Voyage sur la lune : «Les Américains cherchent à être les premiers», estime Jean-François Clervoy

Europe 1

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr À 7h42, Europe 1 reçoit chaque matin un invité pour décrypter, commenter et analyser l'actu du jour. Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40 LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 - Bon réveil et bonne journée à l'écoute d'Europe 1, il est 7h40.

00:03 Votre invité Lionel, l'ancien astronaute Jean-François Clairvoy.

00:06 - Bonjour Jean-François Clairvoy.

00:08 - Bonjour.

00:09 - Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.

00:11 C'est l'actualité de la nuit, vous l'avez sans doute suivi Jean-François Clairvoy,

00:15 la Russie a envoyé dans l'espace cette nuit une fusée Soyuz avec à son bord une sonde destinée à se poser sur la Lune

00:20 en vue des prochaines missions.

00:22 Qu'est-ce que cela signifie ? Que la Russie veut faire la démonstration qu'elle peut elle aussi rester dans

00:27 la course d'une nouvelle conquête spatiale ?

00:30 - Je ne pense pas que ce soit tellement une démonstration qu'elle cherche à faire,

00:36 elle cherche juste à regagner les compétences, le savoir-faire opérationnel, technique, technologique

00:41 des vols d'exploration du système solaire en commençant par la Lune.

00:45 Vous savez, chaque grande puissance a son record, la Lune a été et à ce jour est la seule puissance spatiale

00:53 qui a posé en mode automatique une sonde sur la Lune et qui a ramené en mode automatique

00:58 des échantillons du sol lunaire, mais c'était il y a une cinquantaine d'années.

01:00 Les Américains ont bien sûr

01:03 les premiers hommes sur la Lune, la Chine est la première à s'être posée, à avoir roulé sur la face cachée,

01:08 l'Europe est la première à avoir atteint la Lune avec une propulsion électrique.

01:13 Là les Russes lancent une série de sondes Luna 25, 26, 27, 28,

01:18 donc ça c'est la première d'une série de quatre automatiques qui vont progressivement

01:24 apporter de plus en plus de savoir-faire ou regagner le savoir-faire

01:27 qui permettra après d'envisager le vol habité, mais le vol habité pour les Russes c'est encore assez loin.

01:33 - Alors c'est une mission qui intervient alors que le projet américain Artemis est déjà bien avancé.

01:38 La NASA a d'ailleurs présenté cette semaine la capsule Orion qui emmènera en 2025 trois Américains et un cade indien autour de la Lune.

01:44 Ça veut dire quoi ? Que la compétition spatiale malgré tout est relancée comme au

01:48 j'allais dire au bon vieux temps de la guerre froide dans les années 50 et 60 ?

01:53 - Alors bon c'est vrai qu'avec Artemis on joue vraiment dans un autre domaine que Luna 25, on est dans le vol habité

01:59 et quand on parle de compétition ou de course

02:02 elle est vue ainsi

02:05 unilatéralement que du côté américain. Il n'y a personne d'autre qui est en course contre les Américains.

02:10 C'est eux qui cherchent à être les premiers. Quand les Chinois ont annoncé il y a quelques années

02:15 leur feuille de route qu'ils pratiquent, ils annoncent ce qu'ils vont faire et ils font ce qu'ils ont dit qu'ils allaient faire.

02:22 Ils envisagent donc de poser un ou une Chinoise en 2030 sur la Lune. Les Américains qui à ce moment là, donc c'était il y a six ans,

02:30 n'avaient qu'un programme

02:32 de fusées et de capsules pour aller en orbite autour de la Lune. Il n'y avait pas de

02:37 développement d'atterrisseurs parce que pour aller sur la Lune il faut non seulement la fusée lourde pour aller vers la Lune,

02:43 le vaisseau pour aller vers la Lune et autour de la Lune mais il faut aussi un vaisseau

02:48 atterrisseur qui sert à faire l'ascenseur, descente et remontée. Donc ils ont commencé à lancer un atterrisseur mais

02:56 le président Trump

02:58 a décidé que 2028,

03:00 qui était la date qu'il avait donnée, c'était trop tard, il voulait 2024 sans qu'il ne se soit rien passé ailleurs dans le monde.

03:06 On devine qu'il voulait que ça se passe sous son deuxième mandat s'il avait été réélu.

03:10 Et donc la NASA, c'était le branle-bas de combat et en

03:14 catastrophe, elle a très vite lancé des appels d'offres pour développer un atterrisseur mais qui n'est pas prêt.

03:18 Les Américains cherchent à être les premiers.

03:23 Donc c'est eux qui se déclarent dans une course contre

03:26 eux-mêmes.

03:29 - Ou contre le reste du monde mais qui n'a pas les mêmes moyens que les Américains.

03:34 - Alors surtout, ils veulent arriver avant les Chinois.

03:38 Les Chinois ne cherchent pas à être les premiers, ils cherchent à tenir leur feuille de route et aujourd'hui c'est 2030. Donc les Américains visent

03:45 absolument avant 2030.

03:47 C'était 2028 puis je vous ai dit 2024, maintenant que le président Trump a été réélu,

03:53 on se rend compte que la NASA n'a pas le budget. Il aurait fallu

03:57 quadrupler le budget annuel de la NASA pendant plusieurs années d'affilée.

04:01 Donc on parle de 2025 pour ne pas faire trop mauvaise figure mais ce ne sera pas avant 2027 ou 2028.

04:08 L'atterrisseur n'est pas prêt. Le début de concept d'atterrisseur, c'est le Starship qui a fait son premier vol d'essai

04:15 il y a quelques mois, qui a échoué en grande partie. Enfin il a quand même décollé mais il n'y a pas eu la séparation d'étage.

04:22 Et c'est pour ça que la NASA vient de relancer il y a deux mois

04:25 un appel d'offres pour un deuxième

04:28 atterrisseur alternatif qui est remporté par la société de Jeff Bezos et qui est plutôt de mode classique, c'est à dire

04:35 une partie

04:38 deux parties qui descendent, il y a l'atterrisseur et l'atterrisseur porte le module de remontée alors que

04:43 le projet de Starship c'était le même, l'atterrisseur entier redécolle.

04:49 - Jean-François Clairvaux,

04:51 quels sont les objectifs en fait des différentes agences spatiales ? Pourquoi autant d'intérêt maintenant à nouveau pour la Lune ?

05:00 - Alors en ce qui concerne le programme Artemis, côté américain et ses partenaires parce que

05:05 on parle beaucoup du programme américain mais il faut bien voir que Artemis c'est un programme véritablement international au même titre que l'ISS.

05:13 D'ailleurs l'agence spatiale européenne

05:15 fournit le module de ressources.

05:18 La capsule Orion qui va transporter les astronautes vers la Lune,

05:23 c'est une capsule conique et derrière le gros cylindre qui porte des panneaux solaires qui amènent toutes les ressources électriques,

05:30 eau, oxygène, etc. C'est 100% européen. C'est d'ailleurs ce qui nous donne droit à nous européens

05:36 d'avoir des places à bord de certaines de ces missions Artemis dans le futur dont certaines

05:40 proposeront un européen sur la surface.

05:43 - Mais pourquoi ce nouvel objectif de la Lune Jean-François Clairvaux ? C'était ma question.

05:47 - Alors c'est surtout apprendre

05:50 et répéter

05:53 autour de la Lune et sur la Lune ce qu'on envisage de faire un jour

05:57 autour de Mars et sur Mars.

06:00 Le but scientifique n'est pas le premier but.

06:03 C'est proche de la Terre. On peut ramener rapidement en urgence des équipages en moins de trois jours. On peut leur parler.

06:10 On peut les ravitailler. Alors que ceux qui partiront vers Mars

06:13 ne verront plus la Terre, ne pourront plus revenir en cas d'urgence, ne pourront plus converser avec la Terre. Donc

06:18 apprenons en proximité de la Terre à faire ce qu'on envisage de faire vers Mars. Donc la Lune c'est un banc d'essais

06:25 et de répétition, d'apprentissage de ce qu'on envisage de faire un jour autour de Mars et sur Mars.

06:31 - Avec des projets forcément à très très long terme et qui font

06:35 qui font ces vrais un peu rêver. Merci Jean-François Clairvaux. Merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.

06:41 - Merci à vous. - De nous avoir apporté ces précisions. Merci infiniment.

Category

Transcription

Recommandations