Dans une interview au Figaro, Emmanuel Macron est revenu sur les émeutes qui ont frappé la France à la suite de la mort de Nahel. Le chef de l'État dit notamment s'être gardé "de réagir à chaud" et ne lie pas ces évènement à "un sujet d'immigration actuelle" mais à "un sujet plus large de difficultés de certaines villes" et de "difficultés socio-économiques".
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 Long entretien, effectivement.
00:01 Donc apparaître dans le Figaro, où le sentiment qui prédomine,
00:05 c'est qu'Emmanuel Macron juge qu'on ne l'a pas compris,
00:07 et que plus que jamais, il ne fallait pas en déduire
00:10 de ses prises de parole passées,
00:12 que le chef de l'État donnait un coup de barre à droite.
00:14 Je vous prends un exemple sur sa fameuse formule
00:17 "l'ordre, l'ordre, l'ordre", qu'on avait beaucoup commentée.
00:20 Il dit "l'ordre ne se réduit pas à sa pointe immergée la police et la justice.
00:24 On ne peut pas faire nation si on n'a pas confiance dans la parole publique,
00:26 dans les autorités, dans ses parents, dans ses maîtres".
00:28 Façon de dire qu'il ne choisit pas un camp
00:31 entre l'aile régalienne de sa majorité,
00:34 qui appelait à une réponse judiciaire, policière en premier lieu,
00:38 et qui dit "on verra plus tard pour les réponses éducatives ou sociales".
00:43 Il le dit d'ailleurs, il dit que pour lui,
00:46 ses émeutes, elles ont plusieurs explications,
00:49 dont des problèmes socio-économiques.
00:52 C'est un propos qu'on n'avait pas forcément entendu
00:55 lors des prises de parole passées.
00:58 Il explique aussi pourquoi il met autant de temps à réagir.
01:02 Je l'ai fait à dessein, dans les moments d'émotion,
01:03 on est sommé de choisir son camp et donc on dit toujours des bêtises.
01:06 Et il le dit, là encore, dans cet échange avec nos confrères du Figaro,
01:11 il ne veut pas choisir entre ceux qui disent que d'un côté,
01:15 il faut sanctionner les parents, et ceux qui disent que de l'autre,
01:19 il faut au contraire les aider à reprendre,
01:21 à retrouver leur rôle au sein de la famille.
01:23 Et puis il y a cette phrase que l'on a pu voir à propos de l'immigration,
01:28 parce qu'au moment des émeutes, dans le débat politique,
01:33 il y avait le camp de la droite, le camp de la droite nationale,
01:35 qui disait "Regardez, ce sont des jeunes qui ne se sentent pas français,
01:38 c'est un problème d'accumulation d'immigration".
01:41 Et là Emmanuel Macron dit "Non, ce n'est pas une question d'immigration,
01:44 ce qui s'est passé, nous avons toujours été une terre d'immigration
01:47 et nous continuerons de l'être".
01:49 C'est la phrase choc même qu'on peut retenir de cet entretien.
01:52 Absolument, phrase choc qui arrive à un moment quand même très particulier.
01:55 Après, effectivement, ces émeutes, ou une partie de la droite,
01:58 une partie aussi d'Alex Zemmour, de Marine Le Pen, d'extrême droite,
02:03 a pu dire "C'est un problème d'immigration",
02:05 il dit "Non, non, pas du tout, alors attendez,
02:07 il y a une loi immigration qui va arriver, ne venez pas nous dire
02:10 qu'on est dans un pays qui a vocation à ne plus être un pays d'immigration".
02:13 Mais il reconnaît, il dit "Oui, bon, alors peut-être,
02:15 au sein de toutes les explications, les difficultés socio-économiques,
02:18 il peut y avoir aussi des difficultés d'intégration dans certains cas".
02:22 Ce qui est très curieux, pour tout vous dire, dans cet entretien,
02:26 c'est que c'est un entretien qui rappelle plus que jamais le "En même temps",
02:29 dans lequel Emmanuel Macron explique ne pas croire notamment à des coalitions.
02:33 Donc il enterre une nouvelle fois l'idée, éventuellement,
02:35 d'un pacte de gouvernement avec la droite, dont elle ne veut pas, certes,
02:38 mais il dit "Moi non plus, je n'en veux pas".
02:41 Il parle au Figaro Magazine, un titre qui, politiquement,
02:44 est plutôt coloré à droite, pour dire qu'il n'est pas d'accord
02:47 avec les Républicains sur l'idée de modifier la Constitution
02:51 pour créer un régime d'exception sur les questions d'immigration,
02:54 qu'il n'est pas d'accord avec eux non plus pour la suspension des allocations
02:57 pour les parents, qui seraient défaillants.
02:59 Très curieux aussi, il en profite pour apporter une forme de recadrage
03:04 à l'égard de son ministre de l'Intérieur, qui avait pu dire,
03:07 pendant les émeutes, en réponse, précisément, à la droite et à l'extrême droite,
03:10 qu'il n'y avait pas que des enfants d'immigrés dans les émeutiers
03:14 qui ont été interpellés. Il avait dit à beaucoup de Kevin et de Matteo.
03:17 Il dit quoi, Emmanuel Macron ? Il dit qu'il n'aime pas beaucoup
03:19 le débat sur les prénoms, parce qu'il a été convoqué à toutes les sauces
03:22 et ce n'est pas ça qui m'intéresse. Donc très curieux,
03:25 entre le choix du titre et le fond de ce que dit le chef de l'État.