvaise foi à Minsk les accords de paix.
37:40 Maintenant, ça a été avoué par Mme Merkel, mais aussi notre président François Hollande de l'époque. Je vous rappelle, négocier de mauvaise foi est un crime international.
37:51 C'est une violation grave du droit international. Or, nous l'avons dit, nous avons négocié de mauvaise foi. Nous avons fait croire aux russes que nous négocions un accord de paix.
38:01 Et en fait, on a négocié une trêve pour permettre aux Ukrainiens de se refaire la santé avec un accord dont on savait qu'il ne serait pas appliqué et qu'on ne ferait pas de pression sur l'Ukraine pour qu'il l'applique.
38:14 Première chose, et ça, bien sûr, qu'on ne me fasse pas croire que ça n'a pas été fait sous la dictée des américains qui ont été bien contents, effectivement, que leur petit protégé à Kiev n'ait pas les culottes militaires qu'ils étaient prêts à se prendre en 2015.
38:33 Deuxième chose, aujourd'hui, la France est rendue dans une concurrence avec les partenaires de l'OTAN pour savoir qui livrera le plus d'armes et qui livrera le plus d'armes qui sont calibrées pour toucher le territoire russe.
38:59 Je vous rappelle que les missiles qui ont touché le pont de Crimée, c'est-à-dire quand même touché une infrastructure civile, en plus symbole pour les russes de l'appartenance de la Crimée à leur pays,
39:14 et en plus qui avait été inaugurée par Vladimir Poutine lui-même, eh bien ces missiles sont des missiles de fabrication française.
39:22 Et ensuite, notre président va dire "J'ai envie d'aller au sommet des BRICS parce que la France, c'est une puissance indépendante." Ah bon ?
39:33 On colle des sanctions aux russes, on bombarde leur territoire avec nos armes, et ensuite, on arrive et on dit "Non mais en fait, on voudrait négocier avec vous, on voudrait faire partie de votre format de négociation."
39:47 Il y a un truc qui est un tout petit peu illogique là-dedans. Et enfin, aujourd'hui, grâce à l'OTAN, effectivement, nous sommes à la merci d'un affrontement militaire-armé direct avec les russes,
40:03 parce que nos alliés polonais, lituaniens et létons menacent, ils l'ont fait le 28 août dernier, de fermer toutes les frontières autour de la Biélorussie.
40:18 Alors pour ceux qui ne savent pas, la Biélorussie, c'est le petit prolongement de la Russie que vous avez en territoire polonais et dans les pays baltron.
40:26 Et si on ferme toutes ces frontières-là, que va-t-il se passer ? Le transit des russes pour aller dans leur territoire de Kaliningrad sera coupé.
40:37 Ce qu'on appelle le corridor de Souvalki. Et que va-t-il se passer donc ? Là, c'est ce qu'on appelle un casus belli.
40:47 Parce que les russes n'accepteront jamais que le territoire de Kaliningrad devienne une enclave, une prison à ciel ouvert pour ses citoyens.
41:01 Donc aujourd'hui, une décision de nos alliés pourrait nous entraîner dans une guerre avec les russes, sans que nous l'ayons voulu, sans que nous l'ayons décidé.
41:14 Deuxième fait, aujourd'hui, ça tient à autre chose, la paix ou la guerre.
41:23 Cet hiver, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, monsieur Zalouzhny, a demandé à ceux qui décident au sein de l'OTAN, c'est-à-dire les américains,
41:40 l'autorisation de pouvoir attaquer directement le territoire russe dans la région de Belgorod pour prendre le groupe d'armées russes du Donbass à revers.
41:51 Prenez le territoire russe, on fonce vers le sud et hop, on encercle le groupe d'armées russes.
42:00 Vous savez ce qui s'est passé ? La paix ou la guerre dépendait d'un débat entre les militaires du Pentagone et les hauts fonctionnaires civils conseillés de monsieur Biden à la sécurité nationale.
42:16 Les civils disaient que les ukrainiens ont le droit d'utiliser tous les moyens pour se défendre, y compris d'envahir le territoire russe internationalement reconnu.
42:27 Ça ne pose pas de problème et ce sont les militaires américains du Pentagone qui ont dit "Attention, si on franchit cette ligne rouge là, pour le coup on va vers l'affrontement direct avec l'OTAN et à l'affrontement nucléaire".
42:45 Et grâce à Dieu, c'est les militaires qui ont remporté le morceau. Mais il suffit de pas grand chose pour que nous rentrions dans un affrontement armé direct entre l'OTAN et la Russie.
43:07 Puissance nucléaire, comme le disait mon camarade.
43:12 Enfin, je terminerai parce que vous voyez un peu les dangers. Il y a une chose quand même qui est un problème aussi dans l'OTAN, c'est que ça nous coupe du monde qui est en train de s'organiser et de vivre.
43:35 C'est-à-dire les pays du Grand Sud. Tout se passe comme si quand vous ouvrez le CI, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil étaient encore des pays tyrannisés.
43:56 Tout se passe comme si ils ne représentent pas déjà 50% du PIB mondial. Tout se passe comme si ces pays allaient écouter tranquillement les leçons des grands frères occidentaux.
44:15 Regardez le dernier sommet des Prix. Le fait que vous ayez 9 pays qui soient candidats à l'entrée aux Prix montre quelque chose.
44:26 Les pays qui demandent à être membre de l'OTAN...
44:35 L'Ukraine, la Moldavie, bon, c'est bon. Face à l'Inde, à la Chine, le match va être court mais intense.
44:46 Par contre, regardez le basculement du monde. Un pays comme l'Arabie Saoudite.
44:52 Si il y a 20 ans encore, on m'avait dit qu'un prince héritier saoudien allait dire non à un président américain, on ne montrera pas nos quotas de production.
45:03 Parce qu'on s'est entendu avec les Russes, donc retourne dans ton pays et va te gratter.
45:09 Si on m'avait dit que ce même prince avait dit "écoutez, je vais vendre mon pétrole en yuan et pas en dollars parce que j'ai envie de commercer avec les Chinois et avec le reste du monde sans pouvoir être à la merci des sanctions américaines",
45:25 moi je n'aurais pas cru il y a 20 ans. Et personne ne pouvait le croire.
45:30 Il y a 20 ans, si Mohammed Ben Salman avait parlé comme ça, aujourd'hui il ne serait plus vivant pour en parler.
45:38 Mohammed Ben Salman peut faire cette politique, il peut le faire ouvertement, et les Américains n'ont qu'à acquiescer.
45:46 Ils ne peuvent plus imposer à un pays qu'ils considéraient auparavant comme un supplétif d'être à leur botte.
45:55 Les seuls qui restent à leur botte, ce sont nous les Européens, les Français en particulier.
46:01 Et parce que nous avons décidé de lier notre sort au leur.
46:08 Nous avons décidé que nous étions dans le camp de la démocratie, des droits de l'homme, des bons sentiments, des valeurs et tout ce que vous voulez.
46:15 Et on a décidé de rompre avec notre tradition.
46:19 Le général de Gaulle avait cette phrase qui était pleine de consens, il disait "la France reconnaît un État par gouvernement".
46:26 Regardez ce qu'il se passe au Niger. Au Niger on a dit "on reconnaît un gouvernement par État, vous pouvez expulser notre ambassadeur,
46:35 toutes vos décisions, on considère que vous n'êtes pas le gouvernement qui exerce la souveraineté".
46:40 Quoi qu'on pense de ce coup d'État, là n'est pas la question.
46:49 Alors je terminerai par une petite citation aussi, j'aime bien faire ça, de René Capitan qui lors du débat justement sur la sortie de la France de l'OTAN avait dit
47:00 "Plusieurs conceptions de la démocratie française s'affrontent donc dans le débat.
47:05 Vous devez choisir entre la tradition de Vichy qui a accepté le protectorat de l'Allemagne victorieuse tout en se réservant de le changer contre celui de l'Amérique
47:14 s'il est hasard de la guerre renverser la situation.
47:17 La tradition des français qui tout en voulant continuer la lutte choisissent de se mettre au service du gouvernement américain
47:26 plutôt que de venir aux côtés du général de Gaulle maintenir la France dans la liberté.
47:31 La tradition diplomatique de la 4ème République qui a été constamment à la remorque de l'étranger et nous a conduit à une nouvelle catastrophe.
47:40 Vous devez choisir une autre position.
47:43 Vous devrez vous rattacher à une autre tradition, celle du Gaullisme qui aujourd'hui comme hier défend l'indépendance nationale
47:51 et refuse pour cette raison de laisser la France se soumettre au protectorat étranger qui découle du mécanisme d'intégration militaire de l'OTAN".
47:59 Tout était dit. Il y a deux choix. Vichy ou Londres. J'ai choisi.
48:08 (Applaudissements)
48:13 Merci beaucoup Romain. Dans le peu de temps que vous êtes reparti, on a bien vu l'historie, on est rentré un peu plus dans le détail.
48:24 (Générique)
48:29 (Générique)

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