SMART IMPACT - L'invité de SMART IMPACT : Laurent Permasse (SOFIAP) - Vidéo Dailymotion

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Mardi 29 août 2023, SMART IMPACT reçoit Laurent Permasse (Président du directoire, SOFIAP)

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00:00 Générique

00:02 ...

00:05 -Bonjour, Laurent Permas. -Bonjour, Thomas.

00:08 -Vous dirigez ce livre collectif,

00:10 "Manifeste pour la liberté de vieillir chez soi",

00:13 publié aux éditions du "Cherche midi".

00:15 Il reflète d'abord une réalité.

00:18 C'est ce que nous souhaitons très majoritairement en France,

00:21 vieillir chez soi.

00:22 -C'est ce que l'on souhaite, mais c'est un tabou.

00:25 Le gros sujet, c'est qu'il y a énormément d'ouvrages,

00:28 énormément de sondages, de rapports qui sont faits

00:31 sur le vieillir, le bien vieillir,

00:34 mais une difficulté pour en parler et pour agir,

00:36 notamment au travers des familles.

00:38 Ce livre, il a deux raisons.

00:41 En tout cas, il m'a poussé à le faire

00:44 pour deux principales raisons.

00:46 La première, c'est une raison personnelle.

00:48 Lorsque j'étais jeune, à 18 ans,

00:50 j'étais passionné, en fait, de médecine,

00:54 notamment de médecine d'urgentiste,

00:56 et je me suis retrouvé à faire un stage en gériatrie

01:00 dans un hôpital parisien.

01:01 Ce stage en gériatrie m'a totalement bouleversé,

01:05 notamment la nuit, puisque j'ai vu des personnes âgées

01:09 totalement seules, démunies,

01:11 et surtout sans raison d'être,

01:13 et attendant le dernier souffle.

01:15 Donc, ça m'a poursuivi,

01:17 puisque dans mon activité professionnelle,

01:19 extra-professionnelle, j'ai créé le CESU,

01:22 développé les services à la personne,

01:26 ensuite, travaillé sur la finance engagée,

01:28 avec notamment l'épargne retraite.

01:30 Aujourd'hui, au travers de la SOFIAP,

01:33 qui est une filiale de la Banque postale et de la SNCF,

01:36 on réalise des prêts subventionnés

01:38 pour les collaborateurs,

01:39 subventionnés par les entreprises,

01:41 qui souhaitent accéder à la propriété.

01:44 -Société financière, d'accès à la propriété.

01:47 -Exactement. Cette raison d'être,

01:49 c'est déjà de favoriser, en fait,

01:51 par le biais de l'entreprise

01:53 qui prend en charge des intérêts des prêts.

01:55 Aujourd'hui, les taux s'envolent.

01:57 Pour favoriser l'accès à la propriété des collaborateurs,

02:01 ce qui permet aux collaborateurs de préparer leur retraite,

02:04 c'est un sujet très inclusif,

02:06 engageant et en même temps fidélisant

02:09 et unique pour l'entreprise,

02:10 qui permet de travailler sa raison d'être.

02:13 -Ce sont des prêts subventionnés ?

02:15 -Absolument. L'entreprise, en fait,

02:17 la moyenne d'emprunt en France, c'est 200 000 euros

02:20 pour une propriété.

02:21 L'entreprise va, par exemple,

02:23 prendre en charge la moitié des taux d'intérêt,

02:26 ce qui fait une somme qui n'est pas neutre,

02:28 autour de 20 000, 25 000 euros.

02:30 C'est quasiment une pièce supplémentaire,

02:32 c'est 10 mètres carrés de plus.

02:34 -C'est très important.

02:36 C'est l'aspect logement, mais sur le grand âge,

02:39 il y a aussi, chez Sofiap,

02:40 des prêts spécifiques pour les aidants,

02:43 pour leurs parents ?

02:44 -Absolument. On s'est aperçu,

02:46 au travers notamment de cet ouvrage collectif,

02:48 avec notamment des dessins de Xavier Gorce,

02:51 "Les pingouins", le fameux pingouin,

02:53 on s'est aperçu qu'il y avait un sujet sur les aidants,

02:56 puisque seulement 2 % des DRH, des entreprises,

02:59 mettent en place des dispositifs

03:01 pour accompagner les collaborateurs

03:03 qui sont des aidants.

03:05 Il faut savoir que les aidants en France,

03:07 c'est 11 millions d'aidants, la moitié sont des actifs

03:10 et 61 % sont des femmes.

03:12 Ca pose là encore un sujet d'égalité professionnel,

03:15 femmes-hommes, vous voyez ?

03:17 Et c'est très impactant pour l'entreprise,

03:19 puisqu'on va vers un volume croissant,

03:22 c'est de l'absentéisme,

03:23 c'est des aspects impactants en termes de morale,

03:27 mais aussi en termes financiers.

03:29 Donc tout le sujet, si vous voulez, des aidants

03:32 et du rôle de l'entreprise au travers des aidants,

03:36 on a pu remarquer qu'il y a des produits,

03:39 il y a des solutions,

03:40 qu'elles soient financières, liées au service à la personne,

03:44 qu'elles soient au partage de l'habitation,

03:47 mais ces solutions, elles arrivent trop tard.

03:49 Et en fait, le sujet, ça a été justement

03:52 de rédiger un ouvrage pour faire libérer la parole.

03:55 -Oui. Parce que vous nous avez donné ce chiffre,

03:59 je le rappelle, seulement 2 % des aidants

04:01 affirment être accompagnés par leur entreprise.

04:04 Donc c'est quand même... C'est un chiffre très faible.

04:08 Il y a une prise de conscience en cours ?

04:10 Vous le voyez un peu dubitatif ? Pas tant que ça ?

04:13 -Non. -C'est ça ?

04:15 -C'est la raison de cet ouvrage. -C'est ouvert les yeux.

04:18 -Et c'est la raison du choix du titre "Manifeste".

04:21 "Manifeste", ça veut dire "amplifier",

04:23 essayer d'amplifier, en fait,

04:25 cette problématique, cette cause.

04:28 Parce qu'on a beau inventer tous les meilleurs dispositifs,

04:31 toutes les meilleures solutions,

04:33 en fait, il y a un déni très profond,

04:36 et l'être humain ne souhaite pas se voir vieillir

04:39 et n'accepte pas sa vieillesse.

04:41 -C'est un déni de la société.

04:43 Le jeunisme est à l'oeuvre un peu partout.

04:45 -Vous avez aujourd'hui en France

04:47 30 % de la population qui a plus de 60 ans.

04:50 Donc on est dans une société déjà qui est "vieille".

04:53 -Et ça va continuer, la démographie ne ment pas.

04:56 -Absolument. Et donc dans cette problématique,

04:59 on s'aperçoit qu'on a 30 ans à partir de la retraite,

05:02 on a 30 ans à vivre.

05:03 C'est une vraie question qu'il faut se poser sur

05:06 "qu'est-ce que je souhaite faire de ma vie ?"

05:09 Un peu comme lorsqu'on est jeune, étudiant,

05:12 on se pose cette même question en famille,

05:14 sur "que souhaites-tu faire réellement de ta vie ?"

05:17 Et donc là, les 30 ans, c'est une grande partie de sa vie,

05:21 et il faut justement la préparer, la choisir,

05:23 et être en capacité aussi d'avoir les moyens de la vivre,

05:28 les moyens humains, les moyens financiers,

05:31 d'assumer ce choix et d'en parler en famille.

05:34 -Mais vous parlez de moyens financiers,

05:37 là, je vais faire focus sur les moyens financiers,

05:40 mais ça coûte plus cher, ou c'est une idée reçue,

05:42 de vivre chez soi ?

05:44 -Ca ne coûte pas plus cher, si ce n'est qu'il faut le préparer.

05:47 Le préparer notamment avec l'adaptation du logement,

05:50 et ça, lorsqu'on a un pavillon,

05:52 on sait très bien que le 1er étage sera condamné,

05:55 donc on doit l'anticiper avec une pièce au rez-de-chaussée.

05:59 C'est aussi anticiper sa mobilité.

06:01 Qu'est-ce qui se passe si je ne peux plus conduire ?

06:04 Qu'est-ce qui se passe si papa, maman,

06:06 et c'est les questionnements qu'on doit avoir

06:09 avec les proches, ne peuvent plus conduire ?

06:12 "C'est pas grave, il y a les voisins,

06:14 "mais on va se débrouiller."

06:16 On ne se débrouille pas du tout, et l'aidant rentre en jeu.

06:19 Il faut savoir que la moyenne géographique

06:22 d'un aidant avec son proche est de 205 km.

06:25 Donc on ne peut pas parler de proximité.

06:28 La moyenne par semaine d'aide est de 10 heures.

06:33 On ne peut pas parler non plus

06:35 de quelque chose de très épisodique ou sporadique.

06:38 C'est très impliquant, c'est silencieux.

06:41 -Ca, c'est un aspect très important.

06:43 On est parti de ce chiffre de pourcent,

06:46 qui est très faible,

06:47 mais ça vient peut-être aussi des aidants eux-mêmes.

06:50 Quand on est dans une entreprise

06:52 et qu'on est confronté à cette situation,

06:55 est-ce qu'on en parle ?

06:56 Le DRH ne peut pas trouver la solution

06:58 s'il n'est pas au courant.

07:00 -C'est très intéressant,

07:01 parce que ça renvoie à l'employabilité.

07:04 Lorsqu'on regarde le profil type d'un aidant,

07:07 un aidant salarié,

07:08 il a entre 45 et 55 ans.

07:10 C'est souvent une période professionnelle

07:14 qui est importante,

07:16 qui n'est pas non plus proche de la retraite,

07:18 mais qui est importante.

07:20 On peut être à la fois dans les profils de manager,

07:23 on a de l'expérience,

07:24 donc on peut aussi transférer au travers d'autres équipes.

07:28 Donc le fait qu'on soit dans cette position,

07:30 on n'en parle pas.

07:32 Pourquoi ? Parce qu'on a peur de l'employabilité.

07:35 Ca renvoie à l'employabilité des seniors dans les entreprises.

07:38 On en parle aujourd'hui aussi,

07:40 on parle beaucoup des jeunes,

07:42 mais l'employabilité des seniors est importante.

07:45 Les seniors, dans les entreprises,

07:47 n'en parlent pas,

07:48 pour ne plus être dans le projet,

07:51 ou d'être qualifié, identifié, comme quelqu'un de fragile,

07:54 qui n'arrive plus à faire son travail,

07:57 qui peut être en risque psychologique,

07:59 et qui peut avoir des sauts d'humeur.

08:01 -C'est vrai aussi d'un cadre,

08:03 enfin, même pas cadre, d'un salarié d'une quarantaine d'années,

08:07 mais encore très loin de la retraite,

08:09 qui va pas oser parler de la situation de sa mère ou de son père,

08:13 dire "je suis aidant, ça me demande du temps".

08:16 Pourquoi ? Parce qu'on va l'intégrer dans une catégorie

08:19 déjà senior ou dépassée dans l'entreprise ?

08:21 Vous forcez peut-être le trait.

08:23 -Non, on va pas... On va juste...

08:26 Et à la fois les managers et peut-être la direction

08:30 va, de façon systématique, souvent, se dire

08:34 "est-ce qu'il va être capable ?"

08:37 Et ça, c'est tout le sujet des maladies longues.

08:39 Vous avez la même problématique sur des maladies longues.

08:43 Aujourd'hui, on les déclare sur l'inding,

08:45 mais c'est très récent. On déclare sa maladie.

08:48 On déclare pas aujourd'hui le fait qu'on soit aidant,

08:51 même s'il y a une journée des aidants en octobre.

08:54 C'est pas quelque chose de très public.

08:57 -Une entreprise, qu'est-ce qu'elle peut faire ?

08:59 -Qu'est-ce qu'elle peut faire ?

09:01 -Lorsqu'on parle de RSE, on a beaucoup de E

09:05 dans la déclinaison de la RSE,

09:07 donc toute la transition environnementale,

09:09 qui est très importante. On a juste oublié

09:12 la transition démographique avec le S.

09:14 On est dans une société vieille, plus de 30 % de seniors,

09:18 plus de 60 ans, et 11 millions d'aidants.

09:21 Donc quasiment un sur quatre en 2030,

09:24 sera aidant, salarié.

09:26 Donc l'entreprise, elle,

09:28 elle a pour vocation de déclarer

09:31 que dans sa raison d'être

09:33 de responsabilité sociétale et environnementale,

09:36 elle va décliner des actes concrets,

09:39 notamment par la diffusion d'informations,

09:42 sur le fait qu'elle peut accompagner,

09:45 informer, être en lien peut-être avec une assistante sociale

09:49 pour accompagner des salariés

09:52 qui sont dans cette problématique pour un proche.

09:55 C'est très complexe au niveau des aides,

09:58 au niveau des déclenchements,

09:59 au niveau des solutions qu'on peut avoir.

10:02 Il faut être accompagné.

10:03 Ça peut être la diffusion du manifeste.

10:06 C'est pour cela que nous l'avons fait,

10:08 pour mobiliser les entreprises.

10:10 C'est pas parce qu'on va considérer

10:12 que l'entreprise doit à nouveau payer.

10:14 Non, c'est qu'il y a un vrai deal.

10:17 L'entreprise a tout intérêt, notamment dans sa déclinaison,

10:20 de s'impliquer dans cette démarche.

10:22 Elle va se retrouver dans une problématique

10:25 d'employabilité terrible.

10:26 -Merci beaucoup, Laurent Permas, d'être venu partager ces enjeux.

10:31 Le titre de ce livre collectif se manifeste

10:34 pour la liberté de vieillir chez soi,

10:36 qui est publiée aux éditions.

10:38 Cher Chmidi, on passe au débat de Smart Impact.

10:41 On va parler d'exclusion énergétique.

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