- 8/17/2023
Portrait biographique sur idir le chanteur kabyle
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00:00:31 Ils n'ont pas vu Edir depuis l'année dernière à Tabarka.
00:00:39 Ils se déplacent de Libye jusqu'à Tabarka pour voir Edir,
00:00:44 qui pour eux n'est pas un chanteur ordinaire.
00:00:49 C'est un messager. C'est plus qu'un messager.
00:00:54 Il a un rôle, un grand rôle pour le peuple berbère.
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00:01:10 Quand Edir commence à chanter, on a le corps gros, on a envie de pleurer, on a envie de ne pas l'écouter seulement, de le regarder, de le dévorer, de bien l'apprécier et assimiler son message,
00:01:34 parce que c'est un message et je dois, moi c'est mon devoir de l'apprécier.
00:01:41 Je reste toujours attaché aux premières chansons d'Edir, qui restent le folklore, les berceuses de la kabili, ce qui nous représente vraiment nous-mêmes.
00:01:51 On préfère bien qu'il vive ici, mais pour lui, pour qu'il rayonne encore plus, il faut qu'il vive là-bas.
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00:02:08 L'Algérie c'est mon premier pays, donc la France est mon deuxième pays.
00:02:12 C'est le pays qui m'a donné une histoire, un sens, une identité, une origine, on ne peut pas l'oublier.
00:02:19 Tu ne peux pas demander à quelqu'un comme moi, en même temps d'oublier la France, qui est le pays qui m'a appris la liberté d'expression, dans laquelle je me suis épanoui, qui m'a accueilli et qui est devenu un pays à part entière pour moi.
00:02:32 Donc quand je vois des bus venir comme ça d'Algériens, je sais qu'ils se déplacent pour moi, pour aller voir un enfant de leur pays,
00:02:42 c'est quelqu'un dont ils ont entendu parler, qu'ils aiment bien probablement, et qu'ils doivent représenter un petit quelque chose pour eux.
00:02:51 Comment peux-tu rester insensible à ça ? C'est impossible.
00:02:55 (Cris de la foule)
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00:03:59 À El Jem, les Libyens n'étaient pas trop nombreux, mais ils étaient encore un peu bien énervés.
00:04:05 Ils avaient besoin d'hurler. C'est pour ça qu'à El Jem, ils n'ont pas trop parlé. Même pas du tout.
00:04:11 Je crois que c'est le premier concert que je vois en 10-12 ans où les Libyens n'ont pas parlé. Ce qui est surprenant, mais ça existe aussi.
00:04:19 (Bruits de la foule)
00:04:29 Ils viennent te saluer comme si j'étais un général de brigade.
00:04:34 C'était assez difficile d'être un chanteur et puis de passer dans la tête des gens pour quelque chose que tu n'es pas, dans le fond.
00:04:46 (Bruits de la foule)
00:04:56 Quand tu vois qu'ils mettent des t-shirts avec ton nom, tout ce que tu représentes, tout ce que vient de dire le gars en disant "tout le monde rêve en Libye de te voir".
00:05:05 Donc tu traduis certainement des émotions, des sentiments qui te dépassent.
00:05:13 Je suis quelqu'un qui a la chance d'être aimé énormément, mais je ne peux pas aller au-delà de mes désirs et de mes possibilités.
00:05:24 Je ne peux pas représenter qui que ce soit. J'ai défendu énormément de choses, j'ai participé à beaucoup d'actions, mais je veux quand même rester moi-même, c'est-à-dire maître de mon destin à moi.
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00:05:48 Ici, ils ont une chambre avec les enfants et puis moi, j'ai fait de la musique ici.
00:05:54 Quand je compose, je suis seul. Les appareils, c'est après. Il importe que la mélodie vienne de toi, seul avec ta voix ou avec une guitare, c'est tout.
00:06:02 Tu appliques ce que tu as pensé déjà dans la tête. Tu te dis "tiens, si j'arrive à la maison, il faudra que j'essaie comme ça".
00:06:09 Une mélodie qui te trotte dans la tête, tu la joues. Ce n'est qu'après que tu la mets.
00:06:15 Tu mets une petite rythmique dessus pour voir ce que ça donne, comment ça balance avec les mots, les notes.
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00:06:27 Là, c'est la maison, mais vue de ce côté-là.
00:06:33 Depuis combien de temps tu n'es pas retourné dans ton village ?
00:06:35 Depuis 1994.
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00:06:59 Derrière moi, la maison à Yidil, au village d'Aït Lahcen.
00:07:15 Il n'y a pas longtemps, c'était quelqu'un qui venait passer ses congés ici, qui passait ses vacances.
00:07:21 C'était l'enfant du peuple, c'était l'enfant qui côtoyait tout le monde. Il était modeste dans ses actions, dans son comportement.
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00:07:41 Je suis né dans un petit village camille, qui s'appelle Aït Lahcen, qui est à 35 km d'Isoudou.
00:07:51 Il y a pas mal d'années déjà. Et j'ai passé une enfance heureuse, tout à fait normale.
00:07:59 Les pièges pour les oiseaux, les petites baignades dans les ruisseaux.
00:08:03 A l'époque, il n'y avait pas de télé, on n'avait pas d'électricité, pas de radio, rien.
00:08:07 C'était à la bougie, on était là avec la grand-mère, avec la maman, on chantait, on racontait des légendes, des histoires.
00:08:15 On passait le temps comme ça.
00:08:17 J'étais un petit gosse. Mais il suit moi, parce que moi je t'appelais.
00:08:23 Alors lui aussi, il commence à... après... il a changé, il a changé de direction.
00:08:34 Avec un bidon d'huile Bepé et une petite planche et des fils en nylon, on a commencé à fabriquer des petites kettles qui donnaient des sons.
00:08:44 Et c'est là où j'ai appris d'ailleurs à jouer en solo.
00:08:48 Est-ce que vous connaissez Idia ?
00:08:50 Il dit qui ? Amirouj. Il chante.
00:08:54 Il chante.
00:08:56 (Chant)
00:09:20 Le fait de chanter, d'abord ça légitimait une langue qui était orale et qui était à peu près à disparaître.
00:09:26 Et ça l'aidait à se maintenir.
00:09:28 Et puis ça nous aidait aussi à garder tous ces trucs qu'on a hérités depuis des millénaires.
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00:09:58 Il y a une espèce de chimie dans le groupe qui fait que biologiquement, caractériellement parlant, les gens sont d'une jovialité quand même assez remarquable.
00:10:10 Ce qui fait qu'à chaque fois, à tout bout de chant, on la laisse exprimer.
00:10:14 (Chant)
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00:10:27 (Chant)
00:10:37 (Chant)
00:11:02 (Musique)
00:11:17 Nous c'est important que vous veniez parce que ça va venir d'autres gens.
00:11:20 Aussi.
00:11:22 Nous on était à 250 en moyenne.
00:11:24 Là il y en aura 500.
00:11:26 Donc c'est encore 250 de plus qui ne viennent pas d'habitude.
00:11:28 D'accord.
00:11:30 Qui vont entendre vos chansons.
00:11:32 Pour nous c'est important.
00:11:34 Pour nous aussi.
00:11:36 Bonjour. Vous êtes la journaliste ?
00:11:38 On s'est déjà parlé au téléphone.
00:11:40 Bon alors je dois vous présenter un public allemand qui ne sait même pas ce que c'est un berbère.
00:11:46 Pour eux l'Afrique du Nord c'est les Arabes.
00:11:48 Donc je suis obligée de vous poser certaines questions.
00:11:50 Mais personne n'est pas le faire.
00:11:52 Alors rassurez-les.
00:11:54 Il y en a qui s'en remettent.
00:11:56 Oui d'accord.
00:11:58 D'abord je voulais vous demander le nom "IDIR".
00:12:01 Qu'est-ce que ça signifie ?
00:12:03 C'est un nom comme ça parce qu'on peut appeler la vie, on peut appeler quelqu'un l'espoir.
00:12:07 Surtout pour les filles.
00:12:09 Tout ce qui amène des choses positives, de la lumière au cœur, on l'emploie aussi sur les êtres humains.
00:12:16 Et notamment lorsqu'il y a aussi des maladies, des épidémies chez nous alors qu'il n'y avait pas d'hôpitaux ni de médicaments.
00:12:24 Quand ça emportait les nouveau-nés, souvent pour conjurer un peu le sort on les appelait "IDIR" dans l'espoir que celui-là survivra.
00:12:44 Ce truc là qu'ils font dans les Gay Pride et tout ça, la techno, machin, c'est toujours 130.
00:12:49 Et c'est alors...
00:12:51 C'est pas comme ça.
00:12:53 Non, non.
00:12:54 Et là, je pense que 128 c'est...
00:12:56 C'est ce qu'on vient de faire là.
00:12:58 Ça m'a peuré beaucoup quand il l'a dit mais en fait c'est bien.
00:13:02 D'accord, on va essayer ça comme ça ce soir.
00:13:04 On fait un essai.
00:13:06 Et pour Thérèse, Thérèse, Thérèse, Thérèse, Thérèse, Thérèse.
00:13:08 On va t'envoyer le même truc et tu vois.
00:13:10 Une fois que tu finis la balance, on va le faire et tu me dis ce que tu en penses.
00:13:14 Une ambiance assez détendue.
00:13:30 Ils sont quand même une équipe qui a plus de 17 ans.
00:13:35 Et donc qui est assez à l'aise un peu partout. Qui a à peu près tout fait et donc qui est à l'aise partout.
00:13:40 Il n'impose pas.
00:13:47 Il essaye de nous...
00:13:49 Comment dirais-je ?
00:13:52 Intelligemment de nous diriger mais sans que ça soit autoritaire.
00:13:57 Mais il a ses idées.
00:13:59 Donc nous on les respecte. Bien sûr c'est sa musique.
00:14:01 Mais il a déformé quelque chose de...
00:14:05 d'un créateur. C'est pas possible.
00:14:07 Ça va là ?
00:14:19 Très ouvert à ce qu'on peut lui apporter musicalement.
00:14:30 Donc à partir de là, il y a quand même une grande liberté d'interprétation de cette musique.
00:14:35 Il n'y a aucun sectarisme, aucun purisme.
00:14:38 On peut, en respectant la musique et en servant le mieux possible les rythmes et la musique,
00:14:44 on peut lui proposer plein de choses.
00:14:47 C'est vraiment intéressant d'avoir cette liberté pour un musicien.
00:14:51 Quand tu as pas de truc auquel tu t'adaptes, tu y vas, tu peux être dedans.
00:14:55 Mais si tu mets un machin à guillemets, on se dit "bon d'accord, oui..."
00:14:58 Non, non, tu dis pas "oui, tiens, tiens, tiens".
00:15:00 On fait bien ça comme ça avec les mains.
00:15:02 Oui mais attends, ça bouge, ça flirtue les mains.
00:15:05 Écoute, même si ça flirtue, ça aura le mérite de nous ramener vers le clic.
00:15:10 Tandis que là, quand il n'y a pas de clic, des fois, deux, trois points en plus, ça cabale, ça cabale.
00:15:16 Il dit dans sa nature, il laisse toujours beaucoup d'espace aux gens.
00:15:21 Tout en sachant ce qu'il veut.
00:15:23 Il n'est pas rigide, il ne va pas écouter comme ça, à travers une oreille pour sortir à travers l'autre.
00:15:27 Il écoute et puis il essaye de retenir l'essentiel.
00:15:30 Une extenso, moi qui ai fait des études gréco-latine, une extenso, on peut arriver, une vivo, dans un modus vivendi, ad hoc.
00:15:43 Non, non, on y va, puis aléas, acta est.
00:15:46 Et fluctuat in ex mercitur.
00:15:49 Il a énormément d'humour, et puis c'est des parties de rigolade jusqu'à tant de secondes avant de monter sur scène, des fois.
00:15:56 C'est un bébé, très beau gosse, mais au lieu de mes problèmes, il n'a pas d'oreille.
00:16:03 Pas d'oreille.
00:16:05 Puis un jour, il y a quelqu'un qui le voit comme ça, qu'est-ce qu'il est beau ce garçon.
00:16:09 Il n'a rien à l'oeil, j'espère, non?
00:16:12 Il me dit il n'a pas d'oreille, je lui dis il n'a rien.
00:16:16 Il dit non, et pourquoi il dit? Parce qu'il doit porter des lunettes.
00:16:19 Une autre version de cette petite...
00:16:27 Voilà, les blagues algériennes.
00:16:29 C'est un peu la colonie de vacances.
00:16:36 Des adolescents de 50 ballets.
00:16:42 J'estime complètement inutile de faire jouer Eric.
00:16:49 C'est différent de l'esprit du gombril, complètement.
00:16:53 Et puis ça n'apporte rien.
00:17:01 Il ne saura pas évidemment la quatrième croche du "il faut la mettre avant".
00:17:06 Il a en plus une grande gêne ou timidité de ne pas connaître le langage de la musique
00:17:12 et donc d'avoir du mal à communiquer certaines choses à un musicien.
00:17:15 Il le fait, il le sort musicalement et pas avec la langue de la musique.
00:17:20 Ce qui est au moins aussi fort.
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00:19:17 J'étais venu pour faire des études.
00:19:19 La musique est venue après parce que tu es un peu loin de ta région natale.
00:19:24 Donc tu cherches les gens qui te ressemblent.
00:19:26 Donc forcément, vous allez vous remémorer tous les réflexes culturels et identitaires entre nous.
00:19:34 Donc je me suis mis à faire des petites chansonnettes, des brides de musique ou de mots à des gens.
00:19:41 Mais sans me prendre au sérieux.
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00:19:48 La radio était à côté du lycée où j'étais.
00:19:50 On occupait le lycée le samedi-dimanche parce qu'on n'avait pas où aller.
00:19:54 Et puis en plus, on y était bien.
00:19:57 Donc on jouait de la guitare.
00:19:59 De là à ce que quelques notes aient pu traverser, il n'y avait qu'un pas.
00:20:02 Ça intéressait les gens.
00:20:04 Jusqu'au jour où j'ai fait une petite berceuse à une chanteuse chez nous.
00:20:09 Qu'on devait présenter dans une émission de radio qui se passait avec un public.
00:20:17 Mais c'était en radio.
00:20:19 La fille tombe malade.
00:20:22 Et le producteur affolé traverse la rue dans l'autre sens.
00:20:27 Pour me dire qu'il avait annoncé cette chanson.
00:20:32 Et comme il avait assisté aux répétitions, il trouvait que je la chantais bien.
00:20:36 Il m'a demandé si je pouvais remplacer la fille comme ça au pied levé.
00:20:40 Et le jour venu, donc, je la chante.
00:20:43 Non seulement je la chante, mais je l'ai chantée 6 fois.
00:20:45 Je me souviens qu'au bout de la deuxième fois, je me suis sauvé dans les coulisses.
00:20:50 Parce qu'avec les hurlements de la salle, je me demandais s'il ne me disait pas de foutre le camp, de partir.
00:20:57 Mais en fait, il la voulait encore.
00:20:59 (Chant)
00:21:23 Et le lendemain, évidemment, les gens ont téléphoné.
00:21:26 C'est qui ? C'est quoi comme chanson ? C'est quoi comme style ?
00:21:30 Et du courrier qui arrivait à la radio, qui réclamait encore ce chanteur qui s'appelait Idil.
00:21:37 Je me suis inventé le pseudonyme d'Idil sur place.
00:21:40 Parce que je ne voulais pas que ma famille soit au courant de ces choses-là.
00:21:44 J'étais là pour faire mes études et non pour faire le saltimbanque.
00:21:48 J'entendais des gens parler de moi.
00:21:50 Évidemment, ils ne savaient pas que c'était moi.
00:21:53 Je ne sais pas si c'était de la parano ou autre, mais à tous les coins de rue, j'entendais mon nom, l'artiste.
00:21:58 Jusqu'à ma famille, bien sûr, jusqu'à la maman qui me parlait de moi sans savoir que c'était son fils.
00:22:05 Elle me disait, il est dans ton lycée, comment il est gentil, est-ce que tu peux l'inviter un jour à manger ?
00:22:12 Jusqu'au jour où on m'a proposé de faire une télé.
00:22:15 Je suis passé à la télé et là, ce n'était plus pareil.
00:22:20 Ma mère qui aimait ce chanteur-là, quand elle a vu que c'était son fils, ça ne lui a pas plu du tout.
00:22:27 Je me souviens même qu'elle avait pleuré parce que...
00:22:31 Je pense qu'elle voulait voir au moins un tout-bib, un pharmacien ou un ingénieur plutôt qu'un chanteur.
00:22:39 Parce que c'était des choses pas trop palpables chez nous.
00:22:42 Bon, pas de def, les bâtillons, tu sais à l'époque.
00:22:47 Chevalons.
00:22:49 Un de mes copains m'a conseillé de faire un 45 tours, il fallait une face B dessus.
00:23:02 Il m'a dit, tu fais ça, comme ça, ça va te payer un peu ton resto, tu peux payer tes études.
00:23:07 C'est une chance que tu as, donc profite-en.
00:23:09 Et c'est là où j'ai enregistré cette face B.
00:23:14 Et c'est cette face B qui a fait le tour du monde.
00:23:17 Il a déclenché avec Vervainuwa, il a déclenché quelque chose qui dormait profondément depuis des siècles.
00:23:32 Chez les gens d'Afrique du Nord.
00:23:36 Ça, ça a été une illumination pour nous.
00:23:38 C'était vraiment quelque chose de nouveau.
00:23:41 Parce que c'était la première fois où on entendait un Algérien chanter dans sa langue,
00:23:45 avec une guitare, s'accompagner à la guitare, et c'était nouveau.
00:23:50 Quand j'ai entendu des harmonies, et puis quelles harmonies, sur la musique kabyle,
00:23:55 j'ai adhéré tout de suite.
00:23:57 C'est ça qui m'a accroché en deuxième plan, la musique.
00:24:00 On était habitué à écouter de l'oriental, de l'égyptien, du libanais.
00:24:05 C'était aussi bien, de l'occidental, ce qu'on appelait l'occidental.
00:24:10 Du Hendrix, du Led Zeppelin, tout ça.
00:24:15 Et là, on découvre quelqu'un de frais, quelque chose de frais.
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00:24:44 Pendant que moi, après, j'allais faire mon service militaire, je croupissais dans une petite caserne,
00:24:50 je voyais que cette chanson faisait le tour du monde,
00:24:52 et j'écoutais ma propre voix dans les ondes internationales.
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00:25:06 J'étais comme un bouchon dans l'eau, à me laisser passer par les vagues,
00:25:10 je n'avais pas un destin en main ou une carrière à prendre en charge.
00:25:16 Je laissais faire les choses et elles se faisaient d'elles-mêmes.
00:25:20 Et je continuais à faire de la musique pour moi,
00:25:22 parce que pour moi le but c'était d'être ingénieur en géologie,
00:25:28 et mon destin était d'aller chercher du pétrole, du gaz dans le sud algérien, c'est tout.
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00:25:48 Lorsqu'il est arrivé en France, ayant déjà fait son 45e tour,
00:25:52 il a été pris en main par Pat et Marconi,
00:25:54 et il avait comme directeur artistique un des grands monsieurs de l'époque,
00:25:58 qui s'appelait Claude de Jacques, il avait travaillé avec tous les plus grands,
00:26:01 et Claude m'a appelé un jour en disant "je t'envoie une bande Gérard, et tu fais ce que tu veux".
00:26:07 J'ai demandé "c'est quoi ?" On m'a dit "c'est un chanteur algérien".
00:26:10 J'étais pris de panique, je lui ai dit "je ne connais pas ces musiques-là, je ne saurais pas le faire bien".
00:26:15 Et il m'a répondu, et c'est là qu'il était très fort, puisqu'on avait déjà travaillé ensemble,
00:26:19 il savait sur quoi il pouvait compter sur moi, il m'a dit "fais-le avec ton cœur, ne le fais pas avec ta tête".
00:26:24 Moi je suis arrivé ici en 75-76, au plus fort, des idées un peu communisantes,
00:26:29 où les gens hébergés, des gars comme moi, où il y avait un discours,
00:26:35 on était porté un peu par ce vent de l'histoire, où il s'agissait de combattre l'apartheid, l'exclusion, le racisme,
00:26:43 et donc de laisser chanter des gens de là-bas, parce qu'ils avaient des choses à dire.
00:26:48 Le fait de chanter t'amène aussi à voir des gens qui militent dans un certain nombre d'actions,
00:26:53 soit dans des partis politiques, soit dans des organismes comme ça, comme des associations, etc.
00:26:59 Ça t'ouvre pas mal l'horizon, et moi je sais que ça m'a fait gagner énormément de temps.
00:27:05 Du jour au lendemain, je n'aurais plus s'arrêter, j'ai pris des risques en ne chantant que ce que je ressens.
00:27:17 Et j'ai eu une chance inouïe de m'en être sorti jusqu'à aujourd'hui.
00:27:24 Voilà le quartier que j'aime, Ménilmontant.
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00:27:55 On m'appelle souvent, c'est vrai.
00:27:58 Soit pour soutenir des actionnaires, pour faire des spectacles, de soutien,
00:28:03 pour dire ce que je pense par rapport à telle ou telle chose.
00:28:10 Mais il n'y a pas que les cabinets aussi.
00:28:12 Quand l'Algérie traverse une période un peu délicate, on appelle souvent des gens comme moi aussi,
00:28:17 pour soit donner leur avis ou participer à un certain nombre d'actions.
00:28:24 - Bonjour Monsieur le Président. - Tu vas bien ?
00:28:27 - Et toi ? - Ça va ?
00:28:28 - Je vais te montrer une acquisition, c'est le câble de Tara. - Fahar Djawoud, oui.
00:28:32 C'est super bien fait. Fahar Djawoud était un écrivain qui a été assassiné par les terroristes.
00:28:38 C'est lui qui a laissé la fameuse phrase "Si tu parles, tu meurs, si tu ne dis rien, tu meurs, alors dis et meurs."
00:28:48 Il nous a donné un bon coup de main. Ça c'est le fameux Algérie la vie, avec Khaled.
00:28:56 On a ramené tous les gens qu'on connaissait, Maxime Le Forestier, Ijna, énormément d'acteurs, Budos, Mayine,
00:29:03 et ça a été quelque chose d'assez extraordinaire.
00:29:07 Je suis français, mais mon cœur est algérien.
00:29:16 Je suis algérien de naissance.
00:29:19 Et j'habite en France.
00:29:23 Tu vois Guy, tout ça c'est un peu ton histoire et c'est un peu mon histoire.
00:29:30 Soyez fiers d'être algériens !
00:29:33 C'est pas tellement la recette qui a été faite, qui a été ensuite redistribuée, c'est pas tellement ça qui est important,
00:29:38 c'était surtout l'élan qu'il a eu, et qu'il a accroché aussi d'autres chanteurs algériens de d'autres régions,
00:29:43 telles que chez Khaled, et qu'énormément de gens, de médias se sont mis autour de ça pour faire passer ce message.
00:29:50 C'était ça l'intérêt.
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00:30:14 Un artiste, à mon sens, s'il touche les gens, doit aussi sentir avoir une température de leur préoccupation,
00:30:24 et donc être sensible à ce qui leur arrive, et puis être là au moment où il le faut.
00:30:29 Des gens qui disent maintenant que les chanteurs engagés c'est un peu dépassé, ceci, cela,
00:30:34 oui, quand c'est pris dans un terme péjoratif, mais je crois que le militantisme et l'engagement ont toujours leur importance.
00:30:42 [Musique]
00:30:46 L'idée était restée dans la tête des gens que c'était bon de faire des manifestations comme ça,
00:30:51 et que des manifestations comme ça faisaient l'unanimité de tous ceux qui étaient démocrates en France,
00:30:58 parce que la démocratie "existait" en Algérie, mais n'avait pas, disons, les moyens de faire entendre ces idées.
00:31:11 [Musique]
00:31:25 La chanson que je dédie à ma taupe a été faite avant sa mort, mais c'était un peu prémonitoire, effectivement.
00:31:32 Mais c'est vrai que quand tu es un personnage public, tu es un peu plus en vue, et pour peu que tu suscites un peu d'adhésion,
00:31:41 on peut avoir tendance à vouloir t'éliminer.
00:31:47 [Musique]
00:31:51 Même si son physique est mort, ses idées demeurent, et qu'il y a d'autres gens demain qui reprendront le flambeau,
00:31:59 et comme je le dis sur scène, ce n'est pas parce qu'on tue toutes les fleurs d'un champ ce printemps,
00:32:07 que le printemps prochain ne verra pas de nouvelles fleurs pleines d'espoir, et puis, venir repeupler encore le bonheur des gens.
00:32:16 [Musique]
00:32:35 Il dit, dès le départ, il a chanté les questions identitaires, ça lui tenait à cœur, et je crois qu'il a un peu fait ça par militantisme.
00:32:43 Son premier disque, "Badé Youba", a fait un tabac, et a participé beaucoup à la conscientisation identitaire au niveau des jeunes cabiles de l'époque.
00:32:57 Et sur le plan politique, il prenait beaucoup de risques. Il n'a pas été structuré dans un parti politique, donc je crois qu'il a chanté l'identité par conviction.
00:33:08 Edir m'a révélé toute ma cabilité, m'a révélé toute la beauté, la force, la misère, la douleur de mon enfance,
00:33:18 et par là, tout de suite, j'ai compris tout de suite tout le combat qui se faisait ou qui a été fait par d'autres.
00:33:26 On se rejoint pas mal dans ce qu'on fait, parce qu'on dépasse un peu le côté local,
00:33:31 on essaye, lui par exemple, à travers l'humour, de transcender un peu les drames, de les rendre beaucoup plus compréhensibles.
00:33:39 C'est quelqu'un en qui les gens de la rue, le public, le peuple, croient, parce qu'ils le connaissent depuis 30 ans maintenant,
00:33:49 ils l'ont entendu parler, ils l'ont entendu agir, ils l'ont vu agir, ils l'ont vu en action,
00:33:55 et donc ils savent que c'est un homme de confiance, c'est un homme qui s'engage pas comme ça, aveuglément, sur n'importe quoi, c'est un homme réfléchi.
00:34:03 Il est extrêmement sollicité, au fait, que ce soit par des structures ou par des individus.
00:34:08 Donc, il est évident qu'il ne peut pas, c'est pas un superman, il ne peut pas, parce qu'au fait, il faut qu'il vive,
00:34:15 ou qu'il puisse dormir, donc il peut pas dire oui à tout, donc effectivement, il y a un petit peu de sélection.
00:34:19 Mais sinon, il est assez accessible. Moi, je me promène souvent avec lui, il se fait interpeller dans la rue,
00:34:27 il répond, il accepte de dire bonjour, il les embrassade, il ne fait pas le difficile.
00:34:32 J'aime beaucoup sa malice, parce que c'est une malice qui est destinée plutôt à enclencher le rapport avec les autres,
00:34:42 et qui est basée sur l'intelligence des choses, sur la sensation des choses, et c'est un très très bon copain,
00:34:47 c'est un bon copain dans la vie, c'est quelqu'un d'extrêmement agréable.
00:34:54 Chaque café Kabil à Paris a des histoires et une histoire à raconter.
00:35:08 Donc, à travers ça, tu vois les joies, les peines des gens, tu saisis vraiment la température de leur vécu ici.
00:35:16 La communauté Kabil était déjà présente au début du siècle, présente durant la première guerre mondiale.
00:35:22 Il y a eu un grand retour à crise économique, 28, 29, 30. De nouveau, seconde guerre mondiale, donc on va encore aller chercher.
00:35:30 On peut parler d'immigration familiale à partir des années 55, 60.
00:35:34 L'exil a été curieusement chanté par les femmes là-bas, parce que ce sont elles qui ont le plus morflé, leur mari étant ailleurs.
00:35:43 Mais la chanson de l'émigration, de l'exil des hommes a été chantée ici, en France.
00:35:50 Est-ce que vous êtes retourné là-bas, en Kabili ?
00:35:53 J'y suis retourné quand j'étais, enfin j'y suis allé quand j'étais petit.
00:35:56 C'est vrai que là, depuis très longtemps, j'y suis pas allé. Il faudra qu'un jour j'y retourne, parce que c'est vrai que c'est la terre de mes parents.
00:36:03 Ce qu'a fait ce garçon est énorme. Il a fait avancer, je sais pas, la société de 20 ans.
00:36:10 Parce que du coup, on a oublié qui il était, ses origines. Il était français, il défendait la France et il était là.
00:36:16 Et il était l'honneur de je ne sais pas combien de millions de gens, et ici, et au Maghreb.
00:36:22 (Applaudissements)
00:36:27 (Musique)
00:36:52 J'avais entendu dire qu'il passait à Bagneux, et donc j'avais été le voir. Je l'ai croisé, donc on s'est rien dit, parce que lui dit rien, et moi non plus.
00:37:02 Mais on s'est rien dit avec beaucoup d'affection.
00:37:04 Gauteman est un de ceux que j'apprécie le plus au niveau de la chanson française.
00:37:09 Tant du point de vue de ses compositions, de ses mots, que de ses actes.
00:37:15 Le respect mutuel existait déjà, et je lui ai fait des... (Chante)
00:37:25 On écoute la chose, on se laisse aller avec les contraintes du personnage.
00:37:31 On essaye d'imaginer, étant donné ce caractère bien particulier, étant donné ce rôle bien particulier.
00:37:42 Moi j'essaye d'imaginer ce que je pourrais mettre, quels mots je pourrais lui suggérer.
00:37:51 Toi t'es là, Jean-Luc est là légèrement, légèrement là.
00:37:55 Non, non, non, faut le mettre à côté, et nous on les entoure.
00:37:58 Et nous, nous on est là.
00:38:01 Toi tu t'assieds là, Idir il est là, et nous on est en ligne devant eux.
00:38:06 (Rires)
00:38:09 (Musique)
00:38:30 Il a compris ce qu'il fallait peut-être me donner à l'époque.
00:38:33 Parce qu'il a parlé de la pluie, la pluie qui est en même temps quelque chose de très rare,
00:38:39 et de très convoité dans les pays chauds chez nous.
00:38:42 Cette pluie qui peut être salvatrice pour la terre, puis qui peut être destructrice,
00:38:47 tu sais les torrents algériens c'est connu, en deux minutes tu peux dévaster toute une région très facilement.
00:38:52 Donc de là à y faire un parallèle, une allusion à tout nos mots, tu vois,
00:39:00 c'est la finesse qu'il a, il a comparé cette eau, cette pluie aux larmes que pourraient verser les gens.
00:39:06 (Musique)
00:39:24 Je suis très complexé par rapport au fait de chanter en français,
00:39:27 parce que ça remonte à loin.
00:39:31 Quand j'étais en Algiers, parce qu'il n'y avait pas de lycée en Kabylie,
00:39:36 je débarquais sur la capitale où les gens parlaient plus ou moins correctement le français,
00:39:42 puis avec une espèce d'accent précieux.
00:39:44 Et moi j'arrivais avec mes gros sabots en roulant les airs,
00:39:49 parce que c'est comme ça qu'on parle en Kabylie.
00:39:51 (Musique)
00:39:55 Le Kabylie c'est ma langue maternelle, c'est celle que je ressens,
00:39:59 j'en connais tous les contours, sa sonorité musicale, tout je sais le faire.
00:40:04 En français c'est une autre métrique et il faudrait que j'apprenne.
00:40:09 Il peut demander des collaborations, il peut faire des partages,
00:40:13 il peut faire des rencontres, évidemment, parce que ça, ça va aussi avec lui,
00:40:16 mais je pense que l'aventure d'un disque ne peut pas lui échapper à ce point-là,
00:40:23 c'est-à-dire de ne pas être l'auteur des textes.
00:40:26 (Musique)
00:40:48 Mon fils a deux prénoms, il s'appelle Alexis et Idir.
00:40:52 Pour moi ça représente absolument toute la culture et l'identité berbère,
00:40:57 avec une ouverture vers l'Occident, vers le monde entier.
00:41:04 C'est vraiment le porte-parole d'un peuple qui porte dans ses chansons.
00:41:10 (Musique)
00:41:14 Transgénérationnel, le public d'Idir c'est du 7 à 77,
00:41:18 maintenant avec une expérience de 8 c'est du 4 à 84.
00:41:21 Et ils amènent leurs amis, et ils amènent les gens du pays.
00:41:24 Et donc ça a grandi tout le temps, le public, et ça renouvelle tout le temps.
00:41:28 C'est le portouzeur de mon après-adolescence.
00:41:35 Et puis aussi parce que Idir a été le précurseur de la nouvelle musique, si vous voulez,
00:41:40 l'instrumentation, tous les arrangements, etc. C'était quelque chose de récent.
00:41:44 (Musique)
00:41:52 J'ai été vraiment très impressionné, disons, par à quel point c'était autre chose qu'un concert.
00:41:57 C'était comme une réunion, je dirais, culturelle, entre un déracinement,
00:42:06 tous ces gens tout à coup qui se ressemblaient et qui tout à coup étaient chez eux,
00:42:13 ensemble, autour de ces chansons et autour de ce personnage.
00:42:18 (Musique)
00:42:29 Depuis une petite quinzaine d'années que je travaille avec lui, tous les concerts sont à chaque fois...
00:42:34 C'est une véritable fête à chaque fois. Et puis il y a cet échange qui est toujours là,
00:42:38 toujours renouvelé, toujours aussi fort.
00:42:41 (Musique)
00:42:45 (Musique)
00:42:57 Salut, ciao, bonne fête !
00:42:59 (Musique)
00:43:15 Je crois qu'on a dû le voir 20 fois en concert, entre Lyon, entre le Jura, entre Grenoble, l'Angleterre, la Suisse,
00:43:23 la région parisienne, le Zénith. Voilà, nous sommes très très heureux de l'accueillir aujourd'hui sur Lyon.
00:43:29 (Musique)
00:43:39 J'ai ramené de la galette, comme la pittuse.
00:43:41 Arum, arum.
00:43:42 Arum à couronne.
00:43:43 Et puis l'huile d'olive de cette année qui vient de faire il y a 20 jours.
00:43:48 Et comme ça il va goûter l'huile d'olive de chez nous, de la Kabylie.
00:43:53 (Musique)
00:43:57 Je dois dire que je l'ai connue en 1996, j'étais en pleine crise identitaire, je me recherchais, j'étais...
00:44:04 Partagée entre Maya Carey.
00:44:06 Je suis les langues.
00:44:08 C'est pas facile pour une jeune fille comme ça qui a grandi en France, elle avait 5 ans quand elle est arrivée.
00:44:12 Elle était partagée entre sa culture qu'elle ne connaissait pas très bien,
00:44:15 et les musiques actuelles qu'elle écoutait, donc je vous disais, Mariah Carey, Michael Jackson, etc.
00:44:20 Et un jour, on a fait une réunion familiale et je lui ai fait découvrir qu'il y a des chanteurs chez nous qu'elle peut découvrir.
00:44:26 Et depuis elle n'a pas arrêté, c'est une ascension.
00:44:28 Et je crois que maintenant...
00:44:29 Et en fait le premier jour où je l'ai vue, donc en 1996 à Mâcon, j'étais assise au premier rang comme aujourd'hui.
00:44:36 Et en fait de la salle, Edith a vu que j'ai pleuré pendant tout le spectacle.
00:44:42 Et puis j'ai eu la chance de le rencontrer en fin de concert.
00:44:46 Et puis il ne me connaissait pas du tout, il m'a prise à part, on a discuté un long moment.
00:44:51 Il me demandait pourquoi, il était un petit peu attristé de voir que je pleurais sur ses chansons.
00:44:57 Je lui ai expliqué que j'avais des problèmes de santé, des problèmes...
00:45:02 Je me cherchais culturellement, identitairement.
00:45:05 Et depuis en fait, ça m'a aidée à me sortir de tous ces problèmes que j'avais.
00:45:10 Et je le suis, comme vous l'a dit mon frère, depuis 1996.
00:45:13 Je devais avoir 16-17 ans.
00:45:15 Et je ne l'ai pas quitté.
00:45:17 Et puis au fur et à mesure que je les vois avec toute la troupe, ils me disent
00:45:20 "Ah mais si, t'as connu petite et puis maintenant t'es devenu une jeune femme".
00:45:23 Et voilà, j'ai l'occasion des fois de danser pour eux, ça me fait vraiment très très plaisir.
00:45:28 (Musique)
00:45:53 Ma relation avec le public va au-delà d'un simple rapport musicien et public.
00:45:59 Une histoire d'identité, de mémoire qui joue.
00:46:03 Et donc quand je dis que j'ai commencé avec leurs parents, qui ont eu même leurs enfants,
00:46:09 qui ont grandi avec, qui ont eu aussi des enfants,
00:46:12 et qui sensibilisent donc ces enfants à cette forme de musique,
00:46:17 c'est une de mes fiertés, si je devais être fier de quelque chose d'ailleurs,
00:46:20 c'est de pouvoir transcender un peu les générations.
00:46:23 L'après-concert d'Idir est toujours un problème au niveau du temps.
00:46:30 Parce que lorsque Idir va après le concert à la rencontre des gens,
00:46:34 ça peut durer des heures et des heures parce qu'il ne signe pas seulement des autographes,
00:46:39 il écoute. Avant de parler aux gens, il écoute chaque personne.
00:46:43 Et bien on veut lui dire qu'on l'aime.
00:46:47 D'abord je l'ai dit, je l'ai crié tout fort dans la salle, qu'on l'aime et que...
00:46:51 Oh là là, quand il parle c'est trop beau, ce qu'il dit c'est trop beau, c'est magnifique.
00:46:57 Il dit très très très très très bien.
00:46:59 C'est le fait qu'il dise des paroles simples et il est compris de tout le monde.
00:47:04 La preuve, il n'y a pas que des cabiles qui sont venus à ce concert, il y a plein de Français.
00:47:08 Le discours, il le prononce en français, il le prononce pas en berbère.
00:47:13 Ça veut dire que notre langue, elle est bonne juste pour la danse.
00:47:18 Nous ça nous fait plaisir qu'il parle en français parce que je ne comprends pas.
00:47:21 Il m'a dit que je suis mariée avec un cabile.
00:47:23 D'ailleurs c'est pour ça qu'on aime aussi dire, il explique à tout le monde.
00:47:28 Mais du coup il chante, il chante en cabile, donc nous on a compris.
00:47:42 Il n'y a pas que la signature des autographes, il y a la discussion,
00:47:47 ce qu'il ressent de ce que tu leur as dit, ce qu'il te restitue.
00:47:52 Donc dans ces cas là, oui il faut voir tout le monde, oui il ne faut voir personne.
00:47:56 Il n'y a pas de demi-mesure.
00:47:58 Tu es là d'abord, tu es là pour tout le monde.
00:48:00 - Ça va ? - Ça va merci.
00:48:06 Moi j'ai ramené des choses anciennes et on a merdé la galette.
00:48:10 - C'est ça ? - Oui.
00:48:12 - Le huile d'olive de cette année ? - Non.
00:48:14 De cette année, je suis toujours de cette année, il y a quelques jours.
00:48:18 Et puis de l'autre. L'autre, la boue elle était pleine mais ça fait plaisir.
00:48:24 Ça nous a fait très plaisir comme habitude.
00:48:28 - C'est bien ? - Oui.
00:48:30 Dès lors que tu es un personnage public, tu suscites chez les autres des choses différentes,
00:48:39 des expériences publics différentes.
00:48:41 Et donc dès qu'on a un petit bout d'Algérie dans la tête,
00:48:44 quand on a des liens plus ou moins effectifs avec ce pays,
00:48:48 à travers ce que je suis, une espèce de caisse de résonance,
00:48:52 les gens trouvent des échos et ils ont envie de se rapprocher,
00:48:56 ils ont envie de créer des contacts.
00:48:58 Moi j'aime beaucoup ça.
00:49:00 Ça prouve que tu touches les gens et que tu n'es pas toujours inutile.
00:49:07 [Musique]
00:49:15 - Tu connais ? - C'est beau ça.
00:49:18 [Musique]
00:49:26 - Les amis jouent ça au Mali. - Au Mali ? C'est vrai ?
00:49:32 - Oui, c'est un moratoire. - Ah ouais ?
00:49:35 - Les berbères ne se contentent pas qu'à la Kabylie, simplement.
00:49:38 C'est beaucoup plus vaste qu'on en trouve au Maroc, en Tunisie, au Mali, au Niger, en Algérie, en Égypte.
00:49:46 C'est une grande civilisation, c'est une grande culture et il n'y a aucune raison à ce qu'elle n'existe pas.
00:49:54 [Musique]
00:50:04 [Applaudissements]
00:50:06 On les appelle les hommes libres justement parce qu'ils ne connaissent pas les frontières.
00:50:10 On peut être malien, nigérien, algérien, peu importe.
00:50:13 Pour eux, le temps appartient et l'espace aussi.
00:50:16 Eux qui foulent de leur pied un des seuls les plus riches de l'univers
00:50:20 qui malheureusement se retrouvent parmi ses enfants les plus pauvres,
00:50:23 le pétrole, le gaz, et donc c'est encore une raison supplémentaire
00:50:27 pour pouvoir les écouter, les accueillir comme ils se disent.
00:50:30 [Applaudissements]
00:50:36 [Musique]
00:50:56 [Applaudissements]
00:51:01 Merci beaucoup.
00:51:03 Je voulais vous saluer.
00:51:05 [Applaudissements]
00:51:09 C'est vraiment un événement important pour nous.
00:51:12 C'est la première fois qu'on a réussi à raconter quelqu'un.
00:51:16 [Musique]
00:51:20 Il suffit de passer une semaine chez un Touareg
00:51:23 pour que je puisse parler avec lui le berbère.
00:51:26 C'est-à-dire une base linguistique absolument identique.
00:51:29 Et quand tu sais qu'au Maroc, il y a 90% de berbères enfants
00:51:35 et qu'en Algérie, ça chiffre par millions,
00:51:37 qu'ils en existent en Libye, en Tunisie et en Égypte,
00:51:41 moi je pense que c'est une aventure culturelle
00:51:43 qui vaut le coup d'être vécue et défendue.
00:51:46 [Musique]
00:52:09 Les artistes invités devaient reprendre une chanson du répertoire,
00:52:13 de lui dire, se l'approprier, la retranscrire à leur sauce,
00:52:19 avec la participation de lui-même.
00:52:22 Quand l'idée a commencé à s'acheminer
00:52:26 beaucoup plus vers un sens de partage
00:52:28 où les gens qui participent apportent une part d'eux-mêmes,
00:52:31 là ça a commencé vraiment à m'intéresser.
00:52:33 Nous, dans Zepda, on a décidé très vite d'associer deux chansons,
00:52:37 de mettre notre part de composition avec un texte
00:52:40 qui dit un homme qui n'a pas de frère à quoi ça sert,
00:52:43 associé à la chanson d'Idir et d'en faire une espèce de duo,
00:52:47 comme ça, total.
00:52:49 Tous ces artistes ont d'abord aimé la musique de Idir
00:52:51 et après je pense qu'ils ont à un moment ou à un autre
00:52:54 rencontré l'homme, ils se sont intéressés un peu à sa personne
00:52:58 et l'homme est encore plus attachant que sa musique.
00:53:02 La première fois que j'ai croisé Idir devant moi,
00:53:04 j'avais les mêmes moites, j'avais des gouttes de sueur,
00:53:06 j'étais là "Bonjour monsieur, vous allez bien ?"
00:53:08 Il m'a dit "Comment tu vas ?" "Vous voyez, tu m'appelles Idir,
00:53:11 je m'appelle Hamid, si tu veux m'appeler Hamid, tu choisis."
00:53:14 On s'est vraiment posé la question, est-ce qu'il va arriver à la chanter aussi vite ?
00:53:17 Vu que c'est plutôt quelqu'un qui chante la fête
00:53:20 mais d'une manière toujours un peu retenue,
00:53:22 dans des tempos retenus, il n'est pas forcément dans des tempos aussi rapides.
00:53:26 Donc il s'est posé derrière le micro, il a fait deux prises,
00:53:29 on a dit "Tu peux faire trois vocalises ?"
00:53:31 Il a dit "Bien sûr, pas de problème."
00:53:32 Il les a fait, il a été royal, impérial.
00:53:34 [Musique]
00:53:54 Les artistes proposaient pas mal de choses
00:53:57 et Idir est quelqu'un qui laisse vraiment s'exprimer les gens,
00:54:00 donc il était attentif.
00:54:02 Et après, progressivement, il a mené ses idées
00:54:05 mais d'une manière tellement subtile et fine.
00:54:11 Voilà, c'est sa façon de faire, mais à l'arrivée, il a ce qu'il veut.
00:54:16 [Musique]
00:54:33 Ça a été un aboutissement pour moi.
00:54:35 C'était un vrai bonheur, d'autant plus que je ne savais pas que ces gens-là
00:54:38 non seulement me connaissaient, mais avaient envie de travailler avec moi.
00:54:42 [Musique]
00:55:10 Tu vas bien ?
00:55:11 Ça va, bienvenue.
00:55:13 Ça fait plaisir de te voir.
00:55:16 À partir du moment où le projet d'identité a vu le jour,
00:55:20 Idir a très vite souhaité impliquer Ibrahim, Izri et Maxime.
00:55:25 Mais quand Maxime a été contacté, il a dit "D'accord, je participe,
00:55:32 mais vous chantez en français, moi je chante en kabyle."
00:55:36 [Ibrahim chante en kabyle]
00:55:52 C'est terrible, ils ont trois sortes de S.
00:55:55 Mais un jour je me dis à Idir, "J'ai un accent quand je chante en kabyle."
00:56:02 Il m'a répondu "Oui, tu as l'accent des Dames Blanches."
00:56:06 Être invité dans un conseillère d'Idir, j'entre en scène,
00:56:10 il y a des youyou, mais à sourdire, le génie est entier.
00:56:14 J'arrive jusqu'au micro, les youyou, les youyou,
00:56:17 je me dis "Je vais jamais arriver à chanter."
00:56:19 Je prends ma respiration, les youyou s'arrêtent.
00:56:21 [Musique]
00:56:29 C'est une maison bleue, adossée à la colline.
00:56:35 On y vient à pied, on ne frappe pas.
00:56:38 Ceux qui vivent là ont jeté la clé.
00:56:42 Peuplée de chevrons, de gants et de musées.
00:56:50 Peuplée de lumières, peuplée de fous.
00:56:53 La maison bergère, Mazel, c'est debout.
00:56:57 [Musique]
00:57:22 S'ils m'emmènent à Tizi Ouzou un jour, j'y vais.
00:57:24 Alors là, je vais te dire, si tu viens là-bas,
00:57:27 ce que tu as vu au Zénith, là,
00:57:30 c'est un petit spectacle de l'Ambière du XVIe.
00:57:33 Bah écoute, j'espère qu'un jour ce sera possible.
00:57:37 Espérons-le.
00:57:38 Bienvenue à tous et à toutes ceux qui sont là.
00:57:42 Je pense qu'un nouveau jour, un nouveau jour du printemps,
00:57:47 le printemps qui nous vient de nous donner un avenir merveilleux.
00:57:50 Tout gagnant est le droit.
00:57:54 [Musique]
00:58:02 Aïdou, normalement, il ne nécessite même pas invitation
00:58:05 parce qu'il est invité de lui-même.
00:58:07 Espérons bien qu'il soit là, peut-être l'année prochaine.
00:58:11 [Musique]
00:58:14 Je sais qu'il sera toujours accueilli avec des applaudissements et des youyou
00:58:19 car c'est lui notre représentant, je le dis.
00:58:22 C'est lui le représentant de la chanson Kabyle à l'échelle mondiale.
00:58:25 Je parle en nom de toute cette jeunesse.
00:58:27 Je sais qu'il va accueillir, je veux dire, à bras ouverts.
00:58:30 [Musique]
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00:59:57 S'il retourne en Kabyle, ça va être au-delà des normes,
01:00:00 sans compter que s'il parle avec un petit peu de personnes,
01:00:04 parce qu'il ne va quand même pas rester dans un hélicoptère,
01:00:07 ce n'est pas son genre.
01:00:08 Il y en a à peu près entre chaque concert pour deux ans.
01:00:11 Donc, je ne sais pas comment il va gérer ça.
01:00:15 [Musique]
01:00:26 Je crois qu'il n'y a pas lieu d'idolâtrer les gens,
01:00:29 il y a lieu de les aimer et d'échanger les choses avec eux,
01:00:33 mais être un aficionado, ce n'est pas...
01:00:36 C'est un peu factice parce que tu t'en bats amoureux d'une image,
01:00:40 d'une illusion.
01:00:42 Et que derrière cette image, il y a le mec qui rentre chez lui
01:00:46 une fois son concert fini, ou son émission télé finie,
01:00:49 il rentre, il se rase dans sa salle de bain,
01:00:52 il est dans sa cuisine et il redevient un homme.
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