- 02/09/2023
Pixium, un pionnier de la «restauration visuelle», entre en Bourse
Catégorie
🎥
Court métrageTranscription
00:00 Bonjour et bienvenue sur le plateau du Revenu TV, notre invité aujourd'hui Bernard Gilly,
00:09 bonjour.
00:10 Bonjour.
00:11 Alors vous êtes le président directeur général de la société Pixium, vous avez une longue
00:15 carrière dans le secteur des biotechnologies puisque vous avez dirigé la société Transgen
00:20 dans les années 90, en 2005 vous avez créé la société Fovea que vous avez revendue
00:24 à Sanofi en 2009.
00:26 Pixium est donc une nouvelle aventure entreprenariale et scientifique pour vous, cette société
00:31 a été fondée en 2011 et elle a mis au point un implant rétinien baptisé Iris.
00:35 Alors l'objectif de cet outil est de restaurer la vision chez des patients frappés de cécité.
00:41 Alors comment fonctionne cet implant révolutionnaire ?
00:44 Alors c'est un système, c'est un implant rétinien mais c'est surtout un système de
00:49 restauration de la vision qui donc comme tous les systèmes est composé de plusieurs parties.
00:52 Alors il y a une partie implantée qui est dans l'œil du patient qu'on peut résumer
00:56 si vous voulez à un plateau d'électrode qui vont envoyer des stimuli électriques
01:03 aux cellules de la rétine qui sont encore fonctionnelles et qui forment le nerf optique
01:06 et ensuite le nerf optique va transférer ça au cerveau.
01:09 Et puis il y a une seconde partie qui est extérieure cette fois au patient qui prend
01:13 la forme d'une paire de lunettes dans laquelle on trouve une caméra qui est une caméra
01:16 tout à fait particulière qui va en fait capter les informations visuelles extérieures,
01:22 il est traité, il y a un petit ordinateur de poche de la taille d'un smartphone qui
01:27 abrite les logiciels et puis ensuite ce signal quand il est traité il repart au niveau des
01:32 lunettes et là il y a un émetteur qui transmet l'information aux électrodes pour savoir
01:38 quelle électrode doit être activée à quel moment.
01:40 Alors ces électrodes sont déposées sur la rétine c'est ça ?
01:42 Absolument.
01:43 Au cours d'une opération chirurgicale ?
01:44 Exactement, une opération chirurgicale qui demande à peu près deux heures et demi donc
01:48 ce n'est pas une opération très longue, c'est une chirurgie générale mais c'est
01:51 une chirurgie rétinienne assez classique, il n'y a rien d'extrêmement nouveau et
01:59 en fait le patient après lorsqu'il met les lunettes il retrouve une forme de vision.
02:06 Alors on ne peut pas parler de la même vision que nous puisque physiologiquement elle est
02:09 différente, on utilise des stimulations électriques pour recréer ces perceptions.
02:13 Donc il faut qu'il se rééduque à cette nouvelle forme de vision, à cette capacité
02:18 d'interpréter ces informations visuelles qui lui sont fournies et l'objectif dans
02:22 un premier temps c'est de rendre au patient le plus possible d'autonomie, c'est-à-dire
02:26 être capable en fait pour un aveugle de se déplacer dans un environnement inconnu, à
02:31 savoir qu'en face de lui…
02:32 Il ne va pas reconnaître des objets, des obstacles ?
02:34 Absolument, des obstacles, pouvoir saisir des objets sur une table, pouvoir les organiser,
02:40 reconnaître, reconnaître des formes, reconnaître qu'à côté de lui il y a une personne, éventuellement
02:45 avec la rééducation il va pouvoir commencer à savoir qui est ou qui sont ces personnes,
02:51 mais ça ça demande de la rééducation.
02:53 Il faut se rendre compte que les aveugles en fait quand ils sont dans la rue et qu'ils
02:56 ont leur canne, ils ne perçoivent que ce qui est au sol, ce qui est en l'air, la canne,
03:02 il faudrait qu'ils agissent dans tous les sens, ils ne peuvent pas le faire, donc là
03:05 on leur fournit les moyens d'une autonomie.
03:08 Alors après progressivement…
03:10 La lecture c'est quelque chose qui est envisageable avec ce dispositif ?
03:13 Avec ce dispositif ça n'est pas impossible, on n'en est pas là aujourd'hui dans les
03:18 essais cliniques bien entendu, ça n'est pas impossible, mais de toute façon ce qui
03:21 est certain c'est que ce dispositif ou des améliorations de ce dispositif vont leur
03:26 permettre la capacité de lecture d'ici quelques années mais pas un très grand nombre d'années.
03:32 Alors on va y revenir mais qu'on comprenne bien, cet implant est destiné à certaines
03:36 formes de cécité, de cécité acquise, alors quelles sont exactement les indications thérapeutiques ?
03:43 Alors oui, vous avez raison, d'abord ces implants sont situés sur la rétine, ils
03:47 communiquent des informations à la rétine et donc il est nécessaire que les patients
03:50 aient un air optique fonctionnel, s'il n'y a pas d'air optique pour transférer les
03:54 informations au cerveau, ça ne va pas marcher de toute façon.
03:57 La cécité provoquée par le glaucome par exemple, ce n'est pas possible ?
04:00 Par exemple, tout ce qui est neuropathie, glaucome, ça ne va pas le faire.
04:04 Non, on s'intéresse essentiellement aux maladies qui sont liées à la dégénérescence
04:08 des photorécepteurs, c'est-à-dire ces cellules qui sont à l'origine de la vision puisqu'elles
04:12 transforment la lumière en un signal électrique et c'est deux grandes pathologies, l'une
04:18 qui est assez peu connue qu'on appelle les rétinites pigmentaires ou les rétinopathies
04:22 pigmentaires qui sont en fait tout un ensemble de maladies génétiques qui entraînent la
04:26 disparition de ces photorécepteurs à des âges relativement jeunes, c'est des personnes
04:31 qui en moyenne vont perdre la vue à peu près à 40 ans définitivement, souvent d'origine
04:36 génétique.
04:37 Et puis, ça représente entre les États-Unis et l'Europe une vingtaine de milliers de
04:44 patients par an, nouveau, donc c'est quand même important.
04:48 Et puis, il y a une autre pathologie qui est cette fois bien connue de tout le monde
04:51 qui est la dégénérescence maculaire liée à l'âge qui elle est une maladie du vieillissement
04:56 qui concerne beaucoup beaucoup de monde, on parle d'entre 14 et 15 millions de personnes
05:01 dans le monde souffrant d'une dégénérescence maculaire mais qui alors pour le coup conduit
05:04 à la cécité à des âges plus tardifs.
05:07 On atteint la cécité avec une dégénérescence maculaire à partir de 75 ou 80 ans mais quand
05:13 même ça représente en moyenne 300 à 400 000 nouveaux patients par an.
05:16 Alors avez-vous des concurrents ou vous êtes totalement pionnier sur ce marché des implants
05:21 rétiniens ?
05:22 On adorera être les seuls bien sûr mais aujourd'hui ça n'existe plus tellement dans
05:26 la technologie.
05:27 Oui, on a un seul concurrent réel, c'est une société américaine qui est plus avancée
05:31 que nous puisqu'ils ont eu une autorisation de mise sur le marché en Europe et aux États-Unis
05:36 mais nous pensons que la technologie est quand même déjà un peu ancienne basée sur une
05:41 adaptation d'autres technologies et en fait on estime que nos systèmes de restauration
05:47 de la vision créent des perceptions beaucoup plus utiles aux patients que ce que ne fait
05:52 notre concurrent.
05:53 Alors Pixium entre en bourse dans le cadre d'une opération qui prendra fin le 16 juin
05:57 prochain, l'objectif est de lever 33 à 44 millions d'euros sur le marché.
06:02 Alors pourquoi cette introduction en bourse et à quoi vont servir les fonds ? A quoi
06:06 allez-vous affecter ces sommes ?
06:08 Alors une introduction en bourse c'est un événement unique et intense pour une société.
06:12 L'idée de ce financement c'est de faire essentiellement trois choses.
06:16 La première c'est de mettre en place la commercialisation d'Iris en Europe à partir
06:22 de l'année prochaine puisqu'on commencera à commercialiser Iris en 2015.
06:25 Donc il faut préparer ce lancement commercial, ouvrir les centres cliniques, on n'en aura
06:30 pas des centaines mais 25 à 30 centres cliniques sur l'Europe, ça c'est le premier objectif.
06:37 Le deuxième objectif…
06:38 Alors sur ce point, combien de patients ont déjà été dans le cadre des essais cliniques
06:42 qui se sont vus implanter Iris et combien au total allez-vous implanter ?
06:47 Alors aujourd'hui dans l'essai clinique actuellement on a cinq patients et on vise
06:50 d'en avoir une dizaine à la fin de cette année pour pouvoir imaginer commercialiser
06:55 en 2015.
06:56 Donc dix patients c'est ce qu'il vous faut pour l'autorisation ?
06:58 C'est ce qu'il faut pour l'autorisation sachant qu'en Europe les autorisations c'est
07:01 essentiellement démontrer la sécurité du système et ça tout va bien et aussi l'efficience
07:07 du système, son efficacité et là aussi comme on peut le voir sur les films pris sur les
07:11 premiers patients on a vraiment, on recrée vraiment des visions utiles pour le patient.
07:15 La deuxième grande axe de développement et d'utilisation des fonds c'est le développement
07:21 clinique et puis commercial de Iris toujours mais aux États-Unis cette fois.
07:26 La FDA a des réglementations très différentes de l'Europe aux États-Unis et donc il va
07:30 falloir faire des essais cliniques sur le territoire américain et cet argent va…
07:33 Un autre essai clinique ?
07:34 C'est un autre essai clinique.
07:35 Un en Europe, un aux États-Unis ?
07:36 Absolument, c'est un autre essai clinique et aux États-Unis la FDA va probablement
07:38 nous demander plutôt une vingtaine ou une trentaine de patients et en suivi pendant
07:42 un an.
07:43 Donc ça c'est le deuxième utilisation…
07:44 Donc ça c'est quoi ? 2015, 2016 ?
07:45 Ça c'est… on commencera l'année prochaine et il faut compter à peu près un an de recrutement,
07:51 un an de suivi donc c'est plutôt fin 2017 pour l'autorisation de mise sur le marché
07:54 aux États-Unis.
07:55 Et puis le troisième usage des fonds levés c'est de terminer le développement du système
08:03 de génération de restauration de la vision complémentaire qui s'appelle PRIMA et il
08:09 faut aujourd'hui finir l'industrialisation.
08:10 Donc ça c'est un système de deuxième génération ? C'est ça un plan amélioré
08:14 par rapport à IRIS ?
08:15 C'est un implant amélioré par rapport à IRIS qui est complémentaire d'IRIS, qui
08:18 ne remplacera pas nécessairement IRIS mais qui va surtout viser d'autres populations
08:22 de patients, en particulier probablement les patients qui ont une dégénérescence maculaire
08:26 parce que c'est un implant qui va pouvoir se mettre sous la rétine par opposition à
08:30 IRIS qui est mis à la surface de la rétine et donc en particulier sur les dégénérescences
08:36 atrophiques on pourrait compléter des zones d'atrophie de la vision pour permettre aux
08:41 patients d'utiliser à la fois une vision artificielle avec PRIMA et le reste de sa
08:45 vision qu'ils pourraient conserver.
08:47 Alors ce produit, ces deux produits, est-ce que vous allez les commercialiser vous-même
08:51 sur ces grands marchés européens et américains ou est-ce que vous allez passer par des accords
08:54 de distribution, des partenaires ?
08:56 Non, je pense qu'on peut tout à fait commercialiser nous-mêmes ces systèmes de restauration
09:01 de la vision parce que encore une fois, ce n'est pas un nombre de centres cliniques
09:05 absolument dantesques.
09:06 En Europe, 25-30 centres cliniques vont pouvoir avoir à peu près 80-90% des patients concernés
09:17 et aux États-Unis c'est en gros la même chose.
09:19 Donc vous ne voyez pas une armée de vendeurs, on n'est pas dans la pharmacie ni même dans
09:23 la Medtech de grand groupe, c'est une trentaine de technico-commercials en Europe, probablement
09:30 à peu près autant aux États-Unis et donc la capacité véritablement de développer
09:37 un leader international opérationnel autour de cette stimulation sensorielle.
09:42 Dernière question, si vous parvenez disons à lever 40 millions d'euros, est-ce que ce
09:46 sera assez pour atteindre le premier bénéfice opérationnel pour la société ?
09:51 Oui, c'est ce que nous estimons aujourd'hui, c'est toujours évidemment difficile puisqu'on
09:55 parle de 2018 donc la visibilité n'est pas forcément aussi précise mais oui, en principe
10:00 si on arrive à lever l'argent que nous souhaitons, on devrait arriver au break-even quelque part
10:04 en 2018.
10:05 Bernard Gilly, merci.
10:06 Merci.
10:06 Merci.
10:06 Merci.
10:07 [SILENCE]
Recommandations
2:08
|
À suivre
2:58
1:41
2:17
1:02
1:05
1:15
1:21
0:40
1:41
1:32
1:27