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  • 04/07/2023

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Personnes
Transcription
00:00 [Musique]
00:25 Bonsoir. On ne déjeune pas avec le diable, même avec une très longue cuillère,
00:32 avertissait encore en 1985 l'économiste et homme politique ancien Premier ministre français Raymond Barre,
00:41 celui-là qui fut en son temps partisan d'une politique de rigueur pour lutter contre la crise économique.
00:48 Depuis lors, de l'eau a coulé sous les ponts, y compris ceux de la Seine à Paris,
00:54 mais cette pensée n'est ni passée ni dépassée.
00:58 La preuve, la semaine dernière à Paris justement, où les plus pauvres étaient à table avec les plus riches
01:06 lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial.
01:10 Une satire des institutions financières internationales depuis les accords de Bretton Woods aux États-Unis d'Amérique en juillet 1944
01:19 et qui font que celui qui est riche est toujours riche et celui qui est pauvre est toujours pauvre,
01:27 selon la formule acide du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva dans une des salves servies à l'occasion.
01:37 Le chef de l'État Paul Billac comptait parmi la cinquantaine de dirigeants présents dans la capitale française,
01:43 tout comme Cristalina Giordieva, la directrice générale du Fonds Monétaire International,
01:50 dont le Conseil d'administration a approuvé cette semaine le décaissement de 44,5 milliards de francs CFA en faveur du Cameroun.
02:00 Des largesse sanctionnant la quatrième revue du Programme Économique et Financier Triennal 2021-2024,
02:08 concluent entre le Cameroun et le FMI au titre de la facilité élargie des crédits et du mécanisme élargi des crédits.
02:17 Faut-il rire ou pleurer au sortir du sommet de Paris, dont le temps général était à peu près comparable au temps brûlant de l'été parisien ?
02:29 Le Cameroun doit-il toujours compter sur la mécanimité des bailleurs de fonds internationaux pour émerger à l'horizon 2035 ?
02:38 Actualité Hebdo ne fait pas l'économie de toutes ces questions sur les questions économiques.
02:45 Adresser ce dimanche à un homme pour qui l'économie est justement plus qu'une science, une passion et une profession.
02:56 Le professeur Desiré Avom appartient au Carmel des agrégés des facultés des sciences économiques.
03:02 Il est depuis le décret présidentiel du 22 avril 2020 doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université de Yaounidou, Soa.
03:13 Professeur Desiré Avom, bonsoir et bienvenue.
03:17 Bonsoir M. Romuald et merci pour cette invitation.
03:21 Ce n'est pas la première, la toute dernière invitation, votre dernier passage à Actualité Hebdo.
03:27 Il remonte à trois ans, je viens effectivement d'être nommé doyen à la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université de Yaounidou.
03:34 Après avoir été doyen pendant cinq ans à Tcham, j'avais eu l'honneur d'être invité par votre collègue et brillant journaliste Ibrahim Cherif.
03:44 Illustre dévencier et pionnier de cette émission.
03:49 On n'a presque jamais vu de cheveux sur votre tête, en tout cas depuis que vous êtes dans le milieu universitaire.
04:00 C'est l'économie qui a emporté vos cheveux ou alors c'est un look que vous avez adopté ?
04:07 Il y a des deux. Il y a le look et puis la passion de la recherche qui certainement fait sauter les cheveux.
04:14 Pour éviter l'indiscipline qui caractérise cette situation où on a des parties où il y a des cheveux, des parties blanches, des parties chaudes, j'ai choisi de me coiffer désormais comme ça.
04:28 Très bien, ça fait partie en tout cas de votre identité. Professeur Avom, selon mes informations, vous étiez à l'Umeo Togo la semaine dernière pendant que se tenait la grande messe de Paris. C'était pour faire quoi ?
04:40 Oui, j'ai été honoré d'être invité comme orateur principal pour prononcer une leçon inaugurale devant le club des banquiers africains.
04:51 Le thème portait sur les questions du financement, bien évidemment. Je devais présenter une leçon sur la banque aujourd'hui et demain.
05:04 J'ai fait cette leçon pour montrer que la banque reste le socle du financement des économies africaines, même si on peut observer des disparités d'une région à une autre en termes d'implication dans le financement du secteur privé.
05:18 Cette présentation avait pour but de faire le point sur le système financier africain et surtout pour essayer de prospecter ce système financier et son rôle dans la mobilisation des ressources nécessaires pour le financement de l'économie africaine.
05:32 Je dois dire que c'est un privilège, mais ce qui me réjouit en réalité, c'est que chaque fois que vous vous retrouvez dans une instance internationale, la présence camerounaise est très forte.
05:43 C'est vraiment un indicateur de la performance de notre système éducatif.
05:48 De votre point de vue, justement, et là j'aimerais le recueillir à propos du dernier sommet de Paris qui visait un nouveau pacte financier mondial, pourquoi un tel sommet et pourquoi maintenant ?
06:05 Parce qu'il y a des problèmes. Tout le monde le sait. Le système financier actuel, vous l'avez relevé, en 1944, ça fait 79 ans. L'année prochaine, 80 ans.
06:15 Il y a beaucoup d'évolutions qui sont intervenues dans le monde depuis cette période-là, qui malheureusement ne se retrouvent plus dans la configuration actuelle du système financier.
06:24 Il y a eu des adaptations en fonction des crises, en fonction des problèmes, mais il n'y a jamais eu un effort, une volonté politique pour pouvoir revoir dans le fond le socle de fonctionnement du système financier
06:41 pour éventuellement, si vous le voulez, revenir plus en détail sur les problèmes qui, de mon point de vue, devraient être adressés à chacune des crises.
06:52 Il y a toujours cette question qui revient sur la table. Je crois que la première fois que cela a été évoqué, c'était avec le directeur général du Fonds Monétaire International du Moilentien,
07:03 le directeur, le Français Michel Camdessu, qui avait appelé à la suite de la crise financière des pays d'Asie, avait appelé effectivement à ce que le système financier soit réformé.
07:16 Et à propos de réforme, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est très clair. Il estime que les institutions financières internationales actuelles sont à la fois dépassées, dysfonctionnelles et injustes.
07:34 C'est aussi votre sentiment, ou alors il est trop sévère et peut-être injuste, comme lui-même l'est?
07:40 Non, je crois que c'est un sentiment qui n'est pas seulement celui du secrétaire général. Moi, je le partage. Je dirais que les institutions financières aujourd'hui souffrent de deux problèmes.
07:51 Le Fonds Monétaire International et la barre mondiale.
07:53 Quels sont ces problèmes?
07:54 D'abord, il y a un problème de légitimité. La légitimité est contestée. Et puis, le deuxième problème est lié à l'efficacité limitée des actions de ces institutions.
08:04 En ce qui concerne la légitimité, voyez-vous, M. Tussaud, cette institution a été créée en 1944. Il y avait 44 délégations. En réalité, c'était un passage témoin entre l'Angleterre, qui a été une puissance économique financière dans les années 18e et 19e siècle, vers les États-Unis.
08:25 Le socle de fonctionnement reposait sur la stabilité du système financier parce qu'en réalité, il visait à répondre aux problèmes qui avaient précédé cette date, notamment la guerre, le deuxième guerre mondiale, la crise de 1929 et l'hyperinflation observée dans la plupart des pays, notamment en Allemagne.
08:50 Donc, il était question de répondre à ces besoins, c'est-à-dire des besoins de stabilité du système financier. Et donc, le socle de ce système a été construit autour du dollar, qui devait être la seule monnaie convertible en or, l'or jouant un rôle important dans le système financier international.
09:06 44 pays, aujourd'hui le font à au moins 185 si je ne me trompe pas. Et puis, la configuration économique a changé. Il y a des pays émergents. A titre d'exemple, les pays développés représentent à ce jour 35,5% de la richesse mondiale, contre 50 il y a une trentaine d'années.
09:30 À côté de cela, on voit des pays qui émergent, comme l'ensemble des pays des BRICS, Brésil, Russie, etc., qui représentent aujourd'hui 31,7%.
09:40 Donc, lorsque vous regardez un peu la configuration du Fonds monétaire, elle est un peu différente de celle de l'ONU dans la prise de décision. À l'ONU, on prend les décisions sur la base de la population. Et au Fonds monétaire, on va prendre des décisions sur la base du poids économique.
10:01 Donc, vous conviendrez avec moi que le poids économique des grandes puissances, tel qu'observé en 1944, n'est plus le même aujourd'hui. Donc, il va falloir réformer, n'est-ce pas, le Fonds monétaire sur ces aspects pour que ce Fonds devienne en réalité une institution légitime.
10:22 Une autre illustration. Est-ce que vous pouvez comprendre qu'aujourd'hui, à travers la répartition des coûts de part, qu'un pays comme la Chine soit faiblement représenté par rapport à la Belgique ou aux Pays-Bas ?
10:41 C'est vraiment un... parce que ça a des implications. C'est un divorce. Voilà. Ça a des implications importantes. Ça, c'est vraiment le socle. Il faut revoir le fonctionnement, la structure du Fonds monétaire international et international pour essayer de l'adapter à la réalité économique.
11:01 Le deuxième élément qu'il faut... c'est justement la limite, l'efficacité limitée des politiques. Vous vous souvenez, au début des années 80, comment les pays africains ont souffert des politiques d'ajustement ? Parce qu'ils n'avaient pas une appropriation de réformes.
11:15 C'était en fait les maîtres de la connaissance qui vous regardaient, estimaient que vous avez des problèmes, ne cherchaient pas à comprendre l'origine, la nature des problèmes et vous imposaient un protocole.
11:27 Est-ce que cela a même changé ?
11:29 Oui, ça a évolué. Ça n'a pas véritablement changé, mais ça a évolué. Parce que dans la quête de légitimité du Fonds monétaire, le Fonds essaie d'être de plus en plus humble pour pouvoir écouter, n'est-ce pas, les partenaires que sont les pays africains.
11:45 Il y a une injustice dans le Fonds qui veut que la plupart des pays développés n'aient plus forcément besoin du Fonds monétaire international. En ce sens qu'au début, à la création du Fonds, le Fonds était un pôle de réserve qui pouvait permettre, n'est-ce pas, de maîtriser les taux de charge pour éviter les ballons de paiement.
12:05 Mais une des résolutions, une des dispositions du Fonds monétaire de 1944 a totalement disparu, c'est-à-dire le régime de chambre fixe. Maintenant, on est passé à un régime de chambre plus flexible qui donne la possibilité, avec le développement des marchés financiers, aux pays développés d'accéder directement à ces fonds et ne plus avoir besoin du Fonds monétaire international.
12:27 Alors que le Fonds, qui s'oriente davantage avec les pays africains, qui n'ont même pas aussi le pouvoir, vous voyez que cette contradiction, les pays qui ont le pouvoir n'ont pas besoin du Fonds. Mais les pays qui n'ont pas le pouvoir, comme les pays d'Afrique, ont le plus besoin du Fonds.
12:47 Donc il y a ce paradoxe que, de mon point de vue, il faut absolument corriger. Et cela donnerait plus de moyens au Fonds monétaire international. Parce que, quand vous regardez les résolutions qui sont sorties de Paris, peut-être qu'on pourra en parler, on vous dit qu'il faut accroître sur cinq ans la capacité d'intervention du Fonds.
13:11 Or, cette capacité peut être revue à la hausse si on revoit les coupes de certains pays, comme la Chine, pour qu'elle puisse prendre la place qu'elle a l'heure aujourd'hui dans l'économie mondiale.
13:27 Je souhaiterais justement vous entendre sur quelques éléments de bilan. Parce que, peut-être en partie du fait même de l'appellation de sommet, on estime que des réunions comme celle de Paris restent aériennes, voire même à l'opposé des réalités et des besoins réels des peuples.
13:46 Une sorte d'enfer pavé de bonnes intentions, pourrait-on dire, c'est caricatural ? Ou alors, il y a quand même, pour vous les économistes, quelques éléments de bilan, peut-être des perspectives rassurantes au sortir de Paris ?
14:01 Le fait qu'on se soit réunis pour un tel sujet, et qu'on voit, même si tous les pays n'étaient pas représentés, 44 délégations sur 190-195 pays, je ne suis pas sûr que la représentativité était importante.
14:14 Mais on avait quand même un certain nombre de pays, les États-Unis, les responsables de ces institutions.
14:20 Et M. Romuald, il faut comprendre que les agendas sont différents. Les attentes sont aussi différentes. Dans ce type de rencontre, il est extrêmement difficile de pouvoir arriver à un consensus.
14:36 Pour dire, tout a été selon les attentes. Parce qu'il y a beaucoup de priorités, il y a des pays qui sont vulnérables, il y a des pays qui sont confrontés à beaucoup de problèmes.
14:48 Donc quand ces pays vont là-bas, ils veulent voir un peu les attentes remplies.
14:54 Donc sur ce point, on ne pourra jamais arriver à la fin d'une rencontre comme celle-là, à une sorte d'unanimité, pour dire effectivement que nous avons, c'est un succès.
15:04 Mais il y a quand même des avancées. Le fait qu'on se soit réunis à ce niveau permet, n'est-ce pas, de considérer que c'est une préoccupation importante.
15:17 On peut, si vous le voulez bien, évoquer quelques résolutions.
15:22 Quelques résolutions, rapidement, s'il vous plaît.
15:24 Oui, l'une des résolutions, c'est justement de tenir compte des situations exceptionnelles en ce qui concerne le remboursement à la dette.
15:32 Si par exemple un pays est frappé par un choc, comme dirait les économistes, négatif, qui empêche à ce pays de respecter les échéances, on devrait surchoire en fait au paiement des différentes échéances.
15:48 C'est ce qui est arrivé d'ailleurs lors de la COVID, où le choc était violent.
15:53 Ils se posaient une question de restructuration de la dette pour permettre à ce que les pays puissent retrouver tout au moins le chemin de la croissance et rembourser progressivement la dette.
16:01 Il y a eu des décisions comme celles-ci, qui sont des petites décisions, mais qui concernent peut-être un ou deux pays. Dans ce cas, c'était je crois la Zambie qui était dans cette situation.
16:10 La Zambie, effectivement. Mais le Cameroun, vous parliez du Cameroun, professeur, avant, qui était représenté au plus haut niveau.
16:17 Dans le cas central, un monde dans lequel les économies les plus stables tiennent leurs engagements vis-à-vis des autres, c'est donc sur l'engagement commun d'entamer sans délai la réforme des institutions financières internationales, dont la gouvernance n'est plus en phase avec le monde d'aujourd'hui.
16:34 Engagement aussi à mobiliser davantage les banques multilatérales et les capitaux privés, qui ne font pas assez pour les pays en développement, que les participants à ce sommet se sont séparés.
16:45 Un sommet tout au long duquel la voix du Cameroun a été portée par le président de la République, Paul Biya. Paul Biya, le visionnaire qui en a toujours appelé à une réponse holistique aux problèmes communs.
16:58 Cet été parisien a, sur un autre versant, également offert l'opportunité à la Première Dame du Cameroun, Chantal Biya, d'aller à la rencontre de ses homologues Première Dame, à commencer par Brigitte Macron, l'épouse du chef d'Etat français, pour partager des expériences et renforcer la solidarité entre Première Dame.
17:16 C'est donc fort de l'ensemble de ses acquis précieux à consolider et de la volonté commune de passer des indignations répétitives aux actions concrètes que s'est refermé le rideau de ce rendez-vous du 22 et du 23 juin, ici dans la capitale française.
17:33 Professeur Desiré Avom, souhaitez-vous réagir même en une phrase sur l'actualité que nous venons de suivre ?
17:42 Oui, c'est le compte rendu de ce qui s'est passé à Paris. Je crois que la présence camerounaise était effective, si on se réfère aux activités du président, de la Première Dame et sans doute des ministres qui accompagnent le président de la République.
18:01 Le Cameroun a reçu cette semaine, je l'ai dit en introduction, un accord du FMI pour le décaissement de 44,5 milliards de francs CFA.
18:12 D'aucuns prétendent que cet argent du FMI et des autres bailleurs de fonds est un mauvais argent parce qu'il retient le pays dans à la fois la dette mais une sorte de servitude. Question simple, faut-il remplir les accords et la collaboration avec le FMI ?
18:33 On ne peut pas rompre les accords avec le FMI. Je crois qu'il faut améliorer systématiquement notre gouvernance pour limiter le rôle du fonds dans l'une de ses missions qui est le Conseil.
18:51 Parce que le fonds en réalité, même si c'est politique, on va dire le fonds ne vient pas, c'est vous qui à travers une lettre d'intention manifestez la volonté de faire venir le fonds.
19:02 Mais si nous améliorons la qualité de notre gouvernance, nous nous efforçons à gérer au mieux les ressources que nous avons, ça va alléger nos relations avec le FMI.
19:16 Mais si cela n'est pas fait, le FMI dans son rôle de gardien de la stabilité du système financier international ne pourra malheureusement pas quitter notre pays.
19:28 Donc il y a des efforts à faire, il faut louer déjà ce qui est fait mais je crois qu'il y a des efforts à faire dans ce sens.
19:34 Mais cela ne va pas non plus alléger la dette du Cameroun. La position officielle du gouvernement c'est de dire non, c'est une dette soutenable.
19:43 Mais entre temps, on voit quand même que cette dette-là pèse de plus en plus. Faut-il s'en inquiéter ?
19:49 Il y a une évolution. La dette a augmenté très rapidement au cours de cette dernière période, notamment après que nous ayons atteint le point d'achèvement de l'initiative pays pauvres très endettés.
20:01 Il y a lieu de s'inquiéter, c'est évident. Mais le problème n'est pas à ce niveau. L'inquiétude ce n'est pas le fait de s'endetter.
20:08 L'inquiétude c'est justement est-ce que la dette que nous contractons nous permet effectivement de réaliser des investissements pour lesquels cette dette est contractée.
20:18 Sinon, il est impossible pour nous d'envisager le développement du Cameroun tel que projeté par le document de stratégie sans recourir pas forcément à l'endettement
20:35 parce que les ressources à nos dispositions ne permettent pas de le réaliser. Mais il faut qu'à chaque fois qu'il y a un endettement, que nous puissions effectivement réaliser ces projets.
20:45 Et c'est ce qui, malheureusement pour le moment, sur certains projets n'est pas le cas. Savez-vous que nous remboursons déjà les quotités liées à l'endettement pour notre autoroute qui n'est malheureusement pas terminée ?
20:57 Or, si cette autoroute avait été achetée, si l'autoroute avait été effectivement réalisée, les attentes en termes d'augmentation de l'activité économique, de collecte des ressources étaient importantes pour cette route qui permettrait au gouvernement d'accroître ses capacités de croissance et créer les conditions de remboursement.
21:20 Donc, le Fonds Monétaire International est dans son rôle de garant de la stabilité du système financier qui est en réalité considéré comme un bien public. Donc, il faut préserver le monde des décisions qui peuvent compromettre cette stabilité.
21:34 Donc, c'est à nous, n'est-ce pas, de mener une politique rigoureuse, que nous soyons capables de nous adapter lorsque la conjoncture n'est pas favorable et que l'endettement soit exceptionnel ou alors serve effectivement à nous permettre de réaliser des avancées importantes en termes d'infrastructures, d'énergie, d'eau, des TIC pour booster un peu notre économie.
22:00 Vous voulez dire que l'urgence n'est pas tant que cela, la rupture de banc avec le FMI, plutôt de corriger, on va dire, nos mauvaises pratiques comme la corruption et les détournements qui font que les projets initiés par le chef d'Etat ne servent pas toujours effectivement au développement du pays.
22:21 Bien sûr, ça, tout le monde le sait, le chef d'Etat l'a dénoncé. C'est une situation que nous connaissons tous, où les projets sont initiés mais les projets n'y vont pas jusqu'à la terre. On peut citer beaucoup d'exemples.
22:36 Et c'est ce qui est, de mon point de vue, assez régrettable parce que si nous réalisons ces projets, nous créons les conditions d'accroître notre gâteau national, c'est-à-dire la richesse qui permettrait aux uns et aux autres de mieux se positionner et puis de vivre sans compromettre le bonheur des uns des autres.
22:55 Donc il faut, et je crois qu'il y a des institutions qui ont été créées à cet effet, pour contrôler un peu le comportement des Camerounais d'une manière générale. Si je vous donne un exemple, c'est un chiffre assez global pour l'Afrique.
23:08 Quand vous regardez, en même temps on nous donne 44 milliards, vous avez dit, mais l'Afrique perd environ 850 milliards par an, selon une étude de la Banque mondiale, des flux financiers illicites, notamment dans le secteur pétrolier.
23:23 Donc vous imaginez les pertes de ressources que nous enregistrons. Du moins, l'Afrique, d'une manière générale, et certainement le Cameroun, des transactions qui peuvent se faire sur le secteur pétrolier, qui étaient telles que si on limitait, je ne peux pas espérer avoir un risque, enfin une fuite zéro,
23:41 mais si on limitait, n'est-ce pas, ces fuites et qu'on réallouait ces ressources dans les activités productives, on pourrait effectivement être dans une situation meilleure que celle que nous connaissons aujourd'hui.
23:55 Vous avez parlé tout à l'heure du concept du gâteau national, et je rebondis là-dessus. Est-ce que cette métaphore alimentaire, on va dire, du bien public et du budget de l'État au Cameroun,
24:11 cette métaphore-là, eh bien, ne justifie pas et n'encourage pas, en quelque sorte, l'usage à la sauvette qu'en font, on va dire, les gestionnaires publics ? Il s'agit d'un gâteau, donc il faut le manger.
24:28 Le gâteau doit se manger, le gâteau aussi doit être agrandi. La première préoccupation, c'est d'agrandir ce gâteau. Et que vous êtes à la position, n'est-ce pas, de manger.
24:43 Vous allez certainement manger, sans empêcher que les autres mangent. Mais si vous venez, vous vous appropriez ce gâteau, vous allez compromettre même votre existence autour de ce gâteau.
24:53 Donc il y a une étape. Il faut tout faire pour que vous puissiez agrandir ce gâteau. Je trouve que c'est des privilèges qui correspondent. En fait, le fait d'être un certain nombre de responsabilités par rapport à l'ensemble des Camerounais, c'est un privilège.
25:07 Le fait que je sois doyen, par exemple, être doyen, c'est un privilège. Il n'y a aucun mérite à cela. Je ne sais pas combien de Camerounais dans l'enseignement supérieur aspireraient à être doyen.
25:18 Nous sommes, je crois, neuf doyens. Nous attendons deux. Les nouvelles universités que nous avons créées, Bibolova et Berthois. Vous imaginez, vous êtes parmi les neuf doyens.
25:31 Vous avez un certain nombre de privilèges que près de 20 à 25 millions de Camerounais n'ont pas. Donc, si vous vous contentez des privilèges qui sont associés à votre fonction, qui sont clairement définis,
25:43 et que vous encouragez, vous créez les conditions pour que ce gâteau national s'agrandisse, vous créez donc les conditions pour que ces privilèges que vous attendez deviennent plus importants
25:56 et que vous puissiez améliorer votre qualité de vie si vous estimez qu'elle n'est pas au niveau. Donc, il y a un problème.
26:05 Je crois que dans votre cas, comme doyen, vous ne mangez pas seul, vous ne découpez pas votre part de gâteau, mais que vous associez effectivement vos collaborateurs.
26:15 Ce n'est pas à moi. Je ne pourrais pas vous dire que je ne partage pas. Partager, ce n'est pas mon argent. Je fais payer tout ce qui relève des activités de la femme.
26:28 En tant que gestionnaire de budget, comme tout le monde, on a des contraintes financières énormes qui peuvent justifier que l'on a des difficultés à payer hôtel.
26:37 Ma volonté ferme est de payer tout ce qui est dû à nos collègues.
26:44 On aura l'occasion de reparler tout à l'heure de la faculté des sciences économiques et des gestions de l'Université de Yaoundé de Soa, dont vous êtes le doyen.
26:51 Mais terminons par ces préoccupations, on va dire, internationales. En diplomatie, il n'y a pas d'amitié entre les États, plutôt des intérêts.
27:00 Du coup, la notion d'aide au développement, comme mobilise souvent, je pense, en économie internationale, devient sujette à caution.
27:08 Faut-il croire en cette aide au développement ? Et quel est donc le prix à payer ?
27:16 Oui, il y a un débat qui oppose les économistes sur la question de l'aide.
27:22 Certains estiment qu'on doit être aidé et que si on multipliait l'aide actuelle par trois, cela permettrait sans doute, toute chose étant égale par ailleurs,
27:30 que nous puissions amorcer un rattrapage rapide des développements pour nous rapprocher des pays émergents aujourd'hui.
27:39 Il y a d'autres qui disent non, l'aide c'est justement un moyen de perpétuer cette dépendance, qu'il faut rompre avec l'aide, soumettre les pays africains aux règles de marché, etc.
27:49 Il y aura toujours une discussion. Il n'y a pas de honte à demander de l'aide.
27:54 A la vérité, moi je ne suis pas contre l'aide, mais il faudrait que chaque fois que nous recevons cette aide, que cela nous aide.
28:02 Comme vous l'avez dit, ce sont les intérêts. L'aide ce n'est pas gratuit. On ne nous donne pas ça gratuitement. On nous le donne sous certaines conditions.
28:09 Ce qui est avantageux aujourd'hui, c'est qu'il y a une diversité de sources d'aide.
28:16 Quand vous regardez l'endettement des pays africains, ce n'est plus bilatéral, multilatéral, public, mais c'est de plus en plus privé.
28:23 Il y a eu émergent de nouveaux acteurs comme la Chine, l'Inde, qui font en sorte que certains pays qui avaient le monopole,
28:32 commencent à évoluer dans leur façon de définir les conditions de l'aide.
28:39 Nous en aurons toujours besoin, mais il faudrait qu'à chaque fois que vous avez l'aide, que cette aide puisse véritablement servir.
28:48 Sur l'ensemble de ces questions, aussi bien de politique internationale que d'économie internationale, la position du Cameroun est bien connue.
28:57 Elle est portée par la voix la plus haute, le chef de l'État, qui a souvent indiqué ses vues.
29:04 Vous évoquiez tout à l'heure le forum sur la coopération civile et commerciale entre les États-Unis et l'Afrique,
29:13 lors du sommet Afrique-États-Unis qui s'est tenu à Washington DC, aux États-Unis.
29:23 Le chef de l'État s'est exprimé le 13 décembre 2022. Je voudrais vous proposer de le réécouter pour nous fixer sur sa vision.
29:34 L'économie africaine est l'épineux problème de la disponibilité des financements.
29:43 Pourtant, l'Afrique dispose d'un énorme potentiel en ressources naturelles.
29:52 Ce potentiel reste sous-exploité, ou alors son exploitation n'intègre pas la transformation sur place
30:03 qui susceptue de générer de la valeur ajoutée et de la richesse sur le continent.
30:12 L'Afrique ne représente qu'une portion combre des ressources financières en circulation dans le monde.
30:21 Son accès à ces ressources se fait à des taux prohibitifs et parfois à des conditions restrictives de souveraineté de nos États.
30:33 L'Afrique reste trop dépendante de l'aide publique au développement qui semble ne plus correspondre à nos besoins.
30:45 Le cadre juridique qui gouverne généralement l'obtention de financements est très contraignant
30:54 et accroît notre exposition aux risques budgétaires et de stabilité de nos institutions.
31:03 Comme exemple de contrainte, la mise en gage de certaines ressources naturelles sollicitées par certains investisseurs.
31:17 Les modèles et instruments de financement adoptés contribuent davantage à la réexportation des capitaux
31:28 à travers des prêts sans mouvement de fond vers le continent, mais avec les sorties obligatoires de devises lors des remboursements.
31:41 L'une des solutions passe par le financement de l'exploitation et de la transformation des ressources naturelles de l'Afrique sur son sol.
31:53 Pour cela, l'Afrique a besoin d'un volume important de capitaux à long terme.
32:02 Il serait donc souhaitable et devrait à la mise en place d'un véritable marché africain de capitaux,
32:11 susceptible d'offrir des outils adaptés au financement du développement de l'Afrique.
32:18 - Professeur Desiré, lorsqu'on écoute le chef de l'État et qu'on considère les débats qu'il y a eu au sommet de Paris,
32:26 et l'actualité même d'une façon globale, on a le sentiment que le président de la République voit loin
32:33 et qu'il a même souvent une longueur d'avance sur un certain nombre de questions.
32:39 - Bien évidemment, l'analyse est assez claire. Toutes ces problématiques sont des questions qui sont débattues dans les programmes de recherche que nous conduisons.
32:49 Je crois que le président de la République a toujours eu une analyse juste et puis surtout fait des propositions qui peuvent,
32:57 si effectivement la communauté internationale l'a fait, faire avancer l'Afrique d'une manière générale au Cameroun.
33:05 La question de la transformation, la question de la mobilisation des ressources, la question des fuites illicites des capitaux,
33:10 ce n'est pas forcément le fait des Africains, c'est les multinationales qui y créent à travers les mécanismes qui y sont disponibles,
33:17 qui y créent justement les conditions d'expatriation de ces ressources.
33:21 Donc je crois que tout ce qui vient d'être dit par le chef de l'État est vraiment juste et les propositions sont, de mon point de vue, patinantes.
33:32 Impossible, M. le doyen, de ne pas dire un mot sur la faculté des sciences économiques et des gestions.
33:38 Comment s'achève l'année académique de ce côté au campus de Soire?
33:43 Nous sommes effectivement en train d'achever les activités de fin d'année.
33:49 Nous avons publié les résultats de la première session du second semestre hier
33:57 et nous commençons le rattrapage la semaine prochaine à partir du 10.
34:02 Et les étudiants vont déposer leurs mémoires d'ici une quinzaine de jours pour envisager les soutenances avant la fin du mois de juin.
34:12 Vous savez que l'année académique dans tous les universités d'État, y compris même les instituts privés d'enseignement supérieur,
34:19 est fixée par un calendrier défini par le ministre d'État, ministre d'enseignement supérieur.
34:25 On a une date de début des cours, des enseignements, des activités, et puis il y a une date de fin pour permettre effectivement que nous puissions souffler.
34:34 Et c'est depuis un certain temps. À l'université de Yavon des Deux, nous essayons de respecter ce calendrier.
34:43 Je recueille un peu votre sentiment sur la nouvelle loi d'orientation de l'enseignement supérieur,
34:50 adoptée récemment au Parlement. Elle fait jaser, elle suscite des critiques,
34:58 notamment sur, on va dire, la révision au rabais du doctorat en médecine.
35:06 Comment cette loi d'orientation est-elle accueillie dans vos milieux ?
35:11 Oui, mais il n'y aura jamais d'unanimité. Je crois que la loi est une évolution tout à fait normale.
35:17 L'ancienne loi date de 2001. Nous sommes, ça fait 22 ans. Entre 2001 et 2023, il y a eu beaucoup de mutations.
35:26 Notre université s'est considérablement transformée. Il y a eu des chocs qui ont affecté notre économie, qui ont aussi affecté l'université.
35:34 Donc il est tout à fait normal que nous puissions avoir une nouvelle loi.
35:38 Je crois, de mon point de vue, que c'est une loi extrêmement consensuelle, puisque nous avons été plus ou moins associés,
35:44 parce que le ministre de l'État, le ministre de l'Enseignement supérieur a effectivement envoyé, dans les différentes facultés,
35:49 ses collègues pour acquérir au maximum de réponses, en fait, des suggestions que nous pourrions faire à cette loi,
35:56 les difficultés que nous rencontrons au quotidien, si ces difficultés peuvent justement être encadrées par la réglementation.
36:02 Donc naturellement, je crois que c'est, de mon point de vue, une évolution.
36:06 Ce n'est pas parfait, parce que ce n'est pas une œuvre des anges. Ce sont des êtres humains qui travaillent,
36:13 ils doivent avoir des limites et tout le monde ne sera jamais content. Mais pour le moment, essayons d'appliquer déjà cette loi.
36:19 En attendant, reparlez-nous de votre faculté, qui a eu par le passé une réputation assez sulfureuse,
36:26 publications tardives des notes et même tripatouillages quelquefois, plagiat dans les travaux des thèses et donc tricherie.
36:35 Cette mauvaise vie de la faculté, pour reprendre le titre d'un ouvrage d'un ancien ministre français, Frédéric Mitterrand,
36:45 cette mauvaise vie donc, est-ce qu'elle est désormais révolue ?
36:49 Oui, c'est un processus en cours. Moi, j'ai eu le privilège d'entrer, dès 2020, dans un processus engagé par le recteur de normalisation de l'université.
37:00 Comme vous dites, ces phénomènes qui existent, qui existeront toujours, mais il faut les contenir.
37:07 Vous ne pouvez pas faire un examen sans qu'il y ait une tentative de fraude.
37:11 Je me réjouis que, par exemple, la session que nous venons de terminer, on a eu à peine 20 étudiants qui ont tenté, n'est-ce pas, de frauder sur 12 000 étudiants.
37:21 Donc, je suis entré dans un processus qui est défini par le recteur de normaliser.
37:27 Et nous sommes donc en cours de normalisation et je crois que, pour ceux qui sont sincères, ils peuvent observer qu'il y a des évolutions extrêmement notables.
37:36 Et moi, je suis parfois mal à l'aise lorsque je reçois des aînés, un colonel, un sous-professeur, qui vient avec son fils pour demander une attestation de réussite, pour demander...
37:46 On l'a délivrée immédiatement.
37:48 Les attestations sont systématiquement délivrées.
37:51 Dès que je vois cela, je dis à ce monsieur que c'est votre enfant qui n'a pas retiré son relevé et, le plus souvent, les enfants ne retirent pas leur relevé.
38:00 Nous faisons tout.
38:01 Et si vous savez que, lorsqu'on met des cartes d'étudiants, les étudiants ne viennent pas prendre la carte, il faut parfois passer des communiqués de ménage pour qu'ils viennent retirer.
38:09 Donc, il y a des gens qui ont des informations qui sont...
38:12 C'est d'une manière globale, au-delà de la Faculté des sciences économiques et gestion, l'Université de Yaroune-des-Dûmes semble-t-il a considérablement évolué au cours de ces dernières années.
38:22 Et son évolution continue.
38:24 Nous avons, bien évidemment, comme toutes les autres universités, mais plus qu'à soi, il faut le reconnaître, des problèmes infrastructurels.
38:31 Tout simplement, parce que le dîcher qui avait été ouvert au ministère de l'enseignement supérieur pour accélérer le rattrapage infrastructurel, notre université, malheureusement, de par sa structure de formation, ne répondait pas aux critères.
38:46 C'est vraiment le gros problème que notre université a en ce moment.
38:48 Le problème infrastructurel.
38:50 Mais nous nous attaquons à la construction intellectuelle de l'université.
38:54 Et toutes les activités qu'on attend d'une université se réalisent dans notre université.
39:01 Nous venons d'avoir deux grands colloques sur la santé, sur l'économie numérique, sur la supervision des différents ministres, avec le directeur de la chaire, le professeur Nto Nnonti, qui est un garçon extrêmement compétent.
39:16 Et je crois que nous sortons progressivement de cette caricature.
39:21 Et nous avons un projet, le recteur, qui avance suffisamment pour donner des diplômes.
39:26 Parce que justement, vous sortez de cette caricature, mais pas de la mauvaise réputation également de former sans délivrer les diplômes.
39:36 C'est toujours des attestations.
39:37 C'est aussi un faux procès qui est fait.
39:41 Et il y a des diplômes ?
39:43 Les diplômes seront remis.
39:45 Je crois que le stig est privilégié.
39:47 Je pense qu'à l'occasion du cinquantenaire, toutes les dispositions ont été prises.
39:52 Les diplômes ont été validés par le ministre.
39:55 C'est vraiment une volonté du directeur de pouvoir délivrer les diplômes.
40:00 Là, ces diplômes vont être délivrés.
40:02 Nous allons commencer à délivrer les diplômes de l'année en cours et puis rattraper les années antérieures.
40:07 Le processus est suffisamment avancé parce qu'il fallait procéder à des vérifications de l'authenticité, des diplômes d'entrée, etc.
40:14 Et je crois que, de mon point de vue, notre université avance.
40:20 Nous avons besoin de ressources supplémentaires pour pouvoir continuer à bâtir notre université,
40:27 qui rayonne aussi au niveau international avec les participations de nos collègues à des conférences internationales,
40:35 la mobilité de nos étudiants qui partent de Yaoundé pour se retrouver à la barre mondiale,
40:40 pour se trouver dans d'autres pays sans qu'ils aient fait un complément de formation en Europe.
40:46 Vous savez, j'ai des étudiants qui sont à la barre mondiale.
40:49 Lorsqu'ils sont arrivés là-bas, on leur demandait d'où ils venaient.
40:52 Pendant que les autres disaient Paris School Economics, Oxford, ils ont dit qu'ils sortaient de Yaoundé, de Chang.
40:58 On a demandé si c'était en Chine, etc.
41:01 Donc, il y a un peu de mauvaise foi dans tout ce que nous disent.
41:06 Il y a des évolutions, il y a un passé que nous traînons, que nous assumons,
41:10 mais que nous sommes effectivement en train de corriger.
41:13 Je crois que les choses sont sur le bon rail.
41:17 Est-ce que vous corrigez également le profil ou alors l'offre de vos formations
41:23 pour l'adapter à la fois à l'évolution de la gouvernance universitaire,
41:28 mais à la demande même, on va dire, de la société cambronaise ?
41:32 Oui, les offres de formation s'adaptent, mais il faut savoir que, par exemple, en réalité,
41:38 le journalisme, c'est un métier qui va démêler aussi longtemps que le monde va exister,
41:48 mais les outils changent.
41:49 Et les outils changent, il faudrait que l'apprenant lui-même s'adapte.
41:54 Donc, nous donnons des formations en fonction du cadre qui est le nôtre.
41:57 C'est comme on dit professionnalisation.
41:59 Si nous avons par ses, par exemple, aux entreprises pour accepter nos étudiants en stage,
42:05 qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
42:07 La plupart de nos étudiants en filière professionnelle, ce sont généralement des travailleurs
42:11 qui viennent se recycler, qui viennent renforcer leurs capacités.
42:14 Donc, nous essayons de faire des efforts pour que les formations que nous offrons
42:18 correspondent aux besoins du marché,
42:20 mais il faut reconnaître que notre économie n'est pas suffisamment diversifiée
42:23 pour recruter tous ceux qui sont formés.
42:27 Et ça donne l'impression que nous formons au rabais,
42:29 ou alors qu'il y a, comment dirais-je, une absence de cohérence entre la formation
42:38 et les offres sur le marché.
42:41 Pas de questions d'internautes à proprement parler durant cette émission,
42:47 même si nous avons reçu quelques réactions,
42:50 dont les préoccupations étaient globalement balayées par l'invité, le professeur Désiré Avom.
42:56 Nous allons donc terminer par quelques considérations vous concernant.
43:00 Quand on est doyen agrégé et professeur titulaire comme vous,
43:07 il n'y a pratiquement plus rien à démontrer,
43:10 et il n'y a plus de grade au-delà.
43:13 Vous, vous restez quand même constamment en activité,
43:17 vous êtes tout le temps parti à l'international,
43:20 on vous voit même dans des meetings du RDPC.
43:23 Et vous cherchez quoi encore, professeur Avom ?
43:26 Je... en fait, pas dans le meeting du RDPC, mais au niveau international, c'est la réputation.
43:31 C'est... aux Etats-Unis, vous savez, quand vous êtes professeur,
43:36 ce n'est pas un acquis, ce n'est pas une situation de rente.
43:39 Vous devez performer à tout moment.
43:41 Et donc, sur ce point-là, je ne peux pas abandonner la recherche.
43:47 Nous continuons à publier des articles,
43:50 parce que nous voulons être reconnus comme un enseignant qui montre l'exemple.
43:55 Nous avons beaucoup de projets d'ouvrages collectifs en cours,
43:59 puisque nous avons décidé de rendre hommage à tous nos aînés.
44:02 Nous avons commencé par le professeur Thunam Amar,
44:04 le professeur Ngan Ku Suvra, le professeur Njom Ngan Suvra.
44:08 Je crois que nous allons lancer un appel à communication
44:11 pour rendre hommage, un hommage scientifique,
44:13 au professeur Bruno Bokolebe, qui est un de nos grands maîtres.
44:16 Donc, sur le plan scientifique, on arrête quand on meurt.
44:20 Moi, je vois des professeurs, Patrick Guillaumont,
44:22 pour ne citer que 82 ans, mais d'une agilité intellectuelle.
44:25 Vous avez des professeurs, même ici au Cameroun,
44:28 le ministre Ngan Ku, qui est permanent en train de faire ses cours.
44:32 Donc, je suis occupé par l'enseignement.
44:36 Et puis, en ce qui concerne la politique, tout le monde fait la politique.
44:40 Lorsque je suis doyen, je dois arbitrer.
44:43 Quand je constitue une commission, je dois tenir compte de l'équilibre,
44:47 le genre, l'équilibre régional, etc.
44:50 À tout moment, la politique, ce n'est pas la ruse,
44:53 comme je le conçois. La politique, c'est aussi l'intelligence.
44:56 Donc, elle ne se résume pas forcément à aller à des meetings.
44:59 J'y vais quand je peux avoir le temps d'y aller.
45:03 Mais s'il y a des contraintes fortes, par exemple,
45:06 il y a des examens à l'université, j'arbitre.
45:09 Est-ce que je dois être présent à l'université
45:11 pour donner des résultats au chef de l'État,
45:13 ou alors aller se réjouir danser ?
45:16 Je fais un arbitrage.
45:18 Et généralement, je fais un arbitrage par rapport à la fonction qui est la mienne,
45:22 c'est-à-dire d'être doyen, de produire des résultats.
45:25 Parce que l'homme politique, de mon point de vue,
45:27 a besoin de tout cela, a besoin des résultats,
45:30 a besoin, n'est-ce pas, des gens qui font de l'animation politique au quotidien
45:34 pour tenir un peu l'électorat en haleine.
45:37 Dans cet électorat, il y a les jeunes,
45:41 évidemment les jeunes de la Haute-Sandraga, votre département.
45:44 Eh bien là-bas, les jeunes se plaignent de la distance entre eux et beaucoup d'élites,
45:51 et même du manque de solidarité entre les élites elles-mêmes,
45:56 qui voient chacune midi à sa porte.
45:59 Dans votre cas, est-ce que vos rapports sont bons avec la Genèse et les autres élites ?
46:06 On essaie de faire ce qu'on peut, à mon niveau.
46:10 Les élites, vous savez, il y a toujours des gens qui ne sont pas contents de votre présence,
46:16 mais vous n'allez pas vous préoccuper de cela.
46:18 Mais au niveau du département, on essaie, à notre niveau, d'apporter des améliorations discrètement.
46:27 Je peux, si vous le permettez, dire, avec les élites de mon village,
46:33 nous contribuons à améliorer, par exemple, le cadre éducatif.
46:37 Nous prenons en charge des maîtres d'école, pour que d'ici 5-6 ans,
46:44 s'il peut encore émerger un professeur à fond dans le village.
46:47 Quand je suis arrivé dans mon village, j'ai vu l'école,
46:49 je me suis demandé s'il y aurait quelqu'un qui peut partir de ce milieu-là,
46:53 pour arriver là où nous sommes.
46:55 Donc, nous essayons...
46:56 Vous êtes le wall dans l'arrondissement du Métal.
46:59 Tout à fait.
47:00 Donc, nous essayons, nous essayons, effectivement, de faire ce qui nous semble le mieux.
47:06 Bon, il y aura toujours des intrigues, il y aura toujours des calculs politiques,
47:12 mais si vous passez le temps à y regarder, vous ne ferez même pas l'essentiel de ce qui est nécessaire.
47:16 En 2004, à la veille de l'élection présidentielle,
47:20 les universitaires camerounais avaient été vertement critiqués
47:24 pour leur appel au chef de l'État, Paul Biya, pour sa candidature.
47:29 On estimait que la politique avait beaucoup trop investi les campus.
47:34 Est-ce que vous faites partie de ces universitaires qui préfèrent faire de la politique
47:41 au lieu de s'occuper davantage de l'enseignement et de la recherche ?
47:46 Il y a plusieurs façons de faire la politique, je vous ai dit.
47:49 La politique, pour moi, ce n'est pas les manifestations politiques systématiquement.
47:54 La politique, pour moi, c'est de bien faire le travail qu'on vous a confié.
47:57 Je vous dis, le chef de l'État a besoin des résultats.
48:00 Il a besoin d'un système éducatif performant pour répondre aux besoins, par exemple, d'émergence.
48:06 Quand vous avez le privilège que moi j'ai d'être doyen, parce que c'est un privilège,
48:11 quand je regarde mon parcours, je suis toujours ému.
48:14 D'être doyen, pour moi, c'est vraiment la consécration à l'université.
48:18 Quand je regarde aussi ceux autour de moi qui aspillent à cette fonction,
48:22 je dis que je suis privilégié.
48:23 À partir de là, je devais pouvoir travailler pour que, lorsqu'on va citer les universités,
48:29 lorsqu'on va citer, par exemple, les facultés, qu'on dise que,
48:32 à la Faculté de Sciences économiques et de gestion de l'université, il y en a deux,
48:35 les choses marchent.
48:36 Et donc, c'est une façon pour moi de faire de la politique.
48:39 On ne peut pas être neutre dans la société.
48:41 On est là pour éclairer la société.
48:43 On ne peut pas être neutre.
48:44 On ne peut pas ne pas prendre position par rapport au chef de l'État,
48:49 par rapport à tout autre candidat dans tout le monde.
48:51 Je comprends et je crois que c'est normal.
48:57 Parce que si on ne le fait pas, les gens vont dire que les universitaires ont fui, etc.
49:02 On a besoin de cette pensée.
49:03 L'homme politique a besoin de cette pensée.
49:05 L'homme politique agit dans l'urgence.
49:06 Il faut, en permanent, les gens qui réfléchissent, pour nourrir, n'est-ce pas, ces décisions
49:12 et lui permettre de prendre des décisions qui font avancer la société.
49:16 Ma dernière question à Grégé et professeur titulaire des universités.
49:21 Vous avez donc atteint les sommets au plan de la science et de la carrière d'universitaire.
49:27 Quand vous roulez souvent dans votre véhicule pour aller au village et que, dans vos réflexions,
49:34 vous évaluez un peu le chemin parcouru, est-ce que vous vous dites quelquefois
49:41 que votre poste de doyen n'est pas suffisant ou n'est plus suffisant pour moi,
49:46 il me faut un gendarme comme garde du corps pour couronner le tout?
49:51 Non, franchement, honnêtement, je vais être très sincère, je suis un peu embêté.
49:57 Et si vous suivez l'opinion, parce qu'il y a des spécialistes qui sont là pour vous donner l'information,
50:03 non, bientôt votre nom est sorti, il est monté, etc.
50:06 Si je suivais ça, je ne travaillerais même plus, j'essaierais de rester chez moi en attendant ce fameux décret
50:11 que tout le monde annonce, donc ce n'est pas une préoccupation.
50:14 Vous n'attendez pas de décret?
50:16 Je n'attends pas de décret particulièrement.
50:19 Je vous dis, peut-être que vous aussi, si vous regardez mon passé,
50:23 moi je suis le produit d'une action collective, en fait.
50:28 Là où je me trouve aujourd'hui, très honnêtement, j'estime que j'ai déjà beaucoup reçu la République.
50:33 J'estime que j'ai beaucoup reçu. Je suis doyen et je vous assure, il y en a neuf,
50:37 en Faculté de Sciences Économiques dans tout le Cameroun,
50:40 sur 5 000 enseignants qui aspirent légitimement à cela.
50:44 Et donc pour le moment, je travaille pour la mission qui m'a été donnée.
50:47 Le jour où cette mission sera terminée, je vais continuer une vie d'universitaire que je n'ai jamais abandonnée d'ailleurs.
50:54 Je suis régulièrement sollicité par des collègues à l'étranger.
50:58 Je travaille sur un ouvrage collectif important qui va être publié dans une maison d'édition à Londres
51:04 avec un collègue, Gilles Dufreneau, qui m'a sollicité.
51:08 Vous voyez, quand quelqu'un vous sollicite, avant c'était les Africains qui sollicitaient les Européens,
51:13 maintenant vous voyez les Européens qui viennent vous solliciter pour ce genre de coopération.
51:17 Quand je verrai cet ouvrage sorti avec des auteurs japonais, américains, etc.,
51:24 on me dit que ce professeur-là fait partie de ceux qui ont coordonné.
51:28 Vraiment, il y a une joie immense. Et ça c'est aussi une contribution au développement.
51:32 Donc j'essaie d'être utile là où je suis et chacun a son destin.
51:37 Et ce destin peut-être à tout moment redéfini, remis en selle par exemple par un texte ?
51:51 C'est Dieu qui décide. Les hommes s'exécutent. Dieu décide. Les hommes s'exécutent.
51:58 Si c'est la volonté de Dieu, si c'est la destinée que Dieu a réservée pour moi, pour vous,
52:03 pour votre directeur général de la CRTV, je ne suis pas sûr qu'il vous manque des qualités particulières pour l'être.
52:10 Je suis également, comme vos professeurs avant moi, je suis bien dans mon rôle d'éditorialiste et de présentateur.
52:16 Je ne vous demande rien. Vous pourrez être maire, parce qu'on a vu les trajectoires des journalistes.
52:23 Vous avez un métier extraordinaire qui vous conduit à tout. À la banque, ministre, etc.
52:29 On a vu des journalistes-ministres dont vous avez des qualités, des capacités pour vivre.
52:33 Le journalisme conduit à tout à condition d'en sortir. Moi je n'en suis pas encore sorti.
52:38 Donc pour l'instant, je demeure à l'antenne. Le destin peut aussi vous saisir.
52:43 De toute façon, encore une fois, professeur Avom, je n'attends rien. Je suis comme vous.
52:50 Nous restons donc sans attendre.
52:54 Nous allons donc sortir de cette émission dans cette posture-là en nous disant que tout dépend de la volonté de Dieu.
53:01 Et comme la fin de l'émission dépend de la volonté de l'antenne et du temps qui nous est imparti,
53:10 eh bien, ce temps s'achève et il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir accepté l'invitation de la CRTV, professeur Désiré Avom.
53:20 Je rappelle que vous êtes un grégier des facultés des sciences économiques et doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l'Université d'Hyrone-et-Dieu à Soie.
53:30 Merci beaucoup, M. Romier, de l'honneur que vous me faites de m'inviter à cette émission.
53:35 Je suis privilégié parce que je sais qu'il y a beaucoup d'aspirants qui n'ont pas ce privilège.
53:40 Je vis comme ça. Quand j'ai ce privilège, je profite à fond.
53:44 Merci beaucoup pour ce privilège. Et bon vent et bon courage pour votre émission.
53:48 Merci. Merci, professeur.
53:50 Merci à vous-même, mesdames et messieurs, d'avoir regardé cette édition d'actualité hebdo.
53:55 Faites attention à vous et prenons tous soin de notre cher et beau pays, le Cameroun.
54:00 Bonsoir.
54:02 (Musique)