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Les Etats-Unis en pleine crise de leadership ?
Lopinion.fr
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28/08/2023
Frédéric Charillon, spécialiste des relations internationales et chroniqueur à l’Opinion, se penche sur l’état du leadership américain dans un monde où l’hégémonie des Etats-Unis se retrouve fragilisée
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News
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Il ne faut pas vouloir être partout, il ne faut pas agacer tout le monde
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par des bases militaires partout, par des interventions permanentes.
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Il faut davantage compter sur les alliés, il faut davantage déléguer.
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Et c'est à ce prix que les États-Unis pourront s'adapter à un nouveau monde plus pluriel.
00:13
Il n'y a pas véritablement une perte absolue de leadership des États-Unis.
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Il y a une relativisation.
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Il y a une perte de leadership, évidemment, si on compare
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à l'époque qui était celle de l'après-seconde guerre mondiale, après 1945,
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où les États-Unis, après les deux guerres mondiales même,
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sont devenus progressivement la puissance dominante,
00:38
d'abord avec l'Union soviétique pendant la guerre froide,
00:40
et puis dans les années 90, la seule superpuissance restée en piste.
00:45
Donc par rapport à ces époques-là, bien évidemment, le monde est bien davantage pluriel.
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Les États-Unis sont dans une position plus relative.
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Pour autant, on ne peut pas parler de perte de leadership absolue,
00:55
au sens où ça reste la première puissance militaire du monde,
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ça reste la première puissance économique du monde.
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On a même souvent annoncé son rattrapage, voire son dépassement.
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Souvenons-nous le Japon dans les années 80, la Chine beaucoup plus récemment,
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et voilà que la Chine maintenant connaît elle aussi des problèmes économiques
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et quelques craintes sur ses perspectives économiques.
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Donc les États-Unis restent véritablement un État leader dans le monde,
01:16
et même, on pourrait ajouter, sur le plan culturel.
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On ne pourrait pas parler de perte de leadership,
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mais en tout cas d'obligation de travailler plus collectivement avec d'autres,
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et les tentatives de retour à une sorte d'unilatéralisme
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qui permettrait aux États-Unis de dicter aux autres leur conduite.
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On a connu ça, notamment sous l'administration néoconservatrice américaine,
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sous George Bush Junior, dans les années 2000.
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Ça, ça n'est plus possible.
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L'essor de la Chine, le caractère extrêmement affirmatif de la Russie aujourd'hui,
01:44
et la montée en puissance de l'Inde, ça sera suivi par d'autres,
01:47
le Brésil, l'Indonésie, d'autres encore,
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font que ça n'est plus possible pour les États-Unis de dire
01:51
"Nous, nous pouvons dicter aux autres la bonne gouvernance
01:56
ou le bon comportement sur la scène mondiale".
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Il y a eu un autre épisode beaucoup plus récent
02:00
qui a peut-être relativisé le poids des États-Unis,
02:03
c'est la période Trump.
02:04
Donc, on a à la tête des États-Unis pendant quatre ans un homme
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qui fait preuve d'irrationalité, qui ne croit pas à tout ce qui est scientifique,
02:09
qui déteste les journalistes, qui déteste sa propre administration,
02:12
qui renie la parole du pays.
02:13
Et là, évidemment, il y a un doute qui s'empare de la scène mondiale,
02:15
une crainte aussi bien chez les alliés d'ailleurs que chez les adversaires.
02:19
Est-ce que l'Amérique, avec une telle société,
02:21
capable de mettre au pouvoir un tel homme,
02:23
est encore un pays qui peut assurer, sinon le leadership,
02:26
du moins une position en pointe sur la scène mondiale ?
02:29
Ça a fait beaucoup de tort.
02:30
Aux États-Unis, c'est une question qui est très débattue
02:37
parmi les journalistes, les intellectuels, les universitaires, les think tanks.
02:42
Il y a plusieurs écoles.
02:43
Alors, d'abord, il y a les partisans de la manière forte,
02:45
c'est-à-dire ceux qui continuent de dire
02:47
"Les États-Unis sont la première puissance du monde,
02:49
or la première puissance du monde, eh bien, elle doit imposer sa loi".
02:52
C'est ce qu'on va appeler l'école réaliste la plus classique,
02:56
l'école du rapport de force.
02:58
Ça, c'est la première école, elle existe aux États-Unis.
03:00
Vous avez des auteurs qui continuent de dire
03:02
"Il faut imposer notre loi parce que nous sommes toujours les plus forts".
03:04
Et d'ailleurs, Donald Trump est dans cette approche-là.
03:07
Ça, c'est la première méthode.
03:08
En réalité, elle est difficile à appliquer
03:10
et on n'imagine pas la Chine, l'Inde ou d'autres
03:12
accepter aujourd'hui encore ce genre d'attitude.
03:14
Deuxième possibilité, deuxième école de pensée aux États-Unis,
03:17
ce sont ceux qui sont partisans de garder la vieille recette,
03:20
celle qui a permis aux États-Unis, après 1945,
03:23
d'être la première puissance mondiale.
03:25
Cette recette, c'est quoi ?
03:26
C'est d'abord préserver le libéralisme
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et les institutions libérales dans le monde,
03:30
par exemple la Banque mondiale, le Fonds monétaire international,
03:32
des choses qui sont souvent d'ailleurs nées après 1945,
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notamment après les accords de Bretton Woods.
03:37
C'est assurer le multilatéralisme, notamment commercial,
03:41
parce que le libre-échange, le multilatéralisme,
03:43
c'est ce qui a fait la prospérité des États-Unis.
03:45
Et puis évidemment, garder une force militaire conséquente.
03:48
La doctrine américaine veut que le pays,
03:50
elle doit être capable de mener de front deux guerres majeures en même temps,
03:54
mais avec une présence très forte dans le monde,
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auprès notamment des alliés.
03:57
Ça coûte cher, il faut subventionner des alliés,
04:00
il faut payer des alliances, il faut soutenir des pays,
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comme les États-Unis le font avec l'Ukraine aujourd'hui.
04:04
Mais ça en vaut la peine, disent ceux-là,
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parce que cet engagement dans le monde,
04:08
c'est ce qui donne à l'Amérique sa suprématie
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et sa domination des relations internationales.
04:13
Et puis il y a une troisième voie qui s'aile, au contraire,
04:15
non pas du retrait complet, mais de l'auto-restriction.
04:19
On peut rester dans le monde, mais il ne faut pas vouloir être partout,
04:22
il ne faut pas agacer tout le monde par des bases militaires partout,
04:26
par des interventions permanentes.
04:27
Il faut davantage compter sur les alliés, il faut davantage déléguer.
04:31
Et c'est à ce prix que les États-Unis pourront s'adapter
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à un nouveau monde plus pluriel.
04:40
Les soubresauts, les turbulences de la politique américaine
04:44
récemment ont un impact majeur sur les alliés généralement des États-Unis.
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Les Européens, mais pas seulement.
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On peut penser aux Asiatiques,
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penser au Japon, à la Corée du Sud, éventuellement aussi à Taïwan.
04:57
Pourquoi ? Parce qu'on a compris dans les dernières années
05:00
qu'on n'avait pas forcément une politique étrangère américaine de long terme,
05:03
que cette politique étrangère pouvait connaître des virages
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extrêmement forts, extrêmement durs.
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Là encore, c'est l'époque Trump.
05:11
On s'est retrouvés quand même pendant quatre ans
05:13
avec un homme à la tête des États-Unis qui n'était pas libéral,
05:16
qui n'était pas multilatéraliste,
05:17
qui ne croyait pas au libre-échange,
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qui était davantage protectionniste, sinon isolationniste,
05:22
qui avait vraisemblablement un goût plus prononcé
05:24
pour les dictateurs ou les régimes autoritaires
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que pour ses propres alliés démocratiques européens et autres.
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Nous savons que c'est possible.
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Et donc, cette incertitude qui pèse aujourd'hui
05:34
sur la politique étrangère américaine,
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évidemment, elle provoque un trouble chez ses alliés.
05:38
Et c'est normal, quand on est un allié des États-Unis,
05:40
quand on a une sécurité, une protection
05:43
qui dépend de l'alliance américaine, du soutien des États-Unis,
05:46
et qu'on se dit qu'à tout moment,
05:48
peut revenir à la prochaine élection américaine
05:50
quelqu'un qui remettra en cause cet engagement américain
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pour notre propre sécurité, cette garantie de sécurité américaine.
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Quand on se dit que tout ça peut arriver
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avec ce système électoral américain tellement complexe,
06:01
il faut y penser, il faut préparer l'avenir.
06:03
Les Européens ne le font pas suffisamment sérieusement.
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Quand Trump est au pouvoir, c'est l'affolement.
06:07
On se dit qu'il faut préparer la suite,
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il faut être capable de se débrouiller seul
06:10
si on a pendant quelques années un individu comme ça
06:13
à la tête des États-Unis.
06:14
Puis, sitôt Trump battu et Biden revenu au pouvoir,
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on a l'impression qu'à nouveau, on s'endort sur nos lauriers
06:19
en disant "bon ça va, tout va bien, on est revenu à la normale".
06:21
Nous ne sommes pas revenus à la normale.
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Il faut s'y faire.
06:23
Aux États-Unis, ce genre de soubresaut,
06:26
ce genre de virage à 180 degrés de la politique étrangère
06:28
peut survenir tous les quatre ans.
06:30
[Musique]
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