Canicule, quelles conséquences pour l’agriculture ?
Dans Europe midi, Yohann Tritz et ses invités débattent des conséquences que peuvent avoir les canicules que nous vivons en France sur l'agriculture.
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00:00 - Europe 1 midi, Johan Tritts.
00:02 - Midi 49 sur Europe 1, place au coup de chaud des agriculteurs.
00:06 Quatre départements de la vallée du Rhône aujourd'hui en vigilance rouge,
00:13 des températures au-dessus des 40 degrés, difficile de travailler dans ces conditions,
00:17 surtout quand on est constamment dehors, c'est le cas des agriculteurs,
00:21 je viens de le dire, qui subissent la chaleur, tout comme leur récolte d'ailleurs.
00:25 Bonjour Pascal Gouttenoire.
00:26 - Bonjour.
00:28 - Vous êtes président de la FDSEA dans le Rhône, il fait très chaud,
00:32 et cette chaleur intense je suppose perturbe totalement le travail des agriculteurs.
00:37 - Donc effectivement, ce qui surprend la chaleur, c'est sa soudaineté,
00:41 on ne l'attendait pas arriver à la fin de l'été,
00:45 et donc il faut s'adapter, c'est vrai qu'elle est arrivée très très vite.
00:50 - Et surtout très tard, parce que ça peut être aussi la difficulté pour vous agriculteurs,
00:55 c'est que souvent, quand on arrive, on est presque fin août là,
00:59 c'est des températures un peu plus douces on va dire,
01:02 et c'est là où on en profite pour vous les agriculteurs, pour travailler, est-ce que je me trompe ?
01:07 - C'est vrai qu'historiquement, les anciennes générations et nous on disait,
01:11 une fois que le 15 août est passé, on est un peu plus tranquille au niveau de la chaleur,
01:15 et bien cette année, il s'avère que c'est totalement le contraire, effectivement.
01:20 - Et qu'est-ce que ça cause comme dégâts pour vous agriculteurs,
01:25 parce que cette chaleur, ces températures de plus de 40°C, c'est le cas dans le Rhône,
01:30 ça ne doit pas forcément être bon pour la terre.
01:33 - En fait, il y a plusieurs volets, il y a nos cultures qui jusqu'à maintenant
01:38 étaient raisonnablement acceptables par rapport à l'année dernière,
01:42 on était content de nos cultures, et là c'est vrai qu'en 10 jours,
01:48 le visuel de nos cultures se déplore, donc la récolte du maïs par exemple,
01:54 s'accélère alors qu'on prévoyait tranquillement une récolte au mois de septembre,
01:58 là maintenant tout le monde se dépêche de s'enlever et de ramasser la culture.
02:04 - Alors quelles solutions mettent en place les agriculteurs pour essayer de se battre contre la chaleur ?
02:12 - Alors, on va faire le volet culture, on va dire la clémence de l'été avait laissé les agriculteurs tranquilles au sujet de l'irrigation,
02:23 et là en 15 jours, on a vu tout le monde remettre à fond l'irrigation pour sauver leur récolte,
02:28 donc ça c'est le volet végétal, et on a le volet animal où on a des problèmes d'abandonnement,
02:37 c'est le plus dramatique, les sourds craignent ce coup de chaud, il faut emmener l'eau aux bêtes,
02:43 l'abandonnement, et puis les vaches elles sont comme nous, nous on est mal, elles sont mal.
02:48 - Oui, des difficultés culture aussi au niveau des élevages pour cette chaleur,
02:54 les animaux subissent bien sûr la chaleur tout comme nous,
02:58 on va demander aussi la solution, peut-être une combine à Jean-Alain qui nous a appelé, bonjour Jean-Alain.
03:04 - Oui bonjour, bonjour M. Lutter.
03:06 - Vous nous appelez d'où ?
03:08 - Je suis dans le Finistère, je suis agriculteur dans le Finistère, je produis du lait et des porcs,
03:12 et on voit aussi malgré tout dans notre Ouest Breton, ces évolutions climatiques là,
03:18 avec des phénomènes un peu plus extrêmes, mais peut-être décalés dans le temps également.
03:22 - C'est vrai que les températures sont plus douces là-bas dans le Finistère,
03:25 mais bon, vous quand même subissez cette chaleur, pas forcément en ce moment,
03:31 mais il y a d'autres épisodes caniculaires, alors qu'est-ce que vous faites pour anticiper cette chaleur ?
03:37 - Comme beaucoup d'agriculteurs, on est sur des évolutions permanentes de nos systèmes de production,
03:42 donc avec des recherches de variétés, par exemple pour les végétaux qui sont mieux adaptés à ces coups de chaleur,
03:49 des précocités ou tardivités aussi de production qui permettent d'éviter les moments clés du cycle de production,
03:57 liés à ce déficit potentiel d'eau ou aux coups de chaleur extrêmes.
04:03 C'est le cas aussi dans nos élevages, et notamment les élevages bovins qui sont à l'extérieur.
04:09 Donc là, dans un cadre d'une biodiversité que l'on cherche à préserver aussi,
04:13 avec des mises en place de haies et autres, c'est donner de l'ombrage à ces animaux.
04:19 Et sur les cultures aussi, des évolutions qui ne sont certes pas perceptibles pour le commun des mortels,
04:25 mais bon, c'est des techniques de cultures différentes qui permettent de préserver à la fois le sol,
04:31 la couverture du sol aussi, avoir une moindre évaporation aussi liée à ces phénomènes de coups de chaleur
04:38 et peut-être à des pluviométries un peu déficientes.
04:41 Donc ce sont des choses qui permettent à l'agriculture de s'adapter,
04:45 et des assurances aussi souvent pour la récolte de produits de qualité,
04:51 puisqu'on est avant tout comme fournisseur de l'alimentation de nos concitoyens.
04:56 Donc c'est aussi avec de l'irrigation et avec toutes ces avancées techniques et technologiques,
05:01 l'assurance d'une production à la fois de qualité et de quantité,
05:06 qui est permise par des fois l'assurance en dernier recours de l'irrigation,
05:12 qui elle nécessitera selon les régions forcément du stockage de l'eau.
05:16 - Pascal Gouttenoir, un président de la FEDSEA dans le Rhône,
05:20 on a compris, le mode de fonctionnement des agriculteurs a changé et va changer ?
05:25 - En fait, comme ce qui vient d'être dit, on est en perpétuelle réflexion.
05:32 Alors c'est vrai qu'on n'attend pas que le gouvernement nous dise qu'on est en camicule.
05:36 On a quand même le visu de la nature,
05:40 et on va dire le gros mot qui vient d'être dit, mais je le cautionne aussi, c'est l'irrigation,
05:45 sauf que si on ne nous permet pas de sauver nos cultures, on n'arrivera pas à la souveraineté alimentaire.
05:51 Donc en fait, il faut un partage correct entre tous,
05:56 et une acceptation de tout le monde que si on veut sauver nos cultures,
06:03 il faut nous permettre d'irriguer à un moment donné.
06:07 Et c'est vrai que l'irrigation, on s'aperçoit que historiquement c'était juillet et août,
06:14 et maintenant ça peut démarrer de mai jusqu'à octobre.
06:17 Il faut qu'on ait en perpétuelle adaptation culturelle, mode de pratique,
06:22 et ça reste l'éternel combat de notre métier, l'adaptation.
06:29 On est sans arrêt en mode adaptation.
06:31 - L'adaptation, donc ce sont vos derniers mots, Pascal Goutenoir.
06:35 Merci, président de la FEDSEA dans le Rhône.
06:37 Merci d'avoir été sur Europe 1, parce qu'on doit passer à un tout autre thème,
06:41 puisqu'on veut parler du Japon qui va déverser des eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima.
06:47 Est-ce que c'est dangereux ? Réponse tout de suite.