Sécheresse : près de Perpignan, cette commune ne sait pas si elle aura de l'eau après l'été

Name: Sécheresse : près de Perpignan, cette commune ne sait pas si elle aura de l'eau après l'été
Uploaded: 2023-06-12T07:22:49+00:00
Duration: 8 min 23 s
Channel: ici Roussillon
Description: Alors que des hectares d'arbres fruitiers sont en train de mourir dans les Pyrénées-Orientales, plus d'une vingtaine de communes sont surveillées de près par la préfecture, pour risque de pénurie d'eau dans les prochaines semaines. Espira-de-l'Agly en fait partie.

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12/06/2023

Alors que des hectares d'arbres fruitiers sont en train de mourir dans les Pyrénées-Orientales, plus d'une vingtaine de communes sont surveillées de près par la préfecture, pour risque de pénurie d'eau dans les prochaines semaines. Espira-de-l'Agly en fait partie.

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00:00 - Bonjour Philippe Fourcade. - Bonjour.

00:02 - Il y a un peu plus d'une vingtaine de communes dans le département qui sont surveillées de près depuis quelques semaines

00:07 parce qu'il y a un sérieux risque de pénurie d'eau.

00:09 La liste n'est pas rendue officielle, la préfecture ne veut pas stigmatiser ces communes.

00:13 Mais est-ce que Espira de la Glie en fait partie ?

00:16 - Nous faisons attention à réserver nos trous, on fait très attention.

00:21 - Vous en faites partie ou pas de cette liste-là ?

00:23 - Je ne sais pas.

00:24 - On va prendre ça pour un oui.

00:26 Concrètement, est-ce que vous savez combien d'eau il vous reste ?

00:29 - Actuellement, la compétence d'eau est gérée par la communauté romaine.

00:34 Mais pour autant, on a des relevés régulièrement.

00:37 Le dernier relevé nous disait que la nappe phréatique était 1,10 mètre, 1,20 mètre au-dessus de notre pompe.

00:44 On n'a plus la capacité de descendre notre pompe.

00:47 De fait, on a pris une mesure il y a une dizaine de jours de baisser la capacité de pompage d'une quinzaine de mètres cubes.

00:55 Ce qui nous permettrait, en attendant l'impact de l'été et l'arrivée des touristes, bien évidemment,

01:00 ce qui nous permettrait d'arriver à la fin de l'été aujourd'hui par rapport à ces états de mesure.

01:04 - Mais cette quantité d'eau, ça veut dire combien de jours de consommation moyenne du village ?

01:09 - Aujourd'hui, on résonne en courbe.

01:12 Entre l'avant dernier prélèvement, on avait une tendance qui nous disait qu'on arrivait autour de fin juillet, début août.

01:20 - Début août, on ne sait pas si on aura de l'eau à Espira de la Glie.

01:23 - Maintenant, avec la nouvelle mesure que nous voulons prendre, de réduire notre capacité de pompage,

01:28 notre courbe nous permettrait de tendre à la fin de l'été.

01:32 - Après, on ne sait pas ?

01:34 - Après, on ne sait pas. Il y a des éléments qu'on ne maîtrise pas.

01:37 Notamment, il y a eu de la pluie, mais il y a eu de la grêle aussi, malheureusement, pour les agriculteurs,

01:41 sur le secteur d'Espira de la Glie.

01:43 Mais pour autant, il y a l'impact également sur la nappe phréatique, notamment sur le Pliocène,

01:47 puisque nous sommes sur le Pliocène.

01:49 - C'est les nappes profondes.

01:50 - Des vacanciers qui vont arriver cet été.

01:52 Voilà, donc, je n'ai pas tous les éléments, mais bon, il va falloir mesurer cela.

01:56 - Donc, vous êtes inquiet par cette vague de touristes qui va arriver, comme tous les étés, finalement ?

02:00 - En fait, c'est quelque chose... On n'a jamais fait trop attention à ces choses-là.

02:04 Je pense que c'est une erreur.

02:06 La ville d'Espira de la Glie, on est sur la réutilisation d'eau, et j'en parlerai tout à l'heure, peut-être, depuis 2019,

02:12 parce que c'est un bien commun, certes, mais le gaspiller, c'est un peu dommage.

02:16 Donc, on va essayer de faire attention.

02:18 Toutes ces mesures de court terme, parce qu'il y a urgence, et ensuite, je l'espère, de long terme,

02:24 des décisions d'aménagement, notamment de territoire,

02:26 qui nous permettront, après, de vivre les choses un peu différemment.

02:29 - Alors, on parlait du tourisme.

02:31 Pourtant, les professionnels dans les hôtels, les restaurants, les campings,

02:35 se sont engagés à communiquer auprès des touristes,

02:38 leur expliquer la situation dans le département, les appeler à une consommation plus responsable.

02:43 Cela ne suffit pas, selon vous ?

02:45 - En fait, on n'est pas des bisounours.

02:51 On sait très bien que les vacanciers, quand ils viennent,

02:53 et ça me paraît normal, on vient en vacances, donc on consomme de l'eau.

02:56 On fait attention.

02:57 Moi, ce que je sais, c'est que les professionnels du tourisme et de l'hôtellerie,

03:01 notamment, campings, hôtels ou autres, ont pris les mesures nécessaires

03:04 pour essayer de récupérer les eaux au maximum et pouvoir les réutiliser.

03:08 Ça, c'est certain.

03:09 Pour essayer de faire en sorte que leurs touristes soient bien accueillis,

03:12 mais en même temps, aussi, de préserver la nappe au maximum.

03:14 Mais ce sont des mesures de court terme, on va dire.

03:17 - Le manque d'eau dans les pays, on en parle ce matin avec notre invité Suzanne Chaudrier,

03:29 à 8h du mois d'ici, sur France Bleu Roussillon.

03:31 Philippe Fourcade, maire d'Espira de Lagly.

03:33 - On entend depuis tout à l'heure sur notre antenne les témoignages d'agriculteurs

03:36 qui souffrent de cette sécheresse.

03:38 C'est même un cri d'alerte pour certains qui perdent leurs arbres.

03:41 Espira est une commune agricole.

03:44 Alors, est-ce que chez vous aussi, certains arbres sont en train de mourir ?

03:47 - Je dirais que c'est une catastrophe à divers niveaux.

03:51 On a de l'arboriculture également, donc en économie agricole.

03:55 On a une zone sous pression d'arrosage, mais qui n'arrose que quand il y a de l'eau

04:00 qui court dans la rivière Lagly.

04:02 Ce n'est pas le cas.

04:03 On n'a eu plus d'eau dans le pompage.

04:05 On a eu la visite du ministre sur notre territoire.

04:08 M. le Préfet a pris une décision d'urgence et on la remercie vivement le 6 mai

04:13 pour nous autoriser d'utiliser un ancien forage.

04:16 Ce n'était pas pour préserver la récolte, la récolte était morte.

04:19 C'est surtout pour préserver dans le végétal.

04:21 Et au moment où je vous parle, il y a eu un autre projet qui est arrivé en réflexion,

04:28 qui a été mené par la Chambre d'Agriculture et l'ASA en question,

04:31 de faire un nouveau forage.

04:33 Aujourd'hui, au moment où je vous parle, je ne sais pas ce qu'il en est.

04:35 - Vous n'avez pas de nouvelles ?

04:37 - Je l'ai appelé plusieurs fois.

04:38 J'essaie de comprendre le pourquoi.

04:41 Nous, municipalité, on avait rencontré les gens de l'ASA en leur disant

04:45 que financièrement on les aiderait pour monter le projet dans l'urgence.

04:49 Aujourd'hui, l'urgence, quand on va sur le terrain,

04:51 je pense qu'il y a à peu près 30% des arbres qui sont déjà morts.

04:54 Et les 70% qui restent, je ne sais pas avec l'arrosage combien on va en sauver.

04:58 - Pour la consommation des agriculteurs, mais aussi et surtout des particuliers à Ispira,

05:02 vous avez, je crois, le projet de créer une petite retenue d'eau, c'est ça ?

05:06 - Oui, alors en fait, on discute beaucoup.

05:09 On a même des élus, des collègues qui se sont déplacés à Barcelone

05:12 pour la réutilisation de l'eau de mer, notamment.

05:15 Nous, on a le bon sens paysan chez nous,

05:18 donc on dit qu'on va, toute cette eau, quand ça coule, aller directement à la mer.

05:22 Je pense qu'il est temps de réfléchir à un aménagement de territoire.

05:25 - Donc ce serait bien une retenue d'eau, pas une bassine,

05:27 comme le projet polémique dans les Deux-Sèvres ?

05:29 - Non, non, non, une retenue d'eau juste pour monter le niveau d'eau.

05:31 Parce que la problématique en aval, c'est justement la force hydraulique

05:34 au niveau des digues sur la Salanque.

05:37 Donc ça permettrait en même temps de créer une surface d'eau de 90 à 100 hectares

05:41 qui permettrait bien entendu d'alimenter la nappe phréatique

05:44 et pour l'utilisation agricole, utiliser des eaux superficielles et non pas des eaux de forage.

05:48 - Et ça, ça pourrait voir le jour quand ?

05:50 - Eh bien, je sais qu'on a le prochain syndicat du SMBVA,

05:54 qui est le syndicat unique du bassin versant de la Guie,

05:57 qui a mis ça en question.

05:58 On a le projet de faire un contrat RIVIA

06:01 et je pense que ce sont des projets comme ça qui vont voir le jour dans les années à venir.

06:05 - La mairie de Sals a réalisé un forage dans le karst des Corbières.

06:09 Les hydrogéologues en parlaient déjà depuis de nombreuses années.

06:13 C'est une sorte de gigantesque gruyère souterrain avec de l'eau.

06:16 La mairie de Sals a donc trouvé de l'eau grâce à ce forage test.

06:20 Est-ce que ce serait envisageable pour Espira de la Glie

06:22 d'aller s'approvisionner dans le karst des Corbières ?

06:25 - Eh bien, aujourd'hui, on sait par le professeur qui nous a quittés, Henri Salvers,

06:29 qu'il y avait une grande réserve d'eau sur les Corbières.

06:33 On l'a étudiée de façon différente.

06:36 On a travaillé sur le Piocenne et sur le karst ailleurs.

06:39 Aujourd'hui, en tous les cas, pour ce qui est de l'intercommunalité de PMM,

06:42 nous avons pris la décision d'un schéma directeur.

06:45 Il y a une nouvelle DSP, dont il faudra demander à mes collègues à Wils-Danson,

06:48 parce que je ne suis pas ce dossier.

06:50 Mais pour autant, ce qui est sûr, c'est que nous nous rangerons au karst de Caselpen,

06:53 qui nous permettra d'alimenter et la ville de Caselpen, de Perpignan,

06:57 et également toute la vallée de la Guie, avec cette eau qui est plus jeune.

07:02 Par contre, on sait qu'on a de l'eau dans les Corbières.

07:04 Jean-Jacques Lopez a bien fait d'apporter également cette solution.

07:08 - Bon, cette eau doit encore être analysée par l'agence...

07:11 - C'est du maillage dont il est question, après, derrière.

07:13 Et ça, c'est de la technique.

07:15 - Et réutiliser le zooysé, c'est une piste que vous étudiez aussi ?

07:18 - Alors, en 2019, nous avons renouvelé notre DSP.

07:21 On est un DSP unique en Correspirat de la Guie, avec notre fermier.

07:24 Et j'ai aussi aidé à la réutilisation des eaux usées.

07:27 Donc, on a mis une usine en place.

07:29 Aujourd'hui, on est en classe A, c'est-à-dire l'eau la plus pure

07:33 que l'on puisse avoir dans le retraitement.

07:36 Et il fallait monter des dossiers de 5 à 6 mois très longs

07:39 pour avoir des capacités à arroser.

07:41 Aujourd'hui, il semblerait qu'on va avoir des mesures plus légères

07:45 qui nous permettront de la réutiliser.

07:47 Correspirat de la Guie, c'est 250 m3 d'eau par jour.

07:50 Et c'est 250 m3, bien entendu.

07:54 Tous les arrosages d'espace vert, on va le faire avec cela.

07:56 La réutilisation de cette eau également pour le nettoyage des rues,

07:59 avec des machines à nettoyer les rues.

08:01 Et puis en même temps, avoir une capacité, on a une zone de suppression à côté

08:04 qui serait peut-être alimentée par cela.

08:06 - En tout cas, la situation est très inquiétante à Correspirat de la Guie.

08:09 Vous l'avez dit tout à l'heure, vous faites partie de la vingtaine de communes

08:13 du département qui pourrait manquer d'eau dans les prochaines semaines.

08:15 Merci beaucoup, Philippe Fourcade, d'être venu nous l'expliquer ce matin.

08:18 nous l'expliquer ce matin. - Merci pour la cause des agriculteurs notamment.

08:20 - Vous êtes le maire d'Espira. Merci et à bientôt.

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